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Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter de notre rapport du printemps 2015 sur l'accès aux services de santé des communautés éloignées des Premières Nations. Je suis accompagné du directeur principal chargé de l'audit, M. Joe Martire.
Dans le cadre de cet audit, nous avons examiné ce que Santé Canada a fait pour appuyer l'accès des Premières Nations aux services de santé dans les communautés éloignées. Les membres des Premières Nations vivant dans des communautés éloignées ont des besoins importants en matière de santé et doivent surmonter des difficultés particulières pour obtenir des services de santé. Nous avons constaté que Santé Canada n'avait pas géré adéquatement son soutien à l'accès aux services de santé et aux prestations de transport pour raisons médicales des Premières Nations dans les communautés éloignées.
[Traduction]
Selon le ministère, le soutien octroyé à ces communautés couvre 85 établissements de santé qui offrent des soins par l'entremise d'équipes de collaboration de soins de santé, sous la direction d'environ 400 infirmières et infirmiers. Ces établissements de santé desservent quelque 95 000 membres des Premières Nations. Pour ces personnes, l'accès aux services de santé est d'abord assuré grâce au personnel infirmier préposé aux postes de soins infirmiers.
Nous avons constaté des déficiences dans la gestion du personnel infirmier et des postes de soins infirmiers. Par exemple, tous les 45 membres du personnel infirmier de notre échantillon étaient dûment autorisés à exercer, mais un seul avait suivi et réussi les cinq cours de la formation obligatoire exigée par Santé Canada que nous avions sélectionnés pour notre examen.
Santé Canada reconnaît que les membres de son personnel infirmier effectuent parfois des tâches qui ne font pas partie de leur champ d'exercice régi par la loi afin d'offrir des services de santé essentiels dans les communautés éloignées des Premières Nations. Parmi ces tâches, on peut citer la prescription et la délivrance de certains médicaments, et la réalisation de radiographies du thorax ou des membres des patients. Néanmoins, nous avons constaté que Santé Canada n'avait pas mis en place des mécanismes de soutien afin que son personnel infirmier soit autorisé à effectuer des activités qui ne figurent pas dans son champ d'exercice régi par la loi. Il pourrait s'agir, par exemple de directives médicales permettant au personnel infirmier d'exécuter certaines tâches dans des circonstances particulières.
Nous avons également constaté que Santé Canada ne pouvait pas démontrer que les postes de soins infirmiers construits depuis 2009 l'avaient été conformément aux codes du bâtiment applicables. De plus, le ministère n'avait pas corrigé 26 des 30 lacunes relativement aux exigences en matière de santé et de sécurité ou aux codes du bâtiment que nous avons examinés dans les sept postes de soins infirmiers construits avant 2009.
Les lacunes observées étaient entre autres le mauvais fonctionnement des systèmes de climatisation et de ventilation, les escaliers, les rampes et les portes non sécuritaires. Dans l'une des communautés, des spécialistes de la santé ont dû annuler leur visite, car la résidence où ils devaient loger était inhabitable en raison de problèmes concernant l'installation septique. Ces problèmes duraient depuis plus de deux ans.
[Français]
De plus, nous avons constaté que Santé Canada n'avait pas pris en compte les besoins en matière de santé des communautés éloignées des Premières Nations lors de l'affectation de ses ressources de soutien. Par exemple, nous avons noté que la répartition des membres du personnel infirmier affectés aux postes de soins infirmiers se faisait selon des pratiques antérieures, et non pour répondre aux besoins courants de chaque communauté.
Nous avons aussi constaté que Santé Canada avait récemment défini les services de santé essentiels qui doivent être offerts aux postes de soins infirmiers. Cependant, le ministère n'avait pas évalué si chaque poste de soins infirmiers avait la capacité d'offrir ces services, et il n'avait pas non plus communiqué aux membres des Premières Nations les services essentiels qui sont offerts à chacun des postes.
[Traduction]
En ce qui concerne l'accès aux services de santé à l'extérieur de la communauté, nous avons constaté que les membres des Premières Nations inscrits dans le système d'inscription des Indiens avaient accès aux prestations de transport pour raisons médicales, mais que cet accès pouvait être refusé aux membres des Premières Nations qui ne sont pas inscrits.
Nous avons aussi constaté que la documentation de Santé Canada sur l'administration des prestations de transport pour des raisons médicales était insuffisante. Par exemple, le ministère ne disposait pas des documents requis pour démontrer que les prestations de transport demandées étaient nécessaires pour des raisons médicales, de même que pour confirmer que les bénéficiaires s'étaient présentés aux rendez-vous pour lesquels les prestations de transport avaient été demandées.
De plus, Santé Canada s'était engagé à donner aux populations des Premières Nations qui vivent dans des communautés éloignées un accès aux services de santé comparables à celui offert aux autres résidants du Manitoba et de l'Ontario qui vivent dans des emplacements géographiques similaires. De même, nous avons constaté que le ministère n'avait pas recueilli l'information dont il avait besoin pour savoir s'il avait atteint cet objectif.
Nous avons aussi remarqué des déficiences dans la coordination des services de santé entre les secteurs de compétence. Par exemple, nous avons constaté que les comités du Manitoba composés de représentants de Santé Canada et d'autres intervenants n'ont pas été en mesure de trouver des solutions réalistes aux enjeux liés aux divers secteurs de compétence qui ont des répercussions négatives sur l'accès aux services de santé pour les membres des Premières Nations.
[Français]
Cette constatation est importante parce que le manque de coordination entre les secteurs de compétence peut se solder par une prestation inefficace des services de santé auprès des membres des Premières Nations et par de mauvais résultats sur la santé de ces derniers
Il faut trouver des solutions réalistes pour améliorer la reddition de comptes et faire en sorte que les membres des communautés éloignées des Premières Nations aient accès à des services de santé comparables à ceux offerts aux autres résidants.
Notre rapport contient 11 recommandations visant à améliorer l'accès aux services de santé pour les communautés des Premières Nations vivant dans des régions éloignées et à obtenir de meilleurs résultats quant à la santé des personnes. Santé Canada a accepté toutes ces recommandations.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous nous ferons un plaisir de répondre aux questions des membres du comité.
Je vous remercie.
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J'aimerais remercier le président et les membres du Comité des comptes publics de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui.
[Français]
Les représentants de Santé Canada et moi-même avons examiné le rapport du vérificateur général pour 2015 et avons porté un grand intérêt à ses recommandations. Nous prenons ces conclusions au sérieux et mettons en oeuvre un plan d'action afin d'aborder chacune d'entre elles. Ce plan sera parachevé en collaboration avec nos partenaires des Premières Nations. En effet, comme vous le savez, nous travaillons en collaboration avec les Premières Nations. Ce plan ne pourra donc être finalisé qu'avec un engagement supplémentaire de nos partenaires des Premières Nations.
Le système de soins de santé destiné aux Premières Nations est très complexe. Les provinces n'exploitent pas de système de santé directement dans les réserves. Afin d'aider les Premières Nations, Santé Canada fournit un éventail de services efficaces, durables et culturellement adaptés sur le plan de la prestation. Nous travaillons avec les Premières Nations afin d'accroître le contrôle qu'elles exercent sur les services de santé et nous collaborons avec les provinces afin d'améliorer l'accès à ces services et de promouvoir l'intégration des systèmes.
[Traduction]
Nous appuyons également des programmes répondant aux priorités des Premières Nations en matière de santé mentale, de maladies chroniques, de santé maternelle et infantile, et nous accordons des prestations pour l'ordonnance de médicaments, de soins dentaires, de soins de la vue, pour intervention en cas de crise psychologique, et pour des fournitures et de l'équipement médicaux.
Santé Canada a transféré les programmes et services de santé aux Premières Nations à des degrés divers dans plus de 400 communautés. Ce chiffre n'inclut pas la Colombie-Britannique où, en 2013, Santé Canada a confié son rôle en ce qui touche la conception, la gestion et l'offre de programmes de santé aux Premières Nations de Colombie-Britannique à la nouvelle autorité sanitaire des Premières Nations.
Santé Canada apporte également une aide financière aux Premières Nations afin d'offrir des soins cliniques dans 27 communautés éloignées et isolées, encore une fois, à l'extérieur de la Colombie-Britannique. Santé Canada fournit directement des soins cliniques à 53 autres Premières Nations éloignées et isolées. Le modèle de prestation varie en fonction des particularités de chaque province et de la situation géographique. Les équipes de personnel médical travaillent dans des postes de soins infirmiers, aux côtés de travailleurs communautaires de la santé qui offrent d'autres programmes.
À cause de l'importance de ces services, notre priorité absolue est de garantir l'accès des communautés éloignées aux soins cliniques et aux soins aux clients, de faire en sorte que les postes de soins infirmiers soient correctement dotés et de veiller à ce que les infirmières travaillent dans un milieu sécuritaire et qu'elles aient accès au soutien et aux outils nécessaires.
Les infirmières autorisées et les infirmières praticiennes sont généralement le premier point de contact au sein des communautés isolées. Elles ont un niveau élevé d'instruction et de qualifications. Afin que nos infirmières soient prêtes à exercer dans des postes éloignés présentant des contraintes particulières, une politique d'éducation nationale définit la formation obligatoire.
J'ai le plaisir d'annoncer que le modèle d'enseignement infirmier de Santé Canada affiche un taux de conformité de 88 % pour les médicaments contrôlés au sein des installations de santé des Premières Nations. La technique spécialisée de réanimation cardiorespiratoire affiche quant à elle un taux de conformité de 63 %; la traumatologie, un taux de 59 %; la réanimation pédiatrique, un taux de 64 % et la vaccination, un taux de 61 %. Le taux de conformité général à la fin du mois d'avril 2015 est de 46 %. Nous avons encore du travail à faire, et nous le faisons tout en nous assurant de disposer des ressources nécessaires pendant que le personnel en place suit sa formation.
Santé Canada s'engage à s'assurer que les infirmières travaillant dans des communautés autochtones éloignées se conforment aux exigences établies dans la fonction publique, en plus d'avoir les qualifications de pointe requises.
[Français]
Les environnements de pratiques éloignées et isolées nécessitent parfois que les infirmières répondent immédiatement à des situations constituant un danger de mort et à d'autres situations d'urgence. Les infirmières ont donc besoin de mécanismes adaptés afin d'assumer ces fonctions importantes.
[Traduction]
Les lignes directrices en matière de pratique clinique aident les infirmières à gérer les situations de soins cliniques et indiquent si la consultation d'un médecin ou d'une infirmière praticienne est nécessaire. Des dispositions existent dans tous les postes de soins infirmiers permettant de faire appel à un médecin, lorsqu'il n'y en a pas dans la communauté. Nous continuons de travailler avec les provinces à l'élaboration de solutions régionales précises dans le but d'offrir davantage de soins médicaux, et nous travaillons avec les organismes de réglementation afin d'aider les infirmières à exercer leur métier.
Un des plus grands défis c'est que nous avons besoin de plus d'infirmiers et d'infirmières. Santé Canada a mis en oeuvre une stratégie de recrutement et de maintien en poste du personnel infirmier, dans le cadre de laquelle il y a plusieurs initiatives: un plan de marketing pour le recrutement d'infirmiers et d'infirmières, un programme de perfectionnement en soins infirmiers, un programme de sensibilisation des étudiants et un programme d'accueil.
Depuis ses débuts en février, nous avons reçu plus de 500 demandes dont 200 ont été retenues pour la prochaine étape de vérification. En outre, la stratégie vise à augmenter le nombre d'infirmiers pratiquants, ce qui permettra aux équipes cliniques d'avoir une meilleure stabilité. Cela aidera aussi à atteindre les objectifs en matière de formation et améliorer le niveau de services disponibles au niveau de la communauté.
Les infirmiers, les infirmières et les autres professionnels de soins de santé au niveau communautaire ont besoin d'installations propices à leur emploi. À l'heure actuelle, nous investissons environ 30 millions de dollars chaque année pour les rénovations, des réparations et la construction d'installations de soins de santé ainsi que 44 millions de dollars de plus pour l'entretien et l'exploitation. Les postes de soins infirmiers sont la propriété des Premières Nations et nous participons à leur exploitation.
Nous travaillons avec les collectivités des Premières Nations pour s'assurer que les édifices sont vérifiés et que toute lacune est résolue. Dans le sillage de la vérification, nous mettons en oeuvre un système de suivi bonifié qui englobe ce travail. Nous allons aussi améliorer notre processus afin d'utiliser des rapports de condition d'installation en tant qu'outil pour mieux planifier le travail de rénovation et d'entretien avec les propriétaires.
En outre, pour assurer que les nouvelles installations sont conformes au code, nous avons mis à jour nos exigences d'attestation et avons fait part de ce changement au personnel de gestion desdites installations. La vérification a justement noté que les exigences, telles que la définition actuelle de poste, ne fournissaient pas un niveau convenable d'assurance.
On a aussi fait rapport sur la gestion des transports médicaux. Ce transport fournit une couverture pour appuyer l'accès aux soins de santé pour ceux qui sont assurés. Santé Canada dépense plus de 300 millions de dollars par année sur le transport médical. Environ 60 % de cette somme représentent le transport pour les collectivités isolées ou éloignées. Les raisons principales pour lesquelles on a recours à ce transport sont les urgences dans 24 % des cas, les services hospitaliers dans 10 % des cas, des rendez-vous avec des omnipraticiens dans 7 % des cas et les services dentaires dans 5 % des cas.
Le programme couvre le transport vers l'installation ou le professionnel pertinent le plus proche quand les services requis ne sont pas disponibles au niveau local. Nous voulons fournir un transport médical en temps opportun pour éviter un fardeau indu sur les clients et sur les professionnels en soins de santé. Les décisions sont prises en vertu d'un cadre de programme national et avec une bonne compréhension des services de santé disponibles et des options de transport au niveau régional.
Pour répondre aux recommandations de la vérification, le programme a déjà modifié et publié des lignes directrices pour combler des écarts entre nos pratiques et le cadre de transport médical pour ce qui est du niveau de documentation requis.
[Français]
En ce qui concerne le transport d'enfants non inscrits, Santé Canada autorise depuis longtemps la prise en charge du transport d'enfants âgés de moins d'un an sous le numéro d'enregistrement de leurs parents. Santé Canada poursuivra ses efforts avec ses partenaires afin d'informer les parents et de mettre à leur disposition les documents d'inscription dans les postes de soins infirmiers et les centres de santé.
[Traduction]
Santé Canada et l'Assemblée des Premières Nations mènent un examen conjoint du programme de services de santé non assurés, ce qui comprend le transport pour raisons médicales. Je suis heureux de pouvoir vous dire que ce travail progresse bien. Nous allons cerner les forces et les faiblesses du programme, donc des inefficacités administratives, et formuler des recommandations concrètes.
Les programmes et services financés ou assurés par Santé Canada sont influencés par la situation géographique, par la taille des communautés et par la nécessité d'assurer la sécurisation culturelle. Pour cette raison, comparer différentes communautés n'est pas toujours possible et ne constitue pas toujours la meilleure approche. La planification sanitaire, l'investissement dans l'intégration des services avec les systèmes provinciaux ainsi que l'élaboration de programmes et le développement de capacités au sein des communautés se sont révélés être plus efficaces et plus réactifs avec le temps.
Comme nous l'avons déjà indiqué, Santé Canada finance bon nombre de programmes communautaires ciblant des besoins spécifiques et constituant un complément au programme de soins cliniques et aux clients. Ces programmes sont financés pour répondre aux besoins des collectivités en matière de santé et sont généralement dirigés par les collectivités mêmes. En réaction à la vérification, nous bonifierons notre appui à la planification sanitaire afin d'améliorer l'intégration des programmes communautaires et des services cliniques lorsque ces services sont assurés par Santé Canada. Nous allons aussi dialoguer avec les collectivités afin de revoir le modèle actuel de prestations des services et l'affectation de ressources aux soins cliniques.
[Français]
Le dernier point que j'aimerais aborder concerne la coordination des autorités sanitaires.
Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires afin de concevoir des modèles de prestation de services de santé qui tiennent compte des besoins des communautés.
[Traduction]
Nous avons fait des progrès en matière d'intégration des services de santé au cours des 10 dernières années. Nous voyons dans diverses régions des exemples d’augmentation des visites de médecins, d’élargissement des services provinciaux aux réserves, ainsi que d’ententes de collaboration plus fréquentes entre les services de santé communautaires et les régies régionales de santé. Nous disposons maintenant dans la plupart des régions de tables de cogestion et de tables trilatérales afin d'engager des discussions officielles avec nos partenaires des provinces et des Premières Nations et ainsi de promouvoir les pratiques communes et de résoudre les problèmes systémiques. Nous comptons engager systématiquement la participation de ces tables pour remédier aux problèmes importants signalés dans le rapport.
Santé Canada continuera de collaborer avec ses partenaires afin d'élaborer et de mettre en oeuvre d'autres modèles de systèmes de santé dirigés par les Premières Nations, comme ceux justement louangés en Colombie-Britannique. Nous avons présenté un survol de notre plan d’action, qui requiert une participation accrue de nos partenaires des Premières Nations. Nous pensons être en mesure de faire le point de façon plus détaillée à la prochaine occasion, une fois que nos partenaires auront pu formuler leurs suggestions.
En conclusion, nous travaillons sur plusieurs projets en réponse à l'audit et nous allons poursuivre sur notre lancée.
J'aimerais souligner que je suis accompagné aujourd'hui par trois représentants principaux de la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits de Santé Canada: Valerie Gideon, sous-ministre adjointe, Opérations régionales; Robin Buckland, directrice exécutive, Bureau des soins de santé primaires; et Scott Doidge, directeur général intérimaire, Services de Santé non assurés.
Nous serons heureux de répondre aux questions. Merci.
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J'imagine que c'est le cas. Je n'ai aucune idée du salaire que vous leur versez et je ne veux pas le savoir. Mais lorsque j'examine le rapport du vérificateur général, il parle de mécanismes qui appuient la portée et de travailler au-delà de la portée.
Sur une note personnelle, mon épouse est infirmière. Elle est autorisée à exercer son métier en Ontario. Si elle travaille au-delà de la province, elle va perdre son permis d'exercice si elle se fait prendre. Je suppose que les infirmières sont nerveuses lorsqu'on leur demande de travailler au-delà du territoire où elles sont autorisées, surtout si ce n'est pas leur service qui leur demande, mais par un patient dans une région éloignée qui ne peut pas obtenir les soins. Faire affaire avec une personne qui est grièvement malade ou blessée et prodiguer les soins nécessaires pour bien servir le patient même si c'est au-delà de leur portée. Cela les place dans un dilemme, madame Buckland. Vous êtes une infirmière autorisée avec un permis d'exercice. Vous savez exactement ce que cela représente pour ces infirmières. J'imagine tout le stress qu'ils doivent subir dans ce cas-là.
Ensuite, le rapport parle d'une résidence qui n'a pas d'installation septique depuis deux ans. Je vis en campagne. J'avais trois enfants qui vivaient avec moi. Je peux m'imaginer ce qui serait advenu si l'installation septique avait été brisée pendant deux jours, mais si cela se serait prolongé pendant deux ans, je pense qu'il y aurait eu une émeute. Pouvez-vous vous imaginer vivre dans de telles conditions, monsieur Perron? Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous avez des problèmes de maintien en poste?
Quand une infirmière travaille au-delà de son territoire en tant que professionnelle, elle peut perdre son permis d'exercice. C'est ce que vous leur demandez de faire. Vous les placez dans une position qui les oblige à agir ainsi en les obligeant à habiter dans un endroit insalubre.
Ensuite, le vérificateur général présente une litanie d'autres problèmes comme les systèmes de ventilation et de refroidissement qui ne fonctionnent pas. Vous demandez aux infirmières de prendre des radiographies dans un lieu où la porte de la salle de radiographie ne se ferme pas convenablement. Et vous vous demandez pourquoi vous avez des problèmes de maintien en poste? Je trouve que vous êtes chanceux d'avoir le personnel que vous avez.
Il est étonnant que ce ne soit pas 9 employés sur 10 qui partent plutôt que 5 sur 10. Qui travaillerait dans pareilles conditions? Il y aurait des grèves partout dans le sud de l'Ontario et dans toutes les usines si c'est ainsi que les employés étaient traités et que ce genre de problèmes n'étaient pas réglés.
Voilà pourquoi vous avez des problèmes de rétention. Cela n'a rien à voir avec la rémunération, mais plutôt du fait que vous demandez aux infirmières de travailler au-delà de leur compétence professionnelle et de risquer de perdre leur permis d'exercice. Vous les logez dans un endroit insalubre. Vous ne les formez pas convenablement avant leur départ, et ensuite vous vous plaignez d'avoir du mal à les maintenir en poste.
Oui vous avez effectivement des problèmes de maintien en poste. Ce sont des problèmes majeurs. Deux de vos 11 recommandations remontent à 2010, c'est-à-dire il y a cinq ans; vous aviez promis de les mettre en application et vous ne l'avez pas fait. Vous avez dit à l'époque que vous aviez des problèmes de maintien en poste, et c'est toujours le cas.
Honnêtement, monsieur, votre ministère a failli à sa tâche. Vous n'avez pas été à la hauteur du Parlement auquel vous devez rendre des comptes mais, par-dessus tout, vous avez manqué à votre devoir envers les peuples des Premières Nations. Voilà les véritables victimes.
Je puis vous dire que cela ne se produirait pas à Welland. Cela ne serait jamais toléré à Welland. Rien de cela ne se produirait. Il y aurait une émeute dans la rue si nous pensions que c'est le genre de service que nous allions recevoir. Les infirmières n'iraient pas travailler dans les endroits où vous leur demandez d'aller si c'était dans le sud de l'Ontario. Cela ne se produirait pas. Voilà pourquoi vous avez des problèmes de maintien en poste.
Vous avez beaucoup de pain sur la planche, monsieur, et vous devez commencer maintenant. En fait, vous aviez besoin de commencer il y a cinq ans et vous ne l'avez pas fait. Bien honnêtement, j'ignore comment vous allez rattraper le temps perdu et combien de temps il vous faudra pour réparer les pots cassés, mais vous devez agir rapidement. Je ne sais pas quelles sont les ressources dont vous avez besoin, qu'il s'agisse de ressources humaines ou financières, mais si vous voulez avoir un service équivalent ou raisonnablement équivalent aux attentes de la population, y compris les attentes de votre ministère... Pourriez-vous mettre cela par écrit?
Je ne sais pas à quel moment vous avez l'intention de commencer, mais ma foi, il fallait le faire il y a très longtemps. La population canadienne, nos membres des Premières Nations, méritent mieux, et nous avons failli à la tâche. J'espère, monsieur, qu'à la publication du prochain rapport du vérificateur général, nous ne constaterons pas les mêmes lacunes parce que, honnêtement, des têtes tomberaient dans toute autre industrie ou type d'emploi. Mon collègue d'en face et moi-même avons travaillé dans le secteur de l'automobile. Si c'était une critique de notre secteur, des têtes tomberaient pour ce genre de rendement.
Je veux commencer par dire que le cadre de pratique est un élément important pour le recrutement et le maintien en poste. Il est crucial d'avoir un environnement de pratique sécuritaire pour nos infirmières. Comme vous l'avez mentionné, les infirmières ne voudront pas venir travailler pour nous si elles craignent de perdre leur permis d'exercice, mais comme Sony l'a indiqué, dans la grande majorité des cas, les infirmières travaillent en fonction de leur cadre de pratique. Nous leur offrons aussi d'autres types d'appuis qui leur permettent d'appeler un médecin et d'obtenir une permission pour ne pas déborder leur cadre de pratique. Le fait d'avoir un milieu où exercer leur profession de façon sécuritaire est très important pour le recrutement et le maintien en poste.
Nous accroissons la visibilité de ce type de travail pour qu'il soit intéressant. En dépit de ce que dit le rapport, il y a des infirmières qui sont enthousiastes à l'idée d'aller travailler dans des collectivités des Premières Nations. Cela leur donne l'occasion de s'adonner à des activités qu'elles ne pourraient pas nécessairement faire à Toronto. Cela leur donne l'occasion de travailler dans un autre environnement et d'apprendre à connaître une autre culture. Travailler dans des collectivités de Premières Nations peut être très enrichissant.
En plus de la formation obligatoire, côté recrutement, nous essayons aussi d'élaborer un programme de développement qui pourra être utile sur deux fronts. D'abord, nous voulons former les infirmières responsables. Il faut un chef d'équipe pour avoir un bon milieu de travail où les infirmières respectent les processus et pour que tout se déroule bien.
Voilà un des éléments du programme de développement. L'autre vise à recruter les nouveaux diplômés et, comme l'a mentionné Sony, à attirer les bonnes personnes et à les former pour s'assurer qu'elles disposent des compétences nécessaires pour travailler dans ce type d'environnement. Cela ne convient pas à tout le monde.
Il y a aussi le volet de rayonnement auprès des étudiants qui nous permet de tisser des liens avec les nouveaux diplômés et à aller dans les universités pour les inciter à postuler. Nous cherchons aussi à maximiser la composition de l'effectif, cela fait aussi partie de notre stratégie de recrutement, pour nous assurer d'avoir les médecins, les infirmières, les infirmières praticiennes et les paramédicaux dont nous avons besoin pour ne pas avoir de problèmes en ce qui touche le cadre de pratique.
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Je suis d'accord avec lui, bien sûr, lorsqu'il dit que le travail dans les communautés est difficile. Ce n'est pas une mince tâche. L'isolement, comme je l'ai déjà mentionné, les petites équipes et le manque de connectivité représentent des défis.
L'infrastructure est un autre défi, car c'est très loin pour aller corriger les problèmes. Je pense que l'audit du vérificateur général a fait ressortir que certaines réparations n'ont pas été effectuées à temps.
Par exemple, la résidence de Deer Lake que vous avez mentionnée n'était heureusement pas la résidence des infirmières. C'est l'une des résidences, mais pas celle utilisée par les infirmières. Nous avons d'autres résidences pour elles. Il est important d'avoir de bonnes résidences pour les infirmières si nous voulons qu'elles restent et, au cours des dernières années, nous avons investi dans l'entretien et la construction de résidences.
Tous ces facteurs entrent en ligne de compte, mais les problèmes varient d'un endroit à l'autre. Je dirais que ce qui a grandement contribué à améliorer la situation au fil du temps, c'est d'avoir pu créer une équipe bien intégrée dans la collectivité.
L'une des recommandations visait à intégrer des soins cliniques dans les plans de santé communautaire. Il y a de nombreuses communautés où Santé Canada fournit des services de soins cliniques alors que la communauté administre tous les autres éléments des programmes de santé. Il est important d'avoir une très bonne intégration, car les infirmières sont essentielles à la prestation de certains des programmes de santé communautaire, et le travailleur de santé communautaire peut aussi apporter une aide précieuse aux infirmières pour faire leur travail et gérer tout ce qu'elles voient dans leurs consultations quotidiennes.
Il est important d'intégrer ces soins et de veiller à ce que les tâches exécutées par les infirmières correspondent bien au plan de santé communautaire pour l'avenir dans lequel nous avons déjà investi et allons investir encore. Il y a parfois un écart entre ce que nous faisons et ce que fait la communauté, mais nous nous penchons sur cette question.
Je pense qu'il faut également améliorer l'infrastructure électronique, c'est-à-dire les dossiers médicaux électroniques et la télésanté. Nous avons fait énormément de progrès dans diverses provinces et régions pour offrir les services de télésanté dans les communautés afin qu'un patient puisse consulter une infirmière ou un médecin à distance, ou avoir accès à des professionnels de la santé mentale au moyen de ces services. C'est un élément important de notre stratégie d'amélioration de la qualité du service et des liens entre l'équipe d'infirmières, la communauté et les professionnels de la santé ailleurs.
Il est essentiel d'informatiser les dossiers médicaux. Je parlais à un médecin qui pratique dans l'une des stations de soins infirmiers. Ce qu'il souhaite, lorsqu'il passe une semaine dans une station pour travailler avec les infirmières, c'est de pouvoir continuer à pratiquer en utilisant les dossiers médicaux électroniques qui font partie du système provincial. Ils pourront prendre de l'avance et s'assurer que les prochaines étapes du traitement d'un patient seront entrées dans le système qu'ils utilisent dans leur pratique dans le sud.
Nous devons investir davantage et nous nous occupons de l'infrastructure habilitante, pas seulement l'infrastructure physique mais aussi l'infrastructure des TI. Les infirmières se plaignent depuis des années de ce manque de connectivité. Dans le nord de l'Ontario, il y a cinq communautés qui n'ont pas encore accès à des ressources à grande vitesse et à grande largeur de bande. Nous travaillons avec des partenaires afin que ces communautés puissent à l'avenir être bien connectées.
En construisant cette infrastructure, nous allons permettre à une petite équipe dans une communauté isolée de se connecter au reste du système de santé, de transférer des dossiers, de faire des renvois et de recevoir les résultats d'examens et d'analyses par voie électronique. C'est de plus en plus le cas dans les communautés depuis 5 à 10 ans. Nous avons encore des difficultés à surmonter à cet égard dans certaines des communautés éloignées du nord de l'Ontario et du Manitoba, mais nous faisons des progrès. En bâtissant l'infrastructure habilitante, je pense que nous allons avoir une meilleure chance de garder nos infirmières. C'est difficile de faire des comparaisons, car parfois elles travaillent à temps partiel pour nous et à temps partiel pour quelqu'un d'autre, et elles disent qu'il leur manque des outils qui leur permettraient d'être plus efficaces.
Elles ne rêvent pas d'un accès routier. L'accès routier, ce n'est pas pour demain, mais elles rêvent d'avoir accès à l'information qui leur permettra d'utiliser leur plein potentiel.
L'ajout d'infirmières praticiennes est un autre moyen de renforcer l'équipe d'infirmières pour que celles-ci se sentent moins isolées, puisqu'elles pourront consulter une infirmière praticienne pour certaines interventions médicales qu'elles ne pourraient autrement pas exécuter sans aller au-delà de leur cadre de pratique régi par la loi.
Depuis près de 15 ans maintenant, nous avons investi dans des ressources humaines en santé non seulement pour attirer des gens du Sud pour travailler dans les communautés des Premières Nations, mais aussi pour augmenter le nombre de professionnels de la santé autochtone. La direction a beaucoup investi dans cette initiative. La plupart d'entre eux ne viendront peut-être pas travailler dans la direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits, mais ils décideront peut-être de travailler pour les provinces ou pour les communautés des Premières Nations elles-mêmes, ce qui est très bien. L'un des éléments de la stratégie, c'est d'avoir un plus grand nombre de professionnels de la santé d'origine autochtone, et nous en avons déjà. Nous en sommes très fiers, car la dimension culturelle des services de santé est très importante.
Vous savez probablement tous qu'il y a un grand nombre de personnes qui se sentent un peu nerveuses lorsqu'elles doivent aller dans le Sud pour être hospitalisées ou pour consulter un médecin, car elles n'en ont pas l'habitude. Nous essayons d'offrir des services appropriés sur le plan culturel puisque nous pensons que cela créera également une main-d'oeuvre plus résiliente et stable dans ces communautés. Il est très important d'investir dans ce genre d'initiative.
Pour ce qui est de mieux former les infirmières, si ce n'est déjà fait, je vous invite tous à visiter le site Web de Santé Canada pour voir la vidéo et l'information qui s'y trouvent depuis février de cette année et qui expliquent ce que c'est d'être une infirmière dans une communauté des Premières Nations. Nous faisons cette promotion pour attirer plus de professionnels à Santé Canada, mais nous nous en servons également pour attirer les personnes qui préfèrent travailler dans les communautés. C'est une campagne de marketing pour montrer à quoi ressemble le travail là-bas. Il y a aussi des avantages pour ceux qui aiment vivre plus proche de la nature, travailler au sein de petites équipes et relever des défis. C'est intéressant. Nous faisons ressortir les avantages. Il n'y a pas que des inconvénients.
Je pense que le fait de travailler dans un tel milieu peut également procurer une grande satisfaction aux professionnels de la santé. En fait, lorsque nous rencontrons nos employés qui travaillent dans ces communautés, nous constatons que ce sont des personnes très dévouées, très professionnelles et très consciencieuses, et qu'elles aiment leur travail. Certains y vont pour un certain temps car... L'inconvénient à cela — et nous essayons d'être transparents à ce sujet —, c'est qu'il faut faire beaucoup de temps supplémentaire. Lorsque quelqu'un se sent malade pendant la nuit et que la station de soins infirmiers n'est pas ouverte, l'infirmière va l'ouvrir et fait du temps supplémentaire. Parfois, les quarts de travail sont très longs et très intenses. Certains sont attirés par ce genre de travail. Nous essayons de faire connaître cet aspect du travail également.
Robin, je ne sais pas si vous voulez ajouter quelque chose au sujet du programme d'accueil ou du programme de formation que nous offrons aux infirmières pour les préparer à travailler dans les communautés.
Cela met fin à notre rotation habituelle et donc, à notre séance.
Permettez-moi de poser rapidement une question non partisane, puisque c'est notre dernière audience publique avant l'élection d'un nouveau Parlement.
Le rapport de la Commission de vérité et réconciliation sera déposé demain. Monsieur le vérificateur général, cela fait maintenant 11 ans que je suis membre du comité, et la question des services pour les collectivités éloignées, les Premières Nations et les Inuits est un échec colossal à tous points de vue.
Ce n'est pas un commentaire partisan. J'ai été député sous différents gouvernements, minoritaires et majoritaires. L'une des dernières observations de votre prédécesseur, la merveilleuse Sheila Fraser, juste avant de quitter son poste, concernait cette question. Elle a dit qu'à son avis, cela restait un défi à relever pour le Canada.
Je me rends compte que je vous mets sur la sellette, mais je me demande si vous avez quelque chose à dire aux députés de la prochaine législature, la 42e . Le prochain gouvernement sera choisi parmi les prochains élus, et ils devront s'occuper de ces questions.
Étant donné que nous, en tant que pays — parce que je crois que la majorité des gens qui s'occupent de ces dossiers sont de bonne foi —, avons essayé de surmonter ces difficultés et d'offrir à nos concitoyens dans les régions éloignées du Nord la qualité de vie qu'ils méritent et que le fait d'être citoyen canadien devrait leur garantir, avez-vous des conseils ou des idées pour la prochaine législature, le comité du Parlement, à la fois pour les candidats et pour les prochains députés qui formeront le prochain gouvernement et qui devront s'occuper de ce dossier?
Nous ne voulons surtout pas une autre décennie d'échecs. Avez-vous des idées ou des paroles de sagesse pour la prochaine législature afin que nous obtenions des résultats différents de ceux que nous avons eus jusqu'à présent?