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C'est un bon choix. Un excellent choix.
Merci beaucoup.
Nous allons maintenant passer au deuxième point à l'ordre du jour, à savoir la poursuite de notre étude sur l'innovation dans le secteur de l'énergie. Il s'agit de notre première réunion sur la question du transport de l'énergie.
Nous accueillons aujourd'hui quatre groupes de témoins.
Les deux premiers groupes participeront à la réunion par vidéoconférence depuis Calgary. Nous entendrons Brenda Kenny, présidente et chef de la direction, Association canadienne de pipelines d'énergie, et Timothy Thompson, président-directeur général, Borealis GeoPower Inc., Canadian Geothermal Energy Association.
Je vous souhaite à tous deux la bienvenue.
Nous entendrons également, par vidéoconférence depuis Edmonton, en Alberta, Donald Wharton, vice-président, Politique et durabilité, TransAlta Corporation.
Bienvenue, monsieur Wharton.
Par vidéoconférence depuis Toronto, nous entendrons Alex Bettencourt, directeur général, SmartGrid Canada.
Je vous souhaite la bienvenue, monsieur.
Nous suivons habituellement l'ordre du jour, mais si M. Bettencourt est prêt à présenter son exposé au comité, je lui demanderai de bien vouloir procéder, car il se peut qu'il doive nous quitter. J'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'une possibilité. Nous allons vous demander, à tout hasard, de prendre la parole en premier.
Allez-y, s'il vous plaît.
Je remercie le comité de me donner l'occasion de m'adresser à lui aujourd'hui.
Je m'appelle Alex Bettencourt. Je suis directeur général de SmartGrid Canada, organisation nationale dont les membres représentent l'ensemble de l'industrie de l'énergie. Parmi nos membres, il y a des entreprises du secteur des services publics, des acteurs clés de l'industrie et des établissements universitaires, par exemple Hydro-Québec, Hydro One, IBM et l'Université de la Colombie-Britannique, et nous en sommes fiers.
Bon nombre d'entre vous se demandent probablement ce qu'est un réseau intelligent. En un mot, il s'agit d'un réseau électrique du 20e siècle qu'on a doté d'une technologie du 21e siècle. Pour expliquer la différence entre l'évolution du secteur de la téléphonie et celle du secteur de l'électricité, les membres de notre industrie utilisent la plaisanterie suivante: si Alexander Graham Bell revenait parmi nous aujourd'hui, il ne reconnaîtrait pas le réseau de téléphonie — qui fonctionne au moyen d'ordinateurs et de fibre optique —, mais si Thomas Edison était ici aujourd'hui, non seulement reconnaîtrait-il le réseau d'électricité, mais en plus, il serait probablement capable de le remettre en état.
Notre réseau d'électricité n'a pas beaucoup évolué au cours des 30 dernières années. Nous avons laissé passer quelques-unes des possibilités offertes par les nouvelles technologies de télécommunications et d'informatique. Le réseau intelligent constituera une version modernisée de notre réseau d'électricité; grâce aux technologies les plus récentes, nous le rendrons plus efficient, plus résilient et plus souple.
Les gens me posent généralement la question suivante: « Pourquoi avons-nous besoin d'un réseau intelligent? À quoi cela servira-t-il? » Au Canada, la fiabilité est l'un des principaux catalyseurs du réseau intelligent. Le moment est bien choisi pour parler de fiabilité, car nous avons eu récemment un bon exemple de manque de fiabilité. Dimanche dernier, pendant 34 minutes, plus de sept millions de Canadiens ont assisté à l'interruption du Super Bowl, qui se déroulait chez nos voisins du Sud, en raison d'une panne d'électricité. La cause de la panne n'a pas été établie, mais on peut affirmer qu'un réseau intelligent aurait pu prévenir un tel incident en réacheminant automatiquement, en quelques millisecondes, l'électricité provenant d'une autre ligne d'alimentation. Si cela n'avait pas été possible, le réseau aurait à tout le moins réduit le temps nécessaire pour rétablir le courant en permettant la transmission plus rapide d'un plus grand nombre de renseignements aux travailleurs et aux ingénieurs.
En 2011, les Canadiens ont été privés d'électricité pendant cinq heures, en moyenne, et ces pannes coûtent des milliards de dollars aux entreprises canadiennes. Une panne d'électricité d'une durée d'une heure coûte généralement 12 000 $ à une moyenne entreprise.
L'efficience est un autre des principaux catalyseurs du réseau intelligent. En raison de la chaleur et d'autres facteurs, environ 10 p. 100 de l'énergie produite est perdue pendant qu'elle est acheminée vers les clients finaux. Un réseau intelligent peut réduire ces pertes d'énergie qui surviennent dans le réseau de transport et de distribution. Il peut aussi nous aider à dépister et à repérer les vols d'énergie de manière à ce que les Canadiens n'aient pas à payer pour l'électricité utilisée à des fins criminelles par l'entremise de leurs factures d'hydroélectricité. En outre — et cela renvoie directement au mandat du comité —, le réseau intelligent établit les fondements des besoins que présentera notre réseau d'électricité dans l'avenir.
De nombreuses provinces canadiennes ont la chance de produire de l'hydroélectricité. Toutefois, certaines provinces s'en remettent encore aux combustibles fossiles et à l'énergie nucléaire, et les gouvernements de ces provinces cherchent à réduire leur dépendance à l'égard de ces sources d'énergie. Ces provinces se tournent de plus en plus vers les sources d'énergie renouvelables. Comme nous n'avons aucune emprise sur la présence du vent ou du soleil, le recours à ces sources d'énergie renouvelable exige une intelligence et une souplesse que notre actuel réseau de distribution à sens unique est loin de pouvoir offrir.
L'autre élément majeur auquel le réseau d'électricité doit se préparer est l'arrivée de la voiture électrique. Certes, on ne sait pas à quelle vitesse les véhicules électriques seront adoptés, mais nous savons que l'énergie requise pour faire rouler un véhicule électrique ne coûte qu'une fraction — aussi peu que 10 p. 100 — de ce qu'il faut payer pour faire rouler un véhicule à essence, surtout dans les administrations du Canada où l'électricité est bon marché.
À mesure que la technologie et les batteries dont elles sont dotées s'amélioreront et que leur coût diminuera, de plus en plus de voitures électriques seront présentes sur les routes. Nous ne représentons pas l'industrie des véhicules électriques, mais nous représentons les entreprises du secteur des services publics qui lui fourniront l'électricité. Nous devons commencer à nous préparer pour cela. Une personne qui recharge un véhicule électrique chez elle peut doubler sa demande d'électricité. Nous aurons besoin d'un réseau intelligent et souple qui nous permettra d'absorber l'ensemble de la demande supplémentaire sans que nous soyons obligés de doubler la taille de notre réseau de distribution, ce qui serait très coûteux.
De plus, le réseau intelligent aura d'énormes retombées économiques et créera beaucoup d'emplois au Canada. J'ai eu l'occasion de me rendre au Brésil récemment et de rencontrer des représentants des services publics. À Rio, j'ai rencontré les représentants de Light, une très grande entreprise de services publics qui dessert la ville et la région de Rio de Janeiro et qui sera le fournisseur d'électricité des Jeux olympiques de 2016.
Ils m'ont fait visiter leur salle de conférence, qui s'appelle la « Sale Canadense », c'est-à-dire la salle canadienne. Light a été fondée par des Canadiens il y a plus de 100 ans. Ces Brésiliens sont très fiers des origines canadiennes de leur entreprise, et ils m'ont montré des photos des premiers dirigeants de l'entreprise, qui étaient des Canadiens.
À une certaine époque, le Canada était un chef de file mondial dans le domaine de la technologie de l'électricité. À une certaine époque, l'un des plus vastes projets d'infrastructure dans le monde était celui des chutes Niagara. En raison du réseau intelligent, le Canada est de nouveau considéré par le reste du monde comme un chef de file et un modèle à imiter. Des délégations de la Chine, du Brésil et de l'Europe viennent au Canada pour rencontrer les représentants de nos services publics de premier plan et de nos entreprises de pointe pour profiter de l'expérience qu'ils ont acquise en ce qui concerne les compteurs intelligents et l'intégration des énergies renouvelables dans nos réseaux de distribution.
Il existe une multitude d'exemples d'emplois créés grâce au réseau intelligent. Awesense Wireless, nouvelle petite entreprise de la Colombie-Britannique, a créé un logiciel de détection de vols d'énergie qu'elle vend au Brésil. Vizimax, moyenne entreprise québécoise du secteur manufacturier, vend en Chine et en Inde de nouvelles technologies liées au réseau intelligent. General Electric, un autre de nos membres, vient de terminer la construction de son centre Grid IQ, situé à l'extérieur de Toronto, où seront concentrées ses activités d'ingénierie et de fabrication liées au réseau intelligent. Toutes ces entreprises créent des emplois pour les Canadiens dans le secteur du réseau intelligent, et il s'agit d'une merveilleuse occasion pour le pays.
Comment pouvons-nous nous doter d'un réseau intelligent? La construction d'un tel réseau repose essentiellement sur les services publics, et au Canada, la plupart d'entre eux appartiennent à des gouvernements provinciaux et sont réglementés. Ces services publics sont aux prises avec des infrastructures construites dans les années 1950 et 1960, durant une période d'expansion économique. Ces éléments d'actif sont parvenus à la fin de leur cycle de vie, et le temps est venu de renouveler nos infrastructures. Ce renouvellement exigera des décennies, et à mesure que ces nouveaux éléments d'actif seront intégrés à notre réseau, les tarifs d'électricité augmenteront.
Nous pouvons remplacer ce matériel par du matériel semblable, mais nous pouvons également profiter de l'occasion en investissant un peu plus d'argent pour doter nos installations de technologies du réseau intelligent qui répondront à nos besoins pour les 30 prochaines années. Cela élargira l'offre faite aux consommateurs. Ils se verront offrir de nouvelles possibilités quant à la manière de consommer leur électricité et au moment de le faire. Les consommateurs et les entreprises auront la possibilité de produire une partie de leur propre électricité et de la revendre au réseau. Les consommateurs auront la possibilité d'acheter un véhicule électrique et de le recharger à la maison ou au travail. Grâce au réseau intelligent, les consommateurs profiteront d'un réseau d'électricité plus fiable et plus efficient.
Tous ces avantages amélioreront la vie des Canadiens et positionneront le Canada en tant que chef de file mondial.
Une multitude de pays utilisent les réseaux intelligents pour faire des progrès en vue de la réalisation de leurs objectifs stratégiques, qu'il s'agisse de la sécurité énergétique nationale, de la croissance économique ou de cibles environnementales. Toutefois, le fardeau lié à ces objectifs stratégiques est assumé par ceux qui paient les tarifs, alors que, dans le passé, il était assumé par ceux qui paient des impôts. Les gens paient pour ces objectifs stratégiques par l'entremise de leur facture d'électricité. Même si la personne qui paie des impôts et celle qui paie des tarifs est une seule et même personne, il est très difficile pour les entreprises de services publics d'établir des analyses de rentabilisation qui répondent aux exigences des organismes de réglementation et permettent la réalisation des objectifs stratégiques et économiques des gouvernements.
L'électricité est assurément un domaine de compétence provinciale, mais le gouvernement fédéral a un rôle à jouer à ce chapitre. Aux États-Unis, en Corée, en Europe et un peu partout dans le monde, les politiques et les plans officiels des gouvernements souscrivent au réseau intelligent. La Corée a adopté un plan qui permettra l'installation de réseaux intelligents dans chaque ville d'ici 2020 et dans l'ensemble du pays d'ici 2030. Il s'agit d'un plan très ambitieux. L'ensemble de l'industrie et des organismes gouvernementaux ont été mobilisés en vue de la réalisation de cet objectif. Certes, l'économie coréenne est différente de la nôtre, mais il s'agit d'un exemple dont nous pouvons nous inspirer.
Le gouvernement du Canada peut faire preuve de leadership en établissant une vision nationale. De nombreux autres pays ont commandé des études sur les avantages que présente un réseau intelligent sur le plan économique et social et au chapitre de la sécurité nationale, et nous aimerions que le comité nous appuie au moment où nous coordonnons une initiative semblable au Canada. Nous aimerions réunir RNCan, l'ACE, les ministères provinciaux de l'Énergie, les services publics, les organismes de réglementation et l'industrie afin d'élaborer une vision nationale, et la soumettre à l'attention du comité.
Pour accélérer les investissements dans les réseaux intelligents, le gouvernement fédéral peut également améliorer les éléments économiques des analyses de rentabilisation en adoptant des politiques fiscales afin que les contribuables assument une partie du fardeau qu'assument actuellement ceux qui paient des tarifs. À cette fin, on peut prendre quelques mesures. L'une d'entre elles consiste à offrir des déductions pour amortissement accéléré aux entreprises de services publics qui font des investissements liés au réseau intelligent. Une telle mesure s'est révélée fructueuse aux États-Unis et en Inde. Une autre mesure consiste à offrir des incitatifs fiscaux aux consommateurs qui envisagent d'installer chez eux des dispositifs compatibles avec le réseau intelligent, par exemple des thermostats et des appareils intelligents reliés à leur climatiseur.
Enfin, nous pouvons utiliser les ressources du gouvernement fédéral pour faire la promotion du Canada et de l'industrie canadienne à l'étranger de façon à positionner le Canada non seulement comme un chef de file en matière d'énergie, mais également comme un chef de file en matière de technologie de l'énergie du 21e siècle.
Merci de m'avoir accordé de votre temps. Je serai heureux de répondre à vos questions tout de suite ou plus tard.
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Merci beaucoup de m'avoir invitée ici aujourd'hui. Je suis très heureuse de vous présenter un exposé.
À l'intention des personnes qui ne connaissent pas l'Association canadienne de pipelines d'énergie, je souligne qu'il s'agit d'une organisation qui représente toutes les principales sociétés de pipeline du Canada. Prises ensemble, ces sociétés transportent chaque jour plus de 97 p. 100 du pétrole et du gaz naturel utilisé au pays ou exporté, et exploitent un réseau de pipelines de plus de 110 000 kilomètres.
À mesure que nous effectuerons une transition en vue de soutenir les nouvelles sources d'énergie et des méthodes plus intelligentes de conservation de l'énergie, par exemple, celles mentionnées par l'intervenant précédent, les pipelines demeureront un élément essentiel de la création de réseaux d'énergie fiables pour les Canadiens en leur permettant de continuer à profiter de la même qualité de vie et en reliant toutes les régions du pays. Les pipelines sont un élément fondamental d'une énergie sûre, fiable et abordable, et on peut s'attendre, de façon raisonnable, à ce qu'ils demeurent nécessaires pendant encore de nombreuses décennies.
Nous contribuons de façon importante à l'économie du Canada et à la qualité de vie des Canadiens. À l'heure actuelle, nos investissements prévus s'élèvent à 20 milliards de dollars, et ce n'est que la pointe de l'iceberg, car, en fait, nous assurons le transport de la majeure partie de l'énergie produite et utilisée, et sommes donc les catalyseurs d'un grand nombre d'autres investissements, d'une valeur de quelques centaines de milliards de dollars.
De surcroît, chaque jour, le quart des exportations commerciales canadiennes transitent par des pipelines canadiens. Le quart des revenus d'exportation sont attribuables aux pipelines. Ainsi, nous prenons cela très au sérieux, et considérons cela comme un devoir à l'égard des Canadiens. Nous sommes conscients du fait que les infrastructures de ce genre attirent beaucoup l'attention des médias. Notre rendement est fondamental. Nous acceptons cette grande attention et la voyons d'un bon oeil, et nous sommes résolument en faveur d'une plus grande transparence et d'une amélioration continue. Nous sommes très fiers de notre bilan en matière de sécurité, et, en fait, les statistiques du Bureau de la sécurité des transports du Canada indiquent sans l'ombre d'un doute que la fréquence des incidents liés aux pipelines est beaucoup moins élevée que celle d'autres modes de transport. En fait, notre industrie est fiable à plus de 99,99 p. 100, mais nous n'aurons de cesse que lorsque cette fiabilité atteindra 100 p. 100.
Si j'ai commencé mon exposé par ces observations, c'est parce qu'elles sont liées au sujet de votre étude, à savoir l'engagement continu de notre industrie à l'égard de l'amélioration constante du service qu'elle offre aux Canadiens, et parce que la sécurité est notre première priorité. Je vais donc parler d'innovation, car pour notre industrie, l'innovation englobe la technologie, l'échange des connaissances et les systèmes. Je vais tout d'abord vous présenter un survol de la question de la technologie.
Une multitude de services, d'entrepreneurs et de types d'expertise provenant de l'extérieur des sociétés de pipelines en tant que telles entre en ligne de compte lorsqu'on se penche sur la question du cycle de vie d'un pipeline. De façon globale, la première étape qui nous permet d'assurer la sécurité des pipelines consiste à réunir une conception de pointe et une construction et des matériaux de qualité, ce qui englobe toutes les activités allant du soudage aux mises à l'essai sur le terrain. Il est très important de faire parfaitement les choses dès le début. Partout au Canada, l'innovation technologique qui caractérise ces nombreux services et secteurs est très impressionnante.
Je vais maintenant parler de la prévention des incidents durant les activités. À ce chapitre, les inspections internes constituent la principale percée technologique. Les examens par IRM ou les examens tomodensitométriques ont révolutionné le secteur des soins de santé; de même, nous utilisons les technologies d'inspection interne pour déceler tout problème avant qu'il n'occasionne un problème de sécurité majeur. Nous collaborons avec nos partenaires des secteurs des technologies de pointe à cette fin, et il s'agit de l'une de nos principales préoccupations et de l'un de nos plus importants secteurs d'investissement.
Cela dit, s'il y a une fuite, nous devons être en mesure de la détecter rapidement. Là encore, la technologie joue un rôle de premier plan au moment d'une intervention — elle nous fournit les connaissances scientifiques et les techniques qui nous permettent de réagir de façon décidément prompte et de prendre des mesures correctives exhaustives à l'égard de tout problème environnemental ayant pu être causé par un déversement. Aux fins du compte rendu, je mentionnerai que, grâce à la technologie dont nous disposons aujourd'hui, le taux de décontamination moyen est supérieur à 95 p. 100, et que les approbations environnementales des organismes de réglementation sont généralement obtenues en moins de deux ou trois ans. Cela dit, nous voulons nous améliorer davantage, mais cela dépend de la technologie.
Les Canadiens exigent que nous échangions des connaissances et que nous mettions en commun nos pratiques d'exploitation. Des initiatives collectives et collaboratives sont en cours. Même si la concurrence est féroce au sein de notre industrie, je peux vous dire, en tant que personne qui contribue à ces initiatives de collaboration, que les PDG et les autres membres de l'industrie sont fermement convaincus qu'un incident touchant une société a des répercussions sur l'ensemble de l'industrie. Dans ces cas-là, il n'y a plus de place pour la concurrence.
En matière de sécurité, la collaboration est fondamentale, et l'association que je représente joue un rôle très important à ce chapitre.
Nous collaborons également par l'entremise d'organisations comme Pipeline Research Council International, l'Association canadienne de normalisation et de nombreux autres groupes de l'industrie en ce qui concerne les diverses pratiques exemplaires.
J'aimerais attirer votre attention sur un exemple de cas où la technologie et l'innovation ont eu un effet très positif et où le Canada a fait figure de chef de file. Le phénomène désigné sous l'appellation de « fissuration par corrosion sous contrainte » était inconnu jusqu'au début et au milieu des années 1990. C'est grâce aux efforts déployés par des Canadiens que ce problème d'ordre métallurgique a été bien compris, que la technologie a été perfectionnée et que les pratiques exemplaires permettant de le prendre directement en charge ont été améliorées.
J'ai un deuxième exemple à vous présenter. Il concerne l'échange des connaissances. Tous les deux ans, le Canada est l'hôte de l'International Pipeline Conference, et comme je me suis rendue en Asie et en Australie, je peux vous dire qu'elle est considérée comme une conférence incontournable en matière de sécurité et d'innovation liées aux pipelines. À la conférence de l'an dernier, qui a eu lieu à Calgary, des représentants de plus de 45 pays étaient présents, et plus de 350 documents techniques ont été présentés, ce qui a contribué au partage des connaissances.
Enfin, j'aimerais aborder brièvement la question des systèmes. Comme vous l'avez probablement observé dans de nombreux autres secteurs, il est essentiel d'adopter une démarche systématique de manière à ce que nous puissions avoir une idée claire des prochaines étapes, des produits que nous devons concevoir et des produits sur lesquels nous devons mettre l'accent. Les systèmes de gestion ont constitué un fer de lance du programme de gestion responsable des produits chimiques et dans le domaine des pratiques forestières. Le secteur des pipelines a adhéré au programme lancé par l'ACPE visant à faire passer l'intégrité avant tout. Cette initiative a rassemblé les chefs de l'industrie. Les membres de notre conseil d'administration et tous les dirigeants de l'industrie canadienne des pipelines sont absolument favorables à ce programme.
J'aimerais également dire quelques mots à propos du système de prévention des dommages. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour perfectionner les technologies et améliorer nos bilans en matière de sécurité. En fin de compte, l'une de nos préoccupations croissantes tient à ce qu'un conducteur d'excavatrice endommage un tuyau par mégarde. Les statistiques indiquent que le nombre d'incidents évités de justesse est à la hausse.
Par chance, notre industrie n'a pas causé le moindre décès au sein de la population depuis des décennies, et ce, en dépit du fait que nos installations, d'une longueur totale de 110 000 kilomètres, sont enfouies sous le sol canadien. Nous voulons qu'il en demeure ainsi. La réglementation et l'innovation à l'échelle du pays sont des éléments fondamentaux de la prévention des dommages.
En terminant, j'aimerais simplement répéter que nous prenons extrêmement au sérieux le contrat social qui nous lie aux Canadiens. Notre mission consiste à servir les Canadiens. Si nous ne menions pas nos activités au moyen de fonds privés, nous le ferions probablement au moyen de fonds publics. Les infrastructures de ce genre, qui sont responsables de plus du quart des exportations commerciales canadiennes, sont essentielles. À mesure que nous allons de l'avant, la fiabilité et la sécurité feront partie intégrante de la technologie et de l'innovation.
J'ai hâte de répondre à vos questions. Merci.
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Au nom de la Canadian Geothermal Energy Association — CanGEA —, j'aimerais remercier le président et les membres du comité de me donner l'occasion de m'adresser à eux aujourd'hui. Comme on l'a mentionné, je m'appelle Tim Thompson, et je suis PDG de Borealis GeoPower, l'une des rares entreprises canadiennes du secteur de la géothermie, et membre fondateur de CanGEA.
Mon intention est de répondre directement, au nom de CanGEA et du secteur de la géothermie en général, aux questions posées par le comité. Je souligne avec un léger sourire que, dans le passé, j'ai travaillé pour TransCanada PipeLines; ainsi, j'ai depuis longtemps des liens avec l'industrie des pipelines, mais la situation de l'industrie de la géothermie est très différente de celle dont nous a parlé la représentante de l'ACPE.
Quel est l'état actuel de la recherche, de l'innovation et du développement technologique au sein du secteur de la géothermie? À ce moment-ci, au Canada, l'innovation et le développement technologique dans ce secteur est négligeable. Quelques initiatives de faible envergure sont en cours. Avec le soutien du gouvernement, CanGEA est en train de dresser la version préliminaire de quelques cartes des ressources des régions de l'Ouest du Canada, et élabore également une carte routière en ce qui concerne les technologies qui pourraient améliorer sensiblement l'exécution des projets de nature géothermique au Canada.
Borealis, l'entreprise que je dirige, négocie avec le gouvernement pour obtenir du financement en vue de mettre au point une méthode d'exploration géothermique qui permettrait de modifier notablement le profil de risque et de rendement de l'exploration géothermique. À ce moment-ci, le gouvernement s'est engagé à verser 100 000 dollars pour ces initiatives. Cela contraste vivement avec ce qui se passe aux États-Unis, où le Département de l'Énergie dépensera, durant l'exercice 2012-2013, quelque 102 millions de dollars dans les technologies de la géothermie, et a investi plus de 1,7 milliard de dollars au cours des 25 dernières années pour des ressources inexploitées dont la qualité est nettement inférieure à celle que l'on trouve au Canada. Le contraste est encore plus vif lorsqu'on constate que les quatre administrations provinciales ou territoriales disposant de la plus grande quantité de ressources géothermiques — à savoir la Colombie-Britannique, les Territoires du Nord-Ouest, le Yukon et l'Alberta — n'investissent à peu près rien dans le développement technologique.
Ce qui, à nos yeux, est regrettable, c'est non seulement le fait que ces budgets soient peu élevés, mais également le fait que le Canada est en train de laisser filer l'occasion unique offerte par nos abondantes ressources géothermiques et nos capacités souterraines de classe mondiale, surtout en ce qui concerne les réservoirs thermiques.
Cela me mène à la deuxième question posée par le comité, à savoir: comment le Canada se compare-t-il aux autres pays, dans quels secteurs le Canada est-il un chef de file, et dans quels domaines peut-il s'améliorer?
La première partie de la question concerne la manière dont l'état de la recherche au Canada se compare à celui d'autres pays. Le Canada possède d'abondantes ressources et des capacités d'exploitation exceptionnellement élevées, de sorte que le Canada se retrouve en queue de peloton par rapport à d'autres pays en raison de l'absence continue d'un quelconque développement de l'énergie géothermique au pays. À ce chapitre, aucun pays du monde ne présente un bilan pire que celui du Canada. Dans une certaine mesure, cela est attribuable au fait qu'une kyrielle de bonnes options s'offrent à nous. Depuis longtemps, nous bénéficions d'un approvisionnement important en hydroélectricité et en hydrocarbures auquel la plupart des pays n'ont tout simplement pas accès et qu'ils nous envient. Toutefois, comme cette époque bénie est derrière nous, l'inaction constante du Canada est en quelque sorte inexcusable.
La deuxième partie de la question concerne les secteurs où le Canada est un chef de file et ceux où il peut s'améliorer. Ce qui est paradoxal, c'est que le Canada a la possibilité de devenir un chef de file mondial en matière de développement de la technologie géothermique. Le Canada est l'un des principaux producteurs de minerais et d'hydrocarbures et, à ce titre, il dispose de capacités internes que peu de nations possèdent en ce qui concerne l'exploitation du sous-sol. En outre, grâce à la production de sables bitumineux par extraction à ciel ouvert, nous avons acquis d'innombrables connaissances sur les activités et les réservoirs thermiques, de sorte que, si nous les adaptions à la production d'énergie géothermique, nous posséderions une capacité et un avantage hors du commun.
Nous sommes d'avis que le Canada pourrait passer rapidement de la queue à la tête du peloton dans les secteurs de l'exploration géothermique, de la localisation et de la modélisation des réservoirs thermiques, de la gestion des champs géothermiques, du forage géothermique et du parachèvement de projets géothermiques. De plus, comme nos hivers sont essentiellement froids, nous nous attendons à ce qu'on fasse preuve de leadership en ce qui concerne l'utilisation constructive de la chaleur dérivée produite par les centrales d'énergie géothermique.
La troisième question du comité concernait les technologies novatrices les plus prometteuses pouvant être mises en place dans un avenir rapproché. Nous estimons qu'il existe actuellement une gamme de technologies qui pourraient être adaptées de manière à être appliquées dans le domaine de la géothermie. Cela signifie que nous disposons non pas de solutions pouvant être commercialisées sur-le-champ, mais de technologies dont la valeur a été éprouvée dans le secteur des hydrocarbures et qui, moyennant quelques travaux et de pertinents essais sur le terrain, pourraient modifier sensiblement les éléments économiques liés à l'exploitation des ressources géothermiques.
Comme je l'ai mentionné précédemment, Borealis tente actuellement de démontrer la valeur d'une telle technologie à diverses organisations gouvernementales. Toutefois, l'occasion qui s'offre à nous va au-delà de notre seul projet, et englobe un vaste éventail d'activités liées au sous-sol, y compris l'imagerie souterraine, la transformation du sous-sol, les méthodes d'exploration, les logiciels de modélisation des réservoirs, les algorithmes de gestion des champs, la conception des trous de forage, la conception de l'exécution et les technologies de forage.
Quels sont les principaux obstacles auxquels font face la mise au point d'innovations et la mise en œuvre de nouvelles technologies dans les divers secteurs de l'énergie? Au Canada et dans le secteur de la géothermie, l'innovation et le développement se butent à un certain nombre d'obstacles. Tout d'abord, il y a la clarté des droits liés aux ressources; à cet égard, si vous le permettez, je m'adresserai directement aux membres du comité qui s'occupent des ressources nationales. La Colombie-Britannique est la seule administration dotée de dispositions législatives touchant les droits liés aux ressources géothermiques. Cependant, dans ces circonstances, lorsqu'un permis est délivré, en règle générale, il ne peut pas donner lieu à une exploitation. En d'autres termes, les revendications des Premières Nations relatives au développement des ressources ne sont pas toutes réglées, ce qui signifie qu'un promoteur titulaire d'un permis ne peut pas aller de l'avant avec son projet avant d'avoir réglé toutes les revendications des Premières Nations du territoire. Les seules administrations qui ont reconnu une quelconque forme de droit lié aux ressources géothermiques sont les Territoires du Nord-Ouest — où l'on a élaboré un cadre d'octroi de permis ponctuel par l'Office des terres et des eaux de la vallée du Mackenzie — et la Saskatchewan — qui est sur le point d'autoriser la tenue d'un projet de démonstration géothermique à l'extérieur d'Estevan, sur son territoire.
Le deuxième obstacle est le ratio de risque et de rendement lié aux investissements. Dans bon nombre de régions, le producteur d'énergie géothermique est celui qui produit de l'énergie au coût le plus bas, mais le profil de risque et de rendement des étapes successives d'exploitation met habituellement en évidence un gouffre que les investisseurs sont généralement réticents à combler. Comme les calendriers d'exploitation sont souvent nébuleux, surtout en raison de questions liées à la délivrance de permis, tout marché de vente d'énergie est ajouté après coup, de sorte que le projet doit être évalué de manière indépendante en fonction des ventes d'énergie auxquelles il a donné lieu, malgré le fait qu'il serait souvent possible de fournir de six à dix fois ce volume d'énergie sous forme de chaleur à basse température supplémentaire et souvent très précieuse.
D'un point de vue technologique, les méthodes actuelles d'exploration géothermique ne constituent pas la meilleure option disponible. Si l'on ajoute à cela les recettes éventuelles découlant des ventes sur un marché dont les taux de rendement sont très différents de ceux des marchés des hydrocarbures, nous constatons que les risques initiaux ne sont pas justifiés par les rendements ultérieurs. En fin de compte, il est pratiquement impossible d'obtenir du financement pour de l'exploration géothermique dans le climat d'investissement actuel. Toutefois, cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas un marché pour le financement de l'exploration souterraine. Nous croyons que des percées technologiques appropriées pourraient permettre à un grand nombre de marchés financiers du Canada de saisir l'occasion offerte par le profil de risque et de rendement.
Le troisième obstacle tient aux calendriers de réalisation. Les projets d'énergie géothermique prennent plus de temps à réaliser que ceux des secteurs du gaz naturel, du diesel, de l'énergie éolienne ou de l'énergie solaire. Leur réalisation exige en moyenne six ou sept ans. Dans un contexte où les grandes sociétés d'État ou des entreprises menant des projets offrent aux enchères des blocs d'énergie au bout de trois ou quatre ans d'exploitation, les sociétés d'exploitation géothermique n'ont jamais eu l'occasion d'obtenir une ADP ou une APP. Comme ces approbations constituent le principal élément permettant à un projet d'obtenir du financement, cela empêche pratiquement l'énergie géothermique d'être présente sur les marchés énergétiques de l'Ouest du Canada, sauf dans les cas où un accord bilatéral direct pourrait être conclu, ce qu'empêchent souvent les pratiques en matière d'approvisionnement équitable.
Le dernier obstacle important tient aux opinions sclérosées. Même si cela est difficile à quantifier, il y a manifestement un préjugé favorable à l'égard du développement des ressources connues, même lorsque les faits montrent clairement qu'il existe de meilleures solutions. L'exemple le plus frappant est celui du site C, dans le Nord-Est de la Colombie-Britannique, où BC Hydro veut construire son prochain grand barrage. Selon BC Hydro, l'hydroélectricité est la meilleure option de développement à long terme en matière de fourniture d'électricité à faible coût en Colombie-Britannique. Toutefois, le Nord-Est de la Colombie-Britannique recèle quelques-unes des meilleures ressources géothermiques du Canada — et, d'ailleurs, du monde entier —, et nous contestons fermement les allégations de BC Hydro.
À l'heure actuelle, le site C a une capacité d'environ 900 mégawatts, et son développement exigerait une intensité de capital d'un peu moins de 9 millions de dollars par mégawatt. Selon BC Hydro, avec un facteur de charge de 51 p. 100, le coût moyen par mégawattheure oscillera entre 87 et 95 dollars, et le projet aura d'importantes répercussions environnementales.
Dans le Nord-Est de la Colombie-Britannique, la capacité des solutions hydrothermiques et géothermiques est de 1 500 mégawatts, l'intensité de capital se situerait entre 5,5 et 6 millions de dollars par mégawatt, les facteurs de charge seraient supérieurs à 95 p. 100 et le coût moyen de la production d'énergie fluctuerait entre 67 et 75 dollars par mégawattheure. En outre, l'incidence sur l'environnement de ces solutions serait minime. Tous les éléments de mesure importants montrent que l'énergie géothermique est une meilleure solution que l'hydroélectricité, mais la Colombie-Britannique n'a même pas examiné cette option.
La dernière question concernait le rôle que le gouvernement fédéral peut jouer au moment de renforcer les fondements de l'innovation énergétique au Canada, plus particulièrement dans le secteur de la géothermie.
Nous recommandons que le gouvernement du Canada soutienne adéquatement les efforts déployés par CanGEA afin de dresser la carte des ressources géothermiques canadiennes et d'élaborer une carte routière technologique et un plan de mise en oeuvre. Ce qu'ont fait les Américains montre que les investissements effectués pour localiser clairement les ressources et sélectionner les nouvelles technologies pertinentes se traduisent par un bénéfice net pour l'État. CanGEA propose que le Canada adopte un modèle semblable pour exploiter ses propres ressources géothermiques.
Nous recommandons également que le gouvernement du Canada investisse directement dans l'exploration et l'exploitation des ressources géothermiques et, plus particulièrement, qu'il finance la construction de la première centrale de production d'énergie géothermique capable de transformer chaque ressource importante au moyen de chaque technique géothermique importante. Les ressources géothermiques ne sont pas homogènes — il en existe divers types, et leur qualité est extrêmement variable.
Ainsi, un ensemble distinct de techniques est utilisé pour l'exploitation de chaque réservoir.
Le fait de prouver l'existence de réserves, de démontrer la technologie et d'établir la capacité de l'énergie géothermique d'avoir un effet notable sur les marchés de la production d'énergie et de chaleur représenterait un signal à l'intention des investisseurs privés. Nous préconisons des investissements directs, vu que les divers modèles de partenariats publics et privés ne fournissent pas les ressources nécessaires pour surmonter les obstacles institutionnels liés au fait qu'il s'agirait de la première application au Canada d'une nouvelle technologie.
Au sein de l'industrie — et j'ai une certaine expérience en la matière —, il a été prouvé que ces modèles ne permettent pas de faire progresser des projets. Dans un tel contexte, nous comprenons que le gouvernement fédéral éprouve le besoin de gérer les fonds publics de façon prudente. En conséquence, nous prônons la construction de centrales fédérales que le gouvernement s'engagerait à vendre au secteur privé au bout de cinq années d'exploitation. Ainsi, le gouvernement pourrait créer de la demande sur le marché, se retirer en temps approprié et obtenir vraisemblablement un assez bon rendement sur son investissement de fonds publics.
En résumé, CanGEA a établi que, en fonction des prix qui ont cours sur le marché, le Canada dispose actuellement d'environ 5 000 mégawatts d'énergie géothermique pouvant être exploités. Cela suppose au moins 15 000 mégawatts de chaleur géothermique utilisable. Il s'agit d'une énergie de base entièrement écologique, sans émission de gaz à effet de serre et extrêmement accessible. En outre, en fonction d'une échelle géochronologique, il s'agit d'une énergie renouvelable, pour autant qu'elle soit gérée adéquatement.
De surcroît, les travaux récents de la Commission géologique du Canada tendent à indiquer que l'énergie géothermique pourrait devenir la plus importante source unique d'énergie verte au pays. À notre avis, la seule chose qui manque, c'est que les divers échelons de gouvernement reconnaissent que l'exploitation de cette ressource en vaut la chandelle et qu'elles s'engagent sérieusement à le faire.
Nous demandons au gouvernement du Canada de s'engager à exploiter ses ressources géothermiques, et qu'il investisse dans cette exploitation de la même façon qu'il investit dans de nouveaux projets de développement des hydrocarbures, de développement minier ou même de développement des marchés de l'énergie verte.
Merci de m'avoir accordé de votre temps.
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Bonjour, monsieur le président, et bonjour aux membres du comité. Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je prendrai la parole non seulement au nom de TransAlta Corporation, mais également à titre de président de la Canadian Clean Power Coalition, organisation composée de membres de l'industrie et du gouvernement qui s'intéresse principalement à la mise au point de nouvelles technologies visant l'utilisation propre des combustibles fossiles dans le cadre de la production d'électricité.
TransAlta est la plus importante entreprise privée de production d'électricité au Canada. Son portefeuille comporte une vaste gamme de combustibles renouvelables et non renouvelables. Elle fait des affaires dans cinq provinces du pays, de même qu'aux États-Unis et en Australie.
Durant mon exposé, je mettrai l'accent sur le fait que l'innovation en matière de production d'électricité constitue un élément clé de nos activités. J'aimerais tout d'abord souligner que, dans une perspective historique, le secteur de l'électricité a été lent à innover. Depuis toujours, nous constituons un important capital social, lequel repose dans une large mesure sur la région où se déroulent nos activités et, bien souvent, la réglementation, laquelle exige que nous nous assurions de fournir aux consommateurs de l'énergie au coût le plus bas possible.
Cependant, ce paradigme est en train de changer, et ce, pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, le coût et le rendement des diverses technologies de production sont en train de converger. Les plus récentes technologies ont notamment pour fonction d'offrir un meilleur rendement et, dans certains cas, de réduire les coûts des investissements par mégawatt installé. À présent, les sociétés de production d'électricité comme la nôtre ont des décisions plus difficiles à prendre au moment de choisir une technologie et un type de carburant desquels elles devront s'accommoder pendant les 30 ou 50 années suivantes.
En outre, les coûts externes instaurés par les gouvernements en réaction aux demandes du public sont devenus beaucoup plus importants au moment de la sélection des technologies de production. Je pense plus précisément aux exigences environnementales et aux objectifs liés à la production d'une plus grande quantité d'énergie renouvelable.
Il s'agit là d'objectifs admirables, mais ils ont pour effet de changer la pratique qu'utilisent depuis toujours les sociétés de services publics, et qui consistent essentiellement à choisir la technologie qui coûtera le moins cher à court terme aux consommateurs.
Enfin, l'adoption de nouvelles technologies novatrices de production constitue un facteur de changement. Ces technologies sont de plus en plus complexes, et elles se renouvellent de plus en plus rapidement. La liste d'exemples de nouvelles technologies est longue, mais je peux en mentionner quelques-unes, par exemple, la combustion à haute pression, la combustion de gaz oxygénés, la torréfaction de la biomasse, la gazéification, la production souterraine de gaz de synthèse aux fins de production d'énergie, les turbines à hydrogène, les éoliennes à rendement élevé, les nouvelles turbines au fil de l'eau et l'énergie marémotrice, sans oublier les nouvelles technologies liées à l'énergie thermique et à l'énergie solaire photovoltaïque.
À ce moment-ci, j'aimerais souligner que la plupart des entreprises du secteur canadien de l'électricité ne se consacrent pas à la mise au point de nouvelles technologies de production. En fait, celles qui le font sont des sociétés internationales qui sont souvent beaucoup plus grandes que les sociétés de services publics du Canada ou même, du reste, des États-Unis.
Les entreprises canadiennes concentrent leurs efforts sur l'adoption et l'utilisation rentable de ces technologies. Si vous le permettez, pour mettre les choses en contexte, je vais vous fournir quelques exemples tirés de l'expérience de TransAlta.
Nous ne concevons pas de technologie de capture du mercure, mais des essais intensifs nous ont appris la façon d'optimiser son rendement, à savoir par l'utilisation de catalyseurs et d'additifs. Il s'est révélé que cela nous permet de réduire les coûts et d'accroître le rendement de cette technologie.
Nous ne mettons pas au point d'instruments de surveillance des éoliennes, mais au cours des deux dernières années, nous avons élaboré, mis en place et utilisé des systèmes intelligents de surveillance des éoliennes qui nous ont permis d'effectuer des analyses prévisionnelles relatives aux exigences en matière d'entretien, ce qui s'est traduit par une diminution des périodes d'inactivité, une diminution du nombre de problèmes majeurs liés au matériel et une grande capacité de prévoir les problèmes avant qu'ils ne surviennent.
Nous ne mettons pas au point de technologies de capture du carbone, mais nous avons mené des travaux de conception de vaste ampleur afin d'examiner et de regrouper les composantes, capturer le carbone et séquestrer le carbone au moyen de pipelines. En outre, nous avons essayé les techniques de récupération assistée du pétrole afin de comprendre les volets technique et financier de la capture et du stockage du carbone.
Nous ne construisons pas de chaudière à charbon, mais nous avons conçu un nouveau dispositif utilisant la technologie de la radiographie numérique qui a accru de façon spectaculaire notre capacité d'effectuer, durant les interruptions des activités, des vérifications afin de déceler des fuites de chaudière. Ainsi, à présent, nous sommes en mesure d'examiner non pas 100, mais bien quelque 17 000 radiographies par jour, ce qui nous permet, là encore, de prévenir d'éventuelles fuites et d'éviter les périodes d'inactivité.
Cela vous permettra peut-être de comprendre que, dans les faits, de nombreuses entreprises canadiennes de services publics s'intéressent davantage à la mise en œuvre des innovations et des technologies qu'à leur mise au point.
J'aimerais également vous parler de quelques-unes des activités que mène la Canadian Clean Power Coalition. Elle mène notamment des travaux de recherche et développement en collaboration avec un partenaire, à savoir les laboratoires du CANMET de Ressources naturelles Canada. Cela est en train de devenir un excellent partenariat.
La Canadian Clean Power Coalition, dont je suis le président, se penche sur diverses questions, par exemple la cocombustion de la biomasse et du charbon — qui permettrait de réduire les émissions liées à la production d'électricité en combinant le charbon à d'autres combustibles fossiles —, et la valorisation du charbon, qui consiste, par exemple, à purifier le charbon en éliminant les impuretés qu'il contient avant qu'il ne soit brûlé de façon à réduire les émissions. Notre organisation composée de membres des secteurs privé et public s'intéresse également à la gazéification souterraine du charbon, ce qui a extrêmement intéressé bon nombre de nos membres, car elle permet de produire sous le sol du gaz de synthèse que l'on peut utiliser comme combustible aux fins de la production d'électricité. À mon avis, nous devons continuer à examiner les nouvelles technologies dans le secteur de l'électricité de façon conjointe et financée.
Permettez-moi de faire deux ou trois observations à propos des éléments qui stimulent l'innovation dans notre secteur ou qui, quelquefois, ne parviennent pas à la stimuler. Tout d'abord, il faut savoir que, presque sans exception, le coût par mégawattheure d'une nouvelle production d'électricité est plus élevé que celui d'une production en cours. Il s'agit d'un élément important, vu que les entreprises de services publics ont depuis toujours la responsabilité de veiller à ce que les prix de l'électricité demeurent bas, ce qui crée une dynamique intéressante liée à la question de savoir si l'on doit maintenir et prolonger la vie des unités et des technologies de production existantes ou bien investir dans de nouvelles technologies de production dont le rendement, mais également le coût, seraient plus élevés.
On ne doit pas prendre cela à la légère. Dans de nombreuses administrations du Canada, notre industrie est réglementée par des gouvernements qui sont également propriétaires du service public en question. L'adoption de technologies plus coûteuses de production par les entreprises de services publics de ces régions dépend dans une large mesure de la question de savoir si le gouvernement de l'administration les autorisera à ajouter ces coûts au tarif de base. Dans des marchés où la concurrence est féroce, par exemple en Alberta et, dans une certaine mesure, en Ontario, la situation est quelque peu différente. Dans ces provinces, les prix sont fixés par les marchés et, par conséquent, les aspects économiques des méthodes non conventionnelles de production d'électricité sont fondées sur l'offre et la demande. La sélection des carburants et des technologies de production est faite en fonction de prévisions relatives aux prix de l'énergie, aux coûts du combustible et de compromis entre des technologies exigeant des coûts d'investissement peu élevés et s'assortissant de coûts d'exploitation élevés, par exemple le gaz naturel, et des technologies exigeant des coûts d'investissement élevés, mais dont les coûts de fonctionnement sont peu élevés, par exemple l'hydroélectricité.
J'aimerais conclure en disant quelques mots à propos du rôle que le gouvernement devrait jouer, à notre avis, au moment de soutenir l'innovation dans le secteur de la production d'électricité. À mes yeux, de toute évidence, le gouvernement s'acquitte bien de sa tâche dans quelques domaines, et il serait peut-être avantageux qu'il continue de mettre l'accent sur ces domaines.
Tout d'abord, je demande au gouvernement de continuer à soutenir la participation aux dialogues sur le commerce et la technologie avec d'autres pays qui mettent au point des technologies de production, plus particulièrement les États-Unis, le Japon, la Corée et l'Allemagne. Le maintien d'un dialogue actif à propos des nouvelles technologies de production s'est révélé extrêmement utile pour l'ensemble de l'industrie du Canada — qui utilise et met en œuvre ces technologies de façon rentable — et des pays où ces technologies sont conçues.
De plus, j'encourage le gouvernement à continuer de soutenir les activités de pointe menées par le laboratoire du CANMET de Ressources naturelles Canada. Il s'agit d'une organisation de classe mondiale qui mène de brillants travaux afin de concevoir, d'étudier et d'examiner de nouvelles techniques de production. J'estime que ces travaux doivent se poursuivre.
Enfin, je demande au gouvernement de continuer à appuyer la collaboration des secteurs public et privé au chapitre du développement — par exemple en ce qui concerne la capture et le stockage du carbone et la technologie des éoliennes —, et ce, par l'entremise d'associations comme celle que je préside, à savoir la Canadian Clean Power Coalition.
Je crois que le gouvernement a également un rôle à jouer au moment de veiller à ce que notre politique et notre stratégie nationales en matière d'énergie cadrent avec les politiques environnementales que nous souhaitons mettre en place au pays et en tiennent compte.
Nous croyons qu'il est extrêmement important de faire en sorte que ces choses soient faites de façon collaborative, et non pas en vase clos.
Je vais terminer là-dessus. J'ai hâte de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
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Je remercie tous les témoins qui participent à la réunion d'aujourd'hui.
Ma première question s'adresse à M. Thompson. Je garde présentes à l'esprit deux ou trois observations formulées par M. Wharton concernant le fait que les coûts de production liés aux nouvelles technologies sont plus élevés que ceux liés aux technologies en place. Il s'agit d'une question qu'on ne doit pas prendre à la légère au moment de déterminer où le gouvernement — et même les entreprises — doivent investir. Je reviendrai un peu plus tard sur son évaluation selon laquelle l'hydroélectricité exige des coûts d'investissement élevés et s'assortit de coûts de fonctionnement peu élevés. Je me demande simplement si cela s'applique aussi à l'énergie géothermique.
À l'heure actuelle, au Yukon, l'intérêt que suscite l'énergie géothermique concerne principalement les systèmes de thermopompes. Je songe, par exemple, à ce qui se passe dans la ville de Mayo, où vivent les membres de la Première Nation des Na-Cho Nyak Dun. On a investi là-bas environ 3 millions de dollars dans un projet qui procurera de l'énergie et un chauffage central efficient, durable et à faible coût aux logements de la ville.
Je sais que, à Whitehorse, comme à Mayo, on utilise des ressources géothermiques de qualité inférieure pour chauffer les canalisations durant l'hiver de manière à ce qu'elles ne gèlent pas. On a investi dans l'utilisation d'un puits artésien à Haines Junction à des fins d'exploration géothermique. À coup sûr, l'énergie géothermique est connue au Yukon depuis longtemps — on a qu'à visiter les sources d'eaux thermales de Takhini pour s'en rendre compte. Cette énergie thermique est utilisée pour chauffer les immeubles, mais son utilisation n'a pas véritablement explosé, malgré les investissements considérables effectués par le gouvernement du Canada et le gouvernement territorial dans quelques projets géothermiques à Mayo et à Haines Junction.
Si vous jetez un coup d'œil aux études — je ne sais pas, monsieur Thompson, si vous les connaissez bien —, vous constaterez que, selon les estimations, le potentiel de production d'énergie géothermique au Yukon se situe entre 500 et 1 500 mégawatts, ce qui est substantiel.
Je ne veux pas trop m'éloigner du sujet de notre étude, à savoir l'innovation. Je me demande si, dans l'avenir, l'innovation permettra de réduire les coûts d'investissement. À votre avis, est-ce que le progrès de la technologie de la géothermie dépend de telles réductions, ou plutôt uniquement de la volonté politique et sociale d'aller de l'avant à ce chapitre? Allons-nous assister à quelques percées positives qui mèneront le territoire à profiter au maximum de ces 500 à 1 500 mégawatts et des quelque 13 puits géothermiques qui se trouvent au Yukon, des huit qui se trouvent dans le Nord de la Colombie-Britannique, au long de la frontière, et des 18 autres qui sont situés près de la frontière des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon?
J'imagine que tout cela est lié au fait que l'exploitation minière connaît un véritable essor là-bas, ce qui constitue une occasion à saisir. On est donc à la recherche de moyens plus abordables, plus écologiques et plus propres de fournir de l'énergie aux sociétés minières. Il semble s'agir d'une occasion que le secteur privé ne devrait pas laisser filer. Je sais que mes commentaires ne sont pas précis et que je n'ai pas posé de questions en tant que telles, mais j'aimerais savoir si vous avez des commentaires à faire sur ce sujet. À votre avis, que doit-on faire maintenant?
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Merci, monsieur Leef. On dirait presque que vous voulez m'offrir une tribune.
J'ai mené une étude de géothermie concernant les sources d'eaux thermales de Takhini à l'intention de David Morrison, de la Yukon Energy Corporation. En outre, la Première Nation des Na-Cho Nyak Dun a retenu mes services pour que j'examine le potentiel de Mayo en matière d'énergie géothermique.
Je peux affirmer sans l'ombre d'un doute que, au moyen des technologies actuellement en place et selon le modèle d'exploitation retenu, le coût de la production d'énergie thermique dans ces régions oscillerait entre 11 et 13 ¢ le kilowattheure, et ce, si les technologies d'exploitation utilisées sont relativement courantes.
À notre avis, grâce à quelques techniques novatrices d'exploration, on peut réduire le nombre de puits pratiquement secs — lesquels représentent l'unique dépense pouvant être éliminée —, et, dans une certaine mesure, grâce à du nouveau matériel, on peut accroître l'efficience de l'échange thermique. Pour ce qui est de la réduction des coûts, nous nous attendons à ce qu'elle atteigne les 3 ou 4 ¢ d'ici 10 ans. Ainsi, je prévois que l'on pourra produire de l'énergie géothermique dans votre région à un coût se situant entre 7 et 9 ¢, tout compris.
Cela dit, le problème que pose le marché de Whitehorse — et avec lequel M. Morrison est aux prises — concerne la demande. Il s'agit de savoir lesquels des projets miniers prévus seront lancés et où ils se tiendront, vu que la production d'énergie géothermique est une activité extrêmement axée sur la ressource — dans une certaine mesure, nous ne pouvons pas faire abstraction du lieu où se trouve la ressource. De plus, il existe quelques solutions hydroélectriques à faible coût — entre 7 et 8 ¢ —, qui pourraient être retenues, mais leurs répercussions environnementales sont variables.
En ce qui concerne l'élément central de votre question — c'est-à-dire la question stratégique de savoir si cela est motivé par une volonté de passer à l'énergie verte —, je vous répondrai que non, je ne le crois pas. Je crois que l'énergie géothermique doit être concurrentielle par rapport à toutes les autres formes d'énergie offertes, et que, si, tout coût compris, elle ne l'est pas, on ne doit pas envisager de l'adopter. Toutefois, dans une multitude d'endroits du Yukon, il s'agit de la forme d'énergie la plus concurrentielle sur le plan des prix, et nous sommes actuellement en pourparlers avec la Yukon Energy Corporation.
Quant à l'élément subsidiaire de votre question, qui a trait à l'investissement privé au Yukon et dans le secteur de l'énergie de ce territoire, je vous dirai que la situation est quelque peu problématique, vu que l'énergie est produite par une société d'État. Par conséquent, tant que l'ampleur du mandat de cette société ne sera pas réduite ou modifiée, ou tant que ce mandat ne sera pas supprimé au terme de négociations par le gouvernement du Yukon, nous ne pouvons pas investir dans des installations de production d'énergie du Yukon.
Est-ce que cela répond à votre question?