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Merci à tous de l'invitation. Je sais qu'après une session longue et éprouvante et avec, quoi, 20 ou 30 minutes avant le congé de Noël...? Vous faites preuve de générosité en tenant une séance extraordinaire en fin de journée, et nous en sommes très reconnaissants.
L'industrie forestière canadienne et, surtout, les travailleurs partout au pays et les collectivités qui dépendent de l'industrie sont reconnaissants des préoccupations que les parlementaires ont pour eux. Lorsque je rencontre les diverses collectivités dans mes voyages partout au pays, les gens me demandent presque toujours si les députés à Ottawa se préoccupent d'eux.
Partout où je vais, je peux répondre avec grand plaisir que oui, bien des députés des deux côtés de la Chambre se préoccupent beaucoup de l'industrie. L'opposition pose des questions, et le gouvernement présente des mesures pour nous aider. L'industrie est très reconnaissante de faire partie des préoccupations des parlementaires.
Comme vous le savez sans doute, nous représentons maintenant 2 p. 100 du PIB du Canada et 240 000 emplois directs. C'est probablement le double, sinon plus, avec les emplois indirects. Notre industrie emploie beaucoup de gens. Nous soutenons l'économie de 200 collectivités partout au pays. C'est bien, mais si notre industrie subit un ralentissement, ces collectivités sont grandement pénalisées.
Bon nombre d'entre vous qui représentent des collectivités qui vivent de l'industrie forestière savent que la fermeture d'une papetière entraîne plus que quelques pertes d'emploi. Toute la collectivité perd ses assises économiques. Il n'y a plus de clients pour les taxis, le casse-croûte, le nettoyeur, l'épicerie. Les gens ne peuvent pas travailler pour un membre de leur famille, car personne n'a de travail.
Ces villes monoindustrielles sont très, très désavantagées par la fermeture d'une papetière. Les dernières années ont été difficiles pour l'industrie. Bon nombre d'emplois ont été perdus, et bien des papetières ont fermé. Nous voulions penser que c'était en raison de la tourmente économique: la forte valeur du dollar canadien, l'effondrement du marché immobilier des États-Unis, la faible demande de papier et la grande concurrence d'autres pays. Mais il est devenu évident qu'il ne s'agissait pas d'une tourmente, mais d'un nouveau contexte. Si on traverse une tempête terrible, il faut condamner les écoutilles, s'accrocher et faire preuve de courage et de patience jusqu'à ce que le beau temps revienne. Mais s'il s'agit d'un changement structurel au lieu d'une variation cyclique, il ne suffit pas de s'accrocher, car on va couler.
Il faut se préparer, chercher une solution et se demander ce qui a changé et ce qu'il faut faire pour survivre.
Cela dit, certaines choses vont s'améliorer. La demande de bois va se rétablir, et les États-Unis vont tôt ou tard recommencer à construire des maisons. J'aimerais savoir quand l'économie mondiale va se rétablir, mais il semble que personne ne le sait.
Mais certaines choses vont demeurer ardues. Nous avons des concurrents qui cultivent des arbres en Amérique du Sud, où les conditions sont meilleures. La demande mondiale de papier va peut-être augmenter, mais la demande en Amérique du Nord va continuer de baisser. En outre, la valeur du dollar canadien va sans doute rester élevée.
Comme dans bien des industries, il faut fournir énormément d'efforts pour remporter du succès. Au lieu de prétendre que nous traversons seulement un mauvais cycle ou des temps difficiles, il faut comprendre que nous devons nous adapter à un nouveau contexte permanent... C'est tout à fait nécessaire. Durant les réunions auxquelles j'ai assisté pour examiner les mesures à prendre, bien des PDG avaient du mal à faire en sorte que leurs entreprises voient au-delà des temps difficiles et des stratégies de survie, mais toute l'industrie s'est ressaisie.
Nous nous sommes fixés quatre objectifs pour favoriser la restructuration, la transformation et de nouveaux niveaux de vente afin que l'industrie survive dans les temps difficiles.
Tout d'abord, nous nous sommes fixés l'objectif d'accroître notre productivité. Bien sûr, ce n'est rien de nouveau dans le commerce des biens. Pour nous, c'était une question de vie ou de mort. Les entreprises qui ne pouvaient pas améliorer leur productivité sans tarder ont tout simplement mis la clé sous la porte. La productivité de notre main-d'oeuvre est maintenant 20 p. 100 supérieure à la moyenne canadienne. Le secteur du bois au Canada est un des seuls à surpasser celui aux États-Unis.
Nous avons aussi convenu qu'il fallait diversifier nos marchés. Nous avons proposé nos produits en Chine et en Inde — même à nos concurrents. Nous avons commencé à vendre du papier journal au Brésil, du bois en Chine et de la pâte en Inde. Nous sommes devenus le secteur d'exportation canadien qui remporte le plus de succès. Aucune industrie canadienne n'a des exportations en Inde ou en Chine supérieures à celles de l'industrie forestière. Depuis l'an 2000, nos exportations en Chine se sont multipliées par 46. J'allais dire qu'elles ont augmenté de 46 p. 100, mais en fait, c'est 4 600 p. 100. Ce n'est pas peu dire, et nous avons consenti beaucoup d'efforts.
En plus d'accroître notre productivité et d'apprendre comment accentuer nos exportations ailleurs qu'aux États-Unis, nous avons aussi compris qu'il fallait en tirer davantage de chaque arbre. Étant donné que les Brésiliens peuvent récolter des arbres plantés tout près d'eux il y a seulement sept ans et que nous devons aller chercher les nôtres en plein milieu de la forêt et traverser les fondrières canadiennes, nous devons optimiser la valeur de chaque arbre. Nous avons commencé à faire des essais pour exploiter la bioénergie, les bioplastiques et les biocombustibles de façon à ne rien gaspiller. Tout ce qui vient de l'arbre est utilisé: les copeaux, le bois d'oeuvre, le bran de scie ou l'écorce. Grâce à la R. et D., à nos essais et à des innovations, non seulement notre production concerne désormais la pâte, le papier et le bois, mais aussi l'énergie, les bioplastiques et la biopharmaceutique. Autrement dit, nous avons rejoint la bioéconomie.
Avec une productivité accrue, des exportations diversifiées et l'optimisation de la valeur de chaque arbre, il nous restait à calmer le marché occidental et les écologistes qui nous attaquaient constamment. Nous avions mauvaise réputation concernant nos pratiques environnementales, mais nous avons fait notre travail. Nous avons plus de forêts certifiées que partout dans le monde. Nous avons amélioré nos pratiques forestières. Nos émissions de gaz à effet de serre sont plus de sept fois inférieures à l'objectif de Kyoto, mais j'imagine que ce n'est plus pertinent.
Nos papetières utilisent près de 60 p. 100 d'énergie renouvelable. Cependant, nous n'avons pas reçu le crédit que nous méritions. Ce que nous avons accompli était tout à fait radical; un changement d'une telle ampleur était du jamais vu au Canada ou dans un autre pays. Nous avons demandé aux groupes environnementaux s'ils voulaient collaborer. Un total de 21 grandes entreprises et multinationales ont signé l'entente sur la forêt boréale avec neuf groupes environnementaux radicaux, dont Greenpeace, ForestEthics et la Société pour la nature et les parcs du Canada. Il s'agit d'un partenariat pour préserver les emplois forestiers et la valeur des écosystèmes.
Nos quatre objectifs — hausser la productivité, diversifier les marchés, utiliser toute la valeur de l'arbre et changer notre réputation sur le plan environnemental — constituent notre stratégie de survie. Nous ne faisons pas qu'en parler; nous sommes bien partis pour atteindre nos objectifs. Nous devons poursuivre nos efforts à bien des égards.
Voilà pour ce qui est de nous. Mais il convient de savoir ce qu'il en est du gouvernement, qui a trois choix dans les circonstances. Des électeurs et des collectivités sont en très mauvaise posture. Un certain nombre de membres de l'industrie et de syndicats de même que nombre de maires vont vous dire que vous avez sauvé les constructeurs automobiles et que vous devez faire de même pour nous. Il serait tentant de nous accorder des subventions, de maintenir le statu quo, d'arrêter l'hémorragie et d'empêcher la fermeture d'autres papetières. Bien des gens vous le diront.
Une autre réaction possible, c'est de dire qu'il s'agit d'un libre marché et que la meilleure chose que le gouvernement peut faire pour les entreprises et les villes concernées, c'est de laisser le marché dicter ses propres règles. Le problème, c'est que les autres gouvernements interviennent. Les États-Unis, les pays de l'Amérique du Sud — surtout le Brésil —, l'Europe et même la Chine investissent beaucoup dans leur industrie. Si on dit que c'est un libre marché, les autres gouvernements devraient respecter cet état de fait. Sinon l'industrie forestière canadienne serait en péril, parce que nous ne pourrions pas concurrencer les gouvernements étrangers.
La première possibilité, c'est les subventions pour maintenir le statu quo; la deuxième, le laissez-faire. La troisième, c'est le soutien de l'industrie par l'élaboration d'une approche créative, qui est axée sur la transformation plutôt que le statu quo et qui vise à accélérer l'adaptation, au lieu d'appuyer une industrie qui s'accroche. S'il était question d'une variation cyclique et d'une tourmente passagère au lieu d'un nouveau contexte, je vous demanderais de nous aider à traverser la tourmente. Toutefois, parce que nous savons qu'il s'agit d'un changement structurel et que la concurrence ne va pas s'apaiser, mais qu'elle va rester féroce, nous sommes ici pour que vous nous aidiez à changer notre approche et à transformer notre industrie selon les quatre objectifs dont je viens de vous faire part.
Rendons-lui justice, le gouvernement a réagi exactement comme nous le proposions en investissant dans la R. et D. pour tirer une valeur accrue de chaque arbre, dans les exportations en Chine et en Inde, dans les nouvelles technologies et dans la défense de notre réputation sur le plan environnemental.
Par contre, notre niveau d'investissement, même s'il est élevé, n'atteint pas celui de bon nombre de nos concurrents étrangers. C'est pourquoi nous disons essentiellement que le gouvernement prend les bonnes mesures, mais ce n'est pas le temps de diminuer les investissements, surtout que l'économie est fragile. Tous les parlementaires doivent se demander s'il faut simplement maîtriser le déficit ou stimuler l'économie en y injectant des sommes importantes. Il convient de savoir comment équilibrer les deux approches.
Nous recommandons d'investir des fonds modestes, mais de façon à les maximiser. Il ne faut pas simplement investir où il y a des problèmes. À notre avis, la meilleure stratégie consiste à investir dans les vecteurs de changement, comme l'augmentation des exportations, la R. et D., la défense de notre réputation du point de vue de l'environnement et les pratiques écologiques.
C'est ce que nous espérons voir non seulement dans le prochain budget, mais surtout dans les prochaines années. Nous espérons que le gouvernement comprendra comme nous la dynamique de transformation à long terme et qu'il aidera l'industrie.
Je pourrais continuer longtemps, mais je vais en rester là.
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Merci, monsieur le président.
Avrim et Catherine, merci de vous joindre à nous de nouveau. Nous sommes toujours contents de vous accueillir et d'obtenir votre mise à jour sur l'industrie forestière. Merci de votre point de vue, en tant que grande organisation de l'industrie forestière au Canada.
Je veux tout d'abord vous féliciter de deux choses. Dans le pire de la tourmente, tandis que tout le monde demandait des fonds au gouvernement pour se renflouer, l'industrie forestière était sans doute la plus mal en point et elle n'a jamais demandé d'aide financière. En fait, je suis très impressionné que vous n'ayez même pas parlé de dépression ou de récession. Vous avez plutôt dit — je pense que c'était Avrim — que l'industrie forestière était en transformation; en effet, elle l'était. Vous en saviez beaucoup plus que nous lorsque vous avez commencé à apporter des changements.
J'ai peut-être un parti pris compte tenu de ma circonscription, mais je pense que, de toutes les industries qui ont collaboré avec le gouvernement du Canada pour développer de nouvelles technologies, de nouvelles façons d'accroître la productivité, etc., aucune n'a connu un succès plus facile à constater que celui de l'industrie forestière, ces cinq ou six dernières années. Toutes les papetières et les scieries que nous examinons contiennent des technologies de pointe. Les choses fonctionnent bien. Je pense que, concernant les investissements du gouvernement, vous avez accompli de l'excellent travail; félicitations.
Vous avez parlé du marché occidental et des écologistes. C'est un défi permanent. Je veux parler des États-Unis et des problèmes constants que nous a posés la coalition des producteurs de bois. Au fil des ans, malgré l'Accord sur le bois d'oeuvre résineux signé avec les États-Unis, on s'est souvent arrangé pour que nos exportations soient refusées. Dans la plupart des cas, nous avons obtenu gain de cause.
Mais nous allons passer un nouvel accord sur le bois d'oeuvre résineux sous peu. Je veux revenir à celui que nous avons signé il y a quelques années seulement. Nos confrères de l'autre côté de la Chambre n'hésitent pas à condamner cet accord et à affirmer qu'il est la cause des temps difficiles dans l'industrie forestière. Bien sûr, nous ne sommes pas d'accord.
Je me demande si vous pourriez me donner votre opinion sur les avantages de l'Accord sur le bois d'oeuvre résineux et simplement parler un peu de ce que le prochain accord devrait comprendre selon vous.
Je vais en rester là.
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Je vous remercie de vos paroles aimables.
Je dirais que le différend sur le bois d'oeuvre résineux est l'un des éléments les plus irritants de la zone franche nord-américaine. Il naît tout simplement du fait que deux systèmes coexistent sur le marché. Aux États-Unis, les arbres et les forêts appartiennent au secteur privé, tandis que c'est l'État qui en est propriétaire au Canada. Cette série de différends découle de la concurrence entre la ressource publique et la ressource privée sur un même marché, une source de malentendus et de forts soupçons.
La signature de l'Accord sur le bois d'oeuvre résineux du gouvernement a suscité des réactions mitigées au sein de l'industrie. Notre capacité de commercer a été touchée... il y avait des tarifs, des quotas. De façon générale, l'industrie n'a pas fait l'éloge du gouvernement à ce sujet. Or, le temps a donné raison au gouvernement plutôt qu'à ceux d'entre nous qui se plaignaient. Sans cet accord, l'industrie aurait perdu bien plus d'emplois ces dernières années, et les relations avec les Américains auraient été bien plus tendues.
Lorsque les prix sont très bas, les États-Unis disposent de bien plus de moyens que nous, tels que l'antidumping. L'accord nous a véritablement sauvé la mise en nous assurant stabilité et liberté face aux attaques aléatoires. J'aimerais pouvoir dire que tous les membres de l'industrie l'avaient compris au moment de la signature, mais la vérité, c'est que le gouvernement avait raison. L'industrie croit maintenant que l'accord devrait être reconduit au moins deux ans compte tenu de l'incertitude tenace du marché.
Je tiens à préciser ma pensée. Au sein de l'industrie, rares sont ceux qui aiment l'accord. Il ne nous plaît pas, mais c'est tout de même mieux que rien. Puisque nous sommes des libres-échangistes, nous préférons la libre concurrence. Mais la triste vérité, c'est que le plus important groupe de pression fait partie de ceux qui, à Washington, surveillent les activités du Canada et appuient l'industrie du bois d'oeuvre résineux américain. Ces gens ont perfectionné leurs stratégies de harcèlement à notre égard, ce qui nous a coûté des sommes astronomiques en plus de miner grandement la confiance de l'industrie. Les membres de l'industrie de partout au pays demandent que l'accord soit prolongé deux ans de plus — même s'ils préfèrent le libre-échange.
J'aimerais revenir sur la question de l'Accord sur le bois d'oeuvre résineux. Je suis d'accord avec vous pour dire que ce n'était pas la solution idéale. Les compagnies ont fini par l'accepter. Ces compagnies qui l'ont accepté, cependant, n'avaient pas grand choix dans la situation où elles étaient, car elles étaient déjà à terre. Elles l'ont accepté en fait à regret. Je pense qu'on va être d'accord sur ça. C'est un peu ce que vous disiez.
Je vois trois conséquences négatives. Vous avez parlé de stabilité, qui est effectivement une conséquence plus positive. Toutefois, je peux voir trois conséquences négatives.
Tout d'abord, il faut dire qu'au bout du compte, nous gagnions nos causes régulièrement par rapport à la Coalition for Fair Lumber Imports. Je crois que nous avions gagné consécutivement 20 causes devant les tribunaux internationaux. Nous allions en gagner une autre le lendemain du jour où l'accord a été signé. Nous aurons donné un milliard de dollars aux États-Unis, dont une partie est allée, justement, à la Coalition for Fair Lumber Imports. Il y a donc eu des conséquences négatives aussi, du fait que nous avons quand même concédé pas mal.
La première conséquence est que, alors que nous gagnions nos causes devant les tribunaux commerciaux internationaux, nous avons perdu deux causes jusqu'ici, et nous risquons également d'en perdre une troisième, sur le dendroctone du pin. Nous perdons donc maintenant nos causes devant les tribunaux, alors que nous les gagnions auparavant.
Voici un deuxième élément. Une étude a été publiée cette année dans l'Estey Centre Journal of International Law and Trade Policy, qui étudiait divers paramètres incluant le ralentissement économique et la baisse de la construction de nouvelles maisons aux États-Unis. Cet article mentionnait que l'Accord sur le bois d'oeuvre résineux était responsable, à lui seul, d'environ 9 p. 100 de la réduction des exportations canadiennes aux États-Unis.
La troisième conséquence de l'Accord sur le bois d'oeuvre résineux qui peut être plus négative, c'est que cela a convaincu plusieurs compagnies, incluant celles en Colombie-Britannique, d'exporter le bois non transformé vers les marchés asiatiques, en particulier, et même aux États-Unis.
Seriez-vous d'accord pour dire que ce sont quand même trois conséquences négatives assez importantes pour l'industrie?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais examiner la situation dans une perspective peut-être plus globale en demandant à nos deux témoins, Mme Cobden et M. Lazar, de se prononcer.
Monsieur Lazar, je me souviens du moment où vous avez adopté cette position. J'ai travaillé pendant des années avec votre prédécesseur. Je me rappelle vous avoir entendu parler de la façon dont vous souhaitiez transformer cette association de l'industrie afin d'instaurer l'approche de coopération que vous nous avez décrite aujourd'hui, par exemple, dans le cadre de l'initiative pour la forêt boréale. Cette approche tient compte du fait qu'il n'y a qu'une seule forêt boréale et plusieurs parties ayant des intérêts concurrentiels divergents qui en bénéficient.
Je crois que vous avez réussi à concevoir un processus et une structure qui ont permis dans une certaine mesure de concilier ces intérêts divergents. J'aimerais que vous ayez l'obligeance de puiser dans votre bagage considérable d'expérience au sein du gouvernement et de la fonction publique et d'intervenant maintenant à la conquête des marchés mondiaux pour répondre à la question suivante. Dans quelle mesure est-il important pour les différentes associations commerciales et industrielles, ou même pour notre pays dans son ensemble, de pouvoir compter sur une image de marque que l'on puisse véritablement mettre en valeur pour indiquer que nous travaillons à régler les problèmes environnementaux et que nous estimons pouvoir y arriver tout en exploitant nos ressources naturelles de manière très rentable?
Si vous pouviez prendre un instant pour répondre à cette question. Je n'étais pas à Durban. Même si on m'avait invité, je n'y serais pas allé, car je ne pense pas que la démarche valait les émissions de gaz à effet de serre nécessaires pour se rendre là-bas.
Le gouvernement n'a pas voulu amener qui que ce soit de toute manière. Par exemple, aucun député de l'opposition n'a pu y assister à titre de délégué officiel. Je suis persuadé que vous avez suivi le dossier de très près. Pourriez-vous aussi nous exposer brièvement votre point de vue sur ce qui s'est passé à Durban en nous indiquant si l'image de marque que le Canada y a présentée est bonne, mauvaise, sans effet ou sans importance? Je voudrais juste que vous nous aidiez à mieux comprendre le sens de tout cela.
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Je vais vous répondre en deux volets. Premièrement du point de vue de l'industrie forestière, car je ne peux pas parler pour les autres, puis dans une perspective davantage nationale.
La bonne réputation de notre pays est très importante pour l'industrie forestière. Il est primordial que nous nous conduisions d'une manière indiquant aux autres pays qu'ils peuvent être certains que nous nous soucions de l'environnement lorsqu'ils achètent nos produits. Nous avons joint le geste à la parole. Nos actions en témoignent.
Le Canada est un pays qui vit de l'exportation de ses ressources naturelles. Qu'il s'agisse d'énergie ou de bois, c'est l'épine dorsale de notre économie. Si on considère ce qui se fait ailleurs dans le monde, nous n'avons rien à gagner à chercher à innover davantage que les Chinois. Il nous faut quand même être novateur. Les Chinois sont aussi brillants que nous, mais travaillent plus fort, comme c'est le cas dans bien d'autres pays. Ce sont donc nos ressources naturelles qui peuvent nous procurer un avantage concurrentiel.
Pour concrétiser cet avantage et demeurer aptes à harnacher nos ressources naturelles de manière à procurer une bonne qualité de vie aux Canadiens, il nous faut en faire l'extraction de façon intelligente et manifestement responsable. Les efforts déployés dans l'industrie forestière, et je sais qu'il en est de même dans le secteur de l'énergie où d'importantes améliorations ont été apportées à la performance environnementale, s'inscrivent tous dans un processus visant le maintien et l'amélioration de l'avantage économique fondamental de notre pays en tant qu'exploitant des ressources naturelles le plus perfectionné et, éventuellement je l'espère, le plus responsable du point de vue environnemental au monde. C'est ainsi que nous pourrons conserver nos soins de santé, nos salaires et notre qualité de vie. C'est l'atout à notre disposition et nous devons l'exploiter de la bonne manière.
Je pourrais vous parler en long et en large des traités internationaux, de Durban et de toutes ces conférences. Si vous voulez savoir bien clairement notre point de vue sur ce qui ne va pas à l'échelle internationale ou publique, vous n'avez qu'à visionner sur YouTube les quatre ou cinq dernières allocutions prononcées au nom de notre association. Pour vous résumer le tout, je vous dirais que ces négociations internationales ont, d'une façon ou d'une autre, démontré davantage de tribalisme pour la défense de l'intérêt économique de chacun qu'un véritable effort mondial pour régler les problèmes, ce dont on avait vraiment besoin. Nous avons un patrimoine naturel international dont il faut prendre soin. Plutôt que de se comporter comme une entité planétaire en parlant d'une seule voix, chacun se présente à ces conférences en étant déterminé à défendre ses propres intérêts. C'est ce que font les Européens, tout comme les Américains, les Chinois et les Sud-Africains. Nous faisons la même chose. Tous se présentent à ces rencontres en ayant à l'esprit leurs propres intérêts nationaux, ce qui fait qu'il n'y a aucune tribune pour discuter des considérations planétaires. C'est une véritable honte, mais je ne sais pas quelle est la solution.