:
Chers collègues, je déclare ouverte la 42
e séance du Comité permanent des comptes publics.
J'ai quelques points à aborder avant que nous commencions.
À 16 h 30, je vais devoir quitter, car j'ai un engagement. La vice-présidente est la personne qui a choisi ce chapitre, et elle ne pourrait pas interroger librement les témoins si elle devait me remplacer, alors j'ai demandé à quelqu'un d'autre de prendre ma place durant la dernière heure. J'espère que vous êtes d'accord. J'ai présumé que Mme Jones préférerait poser des questions. J'ai donc demandé à M. Hayes, qui n'est pas vice-président mais un membre de longue date du comité, de me remplacer pendant la dernière heure, et il a accepté. J'espère que le comité juge que c'est acceptable.
Comme vous le savez, nous sommes ici pour étudier le chapitre 6 du rapport du printemps 2014 du vérificateur général du Canada, qui porte sur les programmes de paiements de transfert de l'Agence canadienne de développement économique du Nord.
Avant de commencer, j'aimerais prendre un instant pour annoncer publiquement que Jocelyne Therrien prendra sa retraite en janvier. Elle est la directrice principale de la liaison avec le Parlement au Bureau du vérificateur général. C'est elle qui veille au bon déroulement des travaux menés au Bureau du vérificateur général.
Jocelyne, dans tout le processus, vous êtes une des personnes qui ne reçoivent pas beaucoup d'attention. À part nous, il n'y a pas beaucoup de gens qui sont témoins du travail que vous effectuez. Nous savons que votre contribution est extraordinaire. Je tiens à vous remercier grandement au nom de tous les comités qui ont eu l'honneur de travailler avec vous. Je dois dire que les vérificateurs généraux ont eu beaucoup de chance d'avoir pu compter sur vous. Je vous remercie infiniment pour votre travail au sein de la fonction publique du Canada, pour le Comité des comptes publics et pour le Bureau du vérificateur général. Nous vous souhaitons une très longue et heureuse retraite grandement méritée.
Des voix: Bravo!
Le président: C'est Michelle Salvail qui prendra la relève. Nous vous souhaitons la bienvenue. Nous nous reverrons au début de la nouvelle année.
C'est tout ce que j'avais à dire avant que nous entrions dans le vif du sujet. Alors, à moins qu'il n'y ait d'autres interventions, nous allons commencer.
Nous recevons bien sûr le vérificateur général, Michael Ferguson. Nous accueillons également la présidente de l'Agence canadienne de développement économique du Nord, Janet King.
Je vais demander à chacun de vous deux de présenter les personnes qui vous accompagnent et votre déclaration liminaire si vous en avez une.
Sans plus attendre, je vous donne la parole, monsieur le vérificateur général.
[Français]
Je vous remercie, monsieur le président, de nous donner l'occasion de discuter du chapitre 6 de notre rapport du printemps 2014 intitulé « Les programmes de paiements de transfert — Agence canadienne de développement économique du Nord ». Je suis accompagné de M. Glenn Wheeler, directeur principal, qui était chargé de cet audit.
L'Agence canadienne de développement économique du Nord a été mise sur pied en 2009. Il s'agit du premier organisme autonome du Canada voué à la promotion du développement économique dans les trois territoires du Canada.
Nous avons examiné si l'agence gérait certains programmes sélectionnés de paiements de transfert à l'appui du développement économique conformément aux principales exigences de la Politique sur les paiements de transfert. Nous avons aussi examiné si l'agence avait établi l'organisme et aménagé ses ressources de façon à remplir son mandat global.
[Traduction]
Notre examen a porté sur trois programmes: le programme d'investissements ciblés, le programme de développement économique des communautés et le programme d'éducation de base des adultes du Nord. Les ententes de contribution conclues par l'agence avec les bénéficiaires de fonds servent à réaliser des projets qui s'inscrivent dans les objectifs de ces programmes. Au 31 mars 2013, l'agence avait signé 345 ententes de contribution en vertu de ces trois programmes, pour un montant d'environ 100 millions de dollars destiné à divers projets de développement économique.
Nous avons conclu que l'agence mettait en oeuvre un cadre de gestion pour ses programmes de paiements de transfert et qu'elle évaluait adéquatement l'admissibilité des projets dans deux des trois programmes. Cependant, sa gestion des ententes de contribution était faible. Par exemple, nous avons constaté qu'il a fallu, en moyenne, plus de neuf mois après la réception d'une demande pour qu'une entente de contribution soit signée. En conséquence, certaines de ces ententes ont été signées tard dans l'exercice visé, et certains bénéficiaires ont eu peu de temps pour utiliser les fonds. Des 42 ententes que nous avons examinées, 23 avaient été signées au dernier trimestre.
Nous avons aussi noté que l'agence ne surveillait pas adéquatement les contributions qu'elle avait versées. Elle n'avait pas recueilli suffisamment d'information auprès des bénéficiaires pour pouvoir vérifier s'ils se conformaient aux obligations énoncées dans les ententes de contribution.
De plus, pour les 42 ententes que nous avons examinées, nous avons constaté que l'agence n'avait pas reçu tous les rapports exigés. Par exemple, environ 15 % des rapports qui devaient être présentés pour les exercices 2010-2011 et 2011-2012 n'avaient pas été reçus. Des rapports reçus, environ 80 % avaient été présentés en retard et, dans la plupart des cas, le retard atteignait plusieurs mois. Nous n'avons trouvé dans les dossiers de projet que peu d'éléments probants montrant que l'agence avait communiqué régulièrement avec les bénéficiaires pour obtenir les rapports ou pour réaliser d'autres activités de surveillance, comme des appels téléphoniques ou des visites sur place.
[Français]
En conséquence, l'agence ne savait pas si les programmes de développement économique atteignaient les objectifs escomptés ou si les fonds accordés contribuaient de quelque façon que ce soit au développement économique du Nord.
Au moment de la mise sur pied de l'agence en 2009, le gouvernement avait décidé, dans le cadre de sa stratégie, que l'administration centrale serait située à Iqaluit. Cependant, au moment de notre audit, l'agence n'avait pas encore été en mesure de pourvoir certains postes clés dans le Nord, et certaines fonctions organisationnelles importantes continuaient d'être exécutées à partir du bureau de liaison d'Ottawa. L'agence mettait à jour son plan de ressources humaines en vue d'établir un plan d'embauche, mais elle n'avait pas de plan pour relocaliser ses fonctions organisationnelles à lqaluit.
L'agence a accepté nos recommandations et a préparé un plan d'action pour donner suite à chacune d'elles. Le comité souhaitera peut-être s'informer auprès de l'agence au sujet de son calendrier et des résultats escomptés.
[Traduction]
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité.
Merci.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je m'appelle Janet King et je suis présidente de l'Agence canadienne de développement économique du Nord, ou CanNor, depuis juillet 2014.
Mitch Bloom, le vice-président de l'agence, Yves Robineau, le directeur financier, et Michael Bloor, le directeur des opérations au Yukon, sont avec moi aujourd'hui. M. Bloor a été directeur général des opérations par intérim pendant les sept derniers mois.
[Français]
Je suis heureuse d'avoir l'occasion de prendre la parole devant le comité au sujet de l'agence et de notre mandat pour stimuler le développement économique dans les trois territoires du Canada. De plus, je vais vous parler du plan d'action de gestion en réponse au rapport du printemps 2014 du vérificateur général.
Pour commencer, j'aimerais remercier le vérificateur général pour son travail et souligner que nous avons accepté toutes les recommandations du chapitre 6 et de son rapport du printemps 2014 concernant le programme de paiements de transfert de CanNor.
En travaillant avec divers partenaires et intervenants, CanNor aide à développer une économie diversifiée, durable et dynamique dans le Nord. Nous le faisons par l'intermédiaire de nos programmes de contributions et du Bureau de gestion des projets nordiques, ainsi qu'en menant des recherches stratégiques.
[Traduction]
Depuis sa création, il y a cinq ans, l'agence a pris des mesures pour s'assurer que ses programmes sont administrés avec efficacité et efficience, et nous cherchons continuellement des occasions d'amélioration. La vérification a fait ressortir la nécessité pour CanNor d'améliorer ses processus opérationnels, de mettre en oeuvre des stratégies de mesure du rendement pour ses programmes et d'établir entièrement son administration centrale à Iqaluit.
En réponse au rapport du vérificateur général et pour améliorer la gestion de l'administration de l'agence, nous avons affiché sur notre site Web des renseignements détaillés sur les programmes et des formulaires de demande pour nos deux principaux programmes de contribution, le Programme d'opportunités économiques pour les Autochtones du Nord, le POEAN, et le programme Investissements stratégiques dans le développement économique du Nord, ou ISDEN, notre programme le plus important. Nous avons aussi élaboré de nouvelles lignes directrices sur les programmes, des formulaires d'évaluation des projets ainsi que des normes de service pour ces deux programmes de contribution.
Nous avons élaboré un outil de correspondance et de surveillance des projets pour nous aider à surveiller les projets et à en faire rapport. De plus, nous avons élaboré un outil de contrôle de la qualité pour réduire les incohérences des accords de financement et assurer la conformité à la stratégie de mesure du rendement de CanNor.
Ensuite, nous avons élaboré une trousse à l'intention des agents de développement économique permettant une gestion améliorée des ententes de contribution. Entre mars et mai 2014, nous avons tenu des séances de formation régionales avec tous les agents de développement économique de l'agence, et nous continuerons de tenir de telles séances régulièrement.
En juillet dernier, nous avons établi un outil d'évaluation des risques pour le POEAN et le programme ISDEN. En août, nous avons terminé l'élaboration d'un processus de contrôle financier et sa mise en oeuvre va bon train. Parallèlement, CanNor a élaboré une politique interne sur les subventions et les contributions. Enfin, cet été, l'agence a également mis à jour son plan de ressources humaines, a établi un plan d'embauche des Inuits et un plan en dotation stratégique.
Notre plan d'action de gestion, que nous avons transmis au comité, fournit les détails et l'échéancier de ces efforts.
CanNor s'engage à une reddition de comptes complète et à l'excellence dans l'administration de ses services et programmes. Par exemple, CanNor a récemment regroupé ses quatre programmes de développement économique des Autochtones en un seul. Maintenant appelé le Programme d'opportunités économiques pour les Autochtones du Nord, il a été lancé le 1er avril 2014 et il est axé sur les possibilités et les résultats et cherche à maximiser les possibilités économiques pour les collectivités et les entreprises autochtones du Nord. Il est également plus simple de demander du financement dans le cadre de ce programme et il est plus facile à administrer puisqu'on doit gérer un seul ensemble de conditions plutôt que quatre. Nous avons utilisé ce renouvellement du programme comme catalyseur pour accélérer nos efforts en vue d'améliorer nos processus opérationnels et administratifs pour les évaluations de projets. Cette même approche a été adoptée pour établir les stratégies de mesure du rendement de l'agence. Une par une, les stratégies de mesure existantes ont été examinées et mises à jour pour répondre à nos besoins opérationnels et en matière de rapports. Je suis contente de dire que toutes nos stratégies de mesure ont été renouvelées afin d'être mesurables et pertinentes.
Les nouvelles mesures ont donné naissance à deux nouveaux outils pour en faire le suivi. Chaque accord de contribution est maintenant saisi dans un nouveau système de suivi et des données sont recueillies sur les exigences relatives à la production de rapports que doivent respecter les promoteurs. Pour nous assurer que ces outils sont utilisés adéquatement, nous en avons profité pour mettre à jour notre documentation de programme et nous avons mis en oeuvre une formation pour tous nos agents de programme.
L'utilisation cohérente de ces nouveaux outils améliorera la surveillance des résultats tirés de nos investissements. Nous examinerons également ces outils et processus régulièrement afin de nous assurer qu'ils demeurent actuels et efficaces.
Dans le cadre de notre réponse à cette vérification, nous avons maintenant lancé un processus interne au cours duquel notre directeur financier et son personnel examineront nos dossiers de contribution au moyen de vérifications ponctuelles afin de cerner toute question émergente et de surveiller l'efficacité des nouveaux outils.
Le vérificateur général a observé que le processus visant à compléter un accord de contribution était trop long. Nous avons profité de l'occasion pour examiner nos processus opérationnels et nos normes de service en vue d'accélérer le traitement des dossiers. Maintenant, nous respectons de façon constante la norme de 90 jours pour la clôture des dossiers. Le délai commence à la réception de la demande de financement.
Le nouvel outil de suivi pour les exigences relatives à la production de rapports par les promoteurs nous a aidés à surveiller la réception des rapports ainsi que l'important va-et-vient lié à la réception de ces rapports. Nos surveillances avec le nouvel outil ont montré que nous appliquons maintenant de façon cohérente les conditions de paiement et, au besoin, nous retenons le paiement final si les rapports finaux ne sont pas reçus en temps opportun.
Je voudrais parler de ce que l'agence fait pour créer une main-d'oeuvre à l'égard de notre objectif visant à accroître le nombre d'employés à l'administration centrale d'Iqaluit.
Nous avons élaboré un plan de ressources humaines, lequel comprend un plan d'embauche des Inuits et un plan en dotation stratégique. Ces plans établissent la stratégie globale de l'agence, qui vise à recruter et à retenir une main-d'oeuvre qualifiée, professionnelle et diversifiée avec une mise en valeur des besoins du bureau à Iqaluit.
Nous considérons que ces outils sont essentiels dans un marché très concurrentiel pour le talent dans le Nord. L'une de nos initiatives novatrices est le projet pilote sur l'apprentissage et le perfectionnement des Inuits. En collaboration avec d'autres ministères fédéraux au Nunavut et avec Nunavut Tunngavik Inc. et le gouvernement du Nunavut, nous avons offert une expérience de travail et des activités d'apprentissage à 12 participants Inuits au cours d'une période de 16 mois. Nous constatons déjà les avantages de ce projet et procédons présentement à l'embauche de certains des diplômés.
Je suis également heureuse de signaler que le comité a récemment embauché un nouveau directeur général des opérations qui travaille de façon permanente au Nunavut. Nous procédons également présentement à la diffusion de concours pour des postes clés dans le secteur des politiques ainsi que pour le poste de gestionnaire des finances. Au fur et à mesure que des postes des services intégrés deviendront vacants à Ottawa, ces postes seront pourvus à Iqaluit.
[Français]
L'agence contribue grandement au développement économique du Nord. Parallèlement, nous comprenons l'importance d'une prestation efficace et efficiente des programmes. Nous sommes déterminés à continuer d'améliorer nos approches dans ces secteurs.
[Traduction]
C'est avec plaisir que je répondrai aux questions des membres du comité.
:
Évaluer les résultats économiques est probablement une des choses les plus difficiles à faire au Canada. C'est ce que tentent de faire la banque centrale et bien d'autres organismes.
Cela dit, lorsque l'agence a été mise sur pied, elle a essayé de trouver des façons d'évaluer l'économie du Nord, qui, je vous l'assure, est bien différente de celle du reste du Canada. Elle est particulière. Si vous consultez notre site Web — et je vous encourage à le faire — vous verrez que nous avons établi un certain nombre d'indices qui nous permettent de suivre l'évolution d'aspects uniques de l'économie du Nord. On ne se concentre pas uniquement sur le produit intérieur brut et sur la création d'emplois, mais aussi sur les revenus des ménages, étant donné les enjeux socioéconomiques, et sur le nombre de ménages en général.
Nous observons tous ces éléments. C'est le genre de mesures macroéconomiques que nous utilisons pour suivre l'évolution de l'économie en général. C'est ce que nous faisons, car, comme Mme King l'a mentionné, cela fait partie du travail de l'agence.
En outre, comme on l'a souligné dans la déclaration liminaire, nous évaluons toutes nos activités de façon très précise. Ce serait trop long de vous donner des explications détaillées à ce sujet, mais cela fait partie de notre travail également. Nous examinons chaque élément, et pas seulement les tableaux d'ensemble.
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Nous avons fait plusieurs choses pour appliquer cette recommandation. Dans un premier temps, nous avons établi de l'information détaillée concernant les deux programmes que j'ai mentionnés plus tôt, c'est-à-dire le programme d'opportunités économiques pour les Autochtones du Nord et le programme Investissements stratégiques dans le développement économique du Nord. Nous avons diffusé dans notre site Web des renseignements complets au sujet de ces programmes.
Nous avons aussi créé, pour ces deux programmes, de nouveaux formulaires de demande très détaillés qui sont conformes aux lignes directrices qui s'appliquent à ces programmes. Nous les avons diffusés dans notre site Web au printemps.
Nous avons également élaboré de nouvelles lignes directrices sur les programmes et des formulaires d'évaluation des projets à l'intention de nos agents de développement économique. Ces formulaires sont uniformes, actuels et conformes à toutes les nouvelles lignes directrices. Ce travail s'est terminé en juillet.
J'ai une précision à apporter au sujet d'un élément qui figure dans le plan d'action que nous vous avons remis. Il est écrit que les lignes directrices du programme ISDEN seraient achevées d'ici novembre 2014, et je peux affirmer qu'elles sont maintenant prêtes. Voilà une autre tâche que nous avons accomplie.
Un autre élément important est le travail qu'effectuent nos agents de programme dans le Nord, précisément à Iqaluit, Yellowknife et Whitehorse. Nous devions veiller à ce qu'ils soient mis au courant de tous ces changements et des nouveaux outils. Nous avons donc tenu des séances de formation et de planification à l'intention de nos agents pour leur expliquer le renouvellement et la mise en oeuvre des programmes de sorte qu'ils puissent contribuer à leur bon fonctionnement. Ces séances ont eu lieu au printemps, entre mars et mai 2014.
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Vous n'assumiez aucune responsabilité au sein de l'agence avant d'y être nommée présidente. J'ai posé ma question de cette façon parce que je ne voulais pas vous demander ce qui s'est passé avant si vous n'étiez pas là. C'est pourquoi je voulais que vous précisiez que vous n'avez occupé aucun autre poste au sein de l'agence auparavant.
Permettez-moi de vous amener à la page 19 du rapport du printemps du vérificateur général, précisément au paragraphe 6.77 du chapitre 6. Je vais en lire la première moitié:
L'Agence canadienne de développement économique du Nord n'a pas géré ni exécuté certains programmes sélectionnés de paiements de transfert à l'appui du développement économique conformément aux principales exigences de la Politique sur les paiements de transfert. La gestion des ententes de contribution par l'agence est faible; la surveillance exercée à l'égard des bénéficiaires est inadéquate; et l'agence n'a pas mesuré l'atteinte des objectifs de ses programmes ni n'a présenté de rapports à cet égard.
Je ne crois pas que ces constatations signifient que l'agence accomplit bien son travail.
Je vais lire ce qui suit, parce que c'est indiqué dans le rapport et que je sais que mes collègues d'en face vont le souligner:
Néanmoins, l'agence a commencé à s'attaquer à ces problèmes. En 2012...
Il est question ensuite de la façon dont l'agence s'est employée à régler ces problèmes.
Depuis le peu de temps que vous occupez ce poste, vous semblez avoir fait des efforts pour mettre en oeuvre certains changements. Je sais qu'il s'agit d'une très courte période, madame King. Vous n'avez pas eu beaucoup de temps, entre juillet et décembre, pour évaluer la situation actuelle par rapport à celle qui existait avant 2012, donc avant votre arrivée. On pourrait dire qu'à cette époque l'agence obtenait une note — si on veut accorder une note — d'environ D moins.
Comment comptez-vous mener cette transition destinée à vous amener à obtenir une note de passage?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie nos invités d'être venus aujourd'hui et de répondre à nos questions.
J'ai beaucoup de questions au sujet de ce rapport. Je vais commencer avec le paragraphe 6.35. Dans ce paragraphe, vous mentionnez que, pour certaines ententes de contribution, les documents n'avaient pas été remplis ou transmis à temps et qu'il y avait des lacunes au niveau du suivi. Je sais que vous avez déjà abordé ces éléments, mais je les mentionne car cela m'amène où je veux en venir.
Je veux en venir aux paragraphes 6.35 à 6.53. Au paragraphe 6.53, il est écrit que l'agence « a affirmé que les valeurs et l'éthique étaient importantes dans la gestion des subventions et des contributions. » Nous parlons d'éthique alors que la plupart des documents n'avaient pas été transmis et que le système de suivi était inadéquat.
Le jour même je crois de la publication du rapport, j'ai fait inscrire une question au Feuilleton de la Chambre des communes au sujet du nombre de contrats de moins de 10 000 $ accordés par CanNor durant une période d'environ un an se terminant en 2014. C'est donc à peu près au même moment que l'agence a réaffirmé que l'éthique était importante. J'ai remarqué plusieurs choses.
Premièrement, j'ai remarqué qu'une société avait obtenu un contrat pour la rédaction de discours. Il s'agit d'une société dont le siège est à Ottawa et qui s'appelle Don Cummer and Associates. Cette société contribue depuis longtemps aux campagnes électorales du Parti conservateur du Canada.
Ma question porte sur les valeurs et l'éthique et la gestion des subventions et des contributions attribuées par CanNor. Que peut-on dire des contrats qui sont accordés à des donateurs de longue date du Parti conservateur?
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Ce que je trouve intéressant dans un rapport de vérification, ce n'est pas tant ce qu'il révèle, mais bien ce qu'il ne révèle pas. On peut souvent déduire ce qui est passé sous silence à partir de l'information qu'il contient.
Il se dégage très clairement de la conclusion, à la page 23, que les faiblesses mises en lumière par la vérification concernent principalement l'administration, le suivi, l'évaluation et les rapports. Il n'y est pas question de l'efficacité du programme. Il me semble très important de le souligner: l'efficacité du programme n'a pas été évaluée, mais on s'est penché sur son administration, et certaines faiblesses ont été relevées.
Certaines recommandations ont été présentées au ministère. Je le félicite, d'ailleurs. L'un des premiers changements apportés par le ministère a été, bien évidemment, d'embaucher une nouvelle présidente. Je pense que le ministère avance dans la bonne direction.
J'aimerais que nous parlions un peu des progrès réalisés dans la mise en oeuvre des recommandations présentées dans le rapport. Je vais prendre la quatrième, plus particulièrement. Je vais la lire, puis votre collègue M. Bloom et vous pourrez peut-être y réagir:
L'Agence canadienne de développement économique du Nord devrait documenter ses évaluations des risques liés aux bénéficiaires et des risques liés aux projets. Elle devrait aussi définir les niveaux appropriés de surveillance et de production de rapports à préciser dans les ententes de contribution, en fonction des risques que posent les bénéficiaires et les projets.
Pouvez-vous vous prononcer sur cette recommandation et me dire ce que le ministère fait en ce sens?
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Je vais me tourner vers mes collègues qui y travaillent activement depuis les dernières années. Pour ce qui est des réalisations importantes, comme vous l'avez entendu aujourd'hui, je possède une vaste expérience du travail avec des partenaires et des collectivités — les gouvernements partenaires, les collectivités partenaires et les partenaires individuels — pour examiner et appliquer les projets de promotion du développement économique dans le Nord.
Michael disait que s'il nous est possible d'avancer, c'est notamment grâce à notre étroite collaboration avec les gens qui souhaitent favoriser le développement économique dans le Nord. Ce bilan d'investissement dans diverses possibilités de développement économique est très important.
Il y a un deuxième point qui n'a pas été soulevé par le comité aujourd'hui: au début de son mandat de cinq ans, CanNor a aussi été chargé de planifier et de mettre en place le Bureau de gestion des projets du Nord, qui s'efforce de faciliter l'approbation de projets importants dans les systèmes réglementaires régionaux et de les mettre en oeuvre en quelques années seulement. Ce bureau se révèle aussi être assez efficace pour coordonner et faciliter le traitement en temps opportun des projets dans le système réglementaire, encore une fois en partenariat avec les Premières Nations, les gouvernements territoriaux et l'ensemble des décideurs. Il a lui aussi un bilan très positif, et je pense que les gouvernements, les collectivités et le secteur privé en sont satisfaits.
Il s'agit de deux bilans très positifs.
Nous avons aussi un troisième élément. Nous faisons de la recherche et de l'analyse stratégiques qui nous permettent de mieux comprendre les questions importantes en matière de développement du Nord. Nous en avons d'ailleurs mentionné certaines aujourd'hui. Une partie de notre rôle consiste à présenter une analyse approfondie et étoffée de certaines de ces questions aux personnes responsables de prendre des décisions en matière de politiques et de formuler des conseils stratégiques à Ottawa. Nous avons aussi fourni une analyse importante et, j'ose espérer, détaillée des questions et enjeux dans cette région pour appuyer diverses discussions avec nos collègues du gouvernement fédéral.
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Je vais vérifier, car elles sont parallèles à notre RPP et je veux être certaine de vous donner tous les détails.
Notre objectif est de bâtir ensemble un Grand Nord qui soit fort. Je vais parler de la partie construction, mais je vais mettre l'accent sur le terme « ensemble ». Nous prenons presque toutes nos démarches en partenariat avec le gouvernement territorial et nombre de collectivités et de particuliers dans toute la région.
Nous avons, entre autres priorités, le développement communautaire. Nous voulons travailler avec ces collectivités pour qu'elles soient prêtes à se développer au plan économique, qu'elles s'y engagent et qu'elles continuent de le faire.
J'ajouterais que l'un des éléments clés de cette démarche est celui des ressources. Nous avons pris divers engagements, que ce soit par le truchement de nos subventions et contributions ou de notre travail auprès des collectivités du Nord, pour les aider à renforcer leur capacité d'entreprendre d'autres projets de développement économique plus avancés.
Tel qu'il est mentionné dans la première partie du rapport concernant l'infrastructure habilitante, le Nord a besoin d'infrastructures. Nous travaillons beaucoup avec les intervenants aux échelons communautaire et gouvernemental pour essayer d'en bâtir sur une vaste gamme de plans en faisant appel à une main-d'oeuvre régionale qualifiée, que ce soit par l'intermédiaire de notre Programme d'éducation de base des adultes du Nord ou de divers autres engagements. Nous travaillons aussi étroitement avec les collèges communautaires régionaux pour essayer de former une main-d'oeuvre régionale qualifiée qui soit prête à participer à cette économie septentrionale émergente.
Voici nos trois priorités pour l'avenir.