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La 60
e séance du Comité permanent des comptes publics est ouverte.
Chers collègues, je n'ai rien de particulier à porter à votre attention avant de procéder, donc, à moins qu'il n'y ait d'autres interventions, nous allons passer directement à la séance publique.
Comme il n’y a pas de commentaires, nous allons commencer. Conformément à l’alinéa 108(3)g) du Règlement, le comité entreprend l’examen du chapitre 3, Les dépenses faites au moyen du système fiscal du rapport du printemps 2015 du vérificateur général du Canada. Il a été renvoyé au comité le 28 avril.
Aujourd’hui, pour commencer, nous accueillons M. Ferguson, le vérificateur général du Canada.
Je vais vous céder la parole pour vous permettre de faire votre exposé, monsieur Ferguson. La parole est à vous.
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Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter de notre rapport du printemps 2015 sur les dépenses faites au moyen du système fiscal. Je suis accompagné de Richard Domingue, le directeur principal qui était chargé de l'audit.
Le gouvernement fédéral peut atteindre ses objectifs stratégiques soit par des dépenses de programme directes, soit par des dépenses fiscales. Dans notre audit, les « dépenses faites au moyen du système fiscal » sont les dépenses fiscales qui pourraient être remplacées par des dépenses directes. On peut lire dans le Code de transparence des finances publiques du Fonds monétaire international que
[...] du fait que l'administration pourrait atteindre ses objectifs de politique économique par d'autres moyens, notamment une subvention ou d'autres débours directs, les dépenses fiscales sont considérées comme équivalant à des dépenses budgétaires.
[Français]
Les dépenses faites au moyen du système fiscal atteignent chaque année des milliards de dollars. Nous avons vérifié comment le ministère des Finances du Canada et l'Agence du revenu du Canada avaient géré ces dépenses. Plus précisément, nous avons vérifié si l'information communiquée était claire et utile, si des analyses des dépenses étaient effectuées avant de les mettre en oeuvre et si les mesures fiscales en vigueur avaient fait l'objet d'un suivi et d'une évaluation.
Nous avons retenu à des fins d'examen neuf dépenses faites au moyen du système fiscal. Nous avons constaté que l'information préparée par le ministère des Finances du Canada sur les dépenses faites au moyen du système fiscal n'appuyait pas adéquatement le Parlement dans sa fonction de surveillance. Ces dépenses sont semblables aux dépenses du programme direct, mais nous avons constaté que le Parlement reçoit moins d'information sur celles-ci que sur les dépenses directes du gouvernement.
Par exemple, le rapport intitulé «Dépenses fiscales et évaluations » ne contient pas de projection au sujet des coûts futurs. Les pratiques de reddition de comptes dans certaines administrations internationales donnent des exemples de données additionnelles communiquées au sujet des dépenses fiscales. Le nombre de bénéficiaires, les coûts administratifs et les références aux dépenses de programmes directs sont parfois présentés.
Nous croyons que le Parlement doit recevoir une information complète et consolidée au sujet des dépenses faites au moyen du système fiscal pour mieux comprendre l'ensemble des dépenses de l'État.
[Traduction]
Nous avons constaté que Finances Canada faisait un bon travail pour analyser les nouvelles mesures fiscales avant qu'elles soient mises en oeuvre. Pour les mesures fiscales que nous avons retenues, le ministère a examiné la majorité des composantes clés formant son cadre d'analyse, notamment la nécessité de l'intervention gouvernementale ainsi que l'efficience, l'efficacité et l'équité.
Les mesures fiscales potentielles sont analysées afin d'appuyer le processus décisionnel. Nous avons constaté que le ministère des Finances surveillait les dépenses faites au moyen du système fiscal, mais qu'il ne les évaluait pas systématiquement pour s'assurer qu'elles donnaient les résultats escomptés et avaient un rendement à la hauteur des attentes.
L'exigence en matière d'évaluation des dépenses de programmes directes ne s'applique pas aux dépenses fiscales. De plus, ces dépenses ne sont pas assujetties aux examens complets des dépenses, tels que les examens stratégiques.
Nous avons constaté des cas où le ministère des Finances avait relevé des problèmes par rapport à certaines mesures fiscales avant de les mettre en oeuvre. En dépit de ces problèmes, le ministère n'avait toujours pas évalué ces mesures fiscales après leur mise en oeuvre. Lorsque le ministère avait effectué une évaluation des mesures fiscales, il n'en avait pas publié les résultats. Par exemple, il a évalué le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants, mais il n'a pas publié l'information.
Nous croyons que ce genre d'information doit être communiqué aux parlementaires pour qu'ils comprennent ce qui est accompli grâce à l'argent dépensé au moyen du régime fiscal.
[Français]
Nous avons aussi examiné la surveillance des coûts et le partage de l'information. Nous avons constaté que l'Agence du revenu du Canada surveillait les coûts de mise en oeuvre des nouvelles mesures et des activités de conformité. L'agence partageait continuellement de l'information pertinente avec le ministère des Finances du Canada.
Le ministère des Finances du Canada a préparé un plan d'action en réponse à chacune de nos recommandations.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité.
Je vous remercie.
:
Je vous remercie, monsieur le président. Bonjour.
Aujourd'hui, je suis accompagné de M. Geoff Trueman, qui est directeur général de la Direction de la politique de l'impôt; de Mme Maude Lavoie, la directrice de la Division de la politique fiscale intergouvernementale, évaluation et recherche et de M. Miodrag Jovanovic, le directeur de la Division de l'impôt des particuliers.
J’aimerais d’abord commencer par vous donner un aperçu du rôle de la Direction de la politique de l’impôt. Je dirai ensuite quelques mots au sujet des renseignements sur les dépenses fiscales que le ministère des Finances publie, ainsi que sur les mesures que nous prenons pour donner suite aux recommandations formulées récemment par le vérificateur général du Canada en vue d’améliorer ces mêmes renseignements.
La principale responsabilité du ministère des Finances en matière de fiscalité est d’assister le gouvernement au chapitre de l’élaboration de la politique fiscale fédérale. Du point de vue de la Direction de la politique de l'impôt, cela signifie élaborer, analyser et évaluer les nouvelles mesures fiscales ou les modifications aux mesures existantes pouvant être mises en oeuvre. Cela signifie également rédiger des textes de loi et appuyer leur adoption au Parlement.
Notre analyse est guidée par des principes judicieux en matière de politique fiscale, conformes aux objectifs visant à garantir la compétitivité, l’efficience, l’équité et la simplicité du régime fiscal. L’analyse, l’examen et l’évaluation de mesures fiscales — qu’elles soient nouvelles ou existantes — sont réalisés par des employés très compétents qui connaissent à fond le régime fiscal canadien.
Le travail d’analyse et d’évaluation de la direction est systématique et exhaustif. Notre cadre d’analyse comporte de nombreux éléments, dont les suivants: évaluer en détail la nécessité d’intervenir sur le plan politique; évaluer une mesure du point de vue de son efficacité à atteindre ses objectifs de politique; vérifier si les mesures répondent aux objectifs de politique fondamentaux, à savoir l’efficience, l’équité et la simplicité; évaluer les options au regard des mécanismes de prestation; examiner les enjeux liés au genre ou à l’environnement, ainsi que les répercussions qu’ils pourraient avoir à l’échelle provinciale et territoriale; évaluer les incidences fiscales éventuelles.
Nous prenons également en considération les questions administratives, législatives ou liées à la conformité. Et nous consultons les autres ministères, les intervenants et les autres administrations.
[Français]
Une fois les mesures adoptées, le ministère surveille en permanence la performance du régime fiscal, rencontre les intervenants, analyse les tendances qui se dégagent des données pertinentes, surveille la jurisprudence et consulte l'Agence du revenu du Canada, les autres ministères et organismes ainsi que le public en général.
Si l'on se rend compte qu'il y a des enjeux, ils sont attentivement passés en revue par le ministère, et les décideurs en sont informés si cela s'avère nécessaire.
Bien que l'examen des dépenses fiscales diffère à certains égards des règles applicables aux dépenses de programmes directes, il est fait selon un processus permettant de repérer efficacement les enjeux éventuels au chapitre du régime fiscal, qui permet également d'obtenir les résultats voulus, c'est-à-dire veiller à ce que le régime fiscal fonctionne comme prévu.
Permettez-moi de vous donner quelques statistiques illustrant la portée et l'ampleur du travail accompli par notre direction.
Au cours des quatre derniers exercices budgétaires du gouvernement fédéral, la direction a préparé des analyses détaillées au sujet d'environ 400 différentes propositions et mesures fiscales. Environ 110 de ces mesures ont été retenues et mises en application, ou vont bientôt l'être. Le ministère a produit 1 274 pages de nouveaux textes de loi dans la demande fiscale de 2013 et 363 pages en 2014. Depuis 2006, plus du tiers de toutes les dépenses fiscales liées à l'impôt ont été prises en considération en ce qui concerne leur adoption ou leur modification.
[Traduction]
Permettez-moi maintenant de parler brièvement des renseignements sur les dépenses fiscales que le ministère publie. C'est en 1979 que le ministère a produit le premier rapport sur les dépenses fiscales fédérales. Le Canada était alors un des premiers pays à publier un tel rapport. Depuis, le ministère fournit aux Canadiens des renseignements exhaustifs sur les dépenses fiscales d'une manière proactive qui contribue à la transparence et à la reddition de comptes.
Au moyen de son rapport annuel, intitulé Dépenses fiscales et évaluations et de son document de référence complémentaire, intitulé Dépenses fiscales: Notes afférentes aux estimations et projections, le ministère présente des renseignements importants au public. Cela comprend des renseignements sur les objectifs et la conception des dépenses fiscales fédérales, de même que sur les coûts réels et projetés.
Le Canada est aussi l’un des rares pays qui publient régulièrement des évaluations des dépenses fiscales. L'Organisation de coopération et de développement économiques et le Fonds monétaire international ont reconnu la grande qualité des rapports sur les dépenses fiscales produits par le Canada.
Le vérificateur général a conclu que le ministère fait un bon travail pour analyser les nouvelles mesures fiscales et surveiller celles qui sont en place, et nous en sommes heureux. Et si le ministère est d'avis que notre approche à la gestion des dépenses fiscales est robuste, nous admettons qu'il est toujours possible de faire mieux. Et c'est dans cet esprit de perfectionnement que nous accueillons favorablement les recommandations du vérificateur général.
Dès l’an prochain, le ministère fournira des renseignements sur les coûts pour deux autres années, comme le recommande le vérificateur général. Conformément à une autre recommandation, le ministère va également ajouter de l'information dans le document de référence complémentaire afin de mieux renseigner les lecteurs sur les programmes de dépenses gouvernementales.
Le ministère est résolu à constamment améliorer l'information sur les dépenses fiscales mise à la disposition du public, et il veillera à ce que les analyses et les évaluations des dépenses fiscales continuent d'être effectuées conformément à des normes de qualité élevées.
Merci, monsieur le président.
:
Bonjour, monsieur le président.
[Français]
Je vous remercie de cette invitation à témoigner devant le comité aujourd'hui.
[Traduction]
Je prends la parole aujourd'hui pour répondre aux questions sur le travail de collaboration entre l'ARC et le ministère des Finances pour ce qui est de la gestion des dépenses fiscales, sujet qui a fait l'objet d'un examen dans le rapport du vérificateur général publié le 28 avril 2015. L’ARC est heureuse de constater qu’il n’y avait pas de points de préoccupation soulevés par le vérificateur général concernant notre administration des dépenses faites au moyen du système fiscal et il n’y avait aucune recommandation propre à l’ARC.
À titre d'information, l'ARC est responsable de l’administration des lois fiscales canadiennes, y compris la Loi de l’impôt sur le revenu et la Loi sur la taxe d'accise. Nous entreprenons un large éventail d’activités pour cotiser et traiter les déclarations de revenus, les déclarations de renseignements et les paiements aux particuliers et aux entreprises. Nous avons également la responsabilité de veiller à l’observation des lois fiscales, ce que nous accomplissons à l'aide de divers moyens, dont l'évaluation du risque, le rapprochement de données provenant de tiers et la vérification.
L'ARC travaille de concert avec la Direction de la politique de l'impôt du ministère des Finances en vue d'offrir une orientation sur l’administration de modifications fiscales de deux façons. Premièrement, lors de l'élaboration d'une mesure législative, nous fournissons des analyses sur l'administration, l'observation, l'exécution et l'établissement des coûts. Deuxièmement, une fois qu'une mesure législative est mise en oeuvre, nous évaluons de façon continue l'administration des mesures fiscales afin de déterminer toute conséquence ou tout enjeu imprévus pouvant survenir dans l'application pratique de la mesure législative.
Un dialogue continu permet de veiller à ce que le ministère des Finances soit en position de tenir compte des enjeux possibles liés à l'observation et des coûts de mise en oeuvre des dépenses fiscales. À cet effet, l'ARC évalue différents aspects opérationnels, dont les incidences sur nos opérations internes et sur les administrations fiscales provinciales et territoriales et, dans la mesure du possible, elle détermine le nombre de contribuables touchés.
En plus des renseignements présentés à l'appui des analyses du ministère des Finances, les analyses de l'ARC nous permettent aussi de cerner des enjeux importants pour une administration efficace de la modification fiscale, dont les changements à nos systèmes de technologie de l'information, le nombre attendu de demandes de renseignements que la modification engendra et tous les changements devant être apportés à nos publications.
Après la mise en oeuvre d'une modification fiscale, l'ARC fournit au ministère des Finances d'autres commentaires et analyses sur des questions liées à l'observation et aux coûts additionnels pour la mise en oeuvre de la mesure fiscale.
En terminant, j'aimerais réitérer que l'ARC travaille en étroite collaboration avec le ministère des Finances pour évaluer les aspects administratifs de nouvelles dépenses fiscales. Je répondrai volontiers aux questions ayant trait à ce processus.
Merci, monsieur le président.
:
La vérification portait sur deux aspects distincts. Nous avons examiné les activités menées par le ministère des Finances avant la mise en oeuvre d'une mesure fiscale, puis nous avons examiné ses activités après la mise en oeuvre d'une mesure fiscale.
Nous abordons les activités du ministère avant la mise en oeuvre d'une mesure fiscale à partir du paragraphe 3.34, dans lequel on mentionne ce qui suit:
[...] lorsqu’il analysait les dépenses fiscales avant qu’elles ne soient mises en oeuvre, le ministère des Finances Canada examinait la majorité des composantes clés de son cadre d’analyse, notamment la nécessité de l’intervention gouvernementale ainsi que l’efficience, l’efficacité et l’équité.
Dans l'ensemble de cette section, nous affirmons, au paragraphe 3.42, par exemple:
Nous avons constaté que le Ministère analysait les facteurs touchant le besoin stratégique, l’efficience, l’efficacité, l’équité et les recettes cédées pour la plupart des mesures fiscales choisies, mais qu’il n’avait pas pris en considération des solutions de rechange.
Dans l'ensemble, en ce qui concerne les activités menées avant la mise en oeuvre des mesures fiscales, nous estimons que le ministère des Finances faisait un bon travail d'analyse et qu'il avait examiné la majorité des composantes de son cadre d’analyse. Nous soulignons toutefois, au paragraphe 3.42, que nous avons constaté que dans certains cas, le ministère n'avait pas pris en considération des solutions de rechange pour les mesures fiscales que nous avons étudiées.
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Je dirais d'abord que chaque pays fait ses propres choix à cet égard. Certains pays fournissent des données supplémentaires que le Canada ne fournit pas actuellement, tandis que d'autres ne publient pas certaines informations fournies par le Canada.
Je pense qu'il existe diverses approches, mais selon moi, le point de départ est lié à la définition d'une dépense fiscale. Du point de vue du Canada, un des éléments importants, c'est... Essentiellement, une dépense fiscale est un écart par rapport au régime fiscal de référence. Donc, la définition qu'on donne au régime fiscal de référence revêt une grande importance pour définir la portée de la reddition de comptes sur les dépenses. Au Canada, nous avons une approche très large, ce qui signifie que la reddition de comptes touche un large éventail de dépenses fiscales, et je pense que l'OCDE, en particulier, a reconnu l'ampleur des données que nous fournissons sur les dépenses fiscales.
Je pense qu'il est juste de dire que d'autres pays ou administrations fournissent d'autres points de données — plus de projections de coûts, par exemple —, mais aucune de ces administrations ne fournit toutes ces données. Ce que je dis, c'est que chaque administration fait ses propres choix.
Nous acceptons la recommandation du vérificateur général de fournir plus de projections de coûts, et le ministère des Finances fournira des projections de coûts pour deux autres années, au besoin.
À cet égard, je pense que la difficulté est liée à la capacité d'établir des projections relatives aux dépenses fiscales. Certaines dépenses fiscales sont liées aux cycles opérationnels ou au marché, par exemple. Il pourrait être très difficile et même trompeur d'établir des projections de coûts sur de trop longues périodes. Toutefois, nous tenterons d'en fournir le plus possible.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d’être ici.
Monsieur Marsland, dans les paragraphes 3.41 et 3.42 de son rapport, le vérificateur général passe en revue plusieurs éléments. Le paragraphe 3.41 semble s’aligner sur une partie de votre exposé, à la page 2, où vous parlez d’évaluer en détail et d’évaluer une mesure du point de vue de son efficacité. Les points que soulève le vérificateur général dans le paragraphe 3.41 ressemblent aux vôtres, sauf qu’au paragraphe 3.42, il souligne que le ministère n’a pas pris en considération des solutions de rechange pour les mesures fiscales examinées — quelques-unes ont été examinées, mais pas toutes.
Pourriez-vous nous dire pourquoi le ministère n’a pas considéré d’autres solutions de rechange aux mesures fiscales examinées?
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Je comprends, mais je parle des mesures que le vérificateur général a examinées. Soit vous savez pourquoi, soit vous ne le savez pas.
Si vous ne le savez pas, ça va, puisqu’il s’agit d’une question très précise et je ne m’attends pas à ce que vous, monsieur Marsland, ayez en main tous les documents. Je comprends que vous ne savez peut-être pas les raisons exactes pour lesquelles des solutions de rechange n’ont pas été considérées, mais vous pourriez faire parvenir cette information au comité un peu plus tard. Peut-être que cela respecte les paramètres. Ça va.
Le vérificateur général souligne également que le ministère n’a pas évalué systématiquement ces mesures afin d’établir si les résultats prévus avaient été atteints et si leur rendement correspond aux attentes. À la page 2 de votre exposé, vous dites ce qui suit: « Une fois les mesures adoptées, le ministère surveille en permanence la performance du régime fiscal […]. »
Je comprends que le régime fiscal comprend beaucoup de choses, mais le vérificateur général dit que vous n’avez pas évalué un certain nombre de ces mesures, alors qu’à la page 2 de votre exposé, vous semblez dire que vous les évaluez. Est-ce simplement une question de surveillance ou est-ce que vous allez les évaluer? Que s’est-il passé exactement? Le vérificateur général dit clairement que vous ne les avez pas évaluées. Vous dites que vous les évaluez.
Il serait utile de savoir si… De toute évidence, ces mesures n’ont pas été évaluées, puisque vous ne contestez pas cette déclaration. La question est de savoir pourquoi elles n’ont pas été évaluées si votre intention était de les évaluer, puisque vous avez dit que vous alliez les évaluer. Et, si vous ne les avez pas évaluées, comme le souligne le vérificateur général, pourquoi?
Et, monsieur, lorsque je dis « vous », je ne parle pas de vous personnellement, bien entendu.
Je crois que le vérificateur général a choisi huit dépenses faites au moyen du système fiscal et a conclu que nous avions évalué quatre d’entre elles.
En réalité, nous avons évalué sept de ces mesures et avons fourni des renseignements sur notre rendement. Là où nous ne sommes pas d’accord, c’est s’il existe un document unique qui évalue ce rendement ou si nous avons analysé toutes les composantes sur une période de temps donnée aux fins d’une évaluation.
Selon le rapport, nous n’avons pas évalué le crédit d’impôt pour l’exploration minière pour les détenteurs d’actions accréditives, notamment. Nous avons fourni des documents — pas un document unique sur l’évaluation, mais bien des documents qui ont servi à une évaluation —, y compris une évaluation des actions accréditives que nous avons publiée et qui tient compte explicitement du crédit d’impôt pour l’exploration minière. Ces deux mesures sont très étroitement liées, puisque le crédit d’impôt pour l’exploitation minière s’appuie sur le système d’actions accréditives. C’est ce sur quoi portait cette évaluation.
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Mon temps est presque écoulé.
Vous savez comment les choses fonctionnent à ce comité; le maître là-bas a un gros marteau.
Je n’aime pas interrompre quiconque, mais notre temps d’intervention est limité.
Je comprends tout cela. Merci. Vous dites que ça se trouve ailleurs.
L’autre point que souligne le vérificateur général concerne les rapports au Parlement. Les employés du ministère travaillent très fort pour produire ce qu’on leur demande. Mais c’est à nous que revient la responsabilité d’approbation. Cependant, nous ignorons ce que nous approuvons. Nous ne comprenons pas nécessairement les conséquences à long terme, car nous ne recevons aucun rapport officiel. Dans son rapport, le vérificateur général dit qu’aucun rapport n’a été déposé sur les mesures fiscales pour les prochaines années.
Je sais que vous êtes d’accord. Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait?
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins pour leurs efforts dans les rôles très différents qu’ils exercent.
Monsieur le président, j’aimerais reprendre là où M. Falk a laissé, notamment lorsqu’il parlait de notre rendement au sein de la communauté internationale. Une analyse comparative est parfois utile pour voir l’ensemble de la situation, mais je comprends ce que vous dites, monsieur Marsland, que même si certains pays ont adopté des mesures particulières, leur système est peut-être bien différent du nôtre.
Selon le Centre des administrations fiscales, le rapport sur les dépenses fiscales du Canada est celui qui contient le plus d’informations. Vous dites, monsieur Marsland, qu’en vertu des informations que le Canada fournit déjà, nous disposons d’un processus proactif approprié pour l’analyse de nouvelles mesures fiscales et la surveillance des mesures existantes, c’est exact?
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Il y a plusieurs volets à cette analyse. Au sujet du rapport sur les dépenses fiscales, chaque année, nous réévaluons les coûts de chacune des mesures. Cela nous permet de voir s’il y a des écarts par rapport aux prévisions et, si c’est le cas, nous les analysons. Il s’agit d’une approche de surveillance.
Aussi, nous examinons continuellement les propositions de changement aux mesures fiscales qui nous sont acheminées. Lorsque nous étudions une modification possible à une mesure fiscale, nous procédons comme s’il s’agissait d’une nouvelle proposition. Nous profitons de l’occasion pour utiliser le cadre d’analyse auquel le vérificateur général a fait référence pour examiner l’ensemble de la mesure. Dans un tel cas, nous utilisons également des données.
De plus, nous choisissons certaines mesures fiscales pour les soumettre à une analyse plus approfondie. Cette année, nous avons publié les résultats de notre évaluation du crédit d’impôt pour les dons de bienfaisance. Nous avons choisi cette mesure, car elle est très populaire dans le secteur bénévole. En termes de mesures fiscales, celle-ci est onéreuse, mais selon nous, elle est très importante. Donc, nous avons évalué cette mesure et avons publié les résultats.
Je dirais que nous utilisons un grand nombre d’approches. Nous prenons à coeur l’observation du vérificateur général selon laquelle il faut procéder de façon systématique. Nous allons nous assurer que toutes ces approches couvrent tous les aspects et, s’il y a des écarts, nous prendrons les mesures nécessaires pour les corriger.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de s'être déplacés pour venir nous rencontrer.
Monsieur Marsland, à la page 1 du rapport, vous indiquez quelque chose de très important en ce qui concerne les exemptions fiscales, les rapports, les déductions et les crédits. La finalité de l'ensemble de ces dépenses fiscales est quand même assez bien indiquée quand on étudie le rapport intitulé Dépenses fiscales et évaluations 2013 et ce qu'il contient sur les actions accréditives.
J'ai lu et analysé ce document. J'aimerais porter à votre attention ce qui est mentionné à la page 51. On peut y lire que le montant de 1,4 milliard de dollars par année généré par ces activités profite surtout à des gens qui ont un revenu élevé et qui investissent dans des actions accréditives.
Concernant l'ensemble de cette mesure, non seulement vous ne nous dites pas si ce montant de 1,4 milliard de dollars pourrait être financé autrement que par des actions accréditives — votre rapport n'en parle pas —, mais vous dites que ce sont surtout les personnes riches qui profitent de cette déduction fiscale, ce qui pose problème.
Je me pose une question à cet égard. Les mesures fiscales ont pour objectif de réduire — si je peux m'exprimer ainsi — les écarts de richesse. Vous obtenez toutefois le contraire. Cela est d'ailleurs observé à la page 1 du document fourni par le Bureau du directeur parlementaire du budget où on peut lire ce qui suit: « Leur impact sur l’inégalité a toutefois changé au fil du temps avec l’accroissement de l’inégalité et l’abolition ou la création d’impôts et de transferts. »
On a constaté que, depuis 1980 — avec une pointe en 1991 et en 2000 —, l'iniquité fiscale ne cesse de s'accentuer. Pourquoi n'intervenez-vous pas pour empêcher cette situation plutôt que de l'accentuer par vos décisions?
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Je dirais que ces mesures visent à donner une meilleure idée de l'importance que prendront les dépenses fiscales en quelques années.
Je pense qu'on peut le faire pour bon nombre de dépenses fiscales en examinant les données des quatre années, mais j'imagine que les projections pour deux années supplémentaires vous permettraient de comprendre un peu mieux dans quelle mesure elles augmentent.
Certaines dépenses fiscales suivent largement la croissance de l'économie ou du revenu d'emploi, par exemple. C'est relativement prévisible, mais je n'irais pas jusqu'à dire que ce l'est complètement. D'autres dépenses sont caractérisées par un fort degré de volatilité, et dans cette situation, nos projections sont plus prudentes. Nous n'avons pas de boule de cristal et nous ne pouvons pas faire de prédictions exactes sur ce que seront le rendement des marchés et la conjoncture au cours des deux prochaines années.
Pour répondre à votre question, dans certains cas, cela permet d'avoir une meilleure idée de l'évolution des dépenses. Dans d'autres cas, nous voulons émettre une mise en garde au sujet des deux années supplémentaires pour nous assurer que nous n'induisons pas les gens en erreur.
D'après ce que je comprends, en effet, en consultant le rapport intitulé Dépenses fiscales et évaluations, vous constaterez qu'il contient les données réelles de quatre années. Par exemple, dans le rapport de 2014, les quatre années vont jusqu'à 2012. Les projections sont celles pour 2013 et 2014. Ce qu'elles représentent, c'est le fait qu'au moment où l'on prépare le rapport de 2014, les données définitives ne sont pas connues pour ce qui est de 2013 et de 2014. On ne fournit pas de projections pour les années suivantes, ce que comprendrait, par exemple, un rapport sur les plans et les priorités d'un ministère — les dépenses prévues par le ministère au cours des années suivantes.
Concernant les projections, je pense que nous avons deux définitions différentes de « projections ». Nous parlons essentiellement du même type d'information. Dans les programmes de dépenses, les estimations ne sont pas assez précises non plus, mais dans les programmes de dépenses, il est possible de fournir des projections dépassant l'année en question. Nous disons donc que parce qu'un certain nombre de ces programmes sont similaires aux programmes de dépenses, ce type d'information sur les projections serait utile pour que le lecteur sache quels seront les coûts de ces dépenses fiscales dans l'avenir.
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Je ne sais pas exactement à quels risques on fait référence dans le rapport.
Or, avant de parler des éléments précis, je dirais qu'à mon sens et d'après mon expérience, toute mesure fiscale comporte des risques. Il y a toujours des risques, qu'il s'agisse de risques en matière de conformité, ou de risques que la réaction des contribuables ne corresponde pas à celle à laquelle nous nous attendions. Il y a toujours des risques. Notre rôle, c'est de cerner les risques, de les analyser et de les atténuer ou de fournir des moyens de les atténuer.
Nous avons suivi l'évolution du crédit d'impôt pour l'achat d'une première habitation. Le gouvernement en a fait rapport dans ses rapports sur le plan d'action économique, et nous continuons de le surveiller en fonction de l'évolution du marché de l'habitation, mais nous n'avons pas effectué d'évaluation sur cette mesure.
:
Monsieur Ferguson, à la fin du paragraphe 3.60, à la page 16, vous parlez du crédit d'impôt pour l'achat d'une première habitation et, aussi, du crédit d'impôt pour manuels, qui faisait partie des dépenses que vous avez marquées. Le ministère a affirmé, dès le départ, qu'ils comportaient des risques potentiels. Dans votre rapport, vous dites: « Le Ministère ne possède donc pas toute l'information nécessaire pour déterminer si la pertinence et le rendement de ces crédits d'impôt sont à la hauteur des attentes ».
D'après vous, est-ce une lacune dans le fonctionnement de ce système? Une lacune systémique? Est-ce parce que c'est une surveillance sans véritable évaluation? Une comptabilité des dépenses — tant ce mois-ci, tant le mois dernier — mais sans vraiment en évaluer la nature? Des chiffres, pas plus. Bien honnêtement, c'est frappant. Je sais que c'est l'argent des contribuables et que nous comptons cet argent, mais nous ne le comptons pas vraiment. C'est de l'argent que nous n'obtenons pas, parce que nous le laissons filer ailleurs.
Je suis simplement frappé par le fait que, à la fin de ce programme... Cela m'amène à la pièce 3.3 de la page 13. Je crois que vous en avez parlé. On y compare les dépenses de programmes directes et les dépenses faites au moyen du système fiscal. En regard de l'évaluation, on lit que celle des dépenses directes est obligatoire, mais pas celle des dépenses au moyen du système fiscal. En regard de « l'examen des dépenses », on lit « oui », les dépenses directes y sont assujetties, mais pas les dépenses faites au moyen du système fiscal.
Cela vous semble-t-il convenable? Pensez-vous que nous devons les évaluer? Devons-nous suivre une politique qui exige leur évaluation plutôt qu'une politique qui, actuellement, laisse la bride sur le cou?
Encore une fois, nous avons notre code fiscal à nous, et il y a d'autres administrations. Je voudrais, plus précisément, poser des questions sur la partie du rapport du printemps du vérificateur général du Canada où il déclare que, dans certains organismes internationaux, on a adopté des pratiques de reddition de comptes comme l'ajout de courtes descriptions des mesures fiscales, la discussion de leur objet ou de leur raison d'être, l'évaluation des coûts entraînés par chaque dépense fiscale et du nombre de bénéficiaires.
Le vérificateur général a cité en exemple l'Australie, la France et la Pennsylvanie. Ces États fournissent-ils tous ces renseignements ou seulement une partie? Pouvez-vous aussi nous citer quelques exemples d'éléments de notre méthode que ces États n'ont pas?
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Votre question concerne en partie un aspect abordé dans notre recommandation du paragraphe 3.33: « Pour appuyer adéquatement la fonction de surveillance du Parlement, le ministère des Finances Canada devrait adopter de meilleures pratiques de reddition de comptes sur les dépenses faites au moyen du système fiscal et fournir plus de renseignements, notamment des recoupements entre les dépenses fiscales et les dépenses de programmes directes, pour améliorer la compréhension de toutes les dépenses gouvernementales ».
Il importe d'évaluer les mesures fiscales, les dépenses faites au moyen du système fiscal, mais je pense que c'est aussi la raison pour laquelle il importe de s'assurer que les gens, devant ce type de programmes, puissent comprendre si d'autres types de programmes sont liés à la mesure fiscale. Tel que je comprends votre question, vous parlez d'une évaluation qui ne porte pas seulement sur la mesure fiscale individuelle, évaluation qui, d'après nous, devrait être faite et qui est préconisée dans notre recommandation du paragraphe 3.61. Vous parlez d'une évaluation qui porterait sur l'interaction, en général, de la mesure fiscale avec d'autres mesures, qu'elles soient fiscales ou des dépenses de programmes directes. Je dirais qu'au moins un premier élément de cela se trouve dans notre autre recommandation, au paragraphe 3.33, qui aide le lecteur à comprendre le lien entre une mesure fiscale particulière et une dépense de programme directe.
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Il faut plutôt se demander ce qui constitue une dépense fiscale. Comme je le mentionnais, une dépense fiscale est une dérogation à un régime fiscal de référence. Le régime de référence est défini le plus largement possible, de façon à couvrir le plus de dépenses fiscales possible.
Dans ce contexte, nous faisons rapport sur toute une gamme de mesures qui ont différents objectifs au sein du régime fiscal. Comme le vérificateur général le mentionnait, certaines viennent essentiellement remplacer des dépenses directes, mais ce n'est pas le cas pour la plupart. Elles constituent une mesure juste du revenu. Elles favorisent la simplicité. Par exemple, l'imposition des gains en capitaux est déclarée à titre de dépense fiscale en fonction de la valeur de consommation plutôt qu'en fonction des produits à recevoir. Nous procédons ainsi pour des raisons pratiques. Il serait extrêmement compliqué d'imposer les gains en capitaux qui sont appelés à augmenter avant la vente de la propriété.
Si je dis cela, c'est pour illustrer le fait qu'il n'y a pas deux dépenses fiscales pareilles. Il y a une vaste gamme de mesures, et pour les évaluer, il faut tenir compte des risques qui leur sont associés, des dépenses, qu'elles fassent partie intégrante ou non du régime fiscal et que les risques soient élevés ou non. Il faut comprendre ce qu'elles coûtent et analyser leur rendement, mais l'évaluation ne se fait pas nécessairement sous le même angle.
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Merci, monsieur le président.
J'espère ne pas trop surprendre les témoins par mes questions. D'ailleurs, je pense qu'ils seront en mesure d'y répondre assez facilement.
Au point 3.58, il est mentionné que la problématique représente aussi une vision globale. Paradoxalement, on a vu ce qu'a mentionné le professeur Léo-Paul Lauzon. J'espère que vous connaissez ses travaux de recherche à ce sujet. Il indique que, graduellement, on voit les 5 % de la population qui sont les plus riches ne pas être obligés de payer quelqu'impôt que ce soit. Une grande proportion de ces gens les plus riches parviennent, d'une année à l'autre, à ne pas payer d'impôt ou à payer peu d'impôt.
Toute la question à se poser est la suivante. Est-ce que l'ensemble global du mouvement que vous apportez à la fiscalité canadienne ne fait pas en sorte qu'on va se retrouver à devoir faire payer nos petits-enfants pour les dégrèvements d'impôt que nous avons à l'heure actuelle? Le problème est majeur et on observe que les dépenses fiscales ne cessent d'augmenter. Ces dépenses fiscales favorisent systématiquement la fraction la plus riche de la population canadienne. On ne voudrait pas que nos petits-enfants se retrouvent à payer nos factures. Comme l'indique le point 3.58, il y a une lacune au chapitre de l'analyse globale.
Ne répondez pas tous en même temps.
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Monsieur le président, vous comprendrez le problème que nous avons.
Si les témoins ne sont pas en mesure de répondre à ces questions, comment espérez-vous que, sur le plan législatif, nous puissions corriger une situation que nous estimons inacceptable?
À ce sujet, je ferai référence à la déclaration initiale de M. Marsland. Il indiquait qu'il y avait eu en 2014, 364 pages de textes légaux, fiscaux et financiers. Pour la majorité des Canadiens, la Loi de l'impôt sur le revenu est un texte juridique d'une complexité folle. Je fais référence au rapport de l'Ordre des comptables professionnels agréés du Québec. Il mentionnait que la Loi de l'impôt sur le revenu était devenu un capharnaüm dans lequel les gens ne se retrouvaient pas. Là encore, les gens du ministère accentuent le problème. Ils accentuent le volume de la Loi de l'impôt sur le revenu au lieu de le simplifier.
Le plus bel exemple que je peux donner est le suivant. On n'a qu'à regarder la page 17 du document portant sur les dépenses fiscales et les évaluations publiées en 2013 à propos du programme de crédits pour les personnes handicapées. Encore de nos jours, de nombreux députés doivent informer les personnes handicapées de la définition de ce qu'est une personne handicapée et des droits qu'elles ont. C'est bien beau d'avoir une loi — et à cet égard je rejoins les propos de M. Albas —, mais encore faut-il qu'elle soit accessible à l'immense majorité des Canadiens. Il faut que les Canadiens sachent que c'est accessible et qu'ils sachent comment y avoir accès. Encore là, dans l'ensemble des documents qui nous ont été présentés et dans l'ensemble du rapport, il y a un problème. Toute la question porte sur l'accessibilité des avantages relatifs aux lois fiscales.
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Je serai heureux de répondre à votre question, monsieur Albas.
Pour résumer un peu ce qui a été dit aujourd'hui, et pour répondre très directement aux commentaires formulés par le vérificateur général dans son rapport, nous allons ajouter les deux années additionnelles de projections de coûts. Cela permettra de voir au-delà du passé et du présent et d'avoir des projections sur deux ans, assujetties à toute mise en garde nécessaire concernant la consistance de ces estimations.
Nous allons également fournir des données supplémentaires sur les programmes de dépenses du gouvernement, de façon à ce que cette information figure dans le document d'accompagnement, qui explique un peu plus en profondeur les dépenses fiscales. Nous allons aussi tenter de fournir des liens vers les programmes pertinents, pour que les personnes examinant les dépenses fiscales puissent avoir une meilleure vue d'ensemble. Par exemple, s'il est question du crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental, on pourrait renvoyer le lecteur vers certains programmes qui sont offerts par Industrie Canada et qui ciblent également la recherche et le développement. Ce serait une information évidente à ajouter dans ce cas-ci.
Nous nous sommes par ailleurs engagés à surveiller de manière continue les dépenses fiscales et à le faire selon un processus systématique plus formel. Cela nous permettra de mieux documenter l'ampleur et la portée de notre analyse. Si on décèle des lacunes, il sera plus facile d'y remédier rapidement en produisant les bons rapports d'évaluation.
Finalement, je note que nous sommes déterminés à continuer de publier toutes les données pertinentes. Dans les dernières années, nous avons été en mesure de publier au moins deux évaluations par année, et nous aimerions certainement poursuivre sur cette lancée. Nous voulons fournir au public et aux parlementaires des analyses rigoureuses et des informations de qualité.
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Je vais tenter d'y répondre.
Je crois que la question portait de façon générale sur la complexité croissante du régime fiscal, notamment du crédit d'impôt pour personnes handicapées, à titre d'exemple.
En ce qui a trait à la complexité du régime fiscal, je ne peux pas vous contredire là-dessus. Tout régime fiscal est complexe, en ce sens qu'il suppose l'application de règles plus ou moins compliquées à des activités économiques et sociales extrêmement compliquées. La complexité du régime est inévitable, dans une certaine mesure. Mais si on s'attarde à une mesure fiscale en particulier ou à l'ensemble du régime, il faut tenir compte de divers facteurs — par exemple, sa pertinence pour l'atteinte d'un objectif stratégique, son efficacité à cet égard, son rendement économique, l'équité verticale et horizontale de la mesure, et sa simplicité sur le plan de son administration par l'ARC. Mais surtout, il faut penser au fardeau qu'une mesure impose à ceux qui doivent s'y conformer. Toute politique fiscale exige qu'on trouve l'équilibre parmi toutes ces considérations. La simplicité est un facteur important.
Pour ce qui est du crédit d'impôt pour personnes handicapées, c'est une mesure généreuse dans le contexte du régime fiscal. Elle cible les personnes qui souffrent de handicaps mentaux ou physiques graves. Il est important de bien cibler la mesure, car autrement, elle coûterait extrêmement cher. Il faut viser le bon groupe de personnes qui souffrent malheureusement de ces handicaps. Il faut qu'il y ait des règles. On n'y échappe pas. Je crois que nos collègues de l'ARC travaillent fort pour bien expliquer ces règles dans des termes clairs et simples, pas dans un jargon juridique.
En bref, je dirais que cette complexité est inévitable dans une certaine mesure, mais cela ne devrait pas nous empêcher d'essayer de simplifier les choses.
J'espère que cela vous aide, monsieur Giguère.
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C'est très bien. Merci beaucoup.
Merci au comité.
J'ai une question à vous poser rapidement, pas vraiment là-dessus, mais plutôt sur le dossier complet des dépenses fiscales. The Economist a publié à sa une un article sur les déductions fiscales applicables aux dettes, avançant que la capacité de déduire les paiements d'intérets des sommes dues est un problème peu connu et une véritable bombe à retardement dans le monde de l'économie.
En passant, personne n'a à répondre à cette question. Si vous avez des commentaires à formuler, je serais heureux de les entendre.
The Economist maintient que cette pratique est si dommageable que la Grande-Bretagne a choisi de délaisser le modèle américain, qui permet de déduire les intérêts hypothécaires, pour passer au modèle canadien, qui n'autorise pas ce genre de déductions.
Il avance également que cela pourrait être avantageux pour le monde des affaires. Êtes-vous aussi de cet avis ou avez-vous des commentaires là-dessus? Selon The Economist, il serait bénéfique pour l'administration des économies nationales de délaisser cette pratique qui permet de déduire les intérêts payés sur une dette, et même de modifier le taux d'imposition pour qu'il n'ait pas d'incidence sur les recettes.
Je me demandais si vous aviez des opinions à formuler à ce sujet, car il s'agit d'une dépense fiscale. Quand on parle de déductions fiscales, cela revient à parler de dépenses.
Est-ce que quelqu'un a abordé la question dans le contexte canadien ou personne n'a même effleuré le sujet? Quelqu'un a lu cet article? Je vous lance la question.