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Bienvenue à notre deuxième réunion sur le soutien aux Autochtones canadiens dans le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Aujourd'hui, nous accueillons Mme Sheri Longboat, professeure adjointe à l'École de l'aménagement environnemental et du développement rural de l'Université de Guelph. Bienvenue, madame Longboat. Nous accueillons également Stephen Penner, de l'Université de Guelph. Je crois que vous ferez un exposé ensemble.
Nous accueillons également, de l'Université de Guelph, Mme Hannah Tait Neufeld, professeure adjointe, Département des relations familiales et de la nutrition appliquée. Elle fera son exposé séparément.
Nous entendrons d'abord M. Penner et Mme Longboat, qui auront sept minutes. Je ne sais pas comment vous souhaitez partager votre temps.
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Merci. Bonjour. Nous vous sommes reconnaissants de nous donner l'occasion d'être ici pour contribuer à cette importante discussion sur l'élaboration de programmes et de politiques plus inclusifs en matière d'agriculture et d'agroalimentaire.
Comme il a été mentionné, je suis professeure en aménagement et en développement rural à l'Université de Guelph, mais je suis aussi Mohawk de Haudenosaunee, du Territoire des Six Nations de la rivière Grand. J'ai travaillé pendant environ 20 ans avec les collectivités des Premières Nations — la mienne et d'autres — à l'échelon communautaire en éducation, en formation et en gestion des ressources terrestres. Stephen travaille avec moi à titre d'étudiant au doctorat. Il a sept ans d'expérience pratique de travail en collaboration avec des collectivités autochtones sur des projets de développement économique et culturel liés à l'alimentation.
Aujourd'hui, nous vous parlerons de l'agriculture et de l'agroalimentaire dans le Nord de l'Ontario, ainsi que dans les régions subarctiques et arctiques, en mettant l'accent sur les objectifs communautaires en matière de sécurité et de souveraineté alimentaires. Il s'agit d'une vaste région dans l'espace et le temps, et nous présenterons donc des généralisations et certains points communs.
Toutefois, il est important de reconnaître qu'il existe une grande diversité au sein des peuples autochtones de partout au Canada, et au sein de leurs collectivités et de leurs nations, en ce qui a trait à leurs relations aux territoires et aux terres ancestrales, ainsi que leurs sources de nourriture et leurs systèmes alimentaires. C'est dans ce contexte que nous vous présenterons d'abord le cadre dans lequel s'inscrit cet enjeu; nous formulerons ensuite quelques recommandations.
[Traduction]
Kitchi meegwetch, Sheri.
La souveraineté alimentaire est un enjeu lié aux politiques coloniales. En effet, les nations autochtones du Canada ont hérité d'un système alimentaire datant de l'époque coloniale qui, dans le meilleur des cas, laisse bon nombre de ces nations dans ce qu'on pourrait appeler un désert alimentaire et, dans le pire des cas, impose une peine à vie dans ce qu'on a appelé une prison alimentaire. L'insécurité alimentaire et l'abandon des aliments traditionnels ou locaux ont eu d'énormes répercussions sur la santé et le bien-être.
Les peuples autochtones sont en tête de liste des maladies liées à l'alimentation, comme le diabète, les accidents vasculaires cérébraux, les maladies cardiaques et les maladies rénales, en raison d'un accès réduit aux aliments traditionnels et locaux et de l'imposition d'un système de production et de distribution alimentaires peu sécuritaire, moins sain et moins souverain.
Au coeur des difficultés éprouvées par de nombreuses collectivités autochtones se trouvent les luttes coloniales qui se poursuivent, même dans les contextes postcoloniaux. Les politiques du gouvernement canadien, notamment Nutrition Nord Canada, les systèmes de distribution alimentaire exploités par le plus grand détaillant en alimentation dans le Nord, la North West Company, les effets négatifs multigénérationnels des pensionnats, la Loi sur les Indiens et la rafle des années 1960, ainsi que le racisme systémique et répandu ont érodé la souveraineté alimentaire des Autochtones et leur confiance dans les systèmes établis qui devaient assurer un meilleur avenir alimentaire.
Les entreprises qui offrent des services aux collectivités demeurent axées sur les profits et, traditionnellement, les gouvernements ont généralement eu recours à des programmes politiques descendants. Ces programmes produisent des résultats négatifs dans les collectivités autochtones. Par exemple, dans le Nord du Manitoba, l'insécurité alimentaire atteint 60 %, et chez les populations inuites du Nunavut, elle atteint 70 %.
De plus, des collectivités comme Fort McPherson, au Yukon, Fort McKay, en Alberta, Fox Lake, dans le Nord du Manitoba et Eeyou Istchee souffrent des bouleversements qui ont touché l'approvisionnement alimentaire sur lequel leurs habitants comptaient depuis toujours. Ces changements peuvent être attribués au changement climatique et à l'extraction des ressources. Ce que les membres de ces collectivités nous disent — et nous devons les écouter —, c'est qu'ils puisent leur inspiration et leur soutien dans la pêche, la chasse, la cueillette et la production d'aliments.
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Il est important de savoir que les collectivités autochtones sont en train de réorienter leur système alimentaire. Dans les collectivités, on discute des solutions possibles, notamment la nécessité de modifier les pratiques et les politiques à l'échelle locale.
Les discussions sur la souveraineté alimentaire ont lieu de l'est à l'ouest, des Mi'kmaq à l'est à la production et à la protection du saumon à l'ouest, et du nord au sud, jusque dans l'Arctique et aussi loin au sud que le territoire des Six Nations, par exemple, où émergent des mouvements alimentaires locaux. Mme Hannah Tait Neufeld vous en parlera également.
Dans ces collectivités, on révise les pratiques locales, afin de réparer une partie des dommages infligés aux sources d'aliments traditionnels. La réussite de ces mesures repose sur de nouvelles approches collaboratives dans l'élaboration de politiques liées aux aliments et à l'alimentation auxquelles les peuples autochtones peuvent participer et dans le cadre desquelles ils sont directement consultés.
Il est également important de ne pas oublier qu'avant le contact ou avant la colonisation, les peuples autochtones nourrissaient les membres de leurs collectivités en Amérique du Nord et menaient une vie prospère et saine. En adaptant les connaissances de leurs nations, ils ont pu synchroniser leurs pratiques socioéconomiques aux sources de nourriture existantes. Ces connaissances approfondies se trouvent toujours dans chaque Première Nation du Canada, et ce transfert de connaissances peut contribuer à un nouveau dialogue sur la production et la distribution des aliments.
Toutefois, actuellement, les aliments produits par les Autochtones représentent une très petite quantité des aliments consommés. En effet, seulement environ 3 % des entreprises du secteur agricole sont des entreprises autochtones, malgré le nombre élevé d'Autochtones qui vivent dans des régions largement associées à l'agriculture.
Nous observons pourtant un changement positif. En effet, des collectivités autochtones ont imaginé, au cours de la dernière décennie, certaines des solutions les plus innovatrices en matière de souveraineté alimentaire. Il s'agit entre autres de certaines des activités mentionnées par Stephen; nous les avons énumérées à la fin de notre mémoire. Dans le cadre des activités menées par les Cris dans le Nord du Manitoba, il y a un mouvement axé sur les aliments du terroir qui établit des liens entre les gens et la terre en rétablissant des systèmes alimentaires sains et durables. Aussi, de nos jours, les réfrigérateurs du Nunavut contiennent parfois jusqu'à 50 % de produits alimentaires locaux. Nous observons ces tendances d'un bout à l'autre du pays.
[Traduction]
Merci et meegwetch de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire dans le cadre de ses efforts en vue d'appuyer la participation des peuples autochtones dans ce secteur.
Aujourd'hui, mon bref exposé est tiré de mon programme de recherche dans les domaines de la santé et de l'alimentation autochtones et des recherches axées sur la communauté auxquelles je participe avec les collectivités et les organisations métisses et des Premières Nations.
Je vous parlerai d'abord des effets structurels — dont certains ont été mentionnés par Sheri et Stephen — qui ont modifié la capacité de production alimentaire des collectivités autochtones dans le Sud du pays. J'utiliserai quelques études de cas qui visent notamment des collectivités du Sud du Manitoba et du Sud de l'Ontario pour illustrer mes propos.
Même si je considère que je suis d'ascendance mixte, je n'ai pas grandi dans une collectivité autochtone ou dans ma famille biologique. Je suis allée dans une réserve pour la première fois en 1999, lorsque j'ai entamé des recherches pour ma maîtrise en travaillant dans la région d'Entre-les-Lacs, au Manitoba. L'objectif principal de l'étude était d'examiner les processus de changement dans les habitudes alimentaires pendant la grossesse en comparant les récits de jeunes mères et de grands-mères de la collectivité. Je souhaitais approfondir mes connaissances sur les tendances en matière d'acquisition des aliments, sur l'utilisation des aliments traditionnels récoltés à l'échelle locale, sur les pratiques de chasse et de culture, et sur les circonstances liées à l'insécurité alimentaire. La grande partie de ce que j'ai appris était nécessaire pour établir le contexte historique de la collectivité et des terres que ses habitants continuent de cultiver aujourd'hui.
Traditionnellement, au Canada, les ressources végétales ont joué un rôle de subsistance moins important que l'ont fait le gibier et le poisson dans l'alimentation des peuples autochtones. Dans un grand nombre des collectivités qui ont été étudiées à ce jour, les activités agricoles peuvent avoir été directement liées aux activités des pensionnats ou des oeuvres missionnaires. La collectivité manitobaine avec laquelle j'ai travaillé, en collaboration avec d'autres collectivités dans la région, avait une tradition de pratiques agricoles fructueuses qui remontait encore plus loin dans le temps. On a émis l'hypothèse selon laquelle les premières ethnographies qui ont été menées dans cette région n'avaient qu'une portée étroite et qu'elles n'ont donc pas permis de mener des analyses historiques suffisantes pour reconnaître les traditions agricoles qui ont été recensées pour la première fois au début des années 1800 ou les connaissances transmises par tradition orale.
Avant l'introduction de la politique fédérale canadienne qui a découragé l'agriculture en augmentant les difficultés liées aux ventes commerciales, de nombreuses collectivités avaient leurs propres traditions agricoles autochtones et pratiquaient une agriculture de subsistance fructueuse. Les changements de politiques qui favorisaient le renoncement aux réserves situées sur des terres agricoles de qualité ont été justifiés en partie par le refus perçu des Premières Nations de pratiquer l'agriculture.
Dans les années 1830, le Bureau colonial britannique a mis en oeuvre une politique d'assimilation qui encourageait les groupes autochtones à s'établir dans des villages permanents et à apprendre l'anglais, le christianisme et les méthodes agricoles. La Société missionnaire de l'Église anglicane était très active au Manitoba pendant cette période et a fondé plusieurs collectivités agricoles et pastorales le long de la rivière Rouge, au nord de Winnipeg. Lorsque le Manitoba s'est joint à la Confédération en 1870, le gouvernement canadien a entrepris le règlement des revendications territoriales et le Traité no 1 a été signé en 1871. À l'époque, ce Traité réservait ces terres agricoles de qualité pour les Saulteaux, mais en 1907, des pressions exercées par des politiciens et des investisseurs ont entraîné la cession illégale de ces terres au gouvernement du Canada. En 1909, les membres de cette bande ont été déplacés dans un endroit plus isolé et boisé, et cet endroit est devenu l'une des plus grandes réserves au Manitoba.
La dépossession environnementale réfère aux processus qui ont réduit l'accès des peuples autochtones aux terres et aux ressources de leurs milieux traditionnels. C'est un processus qui peut avoir des répercussions directes et indirectes sur la santé. Comme je l'ai déjà souligné, la perte des liens avec les milieux physiques et les aliments produits et cultivés à l'échelle locale sont des exemples de répercussions directes de la dépossession environnementale. Même si les origines de ces préoccupations peuvent refléter des tendances générales en matière d'alimentation, comme la santé environnementale générale des systèmes alimentaires, les mécanismes ou les déterminants par lesquels l'accès à ces aliments a été réduit sont différents.
Par exemple, les impacts de la colonisation et de l'assimilation forcée que j'ai d'abord observés au Manitoba et qui sont directement liés à l'urbanisation ont érodé les relations qui existaient entre les peuples autochtones et au sein des collectivités, des familles et des écosystèmes locaux. La santé des collectivités a aussi été indirectement touchée par les mesures d'assimilation prises par les gouvernements pour couper les liens entre les communautés et leurs territoires et leurs systèmes de connaissances, par exemple à l'aide du système des pensionnats. La perte de leur langue, de leurs liens avec leurs aînés et de leurs enseignements a isolé les enfants de leurs racines et a interrompu le transfert des connaissances aux générations suivantes. Ces facteurs ont non seulement réduit l'accès physique aux aliments présents dans l'environnement, mais ils ont également exercé des pressions sur les relations qui engendrent les structures sociales essentielles au maintien de ces systèmes alimentaires.
Les aliments proviennent de l'environnement naturel, de l'agriculture, de la cueillette ou de la chasse. La récolte et la consommation de ces aliments produits à l'échelle locale sont également importantes pour la préservation des connaissances autochtones, car ces dernières font partie de leurs propres systèmes alimentaires traditionnels. Un système alimentaire traditionnel englobe les significations socioculturelles, les modes d'acquisition, les techniques de transformation, l'utilisation, la composition, la santé et les conséquences nutritionnelles pour les peuples autochtones qui utilisent ces aliments. La relation qu'entretiennent les peuples autochtones avec leurs systèmes alimentaires uniques et leurs écosystèmes locaux encourage l'adoption de pratiques, de valeurs et de traditions qui contribuent à la santé des collectivités.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, les politiques coloniales ont perturbé ou éliminé l'accès aux sources traditionnelles d'aliments et de médicaments et, dans de nombreux cas, elles ont tout simplement détruit ces sources. Un manque d'accès à l'eau potable et à des aliments sains demeure une préoccupation importante en matière de santé pour de nombreuses familles et collectivités autochtones. La Commission de vérité et de réconciliation demande expressément l'adoption de mesures qui comblent ces écarts en matière de santé, notamment dans le domaine de la sécurité alimentaire. Pour rétablir des relations durables avec la terre, la culture et les collectivités, le rétablissement de ces relations et de ces structures, y compris les rôles et les responsabilités de la collectivité qui visent à protéger les terres et les systèmes alimentaires traditionnels, représente une mesure de réémergence essentielle et une voie vers la réconciliation.
Je peux vous fournir des cas et des exemples d'initiatives prises par les collectivités. En 2015, j'ai observé la croissance d'un mouvement dans la communauté des Six Nations de la rivière Grand, où je travaille, grâce au lancement de l'initiative Healthy Roots et le retour à la production d'aliments locaux et l'élimination des aliments transformés ou raffinés. Ce mouvement s'est tourné vers la notion de souveraineté alimentaire, comme Sheri et Stephen l'ont mentionné, ce qui élargit la portée de la sécurité alimentaire, qui était axée sur le coût, l'accès et la disponibilité des aliments, pour aussi comprendre les façons par lesquelles les relations de pouvoir et les inégalités nuisent à la production et à la distribution d'aliments, ainsi qu'aux habitudes de consommation.
Dans le contexte autochtone, un cadre de souveraineté alimentaire établit des liens concrets entre les propriétés nutritionnelles des aliments et la santé de l'environnement et met en évidence des antécédents en matière d'injustice sociale. Ce cadre aborde les aspirations relatives au bien-être collectif, tout en reconnaissant les droits territoriaux et l'intégrité culturelle. La souveraineté alimentaire autochtone tient également compte de l'égalité entre les sexes, d'une alimentation saine, de la lutte contre le racisme structurel et de la restructuration du processus sociopolitique.
Des publications récentes sur le mouvement alimentaire autochtone cernent également l'engagement communautaire, l'éducation en matière d'aliments axée sur la famille et le rétablissement des relations avec la terre comme étant des éléments essentiels au rétablissement...
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Je peux peut-être enchaîner avec la prochaine partie.
Grâce à notre collaboration avec les professeurs et les étudiants autochtones et un réseau urbain grandissant, nous sommes en train d'aménager de nouveaux potagers sur le vaste territoire de la rivière Grand et de l'Université de Guelph, pour renforcer les relations fondées sur la terre, de même que la souveraineté alimentaire locale. J'utilise donc l'alimentation comme point de départ dans le cadre d'un programme de recherche communautaire que je dirige pour répondre aux besoins communautaires observés ici, dans le Sud-Ouest de l'Ontario. Cette étude est conçue de manière à mobiliser divers groupes de partenaires, de collaborateurs et d'utilisateurs du savoir.
Ces potagers ont été aménagés avec l'aide des communautés autochtones locales, dans l'arboretum de l'Université de Guelph et à la ferme biologique du campus de l'Université de Guelph. Nous souhaitons améliorer l'accès aux aliments et parer au manque de connaissances grâce à de nouvelles formes d'éducation fondées sur la terre. Depuis le printemps 2018, un groupe de citoyens, d'employés et d'étudiants engagés plantent et cultivent des plantes comestibles et médicinales. Les jardins sont connus, dans la collectivité, sous le nom de wisahkotewinowak, qui signifie « verdures poussant après le feu ». Ils rassemblent des organismes communautaires autochtones comme le Grand River Métis Council, la White Owl Native Ancestry Association, le Global Youth Volunteer Network et l'Aboriginal Resource Centre.
Compte tenu de l'élan et de l'intérêt que j'ai constatés au sein des communautés dans les régions où je mène mes recherches et viens en aide à la population, je crois qu'il est temps d'octroyer un financement à long terme et une infrastructure durable aux citoyens pour aider les producteurs alimentaires autochtones, tant dans les réserves qu'à l'extérieur.
L'automne dernier, j'ai participé à une conférence sur le thème de la nutrition autochtone au Minnesota, et j'ai été frappée par les divers programmes communautaires novateurs favorisant la production alimentaire locale qu'on trouve aux États-Unis. Bon nombre de ces projets recevaient de l'aide fédérale du Service de santé des Indiens. Diverses communautés autochtones des États-Unis, comme celle des Sioux Shakopee Mdewakanton, injectaient aussi des sommes importantes dans une organisation du nom de Seeds of Native Health. Je vous fournis les liens pertinents dans ma liste de référence. Cette organisation octroie ensuite des subventions en matière de recherche alimentaire, d'éducation et d'accès et favorise les efforts locaux.
La mission du projet d'agriculture et d'alimentation autochtones de l'Université de l'Arkansas consiste à améliorer la santé et le bien-être des communautés autochtones grâce à des régimes alimentaires sains, à un développement économique diversifié et au maintien des traditions alimentaires culturelles. Il a pour but d'outiller les administrations tribales, les agriculteurs, les éleveurs et les entreprises alimentaires grâce à de l'aide technique et à du soutien à la planification, puis de créer de nouveaux programmes universitaires et professionnels dans le domaine de l'agriculture et des systèmes alimentaires pour attirer les étudiants autochtones vers les disciplines agroalimentaires.
En 2018, le Sénat des États-Unis a adopté un nouveau projet de loi agricole qui comptait 63 dispositions ciblées destinées à générer un investissement sans précédent dans la production agroalimentaire, l'infrastructure et le développement économique autochtones. Certaines de ces dispositions revêtent une importance historique, dont celle créant un conseil consultatif tribal du Département de l'Agriculture des États-Unis, celle réhabilitant deux collèges tribaux auparavant exclus et celle prévoyant l'égalité d'accès à de nouveaux programmes pour les étudiants autochtones en agriculture.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de ce matin.
Je suis moi-même agriculteur, et en gros, cette étude vise à trouver des moyens d'aider nos communautés autochtones à trouver leur place dans cette industrie. C'est bien d'entendre parler de leurs préoccupations. J'ai passé quelques années à Affaires autochtones et Développement du Nord, donc j'ai déjà entendu beaucoup de ces choses, notamment en ce qui concerne le programme Nutrition Nord et les problèmes qui l'entourent. Je viens moi-même de l'industrie bovine et je pense qu'il faut reconnaître qu'il y a des activités traditionnelles importantes, comme il y a des aliments importants dans le régime alimentaire des habitants du Nord. On n'en a que pour le Guide alimentaire canadien, sur la scène politique, mais il semble s'éloigner des aspects traditionnels de nos régimes alimentaires.
Monsieur Penner, vous parliez de ce qu'on peut faire pour attirer les gens vers l'agriculture sans qu'ils ressentent toute cette pression d'en haut. J'ai moi-même grandi dans une ferme, et ma famille fait de l'agriculture depuis des centaines d'années. Je serais curieux de savoir comment vous croyez qu'on peut créer le nécessaire pour aider la communauté autochtone à susciter l'engagement dont elle a besoin. Nous avons entendu différentes pistes de solutions. On peut apprendre ce métier à l'école, et ce serait peut-être une bonne idée d'attirer 10 % des étudiants vers l'agriculture, mais encore faut-il vraiment aimer cela. Il faut aimer cette partie aussi.
Pouvez-vous me donner quelques idées de ce qu'on peut faire à partir de la base plutôt qu'à partir du gouvernement?
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Ces idées sont déjà en place dans bien des communautés.
Nous vous avons donné toute une liste d'exemples et de liens vers les sources pertinentes. Il faut dire que l'agriculture sera différente selon qu'elle se fasse à petite, à moyenne ou à grande échelle. Il faut la voir comme un pilier pour les communautés. C'est un moyen pour elles d'être maîtres de leur propre avenir financier.
Ces choses existent déjà. Par exemple, dans le Nord du Québec, à Eeyou Istchee, il y a une personne du nom d'Irene Neeposh qui vient de lancer une entreprise productrice de thé du Labrador. Elle récolte du thé au Nunavik, dans le Nord du Québec, puis envoie ses produits dans le Sud du Québec. C'est un exemple d'agriculture, mais il ne correspond pas à l'image qu'on se fait habituellement des activités agricoles. On peut aussi donner l'exemple de la nation Quapaw, en Oklahoma, qui exploite un vaste élevage de bisons à intégration verticale.
Il faut trouver une façon de faire connaître ces histoires. Il faut mieux outiller les communautés pour que les Autochtones se disent: « Voici le type de sol que nous avons et voici les ressources qui existent dans la nature. » C'est ce qu'on voit à Aroland, dans le Nord de l'Ontario. On parle là d'activités à petite ou moyenne échelle, mais il faut en parler abondamment et inclure ce genre d'exemple à une trousse d'outils. Ces communautés ne peuvent pas s'inspirer des exemples du Sud. Elles ont besoin d'outils adaptés et d'information qui s'applique à leur contexte.
Elles doivent pouvoir s'imaginer en agriculture. Je dis « elles », mais nous devons nous-mêmes nous imaginer en agriculture. C'est la première étape si nous voulons aspirer à la souveraineté alimentaire autochtone. La production agroalimentaire autochtone est essentielle à la souveraineté alimentaire autochtone. Sans agriculture autochtone, il n'y a pas de souveraineté alimentaire autochtone possible. Il faut reconnaître les différences qui existent, nous ouvrir l'esprit et présenter les choses différemment pour outiller les communautés.
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Je peux vous répondre à la lumière de mon expérience de travail auprès des communautés dans la réalisation de leur programme de souveraineté et de sécurité alimentaires. Je me suis rendue dans le Nord de l'Ontario, j'ai visité la nation et le territoire Nishnawbe Aski, qui rassemblent environ 45 000 personnes réparties entre 49 communautés nordiques et éloignées. Ces personnes m'ont parlé de ce dont elles auraient besoin pour se sentir en sécurité alimentaire puis cheminer vers la souveraineté alimentaire. Pour beaucoup de communautés, le principal problème est celui de l'accès à... Certaines personnes racontent... Par exemple, un aîné me disait avoir seulement besoin d'avoir accès au sol quelque part pour y aménager des jardins communautaires.
Nous avons aussi entendu l'histoire d'un homme ayant reçu un diagnostic de diabète grave. Il avait commencé à changer son alimentation, sa façon de manger. Il avait commencé à consommer des aliments locaux, traditionnels et même à se procurer du poisson dans son environnement, ce qui l'amenait à se poser des questions, en particulier sur la salubrité des poissons et la qualité de l'eau. Il commençait à utiliser cela comme mécanisme pour ramener les jeunes vers l'eau et la terre et sentait une transformation s'opérer dans sa communauté.
Je vous donne cet exemple pour illustrer le fait que quand on cherche des solutions, il faut souvent tenir compte de nombreuses dimensions et cibler divers intervenants, parfois même très localement, pour obtenir un soutien communautaire. Comme Stephen le disait, il existe beaucoup de modèles au pays, et nous serions en faveur de la recommandation de recenser tout ce qui se fait sur le terrain, parce qu'il y a beaucoup de gens qui se demandent comment ils peuvent se remobiliser, comment ils peuvent faire. Ils entendent parler de voisins d'à côté ou un peu plus loin au nord qui font ceci ou cela. C'est l'une des choses qu'ils nous ont demandées. Ce serait une piste de solution.
Nous n'avons pas vraiment parlé d'investissement, mais nous pourrons peut-être y revenir.
Je pense au Manitoba— je viens de Winnipeg — et aux différentes communautés qui y vivent. La nation métisse avait autrefois accès au bison, mais les troupeaux de bisons ont été décimés. On voit actuellement le bison effectuer un modeste retour, et il y a divers types d'élevage.
Les gens de la région du Saint-Laurent, jusqu'à Interlake, ont accès au poisson. On ne pense pas aux poissons quand on parle d'agriculture, parce que les pêches relèvent d'un autre ministère fédéral, donc il y a des compétences qui se chevauchent. Je me suis rendu à Fox Lake, sur le site minier, et il n'y a pas beaucoup d'agriculture qui se fait là-bas. Il n'y a pas d'accès au sol. Puis à Whiteshell, à la frontière entre le Manitoba et l'Ontario, il y a de la culture et de la transformation de riz sauvage.
Chez les Premières Nations, la définition de l'agriculture est aussi diversifiée que les Premières Nations et les Métis eux-mêmes. Comment arrivons-nous à composer avec cela au gouvernement fédéral?
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Je laisserai peut-être Stephen vous en parler. J'ai vécu neuf ans au Manitoba. Stephen y vit actuellement.
Je suis totalement d'accord avec vous, j'observe la même chose dans le cadre de mon travail en Ontario. Je pense qu'il y a des besoins différents dans le Sud de l'Ontario, outre ceux que vous avez décrits, qui sont très grands. Il y a notamment le problème de l'accès à la terre. Même s'il y a beaucoup de terres arables dans cette région, elles coûtent très cher.
Dans la région du Grand Toronto, de London et des alentours, beaucoup de communautés avec qui j'ai travaillé, comme les Chippewas de Thames et la Première Nation Oneida, ont des traditions agricoles très fortes, mais aucun accès aux terres, donc c'est le noeud du problème.
Je pense qu'il y a donc deux grands éléments: l'accès et les connaissances.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie beaucoup tous trois de comparaître devant le Comité, aujourd'hui. Je viens de l'île de Vancouver, donc ma circonscription regroupe les villages de Cowichan, Malahat, Lyackson, Halalt, Ditidaht et Pacheedaht. Il y a beaucoup de nations et de cultures différentes, même dans un territoire aussi petit.
Vous avez tellement raison de dire, au sujet des peuples autochtones... Le mot « agriculture » signifie tellement de choses différentes. Les Premières Nations forment un groupe tellement diversifié. Je pense aux Cowichan, en particulier. Il y a des documents qui montrent que la nation harnachait autrefois la rivière Cowichan, y érigeait des barrages pour gérer les stocks de poissons. Le saumon est au coeur de la culture et de l'alimentation de cette nation, qu'on pense au coho, au kéta ou au chinook. Il y a aussi des documents qui montrent qu'elle faisait la récolte des myes. On dit, chez les Cowichan, que quand la marée descend, la table est mise. Cette question pourrait donc faire intervenir d'autres ministères, comme celui des Pêches et des Océans, pour la gestion des ressources alimentaires.
J'ai beaucoup aimé ce que vous avez dit sur la souveraineté alimentaire autochtone et vos recommandations en vue de l'élaboration d'une politique alimentaire pour le Canada. Comme certains de mes collègues l'ont déjà mentionné, nous n'avons pas à nous limiter à vos témoignages aujourd'hui. Vous êtes tout à fait libres de nous soumettre un mémoire plus détaillé pour nous expliquer ce que vous souhaiteriez voir mis en place. Nous en serions très heureux.
Je dois toutefois m'excuser du temps limité dont je dispose pour prendre la parole au Comité, comme j'y suis le seul néo-démocrate.
Monsieur le président, j'aimerais utiliser mon temps pour déposer une motion.
Les membres du Comité en ont reçu avis l'an dernier. Cette motion vise à proposer une étude sur la commercialisation du lait non pasteurisé au Canada. Je souhaitais que cette étude comprenne la comparution de témoins sur la consommation actuelle de lait et la façon dont d'autres administrations réglementent sa vente, puis que nous fassions rapport de nos conclusions à la Chambre des communes.
Je pourrai vous la présenter plus en détail quand tout le monde en aura reçu copie.
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Chers collègues, j'ai quatre principaux arguments à faire valoir à ce sujet.
Premièrement, nous savons tous, d'après ce que nous entendons dans nos communautés locales, que la consommation de lait cru au Canada est probablement l'un des plus grands marchés non réglementé. Nous connaissons tous des gens qui en consomment et oui, Santé Canada a sa position sur le sujet, mais n'empêche pas les gens d'en consommer. Je pense qu'il serait vraiment indiqué que le Comité étudie la question, mais surtout, qu'il se penche sur l'exemple d'autres administrations. Au Canada, l'agriculture est une compétence partagée entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. Nous utilisons notre pouvoir de législation en droit pénal et notre pouvoir de réglementation du commerce interprovincial pour réglementer le lait cru, mais je pense que nous aurions vraiment avantage à bien examiner l'exemple d'autres administrations.
Aux États-Unis, par exemple, il y a 37 États, représentant 76 % de la population, qui autorisent la vente de lait cru à l'extérieur de la ferme, à la ferme ou les ententes de partage de troupeaux. Certains de nos plus grands partenaires commerciaux de l'Union européenne, dont la France, l'Allemagne, le Danemark, l'Italie, l'Autriche et le Royaume-Uni, autorisent la vente de lait non pasteurisé.
Je sais qu'il y a des inquiétudes à l'égard des risques qu'il présente pour la santé, mais les données compilées aux États-Unis montrent qu'une plus vaste distribution de lait cru est associée à une diminution des cas de contamination. Cette sécurité accrue découle de la prévalence des programmes d'innocuité alimentaire, qui joue un rôle important dans la réduction du risque.
Pour résumer et conclure, je pense que notre comité... Comme il s'agit d'un produit agricole et que notre calendrier des prochaines semaines n'est toujours pas rempli, j'aimerais proposer que nous commencions cette étude tout de suite après la fin de celle-ci.
Je suis ouvert aux observations des membres du Comité sur la question.
Sur ce, je dépose la motion, monsieur le président.
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C'est très courant. J'ai travaillé pour la Compagnie du Nord-Ouest dans une vie antérieure. On s'intéressait surtout aux commentaires concernant Nutrition Nord. Les communautés ne sont pas bien desservies par ce programme. Pour ce qui est des routes d'hiver, leur durée de vie est de plus en plus courte, si bien que les communautés doivent de plus en plus se tourner vers des programmes semblables pour assurer leur alimentation. Les gens ne se déplacent plus autant vers le sud, car il n'y a plus de routes d'hiver. Ils doivent donc s'en remettre à des aliments venus d'ailleurs qui ne sont pas nécessairement bons pour leur santé. Il y a une corrélation directe.
C'est l'une des répercussions des changements climatiques. Il y a aussi des communautés comme celle de la Première Nation de Fort McPherson au Yukon qui ne sont plus sur le trajet migratoire des caribous. Il faut qu'une autre communauté Gwich'in située à Old Crow plus au nord aide celle de Fort McPherson en lui envoyant du caribou. On ne peut plus y chasser le caribou qui a changé son parcours migratoire. C'est assurément un impact majeur des changements climatiques sur l'accès aux ressources pour cette collectivité qui ne pourrait pas s'en tirer sans la solidarité naturelle entre les Gwich'in, les Cris et toutes ces communautés. De tout temps, de tels liens se nouent entre les tribus lorsque la situation l'exige.
Nous devons reconnaître la situation et déployer des mesures de soutien en conséquence. Le contexte est plutôt difficile, d'autant plus que les changements climatiques affectent aussi les phoques et différentes espèces d'animaux marins. C'est le cas notamment avec la migration des saumons. Il y en a parfois en grandes quantités au Yukon, mais il y a aussi des occasions où ils ne se rendent pas jusque-là parce qu'ils s'arrêtent en Alaska.
Des études ont été menées sur ces enjeux, mais aucune mesure n'a été officiellement intégrée aux systèmes canadiens de gestion de l'agriculture. Si nous pouvions tirer de ces études les informations nous permettant de fonder nos interventions sur des données empiriques... Nous discutons sans cesse des enjeux d'importance. Il faut mener ces études et avoir accès à ces informations pour pouvoir adopter les politiques éclairées.
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Cela ne fait pas partie des sujets auxquels nous nous intéressons dans le cadre de nos travaux de recherche sociocommunautaire. Nous travaillons avec les collectivités en vue de remettre en vigueur ce qu'on pourrait appeler le droit autochtone ou les systèmes traditionnels. Il s'agit de rétablir les sources d'approvisionnement alimentaire sur lesquelles nous comptions auparavant et qui étaient intimement liées aux systèmes sociaux, économiques et souvent politiques qui permettaient aux différentes communautés de gérer leurs relations avec les autres, leur commerce ainsi que leurs relations avec les autres Premières Nations, aussi bien au Canada qu'à l'étranger. Ces systèmes qui servaient également à la gestion interne de la communauté étaient en grande partie fondés sur l'alimentation.
Nous constatons qu'il y a davantage de communautés qui décident, plutôt que d'importer du Sud ces solutions dont nous parlons... Je dirais que la situation peut varier d'une communauté à l'autre. Il y a ainsi certaines collectivités nordiques qui sont intéressées à se doter de serres. Il y a donc une volonté en ce sens pour ces communautés qui souhaitent s'approvisionner directement en aliments du Sud, comme nous les appelons. La plupart veulent toutefois s'en remettre aux aliments traditionnels, comme vous le diront ceux qui s'efforcent de donner un élan nouveau à ces valeurs et à ces systèmes de connaissances.
Je peux vous dire que du côté de la nation Haudenosaunee, nous nous efforçons de remettre en usage les semences patrimoniales que nous avons su préserver au fil des générations. C'est ce que nous nous apprêtons à faire. Si nous voulons une alimentation saine, nous devons revenir à ces semences qui ont été recueillies et rassemblées dans le cadre de cérémonies, et confiées aux communautés chargées expressément d'en assurer la préservation.
Il ne s'agit pas vraiment de faire venir... On s'efforce de revenir à d'anciennes façons de faire, mais dans un cadre contemporain. Cela devient un véritable défi lorsqu'on travaille avec des étudiants et des jeunes qui se sont désintéressés de ces pratiques.
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Merci, monsieur le président.
Si vous le permettez, je vais partager mon temps de parole avec mon collègue M. Eyolfson.
Des témoins qui sont venus nous rencontrer ont fait des suggestions. Il y a eu des discussions avec des représentants d'Agriculture et Agroalimentaire Canada au cours des derniers mois. On nous a dit que les gens des Premières Nations avaient plus de difficulté à accéder à des terres, entre autres pour des raisons de financement, que ces gens vivent dans les réserves ou à l'extérieur de celles-ci.
Êtes-vous au fait de cela? Pourriez-vous nous indiquer les raisons pour lesquelles ces gens ont plus de difficulté à obtenir du financement? C'est assez important si on parle d'autonomie alimentaire, c'est l'un des premiers aspects.
Comme je veux laisser du temps de parole à M. Eyolfson, je vais tout de suite vous demander ce que peut faire le gouvernement du Canada pour remédier à la situation.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie beaucoup nos témoins de leur présence aujourd'hui.
Vos réponses ont été très instructives et vont nous aider à prendre de bonnes décisions quant à nos recommandations au gouvernement.
Monsieur le président, à l'instar de mon collègue M. MacGregor, je vais devoir déposer une motion qui n'a pas de lien direct avec l'étude que nous menons actuellement, mais qui est très pertinente dans le contexte du rapport que nous allons déposer prochainement sur les défis en santé mentale des producteurs agricoles. Au mois d'octobre dernier, j'avais déjà tenté de convaincre le Comité d'adopter une motion dans le contexte de son étude sur la santé mentale. La motion d'aujourd'hui est la suivante:
Que, conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire entreprenne une étude sur les conséquences de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique sur les fermiers canadiens, particulièrement en ce qui concerne:
1) les producteurs sous la gestion de l'offre;
2) les limites imposées aux exportations canadiennes; et
3) la capacité du Canada à prendre des décisions réglementaires indépendantes dans le secteur agricole,
que cette étude comprenne un minimum de quatre rencontres, et ce, dans les plus brefs délais, que le ministre et les fonctionnaires soient présents pour au moins une rencontre, et que le gouvernement produise toutes les études d'évaluations, analyses et rapports effectués sur les sujets relatifs à cette étude.
Monsieur le président, si je propose cette motion maintenant, c'est parce que je sais que nous sommes en train de travailler au rapport sur la santé mentale que le Comité doit déposer. Ma motion me semble pertinente puisque l'une des recommandations de ce rapport doit justement porter sur les conséquences des décisions gouvernementales sur la santé mentale et le quotidien des producteurs agricoles.
Je pense que les changements qui résultent du nouvel Accord Canada—États-Unis—Mexique nécessitent que l'on se penche davantage sur leurs conséquences pour les producteurs agricoles. Ces derniers ont suivi, notamment par le biais des journaux, les négociations publiques ayant mené à cette entente et ont vu leurs marchés s'éroder au profit des Américains.
Le but ici n'est donc pas de discuter de cette motion des heures durant. Cependant, je souhaite que le Comité se prononce rapidement, pendant qu'il est encore temps, sur le bien-fondé d'inclure de telles recommandations dans le rapport sur la santé mentale qu'il déposera très bientôt. Nous avons ici une occasion unique de discuter de décisions gouvernementales ayant de réelles conséquences sur les fermiers et les producteurs de lait, d'oeufs et de volailles. Je pense que nous manquerions notre coup comme comité si nous ne prenions pas quelques minutes, voire quelques rencontres, pour étudier les effets de cette entente sur les producteurs agricoles.
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Le débat sur la motion est ajourné à une autre séance.
Je remercie beaucoup les témoins qui sont en vidéoconférence de nous avoir attendus si patiemment. Nous avons été de bons parlementaires et avons pu nous en tenir à l'essentiel des discussions sur la motion.
Nous avons le plaisir d'accueillir des représentantes de 4-H Ontario, Mmes Debra Brown, directrice générale, et Meaghan Moniz, coordonnatrice du Soutien aux bénévoles, Activités de mobilisation des Premières Nations. Elles sont toutes deux en vidéoconférence depuis Guelph, en Ontario.
Bonjour. Je vous remercie beaucoup de votre participation.
Également par vidéoconférence depuis Washington, nous avons le plaisir d'accueillir M. Jean Poirier, propriétaire de Northern Lights Foods. Merci beaucoup de prendre part à notre réunion aujourd'hui dans le cadre de cette étude très importante.
Nous commençons par les deux représentantes de 4-H Ontario, pour une période de sept minutes.
Vous avez la parole.
Je m'appelle Debra Brown et je suis directrice exécutive de 4-H Ontario. J'ai consulté des collègues de différentes régions du Canada pour préparer l'exposé que je vous présente aujourd'hui.
4-H est une organisation qui s'emploie à favoriser le développement positif des jeunes, principalement dans le secteur agricole. Voilà plus de 100 ans que nous menons nos activités au Canada, surtout en région rurale. Il y a actuellement plus de 25 000 jeunes Canadiens qui sont inscrits à des programmes 4-H. En Ontario, 92 % des jeunes participant à nos programmes vivent en milieu rural.
4-H Ontario travaille auprès des communautés autochtones depuis une vingtaine d'années. Je veux vous exposer aujourd'hui quelques-unes des idées qui émanent de cette collaboration en espérant vous faire ainsi mieux comprendre les moyens à privilégier pour encourager la participation des jeunes Autochtones au sein de l'industrie agricole et agroalimentaire.
J'aimerais d'abord traiter brièvement des besoins des jeunes. Selon le rapport sur l'État du Canada rural, il convient de travailler davantage au renforcement des capacités des Canadiens vivant en milieu rural, et notamment des Autochtones. C'est seulement chez les Autochtones que le nombre de jeunes est en croissance au Canada, et ce, à un rythme quatre fois plus rapide que dans le reste de la population.
Les besoins des jeunes Autochtones sont en partie les mêmes que ceux des autres jeunes Canadiens, mais il y en a certains qui leur sont propres ou qui se font davantage ressentir dans leur cas. Il y a aussi des problèmes de santé mentale et de bien-être qui peuvent mener à des taux de suicide plus élevés qu'au sein de la population non autochtone. Tout cela s'accompagne d'un sentiment d'isolement.
Il y a un autre élément qui distingue les jeunes Autochtones. Certains d'entre eux — selon l'endroit où ils habitent — doivent quitter leur communauté pour fréquenter l'école secondaire. Vous pouvez vous imaginer un jeune de 13 ans qui doit déménager de chez ses parents pour faire ses études secondaires. Un autre facteur peut être associé à la ruralité dans le contexte scolaire. Il arrive que le recours au transport scolaire empêche un jeune de participer à des activités parascolaires, ce qui contribue à son sentiment d'isolement.
J'aurais un dernier élément à souligner concernant les besoins des jeunes. Ceux des milieux ruraux de même que les jeunes Autochtones ont un taux d'achèvement des études secondaires inférieur à ceux qui vivent dans les secteurs urbains. C'est un peu ironique, car il s'agit souvent de jeunes vivant dans ces mêmes régions rurales où il y a production agricole. Il faut donc en fait réussir l'appariement entre cette population en croissance et le besoin de main-d'oeuvre de plus en plus criant dans le secteur agricole et agroalimentaire.
Au cours des dernières années, nous avons surtout pris conscience du pouvoir des communications. Les jeunes qui participent aux activités de 4-H Ontario peuvent y acquérir des connaissances sur une centaine de sujets différents. Un club 4-H est constitué de deux leaders bénévoles et de jeunes âgés de 9 à 21 ans. Pour chaque sujet enseigné à ces jeunes, il y a un guide que les leaders bénévoles peuvent utiliser de même qu'un guide pour les jeunes participants qui peuvent y consigner leurs notes d'apprentissage. Depuis quelques années, 4-H Ontario et 4-H Colombie-Britannique collaborent avec les communautés autochtones pour autochtoniser ou décolonialiser, comme nous le disons, certains de ces guides. L'intégration de connaissances et de perspectives autochtones aux guides d'apprentissage 4-H est un élément clé de la mobilisation de toute communauté autochtone. Plusieurs ministères de l'Éducation au Canada ont adhéré au concept de la décolonialisation et de l'autochtonisation des programmes d'études.
Traitons maintenant des besoins de l'industrie agroalimentaire. Je suis persuadée que l'on vous a déjà amplement parlé de la pénurie de main-d'oeuvre dans ce secteur. Je ne vais pas vous en dire davantage à ce sujet, si ce n'est pour vous indiquer que les clubs 4-H pourraient certes jouer un rôle important à ce chapitre. Nous sommes dans une position privilégiée pour inciter les jeunes à s'intéresser très tôt à l'agriculture. Les leaders 4-H sont souvent des chefs d'entreprise dans l'industrie agricole. Vous pourriez notamment constater que bon nombre de ministres de l'Agriculture, de PDG et de présidents d'office de commercialisation sont passés par les clubs 4-H.
Les leaders 4-H peuvent faire miroiter aux jeunes tout un monde de nouvelles possibilités à vivre dans le milieu agricole de façon très concrète. Les jeunes peuvent ainsi être incités à faire carrière dans ce secteur. Cela peut souvent les mener à leur premier emploi en agriculture dans l'entreprise de leur leader 4-H ou d'un conférencier invité à leur club.
Ce programme constitue un solide réseau couvrant l'ensemble des régions rurales du Canada. Il permet aux jeunes d'acquérir des compétences et leur offre des lieux pour les pratiquer. Le programme 4-H possède la force et le réseau nécessaires pour faire connaître l'agriculture aux jeunes et leur présenter les nombreux emplois disponibles dans le secteur le plus prospère du Canada.
Quelles sont les difficultés qui nous empêchent de motiver les jeunes Autochtones à envisager une carrière dans l'agriculture? On continue de véhiculer le vieux stéréotype selon lequel, lorsque l'on choisit une carrière dans le secteur agricole, on se rend dans les champs pour planter et récolter parce que c'est ce à quoi se limite l'agriculture. Ce stéréotype est très répandu, en particulier chez les jeunes — c'est ce que nous entendons régulièrement dans le cadre des programmes que nous leur offrons. Au sein des 4-H, nous donnons une perspective globale de l'agriculture — qui va vraiment du pré à l'assiette — en mobilisant des bénévoles adultes qui jouent le rôle de mentors. Ils travaillent dans plusieurs domaines du secteur agricole, allant des exploitations à la transformation, en passant par la distribution et les consommateurs.
Ils considèrent également que l'agriculture est un secteur ancien et traditionnel. En réalité, c'est loin d'être le cas. L'agriculture s'est appuyée sur la technologie pour accroître sa production dans tout le Canada. Ce secteur a réalisé des gains importants en étudiant les possibilités qu'offre la technologie, notamment en matière de génétique et de matériel.
Je m'appelle Jean Poirier. Je suis né à Alma, au Québec. En 1965, les événements de la vie m'ont amené à accepter un emploi dans le Nord de la Saskatchewan. Mes jeunes années au sein de l'Aluminium Company of Canada m'ont préparé à vivre une vie plus diversifiée que ce que j'aurais pu imaginer. À l'époque, La Ronge, en Saskatchewan, était une communauté de 250 habitants blancs entourée de 2 500 Autochtones. Nous formions une famille heureuse; nous n'avions aucun problème. Tout le monde voulait avoir un emploi ou était heureux d'être trappeur en hiver et guide en été, et de vivre dans des cabanes au bord de lacs isolés. Et oui, ils étaient fiers d'y vivre. J'en ai été témoin à de nombreuses reprises, car j'ai été propriétaire de huit camps de pêche ou de chasse situés à différents endroits.
Au cours de notre première année, nous avons ouvert un petit café. Nos employées estivales étaient des jeunes filles autochtones du pensionnat. En hiver, il n'y avait pas beaucoup d'activité. Nous nous occupions nous-mêmes du café et nous offrions même des services de traiteur dans la réserve. Je gérais tous nos projets de construction avec l'aide de mes amis autochtones. Le café est devenu l'une des meilleures grilladeries de la province et était un bon endroit de formation pour nos jeunes Autochtones.
En 1967, j'ai commencé à travailler dans un centre touristique où il y avait un terrain de golf. Tout le monde n'était pas favorable à ce qu'une personne devienne l'unique propriétaire de ce centre, et finalement, après quelques changements au sein du gouvernement provincial, j'ai été forcé de laisser la personne intéressée prendre le contrôle. En 1989, cette personne avait échoué, alors j'ai repris l'affaire et construit ce qui est devenu l'Eagle Point Resort. Ce projet a servi de programme de formation pour des opérateurs d'équipement lourd. Le terrain de golf a été construit et entretenu par des Autochtones qui n'avaient jamais pratiqué ce sport ou même vu un terrain de golf. Le restaurant a été vendu, mais l'argent a été réinvesti dans des entreprises de construction, notamment dans les domaines de l'équipement lourd et du ciment. Leur effectif était composé essentiellement d'Autochtones appartenant aux nations dénée et crie. Naturellement, il comprenait également des Métis, alors l'évolution des Autochtones avait lieu juste sous nos yeux. Quand j'utilise le mot « évolution », je veux aussi dire les changements.
Dans le Nord, nos deux employeurs principaux sont deux entreprises d'exploitation de l'uranium. Celles-ci me font confiance, et je travaille à tous leurs projets, avec jusqu'à 128 personnes, là encore, d'origine crie ou dénée. Pour être entrepreneur dans la mine, vous devez employer 70 % de résidants du Nord. J'en emploie plus de 80 % en tout temps et, encore une fois, j'ai formé des jeunes pour qu'ils deviennent charpentiers, électriciens, mécaniciens, soudeurs, tuyauteurs, mécaniciens de chantier, et qu'ils occupent, en gros, tous les métiers qui participent à ce type de projet. Dans l'une des mines, j'ai réalisé des travaux pendant plus de 17 ans sans interruption.
En 2012, un moissonneur de riz sauvage m'a demandé de m'occuper de la vente du riz sauvage à l'étranger. La bande lui avait fait parvenir un avis de désistement, car elle allait perdre son acheteur principal. La récolte du riz sauvage dans le Nord de la Saskatchewan emploie plus de 500 personnes d'ascendance autochtone. Pour nombre d'entre elles, il s'agit de leur unique source de revenus pour l'année.
Ceci conclut mon court exposé dans lequel j'ai voulu me présenter et vous démontrer ma connaissance des Autochtones. J'ai toujours vécu en lien étroit avec eux.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de se joindre à nous aujourd'hui.
Je suis issu d'un milieu agricole. J'ai grandi sur une exploitation mixte. Souvent, lorsque l'on parle de soutenir les Autochtones dans le domaine agricole, on pense aux grandes exploitations pour lesquelles il faut beaucoup d'argent pour se lancer. J'aimerais parler des micro-exploitations. Mes enfants ont participé au programme 4-H et ils ont beaucoup appris. Je remercie sincèrement tous les membres des 4-H. C'est un organisme fantastique. Grâce à ces micro-exploitations, nous pouvons enseigner aux enfants à cultiver leurs propres aliments, soit chez eux, soit dans un jardin.
Madame Brown, d'après votre expérience, devrions-nous offrir davantage de programmes 4-H, ou fournir plus d'information au sein de notre système scolaire, afin de permettre aux gens de cultiver leurs propres aliments?
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Oui, je suis d'accord avec cela, c'est certain.
Une chose incroyable est que, même si j'achète du riz, disons, de 100 personnes différentes, il est probable qu'entre 60 % et 70 % d'entre elles n'aient jamais goûté au riz sauvage. Elles n'ont pas la moindre idée de son goût. C'est donc dire que l'éducation est vraiment nécessaire.
Un autre sérieux problème que nous pose le riz sauvage est qu'il est très difficile à vendre au Canada. Il est très difficile à vendre aux États-Unis, simplement en raison des frais de transport, pas nécessairement à cause du coût du riz qui, dans la plupart des situations, est probablement deux fois mois élevé que celui du riz au supermarché, si on ne tient pas compte du profit de l'épicier. Cela dit, les coûts du transport terrestre sont très élevés.
Oui, il y a un stade où on peut accroître la sensibilisation, mais le riz sauvage en tant que tel... Les baux sur les lacs, des choses du genre, appartiennent maintenant surtout à des personnes âgées. Le gouvernement de la Saskatchewan évalue la situation et impose de nouvelles conditions, de nouvelles règles, si bien que nous devrions pouvoir enseigner aux gens à le cultiver car, en principe, comme me l'ont dit les 4-H...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame Brown, je vais continuer avec vous. Les 4-H occupent une place importante dans ma collectivité. Je suis originaire de l'île de Vancouver, sur la côte Ouest. Nous avons un climat assez incroyable pour faire pousser des choses. Sur ma propriété à moi, l'ail perce déjà le sol.
La première partie du nom de ma circonscription est « Cowichan ». Les Cowichan forment la bande comptant le plus de membres en Colombie-Britannique. Leur territoire traditionnel s'étend sur une partie considérable de l'île de Vancouver et englobe les basses-terres continentales. Le saumon et les palourdes font habituellement partie de leurs aliments traditionnels, mais certains membres m'ont dit qu'ils avaient aussi envisagé de cultiver les superficies de terres arables qu'ils ont dans leurs réserves. Ils se sont dits intéressés à se lancer en agriculture, à opter pour des activités qu'ils n'ont peut-être pas pratiquées par le passé et à revendiquer la souveraineté alimentaire.
Vous avez beaucoup parlé des efforts de mobilisation des 4-H. Je sais que vous parlez au nom des 4-H de l'Ontario, mais lorsque vous parlez de la mobilisation des jeunes, en particulier ceux des communautés des Premières Nations, des Métis et des Inuits, est-ce en général? Est-ce une grande mobilisation qui se manifeste chez les 4-H à l'échelle nationale ainsi qu'au sein de ses organisations provinciales?
Les témoignages recueillis cet après-midi sont formidables.
Je participe depuis longtemps au 4-H. Quelqu'un a dit que si l'on veut faire participer les gens, il faut habituellement commencer par un grand-parent; suivront un parent et ensuite l'enfant. Tout le monde sait à quel point c'est important et à quel point c'est critique pour la communauté.
Il y a également des facteurs qui sont propres à l'agriculture. Je sais que la technologie est très présente en agriculture et qu'il faut s'y connaître. La question de l'accès à large bande est une préoccupation, que ce soit dans les écoles ou dans la gestion des exploitations agricoles.
J'ai enseigné les mathématiques et la physique au secondaire, mais j'ai également été chargé des programmes d'expérience du travail, que ce soit le programme de certification écologique pour les stagiaires comme celui de l'Alberta, ou le programme d'apprentissage enregistré. Ce genre de programme permet aux élèves d'en apprendre sur l'agriculture et d'en faire l'expérience. J'ai également créé un cours sur l'agriculture. Il comportait des leçons sur les systèmes d'équations linéaires et des notions semblables, ce que l'on ne ferait pas normalement avec les élèves de la 10e année, mais si je parlais des rations pour le bétail et de choses semblables, les jeunes s'y intéressaient. Voilà votre potentiel: vous pouvez montrer aux jeunes gens comment utiliser les notions apprises. Du côté de l'éducation, il faudrait en tenir compte dans l'élaboration des curriculums.
Nous savons que l'on vise les efforts de sensibilisation auprès des communautés autochtones afin qu'elles puissent être parties prenantes. C'est un élément critique. Nous parlons actuellement de la possibilité de tout simplement revenir aux aliments traditionnels, puisque c'est quelque chose qui répondra à un besoin chez les jeunes des communautés autochtones. Je crois qu'il faut s'investir dans les deux aspects, car les gens voudront savoir ce que rapportera leur investissement. Dans le cas d'une exploitation agricole mixte, l'agriculteur sera plutôt satisfait de gagner 1 ou 2 % sur son investissement. D'autres gens ne le seraient pas, mais lui, si.
Pourriez-vous nous parler de l'élaboration des curriculums et de la façon dont on pourrait intégrer ce genre d'idée dans le système d'éducation normalisé qui existe dans toutes les provinces afin d'atteindre les communautés autochtones également.
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Mes collègues du ministère de l'Éducation et du 4-H me disent que la décolonisation et l'incorporation de contenu autochtone dans le curriculum sont d'une importance vitale pour valoriser ces enseignements.
Quatre ou cinq provinces permettent l'obtention d'un crédit à l'école secondaire pour la participation à un club 4-H. J'ai constaté au cours des cinq dernières années la valeur accordée à l'apprentissage pratique qui a lieu à l'extérieur de la salle de classe, que ce soit dans l'Île-du-Prince-Édouard ou en Colombie-Britannique. La possibilité est offerte. Elle donne effectivement lieu à... C'est en forgeant qu'on devient forgeron. Comme vous le savez, le 4-H a comme slogan: « Apprendre en travaillant ». Nous faisons participer les jeunes gens grâce au modèle d'apprentissage pratique qu'ont adopté bon nombre de ministères de l'Éducation.
En Ontario, nous mettons l'accent sur la majeure haute spécialisation, qui permet d'obtenir des crédits supplémentaires au moyen des activités du 4-H. Ces crédits peuvent s'insérer dans une majeure haute spécialisation en agriculture. Nous travaillons de pair avec le ministère ontarien sur ce dossier depuis quelque temps.
Nous constatons la valeur de l'expérience des clubs 4-H pour ce qui est de rencontrer des dirigeants, de réseauter et d'organiser des rencontres entre les jeunes et les leaders, les entrepreneurs et les agriculteurs dans la communauté. Des avantages se font aussi ressentir dans la salle de classe, mais les clubs 4-H offrent cette petite touche supplémentaire, car les mentors sont présents pour appuyer les jeunes, les encourager à se surpasser, reconnaître leurs talents et leur dire de les utiliser. Tout ce mentorat formidable se produit dans les clubs 4-H et le système scolaire. Les enseignants encouragent les élèves à utiliser leurs compétences de diverses façons.
Selon moi, le partenariat qui est créé entre les jeunes et les adultes, que ce soit dans le club ou dans une salle de classe, est très important. Cependant, il ne faut pas négliger le contenu d'un manuel ou du curriculum. Sera-t-il accepté par les élèves et par les parents?