[Français]
Monsieur le président, j'ai le plaisir de vous présenter notre rapport de l'automne 2014 qui a été déposé à la Chambre mardi dernier. Je suis accompagné des vérificateurs généraux adjoints Ronnie Campbell, Jerome Berthelette et Wendy Loschiuk.
Ce rapport réunit sept audits qui ont porté sur diverses activités et programmes du gouvernement. Comme c'est souvent le cas, nous rapportons des bonnes pratiques dans certains domaines, et d'autres qui sont à améliorer. Une chose me frappe quand je m'attarde sur ces audits: les ministères devraient mieux savoir si les services qu'ils fournissent répondent vraiment aux besoins des Canadiens et Canadiennes.
[Traduction]
Dans le premier des audits présentés, nous avons examiné comment le gouvernement du Canada fournit une assistance quand une crise humanitaire éclate dans un pays en développement. Nous avons constaté qu'Affaires étrangères, Commerce et Développement tient compte des besoins des populations dans les zones touchées par des crises et que le ministère travaille avec des partenaires compétents pour offrir une assistance humanitaire.
[Français]
Nous avons aussi noté qu'Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada est en mesure de répondre rapidement aux appels et propositions d'aide humanitaire. Cependant, pour un tiers des projets que nous avons examinés, les réponses ont pris trois mois ou plus. Le ministère a l'occasion d'analyser ces délais pour trouver des façons de les améliorer.
Notre deuxième audit porte sur le Programme des agents de liaison de la Gendarmerie royale du Canada, ou la GRC. Dans l'ensemble, nous avons constaté que le programme fonctionne bien. Il appuie les efforts déployés par les organisations policières canadiennes pour combattre le crime international. Les agents de liaison sont hautement qualifiés et ils tissent des relations de travail productives avec les membres de corps policiers d'autres pays.
[Traduction]
Toutefois, des améliorations demeurent possibles. Par exemple, nous avons aussi noté qu'en général, la GRC n'a pas accès à l'information sur les Canadiens arrêtés, inculpés, condamnés et libérés de prison à l'étranger. Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada et la GRC doivent travailler ensemble pour dégager quelle autre information ils pourraient légalement partager.
[Français]
En ce qui concerne les services de santé mentale pour les vétérans, nous avons constaté qu'Anciens combattants Canada a mis en oeuvre d'importantes mesures de soutien. Cependant, dans bien des cas, celles-ci ne permettent pas de faciliter l'accès des vétérans, en temps opportun, à des services et prestations qui répondent à leurs besoins en matière de santé mentale.
[Traduction]
Anciens Combattants Canada doit faire plus pour surmonter les obstacles qui ralentissent l'accès des vétérans aux services et prestations. Ces obstacles sont la procédure complexe que doivent suivre les vétérans pour présenter une demande, le temps qu'il faut pour obtenir des dossiers médicaux et états de service de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes, et les temps d'attente pour avoir accès aux spécialistes dans les cliniques de traitement des blessures de stress opérationnel financées par le gouvernement. Cela veut dire que pour environ 20 % des vétérans, depuis le moment où ils ont contacté Anciens Combattants Canada, ils ont attendu plus de huit mois avant d'avoir le feu vert pour accéder à des soins de santé mentale répondant à leurs besoins.
[Français]
Cet audit a aussi examiné ce que fait Anciens combattants Canada pour sensibiliser divers groupes au soutien offert aux vétérans.
Nous avons constaté que les activités de sensibilisation du ministère ciblent ses clientèles existantes et les militaires qui sortent des Forces armées. Anciens Combattants Canada pourrait faire plus pour rejoindre d'autres groupes qui peuvent encourager les vétérans à demander de l'aide, en particulier les médecins de famille et les proches des vétérans.
Dans un autre audit, nous avons examiné la façon dont la Gendarmerie royale du Canada et les Forces armées canadiennes ont administré certaines dispositions du contrat de services de réinstallation de 2009. Nous avons constaté que la GRC a généralement amélioré ses contrôles financiers et administratifs quant aux dossiers de réinstallation. Par exemple, elle a récemment mis en vigueur des procédures normalisées à l'échelle du pays. Ces procédures visent à assurer que les membres de la GRC reçoivent les prestations appropriées, que les exigences de la Loi sur la gestion des finances publiques sont respectées et que les dossiers de réinstallation sont traités de la même façon partout au Canada.
[Traduction]
Bien que les Forces armées canadiennes aient aussi pris des mesures pour améliorer la gestion du contrat de services de réinstallation de 2009, nous avons noté des faiblesses dans le contrôle des opérations liées aux services de réinstallation. Les Forces canadiennes doivent améliorer leur processus pour s'assurer que les membres reçoivent systématiquement des indemnités de réinstallation qui respectent les exigences de la Loi sur la gestion des finances publiques.
[Français]
Dans notre audit portant sur le soutien accordé à l'industrie automobile, nous avons examiné la façon dont Industrie Canada, le ministère des Finances du Canada et Exportation et développement Canada ont géré les 9 milliards de dollars fournis en 2009 par le gouvernement fédéral pour appuyer la restructuration des opérations canadiennes de Chrysler et General Motors. Cette aide financière comportait des opérations complexes et des délais serrés, dans un contexte de grande incertitude. Ces circonstances ont influencé ce qu'Industrie Canada pouvait faire pour gérer le soutien accordé.
[Traduction]
Nous avons constaté qu'Industrie Canada, Finances Canada et Exportation et Développement Canada ont géré le soutien financier à l'industrie automobile de façon à appuyer la viabilité des entreprises et la compétitivité du secteur au Canada à court et à moyen terme. Industrie Canada a adéquatement évalué les perspectives de reprise de Chrysler et GM. Le ministère a aussi surveillé les engagements de production des entreprises au Canada.
Cependant, nous avons relevé des faiblesses dans la gestion du soutien et l'information rapportée à ce sujet. Par exemple, Industrie Canada avait peu d'information sur les concessions et sur les déficits de régimes de retraite de GM Canada. Il était donc difficile pour le ministère de cerner les conséquences sur la viabilité à long terme des entreprises. De plus, le Parlement n'a pas reçu de rapport global sur l'aide accordée à la restructuration. Il est donc difficile pour le gouvernement de se baser sur cette expérience pour tirer des leçons pour l'avenir.
[Français]
Dans ce rapport, nous nous penchons aussi sur le programme Nutrition Nord Canada. Nous avons constaté qu'Affaires autochtones et Développement du Nord Canada n'a pas pris suffisamment de mesures pour atteindre son objectif visant à rendre les aliments santé plus accessibles et moins chers pour les résidents des collectivités isolées du Nord.
[Traduction]
Dans le nord, le prix des aliments est considérablement plus élevé. Il en coûte en moyenne deux fois plus pour nourrir une maisonnée à Nunavut que dans le reste du Canada. Nous avons constaté un problème: le programme Nutrition Nord ne détermine pas l'admissibilité d'une collectivité selon ses besoins. Par exemple, il y a deux collectivités dans le nord de l'Ontario situées à environ 20 kilomètres l'une de l'autre et considérées toutes deux isolées. Dans un cas, la collectivité est admissible à la subvention de 1,60 $ le kilogramme d'aliments alors que l'autre n'est admissible qu'à une subvention partielle de 5 ¢ par kilogramme.
Nous avons également constaté que le ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord n'a pas fait le nécessaire pour s'assurer que les détaillants dans le nord font profiter les consommateurs de la pleine subvention gouvernementale sur les aliments admissibles. Si le ministère avait pu faire les vérifications nécessaires à cet égard, le public serait moins sceptique concernant le programme Nutrition Nord. Ainsi, ce serait à l'avantage du ministère, des détaillants dans le nord et des résidents des collectivités éloignées du Canada.
[Français]
Nous arrivons maintenant au dernier audit de ce rapport. Cet audit porte sur la préservation des dossiers à valeur historique du gouvernement du Canada.
Nous avons examiné comment Bibliothèque et Archives Canada obtient et conserve ces dossiers, et ce qu'elle fait pour les rendre accessibles aux générations actuelles et futures.
Nous avons constaté que Bibliothèque et Archives Canada ne reçoit pas des institutions fédérales tous les documents gouvernementaux à valeur historique qu'elle devrait acquérir. De ce que l'institution a reçu, 98 000 boîtes de documents attendent d'être traitées, dans certains cas depuis des dizaines d'années. Ce chiffre inclut environ 24 000 boîtes de documents militaires.
[Traduction]
Nous avons également constaté que Bibliothèque et Archives Canada a dépensé plus de 15 millions de dollars pour un dépôt numérique qui a été mis à l'essai, approuvé, et était prêt pour l'utilisation mais en fin de compte, il n'a jamais été utilisé. Bibliothèque et Archives Canada ne possède pas encore de système intégré pour gérer les transferts, la préservation et l'entreposage électronique des renseignements numériques. Bibliothèque et Archives Canada a annoncé que d'ici 2017, le numérique serait le support de prédilection pour accueillir les archives. Toutefois, nous avons constaté que l'institution n'est pas prête à gérer le volume d'archives numériques qu'elle va devoir acquérir, préserver et rendre accessible.
Nos conclusions à la suite de nos vérifications d'Anciens Combattants Canada du programme de Nutrition Nord du Canada et de Bibliothèque et Archives Canada mettent en lumière le fossé qui se creuse quand les ministères ne savent pas vraiment si les services qu'ils fournissent correspondent aux besoins de leurs clientèles. Quand les ministères n'évaluent pas minutieusement l'impact de leurs activités sur le terrain, ils se privent de la possibilité de vérifier s'ils répondent aux besoins des Canadiens.
Monsieur le président, cela conclut ma déclaration liminaire.
[Français]
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Je vous remercie.
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Au paragraphe 5.47 du rapport, on lit:
Cette constatation est importante, car faute d'information détaillée sur l'utilisation des fonds, Industrie Canada ne sait pas dans quelle mesure l'aide financière fédérale a contribué à la viabilité de Chrysler Canada et de GM Canada.
Le fait qu'ils ne semblent pas avoir fait un suivi aussi rigoureux qu'ils le souhaitaient, bien que ce fut alambiqué... Je suis d'accord avec M. Carmichael, parce que j'étais ici pendant la dernière législature, et je m'en souviens très bien. C'était une période mouvementée, et il fallait que les choses aillent vite, je peux dire que le gouvernement et l'opposition s'entendaient sur la nécessité d'agir rapidement. Beaucoup d'emplois et un gros morceau de l'économie étaient en jeu.
C'est venu après, plutôt qu'avant, si je peux dire. Il faut pouvoir savoir, au bout du compte, ce qui est arrivé et comment remonter le fil. Il se peut bien qu'il y ait eu quelques points faibles a priori, mais c'était probablement en raison de la rapidité des événements et de l'urgence d'agir.
À votre avis, est-ce qu'Industrie Canada est vraiment convaincu de savoir ce qui est arrivé et peut déterminer... Parce que si cela devait se reproduire, est-ce que le ministère agirait de la même manière? Je sais que je demande là votre avis. Vous n'êtes pas forcé de le donner.
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Je tenais tout d'abord à vous remercier, monsieur le vérificateur général, ainsi que votre personnel d'avoir comparus aujourd'hui. J'apprécie le travail que vous faites pour les Canadiens et Canadiennes, particulièrement l'aspect de remise en question, où vous vous assurez que l'argent du gouvernement est convenablement investi. Je pense que nous sommes tous d'accord là-dessus.
Ma circonscription se trouve en Colombie-Britannique, Okanagan—Coquihalla. Je vais me pencher sur le premier chapitre.
Beaucoup de gens considèrent que le Canada devrait en faire autant sinon plus pour aider les gens à l'étranger; nombreux sont ceux dans ma propre circonscription d'après qui nous devrions plutôt nous pencher sur nos propres problèmes. Cependant, j'estime qu'ils seraient tous d'accord pour dire que, quelles que soient les sommes dépensées, il faudrait par la suite entreprendre un examen pour s'assurer qu'on en a pour notre argent, alors j'apprécie cette opportunité.
L'une de mes questions, et j'en ai plusieurs concernant ce dossier particulier, a trait à la portée de la vérification, soit quelque 36 projets. Je crois que cela représente moins de 20 % du budget total moyen. Pourquoi avez-vous choisi ces projets particuliers? Quant à moi, chacun d'entre eux présente presque un ensemble complètement différent de circonstances. Par exemple, s'agit-il d'un programme de jumelage, travaillons-nous en collaboration avec la Croix-Rouge internationale ou le Croissant-Rouge, où dans le monde le projet se situe-t-il, s'agit-il d'une situation dynamique... un tremblement de terre, ou une sécheresse.
Pourquoi choisir ces 36 projets? Selon quels critères?
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D'après moi, les Forces armées canadiennes ont nettement amélioré leur compréhension du rendement du fournisseur par rapport à ses obligations.
Ils surveillent les paiements excédentaires et les paiements insuffisants en vertu du contrat. Le total des montants excédentaires et insuffisants payés est censé frôler 2 %, et selon notre examen de l'échantillon qu'ils ont choisi, il semblerait que le taux d'erreur se situe autour de 2 % pour les paiements excédentaires et les paiements insuffisants.
Ils devraient également surveiller certaines autres choses. Entre autres, la satisfaction des membres. Ils mènent des sondages pour mesurer la satisfaction des membres, mais à notre avis, le taux de réponse qu'ils obtiennent ne suffit pas pour leur permettre de se fier aux résultats de ces sondages.
Enfin, nous parlons d'une autre cible de rendement, soit qu'un maximum de 5 % des dossiers qu'ils étudient contiennent des données incomplètes. Encore une fois, ils tâchent de déterminer le nombre de dossiers aux données incomplètes, et nous avons constaté que ce pourcentage pourrait bien s'élever à plus de 5 %.
Heureusement, cela ne semble pas affecter le taux d'erreurs en termes de dollars, qui se situe autour de 2 %, mais il s'agit d'un risque pouvant provoquer plus d'erreurs en termes de dollars.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Vous avez dit dans vos observations préliminaires que:
Quand le ministère ne considère pas la totalité des impacts concrets de leurs activités, ils manquent des occasions de vérifier s'ils atteignent le résultat que souhaitent les Canadiens et Canadiennes.
Vous dites aussi que vos conclusions « soulignent le fossé qui se creuse car les ministères ne savent pas vraiment si les services qu'ils fournissent correspondent aux besoins de leurs clientèles ».
Cela semble une conclusion plutôt accablante. Elle est aussi assez généralisée.
En ce qui concerne le programme Nutrition Nord, j'aimerais parler de deux cas, puis en revenant à cette citation, vous demander si, à votre avis, la solution serait de régler tout simplement deux problèmes particuliers, ou si, de façon générale, le ministère ne répond pas vraiment aux besoins de sa clientèle.
On a déjà parlé du premier cas. Deux villes pareillement isolées, qui sont à 20 kilomètres l'une de l'autre, reçoivent des subventions très différentes. L'une reçoit, 1,60 $ du kilogramme et l'autre 5 ¢ du kilogramme, soit 30 fois moins que l'autre ville qui est tout à fait semblable. Cela semble être une iniquité absolument fondamentale qui fait partie intégrante du programme.
Le deuxième exemple, c'est que vous dîtes qu'aucune vérification n'est faite pour savoir si la subvention est transmise. Eh bien, le gouvernement verse une subvention qui n'est pas transmise, ce qui revient à jeter l'argent des contribuables par les fenêtres, si la subvention ne répond pas aux besoins des habitants du Nord en réduisant les coûts de l'alimentation, quand le détaillant la garde pour lui. Vous dites que le ministère ne peut pas, ou ne veut pas, déterminer dans quelle mesure la subvention est transférée aux consommateurs.
Je veux parler d'un troisième cas, bien que je ne sois pas tout à fait sûr de son exactitude. Apparemment, on prétend que les prix des aliments ont diminué de 8 %, alors qu'en fait, ils ont augmenté. Je ne suis pas sûr que ce soit exact, mais parlons à tout le moins des deux premiers cas: les subventions très différentes pour deux collectivités relativement similaires, et le fait qu'il n'y a pas moyen de savoir si les subventions sont transférées aux consommateurs.
Compte tenu de ce que vous avez dit tout à l'heure, n'est-ce pas une condamnation assez générale de ce programme, ou bien dîtes-vous qu'il suffirait de régler ces deux problèmes pour que tout aille pour le mieux?
Monsieur le président, je vais demander que le document que j'ai préparé avec cette vérification préliminaire et les chiffres, à part les calculs de pourcentage qui viennent du vérificateur général, soient déposés. S'il y a des objections, cependant, j'aimerais poser une ou deux autres questions avant d'en discuter.
Je veux revenir à la question de savoir si les services de soutien en santé mentale du programme de réadaptation sont différents des services de soutien en santé mentale du programme d'invalidité. Je regarde la page Web pour avoir la description des services de réadaptation et je vois qu'ils incluent, « Réadaptation médicale: Des professionnels de la santé aident les vétérans à retrouver ou à stabiliser leur santé dans toute la mesure du possible ». Il y a aussi la réadaptation psychosociale, qui a une description un peu plus longue.
Je ne sais pas si vous pouvez me le dire, et je n'ai pas nécessairement besoin de le savoir aujourd'hui, mais je vous serais reconnaissant de m'expliquer les différences que vous avez trouvées entre les services de santé mentale du programme de réadaptation et les services de santé mentale du programme d'invalidité.
Un grand nombre des services tels que l'accès à un psychologue ou un professionnel de ce genre sont peut-être pareils, mais peut-être que la durée...