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Merci beaucoup, monsieur Benoit.
Merci.
Je me réjouis de cette occasion de m’adresser au Comité permanent des ressources naturelles de la Chambre des communes qui se penche sur la question de la mise en valeur des ressources dans le Nord canadien.
Je m’appelle Pam Schwann et je suis la directrice exécutive de la Saskatchewan Mining Association. Les personnes qui m’accompagnent aujourd’hui et qui vous ont déjà été présentées sont Mme Tammy Van Lambalgen, vice-présidente des affaires réglementaires et conseillère juridique de la société AREVA Resources Canada, ainsi que M. Gary Merasty, vice-président, responsabilité sociale de l’entreprise, Cameco.
La Saskatchewan Mining Association est un organisme financé par l’industrie qui est perçu comme le porte-parole de l’industrie minière de la Saskatchewan. Nous comptons plus de 40 sociétés membres, dont des producteurs de charbon, de potasse, d’uranium et de minéraux métalliques industriels, ainsi que des sociétés d’exploration œuvrant dans la province.
La SMA a présenté un mémoire à M. Lauzon, greffier du comité, intitulé « L’industrie minière en Saskatchewan: des meneurs mondiaux », mais compte tenu du temps dont nous disposons et de vos intérêts concrets, je me contenterai de faire quelques remarques générales pour ensuite me concentrer sur l’industrie minière dans le nord de la Saskatchewan.
Les points saillants que je tiens à relever sont les suivants: l’industrie minière de la Saskatchewan est une importante productrice de minéraux tant à l’échelle canadienne que mondiale; les sociétés minières de la Saskatchewan exploitent des installations de calibre mondial; elles sont de véritables chefs de file canadiens et mondiaux au chapitre de l’emploi de personnes autochtones et des occasions d’affaires liées à leurs activités d’exploitation; et enfin, un régime réglementaire et stratégique efficace contribuera à veiller à ce que nos activités minières continuent à bénéficier à la Saskatchewan, au Canada et au monde entier.
L’industrie minière de la Saskatchewan est une importante productrice mondiale de minéraux. En 2010, nous nous sommes classés au deuxième rang au Canada en termes de valeur de la production minérale, avec un chiffre d’affaires dépassant légèrement les 7 milliards de dollars. Nous sommes le producteur numéro un au monde de potasse, dont nous produisons environ 31 p. 100 de l’offre mondiale, et le producteur numéro deux d’uranium. En ce moment, nous produisons environ 18 p. 100 de l’offre mondiale, ce qui a un peu reculé par rapport aux 28 p. 100 que nous affichions en 2005, quand nous étions le producteur numéro un d’uranium au monde.
La Saskatchewan demeurera l’un des principaux producteurs de minéraux au Canada pendant des années. Les exploitations minières existantes ont annoncé leur intention d’investir plus de 43 milliards de dollars dans leurs activités actuelles sur une vingtaine d’années.
Sur ce, je passe directement à la page 9 de la présentation que vous avez devant vous. Vous y trouverez une carte des ressources minérales de la Saskatchewan. Le reste de notre présentation aujourd’hui se limitera aux activités qui se déroulent dans la tierce partie de cette carte qui représente le nord de la province. Je vais afficher une copie de cette carte en couleurs afin que vous puissiez vous y retrouver.
Ce qui prédomine dans la carte est une structure ovale jaune couvrant la région où se déroulent la plupart de nos activités, et c’est de là que provient la production d’uranium: il s’agit de la région du Bassin d’Athabasca au nord de la Saskatchewan. Aux pages 11 et 12 de notre exposé, nous parlerons plus longuement de la production d’uranium. Les mines de la Saskatchewan produisent 100 p. 100 de l’uranium canadien, qui a été évalué à un peu plus de 1,2 milliard de dollars en 2010. La production minérale provient de trois exploitations: la rivière McArthur, qui est indiquée dans la carte par le numéro 48 et un point rouge; Eagle Point; et le lac McClean.
Plus concrètement, la mine de la rivière McArthur est le gisement d’uranium à plus forte teneur au monde, soit une moyenne d’environ 20 p. 100, par opposition à une moyenne mondiale qui se classe juste en dessous d’un pour cent. Elle fournit en ce moment la plus vaste partie de la production d’uranium de la Saskatchewan et compte pour 15 p. 100 de l’offre mondiale en uranium.
Nous avons récolté pour le moment le fruit de 25 ans de production parmi les mines existantes et les nouvelles découvertes se poursuivent dans les vastes étendues géographiques de la région d’Athabasca. Sur la carte des ressources minérales de la Saskatchewan, ces étendues comprennent le lac Cigar, numéro 45, Shea Creek, à l’ouest du Bassin d’Athabasca, numéro 33, le gisement Millennium et la zone Roughrider, pour ne citer que quelques exemples.
Quant à la production d’or, la Saskatchewan compte en ce moment deux producteurs: un producteur de longue date nommé Claude Resources, dont la mine Seabee a produit environ un million d’onces, d’une part, et une nouvelle mine que l’on commence à peine à exploiter depuis décembre 2010, d’autre part.
En termes d’exploration, nous prévoyons des dépenses assez raisonnables de l’ordre de 270 millions de dollars en 2011, dont 100 millions destinés au nord de la Saskatchewan.
Si l’industrie minière et l’exploration produisent des recettes pour les sociétés et les gouvernements, l’industrie a également été un important moteur de débouchés économiques et sociaux en termes de création d’emplois et d’expansion des affaires en plus d’inciter les jeunes à ne pas décrocher.
À la page 15 de notre présentation, nous vous proposons quelques informations sur l’emploi dans le Nord. Les sociétés minières du nord de la Saskatchewan sont des meneurs dans le recrutement de gens chez les Premières nations et les Métis pour leurs exploitations. Cameco est le premier employeur industriel d’Autochtones au Canada.
On compte plus de 3 100 employés des mines et des entrepreneurs à long terme dans les mines du nord de la Saskatchewan, dont 660 résidents du nord de la province. En 2010, la masse salariale versée aux employés directs s’est élevée à 90 millions de dollars et les entrepreneurs ont payé 217 millions supplémentaires à leurs employés; je dois préciser qu’il s’agit-là d’une mise à jour des chiffres indiqués dans l’exposé qui reprend des informations datant de 2009.
Parmi les outils qui nous ont aidés à accomplir tout cela sur le plan de l’emploi, je me dois d’évoquer le bail de surface et des outils coopératifs dont le plan de formation multipartite et le programme Northern Career Quest, qui est financé par le PCEA. Tel que nous le verrons à la page 16 de la présentation, les employés des mines du Nord constituent une proportion croissante des travailleurs les plus qualifiés, dont les surveillants, les techniciens et les gens de métier. Cette proportion s’élève à 39 p. 100 en ce moment, par opposition à 22 p. 100 en 1984.
La page 17 de la présentation est consacrée au développement des entreprises. Les sociétés minières du Nord ont travaillé en étroite collaboration avec les organismes de développement économique du Nord pour la création d’entreprises réussies dans la région. Ces entreprises, dont le Kitsaki Development Limited Partnership, qui est l’organe de développement économique de la bande la plus importante de la Saskatchewan — la bande indienne du Lac La Ronge — et l’Athabasca Basin Development Limited Partnership, sont désormais en train d’appliquer le savoir-faire acquis dans le nord aux activités minières dans le sud.
Quant aux avantages économiques découlant des mines du Nord, en 2009 celles-ci ont acquis des biens et services d’une valeur de 279 millions de dollars auprès d’entreprises nordiques, ce qui représente environ 62 p. 100 de tous les biens et services acquis. En 2010, les sociétés minières ont acheté des biens et services d’une valeur de 361 millions de dollars d’entreprises situées dans le nord de la Saskatchewan.
J’aimerais maintenant me pencher sur certains des principaux défis que l’industrie minière doit relever.
Pour commencer, je voudrais vous parler de l’efficacité de la réglementation. Tel que signalé par le Commissaire à l’environnement et au développement durable, le processus fédéral d’évaluation environnementale connaît des retards systémiques ainsi qu’un manque de coordination entre les ministères fédéraux, et s’attache à entreprendre des processus aussi onéreux que décourageants sans être en mesure d’offrir une valeur à l’environnement ou à la société.
S’il est vrai que le projet de loi C-9 a introduit des améliorations à la LCEE pour régler certaines de ces questions, ces modifications ne s’appliquaient pas aux projets relevant de la Commission canadienne de sûreté nucléaire; ainsi, la plupart des projets du nord de la Saskatchewan n’auront rien à gagner de ces modifications. Par comparaison, en Australie, il n’a fallu qu’environ deux ans au gouvernement fédéral et aux États pour mener une étude de la proposition massive de BHP pour le cuivre, l’or et l’uranium du gisement Olympic Dam. Cet important écart dans le temps qu’il faut pour effectuer les examens place les projets canadiens en position désavantageuse par rapport aux projets d’autres pays portant sur l’exploitation de l’uranium.
Le secteur minier est également confronté à des exigences réglementaires de plus en plus nombreuses. Je songe notamment à la Loi sur les espèces en péril, à la Loi sur la convention concernant les oiseaux migrateurs, au ministère des Pêches et des Océans, ainsi qu’au Règlement sur la lutte contre la pollution atmosphérique. Par ailleurs, le manque d’intégration de la politique visant l’obligation fédérale de consulter les organismes provinciaux à propos d’un même projet se traduit par des problèmes de capacité chez l’industrie aussi bien que chez les collectivités des Premières nations et des Métis.
La deuxième question à laquelle j’aimerais faire allusion brièvement est celle de l’accès à des travailleurs extrêmement qualifiés et compétents. Il s’agit-là d’un défi de taille pour l’industrie minière compte tenu des retraites et de l’expansion qui sont à prévoir à l’avenir. Des programmes, tels le Partenariat pour les compétences et l’emploi des Autochtones (PCEA), se sont avérés très bénéfiques par le passé tout comme le Conseil des ressources humaines de l’industrie minière (RHiM) du secteur national. Ces deux programmes sont en voie de disparition ou le financement a été sensiblement réduit.
Enfin, l’infrastructure inadéquate des régions du Nord nuit la compétitivité du secteur minier tout comme la capacité des habitants locaux à tirer parti des perspectives d’emploi et de développement économique qui s’offrent dans l’industrie minière.
S’il me reste assez de temps, je voudrais passer à la page 20 du programme, qui vous montre quelques exemples de la manière dont les règlements et la politique fédérale risquent de nuire radicalement le développement des minéraux dans le nord de la Saskatchewan. Je songe notamment au programme proposé par Environnement Canada pour le rétablissement de la population boréale du caribou des bois, qui en est actuellement à l’étape des consultations publiques. Cette stratégie restreindrait à toutes fins pratiques le développement dans les zones grises que vous voyez ici, et éliminerait le développement en Saskatchewan dans les zones bleues: soit plus de 30 millions d’hectares et essentiellement toute la partie du bouclier précambrien au nord de la Saskatchewan.
Nous estimons que le modèle qu’Environnement Canada a utilisé se fonde sur un savoir scientifique incomplet et inexact ainsi que sur des postulats et un jugement professionnel erronés, particulièrement en ce qui a trait au rapport entre la disponibilité de l’habitat des caribous, le nombre élevé d’incendies naturels dans le nord de la Saskatchewan, et la proportion très limitée de la présence humaine. Ces types de politiques affectent vraiment la capacité de l’industrie minière à aller de l’avant.
En somme, la Saskatchewan est au nombre des principaux producteurs mondiaux de potasse et d’uranium, bien que nous ayons perdu la place numéro un en ce qui a trait à l’uranium. La Saskatchewan continue à offrir d’excellentes possibilités en termes de ressources et des gisements de calibre mondial. L’industrie minière emploie en ce moment, que ce soit directement ou indirectement, plus de 30 000 personnes et devra selon toute attente donner de l’emploi à un nombre de travailleurs beaucoup plus vaste eu égard aux investissements de plus de 42 milliards de dollars qu’elle compte faire dans les 20 années à venir.
Les sociétés minières de la Saskatchewan sont canadiennes. Elles sont des chefs de file mondiaux en termes d’emploi et de développement des affaires parmi les Autochtones. Néanmoins, des questions de réglementation clés font obstacle à leur croissance, sans pour autant se traduire par des avantages pour l’environnement.
Cela dit, je tiens à remercier les membres du Comité permanent des ressources naturelles de la Chambre des communes de nous avoir invités à effectuer cette présentation ici aujourd’hui. Nous répondrons volontiers à toute question que vous aimeriez nous poser.
Merci.
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Je n’ai pas besoin de me faire traduire l’anglais, mais j’aimerais vous parler en français aussi bien qu’en anglais, si vous n’y voyez pas d’inconvénient. N’hésitez pas à vous exprimer en anglais de votre côté.
[Français]
Bonjour à tous.
J'ai l'honneur de vous présenter aujourd'hui quelques enjeux et priorités en ce qui concerne le développement et les ressources du Nord, plus particulièrement le Nord du Québec. Je vais donc mettre l'accent sur la situation québécoise, mais il y a sûrement des parallèles à faire avec d'autres régions du Canada.
Je suis Ugo Lapointe, porte-parole de la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine, un nom qui se traduit mal en anglais. Je souhaite bonne chance aux traducteurs.
Essentiellement, nous représentons une vingtaine d'organismes du Québec, principalement syndicaux, par exemple la Centrale des syndicats du Québec, le conseil régional de la CSN en Abitibi-Témiscamingue et Ungava, une région minière d'importance, et le Syndicat de la fonction publique du Québec inc., qui regroupe entre autres des techniciens et des technologues du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs ainsi que du ministère des Ressources naturelles et de la Faune. À cela s'ajoutent des membres de groupes environnementaux comme Nature Québec, Ecojustice et Mines Alerte Canada ainsi que des organismes citoyens de l'Abitibi-Témiscamingue, de la Côte-Nord et d'autres régions du Québec. Grosso modo, la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine regroupe entre 200 000 et 225 000 membres affiliés.
Comme son nom l'indique, la coalition veut faire en sorte que le Québec ait meilleure mine et non pas qu'il ait plus de mines. De façon générale, nous sommes favorables au développement minier, mais nous pensons que des enjeux majeurs doivent être réglés, notamment sur les plans social et environnemental. Notre mission est de promouvoir des pratiques, une réglementation et un encadrement beaucoup plus performants sur les plans social et environnemental.
Ma présentation se divise en deux ou trois points. Le premier vise à vous donner un aperçu de la situation dans le Nord du Québec en matière d'exploitation minière. Pour ce qui est du deuxième, il s'agit de trois recommandations que j'aimerais faire à votre comité. J'espère que le tout ne prendra pas trop de temps.
J'aimerais que le président m'indique combien de temps il me reste.
[Traduction]
Je vais peut-être essayer de m’exprimer en anglais, ne serait-ce qu’en partie.
Quel est le contexte actuel au Québec en ce qui a trait à l’exploration et à l’extraction minière? À l’instar de bien d’autres régions du Canada et partout au monde, nous sommes essentiellement en train de connaître le plus grand boum minier que notre province ait jamais connu depuis ses débuts dans l’exploitation minière.
À comparer à la dernière vingtaine ou trentaine d’années, depuis 2005 nous avons pour ainsi dire énormément multiplié les investissements et l’exploration partout au Québec, ainsi que la valeur des minéraux extraits dans la province. En 2005, lorsque le prix de nombreux métaux et matières premières est monté en flèche sur les marchés internationaux, nous sommes passés d’investissements et de travaux d’exploration d’une valeur de 200 millions de dollars à presque 600 millions l’an dernier, et pour 2011, le chiffre devrait être du même ordre. Ainsi, en à peine cinq ou six ans, nous sommes passés de 200 millions de dollars à 600 millions en termes de travaux d’exploration.
Il en est de même pour la valeur que nous avons extraite au Québec. Depuis 2004 ou 2005, nous sommes passés d’une valeur de production brute annuelle de quelque 2 ou 3 milliards de dollars il y a deux ou trois ans à 8 milliards cette année. Ces changements sont massifs.
Ainsi, d’importants changements se sont produits en à peine quelques années, et ils sont attribuables au contexte mondial, aux tendances mondiales et à une demande massive, particulièrement de la part de marchés émergents tels la Chine, l’Inde et le Brésil, pour ne citer que quelques-uns. Au Québec, les principaux minéraux extraits, par ordre de valeur, sont le fer, le nickel, le zinc et l’or. Ce sont là les principales « vaches laitières » si je puis m’exprimer ainsi, de l’industrie minérale au Québec. On y retrouvera sans doute également des métaux plus rares, tels le lithium et d’autres métaux ou des diamants, par exemple, qui seront extraits dans les années à venir, mais la valeur de cette production demeurera marginale par rapport aux extractions actuelles que je viens de nommer.
Ces investissements et valeurs ne sont pas sans générer des enjeux, notamment sur le plan environnemental. Nous assistons désormais à des centaines de projets d’exploration partout au Québec — entre 400 et 600 chaque année. Nous sommes passés de 15 ou 20 mines il y a à peine deux ou trois ans à environ 25 en ce moment. Nous atteindrons sans doute une trentaine dans les années à venir. Ce boum massif soulève des questions à l’égard de l’environnement. Il nous faut des ressources au sein des ministères fédéraux aussi bien que provinciaux pour veiller à ce que cet essor minier ait un impact limité sur l’environnement.
Le boum dont je vous parle a également suscité des enjeux d’ordre social. Les mines sont de plus en plus exploitées dans le Nord, dans des régions où les principaux habitants sont les Premières nations, et il subsiste certaines questions à l’égard des droits de propriété et des droits ancestraux des Premières nations dans certaines parties du nord du Québec qu’il s’agirait de reconnaître et de résoudre.
Il existe des enjeux sociaux, car une partie de cet essor minier passe par une nouvelle forme d’extraction minière au Québec qui se fait dans de vastes mines de faible intensité et à ciel ouvert souvent situées à proximité des collectivités déjà établies. De par leur dimension, leurs répercussions sur le sol, le bruit, la poussière et autres nuisances qui en découlent, ces mines ne manquent pas de déclencher des tensions sociales dans certaines parties du nord du Québec. C’est là une question qu’il ne faut pas perdre de vue.
Nous devons retenir qu’il s’agit de ressources non renouvelables et qu’une population de plus en plus sensible est en train d’exiger les indemnités qui s’imposent pour l’extraction de ces ressources dans les années à venir, pour les générations futures.
Voilà un bref aperçu du contexte. Je crois qu’il me reste seulement deux minutes?
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Je reprendrai volontiers certains de ces éléments contextuels dans le débat qui s’ensuivra.
Si je dois mettre en relief certains des principaux enjeux sur lesquels la commission devrait selon moi se pencher dans les semaines, les mois et les années à venir, un aspect vraiment important et qui préoccupe de nombreux collègues et la population du Québec, c’est bien la question du contrôle de la propriété des ressources minérales.
Il y a également la question de l’extraction et des avantages, ce qui fait que la propriété collective de ces ressources est en train de devenir une inquiétude. Il me semble que le Québec n’est pas le seul à vivre ce genre de cette situation.
L’accord qui est en train d’être négocié en ce moment entre le Canada et l’Europe pourrait à mon sens avoir des répercussions aussi graves qu’étendues sur cet enjeu concret. Je crois que la situation qui s’est récemment produite en Saskatchewan avec PotashCorp, où le gouvernement fédéral, de concert avec le gouvernement provincial, a convenu de mettre les intérêts canadiens à l’abri d’une prise de contrôle étrangère. On peut se demander si l’accord actuel entre le Canada et l’Europe permettrait une démarche telle que celle qui s’est avérée nécessaire dans le cas de la PotashCorp de la Saskatchewan.
Le deuxième enjeu sur lequel j’aimerais m’arrêter rapidement et auquel j’ai déjà fait allusion, réside dans la nécessité de mieux protéger l’environnement face à ce boum minier massif. Le milliard de dollars dont je vous ai parlé, en termes des investissements auxquels nous assistons, mais également de la valeur obtenue des mines, aurait besoin à notre avis de courbes parallèles que nous devrions voir chez les ministères chargés de contrôler l’industrie minière, l’exploration et l’extraction. Côté environnement, les mines abandonnées sont également un sujet de préoccupation pour de nombreux citoyens. Nous devons comprendre que le rétablissement de complexes miniers abandonnés sert également à apporter une activité économique dans les régions, et il n’est donc pas seulement question de rétablir l’environnement. Cela pourrait être perçu comme un avantage économique important pour les régions intéressées.
Enfin, comme je l’ai déjà dit, les enjeux touchant les Premières nations doivent également être réglés. Ici, au Québec, où nous avons le « Plan Nord » du premier ministre Charest, nous nous faisons dire souvent que les Premières nations sont toutes d’accord avec ce plan, mais ce que nous entendons rarement, c’est qu’il y a certaines Premières nations, tels les Inuits, qui continuent à lutter pour les droits ancestraux qui leur reviennent. Ces questions doivent être réglées, tout en créant un climat plus stable pour les collectivités ainsi que pour les investisseurs.
Cela conclut mes propos et je cède la parole pour le débat qui s’ensuivra. Merci.
Le président: Allez-y.
Mme Tammy Van Lambalgen: Merci.
Nous avons d’excellents exemples qui témoignent du temps qu’il faut pour obtenir une évaluation environnementale d’un bout à l’autre du cycle, particulièrement pour les nouveaux projets.
Notre projet dans le Midwest, si vous voulez le comparer à l’expérience du gisement d’Olympic Dam — qui comme Pam l’a dit plus tôt, datait de 2009 et a obtenu son approbation en l’espace d’environ deux ans — est une mine à ciel ouvert, mais non pas une usine de concentration, car nous utiliserions l’infrastructure existante pour les besoins de traitement. Le projet en est à peu près à sa sixième année de formalités au chapitre de l’évaluation environnementale.
La description du projet a été déposée en décembre 2005, et nous venons encore tout récemment de présenter la version finale de notre EIE. Celle-ci sera peut-être la dernière année. Nous espérons obtenir l’approbation de l’évaluation environnementale à l’automne de 2012, mais ce sera à la discrétion du ministre, bien entendu. Au total, le processus d’évaluation environnementale aura donc duré sept ans.
Nous avons passé de longues heures à réfléchir à la cause de tout cela et aux moyens d’améliorer la situation. Il va de soi qu’AREVA et l’industrie ne demandent qu’à assumer leur part de responsabilité, mais cela ne réduit en rien les nombreuses améliorations qui pourraient être apportées au processus de l’évaluation environnementale.
Pour commencer, l’absence d’un processus unique est un problème. Nous avons le processus d’évaluation environnementale provincial d’un côté, le fédéral de l’autre, et ils se déroulent de manière parallèle bien qu’il s’agisse d’un processus coopératif: ce n’est pas un processus unique. Nous constatons par ailleurs que ces examens multiples dans les ministères fédéraux sont en train de susciter de nouvelles difficultés chaque fois que l’on procède à un examen.
Par exemple, lors de notre première période de commentaires techniques, nous avions reçu plus de 300 commentaires, et lors de la phase suivante, bien au-delà de 200, dont beaucoup étaient nouveaux parce que de nouveaux agents de réglementation s’étaient chargés du dossier. Nous aimerions un processus d’examen rationalisé. Nous voulons bien évidemment qu’il soit rigoureux et expansif pour veiller à la protection de l’environnement, mais nous cherchons davantage d’efficacité.
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En effet, la question des redevances est d'abord et avant tout de compétence provinciale. Cela dit, les ententes internationales que signe le Canada sont importantes et peuvent orienter les futures politiques provinciales et territoriales. C'est pourquoi il est important que vous vous en souciiez.
Essentiellement, le débat et les enjeux qui sont soulevés au Québec portent sur la question des ressources non renouvelables. Comme je l'ai dit plus tôt, on les exploite pour une valeur approximative de 8 milliards de dollars cette année et de 7 milliards de dollars l'année passée. De cet argent, quel profit les minières ont-elles fait l'année passée? On ne réussit pas à obtenir les chiffres du ministère des Finances du Québec, mais la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine évalue ces profits à une somme qui se situe entre 2 milliards et 3 milliards de dollars. Cet argent va directement dans les poches d'actionnaires privés.
On dit que ce sont des richesses collectives. Elles appartiennent non seulement à tous les Québécois, mais aussi à tous les Canadiens. Ces richesses sont non renouvelables. Une fois qu'on les a extraites, elles ne reviennent plus. On a donc la responsabilité, comme propriétaires et fiduciaires collectifs de cette ressource pour notre nation et la nation canadienne, de s'assurer d'en recevoir une juste compensation.
À l'heure actuelle, le régime de redevances au Québec a recueilli 300 millions de dollars l'année passée, pour des profits de 7 milliards de dollars, ce qui représente 4,5 p. 100. Si on ajoute les impôts et les taxes du Québec aux redevances, on obtient 700 millions de dollars au total. En gros, on peut donc dire que 10 p. 100 de la valeur brute est allée dans les coffres du Québec en 2010. Je n'ai pas les chiffres pour la portion fédérale, mais ce doit être à peu près de 100 millions à 200 millions de dollars, peut-être 300 millions de dollars, au maximum.
La compagnie PricewaterhouseCoopers évalue que les profits des 40 plus grandes sociétés minières au monde ont augmenté de 1 000 p. 100 au cours des huit dernières années.On dit que face à cette immense marge de profit, à ces profits records, les Québécois, et en général les Canadiens, ne tirent pas leur juste part de notre richesse non renouvelable. On propose essentiellement...
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Je vous dirigerai vers un rapport que nous avons produit en novembre 2009 qui est disponible sur notre site Internet: www.quebecmeilleuremine.org. Ce rapport, qu'on a composé avec Ecojustice, comporte environ 25 recommandations, que je ne vous énumérerai pas aujourd'hui. Je pourrais par contre résumer nos principales recommandations.
En fait, on vit actuellement un problème qui n'est pas unique au Québec. Bien qu'elle soit vieille, la Loi sur les mines du Québec a bien souvent préséance sur d'autres usages du territoire. Il y a un ménage à faire dans les réglementations minières, puisque celles-ci permettent aux entreprises d'avoir facilement accès au territoire et à la ressource. Ça donne beaucoup de pouvoir aux entreprises minières, gazières et pétrolières au Québec. Il y aurait lieu de rééquilibrer les forces entre les entreprises, d'une part, et les communautés et régions touchées par ces activités, d'autre part.
Concrètement, il faut inclure dans ces lois de nouveaux éléments qui permettent un meilleur aménagement du territoire. Par exemple, si une municipalité ou une MRC souhaitait privilégier tel type de développement économique, le développement d'une aire protégée, la chasse et la pêche ou tout autre type d'utilisation du territoire, il faudrait pouvoir faire ce choix collectif. Il faudrait, en conséquence, cesser de toujours donner préséance à l'entreprise minière.
Enfin, si vous consultez les recommandations contenues dans notre rapport et les mémoires qu'on a déposés cet été à la commission de l'Assemblée nationale du Québec, vous trouverez des mesures précises à cet égard.
Pour ce qui est de l'environnement, j'ai beaucoup parlé de la nécessité de renforcer le rôle des ministères dans le suivi et le contrôle. C'est fondamental. J'ai aussi parlé de la nécessité de renforcer les garanties financières pour assurer une restauration complète des sites. Actuellement, au Québec, le projet de loi propose une couverture des garanties financières de 100 p. 100, soit 50 p. 100 payables dès la première année et 50 p. 100 payables dans les trois premières années d'exploitation. Ce serait en soi une avancée positive.
Cela dit, il y a d'autres lacunes du point de vue environnemental, notamment du côté des mines à ciel ouvert. On met beaucoup l'accent actuellement sur une restauration complète des mines à ciel ouvert. On souhaite que les nouvelles lois exigent des compagnies qui proposent des mines à ciel ouvert qu'elles soient obligées d'analyser différents scénarios de restauration des fosses, incluant un scénario de remblaiement complet. Certaines compagnies sont venues dire en commission que ce serait faisable. L'important pour elles est de le savoir à l'avance, pour qu'elles incluent ces scénarios dans la conception du projet.
Il y a un autre enjeu environnemental d'importance sur lequel j'aimerais insister avant qu'on n'ait plus de temps. J'ai dit que la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine était généralement favorable au développement minier. Cependant, on a des positions fermes quant à deux filières minières, la première étant celle de l'uranium. Il n'y a pas encore de mine d'uranium au Québec, mais il y a beaucoup d'exploration. Actuellement, une demande de moratoire pour l'uranium est exigée par plus de 300 municipalités au Québec. Les Cris s'opposent au projet uranifère Matoush. Par ailleurs, nous nous opposons à la filière de l'amiante. On ne devrait plus investir d'argent public pour soutenir cette industrie qui est en déclin. Il faut dire que dans les deux cas que je viens de soulever, soit l'amiante et l'uranium, il existe des solutions de rechange beaucoup moins risquées et qui comportent moins de répercussions.
Je pourrais encore continuer longtemps, mais je vous invite à lire le rapport de novembre 2009 qui comporte près de 25 recommandations.
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Je vais commencer à répondre à cette question et je vais demander à Tammy et Gary s’ils ont autre chose à ajouter.
Je pense que nous devons faire preuve de plus d’innovation. D’autres pays s’intéressent à l’exploitation minière à distance, par exemple à Saskatoon avec un des sites miniers dans le Nord. Le projet est à l’essai. C’est possible.
Il existe des moyens.
Des projets concrets sont à l'étude en ce moment même. Par exemple, le SIAST, le Saskatchewan Institute of Applied Science and Technology, envisage de créer un programme de technologues des mines en 2012. Ces diplômés ne pourront pas faire tout ce que fait un ingénieur des mines, mais ils pourront en faire une bonne partie. Il est donc possible de former des équipes, si vous voulez, avec les ingénieurs, les techniciens et les technologues.
Quant à ce que le gouvernement pourrait faire, des programmes comme le PCEA sont très importants pour faire en sorte que les étudiants métis et des Premières nations entrent dans la population active. Des programmes de ce genre sont très utiles. D’autres programmes comme celui qui est dirigé par le Conseil des ressources humaines de l'industrie minière, qui offre une reconnaissance professionnelle pour certains emplois, sont de très bons programmes pilotes qui pourraient être étendus.
Gary a fait allusion aux difficultés du système d’éducation de la maternelle à la 12e année en ce qui concerne la quantité et la qualité des diplômés. Nous devons créer un programme qui rendrait ce système plus efficace pour encourager les élèves à rester à l’école et à suivre des cours adaptés.
Cameco a investi dans un programme, Credenda, un programme d’apprentissage en ligne qui offre aux élèves des cours en mathématique et en science en ligne venant de toute la province et qui sont transmis en continu dans le Nord pour faciliter l’accès des élèves. Bon nombre des enseignants du Nord de la Saskatchewan n’ont pas toujours les acquis voulus en mathématique et en science pour enseigner les cours nécessaires.
Voilà notamment ce que l’on pourrait encourager.
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Je vais condenser les vingt minutes en deux.
J’ai grandi dans une communauté du Nord appelée Pelican Narrows. Les membres de ma famille étaient des pêcheurs et des trappeurs. C’était le principal mode de vie et la principale activité socioéconomique. Il y avait peu d’activité minière, à part dans le Grand Nord avec les premières mines d’uranium, mais en dehors de cette activité et de la foresterie, nous vivions de la terre.
Ayant été enseignant, mon premier métier, je sais que les effets du développement ont été positifs. Bien sûr, il y a toujours des problèmes et il faut répondre aux préoccupations concernant les impacts sur l’environnement, les impacts sociaux et tous les autres impacts dont nous avons parlé et que nous étudions.
Mais ces dernières années, nous avons entrepris une étude avec un économiste de l’Université de la Saskatchewan et nous avons pu conclure qu’entre Cameco et AREVA, un Autochtone sur vingt en Saskatchewan travaille pour nos compagnies. Nous savons qu’il existe un effet de doublon : chaque fois que nous engageons un Autochtone du Nord, un autre poste est créé quelque part dans le Nord. Un autre poste est également créé dans le Sud car ces gens vont acheter leurs camions, leurs appareils de télévision et autre dans le Sud.
Nous savons qu’il sera bientôt difficile de conserver ce taux d’emploi autochtone de 50 p. 100. Seulement 100 à 125 diplômés environ sortent chaque année de l’école secondaire. L’an prochain, nous devrons embaucher environ 430 personnes. Si on extrapole à 10 ans, nous allons tout droit vers une forte pénurie. La dernière chose que nous voulons – et les communautés des Métis et des Premières nations nous ont dit la même chose – c’est de prendre du retard. Par conséquent, des programmes de formation comme ceux dont nous avons parlé sont absolument essentiels, de la maternelle au secondaire puis au niveau collégial et universitaire.
Pour répondre à la question du député Trost, la profession d’ingénieur est une de celle dont nous avons besoin et nous voulons commencer dès maintenant la formation. L’activité minière devrait durer encore 20 à 30 ans, il faut donc commencer maintenant. Nous estimons que la communauté autochtone représente un avantage concurrentiel pour nous.
Une voix: J'aimerais ajouter que...