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Monsieur le président, messieurs les vice-présidents et madame et messieurs les députés, je vous remercie de me donner l’occasion de m’adresser au Comité permanent des ressources naturelles.
J’aimerais faire un bref exposé, puis c’est avec plaisir que je vais répondre à toutes vos questions.
Le court exposé abordera la façon dont l’espace, notre infrastructure stratégique et intégrée, appuie les priorités primordiales du gouvernement, tout particulièrement celles qui se rapportent aux travaux de votre comité, dont la géocartographie et le développement durable du Nord canadien.
Prenons un moment pour remonter jusqu’au tout début de la longue et remarquable histoire du Canada en matière d’utilisation de l’espace, il y a près de 50 ans, lorsque nous sommes devenus le troisième pays à lancer un satellite, Alouette I.
Notre premier satellite scientifique a été placé en orbite pour accomplir une mission scientifique gouvernementale visant à approfondir notre compréhension de l’interaction entre les tempêtes solaires et les couches supérieures de notre atmosphère. La nuit, ces tempêtes illuminent notre ciel nordique en produisant des aurores boréales d’une grande beauté, mais elles peuvent aussi causer beaucoup de dégâts dans notre réseau de transport d’électricité et nos communications.
Trois satellites plus tard, avec le lancement d’Alouette II, d’ISIS I et d’ISIS II, le Canada et la communauté scientifique internationale ont produit plus de 1 000 documents scientifiques, tout en perfectionnant des outils qui nous avertissent de l’approche d’un danger et nous permettent de mieux protéger notre fragile infrastructure au sol.
Lorsqu’il est question d’une infrastructure intégrée et fragile, vous songez sûrement aux problèmes techniques qu’a connus, le 6 octobre, le satellite Anik F2. Cette rare panne a interrompu l’accès à Internet, les diffusions, les services de téléphonie cellulaire et résidentielle et même les transactions par guichet automatique dans un grand nombre de collectivités d’un bout à l’autre du Nord canadien. Les météorologues ne pouvaient pas faire parvenir les renseignements essentiels aux services de transport aérien, et les tours de contrôle ne pouvaient pas communiquer avec les premiers intervenants en cas d’urgence, ce qui a entraîné l’annulation de près de 50 vols, laissant des voyageurs coincés pendant des jours.
Nos citoyens qui habitent et travaillent dans le Nord canadien doivent composer avec de vastes territoires et des conditions climatiques hostiles et changeantes. C’est pourquoi, plus que dans toute autre région de notre pays, ils ont besoin de services de communications, de navigation et de services météorologiques dédiés, robustes et redondants à partir de l’espace. C’est seulement de cette façon que les gens du Nord canadien pourront concrétiser pleinement le potentiel de développement durable de leur région et en tirer parti aujourd’hui et dans l’avenir.
Vous savez peut-être que l’Agence spatiale canadienne a le mandat de promouvoir l’exploitation et le développement pacifiques de l’espace, de faire progresser la connaissance de l’espace par la science et de faire en sorte que les Canadiens tirent profit des sciences et techniques spatiales sur les plans tant social qu’économique.
Avec un budget stable de 300 millions de dollars par année, dont 70 p. 00 est imparti à l’industrie spatiale et aux universités canadiennes dans le cadre de différents contrats, l’agence collabore avec les ministères fédéraux et appuie leurs mandats.
Récemment, l’Agence spatiale canadienne a harmonisé ses programmes, sa structure organisationnelle et ses activités pour appuyer pleinement les priorités stratégiques du gouvernement. Tout particulièrement, les programmes et les activités du programme spatial canadien appuient la stratégie pour l’Arctique et le Nord canadien; la souveraineté, la sécurité ainsi que la navigation maritime sécuritaire dans nos eaux envahies par les glaces; le déploiement des Forces canadiennes au Canada et à l’étranger; les patrouilles relatives aux pêches et les activités de détection et d’interdiction de la pollution au large de nos côtes; la surveillance atmosphérique et environnementale en ce qui a trait à la production de prévisions météorologiques précises et aux changements climatiques; et l’exploitation, la mise en valeur et la gestion durable des ressources naturelles du Canada, surtout dans le Nord canadien.
L’Agence spatiale canadienne n’agit pas seule. Nous travaillons en partenariat avec un grand nombre de ministères et d’autres agences spatiales pour atteindre des buts communs et appuyer les mandats et les priorités gouvernementales.
À titre d’exemple, l’Agence spatiale canadienne verse chaque année quatre millions de dollars au Centre canadien de télédétection, une division de Ressources naturelles Canada. Ce centre a pour mandat d’archiver les données de RADARSAT et d’en faire des produits d’information qui, entre autres, peuvent aider à appuyer le développement durable du Nord canadien.
Nous collaborons avec le ministère de la Défense nationale à la conception de satellites qui nous donneront des alertes avancées et nous permettront de suivre des navires qui se trouvent bien au-delà des limites de notre radar transhorizon. Dans l’avenir, de telles activités seront menées à l’échelle mondiale, grâce à une constellation de petits satellites capables de surveiller tous les navires océaniques légaux. Cette capacité est d’une importance capitale pour gérer activement les pêches dans nos zones protégées, empêcher la pollution et appuyer les missions internationales de lutte contre la piraterie.
L’infrastructure spatiale au sol du Canada est aussi une activité menée en partenariat par l’Agence spatiale canadienne, le Centre canadien de télédétection et le ministère de la Défense nationale, et le secteur privé y participe de plus en plus.
Le Canada est à la croisée des chemins pour ce qui de tirer profit de ses biens spatiaux futurs. En raison de notre situation géographique, on peut considérer qu’il s’agit d’un moment décisif et d’une occasion stratégique.
Si le Canada veut profiter davantage de certains des quelque 250 satellites qui seront lancés par d’autres pays au cours de la prochaine décennie, dont un grand nombre saisiront des images du Canada et de nos régions de l’Extrême-Nord, nous devrons commencer bientôt à étendre notre infrastructure spatiale intégrée au sol. Ainsi, nous serons mieux positionnés pour assurer le développement de notre infrastructure spatiale et pour profiter de la saisie, de l’archivage, du traitement et de la diffusion des données complémentaires que d’autres pays obtiendront sur le Canada.
L’espace est un bien stratégique, et les pays aux compétences spatiales savent qu’ils doivent collaborer dans des domaines d’intérêt commun. À cet égard, le Canada étend la portée de son programme spatial en tirant activement profit des intérêts d’autres agences spatiales. Pour y arriver, nous réalisons des missions et échangeons des données obtenues depuis l’espace, surtout dans des secteurs relatifs à l’environnement, à la gestion des catastrophes, aux opérations de recherche et sauvetage et à la recherche scientifique en Arctique et en Antarctique.
Par exemple, en plus de nos propres satellites, soit RADARSAT et SCISAT, nos instruments scientifiques se trouvent actuellement à bord de satellites américains, européens, japonais et suédois. Ces satellites fournissent à nos ministères des données spatiales complémentaires et essentielles qui, notamment, améliorent la précision de nos prévisions météorologiques, servent à surveiller l’étendue des inondations et des dégâts causés aux récoltes ou permettent de mieux surveiller la progression de l’infestation de la tordeuse de l'épinette et des efforts d’atténuation mis en oeuvre à ce sujet dans l’Ouest canadien.
En parallèle, le secteur privé utilise des données spatiales pour mener des activités minières, faire de l’exploration et surveiller et protéger les oléoducs et les gazoducs essentiels. En effet, ces données permettent de déceler des affaissements du sol à proximité des têtes de puits et le long des lignes de transport jusqu’au marché.
Le suivi des traces d’affaissement du sol et la cartographie des zones sujettes aux affaissements, comme les zones géologiques instables et les endroits où les fondations sont établies sur du pergélisol, sont d’une importance capitale pour le Nord canadien, tandis que les collectivités planifient la mise en oeuvre d’éléments d’infrastructure essentiels et coûteux. Dans ce domaine, les biens spatiaux, comme RADARSAT, fournissent également des données très précieuses pour aider à la planification de l’infrastructure.
Les contributions de RADARSAT, de SCISAT et d’OSIRIS aux travaux de recherche canadiens et internationaux entrepris au cours de l’Année polaire internationale ont stimulé l’intérêt scientifique et la recherche dans le vaste territoire du Nord canadien. Les résultats de cette initiative mondiale de recherche scientifique intensive d’une durée de deux ans, qui a porté en grande partie sur l’Arctique du Canada, seront dévoilés au monde à Montréal en avril 2012, à l’occasion de la conférence internationale qui marquera la fin de l’Année polaire internationale.
En parallèle, étant donné la demande mondiale croissante pour l’or, les précieux minéraux des terres rares, les produits pétrochimiques, les diamants et l’eau, surtout l’eau, le Nord canadien connaît une croissance sans précédent en ce qui concerne les demandes de prospection, d’exploration et d’exploitation. J’ai des exemples de la façon dont nous avons intégré les données de RADARSAT avec d’autres renseignements géoréférencés pour produire des cartes exactes des activités intensives dans ce domaine dans le Nord canadien, et je vais m’assurer de vous les faire parvenir.
De plus, on y remarque notamment l’intégration de différentes sources de données géoréférencées pour documenter l’étendue de la recherche et des activités du ministère des Pêches et des Océans qui remplit son mandat dans les eaux envahies par les glaces dans l’Arctique du Canada. C’est en partenariat avec le ministère des Pêches et des Océans que nous menons un projet pilote visant à cartographier l’ensemble du littoral du Nord canadien et les limites continentales sous-marines pour appuyer les revendications de souveraineté du Canada dans les vastes régions de l’Arctique. Ce projet démontre à la fois la puissance et le potentiel de l’utilisation des biens spatiaux en combinaison avec d’autres instruments, comme un lidar aéroporté et des sonars sous-marins. La combinaison de ces sources de données précises et variées servira à produire un produit exact de cartographie géoréférencée des côtes de l’Arctique et du prolongement du plateau continental. L’information cartographique détaillée et exacte produite par cette initiative de collaboration servira à défendre la souveraineté du Canada dans l’Arctique et à appuyer, en temps opportun, notre programme stratégique international.
Notre utilisation des produits géoréférencés pour faire valoir nos revendications internationales assurera la prospérité socioéconomique de tous nos citoyens et favorisera la gestion, la protection et l’exploitation actives des grandes étendues du Nord canadien, du littoral et des eaux navigables et souveraines des trois océans.
Merci.
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Bonjour, monsieur le président, et bonjour aux membres du comité. Je m'appelle Richard Moore et je représente l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs. Je fais partie du conseil d'administration de l'ACPE et je suis le président de la Commission géoscience. Je suis aussi géologue-conseil et j'ai plus de 40 ans d'expérience à l'échelle internationale et nationale.
Je suis accompagné de mon collègue, Scott Cavan, le directeur de programme de l'ACPE pour les affaires autochtones. Merci de nous donner l'occasion de comparaître aujourd'hui.
L'ACPE est une association nationale créée en 1932; ses membres participent à l'exploration minérale et à l'industrie de la mise en valeur au Canada et partout dans le monde. Nous comptons plus de 1 000 entreprises membres et plus de 7 000 membres individuels, y compris des sociétés minières, des petites sociétés d'exploration, des sociétés de services et d'experts-conseils, des géoscientifiques, des prospecteurs, des étudiants et des gens du secteur financier et de celui de l'investissement.
L'ACPE organise chaque année un congrès annuel à Toronto; il s'agit du plus important congrès international consacré au secteur de l'exploration minière et aux investisseurs dans le domaine. En 2011, plus de 27 000 délégués de plus de 100 pays y ont assisté.
Il est largement reconnu que les connaissances géoscientifiques que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux produisent en tant que bien public constituent l'un des avantages concurrentiels du Canada pour attirer l'exploration minière, en plus d'avoir contribué à établir sa réputation comme l'un des principaux producteurs de minerai.
Ces connaissances sont aussi essentielles pour que le Canada maintienne son rôle de destination de premier plan pour l'investissement en exploration. Depuis 2004, le Canada est le pays qui a attiré le plus d'entreprises d'exploration dans le monde, sa part variant entre 16 et 19 p. 100.
La cartographie géologique est l'outil de recherche de base pour trouver des ressources concentrées par des forces géologiques et que l'on peut exploiter de façon rentable. Les sociétés ont en grandement besoin pour déterminer où concentrer leurs activités d'exploration.
La plupart des ressources minérales du Canada sont des biens publics. Il est dans l'intérêt public d'exploiter ces ressources de façon responsable. En effet, leur exploitation génère des emplois, revitalise les collectivités et contribue au PIB du pays. La géoscience publique favorise l'exploration et représente un élément fondamental des stratégies fédérale, provinciales et territoriales.
Les activités géoscientifiques du gouvernement jouent un rôle important dans l'exploration minérale au Canada.
L'exploration et l'exploitation minérales sont très différentes des autres activités économiques, car les gisements sont là où vous les trouvez. Il faut des années et beaucoup d'argent pour calculer si un gisement minéral peut être rentable, et il s'agit d'une industrie à niveau de risque élevé.
Les activités géoscientifiques du gouvernement sont importantes. Elles attirent les investisseurs en aidant les sociétés à trouver les régions qui présentent un bon potentiel minéral. Elles rendent aussi l'exploration plus efficace et efficiente. De plus, étant donné que la géoscience publique réduit les coûts d'exploration et le risque, elle attire les investisseurs, crée des emplois et augmente les revenus du gouvernement.
Il a été prouvé que les activités géoscientifiques du gouvernement favorisent l'exploration minérale. Selon des études de programme, six projets de cartographie sur dix ont des répercussions directes sur le jalonnement de claims et sur le lancement de nouvelles activités d'exploration.
Certaines données soulignent aussi le rendement des investissements dans la recherche géoscientifique. Il ressort des données de Ressources naturelles Canada que même s'il est difficile de quantifier les augmentations successives dans les dépenses liées à l'exploration, chaque million de dollars investi par le gouvernement dans l'amélioration des connaissances liées aux sciences de la Terre entraînera cinq millions de dollars en dépenses liées à l'exploration par le secteur privé.
La géocartographie a joué un rôle essentiel dans les réussites passées et actuelles de l'industrie minière canadienne. Il y a 119 ans, J.B. Tyrrell revenait chez lui en canot après avoir terminé son programme de géocartographie le long de la côte ouest de la baie d'Hudson. Il a effectué son voyage d'exploration en canot dans l'Est de la toundra canadienne, une région qui n'avait pas été explorée par les Européens depuis que Samuel Hearne s'y était rendu au XVIIe siècle.
J.B. Tyrrell travaillait pour la Commission géologique du Canada, et ses expéditions ont figuré parmi les premières menées par l'organisme dans le Nord, et elles nous ont aidés à mieux comprendre la géologie de l'Est de la toundra.
Où en sommes-nous aujourd'hui? La région explorée par J.B. Tyrrell héberge maintenant la seule mine en exploitation du Nunavut, c'est-à-dire la mine d'or Meadowbank. On l'a découverte grâce à un grand nombre d'activités de prospection et de travaux d'exploration qui se sont échelonnés sur des années et qui ont été menés par des géologues qui se servaient de cartes de la Commission géologique du Canada.
La mine Meadowbank emploie 500 personnes. En 2010, elle a contribué à près de 12 p. 100 du PIB du territoire. La société propriétaire de la mine, Agnico-Eagle Mines Limited, avait dépensé, à la fin de 2010, 1,26 milliard de dollars dans le projet. On a commencé à exploiter la mine en juin 2010 et on estime qu'elle a une réserve de 32,2 millions de tonnes renfermant 3,5 grammes par tonne d'or.
Avant l'ouverture de la mine, le taux de chômage de Baker Lake était d'au moins 50 p. 100, et les occasions de développement économique étaient plutôt rares. La société a adopté des politiques qui favorisaient les fournisseurs locaux, a commandité des événements et des organismes communautaires, et a créé le plus grand nombre d'emplois possible. Les emplois dans la mine et dans les services connexes ont réduit le taux de chômage de façon importante et ont donné un formidable élan à l'économie de la collectivité, augmentant du même coup la qualité de vie.
Il s'agit seulement d'un exemple qui illustre la façon dont les activités géoscientifiques du gouvernement ont contribué au développement d'une mine qui génère des recettes fiscales, qui contribue à l'économie canadienne, qui crée des emplois et de la formation et qui procure une meilleure qualité de vie aux habitants des collectivités locales, notamment les Autochtones. Il y a beaucoup d'autres exemples comme celui de la mine Meadowbank. Ils illustrent que l'avenir de la prépondérance du Canada dans le domaine de l'exploration dépend des investissements continus dans la géocartographie et dans la recherche scientifique.
Dans sa proposition prébudgétaire présentée au Comité permanent des finances de la Chambre des communes, l'ACPE a recommandé que le gouvernement canadien continue d'investir dans le programme de géocartographie de l'énergie et des minéraux, ou le PGEM, et dans l'initiative géoscientifique ciblée, ou l'IGC. Ces programmes sont à l'origine de l'acquisition d'importantes connaissances géologiques qui se traduiront certainement en réussites dans le domaine de l'exploration. Le gouvernement compte maintenir ces programmes. L'ACPE appuie cette décision et recommande que les investissements dans ces programmes de recherche demeurent un engagement ferme dans les prochains budgets.
Le programme de géocartographie de l'énergie et des minéraux et l'initiative géoscientifique ciblée sont deux programmes pluriannuels qui sont financés depuis plusieurs années. Il en coûte annuellement 22 millions de dollars au gouvernement pour le PGEM et 5 millions pour l'IGC.
Les renseignements obtenus grâce à ces programmes augmentent les connaissances liées aux ressources naturelles du Canada, favorisent l'exploration minérale et l'exploitation de mines, contribuent au développement économique — surtout dans le Nord —, attirent les investisseurs et contribuent au perfectionnement professionnel des étudiants en géologie.
La géocartographie construit l'infrastructure technique de l'exploration de l'avenir, afin que l'industrie des minéraux et l'économie continuent de prospérer au Canada.
Merci. Je répondrai à vos questions avec plaisir.
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Merci, monsieur le président, et merci aux membres du comité de nous permettre de comparaître aujourd'hui. Je ferai aussi la lecture d'un mémoire.
L'Association canadienne des entreprises en géomatique — connue autrefois sous le nom de l'Association canadienne des arpenteurs aériens — est le seul organisme national au Canada qui défend les intérêts de la géomatique au nom de ses membres. Elle célèbre d'ailleurs son 50e anniversaire en 2011. Au Canada, l'industrie de la géomatique rassemble plus de 2 000 entreprises — petites, moyennes et grandes — qui emploient près de 25 000 personnes partout au pays. En comparaison, c'est plus que le nombre de personnes employées par l'industrie pharmaceutique. Le revenu brut général de ces entreprises est estimé à plus de 2 milliards de dollars, dont environ 25 p. 100 provient de l'exportation.
Qu'est-ce que la géomatique? Voici la définition qu'en donne Wikipédia:
La géomatique (aussi connue sous le nom de technologie aérospatiale ou de génie géomatique) regroupe l'ensemble des outils et méthodes permettant de représenter, d'analyser et d'intégrer des données géographiques ou des renseignements obtenus par la projection cartographique.
La géomatique a traditionnellement été exploitée dans des domaines comme l'arpentage, la cartographie, la télédétection, la photogrammétrie, la géodésie, l'hydrographie et les systèmes d'information géographique. Par contre, ces dernières décennies, la géomatique a évolué rapidement et s'est développée en une discipline moderne de technologie avancée et intersectorielle qui se sert d'approches sophistiquées pour créer et tenir à jour des cartes, pour ensuite les intégrer à divers systèmes d'aide à la décision utilisés et requis dans une société numérique. Un exemple bien connu est le système de navigation des voitures. Cette évolution a diversifié de façon significative les secteurs qui utilisent la géomatique et a considérablement augmenté la nécessité d'une cartographie nationale moderne et à jour qui représente l'infrastructure numérique de base requise pour veiller à l'application efficace de la géomatique dans notre société.
Des sociétés commerciales comme Google, NAVTEQ et Microsoft, pour n'en nommer que quelques-unes, comptent à 100 p. 100 sur la géomatique pour créer leurs cartes. Microsoft/Bing estime que 35 p. 100 de toutes les requêtes traitées par leur moteur de recherche ont une composante géographique. La majorité de ces cartes sont d'une résolution et d'une précision qui permettent aux consommateurs d'en faire une utilisation générale, mais elles ne répondent pas aux besoins plus exigeants des entreprises et de la société en général pour l'analyse géomatique en profondeur, par exemple, de la cartographie des inondations, du développement du transport et des infrastructures et des activités d'exploration. La cartographie provenant des sociétés commerciales a tendance à se concentrer sur les régions où un marché commercial est disponible, contrairement à l'ensemble du Canada, ce qui signifie qu'elle ne répond pas toujours à un grand nombre de demandes de notre société.
Qui utilise la géomatique? Ses utilisateurs viennent réellement de divers secteurs, par exemple ceux de l'infrastructure et de l'infrastructure essentielle, des transports, de la gestion des urgences, de la santé publique et de la biosécurité, de la gestion des ressources, des mines et du pétrole, de l'environnement, de la défense nationale et de la sécurité des frontières, des services publics et des télécommunications, de la foresterie, de la pêche, de la fabrication, du commerce et des services aux détaillants.
De plus, les gouvernements sont les plus gros consommateurs de données et de services géomatiques — que ce soit au niveau municipal, régional, provincial, territorial ou fédéral.
Ces 20 dernières années, les progrès en matière de géomatique appliquée au Canada proviennent surtout du secteur privé; certains ont été financés de manière indépendante et d'autres l'ont été en collaboration avec les universités et les quelques programmes gouvernementaux existants dans ce domaine, par exemple le PARI, la GEOIDE, GéoConnexions, et Tecterra.
Même si le Canada était un chef de file international de la géomatique après la Seconde Guerre mondiale et dans les années 1980, sa capacité et son statut au niveau fédéral se retrouvent maintenant derrière ceux de la plupart des pays développés. Il y a plusieurs raisons à cela, mais l'ACEG croit que le fait qu'on ne dispose d'aucune stratégie et d'aucun plan national cohérent, pratique et applicable explique ce déclin.
La plupart des cartes nationales du Canada sont vétustes, et contiennent des données de base qui ont souvent plus de 30 ans. L'information cartographique au Canada est incomplète, et les cartes nationales viennent avec un niveau de précision et de résolution insuffisant qui doit être amélioré pour offrir les détails nécessaires aux besoins des utilisateurs modernes et intersectoriels de la géomatique.
En conséquence, afin de faciliter une prise de décisions efficace, on est contraint, dans les activités publiques et privées de nombreux secteurs, d'utiliser une cartographie qui n'est pas à jour, de créer une nouvelle cartographie ou d'acquérir de nouvelles données géographiques pour les projets scientifiques. Les effets cumulatifs de cette situation font en sorte que dans notre société, les projets de tous les secteurs qui font appel à la cartographie deviennent plus coûteux et prennent plus de temps à réaliser. Cela entrave la productivité dans l'économie canadienne.
Il n'existe pas une solution unique au problème, mais nous disposons, au Canada, de la technologie et du savoir-faire nécessaires pour créer une carte nationale moderne. Toutefois, sans une stratégie multisectorielle et cohésive à l'échelle nationale pour établir des normes, développer un modèle d'exécution, de livraison et d'entretien, et pour s'assurer que les données recueillies soient stockées et accessibles, les investissements effectués par les gouvernements et le secteur privé continueront d'être incomplets et ponctuels.
Au-delà de la cartographie, une stratégie nationale de géomatique porterait également sur l'importance stratégique de la technologie de la géomatique dans une économie et une société modernes en aidant à favoriser l'application efficace de la géomatique dans nos systèmes d'enseignement, dans nos activités de recherche, de développement et de commercialisation, dans nos programmes de développement des compétences et dans nos principaux enjeux de politique nationale, tels que l'énergie, la souveraineté, l'environnement, la sécurité publique, les ressources naturelles, la santé, etc.
Avoir des données cartographiques précises, à jour, disponibles ouvertement et gratuitement — fondées sur des modèles utilisateurs qui peuvent être bien définis — permettrait au Canada de répartir efficacement les ressources, de planifier la croissance et le développement futur et d'établir la souveraineté de nos frontières.
Les gouvernements doivent s'en occuper, car la situation actuelle a un effet négatif sur notre productivité nationale, sur la compétitivité et sur le niveau d'innovation.
La géomatique est une technologie moderne que le Canada doit mettre à profit plus efficacement afin de rester concurrentiel dans l'économie mondiale, ce qui est particulièrement vrai pour les régions plus éloignées, comme le Nord du Canada, où le manque de données géomatiques adéquates ralentit les activités en cours, ainsi que le développement économique.
Il existe un bon nombre d'exemples de la façon dont le gouvernement peut collaborer avec l'industrie pour s'assurer que les données sont disponibles et pour favoriser la collaboration afin de prioriser les lacunes existantes. Dans le domaine de la géomatique, la Spatial Data Warehouse Ltd. est une entreprise à but non lucratif enregistrée en Alberta et créée le 25 juin 1996 pour financer les activités de cartographie numérique qui avaient été précédemment menées et financées par le gouvernement de l'Alberta. Il s'agit d'un exemple de programme qu'on met sur pied dans cette province. Il s'est avéré être l'une des initiatives PPP (partenariat public privé) les plus réussies dans la province. L'objectif de l'entreprise est d'assurer la gestion à long terme (mise à jour, stockage et distribution) et le financement d'ensembles de données de cartographie numérique qui, collectivement, forment l'infrastructure de cartographie numérique de l'Alberta.
Les recommandations suivantes ont été formulées par l'ACEG dans sa présentation prébudgétaire au Comité permanent des finances à l'automne 2009 et à l'automne 2010, et ont été expliquées à plus de 40 parlementaires en novembre 2009 et en novembre 2010.
Tout d'abord, l'ACEG recommande que le gouvernement du Canada finance le développement du premier plan d'action national en géomatique complet et multisectoriel au Canada avant la fin de 2010. Il s'agirait du premier plan de ce genre au pays. L'objectif du PANG, comme on l'appelle, serait de renforcer l'utilisation de la géomatique et de la promouvoir comme un outil essentiel sur lequel se fondent des décisions qui ont des répercussions sur notre qualité de vie, notre innovation, notre productivité et notre compétitivité mondiale.
Le PANG serait facilité et mené par un organisme de politique et de recherche indépendant qui travaillerait par l'entremise d'un forum national composé de représentants des gouvernements, de l'industrie, des universités et de la communauté des utilisateurs. Le PANG répondrait aux besoins d'une approche moderne pour une cartographie nationale ainsi qu'aux besoins d'une application plus efficace de la géomatique dans nos systèmes d'enseignement, nos activités de recherche, de développement et de commercialisation et nos programmes de développement des compétences.
Ensuite, l'ACEG recommande que le gouvernement du Canada investisse jusqu'à 250 millions de dollars sur une période de cinq ans dans un programme national d'acquisition d'imagerie pour le Canada. Ce programme répondrait au besoin d'une cartographie nationale moderne en s'appuyant sur l'imagerie satellitaire et aéroportée et sur les modèles altimétriques numériques qui sont devenus l'option préférée des utilisateurs de la cartographie. Ces cartes modernes peuvent être utilisées comme telles, mais elles peuvent aussi servir à la modernisation de la tenue à jour d'autres types de cartographie telle que la cartographie routière, la cartographie topographique, la cartographie d'utilisation des terres, etc.
La vision de l'ACEG concernant le PNAI pour le Canada est d'établir et de maintenir un référentiel complet et à jour d'imagerie et de modèles numériques d'élévation, qui sera accessible et gratuit pour tous les niveaux de gouvernement, que ce soit fédéral, provincial, territorial et municipal, le secteur privé, les organisations non gouvernementales, les communautés d'intérêt et le public.
En plus des recommandations ci-dessus, l'ACEG a présenté, en 2011, un mémoire de l'un de ses membres au Comité permanent des finances dans le cadre de ses consultations prébudgétaires; on y recommandait une série de projets pilotes qui pourraient appuyer un plan d'action national en géomatique.
Des lignes directrices au niveau national permettraient d'établir des normes et d'éviter les problèmes liés au développement interprovincial causés par des données incompatibles (les projets qui chevauchent les provinces sont actuellement disjoints quand il s'agit de données géospatiales). Ces lignes directrices permettraient également de dresser un inventaire cohérent des biens du gouvernement fédéral partout au Canada. De plus, une perspective nationale permettra de mieux prioriser l'acquisition de données ou la mise à jour pour tous les paliers de gouvernement.
Les avantages découlant d'un déploiement plus efficace de la géomatique sont révélés dans un rapport préparé pour le Conseil canadien de la géomatique; en effet, on estime des gains pour le PIB de 0,6 à 1,2 p. 100 ou de l'ordre de 9,5 à 18,9 milliards de dollars par année. Dans une analyse similaire financée par deux sociétés canadiennes privées de géomatique en 2010, M. Ian Lee, directeur du MBA de l'école de gestion Sprott de l'Université Carleton, a prédit des gains de l'ordre de 7,3 à 14,4 milliards de dollars.
En terminant, monsieur le président, le premier ministre a fait de la souveraineté de l'Arctique une priorité, mais nous avons des données géomatiques récentes pour seulement un petit pourcentage du nord du Canada. Des programmes comme le PGEM seraient grandement améliorés si les chercheurs avaient un accès facile à des données géospatiales ouvertes et à jour, au lieu d'avoir à financer l'acquisition de données de façon ponctuelle avec des fonds provenant de budgets de recherche déjà très limités.
La solution se trouve dans les recommandations de l'ACEG pour un plan d'action national en géomatique et un programme national d'acquisition d'imagerie. Un entrepôt national de données géospatiales sera créé; il renfermera toutes les données actuelles et futures et permettra à tous d'accéder librement aux données géospatiales et de les utiliser au besoin. Le tout pourrait être construit d'après un modèle d'entreprise durable, en assurant la pérennité et la pertinence continue de l'infrastructure numérique essentielle qui continuerait à contribuer au développement et à la croissance du Nord.
Au nom de l'Association des entreprises en géomatique du Canada, je tiens à remercier le Comité permanent des ressources naturelles de nous avoir donné l'occasion de comparaître aujourd'hui. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Comme vous le savez, Anik F2 est un satellite équatorial en orbite géosynchrone. Il est situé au-dessus d'un point particulier de la terre et tourne autour de la terre à la même vitesse que la vitesse de rotation de la terre et reste toujours au-dessus de ce même point. Il a une empreinte sur le Canada et se rend à peine à 60 degrés de latitude nord. Alors, on reconnaît que pour les activités d'exploration et d'exploitation minières qui se déroulent dans le Nord, et tous les vols qui ont lieu dans le Nord à cause de l'exploration minière, il y a un trou dans les communications et les services météorologiques fournis par le Nord.
On a demandé à l'Agence spatiale canadienne d'examiner un plan à long terme portant sur la façon dont nous pourrions appuyer les priorités du gouvernement. Alors, nous l'avons fait. À la suite d'un long processus de consultation, la toute première activité qui revenait, c'était de contribuer au développement social et économique du Nord. Pour nous, cela signifiait le système de satellites PolarSat.
Il s'agit d'un système située dans une orbite brevetée que possède le Canada — voici la terre avec le pôle nord ici et le pôle sud là; le satellite est situé à 44 000 km au-dessus du Nord et lorsqu'il longe le sud, il revient au-dessus du Nord. Il a une période de 12 heures, ce qui veut dire que vous devez avoir deux satellites pour avoir une couverture complète du Nord du point de vue des communications.
En mettant ce système en place, vous égalisez le service en matière de communication pour tous les Canadiens. Vous allez avoir la toute dernière technologie pour appuyer votre Internet, pour appuyer votre avion, pour appuyer votre service météorologique, etc. Voilà pour le côté communications de ce système.
Il fournit également des services météorologiques. À l'heure actuelle, il n'y a pas de données météorologiques pour le nord du 60e parallèle. Maintenant, il y a un phénomène intéressant — la tropopause dans le Nord se situe à environ 20 000 pieds et c'est en dessous de cette altitude que se passe la plus grande partie de nos phénomènes météorologiques. À l'Équateur, la tropopause se situe à 50 000 pieds. Alors, si nous fournissons les données météorologiques, vous allez obtenir la même information que ce que vous voyez tous les soirs à CTV ou à Radio-Canada, sauf qu'elle comprendra maintenant les données pour le Nord. Si nous fournissons ces données météorologiques, nous serons, en fait, capables d'améliorer les modèles pour le sud également.
Cette proposition vise à bâtir une infrastructure de communications et de météorologie dans le Nord. Nous avons également une expérience sur la qualité de l'air que nous allons probablement incorporer dans ce système. Cela n'est pas encore tout à fait décidé.
Il s'agit d'une proposition très importante. Elle est à l'étape de la proposition. Nous avons terminé la phase A de la conception. J'ai été convoqué devant le Cabinet pour décrire le plan spatial à long terme et j'espère qu'on me posera des questions sur le développement social et économique du Nord, pour lequel PolarSat sera l'activité numéro un.
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On ne peut pas dire ça. Ces changements s'observent quotidiennement. Je ne peux pas dire exactement ce qui arrivera dans 10 ans ou quels paramètres seront plus difficiles à comprendre d'ici 10 ans.
[Traduction]
Ce que nous pouvons faire c’est vous montrer les données aujourd’hui et vous indiquer ce sur quoi vous devez travailler. Les sentiers de caribous changent, le pergélisol change, et la glace fond plus longtemps, par exemple, dans le Larsen Sound. La glace polaire se déplace depuis le nord jusque dans le passage du Nord-Ouest et rend les choses beaucoup plus difficiles qu’il y a quelques années, et il en sera ainsi pendant un moment. Par conséquent, il s’agit de comprendre où nous en sommes exactement avec les changements climatiques et ensuite de prendre des mesures qui, dans certains cas, visent à les atténuer, dans d’autres, à en tirer avantage. Parfois, il s’agit de reconnaître que nous devons faire quelque chose pour prévenir le prochain point de bascule.
Je sors de mon domaine d’expertise, mais prenez ce qui est arrivé à la morue. Je ne parle pas de la morue au large de Terre-Neuve, mais de morue longue de quatre pouces que l’on trouve sous les glaces du Nord-Ouest. Il y a 20 ans, le capitaine d’un bateau vous aurait dit que lorsque la glace se retourne, c’est 500 morues que vous verriez, et maintenant vous n’en voyez que quatre. Et cela, parce que nous sommes à un tournant sur le plan écologique pour ce qui concerne la chaîne alimentaire dans le Nord.
Est-ce que cela veut dire que la situation va s’aggraver dans 10 ans? Je ne sais pas. Cela veut dire, par contre, que la situation est grave aujourd’hui et que nous devons amoindrir les effets de cette tendance. Vous n’avez qu’à faire cet exercice avec chaque exemple qui annonce un tournant dans le Nord, et il y en a plusieurs.
Les courants en provenance de l’Alaska, du Pacifique et de l’Atlantique... en mesurant la salinité et la marée, vous pouvez établir quelle eau y arrive en premier, et cela est en train de changer. Et ces courants vous informent de ce qui va arriver aux courants atmosphériques.
Tout cela c’est de l’information que nous devons recueillir de façon à pouvoir la rendre disponible aux personnes compétentes, de manière à ce qu’elles travaillent avec des données exactes et non pas avec des données qui comportent de grandes marges d’erreur et qui ne font aucun sens.