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Je déclare ouverte la séance n
o 16 du Comité permanent des comptes publics.
Chers collègues, nous consacrerons la séance publique d'aujourd'hui au chapitre 9, « Les activités bancaires à l'étranger — Agence du revenu du Canada », du rapport de l'automne 2013 du vérificateur général du Canada.
J'aimerais aborder quelques questions d'ordre administratif avant de commencer... Je tiens à souhaiter la bienvenue à M. Chisu, qui est ici aujourd'hui en tant que remplaçant. Bienvenue à vous. J'espère que vous profiterez bien de votre temps parmi nous.
Comme vous le savez, chers collègues, nous avons perdu du temps à la dernière séance publique il y a deux jours, car nous avons dû changer de salle, et c'est la raison pour laquelle nous avions décidé de reporter à aujourd'hui les questions afférant aux travaux du comité. Les dirigeants des caucus ont été consultés, et je crois que nous sommes tous d'accord pour que je lève la séance publique afin de passer aux travaux du comité au plus tard à 17 h 15, ou avant si on termine plus tôt la première série complète de questions. Nous nous occuperons alors du calendrier du comité.
Il y a autre chose qui viendra nous compliquer la vie, et je tiens à aborder la question maintenant au cas où elle crée du tapage plus tard. Le timbre sonore retentira à partir de 17 h 15. J'aimerais obtenir votre consentement unanime pour que nous poursuivions quand même la séance, car les députés ont le droit de demander que nous levions la séance pour pouvoir aller voter. Je crois qu'il y a consentement unanime; nous nous occuperons des travaux du comité à partir de 17 h 15, jusqu'à 17 h 30, au plus tard, heure prévue de fin de la séance.
Cela vous va? Vous êtes tous d'accord? Quelqu'un voudrait-il la parole pour exprimer son opposition?
Puisque personne ne se manifeste, je déclare qu'il y a consentement unanime.
Passons maintenant au chapitre 9.
Je souhaite la bienvenue à Marian McMahon, vérificatrice générale adjointe. Bienvenue à vous. Je vous laisse le soin de présenter votre délégation, et nous passerons par la suite à M. Montroy, de l'Agence du revenu du Canada, qui pourra faire de même.
Madame McMahon, la parole est à vous.
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Merci. Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter de notre audit portant sur les activités bancaires à l'étranger.
Je suis accompagnée aujourd'hui de Heather Miller, la directrice qui était responsable de l'audit.
Pour notre chapitre sur les activités bancaires à l'étranger, nous nous sommes penchés essentiellement sur la liste des comptes bancaires du Liechtenstein. L'Agence du revenu du Canada a reçu cette liste d'un dénonciateur en 2007. Depuis, l'agence a reçu d'autres listes semblables.
[Français]
Nous avons examiné si l'agence avait adopté une approche adéquate pour déterminer qui vérifier parmi les contribuables mentionnés sur la liste du Liechtenstein. Nous avons également examiné les dossiers de vérification de l'agence sur ces contribuables pour voir si elle avait appliqué ses procédures standards.
De plus, nous avons cherché à savoir si l'agence utilisait les renseignements obtenus dans le cadre de ce projet pour améliorer sa façon de repérer les contribuables canadiens qui auraient des revenus non déclarés dans des comptes à l'étranger. Nous avons également examiné les changements apportés aux procédures pour la vérification de ce genre de contribuables.
L'agence n'avait pas vérifié les comptes de tous les contribuables figurant sur la liste. Néanmoins, nous avons constaté que les travaux qu'elle avait réalisés étaient suffisants, étant donné que certains noms de la liste n'étaient pas ceux de résidants canadiens et que d'autres ne pouvaient pas être identifiés. En l'absence de renseignements plus complets, il était difficile pour l'agence d'en faire davantage.
L'agence a suivi ses procédures standards dans la plupart des vérifications et a réalisé celles-ci sans accuser de retard indu. Par contre, nous avons constaté qu'aucune norme n'avait été établie quant au délai accordé pour le traitement des dossiers. Par conséquent, nous n'avons pas pu formuler de conclusion à cet égard, à savoir si l'un ou l'autre des retards de l'agence était indu. Des normes sur le délai d'exécution permettraient aux employés d'évaluer si leur travail prend trop de temps ou si le moment est venu d'établir un nouvel ordre de priorité pour les travaux.
[Traduction]
Nous avons également constaté que, dans certains cas, l'agence avait consenti à ce que des contribuables ne fassent pas l'objet d'une enquête criminelle. L'agence a agi de cette façon dans le but d'obtenir de l'information qu'elle n'aurait pas pu obtenir autrement. Ainsi, grâce à ces ententes, l'agence a appris comment les comptes à l'étranger étaient établis. La direction de l'agence nous a indiqué que ces ententes avaient été utilisées seulement dans le cas de la liste du Liechtenstein, et qu'on n'y avait pas eu recours pour les contribuables des autres listes. Nous sommes toutefois inquiets, car nous avons constaté que le personnel de l'agence avait continué de conclure de telles ententes avec des contribuables dont les noms figuraient sur une liste plus récente.
Nous avons recommandé à l'agence d'analyser sa façon de conclure des ententes avec les contribuables, afin de s'assurer que ces ententes servent bien les objectifs de ses projets et de son programme.
Après avoir reçu la liste des comptes bancaires du Liechtenstein, l'agence a reçu d'autres listes et de nouveaux renseignements sur les contribuables qui seraient des résidents canadiens détenant des comptes à l'étranger. Par ailleurs, des modifications législatives permettront à l'agence d'accéder à de l'information sur les transferts de fonds internationaux de plus de 10 000 $. Par conséquent, l'agence devra structurer son approche de façon à pouvoir assumer la charge de travail plus élevée qui découlera de ces changements.
Nous avons recommandé à l'Agence du revenu du Canada de s'assurer que ses objectifs et ses procédures de vérification concernant les comptes à l'étranger traduisent bien les leçons apprises et que le tout est documenté et bien compris par le personnel, afin que celui-ci soit prêt à absorber l'augmentation de la charge de travail prévue dans ce secteur d'activité. L'agence a accepté nos recommandations et s'est engagée à prendre des mesures pour y donner suite. Nous avons reçu une copie du plan d'action que l'agence a déposé auprès du comité, et nous avons constaté qu'il correspond à nos recommandations.
[Français]
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture.
Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité.
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Merci, monsieur le président.
Je suis accompagné de Mme Gina Jelmini, directrice de la Division de l'observation à l'étranger de notre direction générale.
L'Agence du revenu du Canada, ou l'ARC, est heureuse d'avoir l'occasion de se présenter devant le comité aujourd'hui afin de parler du rapport du vérificateur général, chapitre 9, « Les activités bancaires à l'étranger », qui portait uniquement sur la liste de la banque du Liechtenstein reçue par l'ARC. Nous sommes reconnaissants d'avoir l'occasion de souligner les efforts déployés par l'ARC dans la lutte contre l'inobservation fiscale à l'étranger, et nous remercions de nouveau le vérificateur général de ses recommandations.
L'évasion fiscale et l'évitement fiscal abusif internationaux au moyen de comptes à l'étranger représentent une source de préoccupation mondiale, et le Canada fait partie des nombreux pays qui prennent des mesures contre ce problème complexe.
En 2007, l'ARC a reçu une liste de renseignements sur des particuliers considérés comme ayant possiblement des revenus non déclarés dans des comptes à l'étranger au Liechtenstein. C'était la première fois que l'ARC recevait une telle liste. En gérant la liste, l'ARC a acquis des renseignements utiles sur ces types de structures de placement à l'étranger. Ces renseignements aideront l'agence à déceler d'autres contribuables qui peuvent avoir des revenus non déclarés à l'étranger.
Dans son rapport, le vérificateur général a déclaré: « Dans l'ensemble, l'agence a géré la liste des comptes bancaires au Liechtenstein de la manière prévue, en fonction de l'information et des outils dont elle disposait. »
Le rapport énumérait trois recommandations, que l'ARC a toutes acceptées. L'agence prend actuellement un certain nombre de mesures pour aborder les questions cernées dans le rapport, dont les suivantes: elle établit des délais et les communique au personnel et aux contribuables qui sont concernés par l'exécution de vérifications liées à des comptes à l'étranger; elle analyse son utilisation d'accords avec les contribuables visés par une vérification afin de s'assurer que l'utilisation de ces accords est compatible avec les objectifs des projets et des programmes de l'agence qui concernent les activités à l'étranger; elle s'assure que ses procédures de vérification et ses objectifs liés aux comptes à l'étranger tiennent compte des leçons apprises, sont documentés, sont communiqués et sont compris par le personnel.
[Français]
De plus, les nouvelles mesures annoncées dans le Plan d'action économique de 2013 permettront à l'ARC de disposer d'outils supplémentaires qui viendront renforcer davantage sa capacité à lutter contre l'évasion fiscale et l'évitement fiscal abusif au plan international.
Ces nouvelles mesures comptent les éléments suivants.
Il y a le nouveau Programme de dénonciateurs de l'inobservation fiscale à l'étranger, qui a été lancé en janvier dernier. Dans le cadre de ce programme, les particuliers qui ont connaissance de cas importants d'inobservation fiscale internationale toucheront entre 5 % et 15 % de l'impôt fédéral cotisé et recouvré en conséquence des renseignements fournis.
Il s'agira d'exiger des institutions financières et d'autres institutions qu'elles déclarent à l'ARC des renseignements sur les télévirements internationaux de plus de 10 000 $.
On parle aussi d'Instaurer des exigences en matière de déclarations accrues pour les contribuables canadiens qui ont des revenus ou des biens à l'étranger, ainsi que prolonger la période dont dispose l'ARC pour établir de nouvelles cotisations à l'égard des contribuables qui n'ont pas correctement déclaré ces revenus.
Le gouvernement canadien a également engagé la somme de 30 millions de dollars sur cinq ans à l’appui de ces nouvelles mesures visant à intensifier les efforts d’observation.
[Traduction]
Pour superviser la mise en oeuvre des nouvelles mesures, l'ARC a mis sur pied la Division de l'observation à l'étranger, la DOE, une équipe spécialisée qui sera composée de 70 employés de l'agence possédant une expertise dans les domaines de l'analyse des données et de la vérification. Les membres de la division travailleront auprès d'équipes spécialisées qui chercheront à déceler les particuliers qui se livrent à l'inobservation internationale, à élaborer et à mettre en oeuvre des stratégies et des activités de programme efficaces pour contrer l'inobservation à l'étranger, ainsi qu'à renforcer la capacité globale de l'ARC de prendre des mesures dans les cas d'évasion fiscale et d'évitement fiscal abusif internationaux.
L'échange de renseignements et la coopération internationale sont indispensables. L'ARC a grandement renforcé sa capacité d'obtenir des renseignements fiscaux d'autres administrations par l'intermédiaire de conventions fiscales révisées et d'accords d'échange de renseignements à des fins fiscales, ou AERF, avec des pays non signataires de conventions fiscales. Le Canada possède l'un des plus importants réseaux de conventions fiscales dans le monde, comptant 92 conventions fiscales et 18 AERF en vigueur. Les 18 AERF sont tous en vigueur depuis 2008, ainsi que quatre nouvelles conventions fiscales et huit mises à jour de conventions fiscales.
[Français]
Le 21 novembre 2013, le Canada a ratifié la Convention concernant l’assistance administrative mutuelle en matière fiscale. Cette convention est un instrument multilatéral dont l’objet consiste à améliorer la coopération fiscale internationale et l’échange de renseignements entre les autorités fiscales, conformément aux normes internationales, en vue de lutter contre l’évasion et l’évitement fiscaux internationaux.
[Traduction]
L'ARC a clairement démontré qu'elle est en mesure de trouver et de résoudre les cas où des particuliers se livrent à l'évitement fiscal abusif au moyen de comptes à l'étranger ou en font la promotion. Et nous en constatons les résultats. Depuis 2006, l'ARC a vérifié près de 8 000 cas soupçonnés de planification fiscale internationale abusive et a retracé environ 4,58 milliards de dollars en impôts fédéraux supplémentaires à la suite de ses activités d'observation.
Par l'intermédiaire du Programme de divulgations volontaires de l'ARC, les contribuables ont l'occasion de corriger leur situation fiscale avant de faire l'objet d'une vérification par l'agence. Il s'agit pour l'ARC de la façon la plus efficiente d'aborder la question des revenus non déclarés. Depuis 2006, l'ARC a constaté une hausse spectaculaire du recours à ce programme, y compris en ce qui concerne les comptes et biens à l'étranger; le programme est passé de 1 215 divulgations en 2006-2007 à près de 4 000 divulgations en 2012-2013. Les revenus non déclarés pour cette période se sont élevés au total à 1,77 milliard de dollars et à un peu plus de 470 millions de dollars en impôts fédéraux dus.
Qu'il s'agisse de stratagèmes d'entreprise complexes ou de particuliers qui ont recours à des paradis fiscaux pour éviter ou éluder l'impôt, l'ARC est résolue à s'assurer que l'inobservation est décelée et abordée par l'éducation, la recherche, la coopération internationale, l'appui à des modifications législatives, les communications, les vérifications et d'autres mesures d'observation.
Je vous remercie, monsieur le président.
Avant de laisser la parole à notre premier intervenant, je tenais à souligner combien, pour un comité de surveillance comme le nôtre, le respect de nos règles et de nos procédures était important. Nous avons tôt fait de taper sur les doigts des personnes qui se présentent ici sans plan d'action. Je voulais vous remercier d'avoir soumis le vôtre et mentionner le respect dont vous faites preuve, non seulement en nous le fournissant ainsi, mais en nous le fournissant sans attendre à la dernière minute, contrairement à certains. Vous l'avez fait de façon prompte, opportune, ce qui nous a permis de le faire suivre à nos membres afin qu'ils puissent l'examiner. J'espère que tout le monde en prend de la graine et je tenais à remercier l'Agence du revenu du Canada d'avoir respecté la lettre et l'esprit de la demande.
N'hésitez pas à transmettre mes compliments, monsieur.
Sur ce, nous allons entamer notre rotation, en commençant par M. Hayes.
À vous la parole, monsieur.
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Merci, monsieur le président, de la question.
Plusieurs éléments et procédures sont intervenus ces dernières années pour nous aider du côté des comptes à l'étranger. Tout d'abord, pour ce qui est des accords d'échanges de renseignements à des fins fiscales, les AERF, nous en comptons maintenant 18. Comme je l'ai dit dans mes remarques d'ouverture, tous entrent en vigueur après 2008, si bien qu'il nous faudra un certain temps pour obtenir les renseignements voulus.
Qui dit vérification dit information; c'est essentiel. Plus nous avons d'information, plus il nous est facile de faire notre travail. Avec 18 AERF conclus avec les paradis fiscaux, puisqu'on les appelle ainsi, nous avons la possibilité de demander à ces pays des renseignements, souvent des renseignements bancaires, qui nous aident à mener à bien notre vérification.
Il y a aussi, depuis 2007, la liste du Liechtenstein, ainsi qu'une série d'autres mesures, comme celles touchant les virements introduites dans le budget 2013, qui seront d'un grand secours à compter de l'an prochain. De plus, plusieurs autres mesures adoptées ces dernières années contrent les opérations résultant d'une planification fiscale internationale agressive. Disons pour simplifier qu'une série d'échappatoires fiscales ont été supprimées ces dernières années. Je dirais que ce sont les trois aspects essentiels à l'oeuvre.
De plus, nous avons créé la nouvelle division de l'observation à l'étranger, dont Mme Jelmini est responsable. Elle ciblera uniquement les opérations internationales à l'étranger. L'agence a donc décidé de créer un groupe distinct se consacrant uniquement à ces activités.
L'ensemble de ces facteurs est ce qui nous aide à lutter contre l'évasion fiscale à l'étranger.
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À la page suivante. Je suis désolé, j'aurais dû vous donner le numéro de page. Dans la version anglaise de la page 7, qui est maintenant la page 8, il y a un excellent tableau du vérificateur général qui explique les deux catégories de gens qui décident volontairement de dire: « D'accord, je ne vais pas contester. Je vais fournir les renseignements. Si c'est moi, bon d'accord, alors voyons comment nous pouvons régler les choses ensemble. »
Donc, nous avons clairement 24,6 millions qui ont fait l'objet d'une évaluation, 10 millions ont été perçus et 14 millions sont en souffrance et, nous avons décidé pour des raisons valables — et je tiens à le dire publiquement, l'ARC a adopté cette démarche pour des raisons valables —, nous n'allons pas intenter des poursuites. Les gens à l'ARC ont dit qu'ils voulaient en apprendre davantage sur la façon dont fonctionne le système et c'est pourquoi ils ont décidé de ne pas intenter de poursuite mais d'essayer autre chose. Je dois vous dire que les braves gens de Welland diraient que nous avons laissé les fautifs se défiler. Ils me diraient que vraiment nous les avons laissés se défiler et que maintenant ils interjettent appel.
Je comprends, monsieur, que vous n'avez pas le choix. Ce n'est pas vous qui avez décidé d'interjeter appel. C'est le choix de ces personnes d'interjeter appel. Mais il me semble que dans certains cas si vous leur permettez d'éviter une poursuite potentielle au pénal, ces personnes ne devraient pas interjeter appel car essentiellement une réévaluation réalisée suite aux renseignements qu'on vous a fournis porte en fait sur l'argent qu'ils ont caché de l'ARC en premier lieu. Est-il logique pour l'avenir...? Comme vous l'avez dit, vous avez l'intention de mieux faire les choses car vous avez tiré des leçons et c'est ce que j'estime que le rapport révèle. Que puis-je dire aux braves gens de Welland: « Ne vous inquiétez pas, ils ne vont pas s'en tirer à bon compte encore une fois et puis ils iront de l'avant et interjetteront appel pour faire traîner les choses grâce à une équipe d'avocats payés au prix fort. »
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Merci, monsieur le président.
Le rapport du vérificateur général a souligné en 2007 lorsque nous avons reçu la liste que nous avions conclu des ententes avec un certain nombre de contribuables nous engageant à ne pas intenter de poursuites si toutes les sommes étaient payées, aucun appel, etc. Je réitère que cela a été fait à l'époque puisque c'était la première fois que nous recevions une telle liste. Comme je l'ai expliqué plus tôt, nous ne connaissions pas tout le contexte à l'époque.
Je dirais que les choses ont beaucoup changé depuis. Plus tôt, j'ai mentionné les AERF, les personnes dévouées qui travaillent sur cette question de l'observation à l'étranger. J'oeuvre dans le domaine de l'observation depuis un certain nombre d'années et je vous confirme que depuis quelques années, je ne me souviens pas d'entente avec des personnes qui nous donnent des renseignements en échange d'une promesse de ne pas poursuivre.
Les règles du jeu ont changé. Si vous êtes un fraudeur du fisc et que nous pouvons le prouver, nous allons vous poursuivre en appliquant toute la rigueur de la loi. Aujourd'hui, nous avons accès à des renseignements auxquels nous n'avions pas accès il y a six ou sept ans nous permettant ainsi de poursuivre si nécessaire.
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Merci, monsieur le président.
Je dirais qu'en matière de conformité, c'est la norme de toujours examiner le rapport coût-bénéfice. À l'agence, nous faisons toutes sortes de statistiques qui nous montrent que pour un dollar investi dans certains domaines, on obtient un certain rendement, selon que le dossier est petit, moyen, important ou international. À coup sûr, les activités à l'étranger sont très rentables. En général — ce rapport est approximatif, car tout dépend des cas —, notre taux de rendement est facilement de 8 pour 1 ou de 10 pour 1.
Le problème dans ce domaine c'est qu'en général les structures mises en place sont très complexes. De plus, si nous finissons par établir une nouvelle cotisation et que l'affaire est portée devant les tribunaux, il faut beaucoup de temps pour préparer le dossier et le défendre ce qui, bien sûr, modifie le rapport coût-bénéfice. Mais dans la plupart des cas en ce qui concerne les activités à l'étranger, c'est de l'argent bien investi.
Avant de passer la parole à M. Simms, j'aimerais informer les membres du comité que même si M. Simms est avec nous depuis peu de temps seulement, mais un temps très bien employé, il va nous quitter pour un autre comité. Mme Jones sera notre nouvelle membre permanente. Alors, en fait, pour des raisons d'horaire, M. Simms est en fait ici aujourd'hui comme remplaçant.
Je profite de l'occasion, au nom de tous les membres du comité, pour vous remercier pour votre contribution positive qui a été grandement appréciée. Merci, pour le temps que vous avez passé avec nous.
Vous avez maintenant la parole.
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Je m'attends à ce que les analystes continuent à faire preuve de leur excellent discernement.
Vous êtes membre du comité depuis assez longtemps, je crois, pour savoir que je n'exagère pas. Je soulignerai aussi une évidence: la majorité des membres du comité doivent approuver l'inclusion d'un élément dans le rapport final. Il y a donc un double garde-fou, pour ainsi dire.
Je vais arrêter l'horloge un moment.
Vous craignez, semble-t-il, que quelqu'un ait la possibilité d'affirmer quelque chose et d'infléchir le rapport alors que son affirmation n'était pas, selon vous, pertinente ou appuyée par des faits.
Je note votre point de vue, mais je dois le mettre en balance avec le droit des députés de jouir d'une grande latitude, surtout en comité. Je sais que c'est un droit que vous appuyez, vu que je vous ai accordé cette même latitude. J'estime que nous avons les freins et contrepoids voulus, mais il n'y a pas de mal à le souligner à l'occasion.
Merci donc de votre observation. Y a-t-il d'autres interventions?
Sinon, que l'on relance l'horloge.
Monsieur Giguère, vous avez à nouveau la parole.
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Votre question est excellente.
D'ailleurs, je discute souvent des résultats avec mon patron. D'année en année, les résultats varient selon la situation économique et les paramètres. Le budget de 2013, auquel j'ai fait référence précédemment, a fermé plusieurs échappatoires fiscales. En tant que responsable de la vérification, je suis très heureux que le gouvernement ait adopté des articles qui ferment ces échappatoires fiscales, mais cela influe sur nos résultats. Certaines vérifications que nous faisions dans le passé donnaient des résultats, mais nous ne les faisons plus depuis que les échappatoires fiscales ont été fermées. Toutefois, puisque je suis fataliste de nature, je n'ai aucun doute que certains contribuables réussiront à trouver d'autres façons de pratiquer l'évasion fiscale.
Dès qu'un gouvernement ferme une porte, les professionnels du domaine trouvent une façon d'en ouvrir une autre. C'est un jeu qui a lieu dans tous les pays.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Et merci à nos témoins de leur présence ici aujourd'hui.
Moi qui suis ingénieur, je mesure et j'apprécie à sa juste valeur le merveilleux honneur d'être entouré d'avocats et de comptables.
Des voix: Oh, oh!
M. Corneliu Chisu: J'ai une question pour Mme McMahon, du Bureau du vérificateur général.
L'évasion fiscale internationale est un grave problème dont ont largement fait fi les gouvernements libéraux qui se sont succédé. De ce fait, la liste du Liechtenstein a été l'un des premiers gros projets d'observation de la loi de ce type. Cependant, l'opposition en général a vertement critiqué les résultats de l'enquête. Dans votre rapport, vous reconnaissez qu'on a fait preuve de diligence raisonnable dans le choix des dossiers méritant enquête. Pourriez-vous nous en dire plus sur ce point, s'il vous plaît?
:
Monsieur le président, je vous remercie de la question.
C'est une excellente observation sur ce qui s'est produit dans le passé. En 2014, on a beau jeu, me semble-t-il, de dire que telle ou telle autre chose a été faite. Mais si on remonte un peu en arrière... J'ai eu la chance d'être l'un des représentants du Canada au Forum sur les pratiques fiscales dommageables, qui se penchait sur les conséquences de ce qu'on appelait des paradis fiscaux et sur les pays adeptes du secret bancaire.
Personne n'ignore que la Suisse était du nombre. Je dirais que, au milieu des années 2000, quand j'étais membre du Forum sur les pratiques fiscales dommageables, jamais au grand jamais je n'aurais cru possible que la Suisse signe avec le Canada un traité modifié quant à l'article 26, qui porte sur l'échange d'information. De plus, il y a un ou deux ans, j'oublie exactement, le Canada a signé un nouveau traité avec la Suisse, qui inclut la version standard de l'OCDE pour l'article 26, si bien que nous échangeons maintenant de l'information bancaire avec la Suisse.
Les choses ont changé du tout au tout ces dernières années, et je pense qu'elles vont continuer à changer de façon radicale. L'ancien dirigeant de l'OCDE, M. Owens, affirmait que l'OCDE et ses partenaires de traités s'employaient surtout à veiller à ce qu'il n'y ait aucun endroit, nulle part dans le monde, où quelqu'un pourrait cacher de l'argent. Et je crois que l'OCDE et les pays membres ont fait un excellent travail en relativement peu de temps.
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Merci, monsieur le président.
Selon moi, ce qui a le plus changé, c'est qu'un certain nombre de pays... je vais vous donner l'exemple de l'île de Man, qui fait partie des cinq premiers pays avec lesquels le Canada a entrepris des négociations. L'île de Man, qui passait pour un paradis fiscal, tenait absolument à changer sa réputation au sein de la communauté internationale. De nombreux pays, dont l'île de Man, souhaitaient légitimer leur économie et être bien perçus par la communauté internationale.
Je dirais qu'il s'agit là du changement le plus important des cinq dernières années environ: tous ces pays qui ont décidé de prendre des mesures afin de changer le fonctionnement de leur économie.
En ce qui concerne la plus grande difficulté, j'estime, monsieur le président, qu'il s'agit du comportement adopté par les contribuables et leurs conseillers en fiscalité, qui font tout en leur pouvoir pour empêcher l'ARC d'avoir accès à l'information. Cela nous oblige à consacrer énormément de temps et de ressources en procédures judiciaires pour tenter d'exiger des institutions et des entités qu'elles nous transmettent l'information. Étant donné que tout cela prend énormément de temps, j'ai appris à être très patient. Le petit jeu peut durer longtemps, mais nous disposons maintenant des outils nécessaires pour régler ces problèmes.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens d'abord à remercier tous les témoins de leur présence. Ma première question s'adresse plus précisément à Mme McMahon, vérificatrice générale adjointe, et peut-être également à Mme Miller, directrice. En fait, je la pose à celle qui saura le mieux y répondre.
Tout d'abord, le rapport me semble faire état de préoccupations légitimes au sujet de l'établissement des priorités au moment de la divulgation de la liste, ainsi qu'à d'autres questions touchant cette liste. J'ai entendu l'opposition déclarer que l'ARC ne traitait pas ce genre de comportement avec le sérieux... ou encore n'y avait pas consacré suffisamment de ressources.
En lisant ce rapport, et plus précisément depuis l'élaboration de cette longue liste, la première du genre, je crois comprendre que ce type de vérification n'a pas été entrepris par les gouvernements précédents. Êtes-vous d'accord avec moi pour dire que l'ARC a pris la question très au sérieux et s'est diligemment mise au travail?
Nous avons conclu une série de questions complète et nous allons poursuivre nos travaux tel que convenu, mais j'aimerais tout d'abord, au nom du comité, remercier nos invités d'aujourd'hui. Permettez-moi également de souligner que nous apprécions le fait que vos réponses aient été brèves et complètes, chose qui n'est pas facile. Alors, très bien fait.
Merci beaucoup d'avoir été ici. Nous l'apprécions. Vous pouvez maintenant partir et retourner à vos familles.
Chers collègues, vous êtes moins chanceux. Je vais suspendre la séance pendant quelques minutes pour permettre à ceux et à celles qui ne participent pas au volet de la réunion consacré aux travaux du comité de partir, et également pour permettre aux techniciens de réinitialiser le matériel. Nous allons reprendre dans quelques instants à huis clos pour traiter des travaux du comité. Cette portion de la réunion est désormais suspendue.
[La séance se poursuit à huis clos.]