Merci à tous d'être ici aujourd'hui. Je vous souhaite la bienvenue.
Aujourd'hui, conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 1er novembre 2018, le Comité entame son étude sur le soutien aux Autochtones canadiens dans le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Ce matin, nous accueillons M. Jamie Hall, d'Indian Agricultural Program of Ontario. Bienvenue au Comité, monsieur Hall.
De plus, nous accueillons chef Byron Louis, de la Bande indienne Okanagan. Bienvenue au Comité, chef Louis.
Nous entendrons d'abord un exposé de sept minutes.
Chef Louis, voulez-vous commencer?
J'aimerais d'abord vous parler du contexte historique de l'agriculture chez les Premières Nations. Diverses études révèlent que même au Canada, l'agriculture sur les terres boisées de l'Ouest remonte à l'an 900 de notre ère. Lorsqu'on commence à examiner la contribution des Premières Nations et des peuples autochtones dans l'hémisphère occidental, on constate qu'aujourd'hui, environ 60 % de tous les aliments qui font l'objet du commerce international proviennent de l'Amérique du Nord.
Je dis souvent aux gens d'imaginer la cuisine italienne sans tomates ou les frites sans pommes de terre ou différentes variétés de maïs ou différents types de choses. Ces aliments proviennent de l'hémisphère occidental. Même aujourd'hui, 60 % de tous les produits élaborés, cultivés et commercialisés aux États-Unis proviennent de l'hémisphère occidental.
Lorsque nous nous penchons sur la question d'un point de vue historique, une chose qui nous tient à coeur, c'est que l'agriculture occupe une place centrale dans la culture des Premières Nations. Il faut donc examiner la définition de l'agriculture. Du point de vue occidental, il s'agit essentiellement d'ouvrir le sol pour obtenir des produits agricoles et d'autres types de produits. Et dans cette perspective occidentale, l'agriculture prend diverses formes. Dans l'Est, on peut observer ce qu'on appelle la méthode des « trois soeurs », c'est-à-dire la culture du maïs, des haricots et des courges. L'utilisation de chaque espèce a été très bien pensée, car les haricots fixent l'azote et grimpent sur la tige de maïs pendant que les courges et les citrouilles fournissent les graines, ce qui permet d'utiliser moins d'eau. Cela fait donc partie de l'innovation.
On peut voir que de nos jours, les Haudenosaunee ont plus de 29 différentes variétés de maïs qui étaient cultivées avant le contact. Et cela n'inclut pas des cultures comme le tabac et d'autres types de produits.
Dans l'Ouest, on présume souvent que l'agriculture n'est pas allée plus loin dans le Nord que l'extrémité sud du Dakota du Nord. Toutefois, des études menées à Winnipeg révèlent qu'on trouve du pollen de maïs sous terre dans certains sites archéologiques à l'extérieur de Winnipeg. Plus à l'Ouest, le feu était essentiellement utilisé à des fins agricoles et pour la production agricole. On a même trouvé des sites de cultures de certaines espèces hydriques comme la sagittaire à larges feuilles, une plante aquatique qui pousse dans les rivières et le long des lits des rivières, qui avaient été préparés il y a 5 000 ans. Nous nous penchons également sur l'aquaculture novatrice, car nous pensons que c'est un type d'agriculture qui était utilisé dans certaines de ces régions il y a 5 000 ans, par exemple les parcs à palourde sur la côte Ouest.
L'agriculture n'est pas une notion qui nous est étrangère. Plus près de nous, je viens d'une famille d'agriculteurs et d'éleveurs depuis quatre générations. Une grande partie de leurs activités étaient liées à l'aridoculture. C'est comme au début du siècle, lorsqu'un grand nombre de nos ancêtres achetaient des batteuses et que l'ensemble de notre communauté cultivait essentiellement les légumes, c'est-à-dire des tomates et différents types de cultures qui étaient envoyés dans les conserveries de Kelowna. Nous pouvions soutenir la concurrence, mais seulement jusqu'à un certain point. Dans les années 1950 et 1960, l'irrigation a commencé à se faire avec des tuyaux et des infrastructures à l'extérieur des réserves, et comme nous ne pouvions pas avoir accès à cela, notre industrie s'est essentiellement effondrée.
L'avenir de l'agriculture chez les Premières Nations est lié à une croissance phénoménale. Une récente étude du Conseil canadien pour le commerce autochtone que j'ai envoyée et qui s'intitule « Success and Sustainability », révèle que 50 % des produits agricoles fabriqués par les Premières Nations du Canada sont vendus sur les marchés internationaux.
La réserve des Gens-du-Sang commercialise pas moins de neuf différents types de produits agricoles au Japon pour le Wagyu, une sorte de boeuf élevé au Japon. La bande d'Osoyoos est le plus grand producteur de raisins du Canada et, en fait, le plus gros employeur après le sud de l'Okanagan. Son vignoble, Nk'Mip, produit des vins qui jouissent d'une réputation internationale. C'est la même chose dans le secteur privé, car les gens commencent à s'installer. Nous avons un ancien chef de Kelowna, qui non seulement entre sur le marché des vignobles avec Indigenous World Winery, mais qui se lance également dans les distilleries et la production de cidre.
Ce sont toutes des initiatives ouvertes. Sur l'île de Vancouver, le chef Gordon Planes utilise l'énergie solaire pour la serriculture. Il cultive du wasabi et évalue la possibilité de produire des mollusques pour le commerce international. Dans l'Est, certaines régions de l'Ontario produisent du riz sauvage et d'autres des sirops et on évalue les possibilités de percer sur différents types de marchés. Elles sont considérables. Plus loin dans l'Est, la Première Nation de la vallée d'Annapolis a acheté une exploitation agricole, qui est utilisée pour ce type d'initiative.
L'avenir de l'agriculture est donc prometteur. Les Premières Nations examinent les possibilités d'exportation à l'extérieur du Canada. Nous croyons que l'avenir de notre agriculture se trouve sur les marchés internationaux, car ils ne sont pas assujettis aux quotas. Autrement, les Premières Nations devraient acheter un quota et ensuite des exploitations agricoles, en plus de prévoir des choses comme l'exploitation et l'entretien, tout en faisant concurrence à des gens qui ont déjà fait ces investissements.
Mes sept minutes sont écoulées.
Je suis le gestionnaire général de l'Indian Agriculture Program of Ontario. Notre organisme a été créé en 1984, avec le soutien du gouvernement fédéral, à titre de société de financement autochtone ayant pour mandat de promouvoir le développement économique des collectivités des Premières Nations par l'utilisation des ressources agricoles. L'IAPO est une entreprise sociale sans but lucratif. Depuis sa création, notre organisme a organisé plus de 80 millions de dollars en prêts pour tous les types d'exploitations agricoles.
Même si l'IAPO a été créé pour s'attaquer aux obstacles auxquels se heurtent les agriculteurs des Premières Nations relativement à l'accès au crédit dans les réserves, l'IAPO a rapidement reconnu que l'accès au financement n'était pas suffisant pour assurer la réussite et, au besoin, il offre des services de vulgarisation agricole et de consultation commerciale, dans la mesure où le financement et la situation financière le permettent.
Au cours des dernières décennies, même si l'économie agricole s'est épanouie et a prospéré, la participation des Premières Nations à cette réussite accuse un grand retard en raison de politiques juridiques et de facteurs socioéconomiques. Avec des stratégies appropriées, des ressources et des actifs abondants, mais sous-utilisés, pourraient être exploités pour offrir des possibilités économiques intéressantes aux collectivités, aux entreprises et aux entrepreneurs des Premières Nations partout au Canada.
Le chef Louis a parlé brièvement de certaines de ces possibilités, et j'aimerais approfondir ce sujet.
Tout d'abord, il faut tenir compte du fait que les Premières Nations contrôlent de vastes étendues de terre. Dans bien des cas, ces terres ne sont pas exploitées à leur potentiel économique, et c'est donc une excellente occasion de le faire.
De plus, avec les revendications territoriales, les terres sous contrôle des réserves continuent de croître. De 2006 à 2014, près de 3 500 kilomètres carrés de terre ont été ajoutés, et comme 40 % de la masse continentale du Canada fait toujours l'objet de revendications territoriales, nous prévoyons que les vastes quantités de terre continueront à augmenter. C'est donc une énorme possibilité sur le plan des ressources.
L'autre grande ressource, ce sont les facteurs démographiques. En effet, la communauté des Premières Nations est très jeune et s'accroît très rapidement. L'âge médian est de 32 ans. Nous avons donc une population jeune à la recherche de possibilités économiques intéressantes, et l'agriculture peut représenter une partie de la solution, qu'il s'agisse du secteur agricole ou agroalimentaire. Lorsque nous examinons l'incidence de cette situation au sein de l'industrie, il est important de tenir compte de la crise de la relève à laquelle l'industrie agricole canadienne pourrait être confrontée. Étant donné que l'âge moyen des producteurs est de 55 ans et que seulement 8 % d'entre eux ont un plan de relève, nous avons l'occasion de réunir ces deux mondes. De même, en ce qui concerne les emplois liés à l'agriculture, selon Financement agricole Canada, FAC, environ 7 % des emplois agricoles ne sont pas pourvus et, d'ici 2025, on estime que cette proportion sera de 25 %. Nous avons donc une population jeune et dynamique à la recherche de possibilités économiques intéressantes, et nous avons l'occasion de réunir ces deux éléments.
La sécurité alimentaire est un autre secteur qu'il ne faut pas négliger lorsque nous parlons d'agriculture. En effet, c'est une question omniprésente dans les collectivités. Ce n'est pas une question qui concerne uniquement les collectivités nordiques ou éloignées. Dans le Sud de l'Ontario, il existe des déserts alimentaires. Tous les efforts en vue d'appuyer le développement des exploitations agricoles et de l'agriculture dans les collectivités des Premières Nations peuvent aider à régler les problèmes de sécurité alimentaire et à bâtir des économies alimentaires locales.
Enfin, le contexte de la réconciliation offre la plus grande possibilité. Comme l'a souligné le Conseil national de développement économique des Autochtones dans son document intitulé Réconciliation: Stimuler l'économie canadienne de 27,7 milliards de dollars, la réduction de l'écart de revenu entre la population autochtone et la population non autochtone du Canada se traduirait par une augmentation du PIB estimée à 27,7 milliards de dollars. L'agriculture peut donc jouer un rôle important pour combler cet écart. Il faut saisir cette occasion en or.
Maintenant que nous avons parlé des possibilités, je pense qu'il est important d'examiner certaines des contraintes potentielles et les raisons de la situation actuelle. En plus des défis habituels auxquels sont confrontés les agriculteurs et les agroentreprises, notamment les conditions météorologiques, les marchés et le commerce, les entreprises et les entrepreneurs des Premières Nations font face à un ensemble unique de défis.
Le premier est l'accès limité au crédit. La Loi sur les Indiens empêche les personnes résidant dans les réserves de donner leurs biens en garantie, qu'il s'agisse de terres, d'équipement ou d'autres biens. C'est un immense obstacle à la création de richesse et au financement. Au Canada, l'industrie agricole a pris de l'expansion grâce à l'accélération de la valeur des terres et à la possibilité d'emprunter sur ces terres et d'en tirer parti pour poursuivre la croissance. Cette possibilité n'existe pas dans les collectivités des Premières Nations.
La question de l'accès au crédit touche également des organismes comme l'IAPO. Nous accordons des prêts de développement aux agriculteurs des Premières Nations de l'Ontario, mais d'un bout à l'autre du Canada, il y a environ 55 IFA semblables — c'est-à-dire des institutions financières autochtones — qui n'ont pas accès à un financement sûr pour leurs capitaux d'emprunt. Au fil des ans, nous nous sommes retrouvés dans une situation où nous n'avions plus de fonds à prêter aux producteurs.
Parmi les autres domaines socioéconomiques uniques qui méritent d'être soulignés pour leur effet sur la participation à l'agriculture, il y a tout d'abord le niveau de scolarité. Plus de 40 % des exploitants agricoles au Canada ont fait des études postsecondaires. Le niveau de scolarité secondaire et postsecondaire des membres des Premières Nations est beaucoup moins élevé que cela.
De plus, dans le cas de la formation informelle et du développement des compétences, dans une économie agricole solide en milieu rural, que ce soit de père en fils ou de voisin en voisin, il y a une économie agricole dynamique dans laquelle les personnes intéressées peuvent apprendre l'agriculture, acquérir de l'expérience et commencer à apprendre le métier. Dans de nombreuses collectivités des Premières Nations, mais pas toutes, il n'y a pas d'économie agricole. Encore une fois, il y a un manque de possibilités de formation informelle ou de perfectionnement des compétences.
Enfin, il y a le fossé technologique. Il est bien connu que les entreprises autochtones ont moins accès à la technologie et l'utilisent donc moins. En effet, 4 entreprises autochtones sur 10 déclarent qu'elles n'ont pas de connexion Internet ou qu'elles n'ont pas de connexion Internet fiable, tandis que 81 % des exploitants agricoles déclarent utiliser régulièrement Internet pour les courriels, l'information sur les produits et la recherche.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Chef Louis et monsieur Hall, merci beaucoup d'être avec nous, aujourd'hui.
Chef Louis, je vous remercie de nous avoir tracé un portrait de la présence autochtone en agriculture. Honnêtement, la circonscription que je représente ne compte pas beaucoup d'Autochtones. Dans le Sud du Québec, sincèrement, il n'y a pas de communauté et nous n'avons pas de lien fréquent avec des communautés autochtones. J'ai donc trouvé votre présentation très intéressante.
Chez les Autochtones, existe-t-il un répertoire des bonnes pratiques ou des succès en matière agricole? Sinon, il me semble qu'il serait très intéressant de mettre en valeur et en évidence ce côté très positif de la relation des Autochtones avec l'agriculture.
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Il y a des organismes au niveau régional, mais il n'existe pas encore de groupe de lobbyistes autochtones au niveau national qui s'occupe de l'agriculture. À ce jour, la plupart des initiatives ont été menées à l'échelle provinciale, dans des régions précises. Leur réussite est... Il y a déjà eu certains de ces groupes en Colombie-Britannique, mais ils n'existent plus aujourd'hui.
Ce serait bien d'avoir un tel organisme national qui se penche sur les façons de diffuser les pratiques exemplaires dans différentes régions. Vous savez, l'industrie vinicole de la vallée d'Okanagan complémenterait très bien celle du Sud de l'Ontario pour la production de raisins. D'autres sont maintenant... La Nouvelle-Écosse produit actuellement de très bons vins blancs. D'autres pratiques exemplaires sont utilisées pour la production de boeuf. En Colombie-Britannique, depuis quatre ou cinq générations, notre peuple élève du bétail sur des terres non irriguées. C'est impressionnant, et les bandes saisissent toutes sortes d'occasions.
J'ai déjà donné l'exemple du chef Gordon Planes. Actuellement, ces activités attirent l'attention de la communauté internationale, ce qui ouvre des possibilités pour ce type de développement. Je crois que ce serait une bonne chose. C'est l'un des secteurs dans lesquels nous devons vraiment... Les Premières Nations dépendent réellement du capital de risque — pas seulement celui qui vient du Canada, mais également de l'étranger. C'est l'une des questions que j'ai récemment posées à d'autres représentants du gouvernement. Lorsque les gens viennent investir au Canada, qui les accueille et se présente comme bénéficiaire potentiel de ce type de développement?
Je crois qu'à l'avenir, une partie des choses que vous avez décrites représenterait l'instrument idéal pour annoncer que les Premières Nations sont prêtes à se lancer en affaires.
Ce sujet m'intéressait vraiment. J'ai présenté une motion pour que cette étude ait lieu. Ce qui a suscité mon intérêt, c'est une observation qu'a faite Natan Obed dans le cadre d'une étude sur la politique alimentaire du Canada. Il a dit que ses communautés ont besoin d'un meilleur accès aux aliments traditionnels. Elles n'ont pas besoin de légumes à feuilles alimentaires ou d'agriculture verticale. Elles veulent avoir accès à leurs propres aliments.
Chef Louis, vous avez parlé des générations de gens qui ont pratiqué ou pratiquent l'agriculture sur la côte Ouest. Les Premières Nations ont elles-mêmes en quelque sorte un mélange d'aliments traditionnels et d'aliments cultivés. Différentes nations examineront différentes possibilités. On parle du Pacifique à l'Atlantique... en passant par l'Arctique, je crois, car il y a également les programmes alimentaires dans le Nord.
Les Premières Nations voudraient-elles se lancer dans l'agriculture si elles ne la pratiquent pas déjà? Est-ce que saisir cette occasion fait partie de la culture des Premières Nations, ou c'est un autre exemple de cas où l'on présente une solution aux Premières Nations?
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Je crois que c'est lié en grande partie à l'idée selon laquelle « l'important, c'est l'emplacement ». C'est très important lorsqu'on voit une occasion. De notre côté, dans les régions centrale et intérieure sud de la Colombie-Britannique, la pratique de l'agriculture constitue une possibilité très réaliste, surtout lorsqu'il s'agit de déterminer la façon dont nous pouvons allier cela à l'ajout de valeur à un produit agricole, comme certaines personnes le font, comme je le disais. Si nous prenons d'autres régions du pays, nous constatons qu'en Saskatchewan, par exemple, il y a environ deux millions d'acres. On est sur le point d'en ajouter deux millions d'acres supplémentaires en vertu des droits fonciers issus de traités. Concernant certaines des négociations dont il a été question plus tôt, dans le Sud de l'Ontario, la plupart des gens n'achèteront pas de propriété au centre-ville de Toronto. Ils achèteront quelque chose de plus viable, comme une superficie.
L'agriculture a toujours fait partie de nos cultures, surtout dans les régions du Sud du Canada. Elle servait à assurer la subsistance. Si nous remontons à quatre générations, nous étions comme tout le monde; le supermarché était dans la cour arrière. Ce n'est que récemment que ces pratiques ont cessé. L'agriculture ne nous est pas étrangère; il s'agit ni plus ni moins d'un mouvement. Comme je l'ai dit, dans notre communauté, nous pratiquions l'agriculture qui était fondée sur l'irrigation. Ensuite, nous sommes passés à l'aridoculture lorsque tout s'est effondré. Il nous faut pouvoir passer à l'étape suivante.
C'est l'une des choses que j'ai dites à la province. J'ai dit qu'on avait eu une vision très étroite lorsqu'on n'a pas appuyé les Premières Nations dans les années 1940 et 1950 avec l'installation de canalisations, par exemple. Si on l'avait fait, il y aurait eu un bail enregistré pour chaque acre de notre bande, sans exception, ce qui est également imposable. J'ai dit: « vous avez essentiellement renoncé à des centaines de millions de dollars ». On a raté l'occasion de bénéficier non seulement d'un autre producteur, mais également des recettes fiscales qui découlent de cela.
Si l'on examine les choses sous cet angle, certaines de nos bandes de la vallée de l'Okanagan... En fait, la Première Nation de Westbank contribue pour près de 80 millions de dollars; 50 millions vont au gouvernement provincial, et 30 millions au gouvernement fédéral. Dans le cas de la Bande indienne Osoyoos, c'est à peu près la même chose, et entre les deux, il y a d'autres bandes qui contribuent probablement pour près de 100 millions de dollars. Pouvez-vous vous imaginer si l'on ajoutait l'agriculture à cela?
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Merci, monsieur le président.
Chef Louis, je vous remercie de rappeler au Comité, et en fait, à tout le monde, qu'avant l'arrivée des Européens, l'hémisphère occidental comptait des civilisations agricoles florissantes. Je crois que c'est une bonne chose qu'on nous rappelle que la tomate, la pomme de terre et le maïs viennent d'ici. Avant l'arrivée de Colomb, les Européens ne savaient pas qu'ils existaient.
Dans mon coin de pays, l'île de Vancouver est le foyer des Cowichans. Ils ont une histoire extraordinaire, bien sûr, qui se fonde sur l'océan. Les Cowichans ont un dicton populaire selon lequel lorsque la marée se retire, la table est mise. Les expériences varient grandement quant aux aliments traditionnels et adaptés à la culture. Dans ma région, les nations dépendent beaucoup du saumon. Il y a de nombreuses preuves de gisements de myes millénaires. On peut voir également les vieux outils qui étaient utilisés, qui jonchent les plages. C'est incroyable.
Concernant votre coin de pays, l'Okanagan est l'une des régions de la Colombie-Britannique que je préfère. Durant l'été, dans cette région, c'est plus loin dans le nord, et il y a plus d'heures d'ensoleillement qu'en Californie, ce qui en fait une région extraordinaire pour la viticulture, notamment. Je connais beaucoup de gens qui ont réussi à cultiver le ginseng également.
En consultant le site Web de la Bande indienne d'Okanagan, j'ai constaté qu'une rencontre sur l'agriculture avait eu lieu avec la communauté en 2016, et vous avez invité les membres à en apprendre sur les possibilités. Je me demandais seulement si vous pouvez dire au Comité comment se sont passées ces discussions avec les membres. Quelle a été votre expérience?
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Je dirais que les avis sont partagés, car après une centaine d'années, la situation est assez difficile à analyser. Un grand nombre de nos membres jugent qu'il n'y avait pas de soutien et que nous ne pouvions accéder aux programmes, même à ceux du gouvernement fédéral. À l'origine, tous nos agriculteurs étaient autosuffisants et indépendants. Qu'ils exploitent des terres arides ou cultivent des légumes ou autre chose, ils faisaient essentiellement tout eux-mêmes. Mais après 100 ans, quand les gens commencent à examiner la situation... Quand on parle d'agriculture, les gens disent « Mon dieu, c'est tellement difficile. Construisons un parc de maisons modulaires. On peut en tirer profit, car c'est une entreprise qui a fait ses preuves. »
Sachez toutefois que dans d'autres régions, les gens considèrent qu'il existe toujours des terres agricoles. Nous devons nous y intéresser afin de voir comment nous pouvons mieux les exploiter afin d'en tirer notre subsistance.
Nos membres se montrent très progressistes, selon moi. Notre communauté de 2 000 âmes a donné naissance à deux chirurgiens et deux médecins généralistes, et compte d'autres personnes. La toute première personne éduquée en 1968 était Len Marchand, qui est devenu le premier député autochtone. Nous sommes très progressistes à cet égard, mais nous devons faire comprendre aux gens que l'agriculture est toujours viable. Nous devons convaincre ceux qui envisagent de construire un parc de maisons modulaires au lieu de cultiver la terre que l'agriculture est une activité à valeur ajoutée et constitue toujours une solution viable.
La majorité de nos gens, soit environ la moitié des répondants, étaient fort intéressés. L'autre partie, ce sont ceux qui ne sont pas venus ou que nous devons convaincre.
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Merci, monsieur le président.
Chef Louis et monsieur Hall, je vous remercie de vos témoignages d'aujourd'hui. Tout comme celle de mon collègue M. Berthold, ma circonscription non plus ne compte pas de communautés autochtones et presque pas de membres de vos communautés respectives. Toutefois, je m'intéresse beaucoup à ce sujet et j'en apprends considérablement aujourd'hui. Je vous remercie encore une fois de vos témoignages et d'avoir accepté notre invitation.
Comme vous l'avez dit, environ le tiers des membres des communautés autochtones vivraient de l'insécurité alimentaire. D'après mes lectures, le gouvernement du Canada a mis en place, il y a quelques années, le programme Nutrition Nord Canada. Je ne sais pas si vous le connaissez, mais je suppose que oui. Ce programme est censé faire diminuer le prix des aliments destinés aux gens vivant dans les communautés éloignées.
Pouvez-vous nous dire si ce programme fonctionne, s'il répond aux objectifs de réduction du prix des aliments et s'il bénéficie aux communautés? Par ailleurs, si certains éléments de ce programme fonctionnent plus ou moins bien, que pourrait faire le gouvernement du Canada à cet égard?
Vous pouvez répondre à tour de rôle. Monsieur Hall, voulez-vous pouvez commencer?
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Ici encore, tout est une question d'emplacement. Certaines bandes du Manitoba envisagent actuellement de construire une serre justement pour cette raison. Ces serres sont très novatrices; certaines sont empilables et ont une faible empreinte. On y cultive de nombreux produits qui seraient autrement envoyés par avion ou par d'autres moyens de transport, ce qui augmenterait considérablement le coût.
Je me suis rendu récemment à Old Crow, la communauté des Premières Nations située la plus au nord du Yukon, où un sac de riz gros comme cela coûte 9 $. Un petit morceau de saumon coho se paie 26 $; on peut donc imaginer qu'il en coûte 130 $ pour fournir des protéines à une famille de cinq personnes.
Si vous voulez que je me prononce sur la réussite de ce programme, je dirais qu'il faut investir plus de travail à cet égard, car quand les gens voient les quotas de chasse diminuer, particulièrement dans les communautés du Nord, dans les Territoires du Nord-Ouest et de certaines régions du Québec, ils doivent remplacer le caribou qu'ils mettaient dans leur assiette à tout moment de l'année. Or, le coût de l'approvisionnement en viande ou en protéines est astronomique, alors que le gouvernement du Canada avait promis, lors du lancement du programme, que les gens bénéficieraient d'un accès continu et ininterrompu à ce que vous avez qualifié d'aliments du pays, des aliments dont on dépend de plus en plus à mesure qu'on avance dans le Nord.
Donc, si vous voulez mon avis sur la réussite du programme, je dirais qu'il exige plus de travail. Il faut examiner le programme pour voir comment on peut mieux utiliser ce qui est là, parce que certaines initiatives que vous avez évoquées, comme les serres... D'après mon expérience, les Inuits n'aiment pas les légumes. Il existe toutefois des possibilités quand on envisage d'autres moyens; quelqu'un a d'ailleurs évoqué les ressources aquatiques. Il pourrait s'avérer plus pertinent de recourir à des piscicultures ou peut-être à d'autres genres d'entreprises que d'essayer de fournir des légumes à des gens qui n'en ont jamais consommé.
Pour ce qui est du coût des aliments, une étude récente menée au Nunavut a permis de découvrir qu'un grand nombre d'aliments finissaient aux poubelles parce que les gens n'avaient pas les moyens de les acheter et qu'au bout du compte, c'est dans les poubelles que les gens allaient chercher leur nourriture. C'est désolant.
Lorsqu'on se penche sur l'agriculture locale... Je vais vous donner l'exemple de Seabird Island, juste au nord de votre circonscription. J'ai discuté avec le vice-président de la Nation des Sto:lo, Tyrone McNeil, qui a dit que Seabird Island produisait à une certaine époque des haricots jaunes et autres aliments de très haute qualité, qui étaient vendus aux marchés locaux. Ce qui s'est produit, c'est une consolidation au début des années 1970 ou dans les années 1980, lorsque des conserveries notamment ont été mises en place par les grands supermarchés. Par après, lorsque vous cherchiez des haricots jaunes, la réponse était l'« allée six ». On n'achète plus de produits locaux. Cela a eu une incidence non seulement sur les agriculteurs locaux, mais aussi sur les Premières Nations.
Lorsque nous examinons l'agriculture et les avantages, je pense qu'il est important de se pencher sur les occasions locales. Il est très important d'examiner la capacité d'indiquer qu'un aliment a été produit par une Première Nation, surtout pour le marché international. Si vous mettez en conserve des produits locaux, ils ont une durée de conservation plus longue que les produits frais, et je pense que c'est une option à examiner.
Lorsque vous parlez d'occasions locales dans le secteur agricole, vous devez absolument examiner ce qui se fait chez vous et les occasions qui existent pour croître ou ajouter de la valeur.
Je vais démarrer mon chronomètre, comme le chef Louis l'a fait, pour que je puisse respecter le temps de parole de six minutes.
J'ai eu l'occasion d'être membre du comité des affaires autochtones et du développement du Nord et j'ai passé du temps à visiter diverses Premières Nations un peu partout au Canada. On rencontre des personnes extraordinaires qui pourraient être des PDG d'entreprises. Lorsque nous examinons ce qui s'est passé dans votre région de la Colombie-Britannique, chef Louis, c'est certainement incroyable.
Vous avez notamment mentionné le capital de risque. Si vous avez une bonne idée et les bonnes personnes en place, alors des fonds seront disponibles. Je sais que nous avons examiné si les communautés peuvent contracter des emprunts sur leurs terres, si ce n'est pas dans ce format particulier, mais ce n'est pas ce qui se produit dans les communautés qui ont d'excellentes idées.
Je sais qu'il y a de nombreuses années, un groupe d'aînés, d'agriculteurs à la retraite, plutôt que de vendre toutes leurs terres, ont mis en commun leurs actifs pour que des jeunes puissent avoir une occasion de travailler dans le secteur. J'aimerais savoir si cela se fait dans les Premières Nations, où elles disent: « Nous avons accumulé un petit pécule ici. Nous n'avons pas nécessairement besoin de le garder entièrement pour nous. Nous pourrions peut-être investir des fonds dans d'autres secteurs où nous estimons qu'il y a des problèmes, ou nous pourrions aider les communautés à attirer du capital de risque d'un peu partout dans le monde pour qu'elles puissent mener des projets. »
J'aimerais entendre ce que vous avez à dire à ce sujet, s'il vous plaît.
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Vous soulevez un point très important.
Je pense que le meilleur moyen pour réussir est d'aider ceux qui veulent s'aider. C'est probablement l'une des meilleures façons de réussir, surtout lorsqu'on examine les possibilités. Je suis d'accord. On a mentionné plus tôt les programmes, mais il y a une petite participation de ces programmes.
L'un des documents que j'ai remis à votre groupe est « Success and Sustainability » du Conseil canadien pour le commerce autochtone. En ce qui concerne les recommandations, la première consiste à centraliser les demandes de prêts et de bourses du gouvernement pour les entreprises autochtones dans le secteur agricole dans une plateforme, ce qui pourrait être organisé par palier de gouvernement, soit municipal, provincial, fédéral ou par région. La deuxième recommandation consiste à simplifier le processus pour présenter des demandes de subventions gouvernementales.
Vous parlez des gens en agriculture, et ils sont facilement contrariés et se retireront.
La troisième recommandation consiste à offrir du soutien pour cibler et certifier les entreprises des Premières Nations dans le secteur agricole et à leur donner une image de marque, ainsi qu'à faire la promotion de ces entreprises au sein du gouvernement et des chaînes d'approvisionnement.
Je dirais même que nous devrions nous tourner davantage vers la communauté internationale.