Je suis le directeur général d'une aciérie de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, qui construit des ponts et des immeubles. La compagnie existe depuis une quarantaine d'années. Au milieu des années 1990, nous avons commencé à exécuter des projets aux États-Unis, principalement en Nouvelle-Angleterre, dans la région de New York et du New Jersey. Comme le dollar canadien était à 63 ¢ à l'époque, il était assez facile de trouver du travail, et nous nous avons connu un certain succès là-bas. En quelques années, 50 à 70 p. 100 de notre travail était aux États-Unis, où nous construisions des grands édifices, des gratte-ciel, des grands ponts, et des choses de ce genre. Le chiffre total de nos ventes annuels pour, disons, les dix dernières années, a été de 50 à 60 millions de dollars, dont probablement 30 à 40 millions aux États-Unis.
Quand le dollar est remonté et arrivé à parité avec le dollar américain, les règles du jeu ont évidemment changé, parce que, quand nous étions sur la côte Est, l'un de nos désavantages, c'était la localisation. Nous sommes un peu en dehors des sentiers battus, alors il nous faut faire le va-et-vient avec les marchandises. Quand le dollar s'est rapproché de la parité, la situation s'est encore compliquée. Nous parvenions encore à trouver du travail et à rester raisonnablement occupés. En 2008, quand l'économie américaine a pris l'énorme virage que nous connaissons, la compétitivité des fabricants américains, la situation du dollar et la politique « Buy American » ont plus ou moins mis un terme à notre travail aux États-Unis, du moins à court terme.
La disposition « Buy American » nous concernait, nous du secteur manufacturier, le gouvernement fédéral investissant dans les projets d'État. Jusque là, nous pouvions exécuter des projets d'État parce qu'ils n'étaient pas financés à l'échelon fédéral, étant donné qu'un grand nombre de projets d'État, les ponts et édifices que nous construisions, s'ils étaient financés par l'État, pouvaient l'être au moyen de postes de péage et d'autres mécanismes. Une fois entrées en vigueur cette disposition et les mesures de stimulation de l'économie, bien plus d'argent est passé des projets fédéraux aux projets d'État avec, entre autres conditions, la disposition « Buy American »; c'est-à-dire que tout financement qui était désormais consenti était assujetti à cette disposition, même certains des projets d'État que nous exécutions, Alors au bout du compte, nous avons été évincés du marché depuis un an et demi.
Grâce à leurs mesures de stimulation de l'économie, les Américains ont dépensé beaucoup d'argent depuis un an et demi, mais une grande partie du travail exécuté en ce moment consiste en des projets prêts à être mis en oeuvre, revêtement de routes, peinture etc. Ce ne sont pas les grands projets. Les grands projets comme ceux que nous faisons exigent un an ou deux de préparation. Alors, le travail qui nous intéresse reste encore à venir. Je pense qu'ils ont l'intention d'investir encore 20 milliards de dollars dans des travaux ces deux ou trois prochaines années, dans le cadre des mesures de stimulation de l'économie. Les modifications de la disposition « Buy American » nous ouvrent, je pense, des horizons.
En ce moment, l'économie américaine, à en juger par ce que nous voyons sur les marchés où nous évoluons, est encore en bien piètre état. Nos concurrents américains sont très compétitifs. Ils travaillent et ils soumissionnent pour des projets rien que pour subsister. C'est donc un marché très compétitif, et il le sera tant que l'économie ne commencera pas à se ressaisir de leur côté. Aussi, le fait que le dollar canadien est presqu'à parité avec le dollar américain ne nous est pas très favorable. Alors, nous vivotons en quelque sorte, avec des projets au Canada, en nous montrant un peu plus audacieux. Nous nous en sortons encore pas trop mal, mais il est certain que nous avons hâte au jour où l'économie américaine se remettra en mouvement et reprendra de la vigueur, et nous espérons bien pouvoir retourner faire du travail là-bas.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup, monsieur le président, membres du Comité permanent du Commerce international.
Mon nom est Guy Caron, je suis le directeur des projets spéciaux pour le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, qui représente environ 150 000 travailleurs et travailleuses au pays, principalement dans le domaine de la foresterie, de l'énergie et des télécommunications. J'aimerais vous remercier de l'occasion que vous nous avez offerte de faire une présentation à votre comité sur cette question.
J'aimerais commencer par vous dire que, de notre point de vue, l'histoire, comme on le voit, se répète. Au nom du libre-échange, le Canada donne beaucoup pour obtenir peu. C'est la même histoire qu'il nous avait été donné de constater lors de la négociation de l'Accord de libre-échange original avec les États-Unis lorsque, pour obtenir un accord auquel ils étaient peu intéressés à l'époque, nous avons cédé l'accès et le contrôle à l'énergie, avons accepté d'éliminer notre réserve de 25 ans et avons accepté un système de partage proportionnel, que même le Mexique avait rejeté à l'époque, pour obtenir ou tenter d'obtenir un accès privilégié et garanti au marché américain, que nous n'avons même pas eu, comme l'a démontré par la suite la question sur le bois d'oeuvre.
Plus récemment, sur cette question de l'Accord sur le bois d'oeuvre entre le Canada et les États-Unis, il faut rappeler que le Canada avait abandonné une montagne de jurisprudence favorable et avait même accepté de financer, au prix d'un milliard de dollars, cet accord. Une partie de ce milliard de dollars, la moitié en fait, a servi à financer les opposants, les accusateurs du Canada, qui était la Coalition for Fair Lumber Imports, en échange d'un système de quotas et de taxes à l'exportation qui, au bout du compte, est devenu défavorable. Dans ce cas-ci, on avance que le Canada a donné beaucoup pour obtenir peu. J'aimerais pouvoir donner un peu de substance à l'accusation.
Au bout du compte qu'a reçu le Canada de cette entente? Il a reçu trois choses.
Premièrement, les firmes canadiennes gagnent une faible possibilité de décrocher des contrats d'une valeur d'au plus 2 p. 100 des 275 milliards de dollars que les États-Unis ont injectés à leur économie par l'intermédiaire de leur stimulus fiscal et économique.
Deuxièmement, les firmes canadiennes recevront un traitement national, mais limité, dans les 37 États américains qui ont adhéré à l'Accord sur les marchés publics de l'OMC. Il est limité parce que l'accès en question est mitigé par de nombreuses exemptions, auxquelles je reviendrai.
Troisièmement, le Canada a obtenu un processus accéléré de consultation, the fast track, par lequel le gouvernement américain alertera le gouvernement canadien de l'inclusion de clauses Buy American dans la législation fédérale future des États-Unis. Cependant, il n'y a aucune garantie d'ententes contraignantes et satisfaisantes suivant cette procédure accélérée, et cette consultation pourrait très bien ne se révéler être qu'une simple notification ou qu'un simple avis.
Qu'est-ce que le Canada n'a pas pu obtenir dans cette entente?
Au chapitre des arrangements intérimaires et permanents: l'une des principales exemptions, à laquelle je faisais référence, des engagements du gouvernement américain consiste dans le fait que 23 p. 100 des fonds fédéraux consacrés aux marchés publics sont réservés aux petites entreprises et aux entreprises appartenant à un membre d'un groupe ethnique minoritaire aux États-Unis. Des exemptions similaires existent aussi au niveau des États.
En deuxième lieu, dans l'arrangement intérimaire, les achats publics des gouvernements municipaux américains ne sont pas couverts par l'accord, alors que le Canada donne l'accès aux soumissionnaires américains dans 50 villes canadiennes.
Troisièmement, au chapitre des arrangements intérimaires permanents, les entreprises canadiennes ne pourront toujours pas fournir de l'acier de construction, des véhicules, du charbon ou des services d'impression aux États-Unis.
Quatrièmement, les contrats d'une valeur de moins de 7,8 millions de dollars ne sont toujours pas exemptés de la clause Buy American.
Cinquièmement, au niveau des arrangements permanents, l'accord laisse inaccessibles les marchés publics des 13 États qui n'ont pas signé l'entente de l'OMC, alors qu'aucun gouvernement provincial ou territorial canadien, à l'exception du Nunavut, ne serait épargné.
Sixièmement, en ce qui concerne l'arrangement permanent — ce qui va survivre à la question du stimulus fiscal et économique —, la position initiale du gouvernement canadien, il faut le rappeler, était que tout accord se devait de protéger le Canada contre l'utilisation de la clause Buy American dans la législation américaine future. Cela n'a pas été obtenu, et on sait pertinemment que des législations sur la table présentement, dont le Jobs for Main Street, qui est d'une valeur estimée de 100 milliards de dollars, contiennent des préférences de type Buy American. Il s'agit d'un détail très important, puisque si le projet du gouvernement d'une Ville ou d'un État est au moins partiellement financé par des fonds fédéraux, les conditions de la clause Buy American doivent être respectées.
Pour ce que le Canada a obtenu, qu'a-t-il dû donner? Au chapitre des arrangements intérimaires, les firmes américaines auront l'occasion de proposer leurs services pour l'achat des gouvernements municipaux et provinciaux liés à l'infrastructure et à la construction pendant les 18 prochains mois, c'est-à-dire jusqu'en septembre 2011.
La valeur de ces contrats est estimée à plus de 25 milliards de dollars. Pour les Canadiens, la date d'expiration des projets est déjà passée et nous ne pourrons qu'espérer avoir quelques sous-contrats qui seront sous-jacents à l'argent déjà versé dans le cadre des mesures de relance américaines.
Les provinces et les territoires se sont abstenus d'engagements sous l'Accord sur les marchés publics de l'OMC ou l'Article 10 de l'ALENA principalement parce qu'ils n'étaient pas d'accord sur les exemptions mentionnées ci-haut. Même si ces exemptions n'ont pas été éliminées, les provinces et territoires devront maintenant prendre des engagements dans le cadre de l'Accord sur les marchés publics de l'OMC.
Troisièmement, en ce qui a trait aux arrangements permanents, l'achat public constitue l'un des rares outils économiques à la disposition des gouvernements provinciaux et territoriaux canadiens en cette ère de mondialisation. C'est probablement, d'ailleurs, la question la plus importante pour vos électeurs et électrices. Cet outil leur sera retiré lorsqu'ils prendront un engagement permanent à l'Accord sur les marchés publics de l'OMC. Il sera de plus en plus difficile, pour les provinces en particulier, de pouvoir stimuler leur économie par des mesures économiques et fiscales, du fait que les entreprises extérieures pourront bénéficier de ce stimulus éventuel et que, de ce fait, le rôle du gouvernement sera amoindri.
La question de l'achat local va également être éliminée, parce que selon les règles de l'OMC, la seule condition ou le seul facteur qui doit influencer la décision est la question du coût le plus faible.
Il est donc clair que le Canada n'a pas eu le meilleur en concluant cette entente. Le Département du commerce des États-Unis n'a eu aucun doute quant à sa victoire. En effet, on peut lire sur le site Web du World Trade Online, une publication américaine que le représentant américain pour le Commerce international, Ron Kirk, a affirmé que la valeur pour les firmes américaines de la signature des provinces et territoires canadiens à l'Accord sur les marchés publics se chiffrera en dizaines de milliards de dollars. Par comparaison, l'ampleur des avantages accordés au Canada selon les termes de l'entente de principe, sera limitée selon un responsable du département.
Il est donc clair que le Canada a donné trop pour obtenir trop peu de l'accès qu'il recherchait. Malheureusement, il s'agit d'une tendance dont nous avons été témoins lors des dernières années, alors que nous avons cédé le contrôle de notre énergie dans le cadre de l'ALENA. Nous avons aussi abandonné le financement de notre agriculture et les subventions agricoles dans l'espoir vain de voir les États-Unis et l'Europe les abandonner aussi. Cela n'a pas été le cas. Nous avons abandonné toute la jurisprudence qui nous donnait gain de cause, en plus d'un milliard de dollars pour obtenir un accès limité au marché américain du bois d'oeuvre. Ces dernières semaines, le gouvernement a affirmé vouloir affaiblir les restrictions ayant trait à la propriété étrangère sur les télécommunications, alors que les États-Unis comprennent à quel point l'architecture des télécommunications est critique pour leur pays. D'ailleurs, l'article 310 de la loi sur les communications américaines impose des restrictions assez sévères sur la propriété étrangère dans le domaine des télécommunications. Pourtant, il semble que la direction vers laquelle nous nous dirigeons sera d'assouplir ces restrictions.
Pour terminer, j'aimerais vous rappeler que les milliers de travailleurs et travailleuses que nous représentons dans le secteur de la foresterie et de l'énergie comprennent l'importance du commerce international, car nous en dépendons. Nous croyons que les marchés des États-Unis et du Canada doivent être accueillants l'un envers l'autre, mais nous croyons que cela doit être fait sur un terrain de jeu équitable. Cette entente ne fournit pas le terrain de jeu équitable. Pendant que les États-Unis ne font qu'entrouvrir leurs portes, en permettant toujours à leurs 37 états d'utiliser l'achat public comme outil légitime de développement local, nous ouvrons grandes les nôtres en menottant nos gouvernements provinciaux et territoriaux. Dans les négociations commerciales, il faut comprendre qu'il faut donner et qu'il faut prendre. Pour que les négociations soient un succès, il faut que ce qu'on prenne et ce que l'on donne, des deux côtés, puissent s'équivaloir. Il est clair que, en vertu de ce critère, encore une fois, le Canada a perdu.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup, monsieur le président et messieurs les membres du comité, de m'offrir cette occasion de vous parler aujourd'hui.
Je tiens à vous féliciter pour la tenue de ces audiences. Ce sont des accords internationaux extrêmement importants, en raison des répercussions qu'ils ont sur les options en matière de politiques publiques et de réglementation pour les gouvernements du Canada. Les Canadiens comprennent tout cela trop peu, et ils ont trop peu l'occasion de s'informer des conséquences des accords que les responsables fédéraux du commerce sont désireux de négocier avec les États-Unis, l'Europe, la Colombie et d'autres pays.
Je suis ici aujourd'hui pour représenter le Conseil des Canadiens, dont je suis membre du conseil d'administration. Je suis un associé au sein de Sack Goldblatt Mitchell. Nous avons des bureaux à Toronto et à Ottawa. Je pratique le droit d'intérêt public, ce qui comprend une bonne dose de droit commercial international.
Le conseil est la plus vaste organisation de citoyens canadiens. Il compte des dizaines de milliers de membres. Un grand nombre d'entre eux participent aux activités du conseil par l'intermédiaire de sections locales, qui sont plusieurs douzaines dans tout le pays.
Les obligations internationales du Canada, qu'elles soient au titre de l'environnement, des droits de la personne ou du commerce, ont toujours été une priorité pour le conseil, qui m'a demandé de venir aujourd'hui présenter ses points de vue sur l'accord entre le Canada et les États-Unis sur les marchés publics, et je suis ici à titre de bénévole.
D'autres témoins vous ont parlé, je crois — à en juger par le coup d'oeil que j'ai pu jeter sur la transcription des délibérations précédentes — de l'unilatéralité de cette entente avec les États-Unis, en ce sens que ce sont surtout les compagnies américaines qui cherchent à accéder aux marchés publics du Canada qui en bénéficient. Je pense que c'est une évaluation très juste de la situation, et c'est particulièrement vrai en ce qui concerne les règles provisoires, qui exigent pour la toute première fois des gouvernements provinciaux et des municipalités qu'ils observent les règlements internationaux en matière de marchés publics. Je vais limiter mes observations aujourd'hui à ces règles provisoires qui s'appliquent aux municipalités, notamment parce qu'il y a ici un autre témoin pour représenter la Fédération canadienne des municipalités.
Vous avez une copie de mes observations. Je vais les résumer pour ne pas dépasser le temps qui m'est accordé. Vous constaterez qu'à mes yeux, cet accord est unilatéral, et ce de façon monumentale. J'espère que l'évaluation que vous faites de l'accord révélera et mettra en valeur l'urgence d'une plus grande transparence dans le processus des négociations commerciales internationales, si nos accords commerciaux visent réellement à servir plutôt qu'à trahir les intérêts des Canadiens.
Je vais donc m'attarder sur certains détails de cette entente temporaire. C'est expliqué dans la partie B du principal accord-cadre et il y a un renvoi à l'appendice C, qui lui-même a deux volets. On apprend dans l'appendice C que, pour ce qui est de l'engagement du Canada en vertu de cette entente, les projets de construction d'une valeur supérieure à 8,5 millions de dollars sont assujettis aux règles du régime si les entités gouvernementales ou les gouvernements qui participent au marché sont inscrits à la partie B de cette annexe. C'est une longue liste d'entités gouvernementales. Les engagements qu'ont pris les provinces varient de l'une à l'autre. La Colombie-Britannique, par exemple, a engagé toutes les entités gouvernementales et toutes les municipalités de la province.
Alors, on a là un accord qui, pour la première fois, impose d'importantes restrictions et exigences aux ressources des administrations municipales, lesquelles doivent maintenant s'informer sur un accord de commerce international et en respecter les dispositions, notamment les recours pour ceux qui veulent se plaindre que le Canada ne s'est pas acquitté de ses engagements en vertu de cette entente, et l'obligation de faire face aux poursuites que pourrait engendrer cette erreur putative.
Ce qu'il est fondamentalement important de comprendre, au sujet de l'accord, c'est qu'il ne s'agit pas seulement d'ouvrir notre marché pour que les compagnies d'autres régions du monde puissent y soumissionner, ce qui est certainement déjà très courant au Canada maintenant, et ce depuis des années. Cet accord comporte une interdiction de ce qu'on appelle les opérations de compensation, c'est-à-dire, comme vous le savez, l'obligation que toute soumission prévoie l'utilisation dans une certaine mesure des biens, des matériaux et de la main-d'oeuvre locaux. Ce n'est pas une démarche discriminatoire; ce n'est pas comme si nous disions à une compagnie américaine ce qu'elle doit faire. Nous pourrions imposer une condition à la soumission pour un contrat de construction dans notre collectivité: que ce soit une compagnie canadienne locale ou d'une autre province, ou encore une entreprise européenne ou américaine, il doit quand même y avoir un certain approvisionnement à l'échelle locale; il faut envisager de passer des marchés avec des sociétés locales d'aménagement de l'environnement, par exemple, s'il s'agit d'approvisionnement écologique. C'est ce genre d'interdiction que nous trouvons particulièrement problématique. Ce sont des règles non discriminatoires qui favoriseraient les économies locales et qui sont exclues par cet accord.
Ce qui est particulièrement inquiétant dans cet accord que nous avons négocié avec les États-Unis, c'est que ces règles s'appliquent aux municipalités canadiennes, mais pas aux municipalités américaines. Il y a une asymétrie absolue dans les obligations imposées à nos municipalités comparativement à celles de leurs homologues américaines. Bien des municipalités américaines et des gouvernements d'États affichent exactement le même type de favoritisme local qu'interdit cet accord, et les États-Unis n'ont rien fait pour y mettre fin. Le déséquilibre est encore plus grand quand on pense que le favoritisme américain à l'échelle locale peut être maintenu en vertu de cet accord, mais doit disparaître au Canada.
Apparemment, comme j'ai remis mes observations seulement en anglais, elles ne vous ont pas été distribuées. Alors, permettez-moi de lire, ou du moins de résumer, certains exemples que je donne en ce qui concerne les règles régissant les marchés publics en Oregon et exigeant que la préférence soit donnée aux biens manufacturés ou produits et aux services fournis dans cet État, s'ils sont par ailleurs équivalents par le prix, l’adéquation, la disponibilité et la qualité. Je donne un autre exemple, celui de l'Alaska, qui exige qu'on accorde une préférence de 5 p. 100 aux soumissionnaires locaux et à ceux qui intègrent les produits locaux dans leurs soumissions.
Ces règles sont encore autorisées sous ce régime. La seule chose que le gouvernement américain a bien voulu nous accorder, c'est l'obligation de supprimer, dans les conditions de financement de certains programmes fédéraux, et je dis bien certains programmes fédéraux seulement, l'exigence que les États américains accordent la préférence à l'acier, au fer et aux produits manufacturés provenant des États-Unis. Nos voisins n'ont pas cherché à insister pour que les États et les administrations locales renoncent exactement à ce même favoritisme, même pour les projets qui sont financés par ces programmes fédéraux. Ils ont pris un engagement très limité. Quand on compare les obligations des gouvernements du Canada avec celles du gouvernement américain, c'est très inégal.
Je vais terminer par le récit d'un entretien que j'ai eu récemment avec un haut fonctionnaire du commerce, qui a cité l'un des négociateurs de cet accord qui travaille pour le gouvernement fédéral et qui aurait dit que « n'importe quel accord vaut mieux que pas d'accord du tout ». Je déduis de cette observation que le programme du Canada, dans ses négociations bilatérales avec les États-Unis trahit une étroitesse d’esprit politique plutôt que l’attitude de personnes qui ont à cœur de favoriser les intérêts des Canadiens ou l’économie canadienne.
Il est franchement inconcevable qu'un accord aussi foncièrement unilatéral aurait été conclu si les négociateurs canadiens avaient eu pour instructions de conclure une entente équitable qui serve les intérêts canadiens, à défaut de quoi ils devaient interrompre les négociations.
Nous sommes aussi très inquiets que ces mêmes représentants, porteurs de directives politiques similaires, servent aussi piètrement les intérêts canadiens dans les négociations de libre-échange avec l'Union européenne qu'ils l'ont fait dans les négociations de l'accord en matière de marchés publics avec les États-Unis.
Je vous remercie beaucoup de m'avoir offert cette occasion de parler avec vous.
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Merci, monsieur le président et merci, messieurs les députés, de nous avoir invités au comité pour vous parler de cette question aujourd'hui. Je vais essayer de limiter mes commentaires à cinq ou six minutes, parce que je sais que vous avez hâte de passer aux questions.
Nous sommes certainement heureux d'être ici pour présenter le point de vue municipal sur cette question. Je tiens à souligner que notre analyse de l'entente et les commentaires que je vais faire aujourd'hui se limitent aux incidences et aux répercussions potentielles de cette entente sur l'approvisionnement et le fonctionnement des municipalités, et ne portent pas sur les répercussions et les incidences de cette entente sur l'économie canadienne dans son ensemble, sur la société, et le reste. Porter un jugement sur les accords commerciaux internationaux en fonction de cela ne fait certainement pas partie du mandat des gouvernements municipaux. Mais il ne fait pas de doute qu'il est dans l'intérêt de nos membres que nous veillions à ce que les dispositions d'une entente commerciale — si un gouvernement fédéral décide de signer une telle entente — tiennent compte du champ de compétence et du savoir-faire des municipalités et cherchent à limiter les coûts et les répercussions inattendues.
Veuillez noter que notre président, Basil Stewart, le maire de Summerside, m'a demandé de vous saluer et de vous dire qu'il est désolé de ne pas avoir pu venir vous parler aujourd'hui.
Voici un bref historique: comme vous le savez, la FCM est le porte-parole des municipalités, à l'échelle nationale, depuis 1901. Elle représente plus de 1 800 gouvernements municipaux de tout le Canada, de la plus grande municipalité à la plus petite. Cela englobe un peu plus de 90 p. 100 de la population du Canada.
Pour revenir au printemps 2009, Buy America est devenu une priorité politique nationale quand la ville de Halton Hills, une petite municipalité située juste au nord de Toronto, a fait les manchettes internationales en adoptant une résolution sur cette question, qu'elle a soulevée au congrès annuel de la FCM de Whistler en juin 2009.
Jusque-là, nous pensions que le gouvernement du Canada n'accordait pas assez d'importance à cette question, ou n'y prêtait pas l'attention qu'elle méritait. Cette résolution, vous vous en souviendrez, avait reçu l'appui des maires et des conseillers de partout au pays, toutes tendances politiques confondues, et elle demandait que des mesures soient prises des deux côtés de la frontière. C'était là-dessus que nous nous concentrions à l'époque. Nos membres ont dénoncé les restrictions Buy America du programme américain de financement de la relance qui nuisaient aux collectivités et à l'économie, mise à mal par la récession mondiale. Nous pensons que la résolution et le débat qui a suivi, tant sur le plan national qu'international, ont pavé la voie à la solution négociée dont il est question ici.
Le mois dernier, nous avons accueilli avec plaisir la nouvelle voulant que les gouvernements des États-Unis et du Canada avaient conclu une entente qui, croit-on, va lever toutes les restrictions commerciales Buy America, ce qui permettra, semble-t-il, aux entreprises canadiennes de faire concurrence plus équitablement pour des projets liés à la relance financés par l'État et d'autres projets financés par l'État aux États-Unis.
Comme je l'ai dit au début, nous ne sommes pas ici pour vous faire part de notre analyse de cet aspect de l'entente, parce que nous ne sommes certainement pas comme M. Shrybman, entre autres, des spécialistes des répercussions de cette entente sur l'accès réciproque au marché américain ou sur l'industrie canadienne.
Nous voulons plutôt vous faire part aujourd'hui des recommandations que nous avons faites l'été dernier au gouvernement du Canada en vue de l'élaboration, du point de vue des municipalités, d'une entente commerciale plus efficace. Pour ce faire, nous avons adopté comme point de départ l'entente conclue par la Colombie-Britannique et l'Alberta sur le commerce, l'investissement et la mobilité de la main-d'oeuvre, connue sous le nom de ECIMMO. Elle nous a fourni des leçons très utiles sur l'élaboration d'une entente positive tant pour les entreprises que pour les consommateurs, mais plus particulièrement, sur l'élaboration d'une entente qui cherchait à limiter les perturbations et les coûts supplémentaires relatifs à l'approvisionnement et au fonctionnement des municipalités.
Je voudrais souligner que l'ECIMMO, la nouvelle entente commerciale interne conclue par les deux provinces, est en réalité la première entente où on a cherché à inclure la question de l'approvisionnement des municipalités dans l'entente elle-même. Nos membres se sont penchés très sérieusement sur les leçons que nous avons apprises dans ce cas-là, et ont cherché à les appliquer dans ce cas-ci. Je dois dire que nous avons été surpris d'apprendre, au cours de nos discussions avec les fonctionnaires du MAECI qui participaient aux négociations Buy Amercica, même aussi récemment que le printemps dernier, qu'ils ne connaissaient pas l'ECIMMO parce qu'il ne s'agit pas, bien entendu, d'une question de commerce international. Mais je pense qu'il est important que le comité prenne connaissance de cette entente et, peut-être, qu'il l'examine plus tard au cours de son étude.
De toute façon, nous voulions certainement nous assurer que ces leçons étaient appliquées aux négociations Buy America. Donc, en juin 2009, nous avons envoyé une lettre au ministre du Commerce international de l'époque, , lettre qui énonçait six principes que le gouvernement devait appliquer à cette entente ou à toute entente commerciale future afin de minimiser les conséquences involontaires et les coûts évitables pour les gouvernements municipaux. Les six principes sont les suivants.
Premièrement, toute entente doit contenir des seuils d'approvisionnement raisonnables. Des seuils d'approvisionnement beaucoup trop élevés ou trop vagues peuvent forcer les municipalités à lancer un appel d'offres pour des projets lorsque ce n'est ni pratique, ni justifié financièrement, ni même dans l'intérêt public. M. Shrybman a souligné certains points importants, et je vais en parler davantage dans quelques minutes.
Toute entente commerciale qui fait en sorte que les politiques d'approvisionnement municipales sont conformes au libre-échange va engendrer de nouveaux coûts, et il faut un savoir-faire spécialisé pour répondre aux exigences. La gestion de cette nouvelle réglementation doit être rationalisée. En particulier, pour parvenir à rationaliser ces règles le plus possible, il faut les élaborer en étroite collaboration avec les responsables de l'approvisionnement municipal.
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Je suis désolé; toutes mes excuses.
Le troisième principe est celui de la mise en application progressive. L'application des dispositions de toute entente devrait être progressive et commencer par des pénalités non financières pour aller, peut-être, jusqu'à des pénalités financières. Les municipalités ne pourront pas nécessairement compter sur la présence d'experts internes en accords commerciaux internationaux. Il est important de ne pas pénaliser les municipalités pour une non-conformité involontaire.
Selon le quatrième principe, dont nous avons discuté avec le ministre Day, il faut qu'il y ait, pour les industries stratégiques ou les projets sensibles, des dispositions relatives au contenu canadien. Monsieur Shrybman en a parlé, et nous sommes tout à fait d'accord avec lui sur ce point. Une entente commerciale doit tenir compte des considérations d'ordre stratégique et de l'intérêt public avant d'interdire tout régime de faveur fondé sur le pays d'origine. Ceci pourrait inclure les industries ayant une importance stratégique pour une région donnée, comme le transit — par exemple, l'Ontario a demandé que le transit soit exempté de cette entente, ce qui a été fait — ou des projets dont les facteurs liés à la qualité, au bienfait d'intérêt public, à la protection de l'environnement ou à l'éthique des affaires signifient qu'un gouvernement local peut vouloir imposer un niveau minimal de contenu canadien. Ceci doit être permis, dans les limites du raisonnable.
Le cinquième principe concerne le règlement des différends. Il faudrait peut-être procéder à un examen plus approfondi du rôle des municipalités dans la méthode de règlement des différends de l'ALENA, afin que les municipalités puissent défendre leurs politiques d'approvisionnement et leurs règlements municipaux à titre d'ordre de gouvernement, plutôt qu'à titre de simple partie prenante.
Enfin, selon le sixième principe, la consultation et la communication doivent réellement être faites pendant les négociations de sorte que l'entente qui en résulte tienne compte des préoccupations des municipalités. Voilà un autre domaine où nous sommes certainement d'accord avec le commentaire de M. Shrybman concernant le besoin d'une plus grande transparence. Nous sommes conscients du besoin d'entourer les négociations d'une certaine confidentialité. Cependant, les provinces sont pleinement engagées et, évidemment, nous respectons leur champ de compétence à cet égard. Il s'agit davantage de veiller à ce que les fonctionnaires municipaux experts en approvisionnement municipal soient suffisamment consultés, principalement pour profiter de leur savoir-faire, tout simplement.
En nous basant sur ces six principes et en utilisant les renseignements qui ont été rendus publics, nous avons avisé nos membres que, jusqu'à présent, cette entente semble être une bonne nouvelle pour les municipalités. Cela étant dit, comme je l'ai dit, c'est « jusqu'à présent »: il y a beaucoup de détails à peaufiner, et beaucoup de nos membres s'affairent toujours à compléter notre analyse et à attendre que d'autres détails ressortent. En particulier, les seuils d'approvisionnement de l'entente sont, à notre avis, assez élevés, comme l'ont dit plusieurs témoins, à 8,8 millions de dollars, et ils s'appliquent seulement aux projets liés à la construction. Parmi nos membres, nombreux sont ceux qui disent qu'ils font déjà des appels d'offres pour des projets de cette ampleur ou plus gros, et que la plupart des appels d'offres sont ouverts aux entreprises de toute provenance.
De plus, et c'est très important quand on parle de cette question, les provinces et les territoires ont négocié des exemptions pour des municipalités de certaines tailles et de certains types — encore une fois, comme d'autres l'ont fait remarquer, cela dépend des provinces — et aussi pour certaines catégories de projets et d'industries. Encore une fois, ce sont deux de nos principes importants.
Comme je l'ai dit, certaines questions de nos membres, concernant les dispositions de mise en application administrative et la méthode de règlement des différends, demeurent sans réponse. Ces détails sont extrêmement importants pour nous. Les détails ont certainement leur importance dans ce cas-ci. Cependant, le mois dernier, devant le comité de notre conseil d'administration national, le ministre Van Loans s'est engagé à travailler en collaboration avec la FCM pour garantir une plus grande participation et un plus grand engagement des municipalités au fur et à mesure que le processus d'entente va de l'avant. Nous sommes heureux de cet engagement, particulièrement parce que nous ne croyons pas que ce genre de consultation a eu lieu au cours des négociations qui ont mené à l'entente de principe. Ce geste est certainement le bienvenu pour la suite des choses.
C'était ma déclaration préliminaire. Mon collègue et moi serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup à chacun d'entre vous d'avoir comparu devant le comité aujourd'hui, et merci pour vos témoignages.
Premièrement, monsieur Ross, Cherubini est une entreprise extraordinaire, un employeur extraordinaire et une bonne entreprise socialement responsable de Nouvelle-Écosse. Nous sommes ravis de vous accueillir aujourd'hui.
J'ai deux ou trois questions. Premièrement, cette entente est fondée sur l'Accord sur les marchés publics de l'OMC, et il y a d'importantes exclusions. M. Shrybman en a mentionné quelques-unes. Dans les notes de l'annexe 2 de cet accord, il est précisé que l'acier destiné à des ouvrages, par exemple, est exclus de l'entente Buy American. Il est aussi stipulé que l'accord ne s'applique pas aux restrictions appliquées aux fonds fédéraux destinés aux projets de transport en commun et aux projets autoroutiers, qui engloberaient les ponts, par exemple.
Si les exemptions Buy American de l'entente récente ne s'appliquent pas au transport en commun, aux projets autoroutiers, aux ponts, à l'acier destiné à des ouvrages ou aux contrats de moins de 8,8 millions de dollars, cela limiterait-il votre accès au marché américain, M. Ross?
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Il y a les exclusions. Ce que je dis, c'est que l'entente ne doit pas s'appliquer aux restrictions rattachées aux fonds fédéraux pour les projets autoroutiers. C'est ainsi en vertu de l'AMP de l'OMC. Je pense simplement qu'il est vraiment important que nous, les législateurs, et vous, les parties concernées, soyons conscients de ce que l'entente permet et ne permet pas, en ce qui concerne l'accès. Une partie de ce que nous faisons au comité, c'est passer cette entente au peigne fin.
Pour les projets autoroutiers, les projets de transport en commun, les ponts et l'acier destiné à des ouvrages, l'entente ne s'applique pas.
L'autre question, c'est que dans le discours du Trône, le gouvernement a affirmé que ceci conférait un accès permanent aux contrats locaux et municipaux aux États-Unis. Toutefois, devant le comité, les fonctionnaires nous ont confirmé qu'en fait, il n'y avait pas d'accès permanent aux marchés locaux des États-Unis... C'est très important, parce qu'en fait, l'entente elle-même dit qu'il s'agit d'une entente temporaire, mais que nous ouvrons nos marchés publics — nos gouvernements municipaux et notre marché public infranational — de façon permanente. Je pense que c'est quelque chose qui devrait nous préoccuper.
La question de l'échelle de ce que nous avons atteint et de ce qu'ils ont atteint est importante. Des témoins précédents ont estimé que ceci va nous donner accès à environ 2 p. 100 du programme de stimulation économique des États-Unis, ce qui représente environ 5 milliards de dollars. C'est un chiffre. Selon les données qui nous ont été fournies par Manufacturiers et Exportateurs du Canada, si vous additionnez les marchés publics fédéral, provinciaux et municipaux, cela représente environ 33 milliards de dollars par année. Donc, nous avons affaire à une comparaison. J'aimerais que vous me disiez ce que vous pensez du fait que nous ouvrons notre marché public, qui vaut 33 milliards de dollars par année, et que nous avons accès, temporairement, semble-t-il, à des contrats aux États-Unis d'une valeur d'environ 5 milliards de dollars. J'aimerais que vous me disiez ce que vous en pensez.
Monsieur Ross, en tant qu'homme d'affaires, je ne pense pas que cela ressemble à une entente dans laquelle vous aimeriez vous engager.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'être venus aujourd'hui.
Il semble que plus nous en savons au sujet des détails de cet accord, plus, je crois, nous pouvons remettre en question la sagesse de l'avoir signé.
[Français]
J'aimerais d'abord m'adresser à M. Caron et à M. Shrybman.
Des témoins que nous avons reçus nous ont parlé de cette entente. D'abord, la semaine dernière, plus précisément le 18 mars, M. Carl Grenier a dit que c'était hélas la pire entente que le Canada ait jamais signée après celle sur le du bois d'oeuvre, à laquelle le NPD avait malheureusement été le seul à s'opposer au sein du comité. On a vu plus tard que l'adoption de ce projet de loi n'avait pas été une bonne idée. On a perdu des emplois partout au Canada.
Ma première question est la suivante: s'agit-il d'une entente aussi désavantageuse, moins désavantageuse ou pire que l'entente sur le bois d'oeuvre?
Ma deuxième question concerne M. Scott Sinclair.
[Traduction]
M. Sinclair a témoigné le 16 mars. Il a dit que le ministère du Développement économique du Québec estimait que la valeur totale des fonds non attribués pour les sept programmes américains n'était que d'un peu plus de un milliard de dollars. En fait, les sept programmes sont maintenant au nombre de six, parce qu'après l'accord annoncé par les conservateurs, nous avons découvert que l'un des programmes avait déjà été entièrement souscrit. Nous parlons, en fait, de six programmes d'environ un milliard de dollars et nous donnons en échange environ 25 milliards de dollars.
Êtes-vous d'accord avec ces chiffres? Essayons-nous d'avoir accès à un milliard de dollars en donnant ou en ouvrant complètement l'accès à 25 milliards de dollars? Croyez-vous que c'est là une affirmation exacte?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier nos témoins d'être venus d'aujourd'hui et de nous donner un bon échantillon des points de vue sur cette question.
Nous avons déjà entendu divers organismes: la Chambre de commerce du Canada, qui appuie entièrement cet accord; les Manufacturiers et Exportateurs du Canada... L'industrie forestière, comme vous l'avez dit, est membre de votre syndicat. Elle donne son appui à l'entente. Pour quelqu'un qui a passé neuf ans dans un gouvernement local, il est agréable d'entendre parler de l'importance de travailler avec le gouvernement local. La Fédération canadienne des municipalités... Je sais que Michael Chong, de Halton Hills, a travaillé avec le maire là-bas. Et jusqu'à Whistler, pour votre résolution... Alors, je félicite la FCM de son initiative.
Je sais que le président Stewart a dit: « Les Canadiens luttent énergiquement pour se sortir de la récession, mais il leur faut des règles du jeu égales à celles de leurs voisins du Sud. L’annonce d’aujourd’hui est donc encourageante pour eux ». C'est là que nous parlons d'espoir, d'emplois et d'occasions. Je sais que cela venait également de l'entrepreneur de Halton Hills, ainsi que du maire, Rick Bonnette, qui a dit: « Aujourd'hui, il n'est pas seulement question d'un accord commercial, il est question des gens. Il est question de protéger les travailleurs, les familles, les entreprises et les collectivités du Canada ».
Monsieur Buda, je me demande simplement, du point de vue de la FCM — tous les niveaux de gouvernement travaillant ensemble est vraiment important —, comment voyez-vous cet accord pour l'avenir? Comme vous l'avez dit, le a eu certaines discussions. Voyez-vous cela comme un tremplin pour l'avenir?
Je vous souhaite la bienvenue à notre comité.
Lors de la dernière séance, nous avons entendu d'autres témoins, dont M. Grenier. Il nous a aussi dit, presque mot pour mot, qu’il s’agissait d’un mauvais accord et que le gouvernement a demandé aux représentants de conclure une entente coûte que coûte.
Nous avons déjà avancé l'argument — je sais que je l’ai fait — que nous pouvons utiliser nos ressources énergétiques comme effet multiplicateur, entre autres. Nous allons toujours les utiliser. Cependant, nous négligeons ou oublions parfois la logistique quant à la manière d’exporter nos produits et nos ressources énergétiques aux États-Unis et le rôle que cela joue dans les raisons pour lesquelles nous pouvons le faire ou non. Je demanderais peut-être au comité d’y songer à l’occasion quand nous nous faisons du cinéma sur notre volonté de traiter avec nos voisins du Sud.
Monsieur Ross, vous avez dit tout à l’heure que le dollar canadien a affecté votre entreprise, qu'il s'agissait d'un ralentissement de l'économie, etc. Il n'y a pas si longtemps, l’ensemble de l'économie a connu un autre ralentissement. D’après ce qui se disait aux États-Unis, il ne fallait pas acheter de voitures importées; il fallait oublier les voitures japonaises, notamment, et acheter strictement des produits américains. Vous vous rappellerez que c'était il n’y a pas trop longtemps. Nous savons qu'il y avait une connotation politique à ce message en raison des élections, puis il s’est effacé. C’est le même genre de message que nous envoie la clause « Buy American ».
Espérons que le vent va commencer à tourner pour l'économie. D’après les cours d’économie de base, nous allons avoir des hauts et des bas et nous avons bon espoir qu'à un moment donné, l’économie mondiale va se redresser. Avez-vous l’impression que ce sera une histoire du passé lorsqu’une reprise saine et régulière se sera produite? Si le dollar se maintient au cours actuel, est-ce que cela va continuer d’avoir un impact, ou allez-vous faire des ajustements d'ici là pour vous aider à rester compétitifs, comme vous le dites?
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C'est une bonne question à laquelle, à vrai dire, nous ne pouvons pas répondre précisément.
En fait, pour répondre à plusieurs remarques que j'ai entendues aujourd'hui, je voulais faire l'observation suivante. Je pense que quelqu'un l'a mentionné plus tôt. La grande majorité des marchés publics des municipalités canadiennes sont ouverts, tout comme le sont la grande majorité des marchés publics à l'échelle des États-Unis et de ses États.
Je sais que bon nombre de nos membres qui s'efforcent vraiment de représenter leurs électeurs croient que, même si la situation n'était pas parfaite avant l'inclusion de clauses « Buy American » dans la législature américaine, les marchés publics américains et canadiens n'étant pas entièrement accessibles à l'époque, il faudrait au moins que les choses redeviennent ce qu'elles étaient en 2007-2008.
Comme je l'ai dit, nous ne sommes pas encore en mesure de juger entièrement de l'efficacité de l'accord, étant donné que tous les renseignements ne sont pas encore disponibles, mais, d'après ce que nous avons constaté jusqu'à maintenant, l'accord nous permet de reculer dans le temps. Il contribue à annuler le précédent que les clauses « Buy American » allaient établir et qui allait peut-être encourager l'adoption de pratiques d'approvisionnement semblables dans toutes les municipalités des États-Unis, tout comme les municipalités canadiennes auraient pu en adopter.
Pour répondre à votre question, il y a des exemples bien connus de municipalités canadiennes qui, pour de très bonnes raisons, empêchaient la concurrence américaine de soumissionner pour certains projets d'acquisition, tout comme leurs pendants américains le faisaient.
Nous sommes vraiment d'avis qu'il faudrait revenir en arrière. Cependant, tout ne sera pas parfait, si nous faisons cela.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins. Je pense que la discussion qui nous occupe est importante. Manifestement, les opinions et les convictions des intervenants diffèrent quelque peu, mais je crois qu’il est également important d’entendre divers points de vue.
Je veux revenir à la question de M. Trost, et je veux découvrir quels seraient les avantages de signer cet accord. Je ne crois pas que qui que ce soit ait prétendu qu’il était parfait, et le gouvernement a certainement admis qu’il ne l’était pas. Rédiger un accord commercial en un peu plus de six mois est pratiquement impossible; je dirais que c’est du jamais vu partout sur la planète. Nous avons été en mesure de rallier les municipalités et les provinces à notre cause, ce qui est une véritable réalisation en soi, et de négocier une entente avec les Américains. Nous savons qu’une grande partie des fonds ont déjà été dépensés, mais nous nous efforçons de préserver ce qui reste. Ce que je veux savoir, en m’inspirant encore de la question de mon collègue, c’est ce que cela présage pour l’avenir.
En passant, je suis entièrement d’accord avec tout ce que M. Brison a dit. De temps en temps, nos points de vue se rejoignent parfaitement, comme c’est le cas en ce moment.
La question qui se pose maintenant n’est pas seulement ce que nous pouvons préserver dans le cadre cette entente, mais aussi à quelle vitesse nous pourrons retourner à la table des négociations la prochaine fois que les Américains adopteront des mesures semblables. La société américaine est protectionniste. Je disais souvent en plaisantant que les Américains avaient été vaccinés avec une aiguille protectionniste mais, pour être honnête, c’est le cas. Certaines entreprises, comme Cherubini et d’autres sociétés canadiennes, entrent en concurrence directe avec les Américains et s’en sortent extrêmement bien. Il y a de nombreuses autres histoires de réussite de ce genre partout au pays.
Je veux m’adresser à M. Buda à ce sujet. À votre avis, dans quelle situation serons-nous lors du prochain cycle de négociations avec les États-Unis? Nous pourrons assurément gagner la table des négociations plus rapidement la prochaine fois. On a mentionné les négociations avec l’Union européenne; elles sont extrêmement importantes et pourraient nous donner accès à un marché aussi vaste que celui des États-Unis. Selon vous, deux ou trois ans après avoir mené à bien, je l’espère, les négociations avec l’Union européenne et négocié d’autres accords et d’autres programmes avec les États-Unis, dans quelle position serons-nous?