:
Bonjour à tous. Je vous souhaite la bienvenue à notre comité.
[Traduction]
Conformément à l'article 108 du Règlement, nous commençons une étude sur la peste porcine africaine.
Bienvenue à nos invités de ce matin.
[Français]
Nous recevons M. David Duval, président, et M. Martin Pelletier, directeur général de l'Équipe québécoise de santé porcine, des Éleveurs de porcs du Québec.
Merci d'être avec nous ce matin.
[Traduction]
Nous accueillons également M. Andrew Dickson, qui est directeur général du Manitoba Pork Council. Par vidéoconférence, nous allons entendre M. John de Bruyn, qui est vice-président du Conseil d'administration d'Ontario Pork.
Nous allons commencer par les déclarations liminaires.
[Français]
Messieurs Pelletier et Duval, vous avez six minutes pour faire votre présentation.
:
Bonjour, tout le monde.
Je suis accompagné du président des Éleveurs de porcs du Québec et de l'Équipe québécoise de santé porcine, ou EQSP.
Le secteur porcin québécois représente 26 500 emplois et génère 2,55 milliards de dollars de retombées économiques. C'est la première industrie bioalimentaire exportatrice du Québec. Nous exportons pour l'équivalent de 1,68 milliard de dollars, soit plus que l'hydroélectricité. Soixante-dix pour cent de la production est exportée dans plus de 80 pays, ce qui représente environ 7 % du commerce mondial du porc.
Les principaux acteurs de la filière porcine québécoise se sont regroupés autour d'une organisation commune à but non lucratif, l'EQSP, pour traiter d'enjeux de santé porcine. Cette équipe a été créée en juin 2013 et regroupe Les éleveurs de porcs du Québec, l'Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière — l'AQINAC —, ainsi que les abattoirs signataires de la Convention de mise en marché des porcs, qui font environ 99 % des abattages de porcs au Québec.
La mission de l'organisation est de travailler de concert avec les autorités gouvernementales et tous les intervenants de l'industrie porcine à la prévention des maladies porcines ciblées, ainsi qu'à la préparation et à l'intervention à l'égard de celles-ci et à la prise de mesures pour minimiser les répercussions négatives sur la filière québécoise. Nous parlons de maladies ciblées en général, puisqu'elles évoluent constamment et qu'elles se propagent dans différents pays à travers le monde.
Notre mandat englobe les 12 maladies à déclarer en vertu de la Loi sur la santé des animaux du gouvernement fédéral, ce qui inclut la peste porcine africaine. Il y a aussi des maladies émergentes, comme la diarrhée épidémique porcine — DEP —, qui ne sont pas sous le contrôle des instances gouvernementales, mais que l'industrie ne veut pas voir se répandre dans ses cheptels. Il y a aussi des maladies endémiques qui existent depuis plusieurs années, comme le syndrome reproducteur et respiratoire porcin, contre lequel l'industrie se mobilise pour en diminuer les effets néfastes et pour l'éradiquer, éventuellement.
Depuis 2008, la filière porcine québécoise travaille à un plan de mesures d'urgence. Il y avait eu une première phase de développement à cette époque. Ensuite, il y a eu la création de l'EQSP. Nous avons concentré nos efforts sur la DEP et d'autres maladies émergentes. Maintenant, compte tenu de la menace que pose la peste porcine africaine, nous revenons en force avec une mise à jour et une nouvelle phase de développement de notre plan de mesures d'urgence.
L'importation illégale de produits du porc contaminés est l'un des principaux enjeux liés à la peste porcine africaine. À cet égard, nous saluons les engagements du gouvernement d'ajouter des chiens dépisteurs supplémentaires, mais il faut accélérer le plus possible la mise en service de ces nouveaux chiens. Il est important d'accroître les activités de surveillance non seulement aux aéroports, étant donné le volume important de visiteurs qui pourraient importer des produits illégaux, mais aussi aux ports et relativement aux colis internationaux. Le commerce électronique est en forte expansion et il y a des risques à gérer à ce niveau aussi. Nous souhaitons qu'on impose des sanctions élevées aux gens qui tentent d'importer des produits illégaux possiblement contaminés.
Concernant les porcs et les sangliers de basse-cour, nous nous attendons à ce que le gouvernement resserre les contrôles sur l'interdiction d'alimentation composée de déchets de table et de produits de viande. Les règlements contiennent une telle interdiction, mais il faut que les contrôles mis en place assurent le respect de cette interdiction. Il faut voir à la conformité aux exigences d'identification et de traçabilité au sein de ces petits troupeaux. Il doit aussi y avoir une collaboration globale canadienne dans la gestion des porcs et des sangliers en liberté.
Pour maintenir le commerce international, le gouvernement doit accélérer les négociations avec le plus de partenaires commerciaux possible, afin d'en arriver rapidement à des ententes de reconnaissance du zonage. Cela nous permettrait de continuer à exporter du bétail provenant de zones exemptes de maladies, selon le concept de compartimentation.
Pour ce qui est des investissements nécessaires dans l'immédiat, nous croyons qu'il serait important: d'accroître les ressources humaines et financières pour que les organismes gouvernementaux, que ce soit l'Agence canadienne d'inspection des aliments ou d'autres organismes, puissent se préparer à une crise éventuelle et la gérer; de disposer des ressources nécessaires pour que les communications publiques soient gérées efficacement en situation de crise, de façon à maintenir une image positive du secteur porcin et des produits du porc — surtout dans un contexte où les informations circulent beaucoup dans les médias sociaux; d'appuyer, sur les plans financier et logistique, les efforts de l'industrie pour préparer des plans d'urgence — nous investissons déjà beaucoup, mais il y a des enjeux majeurs pour lesquels nous n'avons pas les ressources suffisantes; et d'accroître les investissements dans le système de traçabilité PorcTracé afin de le rendre plus efficace. Par contre, je dois dire à ce sujet que nous avons déjà une bonne base.
En ce qui concerne les investissements nécessaires en situation de crise, il est important de préparer dès maintenant un plan d'accompagnement financier pour le secteur qui pourrait être déployé rapidement dans l'éventualité où surviendrait une crise sanitaire, et ce, pour les raisons suivantes: pour éviter un effondrement du secteur; pour éviter les impacts socioéconomiques catastrophiques qui pourraient mener à des enjeux importants relatifs au bien-être animal, mais aussi à des drames humains; et pour appuyer l'industrie au moyen d'une gestion ordonnée des impacts liés à une fermeture temporaire des marchés d'exportation.
Enfin, en ce qui a trait à l'outil de financement pour le moyen et le long terme, il s'agirait de mettre en place le plus rapidement possible l'Office de promotion et de recherche sur le porc afin que cet outil puisse nous servir davantage au cours des prochaines années.
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Bonjour. Merci de donner au Manitoba Pork Council l'occasion de vous faire part de certains de ses points de vue concernant les défis que pose la peste porcine africaine pour le secteur porcin du Manitoba. Vous avez déjà entendu des experts de l'industrie — dont ceux du Conseil canadien du porc — se prononcer sur la situation nationale, alors je vais me focaliser sur des observations qui rendent compte des enjeux régionaux.
Le Manitoba Pork Council a été créé il y a plus de 20 ans en vertu d'une loi et d'un règlement pour représenter les intérêts des producteurs de porc et pour offrir des programmes et des services qui profitent à l'ensemble du secteur. Les producteurs du Manitoba — qui sont plus de 600 — ont investi plus de 2 milliards de dollars dans les bâtiments et l'équipement — selon les coûts de remplacement — pour produire plus de 8 millions de porcs par année, créant ainsi environ 13 000 emplois pour les Manitobains. L'industrie vend plus de 3 millions de porcelets sevrés en Iowa et au Minnesota, et elle exporte environ 1 milliard de dollars en produits de viande dans le monde. Au Japon seulement, nos exportations se chiffrent à environ 500 millions de dollars. À tout moment, les fermes porcines de la province abritent environ 3,4 millions d'individus.
En ce qui concerne l'impact de la peste porcine africaine, la PPA, reconnaissons sans détour qu'un cas de cette maladie au Manitoba pourrait, du jour au lendemain, faire perdre toute sa valeur à notre industrie. Nous dépendons presque entièrement de l'exportation de porc vers le Japon, les États-Unis, le Mexique et la Chine. Si ces marchés refusent l'entrée de nos produits, nous n'avons aucun autre marché de taille similaire sur lequel nous pourrons mettre le cap.
Dans un scénario cauchemardesque, toutes nos expéditions cesseraient du jour au lendemain. Nos usines de transformation ne pourraient fonctionner qu'environ deux semaines avant de manquer de place d'entreposage frigorifique. Les usines devraient alors cesser de prendre livraison d'animaux vivants. À l'heure actuelle, ces usines transforment environ 100 000 porcs de marché par semaine, dont certains proviennent de la Saskatchewan. En ce moment, nos fermes fonctionnent avec des réserves de nourriture pour animaux qui leur permettent de continuer à opérer durant deux ou trois jours. Or, les fabricants de ces aliments commenceront à exiger le paiement en espèces ou par chèque avant la livraison. Les institutions financières ne seront pas disposées à accroître davantage les fonds d'exploitation des producteurs, car leur valeur sera désormais nulle. Les contrats d'approvisionnement en porcelets sevrés que nous avons avec les Américains seront résiliés à la frontière. C'est plus de 75 000 porcelets sevrés par semaine qui se retrouveront sans maison parce qu'au Canada, les porcheries de finition sont déjà saturées. En dedans d'une semaine, nos porcheries n'auront plus la capacité de tenir un inventaire en croissance parce que nos truies continueront de mettre bas chaque jour et que nos porcs de marché continueront de croître en taille et en poids.
Dans les sept à dix jours suivant le premier cas, nos producteurs devront commencer à réduire considérablement leurs stocks actuels, ce qui représente au moins 200 000 à 400 000 animaux par semaine. En l'absence de liquidités prévisibles, les producteurs commenceront à mettre à pied les 2 500 employés qui travaillent dans les fermes, et les secteurs de la transformation et des services devront ajuster leurs niveaux de dotation en personnel à leurs réserves financières.
Je vais maintenant vous parler des mesures qu'il y aurait lieu de prendre en cas de catastrophe et pour assurer la reprise ultérieure de l'industrie.
Le Manitoba Pork Council croit que l'industrie peut retrouver sa pleine production et son activité économique dans un délai raisonnable si certaines mesures clés sont prises. La première est la prévention. Nous devons créer une mentalité et un système avec nos voisins au sud, c'est-à-dire une approche apte à édifier l'Amérique du Nord en forteresse afin d'empêcher que des maladies comme la peste porcine africaine n'entrent dans nos fermes. La biosécurité à la ferme doit être une priorité pour tous les secteurs de l'industrie, et pas seulement pour les producteurs. Au Manitoba, depuis 2012, nous travaillons d'arrache-pied sur ce dossier, et nous avons proposé des programmes et des règlements novateurs. Il faut faire plus pour renforcer la biosécurité dans nos fermes. Certains incitatifs financiers pour encourager la multiplication des investissements seraient appréciés.
La deuxième est la préparation. Nous avons besoin d'un accord avec le Japon et la Corée du Sud qui permettrait d'aménager une zone de contrôle primaire plus petite en seulement quelques semaines. Dans le commerce du porc, l'argent comptant est vraiment déterminant. L'argent comptant est essentiel dans les exploitations porcines et il l'est beaucoup plus que dans la plupart des autres secteurs agricoles. Si les expéditions de porc manitobain ne peuvent reprendre avant deux ou trois mois et que nous devons lancer un programme ordonné de réduction des populations, les producteurs auront besoin d'argent comptant dès le troisième jour. D'après certaines estimations générales fondées sur les coûts de production pour 2019, nous aurions besoin de 40 à 50 millions de dollars par mois pour acheter des aliments pour animaux et de 10 à 15 millions de dollars par mois pour payer les salaires. Cela exclut toute somme pour d'autres coûts tels que l'énergie, le transport, les coûts d'emprunt, etc. Pour la reprise des affaires, il est fondamental que nous préservions le troupeau de truies. Or, seulement pour cela, il faudrait 10 millions de dollars par mois.
Des fonds devront également être investis pour assurer que la réduction du troupeau se fasse de façon planifiée, ordonnée et sans cruauté. Nous envisageons une combinaison de sites d'euthanasie centralisés et de certaines mesures de réduction à la ferme. Il s'agira d'un programme très difficile à administrer et à doter en personnel, sans parler des coûts réels de sa mise en oeuvre. Soit dit en passant, nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation où les producteurs chercheront à être déclarés infectés parce que l'indemnisation de l'Agence canadienne d'inspection des aliments sera la seule aide financière offerte.
En troisième lieu, il y a la réponse. La peste porcine africaine est une maladie relativement lente, ce qui devrait permettre à nos systèmes de production d'isoler et d'éradiquer tout foyer sans que le virus se propage comme il l'a fait en Chine. L'Europe a été exposée à cette maladie, mais elle a été en mesure de la contenir et de la contrôler.
Toujours en ce qui concerne la réponse, l'ACIA jouera un rôle clé dans le contrôle et l'éradication de la maladie dans la ferme infectée. Ce qu'il convient de souligner ici, c'est que le gouvernement provincial sera le principal partenaire pour ce qui est d'assurer le bien-être animal dans la vaste majorité des fermes situées à l'extérieur de la zone d'éradication de l'ACIA. Le Manitoba Pork Council travaille en étroite collaboration avec les fonctionnaires afin d'élaborer un plan d'urgence de gestion des maladies dans l'éventualité du pire scénario, et d'examiner d'autres options, selon l'ampleur de l'effondrement du marché. Il est essentiel que le gouvernement et l'industrie travaillent en étroite collaboration et non pas en vase clos.
Quatrièmement, en ce qui concerne le rétablissement, disons que la capacité de rétablissement du secteur porcin du Manitoba dépendra des facteurs suivants: d'abord, il faudra que les exportations vers le Japon, les États-Unis et la Chine soient rétablies à l'intérieur de deux ou trois mois; ensuite, le troupeau de base de 350 000 truies devra être maintenu et la reproduction devra reprendre; enfin, la main-d'œuvre devra être gardée en place au moyen d'une entente avec le programme national d'assurance-emploi. Si ces mesures peuvent être mises en place, le secteur porcin du Manitoba pourra retrouver sa pleine capacité de production à l'intérieur de 12 mois.
Les producteurs auront subi des pertes financières importantes qui ne sont pas couvertes par les programmes actuels de gestion des risques de l'entreprise. De nouveaux programmes visant à encourager le réinvestissement seront nécessaires pour stabiliser les flux de trésorerie et les garanties de prêts afin de permettre aux producteurs de reconstituer les stocks et de tenir jusqu'à ce que la vente des animaux commence à leur rapporter. Au chapitre des prix, les marchés d'exportation devraient être très alléchants, car la baisse de la production mondiale totale causée par les pertes en Chine aura un effet d'entraînement. La demande et la consommation mondiales de porc n'auront pas beaucoup changé puisque la capacité de production excédentaire de poulet et de bœuf sera trop modeste pour combler ce vide.
Cinquièmement, nos demandes fondamentales sont d'investir dans des programmes visant à créer une « forteresse nord-américaine » et à renforcer la biosécurité dans nos fermes. Nous sommes d'avis qu'il faut créer à l'avance les programmes qui permettront de faire face à la crise financière immédiate et aux défis du bien-être des animaux, de protéger le cheptel de truies de base afin de conserver la masse critique de truies nécessaire pour reconstruire l'industrie, et d'aider l'industrie à retrouver sa place en tant que secteur important de l'économie. Enfin, il est essentiel que les échanges commerciaux reprennent leur cours normal dans un délai de six à huit semaines.
Merci de m'avoir donné l'occasion de vous faire part de ces observations.
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Bonjour. Je m'appelle John de Bruyn. Je suis producteur de porc avec ma famille dans le comté d'Oxford et dans le Sud-Ouest de l'Ontario, qui est un peu saturé soit dit en passant.
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour entretenir le Comité au sujet des activités visant à prévenir et à contrer la menace de la peste porcine africaine pour l'industrie porcine canadienne. Je vais vous faire part de certains points de vue du secteur porcin de l'Ontario. Dans la mesure du possible, je soulignerai également certains aspects des travaux récents du Conseil canadien du porc et de l'organisme Swine Health Ontario.
Le secteur porcin de l'Ontario représente une part importante du secteur agroalimentaire canadien. Nous parlons d'une production brute de 950 millions de dollars, de retombées économiques de 2,8 milliards de dollars et, selon nos calculs, de 14 000 emplois équivalents temps plein en Ontario.
Le porc de l'Ontario est recherché pour sa grande qualité et il est exporté partout dans le monde. Au cours des dernières années, le porc produit en Ontario s'est retrouvé sur plus de 60 marchés à l'étranger.
Comme nous sommes une industrie qui exporte environ les deux tiers de notre production nationale, l'accès aux marchés internationaux est la pierre angulaire de la réussite économique. Une épidémie de peste porcine africaine entraînerait la fermeture immédiate de nos marchés d'exportation. Ontario Pork voit d'un bon œil l'engagement continu du gouvernement fédéral à promouvoir l'accès aux marchés et appuie fortement cet engagement. Nous avons réitéré activement notre appui à ces importantes initiatives, notamment le PTPGP, l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, et l'Accord Canada—États-Unis—Mexique, ou l'ALENA 2.0, comme je l'appelle.
Comme vous le savez, la peste porcine africaine est très contagieuse pour les porcs et les sangliers en Afrique, en Asie et dans certaines parties de l'Europe, et sa létalité est grande. Les humains ne peuvent pas l'attraper de porcs infectés ou en mangeant de la viande de porcs infectés. Ils peuvent toutefois la propager et avoir une incidence sur les porcs, et ce, de plusieurs façons.
Nous sommes très reconnaissants envers le gouvernement pour les efforts qu'il déploie afin d'empêcher que la peste porcine africaine n'ait des répercussions sur l'industrie ainsi que pour les investissements qu'il a faits afin d'augmenter le nombre de chiens détecteurs aux principaux points d'entrée. Il reste encore du travail à faire pour sensibiliser davantage les voyageurs du monde entier et l'industrie aux maladies animales exotiques ainsi que pour dresser des plans de rétablissement optimaux advenant la constatation de cas de peste porcine africaine au Canada.
Les producteurs de porcs se soucient de la santé de leurs animaux. Ontario Pork et les intervenants de l'industrie sont les membres fondateurs de ce que nous appelons Swine Health Ontario — ou « santé porcine Ontario » —, une équipe dynamique qui s'emploie, en étroite collaboration avec notre gouvernement provincial, à améliorer et à coordonner la capacité de l'industrie à prévenir les graves menaces qui pourraient porter préjudice à la santé des porcs de l'Ontario, à s'y préparer et à y réagir. L'Agence canadienne d'inspection des aliments, le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario et Swine Health Ontario ont partiellement activé leurs structures de commandement en cas d'incident afin de procéder de façon organisée et collaborative à la planification et à la préparation de la réponse à la peste porcine africaine.
Le système de commandement en cas d'incident permet aux organismes qui y prennent part de placer du personnel dans les structures d'autres organisations afin que toutes soient simultanément mises au courant des éléments sur lesquels ils travaillent. Parmi les principaux sujets d'intérêt, mentionnons la capacité d'établir rapidement des zones de contrôle des maladies au Canada et de faire en sorte que ces zones soient reconnues par nos partenaires internationaux. La traçabilité jouera un rôle clé dans l'éradication de la maladie. Le système PigTrace, les outils de production de rapports, les systèmes de biosécurité et de surveillance doivent être renforcés afin d'appuyer le zonage et la réouverture rapides de nos marchés d'exportation. Ontario Pork continue de promouvoir PigTrace ainsi que la sensibilisation des producteurs à l'existence de ces systèmes qui misent sur leur adhésion pour tirer parti des ententes de zonage.
Ontario Pork a également mis au point le logiciel AgManifest, qui remplace le travail administratif permettant de faire le suivi du déplacement des bêtes dans l'industrie porcine. Ce logiciel a été mis au point pour alimenter la base de données PigTrace par des moyens électroniques afin d'aider les producteurs et les transformateurs à se conformer à la réglementation fédérale concernant la traçabilité des porcs au Canada.
AgManifeste doit être amélioré pour permettre la création, la signature et le stockage électroniques de l'annexe 4, Document sur les déplacements de porcs, qui certifie notre statut de pays sans ractopamine pour nos marchés internationaux. Ce document est requis pour accompagner tous les déplacements de porcs dans les usines inspectées par le gouvernement fédéral.
Nous continuons d'investir dans la traçabilité, la biosécurité, la vulgarisation et la recherche. Cependant, un soutien gouvernemental est nécessaire. Nous aimerions obtenir du financement pour élaborer une version 2.0 de PigTrace et pour améliorer l'outil AgManifest afin de permettre la tenue de registres électroniques pour les déplacements des porcs. Nous vous exhortons à vous focaliser sur l'élaboration d'une stratégie d'intervention et de rétablissement pour notre industrie. Nous encourageons certainement la signature d'accords bilatéraux de zonage avec des marchés clés du porc comme le Japon et la Corée du Sud. Nous nous réjouissons du fait que l'accord ait été signé la semaine dernière avec les États-Unis.
Dans le cadre des mesures prises par l'industrie porcine de l'Ontario pour faire face aux risques, les efforts de collaboration continus des producteurs, des intervenants de l'industrie et du gouvernement provincial comprennent l'activation partielle du centre de commandement en cas d'incident de Swine Health Ontario, l'élaboration des rôles et responsabilités de l'équipe du centre de commandement et la confirmation des sous-groupes, des chefs d'équipes et des membres de ces équipes. Nous tenons actuellement des conférences téléphoniques bimensuelles pour assurer la communication des rapports d'étape de tous les sous-groupes et chefs d'équipe. Nous avons encouragé la formation sur le SCI 100 et le SCI 200, et des séances ont été organisées pour que tout le monde soit mis au courant.
L'élaboration d'un plan d'intervention en cas de perturbation des marchés tiendra compte des répercussions économiques d'une maladie animale exotique.
Ontario Pork a consulté le vétérinaire en chef de l'Ontario pour discuter des priorités et des activités possibles advenant une perturbation des marchés, et ce, dans trois domaines clés, soit la participation des transformateurs fédéraux et, éventuellement, des abattoirs provinciaux à la planification de la réponse à une perturbation des marchés à grande échelle en Ontario, l'élaboration d'un plan de communication et la préparation d'un plan d'urgence à la ferme pour les producteurs.
Lors d'une réunion qui se tiendra en juin prochain, le comité consultatif de l'industrie porcine de l'Ontario discutera de la stratégie qu'il conviendra de mettre en oeuvre pour faire face à une perturbation des marchés.
Dans les communications, plusieurs mesures ont été prises pour mieux faire connaître la maladie et les stratégies de prévention, notamment l'importance de la traçabilité et d'une solide biosécurité. Une campagne de communication à volets multiples a été lancée à la fin de l'automne 2018, et une trousse d'information sur la peste porcine africaine et sur sa prévention a été postée à tous les producteurs inscrits. En avril, on a envoyé aux producteurs et aux transformateurs un publipostage de suivi contenant des ressources plus détaillées en matière de prévention et de préparation. Grâce aux médias sociaux, Ontario Pork continue de relayer les mises à jour et les renseignements fournis par le Conseil canadien du porc, l'Agence canadienne d'inspection des aliments et l'Agence des services frontaliers du Canada.
Pour notre auditoire en périphérie du secteur agricole, Ontario Pork a élaboré et transmis de l'information à l'intention de l'industrie des services alimentaires et de la restauration sur les dangers de donner des déchets alimentaires aux porcs...
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Je pense que l'un des problèmes auxquels nous faisons face, c'est que... Les psychologues appellent cela la dissonance cognitive. Ce problème est tellement énorme que les gens ont du mal à l'appréhender complètement. La maladie existe depuis longtemps, et elle sévit en Chine. Toutefois, ce qui s'est produit...
Deux facteurs entrent en jeu. Premièrement, la moitié des porcs de la planète vivent en Chine. Les pertes des Chinois en matière de production sont plus importantes que la totalité de la production nord-américaine. Par conséquent, les Chinois se déplacent maintenant. Les liens commerciaux noués avec la Chine sont innombrables. Les Américains achètent en Chine bon nombre des produits dont ils ont besoin pour l'industrie porcine. Deuxièmement, comme M. Pelletier l'a indiqué, nous dépendons grandement de ce commerce. Au Manitoba, 90 % de nos produits sont exportés. Si un seul marché... Si le Japon refuse notre porc, nous sommes cuits.
Selon moi, nous devons amorcer le processus d'établissement des programmes financiers, afin que les producteurs sachent à quoi s'attendre, dès le début.
Lorsque j'étais au service du ministère de l'Agriculture du Manitoba, je me suis occupé pendant de nombreuses années des programmes d'aide aux sinistrés. Si nous élaborons ces plans à l'avance, les gens sauront quoi faire. Nous ne voulons pas, au cours de la première journée de la crise, chercher à déterminer si les marges négatives sont couvertes par le programme Agri-stabilité, pendant que les producteurs tentent de joindre leurs comptables afin de découvrir leur position de trésorerie. Ce serait une situation complètement ridicule.
Nous devons commencer à réfléchir à cette possibilité dès maintenant. Essentiellement, nous espérons que cette maladie ne se manifestera jamais. Au Paraguay, la fièvre aphteuse est endémique depuis de nombreuses années. Le dernier cas de fièvre aphteuse au Canada a été signalé en Saskatchewan en 1952. Je pense que nous pouvons prévenir cette maladie, mais, si un cas survient, nous devons avoir mis en place les programmes nécessaires pour gérer la maladie. Voilà le message que nous tentons de vous communiquer.
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Il y a une différence entre le transport de produits de porc et le transport de porcs vivants. Les produits de porc relèvent de l'ACIA et sont assujettis à l'ensemble de la réglementation. De plus, nous importons une grande quantité de porc des États-Unis, et des accords commerciaux ont été conclus avec les Américains depuis longtemps à cet égard.
Tous les animaux vivants que le Canada envoie aux États-Unis sont dotés de certificats de santé. Le Canada importe très peu d'animaux vivants des États-Unis. À ma connaissance, seules les entreprises de génétique importent des animaux reproducteurs, et ces animaux sont mis en quarantaine pendant une certaine période avant d'être envoyés dans des exploitations agricoles.
Je ne pense pas qu'à l'heure actuelle, le Canada importe des animaux vivants des États-Unis à des fins de transformation. De toute manière, il serait illogique que les Américains les envoient au Canada à cette fin, puisqu'ils peuvent réaliser des profits plus importants en les transformant aux États-Unis.
En ce qui concerne la réglementation relative au transport des animaux, l'ACIA est en voie de la modifier, et l'un des problèmes auxquels nous faisons face est lié au lavage des remorques qui reviennent des États-Unis. Au Manitoba, nous avons lancé un programme de transport de porcs en utilisant notre réglementation relative à la commercialisation. Dans le cadre de ce programme, toutes les remorques qui reviennent des États-Unis doivent être nettoyées et désinfectées de façon appropriée à des postes de lavage certifiés. Le problème, c'est que, pour le moment, nous ne faisons pas confiance aux postes de lavage des États-Unis, car il n'y a pas de programmes de certification là-bas.
À l'heure actuelle, les remorques à destination des abattoirs américains peuvent revenir au Canada à condition d'avoir été raclées au préalable. Bientôt, notre réglementation interdira cela. À leur retour, toutes les remorques devront être nettoyées et désinfectées de façon appropriée à des postes de lavage du Manitoba. Cette règle s'appliquera uniquement au Manitoba, la réglementation des autres provinces n'ayant pas été modifiée.
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PorcTracé est un produit autonome, emblématique de la traçabilité du bétail. En fait, c'est le nom de la version qu'on applique au porc.
C'est un enjeu très important pour nous que de reprendre pied dans le marché. Le mieux, d'abord, pour l'Amérique du Nord, est que la peste porcine africaine ne s'y retrouve pas, ni au Canada, ce qui est peut-être ensuite la meilleure éventualité. Si la maladie arrivait ici, PorcTracé serait essentiel pour convaincre nos partenaires commerciaux que nous savons où elle se trouve, que nous l'avons circonscrite dans une région précise, après quoi nous pouvons leur assurer que les autres parties du pays ne recevront pas de porcs ni de produits du porc de cette région.
Je suis convaincu que si la peste porcine africaine arrivait ici, il ne serait pas difficile de l'éradiquer de notre pays, vu la valeur que PorcTracé ajoute à nos connaissances des emplacements où se trouvent les porcs et de leurs lieux de destination.
Comme les producteurs, dont je fais partie, n'apprennent pas tous au même rythme, il en reste donc qui, peut-être, ne saisissent pas encore l'importance de communiquer leurs données. Il y a peut-être, je suppose, méfiance de l'État tentaculaire. Je pense aussi que le programme a été financé de manière raisonnable jusqu'ici pour la collecte de données, mais, à ce que je sache, personne n'a cherché à savoir comment nous l'utiliserions maintenant contre l'éruption d'une maladie, ou si, peut-être, nous devrions lui consacrer quelques ressources supplémentaires dans l'analyse des données et de son efficacité dans le processus de division en zones.
Est-ce que ça répond à votre question?
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Oui. Absolument. Je pense que la plupart des producteurs ont au moins adopté le téléphone cellulaire. La technologie permet maintenant de suivre la commercialisation d'un troupeau de porcs vers une autre porcherie ou directement au transformateur ou même vers une autre province.
Ontario Pork a construit une plateforme au-dessus de PorcTracé, une interface qui permet à nos producteurs de communiquer leurs renseignements grâce à la plateforme AgManifest, qui les communique à son tour à PorcTracé. Ça permet deux ou trois choses de plus, notamment aux producteurs d'employer leurs données pour la gestion de leurs propres exploitations.
Actuellement, nous essayons de rendre obligatoire une quatrième annexe. L'Agence canadienne d'inspection des aliments, l'ACIA, a fait de l'excellent travail dans la protection de nos marchés internationaux. Certains de nos clients exigent que nous n'utilisions pas un certain produit appelé ractopamine, et, pour le leur confirmer, nous devons remplir le formulaire appelé annexe 4. Nous sommes en discussion avec l'ACIA pour le convertir à la signature électronique, pour faciliter une communication améliorée de l'information.
Monsieur de Bruyn et tous les autres, je vous remercie.
Je ne sais pas trop si le grand public lit ce qui se publie à ce sujet ou s'il saisit bien l'importance que la question aurait pour une fraction très importante de notre économie nationale. En matière de traçabilité, il me semble capital de créer des zones et de les faire connaître à nos partenaires commerciaux. C'est aussi essentiel que la traçabilité des porcs. Après l'établissement des zones, on suit la trace de tous les déplacements. Je sais que dans l'industrie du poulet, les camions ne s'arrêtent pas dans les élevages avant, d'abord, de subir une sorte de désinfection. J'en ai vu s'arrêter dans la voie conduisant à l'exploitation, puis se remettre en route, dans sa direction, après un traitement quelconque.
Pour la subdivision des pays en zones, avez-vous obtenu ce que vous vouliez? Ensuite, y a-t-il une continuité avec nos partenaires commerciaux pour l'établissement de ces zones, non seulement à l'intérieur d'une province? Celle de John se trouve en Ontario, par opposition au Manitoba ou au Québec. Avons-nous obtenu les subdivisions que nous voulions et existe-t-il une continuité à cet égard avec nos partenaires commerciaux?
Qui voudrait se lancer?
Monsieur de Bruyn.
Bonjour, messieurs et mesdames.
Olymel travaille déjà avec les associations nationales, l'industrie et les gouvernements sur la question de la peste porcine africaine. Je tenterai donc d'éviter des redondances avec les autres présentations, et je mettrai plutôt l'accent sur notre propre message.
Pour une entreprise comme la nôtre qui exporte plus de 50 % de ses produits porcins, l'apparition et la déclaration d'un cas de PPA pourraient avoir des conséquences désastreuses pour l'entreprise: une chute des ventes de presque 50 %, soit de l'ordre de 2 milliards de dollars; une réduction du nombre d'emplois d'environ 7 000; une baisse des volumes d'abattage de l'ordre de 50 %.
Cela aurait, bien évidemment, une incidence majeure sur l'ensemble des fournisseurs de services et d'intrants d'Olymel. Cela entraînerait également une perte de revenus importante chez les producteurs et les familles agricoles de toutes les régions du Québec. Enfin, la capacité d'entreposage de produits frais et congelés étant déjà saturée, il faudrait disposer des porcs commerciaux et des porcelets, et arrêter les saillies de truies.
À notre avis, il serait presque impensable qu'un seul cas de peste porcine africaine chez des sangliers, ou dans un élevage de loisirs, puisse conduire à la fermeture complète des frontières du Canada.
Parmi les recommandations que nous pouvons formuler, Olymel souhaite que le gouvernement fédéral soit très actif en faisant pression auprès de l'Organisation mondiale de la santé animale pour remettre en question le fait que la PPA doit faire partie de la liste des maladies entraînant un tel bouleversement commercial. Étant donné que la peste porcine africaine n'a pas d'enjeu sur le plan de la santé humaine, mais qu'elle a plutôt des conséquences sur le cheptel porcin, un peu comme la diarrhée épidémique porcine, pourquoi ne pas traiter la PPA comme la DEP, et laisser l'industrie s'occuper de la maladie et de son éradication, et ce, sans conséquence disproportionnée sur l'ensemble des marchés?
Olymel salue et félicite le gouvernement pour son rôle proactif et la rapidité avec laquelle des gestes concrets ont été posés dans la prévention de l'introduction de la PPA au Canada. Tous ces efforts sont nécessaires, bien sûr.
Nous nous questionnons cependant sur les mesures de contrôle additionnelles mises en place dans les ports maritimes. À ce jour, nous n'avons pas eu de réponse concrète concernant les mesures instaurées pour détecter les entrées clandestines d'aliments en provenance de pays touchés par la PPA. Compte tenu de ce qui a été découvert aux États-Unis, il y a quelques semaines, on peut soupçonner que des aliments passent librement les contrôles en place.
Il y a beaucoup de travail à faire pour se préparer à réagir promptement en cas de PPA. Notre degré de préparation et notre vitesse de réaction sont essentiels pour circonscrire rapidement la maladie. Plusieurs questions demeurent toutefois sans réponse concernant des éléments clés d'un plan d'intervention.
À titre d'exemple, qu'en est-il des enquêtes épidémiologiques et de dépistage; de l'accroissement de la biosécurité et des activités de nettoyage et de désinfection; de la mise en quarantaine et des contrôles des mouvements; des activités de dépeuplement massif et d'euthanasie à la ferme, ainsi que des options pour l'élimination des carcasses à la suite d'un dépeuplement massif?
Olymel a tenu le 27 mars dernier, à Winnipeg, un atelier de discussion avec l'ensemble des intervenants de l'industrie porcine de l'Ouest canadien. Plusieurs des questions susmentionnées demeurent en suspens. Le rôle du gouvernement dans la préparation est important. L'industrie a besoin des fonctionnaires pour répondre à ces questions.
L'Organisation mondiale de la santé animale a prévu le zonage et la compartimentation en tant qu'outils permettant aux pays de rétablir la sécurité du commerce international en cas d'épidémie de maladie infectieuse.
Olymel croit en l'importance de mettre les compartiments en place avant qu'un cas ne survienne. Les zones, quant à elles, seront établies pendant un foyer de PPA. Olymel tient à souligner l'importance de l'entente récemment conclue avec les États-Unis sur l'application des zones pour permettre la poursuite des échanges commerciaux entre les deux pays. Ces efforts d'entente doivent se poursuivre avec nos principaux partenaires. Nous pensons principalement au Japon, à la Chine et au Mexique.
Olymel est membre du groupe de travail sur le zonage et la compartimentation. L'industrie porcine, le Conseil canadien du porc, le Conseil des viandes du Canada, Canada Porc International, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, ainsi qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada ont une approche coordonnée du zonage et de la compartimentation au Canada.
Enfin, le gouvernement a un rôle important à jouer pour aider l'industrie à définir les compartiments et à négocier des ententes avec les principaux pays vers lesquels nous exportons. Il est important de déterminer rapidement si le secteur porcin canadien pourra établir des compartiments et si le système de traçabilité canadien est suffisamment fiable pour permettre l'établissement des zones et la reconnaissance des compartiments.
Merci beaucoup de votre attention. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Je vous remercie de votre invitation.
Ayant pu consulter certains autres exposés, je sais que de très nombreux détails ont été fournis sur l'état de préparation à la peste porcine africaine et à la prévention de cette maladie. Je voudrais passer à un autre niveau de la discussion, pour aborder les résultats aux échelles macro et personnelle touchant les conséquences de cette maladie sur le secteur porcin canadien.
J'applaudis au degré d'attention portée à la planification de la prévention et du degré de préparation. Je reconnais aussi la motivation découlant de l'effet guillotine que peut avoir un embargo commercial. Mais, malgré la planification minutieuse et la rigueur scientifique employées pour neutraliser ce problème fâcheux, la plupart des scientifiques et des épidémiologistes à qui nous avons parlé me confirment que la peste porcine africaine finira certainement par arriver dans notre pays.
Sur un niveau plus personnel, nous, chez Maple Leaf, nous exploitons 205 élevages porcins qui emploient 714 personnes. Nous exploitons aussi deux abattoirs à Lethbridge et à Brandon, qui emploient 2 500 autres personnes et qui transforment près de 4 millions de porcins par année. Nous reconnaissons la menace que pose la peste porcine africaine à la sécurité et au mieux-être de nos employés. Beaucoup d'entre eux sont des néo-Canadiens qui sont venus ici pour améliorer leur existence.
Prenons William et Selene, de notre usine de Brandon. William travaille à la coupe depuis 12 ans. D'abord employé à salaire horaire dans l'atelier de conditionnement, à son arrivée du Salvador, il est aujourd'hui superviseur de la chaîne de production des longes de porc, la plus grosse de l'usine, avec près de 200 employés. Selene, sa femme, est arrivée du Salvador deux ans avant lui. Elle a aussi débuté dans l'atelier de production, sur la chaîne de désossage du jambon. Elle est aujourd'hui technicienne de la salubrité des aliments dans notre service d'assurance de la qualité. Ils ont deux garçons, possèdent une maison et ils sont extrêmement fiers de la vie qu'ils se sont construite à Brandon. Leur espoir est que leurs garçons poursuivront leurs études et qu'ils pourront réussir aussi bien qu'eux.
Si la peste porcine africaine arrive au Canada demain, des milliers de personnes comme William et Selene perdront leur gagne-pain du jour au lendemain. Imaginez! Du jour au lendemain, des milliers de familles à la rue.
Bien qu'il soit extrêmement difficile de quantifier les éventuelles répercussions d'une épidémie de peste porcine africaine, des économistes, invariablement, les évaluent à plus de 45 milliards de dollars dans les économies américaines et canadiennes et ils chiffrent les pertes d'emplois directs et indirects à plus de 125 000.
Il ne s'agit pas de seulement quelques animaux malades ni même de maladie humaine. Au XXIe siècle, il s'agit d'une apocalypse économique causée par la déclaration soudaine d'embargos commerciaux. Il est simplement inacceptable que quelqu'un, ici, permette que l'éclosion inévitable d'une maladie animale ravage tant de vies humaines. Nous possédons les outils, les compétences et l'intelligence pour faire mieux.
Chez Maple Leaf, nous essayons de contribuer à la prévention. Nous améliorons nos normes de biosécurité, nous sensibilisons nos employés et nous préconisons des politiques pour protéger nos frontières. Nous avons également entrepris un projet de compartimentation pour nos productions porcines de l'Ouest, pour assurer la pérennité de notre entreprise et de notre capacité d'exportation. Mais qui sait si ce sera suffisant? Nous avons lancé un projet pilote de barrière géographique pour les fermes porcines dans le cadre duquel nous suivons le déplacement des camions et du bétail qu'ils transportent pour analyser les déplacements et isoler, s'il y a lieu, les éclosions de maladies comme la peste porcine africaine.
Malgré tous nos efforts, nous affrontons une situation malheureuse où, comme le petit Hollandais de la légende, qui avait colmaté une fuite dans une digue avec son doigt, nous devons repousser une menace dont nous ne connaîtrons les conséquences que lorsqu'elles se feront sentir.
Nous avons le plus grand respect pour l'Office international des épizooties et pour toutes ses réalisations antérieures, mais, après 100 ans, la peste porcine africaine fait sauter les vieux modèles, ce qui nous oblige à en adopter de nouveaux. Notre objectif de prévenir et de nous préparer est tout simplement insuffisant. Nous devons en adopter un nouveau, c'est-à-dire supprimer le risque de faillite financière pour des dizaines de milliers de familles et assurer la pérennité des échanges commerciaux.
Nous devons penser différemment, être créatifs et faire preuve d'ambition. À titre de chef de la direction, les deux mots les plus puissants de mon vocabulaire sont pourquoi et comment. Voilà pourquoi je vous invite à réfléchir aux questions suivantes: Pourquoi la peste porcine africaine chez les sangliers met-elle fin à tout le commerce? Pourquoi la peste porcine africaine met-elle fin au commerce, mais pas la diarrhée épidémique porcine? Comment pouvons-nous nous assurer que les décideurs prendront toute la mesure des enjeux? Pourquoi ne pas compter sur une architecture progressive pour éviter les risques et permettre au commerce de continuer? Pourquoi n'avons-nous pas de vaccin? Pourquoi ne réalisons-nous pas d'étape de destruction pour la viande?
Il n'y a simplement aucune réaction excessive contre la peste porcine africaine. Si la tendance se maintient, le virus pourrait causer une pandémie véritable ainsi qu'une endémie. Je vous prie de penser différemment et de trouver des solutions audacieuses! Il faut faire tout ce qui est possible et ne pas se limiter à ce qui semble possible.
J'encourage les dirigeants canadiens à ne jamais permettre à un virus porcin de nuire au gagne-pain d'aucune des centaines de milliers d'autres personnes qui pourraient être touchées. J'incite vivement le gouvernement et l'industrie à trouver des solutions du XXIe siècle à un nouveau défi et à ne pas être aveuglés par la simple prévention et la simple préparation.
J'exhorte les dirigeants canadiens et étrangers à agir dès maintenant. Cette situation pourrait se produire demain et elle aurait une véritable incidence sur les vies humaines. Ces personnes travaillent très dur, et elles comptent sur nous.
Je vous laisse avec quatre éléments à prendre en compte. Premièrement, nous devons penser aux modifications à apporter aux règles de l'OIE pour que le commerce puisse se poursuivre dans certains scénarios. Les ravages qui pourraient être causés sur le plan humain l'emportent sur les avantages de ne rien faire.
Deuxièmement, nous devons faire de la mise en œuvre agressive du zonage et de la compartimentation biosécuritaire un objectif immédiat.
Troisièmement, nous devons trouver des protocoles d’analyse qui permettront de garantir la salubrité de la viande que nous expédions, même si la maladie est tout près. Ce n’est aucunement impossible.
Enfin, nous devons trouver des technologies qui permettent de réaliser une étape de destruction en dernier recours. Par exemple, la pasteurisation à ultra-haute pression serait-elle une solution acceptable? Ou l’irradiation? Ou existe-t-il d’autres solutions auxquelles nous n’aurions pas encore pensé?
Merci pour votre temps et votre attention.
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Je sais que nous devrions y travailler maintenant. J'espère me tromper, mais quand cela va se produire, il faut que tout soit en place et bien ficelé, et prêt au lancement. Il n'y aura pas beaucoup de temps.
En raison de sa nature, l'industrie porcine au Canada ne permet que des réserves restreintes. Comme vous avez entendu M. Nadeau le dire précédemment, collectivement, nous exportons 70 % de notre production. C'est donc dire qu'en trois à cinq jours, dépendant des gens à qui vous parlez, chaque congélateur sera plein et les marchés s'effondreront tout autour. L'effet sera presque immédiat sur les personnes qui travaillent à la transformation et à la production ultérieures.
Je m'inquiète des problèmes de santé mentale dont vous avez certainement entendu parler dernièrement. Tous ces programmes doivent être en place, de même que certaines des choses qui ont probablement été soulevées pendant la journée.
Le Conseil canadien du porc a une demande au Partenariat canadien pour l'agriculture de 10 millions de dollars. Il y a donc cela. Santé animale Canada, qui vient d'être lancé, est un excellent programme, et il faut simplement que nous poussions dans cette direction à l'avenir, mais ce programme pourra difficilement nous aider dès maintenant. L'autre chose que je ferais, ce serait de mettre sur pied l'office de promotion et de recherche sur le porc dont vous avez probablement entendu parler ce matin, et de prévoir des contributions de contrepartie. Il faut trouver des façons d'obtenir ce financement.
En ce qui concerne l'argent qui vient du gouvernement, c'est beaucoup et j'hésiterais à le dire. Je suis sûr qu'il y a des personnes plus douées que moi qui peuvent répondre à cela. M. Nadeau a peut-être le montant.
Il y a plusieurs choses. Nous sommes en situation de renforcement de la sécurité des acheteurs et nous passons donc à un autre niveau. Cela signifie que tout doit être approuvé à l'entrée et à la sortie. Tous les camions entrants sont surveillés. La plupart des camions qui entrent dans des porcheries où se trouvent des porcs ou qui servent à la livraison de porcs subissent maintenant un traitement thermique. Cela tue essentiellement… Le lavage du camion fait l'affaire dans une certaine mesure, mais soumettre le camion à un traitement thermique va tuer les maladies qui peuvent aboutir sur le camion. Dans les installations de Maple Leaf, tout camion entrant subit un traitement thermique.
Dans chaque usine, nous sommes très stricts au sujet des personnes qui interagissent avec les animaux. Il y a des choses simples à faire. La fin de semaine passée, nous avons eu un cas confirmé de DEP, de diarrhée épidémique porcine. Ce que cela signifie, c'est que quiconque va dans cette porcherie ne peut aller dans une autre porcherie pendant 48 heures. Aucun camion qui entre ne peut aller ailleurs pour 48 heures, même avec un traitement thermique.
Les gens dans nos installations, même au siège social, n'ont pas le droit de consommer de produits de porc. Vous ne pouvez pas en apporter dans une porcherie, parce que vous ne savez jamais. Cela pourrait se trouver dans un produit, à un moment donné, et être donné à un animal. Nous avons tout simplement éliminé cela. Personne dans nos installations n'a le droit d'apporter des produits de porc dans une porcherie, ni même dans notre siège social. C'est un signe de solidarité avec le reste de l'équipe.
Les procédures sont encore plus intenses en ce qui concerne le nettoyage de l'usine, le nettoyage des porcheries et le nettoyage de chacun des camions. Nous consacrons maintenant beaucoup plus d'argent que nous l'aurions fait dans le passé — je dirais deux ou trois fois plus — simplement pour nous assurer d'un niveau de biosécurité supérieur. Je suis sûr qu'Olymel fait des choses semblables.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de comparaître devant nous, monsieur Nadeau et monsieur Stewart. Je suis d'accord avec vous que c'est un enjeu d'une très grande importance.
Monsieur Stewart, j'espère que vous vous trompez et que la peste porcine ne se rendra pas jusqu'à nous.
J'ai participé à une délégation en Chine, la semaine passée. Nous tenions des réunions bilatérales avec la direction de l'Assemblée nationale populaire. L'agriculture faisait partie des sujets abordés. Leur industrie porcine les inquiète beaucoup — c'est probablement le moins qu'on puisse dire —, de même que les effets que cette maladie pourrait avoir en Chine ainsi qu'au Vietnam et en Corée.
Cela étant dit, vous avez parlé de la nécessité d'adopter un nouveau modèle pour garantir la sécurité de notre industrie porcine et de ne plus se limiter à l'objectif de prévenir et de nous préparer. Pouvez-vous nous parler un peu plus de cela?
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Je crois que la difficulté, pour nous, réside dans les règles de l'Organisation mondiale de la santé animale visant la peste porcine africaine et dans l'impossibilité de faire du commerce. Nous avons déjà dit aujourd'hui qu'à l'instant où cela se produit — même si c'est un sanglier au Cap-Breton ou sur l'île de Vancouver, loin de toute production de porc au Canada —, les frontières se fermeront instantanément. C'est ce que l'on constate en Chine, au Vietnam et ailleurs.
Le modèle dont nous parlons, c'est qu'il faut revoir l'OIE et les règles visant la compartimentation et la volonté de faire du commerce. Si vous croyez comme moi que, faute de vaccin, cela va faire le tour du globe, vous vous retrouvez dans une situation où vous avez beaucoup de cette protéine dans certaines parties du monde, mais aucune capacité de l'expédier ailleurs dans le monde en fonction de la demande.
La semaine dernière, quand vous étiez en Chine, selon leurs données, ils avaient près de 10 millions de truies en moins. Ce sont leurs données. Ce n'est pas une estimation au jugé. Ils ont tendance à être conservateurs pour certaines choses de ce genre.
Nous croyons que cela va changer la façon de voir l'OIE et la façon dont le reste du monde interagit pour en arriver à un ensemble de principes qui permettront quand même la circulation et le commerce des produits, qu'il s'agisse de compartimentation ou pas. C'est le nouveau modèle dont nous parlons et que nous devons préconiser.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup, messieurs Nadeau et Stewart.
J'ai quelques questions d'ordre plus général. J'ai compris l'urgence, pour le gouvernement, d'avoir un plan d'intervention si un cas se déclarait.
Monsieur Nadeau, j'ai particulièrement apprécié votre remarque concernant l'OIE. Il faut permettre à l'industrie d'intervenir plus directement sans fermer tous les marchés, parce que, effectivement, il n'y a pas de danger pour l'humain. On fait beaucoup peur aux gens avec la peste porcine africaine, mais on ne dit pas assez qu'elle n'a aucune incidence sur les humains.
Statisque Canada vient de publier des statistiques sur les ventes de porc. En 2018, les ventes internationales de porc ont diminué de 8,9 %, mais la Chine va probablement augmenter ses importations de porc pour une certaine période. Comment gère-t-on ces fluctuations importantes en cas de maladie du bétail? La situation présente certains côtés positifs, mais il y a évidemment des côtés négatifs. En ce moment, le Canada profite du côté positif de l'apparition de la peste porcine africaine, mais, un jour, la Chine va rétablir ses stocks.
Quand ce jour arrivera, comment pourra-t-on éviter le congédiement d'employés et maintenir la performance de l'industrie? Ma question s'adresse à vous, monsieur Nadeau.