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Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Je suis vraiment heureuse d'avoir l'occasion de vous rencontrer pour la première fois.
Comme vous le savez, depuis que j'ai endossé la responsabilité du portefeuille d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, le 1er mars, mes semaines ont été très chargées. J'ai plongé dans ce nouveau rôle avec beaucoup d'enthousiasme. Je croyais avoir le meilleur emploi en tant que ministre du Développement international, mais je dois admettre que j'aime aussi beaucoup Agriculture et Agroalimentaire.
Votre savoir-faire à tous me sera évidemment précieux. Je tiens à vous remercier de l'important travail que vous faites. Je sais que vous vous penchez sur les enjeux qui comptent pour l'industrie — les changements climatiques, les barrières non tarifaires au commerce et une politique alimentaire pour le Canada, pour n'en nommer que quelques-uns.
Ce matin, j'ai le plaisir de vous présenter quelques-unes des grandes priorités du ministère et de l'ensemble du gouvernement.
Le gouvernement nourrit de grandes ambitions pour le commerce agricole canadien. Combinés, nos accords commerciaux confèrent aux agriculteurs canadiens un avantage concurrentiel dans 60 % de l'économie mondiale. Le Canada est le seul pays du G7 à avoir des accords commerciaux avec tous les autres pays membres.
Le gouvernement a pour priorité absolue de retrouver le plein accès au marché pour nos exportations de graines de canola vers la Chine. Entretemps, nous nous assurons que les producteurs canadiens reçoivent l'aide dont ils ont besoin. L'industrie a très clairement indiqué que les agriculteurs auront besoin d'une aide supplémentaire cette année pour gérer leurs problèmes de liquidités. C'est pourquoi, hier, le et moi avons annoncé que le gouvernement fédéral modifiera le règlement d'application de la Loi sur les programmes de commercialisation agricole afin d'augmenter les plafonds des prêts au titre du Programme de paiements anticipés.
Les modifications réglementaires changeront les plafonds des prêts octroyés dans le cadre du Programme de paiements anticipés, pour l'année de programme 2019, comme suit: pour tous les produits agricoles, les avances disponibles seront de 1 million de dollars au lieu de 400 000 $, et la première tranche de 100 000 $ de ces prêts restera sans intérêt pour tous les produits, sauf le canola. Pour le canola en particulier, la première tranche sans intérêt pourra atteindre un total de 500 000 $. Ces mesures donneront aux producteurs la marge de manœuvre dont ils ont besoin pour gérer leurs liquidités. Nous avons aussi reporté la date limite d'inscription au programme Agri-stabilité de deux mois, sans pénalité, soit du 30 avril au 2 juillet 2019.
Ces mesures témoignent de l'engagement des gouvernements fédéral et provinciaux à travailler ensemble pour répondre aux besoins des agriculteurs et de l'industrie. Notre groupe de travail avec l'industrie et les provinces se réunit chaque semaine — il s'est d'ailleurs réuni aujourd'hui encore —, et travaille à trouver des moyens d'appuyer le secteur, notamment par la diversification du commerce vers de nouveaux marchés.
[Français]
Notre groupe de travail sur le canola se réunit chaque semaine pour discuter des différentes façons d'appuyer le secteur, y compris par la diversification du commerce vers de nouveaux marchés.
Nous diversifions nos échanges commerciaux au moyen d'accords comme le PTPGP, qui éliminera les droits de douane sur les produits du canola exportés au Japon. Déjà, les exportations de bœuf canadien au Japon ont doublé dans les deux premiers mois de 2019, par rapport à la même période l'année passée, et les exportations de porc canadien dans ce pays ont augmenté de près de 14 %.
La semaine prochaine, je participerai à la rencontre des ministres de l'Agriculture du G20, au Japon. Je profiterai de l'occasion pour rencontrer des leaders de l'industrie japonaise et des représentants de plusieurs pays pour promouvoir le commerce agricole du Canada.
Nous avons bon espoir de voir ces chiffres augmenter, parce que de plus en plus de Canadiens saisiront les possibilités qui s'offrent à eux grâce au PTPGP et à l'accord de libre-échange avec l'Europe.
Parallèlement, nous prenons des mesures pour protéger l'industrie canadienne du porc contre la peste porcine africaine et pour éviter l'introduction de cette maladie au Canada.
Les exportations représentent 70 % des ventes des producteurs de porc canadiens. Nous investissons de façon à renforcer les contrôles frontaliers et l'inspection des importations d'aliments pour animaux.
Sur la scène internationale, le Canada fait figure de chef de file à l'égard de la peste porcine africaine. Mardi, j'ai pris la parole à un forum international à ce sujet, que nous avions organisé en partenariat avec les États-Unis et auquel ont participé 25 pays, incluant l'Union européenne.
La stratégie commerciale du Canada est solide et équilibrée. Toutefois, nous savons que nos accords commerciaux ont des répercussions sur les producteurs soumis à la gestion de l'offre, soit les producteurs de produits laitiers, de volaille et d'œufs.
C'est pourquoi le budget de 2019 propose d'investir 3,9 milliards de dollars pour compenser les pertes de revenus découlant du PTPGP et de l'accord de libre-échange avec l'Europe, de même que pour protéger les producteurs contre toute baisse de valeur de leurs quotas.
Depuis mon arrivée en poste, je multiplie les rencontres avec les producteurs, les transformateurs et leurs représentants. J'ai aussi assisté à la première réunion du groupe de travail stratégique pour l'industrie laitière. Notre objectif commun est d'assurer la viabilité et la compétitivité à long terme des producteurs canadiens de produits laitiers, de volaille et d'œufs.
Le lancement d'une politique alimentaire pour le Canada est une autre de nos grandes priorités.
La semaine dernière, j'ai eu une excellente discussion sur la politique alimentaire avec certains intervenants clés lors du Symposium sur la sécurité alimentaire, à Toronto.
Le budget de 2019 prévoit un investissement de 134,4 millions de dollars à l'appui de la politique alimentaire, qui sera la première au Canada. La politique propose une vision ambitieuse qui vise à garantir à toutes les personnes habitant au Canada l'accès à une quantité suffisante d'aliments salubres, nutritifs et diversifiés sur le plan culturel. Elle tend vers un système alimentaire canadien robuste, souple et novateur qui préserve l'environnement et qui soutient l'économie.
L'avenir est prometteur pour l'industrie canadienne de l'agriculture et de l'agroalimentaire. La demande d'aliments canadiens ne cesse d'augmenter, et le Canada dispose des avantages concurrentiels nécessaires pour répondre à cette demande de façon durable.
Je me réjouis à la perspective de collaborer avec vous et tous les intervenants afin de contribuer à la croissance, à l'innovation et à la prospérité du secteur canadien de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue, madame Bibeau. Je vous félicite pour votre nomination au poste de ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire. J'ose espérer qu'après quelques semaines, vous allez dire que le meilleur poste que vous ayez occupé est celui de ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, et non celui de ministre du Développement international. Présentement, l'agriculture est un secteur absolument fantastique.
Madame la ministre, nous sommes contents que vous soyez ici. Cela fait presque six mois que nous n'avons pas reçu le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire. Vous comprendrez que nous avons beaucoup de questions à poser et qu'une heure ne sera pas suffisante. Je vais donc me concentrer sur certains points, notamment la crise du canola, comme vous vous en doutez.
Il aura fallu trois demandes de réunion d'urgence, neuf demandes de débat d'urgence à la Chambre, les interventions des producteurs et des premiers ministres provinciaux, ainsi que l'intervention du chef de l'opposition officielle pour que le comprenne enfin l'urgence d'intervenir dans la crise du canola, ce qu'il a fait lundi en haussant les limites des prêts accordés dans le cadre du Programme de paiements anticipés.
Quel était le ton de la dernière conversation que vous avez eue, à titre de ministre, avec les autorités chinoises en vue de trouver une solution à la crise actuelle?
Comme vous le savez, il s'agit d'un dossier que je suivais de près avec le avant mon arrivée en poste.
Le montant de 3,9 milliards de dollars annoncé dans le budget inclut 1,5 million de dollars pour un programme d'assurance en cas de diminution de la valeur des quotas. De plus, il y a 2,4 milliards de dollars en compensations pour les producteurs soumis à la gestion de l'offre, c'est-à-dire les producteurs de lait, mais aussi les producteurs de volaille et d'œufs. De cette somme, 250 millions de dollars ont déjà été donnés sous forme d'appui aux projets d'investissement pour les producteurs laitiers. Maintenant, je dois vraiment analyser et mettre en œuvre la distribution du reste du montant, soit 2,15 milliards de dollars, en compensations à tous les producteurs de lait, de volaille et d'œufs. Si tout va bien, cela devrait se faire au cours des deux prochains mois; c'est vraiment mon objectif.
Notre engagement est toujours aussi ferme à l'égard des transformateurs, mais nous n'étions pas en mesure de mettre un montant dans le budget au moment où il a été dévoilé, car il restait des discussions à tenir avec les transformateurs.
J'ai très bien entendu le message des producteurs laitiers: ils demandent des compensations directes et équitables, donc proportionnelles à leurs quotas. C'est un message qui est vraiment très clair pour moi.
Depuis, j'ai eu quelques discussions entre autres avec Pierre Lampron, qui est le président des Producteurs laitiers du Canada, et aussi avec Mathieu Frigon, qui est le président de l'Association des transformateurs laitiers du Canada. Il est important pour moi de vraiment comprendre les avantages et les inconvénients des différentes options possibles.
Les prochaines étapes seront de rencontrer le Cabinet pour convenir de la meilleure option et, ensuite, de me présenter devant le Conseil du Trésor pour mettre en œuvre les mécanismes financiers qui me permettront de distribuer les compensations.
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C'est un sujet qui m'intéresse beaucoup. J'ai lancé la Politique d'aide internationale féministe du Canada, alors j'étais déjà dans cet axe. Je suis surprise d'être la première femme au Canada à occuper le poste de ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire. Nous savons tous à quel point les femmes sont engagées dans les fermes familiales, mais nous constatons qu'elles sont peu représentées autour des tables de décision.
Le premier exemple que je peux vous donner est le groupe de travail du secteur laitier. Il y a eu un groupe de travail au sujet des compensations, et il y a maintenant un groupe de travail sur la vision d'avenir pour les diverses industries soumises à la gestion de l'offre. J'ai eu l'occasion de participer à la première rencontre avec les représentants du secteur laitier. C'est un peu un défi que je lance aux producteurs: je leur demande que, à travers le cheminement qu'ils feront pour définir la vision pour le secteur laitier, ils s'assurent que les femmes et les jeunes seront bien entendus. C'est aussi pour eux, pour ces jeunes, que nous travaillons.
Quand je voyage, j'essaie de tenir des tables rondes avec des femmes en agriculture. Il s'agit souvent de mères de famille, d'épouses ou de filles de producteurs laitiers qui deviennent propriétaires de fermes. J'entends de ces jeunes femmes un message qui est évidemment le même que pour les femmes en politique: la question de la famille est un enjeu majeur et on y pense à deux fois avant de prendre des responsabilités loin de la maison. La culture est aussi un enjeu majeur.
Je considère que c'est un de mes rôles, comme femme ministre, de pousser nos partenaires à trouver des moyens pour avoir une plus grande représentation des femmes et des jeunes aux tables de décision.
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Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui. La discussion est très intéressante.
J'aimerais parler d'un élément qui me préoccupe beaucoup ainsi que bon nombre d'agriculteurs et de producteurs agricoles. Il y en a plusieurs chez nous, comme vous le savez, puisque nos circonscriptions sont voisines. Il s'agit de l'innovation sur les fermes.
Comme nous le savons, nos producteurs agricoles ne sont pas seulement des producteurs agricoles; ce sont des entrepreneurs qui gèrent des PME. Ils veulent innover, ils veulent être encore plus productifs, et c'est extrêmement important. C'est d'autant plus important aujourd'hui, dans le contexte où la main-d'œuvre est de plus en plus rare. Ils doivent donc moderniser leurs installations. On veut des produits de qualité, mais en quantité suffisante. Nos produits sont recherchés non seulement ici, au Canada, mais partout dans le monde. La demande est très grandissante.
Notre gouvernement a fait différentes choses au cours des dernières années. J'aimerais connaître votre perspective à ce sujet. Que fait notre gouvernement pour aider ces entreprises extrêmement importantes qui veulent se moderniser davantage?