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Je déclare ouverte la 61
e séance du Comité permanent des comptes publics.
Chers collègues, nous tenons aujourd'hui une séance publique pour examiner le chapitre 5 du rapport du printemps 2015 du vérificateur général du Canada. Ce chapitre porte sur les investissements dans les technologies de l'information à l'Agence des services frontaliers du Canada.
Avant de commencer, je veux seulement mentionner que l'Agence des services frontaliers du Canada a remis son plan d'action, et ce dans le délai prescrit. Nous lui en sommes très reconnaissants et nous la remercions. Aussi, je vous rappelle que lundi prochain, le 1er juin, nous tiendrons une autre séance publique pour examiner le chapitre 4 du rapport du printemps 2015 qui porte sur l'accès aux services de santé pour les communautés éloignées des Premières Nations.
Sans plus tarder, je vais demander au vérificateur général, M. Ferguson, de présenter sa déclaration liminaire. Vous avez la parole, monsieur.
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Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter avec vous du rapport du printemps 2015 sur les investissements dans les technologies de l'information gérés par l'Agence des services frontaliers du Canada.
Je suis accompagné de Martin Dompierre, le directeur principal qui était chargé de cet audit.
[Français]
Cet audit a porté sur les méthodes organisationnelles et de gestion de l'Agence des services frontaliers du Canada. Nous avons ainsi vérifié si ces méthodes lui permettent de faire concorder ses investissements dans les technologies de l'information avec les objectifs stratégiques de l'organisation et de favoriser leur réalisation.
Dans le cadre de l'audit, nous avons consulté six ministères et organismes fédéraux pour obtenir leurs commentaires sur leur collaboration avec l'agence.
[Traduction]
L'Agence des services frontaliers du Canada joue un rôle clé pour assurer la sécurité et la prospérité du Canada en gérant l'accès des personnes et des marchandises lorsqu'elles arrivent au Canada ou qu'elles en sortent. Au cours de l'exercice 2013-2014, l'agence a admis au pays quelque 100 millions de voyageurs et a dédouané plus de 14 millions d'expéditions commerciales. Elle a ainsi pu recevoir 26,9 milliards de dollars de recettes.
L'agence compte beaucoup sur les technologies de l'information pour atteindre ses objectifs stratégiques et remplir son mandat, qui est d'assurer la sécurité aux frontières. Le portefeuille actuel de l'agence comprend 30 projets de technologie de l'information, dont le budget s'élève à plus de 1 milliard de dollars.
Dans l'ensemble, nous avons constaté que l'agence avait été confrontée à des difficultés importantes en ce qui a trait à la gestion de son portefeuille d'investissements dans les technologies de l'information de manière à pouvoir assurer la mise en oeuvre de projets en TI qui respectent les exigences établies et produisent les avantages escomptés.
En décembre 2013, l'agence a instauré le nouveau Cadre de gestion du portefeuille de projets en vue de renforcer la gestion des investissements dans les TI. Nous avons constaté que ce cadre était exhaustif. Cependant lors de notre examen de cinq projets par rapport au nouveau cadre, nous avons constaté que l'agence n'avait pas entièrement mis en oeuvre le cadre, ce qui a donné lieu à divers problèmes.
[Français]
Par exemple, nous avons constaté que les renseignements fournis aux comités de direction chargés de superviser le portefeuille des technologies de l'information comportaient des informations financières, des informations sur l'état d'avancement du projet ou des calendriers qui n'étaient pas exacts. Ces informations sont importantes pour s'assurer que les projets sont gérés de manière à respecter chacune des étapes d'approbation, à répondre aux exigences en matière de livraison et à concorder avec les objectifs stratégiques de l'agence.
[Traduction]
Par ailleurs, les projets n'étaient pas souvent assortis d'exigences claires et d'avantages attendus précis et mesurables, ou ils étaient assortis d'avantages attendus qui étaient mal définis. Cela a entraîné des retards dans les projets, un dédoublement des efforts et des exigences organisationnelles non établies. Par exemple, plus de 75 % des projets étaient assortis de peu d'information ou d'aucune information indiquant si ces projets allaient produire les avantages escomptés ou si ces derniers concordaient avec les objectifs stratégiques.
[Français]
Les technologies de l'information jouent un rôle déterminant dans la capacité qu'a l'agence d'atteindre ses objectifs stratégiques et de remplir son mandat. Faute d'une information complète et fiable sur les projets, assortie d'exigences opérationnelles claires, l'agence est très limitée dans la manière dont elle peut gérer avec efficience et efficacité le portefeuille de projets.
Dans notre rapport, nous formulons trois recommandations pour l'Agence des services frontaliers du Canada. L'agence a accepté nos recommandations et nous a communiqué son plan d'action.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité. Je vous remercie.
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Je vous remercie beaucoup.
Je m'appelle Caroline Weber. Je suis la vice-présidente de la Direction générale des services intégrés à l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC. Je suis accompagnée aujourd'hui de mes collègues, M. Louis-Paul Normand, vice-président associé, Information, Sciences et Technologie, et M. Chris Bucar, directeur général intérimaire, Gestion des ressources.
Je remercie le comité de m'avoir donné l'occasion de me présenter aujourd'hui afin de discuter du chapitre 5 du rapport printanier du vérificateur général du Canada.
Comme vous le savez, la vérification des investissements dans les technologies de l'information de l'Agence des services frontaliers du Canada visait à déterminer si les méthodes organisationnelles et les méthodes de gestion de l'agence lui permettent de favoriser la réalisation des investissements en TI.
[Français]
Comme l'a souligné le vérificateur général, l'ASFC est un organisme d'exécution de la loi chargé du double mandat d'assurer la sécurité de la frontière et de contribuer à la prospérité du Canada en gérant la circulation des personnes et des marchandises qui entrent dans le pays et qui en sortent.
Nos responsabilités sont diverses et complexes. À l'heure de la mondialisation, une gestion moderne de la frontière signifie que nous devons concentrer nos efforts sur six domaines clés: repousser la frontière, faciliter l'entrée des personnes et des marchandises commerciales à faible risque, réaliser des activités d'exécution de la loi intégrées et efficaces, améliorer l'efficacité, accroître l'harmonisation avec nos partenaires internationaux et mettre l'accent sur l'excellence du service à la clientèle.
Dans le contexte actuel, la gestion de la frontière suppose l'élargissement de notre compréhension de la frontière, au sens où nous l'entendons d'habitude.
[Traduction]
Plutôt que de considérer la frontière comme une ligne de démarcation située sur le 49e parallèle, nous utilisons de plus en plus l'approche consistant à gérer celle-ci comme un corridor où, autant que possible, les décisions sont prises par étapes et, dans la mesure du possible, avant l'arrivée des personnes et des marchandises. Il est essentiel de contrer le plus tôt possible les menaces afin de renforcer la sécurité et d'améliorer la libre circulation des personnes et des marchandises à notre frontière, et les investissements dans nos technologies de l'information sont essentiels afin de pouvoir atteindre cet objectif.
Depuis 2013, l'ASFC a consacré beaucoup de temps et d'énergie à l'amélioration de la gestion de projets, tout en élaborant et en mettant en oeuvre une des séries les plus complexes de projets de TI au gouvernement du Canada, notamment en assumant des responsabilités importantes dans le cadre du Plan d'action Par-delà la frontière.
Les investissements effectués dans les technologies de l'information ne portent pas uniquement sur l'amélioration de l'efficacité administrative. Ces projets sont nécessaires afin d'obtenir des avantages opérationnels tels que l'amélioration du système de surveillance à l'ASFC, l'examen minutieux des données du dossier passager avant le départ des vols entrants et l'analyse des renseignements du manifeste électronique avant que les envois de marchandises commerciales importées parviennent aux postes frontaliers.
[Français]
Par conséquent, l'agence a un portefeuille de projets de Tl s'élevant à plus d'un milliard de dollars. Comme l'a souligné le vérificateur général, l'agence a instauré un solide cadre de gestion du portefeuille de projets en 2013 afin de mieux gérer ces investissements jusqu'en 2020.
L'ASFC constate avec satisfaction que le rapport printanier du vérificateur général confirme que l'orientation et les mesures prises par l'agence pour continuer d'améliorer la gestion des grands projets de Tl vont dans la bonne direction.
Nous convenons également que le cadre de gestion de projets solide et reconnu continuera d'évoluer afin d'accroître constamment la prévisibilité de la réalisation des projets.
[Traduction]
Dans l'ensemble, la vérification a abouti aux trois grandes conclusions suivantes: même si l'ASFC a établi un solide cadre de gestion du portefeuille de projets, celui-ci repose sur une mise en oeuvre intégrale et sur un processus de gouvernance renforcé des investissements dans les TI; les exigences en matière de systèmes des TI doivent être clarifiées davantage afin d'assurer le respect des exigences des projets, et des mesures doivent être établies pour permettre l'évaluation des avantages des projets; des exigences claires sur la manière dont les renseignements du tableau de bord sont recueillis, validés et présentés doivent être établies afin de permettre la production de rapports uniformes et complets sur l'état des projets de TI.
Monsieur le président, comme l'ASFC l'a indiqué dans le rapport et dans le plan d'action de la gestion fournis au présent comité, elle approuve les conclusions du rapport du vérificateur général. Nous sommes déterminés à continuer à renforcer les mesures de contrôle et la surveillance requise afin de remplir nos engagements en matière de projets de TI, et nous sommes résolus à veiller à ce qu'ils produisent les avantages attendus.
Nous avons mis en place un plan de travail détaillé afin de traiter les principales questions, et celui-ci a été examiné par le Bureau du vérificateur général. Nous respectons le calendrier afin de remplir ces engagements. Voici quelques exemples de ce travail: mettre à jour d'importants documents de planification des TI, tels que le plan d'investissement et le plan annuel des TI, qui comprennent tous les projets d'immobilisations importants des cinq prochaines années; établir des directives visant à faire en sorte que tous les projets de TI respectent l'architecture organisationnelle par des examens de validation des étapes et des approbations officiels; officialiser la fonction de coordination et de surveillance pour l'ensemble des intervenants du projet, élaborer un ensemble de données de référence pour les indicateurs de rendement liés aux avantages et des rapports trimestriels à l'intention des cadres de direction exposant l'état des réalisations des avantages des projets de TI; amorcer un processus d'examen officiel des procédures et des pratiques indiquant la manière dont les renseignements du tableau de bord du projet sont recueillis, présentés et appliqués.
L'agence a également livré son plan d'investissement en TI, lequel comprend toutes les activités principales.
[Français]
Monsieur le président, nous avons dûment pris note de la nécessité de poursuivre la mise en oeuvre de notre solide cadre de gestion du portefeuille de projets et nous prendrons les moyens nécessaires pour améliorer le gestion du portefeuille et la planification de projets, ainsi que la présentation des rapports sur les projets.
Toutefois, nous sommes heureux que le chapitre présenté par le vérificateur général approuve nos travaux et notre plan de travail déjà en cours. Nous sommes aussi heureux d'être en bonne voie de respecter nos engagements dans les délais prévus.
[Traduction]
Monsieur le président, j'aimerais citer ici les commentaires qu'a formulés le vérificateur général à propos de cette vérification, le 29 avril 2015, devant le présent comité:
Nous étions très satisfaits du cadre qui a été mis en place par l'agence et du fait qu'il était complet. Encore une fois, ce qui nous préoccupe, c'est qu'à ce moment-là, il n'était pas toujours appliqué à la gestion et à la surveillance des projets.
Je termine ici mes observations préliminaires. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue et merci aux témoins de leur présence.
[Traduction]
Premièrement, j'aimerais faire une observation. Ces dernières années, le gouvernement du Canada a mis en place des mesures de sécurité très rigoureuses aux postes frontaliers tout en procédant à la plus importante harmonisation avec nos partenaires commerciaux de toute l'histoire du Canada. Je peux m'imaginer à quel point cela pose un défi aux services frontaliers. En plus de cela, je sais que les technologies de l'information évoluent très rapidement, car je viens de la région de Kitchener-Waterloo. Tous les six mois, il y a des nouveautés. Vous avez donc beaucoup de pain sur la planche.
D'après ce que vous avez dit dans votre exposé, Mme Weber, je constate que vous en êtes bien consciente et que la circulation des marchandises, la lutte contre les menaces et la gestion des corridors entre les pays sont prioritaires à vos yeux.
J'aimerais que vous nous donniez un aperçu et que vous nous parliez de l'état d'avancement de deux ou peut-être trois des grands projets de TI que vous menez actuellement en vue d'assurer la sécurité à la frontière et de faciliter la libre circulation des personnes et des marchandises.
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Je vous remercie de la question.
Je ne sais pas si on pensait à des projets en particulier. Le rapport de vérification traite de cinq d'entre eux.
[Traduction]
Je vais commencer par parler des entrées et sorties, parce qu'elles démontrent bien la complexité des TI, que vous avez soulignée. Nous travaillons dans un monde complexe. En raison de la mondialisation, nous avons des partenaires partout dans le monde.
Dans le cas des entrées et des sorties, nous devons avoir la capacité de recueillir des renseignements au sujet des personnes qui quittent le Canada et de les transmettre, dans le mode terrestre, aux États-Unis, et, dans le mode aérien, à d'autres organismes gouvernementaux. Nous devons mettre en application 90 lois adoptées par le Parlement, ce qui signifie que nos partenaires qui utilisent certains des renseignements que nous recueillons ne sont pas directement sous notre surveillance.
Les entrées et sorties sont un bon exemple. Nous avons neuf partenaires au sein du gouvernement qui voulaient ces renseignements. Le premier obstacle important que nous avons rencontré était lié à une évaluation des répercussions sur la vie privée, non pas de la collecte des données, mais de l'utilisation de celles-ci. Mon collègue s'occupe de l'évaluation des répercussions sur la vie privée. Cela a causé certains retards. Un problème plus récent tient au fait que les règles qui nous permettent de faire cela sont incluses dans le projet de loi sur la frontière, qui n'a toujours pas été adopté.
Cela vous montre qu'il y a beaucoup de facteurs externes que nous devons gérer. Nous connaissons bien notre travail, mais nous devons tenir compte de ces contraintes, et je ne vous ai donné que l'exemple des entrées et des sorties.
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Je tiens à remercier tous les témoins pour leur présence ici aujourd'hui. Je vous remercie également pour le travail que vous faites.
J'aimerais d'abord revenir au rapport.
Je suis d'accord avec M. Woodworth, qui a parlé de l'environnement complexe dans lequel vous oeuvrez. Il est d'autant plus complexe parce que vous devez appliquer différentes lois et vous devez traiter avec divers organismes et entreprises privées.
Je sais que notre relation commerciale avec les États-Unis est l'une de nos plus importantes relations. J'appuie entièrement l'initiative Par-delà la frontière, et je sais qu'il en va de même pour les gens de ma circonscription, celle d'Okanagan—Coquihalla. La sécurité et une meilleure circulation des personnes et des marchandises à la frontière sont des éléments essentiels.
Je vais revenir au rapport. En réponse à la recommandation 5.30, l'ASFC s'engage à mettre à jour son plan d'investissement. Je crois que vous avez dit que vous le mettriez à jour d'ici le printemps 2015. Pour ce qui est du plan annuel des technologies de l'information, je crois que ce doit être d'ici juin 2015. Nous sommes pratiquement au mois de juin.
Pourriez-vous faire le point à cet égard et nous dire ce que cela signifie par rapport à la recommandation?
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Nous examinons cette information toutes les deux semaines, et chaque mois également lors de notre réunion du comité des cadres supérieurs.
Au sein de mon organisation, nous jetons un coup d'oeil chez nos collègues pour nous assurer que l'information est exacte. Nous sommes en train de mettre en place des directives plus strictes et plus claires.
Il y avait certaines irrégularités, comme le vérificateur général l'a mentionné. Nous le savions, mais nous nous en accommodions parce qu'il y avait des décalages dans le temps relativement à certains renseignements. Nous n'indiquions pas certains renseignements normalisés qu'il aurait été facile d'ajouter, car nous les connaissions, et ce n'est pas de cette façon que nous fonctionnons généralement à l'interne. Cependant, nous effectuons des changements à cet égard en raison de cette vérification.
Nous allons continuer de surveiller cela et nous allons mener nos propres vérifications internes. Je suppose que le vérificateur général reprendra cette vérification dans quelques années, comme c'est le cas habituellement, et nous ferons à nouveau l'objet d'une vérification externe.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins.
J'aimerais d'abord m'adresser à M. Ferguson.
Dans votre exposé, vous avez formulé des commentaires sur des lacunes identifiées par votre bureau au sein de l'agence et, aujourd'hui, nous avons entendu parler de la complexité de cet énorme projet, qui représente un investissement important de l'argent des contribuables dans l'agence et qui est surtout axé sur la TI. J'aimerais attirer votre attention sur le paragraphe 5.12, à la page 4, dans lequel vous parlez d'un cadre de gestion du portefeuille de projets — selon vos commentaires, l'agence avait conçu un cadre de gestion du portefeuille de projets solide — et de la façon dont ce cadre n'a pas été pleinement utilisé.
En tenant compte de la taille de l'investissement, pouvez-vous nous dire si le cadre de gestion du portefeuille de projets rassurera le gouvernement et les contribuables sur le fait que nous possédons les outils et la structure de gestion qui nous permettent d'effectuer le travail nécessaire à la mise au point de cette importante technologie?
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Nous avons essentiellement déterminé qu'encore une fois, l'agence a conçu un cadre de gestion du portefeuille de projets solide et, comme je l'ai dit plus tôt, nous étions heureux que ce cadre existe.
Au cours des paragraphes suivants, nous parlons de nombreux éléments de ce cadre, par exemple la structure de gouvernance au paragraphe 5.17 et le plan d'investissement au paragraphe 5.21. Ensuite, nous parlons un peu de l'architecture d'entreprise et du profil de risques. Encore une fois, nous avons conclu que plusieurs éléments de ce cadre étaient adéquats.
Toutefois, je crois que pour obtenir le niveau de confiance dont nous parlons — il s'agit d'un portefeuille de projets d'une valeur d'un milliard de dollars —, il est important de veiller à ce que ce cadre soit complètement mis en oeuvre et utilisé. La première étape est franchie, et le cadre est une étape importante, mais ensuite, ce qui est vraiment important, c'est qu'il soit respecté. Par exemple, il faut notamment veiller à ce que tous les renseignements envoyés au comité soient rigoureux et correspondent à tous les documents à l'appui, afin que le comité possède les renseignements appropriés.
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Absolument, et je vous remercie beaucoup d'avoir posé la question.
Il y a quelques années, nous avons reconnu que nous devions améliorer la gestion des projets de TI, et nous avons donc mis en oeuvre ce cadre. Je peux vous dire que grâce à ce cadre, la livraison de nos projets de TI respecte maintenant les échéanciers et les budgets.
En plus de certains des problèmes cernés par le VG, la matérialisation des avantages faisait également partie de notre cadre, mais nous ne l'avions pas encore mise en oeuvre, et nous concrétisons donc ce plan. Nous avons parlé de la matérialisation des avantages au sein de notre comité sur les projets d'innovation et de technologies — je ne crois pas connaître le nom exact du comité, car nous utilisons toujours des acronymes — et nous progressons. Des gens sont mobilisés pour examiner la gestion et la matérialisation des avantages.
Je crois que nous ne sommes pas les seuls au sein du gouvernement du Canada. Ce n'est pas une excuse, étant donné la taille et l'importance des travaux que nous menons, mais je crois qu'il s'agit d'un élément avec lequel nous avons éprouvé des difficultés partout au sein du gouvernement, car même si nous avons une idée de ce qu'accomplira le système de TI — et un grand nombre de nos systèmes remplacent d'anciens systèmes afin d'améliorer la sécurité, et pas toujours en vue de générer des économies —, nous ne l'avons pas toujours quantifié. Nous devons donc concrétiser les économies préalablement calculées ou les avantages préalablement cernés.
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Bonjour mesdames et messieurs. J'aimerais remercier les témoins d'être ici aujourd'hui et de répondre à nos questions sur le chapitre 5 du rapport.
J'aimerais revenir au paragraphe 5.37, car je ne crois pas que nous avons obtenu suffisamment d'éclaircissements en ce qui concerne les questions posées par mon collègue, M. Allen.
Il est évident, à la page 13 du rapport, que le retard lié au projet était attribuable à une divergence d'opinions entre l'Agence des services frontaliers du Canada et Immigration Canada sur une fonctionnalité essentielle. Cela a occasionné un retard de trois mois et un coût additionnel de 2,3 millions de dollars, car l'agence a été forcée de prolonger le contrat du fournisseur.
J'aimerais connaître cette fonctionnalité essentielle, et la raison pour laquelle il a fallu trois mois et 2,3 millions de dollars pour résoudre cette question au sein du ministère. Quelle était la divergence d'opinions qui n'a pas été repérée avant d'atteindre ce point?
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Merci d'avoir posé la question.
Le remplacement de ce système se fait en deux volets. L'un d'entre eux est sous le contrôle de l'ASFC, et il s'agit de la base de données sur les avis de surveillance dont nous avons parlé plus tôt. L'autre volet concerne l'utilisation, par les agents des bureaux d'entrée, du SMGC, c'est-à-dire le système mondial de gestion des cas, déployé et géré par CIC. Dans ce cas-ci, nous utilisons actuellement le SSOBL. Lorsqu'un passeport est numérisé, les données sont transmises dans la banque de données appelée SSOBL, et c'est ce que nous sommes en train de mettre hors service. Le SSOBL sert actuellement aux deux systèmes.
Nous avons dû nous entendre sur ce qui serait fait dans le SMGC, donc dans le système de CIC, et sur ce qui devait être fait et mis au point par l'ASFC. Il ne s'agit pas d'un coût supplémentaire, car si nous ne l'avions pas fait — dans ce cas-ci, nous avons décidé de le faire —, CIC aurait dû le faire.
Le désaccord était donc attribuable à l'exercice consistant à déterminer qui s'en chargerait, et cela n'a pas occasionné de dépassement des coûts. Les 2,3 millions de dollars étaient pour le permis pour le fournisseur du SSOBL, c'est-à-dire le fournisseur habituel. La décision aurait été de poursuivre ces activités de toute façon, car nous avions mis en oeuvre le plan de déploiement. Autrement dit, nous n'aurions pas du tout été en mesure de fermer le SSOBL en tant que système de secours en décembre 2013, comme nous l'avions prévu au départ.
Ce n'était donc pas vraiment un coût supplémentaire.
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Évidemment, c'est notre objectif.
Pour rendre la frontière plus sécuritaire, il faut interagir avec nos partenaires. Cela veut dire avoir un autre système. Toutefois, quand on dit cela, on ne parle pas simplement d'un système. On parle de 288 applications et de 42 bases de données. L'enjeu principal est l'intégration et l'interaction entre ces systèmes.
Ce système doit tout faire d'une façon exemplaire. C'est pourquoi l'architecture devient absolument critique. Il faut s'assurer que ce soit ouvert, mais que l'on augmente la sécurité en même temps. C'est primordial.
À vrai dire, c'est l'enjeu principal. Souvent, l'ASFC va décider de ne pas aller de l'avant avec un système parce qu'elle n'est pas nécessairement en mesure de mettre les bons boulons aux bonnes places pour s'assurer que cela va être sécuritaire.
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D'accord. Merci pour votre question.
En ce qui concerne les cinq projets, nous avons indiqué que nous avions un cadre de mesure du rendement depuis 2012. Dans ce cadre, il n'était pas question de la gestion des investissements ni de la matérialisation des avantages. Tous ces projets s'inscrivaient dans le cadre de gestion de projet. Le Cadre de gestion du portefeuille de projets, qui a été déployé en février 2014, a ajouté une certaine rigueur.
Il ne s'agit pas de savoir si un projet devrait être exempté ou non; tous les projets y sont désormais assujettis. Au moment de l'audit, aucun nouveau projet n'avait franchi les étapes initiales. Tous les projets en étaient aux dernières étapes du Cadre de gestion du portefeuille de projets.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, pour tous les projets actifs, j'ai demandé aux gens de retourner en arrière pour satisfaire les exigences des étapes antérieures — recenser tous les avantages, définir les exigences et ainsi de suite. Il n'y a aucune exception. Ils ont franchi ces étapes sans l'avoir fait au départ.
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Merci pour votre question.
Comme nous l'avons indiqué, nous avons terminé notre plan de TI, notre plan d'investissement, et plusieurs autres choses que vous pouvez voir dans notre plan d'action de la gestion. J'ai examiné une version provisoire du rapport sur la matérialisation des avantages, et nous avons encore du chemin à faire. Le rapport sera prêt en septembre. Comme je l'ai dit, nous avons des équipes qui veillent à ce que les avantages soient mis en oeuvre pour chacun des projets qui sont mis en branle.
Nous nous réjouissons de cette possibilité.
Nous avons travaillé très fort à l'agence pour tirer parti des audits et des évaluations qui nous fournissent de l'information de gestion et nous aident à mieux faire notre travail. Comme je l'ai dit, la matérialisation des avantages faisait déjà partie de notre plan de travail, mais l'audit a mis en relief d'autres secteurs où il valait mieux mettre en place des processus plus rigoureux afin que ce soit la norme à l'agence.
D'ailleurs, à propos de la complexité, je pense également que notre cadre nous permet de relever les problèmes plus tôt pour que nous puissions envisager des solutions de remplacement, de façon à ne pas avancer à l'aveuglette dans un projet qui ne fonctionne pas ou qui ne contribue pas à l'atteinte des objectifs de l'agence. Par conséquent, le processus par étapes nous permet de suivre la situation de près et de voir si un projet est sur la mauvaise voie ou ne respecte pas le budget. Je pense que nous recevons beaucoup d'information à ce sujet à intervalles réguliers.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Normand, mon bon ami Falk vous a questionné sur l'achat de ce qui est disponible dans le commerce, mais je sais que vous ne cherchiez pas un ordinateur Atari ou Commodore 16.
Permettez-moi de revenir au paragraphe 5.37, page 14, sur le système de soutien des opérations des bureaux locaux. À une question, vous avez répondu, tout à l'heure, qu'il y avait un différend entre votre agence et Immigration Canada. Il n'y a pas de confusion; c'est absolument vrai.
Vous avez ajouté, je crois, que la question était de savoir qui devait le faire, ce qui pouvait sous-entendre qui paierait. Était-ce ce que vous vouliez dire?
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D'accord. Je n'ai pas le temps d'y revenir. Vous pouvez le faire vous-même.
J'ai une question précise pour vous, madame Weber. C'était en fait la question de Mme Jones. Je retournerais à sa première intervention, quand elle l'a posée.
Madame Weber, vous avez reconnu, il me semble, que le vérificateur général juge très bon, globalement, votre macrosystème, si vous me passez l'expression. La question est de s'assurer que vous cochiez en cours de route les cases correspondant aux jalons, ce que vous n'avez pas si bien réussi. Vous avez convenu que vous deviez le faire, d'après votre plan.
Maintenant, comment avez-vous l'intention de vous en assurer? Je reconnais que vous ne le faites pas. Ce n'est pas vous, individuellement, qui allez vous en charger. Ce travail important mobilise beaucoup de monde.
Comment allez-vous vous assurer que ce sera fait? Le vérificateur général a clairement dit que, la dernière fois, cela n'avait pas été fait.
:
Je vous remercie pour la question.
Nous avons tous participé aux décisions sur les jalons à cocher pendant que nous mettions le nouveau cadre en oeuvre. La difficulté, pour nous, est venue des projets de TI déjà entrepris, qui avaient débuté, qui étaient très avancés et près d'être terminés quand nous avons inauguré un nouveau cadre de gestion des projets. Nous nous sommes alors demandé si nous devions retourner en arrière pour cocher les cases de ces projets ou continuer et livrer le résultat, particulièrement à la veille de terminer un projet, sachant qu'il ne serait pas étayé par de l'information, mais doutant que c'était alors la bonne façon d'utiliser nos ressources.
Maintenant, tous nos projets passent intégralement par le cadre, sans exception, et nous les vérifions continuellement. En effet, ces projets...
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Dans le paragraphe 5.6, nous parlons de l'importance de communiquer le bilan d'un projet aux responsables de sa supervision pour qu'ils puissent faire le point.
C'est un exemple de projet interentreprises où il était difficile de comprendre exactement à quelle étape il se trouvait, parce qu'on semblait avoir dit qu'il était terminé, mais, en même temps, on continuait d'y travailler.
C'est important de le comprendre. Il est indispensable, dans l'examen d'un projet, de s'assurer de la réalisation de chaque étape, en cours de route, pour comprendre qu'on a répondu à toutes les exigences, dans le respect du budget et des délais, pour que les travaux arrivent aux résultats prévus.
Jamais nous ne demanderons à un ministère de retourner en arrière et d'essayer de refaire les jalons qui ont déjà été franchis. Mais nous nous attendrions à ce que, au moment de l'inauguration d'un nouveau cadre, il examine au moins les projets entrepris et détermine s'ils semblaient maintenir le cap pour donner les résultats prévus, sans égard au fait qu'on ne peut pas retourner en arrière et obtenir de l'information sur certains jalons, qu'ils aient été franchis ou non.
:
Merci, monsieur le président.
Madame Weber, vous sembliez vouloir répondre à l'une des observations de M. Allan. Vous aviez l'impression que tout était sur le tapis? C'est bien. Je suis heureux de l'entendre.
Quand on discute de cadres, et ainsi de suite, il me semble que, en partie, c'est pour s'occuper des complexités qu'a soulevées M. Woodworth, répondre aussi aux questions de M. Falk, pour ne pas s'égarer dans la mauvaise piste ni faire de mauvaise surprise à CIC ou à un autre organisme.
Je pense qu'il importe aussi de faire le point, un moment, et de se dire que, malgré une complexification sans cesse croissante, il est possible de réaliser un excellent projet en respectant les coûts, les délais et ainsi de suite, et de confier à deux personnes ou à une petite équipe la tâche de vérifier tous les contrôles internes. Mais je comprends le vérificateur général quand il dit que cela comporte un risque considérable. J'aurais tendance à croire que si un membre de l'équipe tombait malade ou que si l'équipe était dissoute, il pourrait se poser des questions longtemps après, qui ne trouveraient pas de réponse. Voilà pourquoi on crée ces cadres, pour que vous puissiez comparaître devant un comité parlementaire comme le nôtre, répondre aux questions et affirmer que le contribuable obtient tout ce qu'il est censé obtenir.
Je le comprends. Alors que, chaque jour, 90 000 personnes traversent nos frontières, je suis heureux que des personnes comme vous puissent s'en occuper.
J'avais aussi une question concernant le paragraphe 5.57, à la page 21, celle à laquelle M. Allen s'est arrêté.
Depuis mai 2014, la Direction générale de l'information, des sciences et de la technologie a mis en place un nouveau processus pour surveiller le rendement des projets au moyen d'une technique de rapport appelée la gestion de la valeur acquise...
Je n'en ai jamais entendu parler. Pourriez-vous, s'il vous plaît, m'en donner une idée? Quel est le rapport avec les motifs de préoccupation du vérificateur général?
:
Merci pour la question.
La technique de la gestion de la valeur acquise existe depuis des lustres. Il faut d'abord un bon plan. En s'en inspirant, on fait le plein des ressources à livrer d'après lui. On s'applique ensuite à faire le suivi de la valeur prévue. Après six mois de travaux, un projet de 12 mois devrait être à moitié terminé. Si les données réelles, les données financières s'écartent du taux de 50 %, cet écart se prête à un suivi. C'est l'essence de la valeur acquise. Cela permet de suivre les prolongations de délais, les dépassements de coûts.
Sur le tableau de bord que nous communiquons maintenant au Conseil du Trésor, la couleur des coûts et de l'échéancier n'est plus subjective. Elle se fonde sur un pourcentage d'écart par rapport aux coûts ou aux délais.
L'analyse de la valeur acquise permet de sensiblement objectiver le processus. Au risque de me répéter, il s'agit, avant tout, de produire un plan de qualité dès le départ. Les gens pressés produiront souvent des plans médiocres s'ils estiment pouvoir s'en tirer impunément.
La technique de la valeur acquise permet de repérer rapidement les mauvais plans.
:
Certainement. Je vais essayer d'être brève.
Comme nous l'avons dit, nous avons actualisé notre plan d'investissement et notre plan annuel des TI, dans le cadre de notre cycle régulier et nous les avons déjà soumis à l'approbation du Conseil du Trésor.
Je passe au point suivant.
Nous continuerons à étendre dans toutes ses dimensions l'architecture organisationnelle définitive. D'ici septembre 2015, on mettra la dernière main à une directive fonctionnelle touchant tous les domaines de l'architecture organisationnelle. En plus, nous avons entrepris des projets individuels pour les rapprocher des normes architecturales entièrement conformes aux orientations de Services partagés Canada. Le cadre de gestion du cycle de vie des services fait que tous les projets respectent les orientations de l'architecture organisationnelle.
Enfin, nous continuerons de maintenir notre profil des risques liés aux projets Par-delà la frontière et de faire le point intégral sur les risques touchant notre portefeuille aux réunions trimestrielles du comité consultatif supérieur de projet pour Par-delà la frontière.
Est-ce que mon temps est écoulé?
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Oui. Excellente intuition. Bien répondu. Merci.
Merci, monsieur Albas.
C'est ainsi que se termine non seulement la période d'intervention de M. Albas, mais aussi la période réservée par le comité à l'audition des témoins.
Faute de motion ou de proposition en sens contraire, et comme personne ne semble vouloir en présenter, permettez-moi de remercier, au nom du comité, nos invités de l'Agence des services frontaliers du Canada.
Comme d'habitude, je remercie notre vérificateur général pour son excellent travail et celui de son organisation. Nous lui en sommes très reconnaissants.
Sur ce, chers collègues, que tous ceux qui sont pour l'ajournement de la séance, quittent la pièce.
La séance est levée.