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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bon après-midi à tous. Merci de m'avoir invité à vous parler du voyage que vous ferez bientôt en Europe afin d'étudier et de promouvoir les négociations engagées en vue de la conclusion d'un accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, l'AECG.
À votre demande, je vous parlerai aujourd'hui de votre voyage de la semaine prochaine et je ferai ensuite un compte rendu sur l'état des négociations. Pour compléter l'exposé, nous avons préparé des documents portant sur des points qui pourraient être soulevés pendant votre voyage. Le personnel de l'ambassade vous communiquera des renseignements sur les questions propres à chaque pays avant vos réunions.
Pour commencer, j'aimerais parler un peu du rôle des États membres et du Parlement européen dans le contexte de l'après-Lisbonne. Ni les États membres ni les membres du Parlement ne participent aux négociations comme telles. Nous négocions avec la Commission européenne. Cependant, les États membres et le Parlement sont tenus au courant de l'évolution des négociations et influent vraiment sur le fond de celles-ci.
Si les États membres ont toujours eu leur mot à dire dans la conclusion des traités, il s'agit pour le Parlement d'un rôle nouveau, qui lui a été conféré le 1er décembre 2009, date de l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne. Aujourd'hui, le Parlement européen participe davantage au processus de prise de décisions de l'Union européenne. Il est doté de nouveaux pouvoirs. Parmi les plus importants, mentionnons le fait que, dorénavant, les traités internationaux négociés par la Commission européenne, y compris les accords commerciaux, ne pourront être conclus sans le consentement du Parlement. Maintenant, la commission fait régulièrement le point sur l'état d'avancement des négociations, et le Parlement, mieux informé, peut vraiment influencer la commission sur le fond d'un accord.
Le Parlement européen a ainsi une meilleure visibilité et une importance accrue dans le processus d'élaboration des politiques de l'Union européenne. Les pays qui ne sont pas membres de l'Union européenne doivent par conséquent veiller à l'établissement de voies de communication claires et ouvertes entre eux et les parlementaires européens.
Le Canada doit faire en sorte que ses idées, ses politiques et ses positions soient bien comprises et reconnues par les parlementaires quand des questions pertinentes pour lui sont mises aux voix au Parlement.
Les États membres ont aussi un rôle à jouer, à commencer par l'élaboration du mandat de négociation, et ils doivent se prononcer sur l'état d'avancement, l'approbation et la mise en oeuvre des traités. La commission offre régulièrement de l'information aux États membres à l'occasion du Comité de la politique commerciale — le CPC, appelé auparavant le comité des 133. Ce groupe participe activement à la mise au point des positions de négociation, à la préparation des offres et à l'examen des textes. Le Comité de la politique commerciale se réunit chaque semaine. Sur cette toile de fond, je vous parlerai du programme et des États membres que vous visiterez.
Le Royaume-Uni, un des trois grands États membres de l'Union européenne, appuie généralement l'AECG. Le gouvernement de coalition actuel considère que le commerce est au coeur de ses relations extérieures. Même si la Chine et l'Inde ont récemment retenu l'attention, le Royaume-Uni demeure fort disposé à faire des échanges avec l'Amérique du Nord et avec le Canada. Le Royaume-Uni a exprimé un intérêt particulier à l'égard des services professionnels et financiers, de la propriété intellectuelle et des marchés publics infranationaux.
Toutefois, la mobilité de la main-d'oeuvre, qui figure au rang des priorités du Canada dans le cadre des négociations, demeure une question délicate pour le Royaume-Uni. Nous vous avons fourni de l'information là-dessus, et vous souhaiterez peut-être en parler avec vos interlocuteurs.
L'ambassade planifie actuellement une table ronde avec les membres de la chambre de commerce Canada-Royaume-Uni et des invités du milieu des affaires, une rencontre avec le ministre responsable du commerce et une autre rencontre avec la sous-commission sur l'Union européenne de la Chambre des Lords chargée des affaires économiques et financières et du commerce international.
Passons maintenant à Strasbourg, où notre mission auprès de l'Union européenne consistera à organiser des rencontres avec les membres du Parlement européen, notamment avec les membres de la Commission du commerce international et de la Délégation pour les relations avec le Canada, deux organes du Parlement européen. Cette visite sera une excellente occasion de montrer que le Canada appuie entièrement les négociations en vue de l'AECG et qu'il tient à intensifier et à libéraliser le commerce avec l'Union européenne. Il sera essentiel de réaffirmer l'opposition du Canada au protectionnisme, de même que son engagement à réduire les obstacles aux échanges et à promouvoir le commerce éthique et respectueux de l'environnement. Vous devez vous attendre à ce que les membres du Parlement européen expriment une grande diversité de points de vue: certains seront fortement en faveur des négociations en vue de l'AECG, tandis que d'autres se montreront très sceptiques et critiques à l'égard des accords de libre-échange en général.
Par ailleurs, il se pourrait que les membres du Parlement désirent aborder d'autres dossiers commerciaux dont le programme d'accords de libre-échange du Canada, l'Accord commercial relatif à la contrefaçon, les réformes de la propriété intellectuelle au Canada, les sables bitumineux et les phoques. Nous avons préparé des documents d'information sur ces questions.
Après Strasbourg, le comité se séparera en deux groupes: l'un se rendra à Rome et l'autre, à Budapest.
Le programme du groupe se rendant à Rome comprendra une réunion avec des délégués et des sénateurs italiens, une rencontre sur le thème des enjeux importants pour l'Italie, probablement avec l'association nationale des producteurs d'aliments, un entretien avec les fonctionnaires italiens chargés des dossiers commerciaux et une rencontre avec les représentants de Confindustria, la principale association industrielle de l'Italie.
Les Italiens appuient l'AECG, et nos relations économiques sont importantes. La question des indications géographiques est l'une de celles qui intéressent le plus l'Italie dans ces négociations. Une indication géographique est une appellation qui attribue la qualité, la réputation ou une autre caractéristique d'un produit à une région géographique particulière ou à son lieu d'origine, comme par exemple Champagne ou Bordeaux. Nous avons déjà signé avec l'Union européenne un accord sur les vins et spiritueux qui assure la protection de certaines indications géographiques, et nous examinons actuellement une proposition de l'UE visant à faire reconnaître de telles indications pour d'autres produits agricoles et alimentaires. Vous trouverez des renseignements complémentaires à ce sujet dans votre trousse d'information.
Finalement, Budapest. La Hongrie sera le prochain pays à assurer la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne. Elle exercera donc ce rôle durant les deux prochaines séries de négociations. Depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne de l'Union européenne, la présidence tournante a un rôle beaucoup plus limité, mais le pays qui occupe cette fonction continue néanmoins de présider les principales rencontres des ministres de l'UE, y compris celles du Comité de la politique commerciale.
Les visites au programme à Budapest comprennent une réunion conjointe avec le comité des affaires de l'Union européenne et le comité de l'économie et de l'informatique du Parlement de la Hongrie, lesquels sont chargés respectivement de l'AECG et de la politique économique et commerciale de la Hongrie. Une réunion avec le tout nouveau Groupe d'amitié Canada-Hongrie est également prévue, et des rencontres devraient aussi avoir lieu avec un spécialiste de l'économie hongroise et régionale et avec un représentant officiel au niveau de la Hongrie. Si le temps le permet, nous ménagerons un entretien avec le représentant d'un groupe d'entreprises.
Compte tenu du rôle important que jouent les États membres de l'Union européenne dans l'élaboration de politiques et dans la ratification d'accords de commerce internationaux, nous estimons que le programme dans son ensemble permettra au CIIT de faire connaître les priorités du Canada dans ces négociations aux principaux interlocuteurs au Royaume-Uni, au Parlement européen, en Italie et en Hongrie.
Je vais maintenant faire le point rapidement sur l'état des négociations.
Depuis mon dernier passage ici, une cinquième série de négociations s'est déroulée à Ottawa à la mi-octobre. Nous en sommes à un stade où les discussions sont plus ardues, mais les pourparlers continuent malgré tout d'aller bon train.
Voici les principaux jalons. L'automne dernier, nous avons préparé un texte couvrant les 22 domaines visés par les négociations. De ce nombre, nous avons déjà terminé ou mis de côté quatre chapitres, et nous prévoyons en faire autant avec quatre autres chapitres lors de la prochaine série de négociations qui se tiendra en janvier.
Nous avons déjà échangé les offres initiales concernant les biens, selon lesquelles 90 p. 100 des biens visés par des droits de douane seraient admis en franchise dès l'entrée en vigueur de l'accord, et nous nous sommes communiqué nos demandes détaillées respectives quant aux marchés publics, aux services et à l'investissement.
Dans les prochains mois, nous comptons échanger les deuxièmes offres concernant les biens et les premières offres relatives aux marchés publics, aux services et à l'investissement.
Pour ce qui est des enjeux clés des négociations, les marchés publics demeurent une des grandes priorités de l'Union européenne, en particulier à l'échelle infranationale. Nous travaillons en étroite collaboration avec les provinces et les territoires afin de fixer des objectifs ambitieux en la matière, car ce chapitre donnera, dans une certaine mesure, le ton aux autres volets des négociations.
Les 10 p. 100 des biens visés par des droits de douane pour lesquels nous n'avons pas encore présenté d'offre comporteront certains points délicats à négocier, notamment en matière d'agriculture, tant pour le Canada que pour l'Union européenne, mais aussi d'automobiles et, dans le cas de l'UE, de poissons.
Comme je vous l'ai mentionné dans un exposé antérieur, nous accordons une attention particulière aux obstacles non tarifaires et nous avons d'ailleurs fait des progrès non négligeables à cet égard, en particulier dans le domaine de la coopération en matière de réglementation. En effet, un chapitre sur la coopération en matière de réglementation est en cours de négociation. Ce sera la première fois qu'un accord de libre-échange comportera un chapitre sur la question.
En ce qui concerne les services et l'investissement, nous avons travaillé d'arrache-pied pour convaincre l'Union européenne d'adopter l'approche plus ambitieuse de la liste négative, selon laquelle les engagements pris couvrent tout sauf les points explicitement exclus. Il s'agit de la méthode que nous avons suivie dans le cadre de tous nos accords, y compris l'ALENA, mais l'Union européenne n'y a jamais eu recours. Les rapports de la commission sur les discussions avec les États membres sont encourageants.
Nous insistons également auprès de l'Union européenne pour qu'elle prenne des engagements plus importants en ce qui concerne la mobilité de la main-d'oeuvre, de manière à faciliter l'admission temporaire des gens d'affaires et des professionnels et la reconnaissance mutuelle des qualifications.
Enfin, la propriété intellectuelle revêt également une importance cruciale. En effet, l'Union européenne a fait pression sur le Canada pour ce qui est de la protection du droit d'auteur, de l'application des lois en la matière, des brevets et de la protection des indications géographiques. En outre, le projet de loi sur le droit d'auteur déposé par le gouvernement il y a quelques mois sera probablement abordé lors de vos rencontres.
Les provinces et les territoires continuent de prendre part au processus et sont bien représentés durant les séries de négociations. Un peu plus de 60 représentants des provinces et territoires étaient présents en octobre à Ottawa, et nous continuons de les rencontrer fréquemment, que ce soit à Ottawa ou ailleurs au pays.
Le processus de consultation est le plus vaste et le plus accessible que nous ayons jamais mis en oeuvre dans le cadre de négociations commerciales. Après chaque série de négociations, nous tenons des séances de consultation par téléconférence avec les membres de l'industrie et la société civile, et nous organisons des rencontres avec les intervenants sur demande.
Voilà où nous en sommes dans les négociations. Deux autres séries officielles de négociations sont prévues pour le moment, soit une en janvier à Bruxelles et une autre en avril à Ottawa. Nous avons toujours pour objectif d'achever les négociations en 2011.
De plus, il est également prévu que les ministres se réunissent plus tard dans l'année pour faire le point sur les négociations.
L'AECG représente une occasion unique et cruciale pour le Canada. La visite du comité en Europe devrait permettre de réitérer la détermination du Canada à conclure un accord ambitieux.
Si vous avez des questions, je serai ravi d'y répondre.
Merci.
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Poursuivons les travaux.
Je vais présenter notre prochain invité. J'aurais aimé que les représentants du Comité économique et social européen arrivent plus tôt pour les jumeler avec notre prochain témoin, comme l'a suggéré M. Julian, une très bonne suggestion d'ailleurs, mais ils ne sont pas encore ici. Donc, dès qu'ils arriveront, nous leur demanderons de prendre place et nous poursuivrons nos travaux. Si vous n'avez pas d'objection à rester jusqu'à 17 h 30, monsieur Langrish, nous vous demanderons de vous joindre à eux également.
Avant de commencer, et afin de laisser encore quelques minutes aux témoins pour arriver, j'aimerais dire aux membres du comité que j'espère avoir reçu, à temps pour la séance de mercredi, les dossiers préparatoires auxquels M. Holder a fait référence lors de la dernière série de questions.
Aussi, vous recevrez par courriel vos billets pour la visite du Parlement européen. Il s'agit de billets électroniques, donc ils seront envoyés directement à votre adresse de courriel parlementaire. De plus, votre allocation quotidienne sera déposée directement dans votre compte bancaire, si c'est ainsi que vous recevez votre chèque de paye. Pour toute question à ce sujet, n'hésitez pas à communiquer avec moi ou avec le greffier, mais je crois que tout est réglé. J'espère avoir tout terminé d'ici jeudi, les billets, l'allocation quotidienne et les dossiers préparatoires.
Poursuivons maintenant avec notre prochain témoin.
Jason Langrish est directeur général du Forum sur le commerce Canada-Europe. Je vais lui demander de nous faire une brève déclaration d'ouverture, et nous passerons ensuite aux questions. Si jamais les représentants du Comité économique et social européen arrivent, nous leur demanderons de prendre place immédiatement, car il ne nous reste plus beaucoup de temps.
Monsieur Langrish, votre déclaration d'ouverture, s'il vous plaît.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Brièvement, le Forum sur le commerce Canada-Europe a été créé il y a environ 10 ans, avec la bénédiction du président de la Commission européenne et du premier ministre canadien de l'époque, principalement pour contourner le fait qu'on empêchait les sociétés canadiennes de participer au dialogue entre les États-Unis et l'Union européenne.
Le but était de faire des recommandations au gouvernement afin d'éliminer les obstacles au commerce et à l'investissement. Nous nous sommes rapidement aperçus qu'on ne pouvait pas faire cela en vase clos et qu'il nous fallait quelque chose de plus détaillé pour réfléchir à l'orientation que prenait la relation économique entre les deux parties. Le commerce et l'investissement augmentaient — et de façon spectaculaire dans le cas de l'investissement. Selon nous, les règles entourant la relation entre le Canada et l'Union européenne étaient insuffisantes pour relever les défis et tirer le maximum des possibilités de l'époque ou de demain.
En 2006, avec l'appui d'environ 110 premiers dirigeants, nous nous sommes concentrés sur un accord de libre-échange détaillé. Comme je l'ai mentionné, nous sommes canadiens et européens; nous défendons les intérêts des deux parties. Nous comptons parmi nos membres des sociétés ayant leur siège social au Canada ou en Europe. Donc, nous tentons d'adopter un point de vue aussi objectif que possible pour ces négociations que nous appuyons totalement.
À notre avis, ces négociations revêtent une importance particulière, étant donné qu'il nous faut, en matière de commerce et d'investissement, un niveau de diversification différent de celui que nous avons avec les États-Unis et nos partenaires de l'ALENA. L'impression générale est que nous sommes devenus trop à l'aise avec l'ALENA et qu'en raison de la mondialisation et de la multipolarisation, si je peux m'exprimer ainsi, le Canada doit établir des relations internationales en matière de commerce et d'investissements pour ajouter à celles qu'il entretient déjà sur son continent. À cet égard, l'Europe constitue une excellente option. Nos institutions et notre approche en matière de commerce, d'investissement et de primauté du droit sont similaires.
Cela ne veut pas dire que nous ne rencontrerons pas certaines difficultés au cours de ces négociations, mais si nous sommes incapables de conclure un accord avec les Européens — et je parle ici en tant que Canadien —, nous aurons de la difficulté à convaincre d'autres partenaires que nous sommes sérieux dans notre volonté de négocier avec eux. Selon nous, il s'agit d'une excellente occasion pour le Canada d'attirer de nouveaux investissements, d'intensifier nos échanges et d'offrir de nouvelles possibilités à nos exportateurs, nos fournisseurs de services et tous les investisseurs canadiens qui désirent faire des profits. Parfois, ça dépend de nous, mais pas toujours. Les accords commerciaux sont essentiels à un pays comme le nôtre dont les deux tiers du PIB proviennent des exportations et du commerce international.
Voilà qui nous sommes. Comme je l'ai dit, nous sommes impatients de conclure cet accord en 2011.
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En ce qui concerne notre expérience dans le cadre de l'ALENA, je dirais qu'elle a été extrêmement positive.
Lorsqu'on négocie des accords commerciaux, cela ne fonctionne pas toujours parfaitement dans chaque secteur. De plus, les temps changent, et la conjoncture économique évolue. Lorsque nous avons négocié l'ALENA, nous ne pensions pas avoir un jour une infestation de dendroctone du pin dans les forêts de la Colombie-Britannique, par exemple. Parfois, les accords sont négociés et conclus de telle façon qu'ils sont très difficiles à rouvrir et à modifier par la suite. Ce qui était un accord d'avant-garde en 1993 ne l'est plus vraiment aujourd'hui.
Pour ce qui est de l'accord entre le Canada et l'Union européenne, nous dirions qu'il devrait probablement être un peu plus souple. C'est pourquoi nous préconisons notamment une approche négative en matière de services. Il est très difficile non seulement d'apporter... C'est plus global, disons. Cela permet aussi de comprendre que dans 20 ans, il y aura des services qui n'existent pas actuellement. Si nous adoptons une approche fondée sur une liste positive, nous devrons constamment revoir l'accord afin de négocier et d'approuver tous ces nouveaux éléments de l'économie.
Quant au mécanisme de règlement des différends, je crois qu'on envisage d'adopter une disposition investisseur-État. Nous y sommes très favorables. Nous ne voyons aucun inconvénient à ce que cela s'applique entre le Canada et l'UE.
Il est vrai que l'Union européenne est composée de 27 États membres, mais elle n'est pas aussi désordonnée qu'on veut nous le faire croire. En fait, elle a des règles et des procédures très claires qui régissent la conduite de ses activités, tant sur le plan national qu'international. En fait, ces règles sont généralement très claires et très simples.
Nous ne voyons pas pourquoi cet accord ne profiterait pas aux Canadiens qui investissent au sein de l'Union européenne. S'ils estiment que leurs droits ou leurs activités commerciales sont compromis, ils disposeront d'un mécanisme de contestation efficace. À l'heure actuelle, les entreprises canadiennes ne possèdent pas cet outil, ce qui leur cause parfois des problèmes. Il est arrivé, par exemple, notamment dans le secteur minier de certains nouveaux États membres, que les investisseurs soient livrés à eux-mêmes. S'il y avait eu une disposition investisseur-État, la situation aurait été bien différente pour eux.
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Merci, monsieur Langrish. Votre témoignage nous a été très utile. Peut-être pourrez-vous comparaître de nouveau lorsque nous continuerons à étudier cette question l'an prochain. Nous avons été ravis de vous accueillir. Merci infiniment.
Je voudrais m'excuser auprès de mes collègues. Nous sommes légèrement en retard aujourd'hui. Nos prochains témoins sont arrivés. Pendant que nous prenons congé de M. Langrish, nous allons donc accueillir nos témoins d'Europe.
Je demande à mes collègues de faire preuve d'indulgence. Il nous faudra peut-être finir un peu plus tard que prévu. Le prochain groupe de témoins vient de l'Union européenne. Ils représentent le Comité économique et social européen.
Je pense qu'on vous distribuera de la documentation.
Les membres du Comité économique et social européen effectuent une visite au Canada. Nous sommes ravis qu'ils aient pu trouver le temps de se joindre à nous brièvement.
J'espère que nous aurons droit à une déclaration préliminaire et que nous pourrons créer une certaine connivence qui permettra de poursuivre le dialogue lorsque des membres de notre comité se rendront en Europe.
Avant les présentations d'usage, il faudra faire une pause pour permettre aux interprètes de s'installer.
Je remercie mes collègues et nos témoins.
Je demanderai à Sandy Boyle, président de la section Relations extérieures du Comité économique et social européen, d'expliquer les attributions de chacun et les raisons de cette visite au Canada. Nous sommes ravis de les accueillir, et je pense que, à la veille de notre visite en Europe, nous tirerons profit du présent exercice.
Nous n'aurons pas le temps de poser beaucoup de questions. C'est peut-être un peu exceptionnel, mais je vous demanderai de rallonger un peu vos déclarations liminaires pour nous donner tout le contexte nécessaire. Cela pourrait nous être très utile.
Je vous présente donc les représentants de l'Union européenne. Vous connaissez déjà Sandy Boyle, le président de la section Relations extérieures. Il est accompagné de Rose D'Sa, du Royaume-Uni.
Je suis désolé, monsieur Isaias, mais de quel pays êtes-vous?
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Pour commencer, je vous remercie infiniment de nous donner l'occasion de témoigner.
Comme vous l'avez bien dit au début, l'horaire de notre visite relativement courte est extrêmement chargé. Nous représentons tous les trois le Comité économique et social européen, dont nous sommes membres. Jean-François est directeur des relations extérieures, entre autres, mais il s'occupe aussi des secteurs importants que sont l'agriculture, le transport et l'énergie, qui, à bien des égards, sont au coeur des discussions de notre visite de trois jours.
Vous m'avez demandé d'être concis. Je vais essayer de l'être autant que possible.
Le Comité économique et social européen a vu le jour en même temps que l'Union européenne. Je crois que cela véhicule un message important, car les pays fondateurs, qui n'étaient que six, ont créé une structure pour assurer que la société civile... et je parle ici d'une société civile telle que définie en Europe. Si j'ai bien compris, l'expression peut signifier autre chose au Canada. La société civile, comme nous l'entendons, se compose donc de trois groupes très différents.
Tout d'abord, elle comprend le groupe des employeurs, dont José Isaías est membre et, de fait, vice-président. Ensuite, il y a le groupe des travailleurs, dont j'assurais la vice-présidence avant d'être nommé président des relations extérieures. Enfin, il y a le groupe d'intérêts divers, un groupe plutôt hétérogène, mais qui réunit des intervenants majeurs, comme des chefs de file dans le domaine de l'agriculture, ainsi que des consommateurs et des ONG. Divers groupes en font aussi partie, notamment, des groupes culturels. J'aimerais souligner que les organismes composant ces trois divisions indispensables sont principalement des groupes européens largement connus qui représentent non pas les six pays à l'origine de l'Union européenne, mais plutôt les 27 pays qui en sont maintenant membres.
Notre comité compte un très grand nombre de membres. Ils sont divisés proportionnellement et équitablement entre les trois groupes, et les pays les plus populeux en ont davantage que les petits. En tout, nous sommes 344; c'est donc un groupe très considérable. En fait, nous sommes si nombreux que nous devons nous réunir à Bruxelles lorsque le Parlement européen siège à Strasbourg, car nous devons utiliser ses locaux. Contrairement au Canada, nous parlons 22 langues, dont 21 sont utilisées activement dans bien des réunions. Le groupement est donc plutôt diversifié.
Nous sommes venus au Canada principalement parce que nous avons pris part à un avis consultatif sur les relations entre l'Union européenne et le Canada — qui a également participé largement à l'avis — et que nous avons formulé des observations à propos de l'accord commercial et des négociations à cet égard. Notre assemblée plénière, qui a adopté l'avis consultatif, s'est dit unanimement en faveur d'un accord commercial qui soit solide entre l'Union européenne et le Canada.
Nous avons également formulé des recommandations sur deux volets importants pour nous. D'une part, il faut tenir compte de la question du développement durable, qui est maintenant au centre des préoccupations de l'Union européenne relativement aux accords commerciaux. D'autre part, compte tenu de notre définition de la société civile et de l'importance que nous lui accordons, nous espérons que l'accord entre l'Union européenne et le Canada suivra la tendance, c'est-à-dire qu'on fera appel à un organisme commun à l'Union européenne et au Canada, composé d'employeurs, de représentants d'employés et des différents groupes d'intérêts dont j'ai parlé. Cet organisme ne prendrait pas part aux négociations, puisqu'il ne ferait pas partie de ce processus. Il participerait plutôt au processus continu d'évaluation et de mise en place de toute la question commerciale.
J'ai essayé d'être aussi concis que possible. Mes collègues voudront évidemment étoffer mes propos en réponse à vos questions, mais en résumé, c'est ce que nous faisons.
J'aimerais simplement ajouter que nous disposons maintenant de 15 structures vraiment officielles en matière de relations extérieures, c'est-à-dire des ententes bilatérales avec des pays comme la Chine, le Brésil et l'Inde, où nous tenons des tables rondes. De plus, nous sommes en train de mettre en place une structure avec la Russie. Nous sommes également présents dans d'autres régions, notamment en Afrique, dans les Caraïbes et en Amérique latine. Nous y tenons des groupes de discussion qui, à bien des égards, reflètent les structures parlementaires de l'Europe. Nous en venons à établir des liens avec des organismes de la société civile, comme je les ai définis, grâce à la coopération mutuelle, à l'échange de points de vue et à un cheminement commun.
Je vais m'arrêter ici, et j'espère que nous pourrons peut-être discuter brièvement, même si je sais qu'une très longue journée tire à sa fin — tant pour vous que pour nous. Merci beaucoup.