:
Je déclare ouverte la 27
e réunion du Comité permanent des comptes publics.
Chers collègues, nous avons à nouveau avec nous le vérificateur général et son personnel pour passer en revue le chapitre 8 intitulé, « L'aide aux producteurs en cas de catastrophe. Agriculture et Agroalimentaire Canada » du rapport de l'automne 2013 du vérificateur général du Canada.
Cependant, avant de commencer, j'aimerais demander au comité si nous pourrions étudier brièvement les travaux du comité après les témoignages. Je peux vous dire de quoi il en retourne. Tout d'abord, les dates de l'une des audiences prévues dans notre réunion de travail ne fonctionneront pas, donc il nous faut trouver une autre solution.
Ensuite, lors de notre dernière réunion de travail, nous avions reporté la question de la conférence sur les comptes publics, et étant donné qu'on connaît maintenant les échéanciers, il est important, à mon avis, qu'on en discute aujourd'hui.
On aura probablement le temps de le faire, à moins que le comité ne souhaite siéger plus longtemps qu'à l'habitude. Je pourrais prévoir environ 10 ou 15 minutes réservées aux travaux du comité à la fin de la séance. On devrait pouvoir procéder rapidement. Il s'agit de questions urgentes que je me dois de vous présenter. Nous y reviendrons à la fin de la séance.
À moins que quelqu'un d'autre souhaite intervenir, nous pouvons entamer les audiences publiques. Comme je ne vois personne se manifester, nous allons commencer, comme à l'habitude, par demander au vérificateur général, M. Michael Ferguson, de bien vouloir nous lire ses remarques liminaires.
Monsieur, vous avez la parole.
[Français]
Je vous remercie, monsieur le président, de nous donner l'occasion de discuter du chapitre 8 intitulé « L'aide aux producteurs en cas de catastrophe », de notre rapport de l'automne 2013.
Je suis accompagné de Dale Shier, directeur principal, et de Dawn Campbell, directrice, qui était chargée de cet audit.
Agri-relance est un programme conjoint fédéral-provincial qui a été instauré pour combler les lacunes des programmes existants et pour offrir rapidement une aide ciblée aux producteurs agricoles touchés par des catastrophes.
[Traduction]
Nous avons examiné les processus d'évaluation et de paiement suivis par Agriculture et Agroalimentaire en cas de catastrophes, des débuts d'Agri-relance en 2007 jusqu'à la fin de 2012. Pour cela, nous avons cherché à savoir si le ministère évaluait les catastrophes selon les critères du programme, s'il communiquait avec les intervenants et s'il appliquait les leçons tirées depuis le début du programme. Nous n'avons audité aucune activité s'étant déroulée après 2012 ni le rôle joué par les administrations provinciales dans cette initiative. Notre audit s'est terminé en septembre 2013.
Dans l'ensemble, nous avons constaté qu'Agri-relance présentait d'importants problèmes quant au respect des délais. Nous avons relevé que le ministère avait établi deux indicateurs de rendement liés aux délais d'exécution: terminer l'évaluation de la catastrophe dans les 45 jours qui suivent la présentation de la demande de la province, dans 90 % des cas, et traiter 75 % des paiements dans les neuf mois qui suivent l'approbation d'une demande.
[Français]
Le ministère ne dispose pas d'indicateurs de rendement pour le délai de traitement global des demandes. Or, le délai des normes combinées pour l'évaluation et le versement des paiements est de 10 mois et demi. Nous avons constaté que, dans 67 % des cas, ce délai combiné avait été respecté alors que pour le tiers restant, le ministère l'avait dépassé de cinq mois, en moyenne.
[Traduction]
Dans ces cas, il y a eu des retards parce que le ministère respectait rarement la cible de 45 jours qu'il s'était fixée pour le volet évaluation du programme. En effet, ce délai n'a été respecté que dans 16 % des initiatives.
Toutefois, le ministère a atteint sa cible pour le volet paiements du programme. Dans 84 % des initiatives, il a versé les paiements dans les neuf mois qui ont suivi l'approbation de la demande.
[Français]
La pièce 8.4 de notre rapport donne des exemples de conséquences d'une aide financière tardive. Certains producteurs, par exemple, ont dû vendre leur bétail et d'autres n'ont pas été en mesure d'acheter du fourrage lorsqu'ils en avaient besoin.
[Traduction]
Nous avons également constaté que même s'il avait établi et documenté un processus pour évaluer les demandes au titre d'Agri-relance, le ministère ne disposait pas d'un processus simplifié pour traiter les initiatives de moindre envergure et de moindre risque. Ainsi, une initiative de petite envergure de 44 000 $ a été exécuté en 228 jours, tandis qu'une initiative de grande envergure de 150 millions de dollars l'a été en deux fois moins de temps. Les deux initiatives avaient été présentées pour faire face à des conditions d'humidité excessive, pour lesquelles les données d'évaluation sont habituellement rapidement disponibles.
Le ministère n'a pas accéléré le versement des paiements au cours du cycle de vie du programme. Il lui faut simplifier son processus de traitement des initiatives de moindre envergure, assurer un suivi serré des délais qu'il s'est fixés et rendre ces renseignements publics.
[Français]
Dans l'un de nos audits précédents, soit celui de notre rapport de l'automne 2011 intitulé « Les paiements versés aux producteurs », nous avions constaté des problèmes de respect des délais liés à d'autres programmes. Dans le cadre de notre audit sur la relance des activités après une catastrophe, qui est le sujet de notre comparution d'aujourd'hui, nous avons constaté que le ministère continue d'avoir du mal à exécuter le programme en temps opportun.
Agriculture et Agroalimentaire Canada a accepté nos quatre recommandations et s'est fixé des échéances pour leur mise en oeuvre, allant de mars 2014 à mars 2018.
[Traduction]
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. C'est avec plaisir que je répondrai aux questions du comité.
Merci.
:
Merci, monsieur le président
Bonjour à tous.
Je m'appelle Tina Namiesniowski, sous-ministre adjointe de la Direction des programmes à Agriculture et Agroalimentaire Canada. Nous sommes responsables du programme Agri-relance.
[Français]
Je vous remercie de nous offrir l'occasion de nous adresser à ce comité, cet après-midi. Je suis accompagnée de mon collègue Rosser Lloyd, directeur général de la Direction des programmes de gestion des risques de l'entreprise.
Nous sommes heureux de l'intérêt que vous portez au secteur canadien de l'agriculture et de l'alimentation.
[Traduction]
Les producteurs canadiens sont au coeur d'un secteur crucial pour l'économie canadienne et la vie des Canadiens. Il représente un emploi sur huit, près de 7 % du PIB du Canada et des exportations se chiffrant à plus de 50 milliards de dollars, sans compter que, comme vous l'avez indiqué, monsieur le président, il fournit aux Canadiens des produits alimentaires nutritifs et de grande qualité.
Pour contribuer à l'avancement de ce secteur économique essentiel, les producteurs canadiens doivent avoir accès à des programmes efficaces qui les aideront à gérer les différents risques de l'entreprise auxquels ils sont confrontés quotidiennement. Les intempéries, les maladies, les insectes, les marchés et autres sont autant de facteurs d'instabilité pour les entreprises agricoles canadiennes.
[Français]
C'est pourquoi le cadre quinquennal fédéral-provincial-territorial intitulé « Cultivons l'avenir 2 » comprend toute une série de programmes de gestion des risques de l'entreprise.
[Traduction]
En outre, trois programmes de base composent la série des programmes de GRE, soit de gestion des risques de l'entreprise: Agri-protection, dont l'objectif est d'aider les producteurs qui subissent des pertes de production pour différentes raisons, notamment les intempéries et les maladies; Agri-stabilité, qui aide les producteurs à composer avec des pertes de revenus importantes dues, par exemple, à la baisse des prix, à la hausse du coût des intrants et aux baisses importantes de production; et Agri-investissement, qui permet aux producteurs d'éponger les pertes, de redresser leur situation financière ou d'effectuer des investissements en retirant des fonds d'un compte d'épargne dans lequel les gouvernements versent une contribution de contrepartie correspondant aux dépôts des producteurs.
[Français]
Ces trois programmes donnent aux producteurs canadiens des outils dont ils ont besoin pour gérer les risques de leurs entreprises et les répercussions sur leurs revenus.
Toutefois, lorsque des phénomènes naturels extrêmes se produisent, il est possible que les producteurs aient besoin d'un soutien supplémentaire pour combler les lacunes des programmes existants ainsi que pour les aider à supporter les coûts des actions nécessaires pour redresser la situation et reprendre leurs activités.
[Traduction]
Dans ce genre de situations, nous avons recours au cadre Agri-relance, dont il est question aujourd'hui.
En 2007, Agri-relance proposait une nouvelle façon de gérer les initiatives ponctuelles d'intervention en cas de catastrophes. Agri-relance correspond avant tout à un protocole et à des lignes directrices qui permettent aux gouvernements FPT de déterminer si, dans de telles situations, une aide supplémentaire est requise et, le cas échéant, la forme que prendra cette aide.
Depuis sa mise en oeuvre en 2007, nous avons beaucoup appris sur son utilisation et apporté plusieurs changements. Agri-relance met en commun les efforts des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux pour faire ce qui suit.
[Français]
Il s'agit d'évaluer les répercussions des catastrophes naturelles sur les producteurs agricoles et de déterminer, s'il y a lieu, d'offrir des mesures d'aide qui ne sont pas prévues dans les programmes en vigueur. Cela consiste de plus à mettre sur pied des initiatives ciblées en temps opportun afin d'aider les producteurs à assumer les coûts exceptionnels liés à la reprise de leurs activités.
[Traduction]
Les mesures combinées des programmes de GRE de base et d'Agri-relance permettent de verser aux producteurs canadiens l'aide financière dont ils ont besoin en cas de catastrophes naturelles. Nous collaborons avec une province ou un territoire pour évaluer s'il y a lieu de prendre des mesures et nous tenons alors compte des éléments suivants: l'ampleur et la gravité de la catastrophe, l'ampleur des coûts exceptionnels que doivent assumer les producteurs pour relancer leurs activités, ainsi que l'aide dont disposent les producteurs par le truchement des programmes de GRE de base.
Je tiens à rappeler qu'Agri-relance est un cadre qui permet de prendre des mesures en cas de catastrophes naturelles. Ce n'est pas un programme auquel les producteurs peuvent s'inscrire dès qu'une catastrophe se produit. Ainsi, lorsque nous convenons avec la province ou le territoire qu'une initiative d'Agri-relance s'impose, les deux ordres de gouvernement doivent ensuite obtenir les autorisations requises et négocier les modalités des initiatives. Agri-relance continue d'aider les agriculteurs canadiens à faire fonctionner leurs entreprises après des sécheresses, des inondations et d'autres catastrophes. Au cours des six dernières années, les gouvernements ont investi environ 1 milliard de dollars dans près de 40 initiatives.
En ce qui concerne l'objet de la discussion d'aujourd'hui, soit la récente vérification menée par le Bureau du vérificateur général, Agriculture et Agroalimentaire Canada est ravi de voir que le rapport du vérificateur général reconnaît que le ministère a évalué adéquatement la catastrophe par rapport aux critères établis pour le programme afin de déterminer si une intervention est nécessaire, a coordonné les communications avec les provinces après l'approbation des initiatives de financement et a respecté dans deux tiers des cas la durée combinée des délais de dix mois et demi pour les initiatives examinées dans le cadre de l'audit.
Cela dit, nous sommes bien conscients qu'il est possible d'améliorer la rapidité des processus et des paiements d'Agri-relance, plus particulièrement, comme l'a indiqué le vérificateur général, dans le cas des initiatives moins risquées pour lesquelles les montants d'aide sont moins grands. Nous souscrivons entièrement aux quatre recommandations proposées dans le rapport d'audit et prenons les mesures qui s'imposent pour y donner suite.
Pour appliquer la première recommandation, nous nous sommes engagés à analyser nos processus d'Agri-relance et les délais cibles avec les provinces. Nous nous sommes également engagés à cerner les obstacles au respect des délais et à prendre des mesures correctives pour respecter ces délais, notamment: en améliorant les processus pour surmonter les obstacles cernés avec les provinces, en renforçant les évaluations et les accords, et en assurant un meilleur suivi pour signaler les évaluations problématiques.
[Français]
Nous avons déjà pris des mesures pour donner suite à la deuxième recommandation en améliorant notre système électronique de gestion des finances et de préparation des rapports, de sorte que nous puissions mieux suivre et rendre compte du respect des délais d'Agri-relance en temps réel. Nous pourrons ainsi suivre nos projets en temps réel et apporter au besoin les mesures correctives aux évaluations.
[Traduction]
Nous évaluerons le risque de chaque initiative d'Agri-relance et simplifierons le travail administratif en conséquence.
Enfin, nous communiquerons publiquement le rendement d'Agri-relance par rapport à nos délais cibles au moyen du Rapport ministériel sur le rendement, et ce, à partir de cette année.
En conclusion, nous prenons des mesures pour améliorer nos services aux producteurs et pour nous acquitter de nos responsabilités envers les contribuables. Encore une fois, nous remercions le comité de s'intéresser au cadre et sommes heureux de participer aux discussions d'aujourd'hui.
Merci, monsieur le président.
Trois catégories ont déjà été établies et je vous dirais que nous avons connu du succès dans chacune d'entre elles.
Je songe notamment à deux initiatives liées aux inondations de 2010 et de 2011 dans l'Ouest canadien. Ces provinces faisaient face à une inondation sans précédent. Nous sommes intervenus rapidement en aidant les producteurs à préparer leur terre afin qu'ils puissent planter une récolte au cours de la prochaine année de récolte.
Cela dit, il y a également des situations de sécheresse. Comme je l'ai dit, bien souvent, la sécheresse mène à des problèmes pour le bétail en raison de pénurie alimentaire. Dans ces cas-là, nous avons tendance à offrir des programmes axés sur le transport. Nous défrayons les producteurs des coûts additionnels liés au transport du fourrage. Cela a tendance à durer plus longtemps, mais des mesures peuvent être prises. Le producteur a besoin de temps pour pouvoir prendre les mesures nécessaires pour faire venir l'alimentation du bétail, faire une demande et en recevoir le paiement.
Il existe d'autres exemples également. Je songe notamment à la tornade qui a déraciné des arbres fruitiers en Ontario. Nous avons fourni de l'aide aux producteurs après avoir évalué les dommages. Certains arbres avaient l'air endommagés, mais il a fallu attendre l'année suivante pour véritablement savoir si un arbre était mort et ne serait plus en mesure de produire. Dans ces cas-là, nous avons défrayé le producteur des coûts liés à la plantation et à l'entretien d'un nouvel arbre.
Je trouve qu'il est curieux de lire dans le rapport que le ministère est tenu responsable du rendement non seulement de son ministère, mais également des provinces, car elles participent aussi à ce programme. En revanche, dans les déclarations liminaires du vérificateur général, ainsi que dans les vôtres si ma mémoire est bonne, on a dit qu'il n'y avait pas de vérification au sujet du rendement des provinces qui prenaient part à des programmes d'Agri-relance.
Je trouve plusieurs déclarations dans ce rapport intéressantes. Au paragraphe 8.31, on mentionne, et je cite votre ministère:
...il était raisonnable de supposer que tous les producteurs ayant reçu de l'aide étaient d'avis que celle-ci avait contribué à la reprise de leurs activités.
De plus, deux paragraphes plus loin, on retrouve un commentaire similaire, qui provient d'un sondage effectué par l'équipe de vérificateurs:
En général, les répondants étaient satisfaits du montant de l'aide reçue d'Agri-relance...
Plus loin dans son rapport, le Bureau du vérificateur général indique que le ministère ne dispose pas de mesures du rendement adéquates mais, deux paragraphes plus loin, je constate qu'il existe en fait des mesures du rendement au ministère. Les mesures du rendement que vous utilisez tentent de déterminer si les producteurs estiment que le programme est utile, s'ils peuvent continuer à faire affaire après une catastrophe et s'ils obtiennent de l'aide lorsqu'ils en font la demande.
:
Je vais commencer par répondre à la question et je céderai ensuite la parole à mon collègue.
Monsieur le président, l'observation qui vient d'être formulée est tout à fait vraie: nous avons des indicateurs de rendement qui sont directement liés au programme d'Agri-relance. Ils comprennent le pourcentage de producteurs touchés qui présentent une demande d'aide une fois qu'une catastrophe est désignée comme telle. D'après notre cible, 80 % du nombre prévu de producteurs touchés directement par la catastrophe feraient une demande.
En ce qui a trait au pourcentage des producteurs qui estiment que l'aide financière fournie dans le cadre du programme a contribué à la relance, nous visons une cible de 75 % des producteurs sondés.
Nous avons également un indicateur pour ce qui est du délai de traitement des demandes présentées par les producteurs admissibles dans les régions touchées. Nous visons à ce que 90 % des situations de catastrophes soient évaluées dans une période de 45 jours et que 75 % des demandes soient traitées au cours de neuf mois. Nous avons beaucoup mis l'accent là-dessus aujourd'hui.
Il y a également le pourcentage de producteurs qui exercent toujours des activités agricoles un an après le paiement en cas de catastrophe. Dans ces cas-là, la cible d'évaluation serait que 70 % des producteurs sondés exercent toujours des activités agricoles un an après le paiement en cas de catastrophe.
Il s'agit d'un cadre que nous appliquons dans le contexte d'Agri-relance. C'est un outil considérable que nous utilisons pour évaluer le succès du programme. Cela dit, nous travaillons avec nos collègues provinciaux et territoriaux pour examiner les mesures du rendement et veiller à ce qu'elles soient pertinentes pour le cadre d'Agri-relance et à ce que nous les appliquions de manière uniforme pour tout le monde.
Rosser, voulez-vous rajouter quelque chose?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier mon collègue d'en face d'avoir fait une analogie avec le gardien de but dans un match de hockey. Monsieur Lloyd, le dilemme est le suivant: en fait, sur le plan de vos échéances, vous avez manqué la première période et il n'y avait personne pour garder le but. Vous avez en fait commencé à la deuxième période. J'espère que l'autre équipe n'était pas très bonne pour lancer la rondelle; sinon, il y aurait bon nombre de buts qui auraient été marqués avant même que vous n'arriviez à la partie.
Je le dis de manière bien ironique, car nous parlons d'agriculteurs qui attendent de l'argent. Il ne s'agit pas de marquer des buts avec une rondelle. Il s'agit de savoir si l'on peut survivre et, dans certains cas, si l'on ne va pas faire faillite. C'est de cela qu'il s'agit. Et ce qui compte, ce sont les échéanciers.
Cela me ramène à ce que vous avez dit au sujet des arbres fruitiers et de la sécheresse. Vous avez raison. S'il y a un lac sur une partie de la Saskatchewan et du Manitoba, nous savons que c'est un lac. S'il s'agit du mois de juin, nous ne plantons pas. C'est aussi simple que cela. J'ai visité ces lieux et je connais assez bien les agriculteurs. Je sais que mon ami M. Falk connaît bien cette région. Et si cette zone devient un lac au mois de juin, alors vous ne pourrez pas planter quoi que ce soit.
Alors vous avez raison; c'est simple. La sécheresse, par contre, est une question plus difficile.
Comme vous avez utilisé l'exemple d'un arbre fruitier, permettez-moi d'évoquer un exemple qui est survenu l'année dernière. Et je ne vous parle pas de la variole du prunier. Je parle de pommiers qui ont fleuri, mais qui, en raison du gel, n'ont pas fait de pommes au mois de juin. Il n'y aura pas de pommes au mois d'août s'il n'y a pas de pommes en juin, car, lorsque les fleurs gèlent, c'est exactement comme si j'avais un lac sur ma propriété en Saskatchewan ou au Manitoba. Il n'y aura pas de deuxième fleuraison pour ce pommier au cours de cette saison.
Mais l'année dernière, nous avons attendu presque au mois d'août, si je ne me trompe pas, avant de commencer à déterminer s'il allait y avoir des pommes et s'il y avait une catastrophe ou non dans la province de l'Ontario, même si l'on savait que 80 % des pommes étaient perdues et que l'on avait perdu 100 % des cerises.
Vous avez raison de dire qu'il faudrait peut-être rajuster les choses et revoir comment on examine les cas et comment on intervient. Il y a un autre point — et vous l'avez mentionné vous-même, monsieur Lloyd: le gouvernement fédéral a pour responsabilité d'intervenir et ce, sans avoir à attendre après la province.
Au cours des deux dernières années, à combien de reprises, à votre connaissance, le gouvernement fédéral a-t-il lancé une demande pour le programme Agri-relance avant que la province ne le fasse?
J'aimerais demander au président de voir à ce que le témoin puisse lui fournir cette réponse plus tard, puisqu'il ne la connaissait pas. Je vous en serais reconnaissant. Il s'agit d'un chiffre important à connaître car, comme l'a dit lui-même M. Lloyd tout à l'heure, le gouvernement fédéral ou provincial peut entamer une demande d'Agri-relance — n'importe lequel des deux peut le faire, n'est-ce pas?
Revenons en arrière. Je sais que nous voulons parler de ce sujet, mais il va falloir aborder un autre enjeu.
Dans le rapport du vérificateur général, au paragraphe 8.54, on parle des leçons apprises. Nous avons parlé des leçons apprises au sujet des paiements, car, dans les faits, c'était cet aspect d'Agri-stabilité qui posait problème.
Monsieur Lloyd, vous avez parlé d'Agri-stabilité et vous avez absolument raison. En ce qui a trait à Agri-investissement, Agri-stabilité et Agri-relance, M. Falk a utilisé l'analogie du gardien de but à la toute fin. Il a tout à fait raison. C'est le cas. Le dilemme se posait, car Agri-stabilité ne pouvait pas payer, dans certains cas, pendant plus de deux ans, et encore moins pendant 10 mois et demi. C'est ce que le vérificateur général nous a dit au sujet de ce programme en 2011 — et il y avait des leçons à tirer en ce qui a trait aux échéanciers.
J'aimerais vous citer un extrait à la fin du rapport et vous demander de m'en parler:
Nous avons conclu qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada n'assumait pas adéquatement le rôle du gouvernement fédéral consistant à fournir de l'aide aux producteurs touchés par une catastrophe.
Comment se fait-il que nous n'ayons pas tiré de leçons du programme préalable en ce qui a trait aux problèmes d'échéanciers et au versement de fonds aux producteurs? Comment se fait-il que nous nous retrouvions dans une telle situation aujourd'hui, alors que nous savions auparavant qu'un autre programme se heurtait au même dilemme?
:
Monsieur le président, je vais essayer de répondre à cette question.
En ce qui a trait à la question à savoir si le gouvernement fédéral... ou plutôt de fournir le nombre d'occasions où le gouvernement fédéral aurait mis en place un programme Agri-relance... Nous reviendrons au comité avec une réponse à cette question. Je crois que la réponse sera que cela ne s'est jamais produit car, au bout du compte, il s'agit d'un processus qui peut être entamé par le gouvernement fédéral ou par la province, mais il est centré sur un processus d'évaluation: cela dépend du palier qui fait une demande pour qu'on mette sur pied le cadre. Comme je l'ai mentionné plus tôt, le cadre comporte plusieurs étapes. Il y a une phase de préévaluation, suivie d'une phase d'évaluation, et le gouvernement fédéral ou provincial peut entamer ce processus d'évaluation.
En ce qui concerne l'initiative en soi, la gestion relève des provinces. Ce n'est pas le gouvernement fédéral qui gère l'initiative. C'est la province ou le territoire qui la gère, mais il s'agit d'une initiative sur laquelle les deux paliers de gouvernement doivent se mettre d'accord. Il y a donc peut-être une légère différence quant à la façon dont nous répondrions à cette question.
Pour revenir à ce que vous avez dit à propos des vérifications préalables concernant Agri-stabilité et Agri-investissement, oui, on y a parlé des problèmes d'échéanciers et des préoccupations au sujet des délais de paiement, en particulier dans le cadre du programme d'Agri-stabilité. Je peux vous dire qu'au cours de la dernière année, l'administration fédérale a en fait excédé les normes de service publiées en ce qui a trait à Agri-stabilité et Agri-investissement. Pour ce qui est d'Agri-stabilité, 91 % des demandes ont été traitées en 75 jours ou moins. Nous nous étions fixés comme cible de traiter 75 % des demandes en 75 jours. Pour ce qui est d'Agri-investissement, 97 % des demandes ont été traitées en 45 jours ou moins, alors que notre cible était de le faire pour 80 % des demandes.
Relativement à la dernière vérification, nous avons pris au sérieux les conclusions et avons travaillé pour améliorer nos normes de service. Je suis convaincue que tous les gens qui ne se retrouvent pas dans les 97 % des demandes traitées ne sont pas satisfaits de la célérité avec laquelle nous avons répondu à leur demande. Je peux vous garantir que nous travaillons très fort sur chaque demande pour essayer de répondre en temps opportun, mais il y a parfois des problèmes qui nous empêchent d'être en mesure de le faire rapidement.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier tous les témoins de leurs exposés d'aujourd'hui.
Bien entendu, Agri-relance est une nouvelle approche, qui est née en 2007 et qui permet de travailler main dans la main avec les provinces afin de trouver de meilleures façons de servir la population. Je ne suis pas forcément d'accord avec M. Allen lorsqu'il affirme que le gouvernement fédéral doit être en croisade. Je pense que la plupart de mes électeurs aimeraient voir tous les gouvernements travailler main dans la main.
Si j'ai bien compris les témoignages d'aujourd'hui, il s'agit d'un cadre qui fait en sorte qu'en cas de catastrophe, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux, ainsi que toute autre autorité compétente, travaillent ensemble afin de trouver une façon d'atténuer les dommages et de veiller à ce que nous ayons un approvisionnement alimentaire stable et également une économie prospère. Il n'y a qu'un seul contribuable après tout, alors je ne pense pas que les électeurs de ma circonscription se soucient de savoir si c'est le gouvernement fédéral ou provincial qui mène la barque, pour autant qu'il y ait des résultats.
Monsieur le vérificateur général, je vous remercie d'être des nôtres. J'aimerais vous poser quelques questions au sujet de votre sondage.
Je suis un peu confus. Au paragraphe 8.16, au sujet de la cible de neuf mois, on indique clairement:
« Nous avons vérifié si le Ministère avait atteint la cible fixée à 9 mois pour le versement des paiements et nous avons constaté qu'il l'avait atteinte pour 84 % des initiatives ». Votre rapport a également conclu que les efforts de communication fonctionnent bien une fois que l'initiative d'Agri-relance est approuvée.
Je suis ravi d'entendre ces choses, mais ce qui me dérange, c'est lorsqu'on parle d'un tiers des producteurs alimentaires sondés... Quand vous parlez de producteurs alimentaires, si j'ai bien compris, vous ne parlez pas vraiment des agriculteurs qui utilisent le programme, mais plutôt des associations industrielles, n'est-ce pas? Ai-je bien compris?
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à nos témoins.
J'aimerais commencer par M. Ferguson, et ensuite, les fonctionnaires auront la possibilité d'intervenir s'ils le jugent nécessaire.
Je regarde le paragraphe 8.35 du rapport, où vous parlez d'un guide pour l'élaboration de stratégies de mesure du rendement, et vous indiquez que les mesures du rendement doivent être à la fois valables et pertinentes. Au paragraphe 8.36, vous poursuivez en donnant un aperçu de certaines cibles rattachées aux délais à respecter dont vous avez fait mention au paragraphe 8.14. Vous y indiquez que 80 % du nombre prévu de producteurs touchés présentent une demande d'aide. Ailleurs, vous dites que 20 % de ceux qui ont été touchés sont allés ailleurs. A-t-on répondu à leurs besoins, ou y a-t-on répondu dans le cadre d'Agri-stabilité ou d'Agri-investissement?
Vous indiquez aussi que « ... 70 % des producteurs sondés exercent toujours des activités agricoles un an après avoir reçu de l'aide en vertu du programme » et que « 75 % des producteurs sondés estiment que l'aide financière obtenue dans le cadre du programme a contribué à la reprise de leurs activités ». Dans votre rapport, vous parlez de deux tiers et d'un tiers, les deux tiers étant relativement satisfaits ou entièrement satisfaits des délais.
Lorsque vous avez fait le sondage, avez-vous souligné les délais de 45 jours à 10 mois et demi pour obtenir des observations là-dessus, ou cela a-t-il été fait dans le cadre d'une crise, d'une catastrophe, au cours de laquelle les producteurs ont rencontré certaines contraintes financières et des problèmes importants, et leurs réponses selon lesquelles le paiement a été fait dans des délais relativement acceptables ou entièrement acceptables étaient-elles fondées sur les paiements provenant d'Agri-relance ou de l'un des autres programmes destinés à répondre à leurs besoins au milieu de cette crise?
Je me demande si vous pouvez répondre à cette question, monsieur.
:
Je pense que pour comprendre les sondages, il convient de consulter le paragraphe 8.31:
Le cadre de mesure du rendement du Ministère précise que des sondages doivent être réalisés afin d'évaluer la mesure dans laquelle le programme Agri-relance aide les producteurs. Nous avons constaté que, pour de nombreuses initiatives, le Ministère n'avait pas veillé à la réalisation de tels sondages, et qu'il ne disposait donc pas des renseignements nécessaires pour évaluer la mesure dans laquelle Agri-relance aide les producteurs.
Donc, en vertu du cadre de mesure du rendement du ministère, on avait l'intention de procéder à ces sondages, mais on s'est aperçu qu'ils n'ont pas été réalisés dans tous les cas. Nous l'avons mentionné, et nous avons tenté, je pense, de répondre à deux types de questions générales. L'une visait à savoir si le montant était satisfaisant pour répondre aux différents types de problèmes. L'autre visait à savoir si on était d'avis que les paiements étaient reçus rapidement.
On n'a pas demandé si les paiements avaient été reçus dans les délais établis par le ministère, ou si des gens étaient satisfaits des délais du ministère, car les objectifs du programme visent à fournir de l'aide rapide et ciblée pour faciliter un retour au travail le plus rapidement possible. C'est la raison pour laquelle nous avons posé la question de savoir s'ils étaient ou non satisfaits des délais de paiement.
Pour ce qui est de votre question sur les 80 %, les 70 % et les 75 %, ces mesures ont été initialement fixées par le ministère. Il s'agit des niveaux cibles, et non pas de véritables niveaux observés. Le ministère pourrait vous en dire plus à ce sujet.
:
D'après ce que je crois comprendre, deux tiers considèrent les délais comme entièrement ou relativement satisfaisants. Ce n'est pas forcément un mauvais chiffre, selon ce que l'on mesure. Ce que je tente de comprendre, c'est que si l'on mesure à la fois les délais des programmes et les différents niveaux de complexité inhérents aux trois programmes, les montants qui en découlent...
Ce que je veux dire, c'est que lorsqu'on perd un agriculteur, un producteur, c'est un de trop. Je comprends donc votre empathie et vos efforts pour vous assurer que ces lignes directrices sont respectées dans l'ensemble. Je tente de comprendre ceci: de combien d'exploitations agricoles ou de producteurs parle-t-on au juste? Je ne comprends pas combien d'exploitations agricoles représentent chaque groupe de producteurs.
Une fois encore, d'après ce que je comprends, j'ai beaucoup de difficulté à saisir l'efficacité du programme. J'ai compris que vous aviez produit un outil de suivi pour mars 2014. Je pense que c'est essentiel. J'ai hâte d'avoir l'occasion de réexaminer cela pour voir l'efficacité de ce que nous faisons.
Mais j'aimerais mieux comprendre; on a parlé des 10 mois et demi, des deux tiers de répondants satisfaits, du montant des paiements et de trois niveaux différents de complexité, mais quelle est notre efficacité? Les résultats sont-ils atteints ou non? Il est évident que nous ne voulons perdre aucun agriculteur, mais qu'accomplissons-nous? Cela fonctionne-t-il ou pas?
Je pense que j'y ai fait allusion plus tôt, monsieur le président. Il y a un processus d'évaluation en deux étapes. Il est déclenché — et c'était le mot que je cherchais tout à l'heure — soit par le gouvernement fédéral, soit par le gouvernement provincial, mais habituellement par un autre palier de gouvernement.
La première étape du processus d'évaluation est une évaluation préliminaire, dans laquelle on tient compte de critères précis. Selon l'un de ces critères, la catastrophe ne doit pas être un événement récurrent. Il faut que la catastrophe soit un événement exceptionnel, c'est-à-dire quelque chose que les producteurs n'auraient pas pu prévoir et pour lequel ils n'auraient pas pu se préparer. Le troisième critère est que la catastrophe entraîne des coûts exceptionnels pour les producteurs, c'est-à-dire des dépenses que les producteurs n'effectueraient pas dans des circonstances normales, mais qui s'avèrent essentielles pour limiter les répercussions ou reprendre la production aussi rapidement que possible. Pour ce qui est de cette évaluation préliminaire, ces trois critères doivent être satisfaits afin de déclencher une évaluation officielle.
En ce qui concerne les critères examinés dans le cadre d'une évaluation officielle, l'incident doit être une expérience collective qui touche un nombre suffisamment important de producteurs pour avoir des répercussions sur le secteur de la région visée; cet incident doit entraîner des répercussions négatives considérables sur la capacité des producteurs de produire ou de commercialiser leurs produits agricoles; l'incident doit entraîner des coûts exceptionnels importants. Là encore, il s'agit de coûts qui ont des répercussions considérables sur le revenu des producteurs et qui sont suffisamment élevés pour que le gouvernement envisage d'en assumer une partie. Enfin, l'incident doit être au-delà de la capacité de gestion des producteurs, malgré l'aide qui leur est accessible grâce aux programmes existants.
C'est ce dernier point que nous avons essayé de souligner: on tente tout d'abord de mettre en oeuvre les autres programmes de gestion du risque, et s'ils ne suffisent pas, c'est là que les gouvernements approuvent une initiative Agri-relance.
Très bien. Comme il s'agit du souhait de la majorité, nous allons conclure la séance.
Comme j'ai commencé par le dire, je vous remercie beaucoup de votre présence aujourd'hui. Nous sommes heureux d'avoir obtenu des réponses complètes. Lorsqu'il y a des problèmes, je le fais savoir, mais il n'y en a pas eu, et nous vous en sommes reconnaissants.
Monsieur le vérificateur général, merci encore une fois du travail que vous faites et de votre excellente analyse dans ce chapitre.
Vous pouvez tous quitter la salle. La partie officielle de notre audience est maintenant terminée.
Avant de poursuivre la séance à huis clos pour les affaires du comité, je me tourne vers M. Albas pour qu'il présente une motion à cette fin.