:
Bienvenue à tous. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et aux motions adoptées par le Comité le mardi 6 décembre 2016 et le jeudi 26 octobre 2017, le Comité reprend son étude des changements climatiques et des problèmes de conservation de l'eau.
Je voudrais rappeler à nos invités d'aujourd'hui que la motion concernant l'étude en cours porte sur la façon dont le gouvernement peut aider le secteur agricole canadien à mieux s'adapter à la gravité croissante des problèmes associés aux changements climatiques et à mieux assurer la conservation de l'eau et des sols. Il s'agit essentiellement de ce que nous tentons d'accomplir.
Sur ce, aujourd'hui, nous accueillons M. Clyde Graham, vice-président principal de Fertilisants Canada, ainsi que M. Doyle Wiebe, directeur, et M. Tyler McCann, directeur exécutif par intérim, des Producteurs de grains du Canada.
Bienvenue à tous. Nous entendrons des déclarations préliminaires pouvant durer jusqu'à sept minutes.
Voulez-vous commencer, monsieur Graham?
:
Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité. Merci d'avoir invité Fertilisants Canada à s'adresser à vous aujourd'hui concernant votre étude des changements climatiques et des problèmes de conservation de l'eau et des sols.
Je suis heureux de fournir au Comité des renseignements au sujet du mandat de notre association et de présenter nos recommandations visant à améliorer la réalisation, par le gouvernement, de son objectif d'appuyer le secteur agricole canadien afin qu'il s'adapte mieux aux conséquences potentielles des changements climatiques. Il s'agit d'un domaine extrêmement intéressant pour Fertilisants Canada.
Notre association représente les fabricants et les distributeurs de gros et de détail de fertilisants à la potasse, à l'azote, au phosphate et au sulfure. Ensemble, nos membres emploient plus de 12 000 Canadiens et apportent plus de 12 milliards de dollars par année à l'économie canadienne grâce à des installations de fabrication, d'exploitation minière et de distribution à la fine pointe de la technologie situées partout au pays. Les fertilisants offrent un apport important aux agriculteurs; ils fournissent aux végétaux des nutriments qui ne sont pas facilement accessibles dans le sol, ce qui favorise leur croissance et augmente le rendement. Environ la moitié de la production agricole est attribuable à l'utilisation de fertilisants. C'est à l'échelle mondiale, mais c'est très semblable à ce que nous observons au Canada.
Notre produit gagne en importance, car nous cherchons à nourrir une population mondiale croissante. Dans un climat en évolution perpétuelle, les agriculteurs canadiens doivent s'assurer que la production agricole est durable. Le cadre que nous utilisons pour cultiver des aliments de façon durable est celui de la gérance des nutriments 4B. Selon ce cadre, pour utiliser les fertilisants adéquatement et obtenir les avantages d'une culture abondante et saine, les agriculteurs devraient respecter les quatre principes suivants de l'utilisation de fertilisants: utiliser les bonnes sources de fertilisants et les appliquer aux bons endroits, au bon moment et à la bonne fréquence. La gérance des nutriments 4B est novatrice, car elle encourage l'adoption d'une approche de gestion des nutriments fondée sur l'adaptation et l'intégration qui est propre au sol et aux conditions climatiques de l'agriculteur, y compris la culture qu'il produit, tout en atténuant les conséquences négatives sur le climat.
Nous croyons que la gérance des nutriments 4B est un outil important pour aider le secteur agricole canadien à faire face aux changements climatiques et pour atténuer les problèmes connexes liés aux sols et à l'eau. Même si nous comprenons que la cible de l'étude en cours n'est pas la réduction des émissions de gaz à effet de serre, nous pensons qu'il importe ici de souligner que la gérance des nutriments 4B permet d'aborder ce problème environnemental en même temps que la santé des sols et les changements climatiques dans leur ensemble. Notre outil compensatoire fait au Canada — le protocole de réduction des émissions d'oxyde nitreux, ou le PREON —, qui applique la gérance des nutriments 4B, en témoigne. Ce protocole, qui est reconnu par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture en tant que pratique agricole intelligente d'un point de vue climatique, peut réduire d'une proportion pouvant aller jusqu'à 25 % les émissions à la ferme d'oxyde nitreux, qui est un puissant gaz à effet de serre.
La première recommandation que nous adressons au Comité, c'est que le gouvernement fédéral reconnaisse et appuie officiellement la gérance des nutriments 4B en tant que principale approche de gestion durable des nutriments au Canada. Nous avons des partenariats bien établis avec les gouvernements provinciaux, les détaillants, les autorités en matière de conservation, les conseillers en cultures et les agriculteurs dans les principales provinces productives de denrées agricoles; soit l'Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard, pour la mise en oeuvre régionale de la gérance des nutriments 4B et nous travaillons en très étroite collaboration afin de mettre sur pied un programme au Québec.
Nous participons également à des efforts nationaux, notamment la Table ronde canadienne sur les cultures durables et le programme national de planification environnementale en agriculture, qui intègrent tous deux la gérance des nutriments 4B dans la mesure des progrès et de la conformité pour la durabilité agricole. De plus, la Commission mixte internationale, qui surveille le territoire des Grands Lacs, reconnaît la gérance des nutriments 4B comme une méthode efficace de réduction du ruissellement des nutriments.
Le moment que choisira le gouvernement fédéral pour reconnaître cette approche n'a jamais été aussi crucial, compte tenu du degré de sensibilisation et de soutien que reçoit le cadre 4B depuis plusieurs années au sein du secteur agricole dans son ensemble. Le gouvernement canadien devrait tirer profit de cet effort volontaire en reconnaissant la gérance des nutriments 4B, en l'intégrant dans ses communications au sujet de la gestion des nutriments et en encourageant notre secteur agricole à adopter ses principes et pratiques.
Je veux souligner que le gouvernement fédéral a fait preuve d'une grande bonté en nous fournissant du financement pour la recherche et la sensibilisation au fil des ans, mais, ce que nous souhaitons, en réalité, c'est qu'il intègre vraiment, par l'intermédiaire d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, le cadre 4B dans son discours sur l'utilisation des fertilisants et la gestion des nutriments et qu'il lui donne cette dernière poussée pour en faire un vrai programme fédéral-provincial.
Pour poursuivre sur cette lancée, notre deuxième recommandation, c'est de fournir des incitatifs aux agriculteurs qui adoptent la gérance des nutriments 4B ou de reconnaître ceux qui le font. Fertilisants Canada a pour but ambitieux d'atteindre 20 millions d'acres sous la gérance des nutriments 4B d'ici l'an 2020; c'est environ 20 % des terres cultivables du Canada.
Le fait de permettre aux agriculteurs de mettre en oeuvre les pratiques de gérance des nutriments 4B sur leur ferme stimulera une plus grande adoption. Ce pourrait être un incitatif financier, un atelier, d'autres moyens de mobiliser les agriculteurs ou simplement une petite tape dans le dos. Quand les agriculteurs verront les avantages communs, économiques et environnementaux, de l'application des pratiques 4B, ils seront plus susceptibles d'y recourir sur leur ferme. Par exemple, de nombreux agriculteurs de l'Île-du-Prince-Édouard constatent le rendement accru et les avantages environnementaux que procure la gérance des nutriments 4B comparativement aux pratiques traditionnelles d'application de fertilisants.
Fertilisants Canada possède également un certain nombre d'outils et de ressources accessibles au public qui aident les agriculteurs à utiliser le cadre 4B dans diverses régions canadiennes et suggère des pratiques qui peuvent réduire les impacts sur les sols et les cours d'eau.
Notre troisième recommandation, c'est de continuer à appuyer la recherche agricole afin de mieux comprendre les pertes de nutriments et leurs conséquences sur les sols et l'eau et comment ces conséquences peuvent être mesurées à l'aide de la gérance des nutriments 4B. Notre industrie est fondée sur des données scientifiques et se consacre à la recherche et à l'innovation afin d'assurer l'intendance environnementale lorsque des produits fertilisants sont utilisés.
Le réseau de recherche sur la gérance des nutriments 4B de Fertilisants Canada compte neuf grands scientifiques canadiens qui collaborent pour établir des pratiques exemplaires novatrices en la matière qui procurent des avantages environnementaux concrets. En guise d'exemple, selon les travaux actuellement menés par un chercheur des Prairies, le placement de fertilisant au phosphore dans le sol peut constituer une stratégie efficace pour maximiser la réaction des cultures et réduire au minimum les possibilités de ruissellement de phosphore.
Nous espérons poursuivre ce travail afin de protéger les eaux douces grâce à la Supergrappe de l'agroalimentaire intelligent proposée, une demande retenue actuellement à l'étude par Innovation, Sciences et Développement économique Canada. En guise de contribution de Fertilisants Canada à cette proposition, nous cherchons à étendre la recherche et les programmes afin d'améliorer la qualité de l'eau dans les régions des bassins hydrologiques du lac Érié et du lac Winnipeg. Nous collaborons également avec d'autres groupes de denrées agricoles sur un sondage concernant l'utilisation de fertilisants, dans le cadre duquel on recueille depuis quatre ans des données sur les pratiques agricoles relativement à la source, à la fréquence, au moment et au lieu, dans le cas des grandes cultures canadiennes.
Compte tenu de toute cette information, il s'agit d'une occasion de comprendre les interactions entre les pratiques, la façon dont elles sont touchées par des conditions climatiques particulières et comment, ensemble, elles peuvent procurer comme avantage l'amélioration de la qualité des sols et de l'eau.
L'intendance environnementale et la durabilité ne sont pas de nouvelles idées pour notre industrie ou pour les agriculteurs canadiens, qui adoptent depuis longtemps des pratiques de gestion sur leur ferme, dans leurs cours et dans leurs exploitations commerciales.
À mesure que nous progresserons, il sera de plus en plus important de montrer nos réussites de manières mesurables ainsi que de cerner les aspects qui pourraient être améliorés. Les agriculteurs ont besoin de nous tous, dans le secteur de l'agroalimentaire, tout comme nous avons besoin d'eux, de sorte que nous puissions continuer d'avoir des aliments abondants et nutritifs.
:
Monsieur Finnigan et tous les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
Je m'appelle Doyle Wiebe. Je suis agriculteur et directeur de Producteurs de grains du Canada. Nous comptons 13 membres représentant plus de 50 000 producteurs de grains de partout au pays. Je suis actuellement le président de la Commission de développement du canola de la Saskatchewan, le trésorier de l'Association des producteurs de canola du Canada et le président de la Société pour la conservation des sols de la Saskatchewan. Je suis également membre d'un nouveau comité qui a été formé l'an dernier par le ministère de l'Environnement de la Saskatchewan, qu'on appelle le conseil consultatif agricole sur les politiques de gestion de l'eau. Ce comité a été mis sur pied dans le but de faciliter la mise en oeuvre de la nouvelle réglementation relative à l'écoulement des eaux dans la province, laquelle a été instaurée dans le but de soutenir les centaines d'agricultures qui cherchent des moyens de faire face à des niveaux d'eau sans précédent sur leurs terres agricoles.
Je suis un agriculteur de quatrième génération dans ma collectivité de Langham, près de Saskatoon. Ce printemps, j'ensemencerai ma 45e culture en collaboration avec mon partenaire d'affaires, un jeune voisin nouvellement arrivé dans la collectivité qui prévoit être mon successeur dans la gestion des plus de 6 000 acres que nous cultivons ensemble aujourd'hui. Il a deux jeunes fils qui, il l'espère, lui succéderont en temps et lieu. Nos cultures traditionnelles comprennent du canola, du blé et de l'orge, mais nous travaillons également à la production de nouvelles cultures, comme les pois, le soja et le quinoa, afin de diversifier la rotation et de réduire les risques associés à des modèles météorologiques variables, qui ont une incidence différente sur chaque culture.
Dans ma région, le sol est considéré comme marginal. Il est très sableux et sujet à la salinité, ce qui s'exacerbe lorsque les taux d'humidité dans le sol sont élevés. Dans le passé, ce type de sol était sujet à l'érosion par le vent les années de jachères, qui servent surtout à conserver l'humidité en vue des cultures de l'année suivante, car les sols sableux ne retiennent pas beaucoup d'humidité. Toutefois, au cours des dernières années, nous avons observé un changement complet, c'est-à-dire qu'on est passé des conditions les plus sèches qu'a vues mon père de son vivant à certaines des plus humides. Actuellement, le sol est de nouveau très sec.
Au cours des 10 dernières années, les régimes d'assurance-récolte de la Saskatchewan et du Manitoba ont versé plus d'argent en raison de l'humidité excessive que des conditions de sécheresse. Dans mon propre cas, il y a cinq ans, j'ai perdu 25 % de mes acres cultivés en raison des niveaux d'eau excessifs. Imaginez seulement comment la perte de 25 % des actifs productifs d'une entreprise, sans impact sur la plupart des coûts, influera sur la rentabilité de l'entreprise en question. Ce n'est pas viable.
Oui, les changements climatiques sont réels. Compte tenu des hivers plus chauds et de l'humidité généralement plus importante, les maladies fongiques, les insectes et les problèmes d'eau de surface dans des régions où il n'y a nulle part où la drainer ont exigé de nouvelles façons de penser.
Je dis à mes amis qui ne sont pas agriculteurs que je ne joue pas à des jeux de hasard; je gère des risques. Je recense mentalement tous les risques que je dois gérer chaque année, et je détermine quelle stratégie est la meilleure pour les atténuer, tout en demeurant rentable. La météo, dont les agriculteurs parlent tous les jours, est le risque le plus important pour tous les producteurs du monde qui cultivent des grains sur des terres non irriguées. C'est pourquoi les agriculteurs sont incroyablement novateurs et proactifs pour ce qui est de s'adapter aux changements climatiques. Ils sont nombreux à travailler avec des fabricants d'équipement afin de faire face aux conditions plus humides des sols.
Par exemple, il y a 10 ans, il était très rare de voir des roues jumelées sur des moissonneuses-batteuses. Maintenant, c'est pas mal standard. Certaines possèdent même des chenilles. Sur un sol humide, les roues jumelées contribuent à répartir le poids de l'équipement, ce qui réduit le compactage du sol, préserve sa santé et évite de rester pris dans la boue.
À l'extérieur de la ferme, les agriculteurs sont également des chefs de file dans l'élaboration d'approches proactives à l'égard de ce problème. Comme je l'ai dit plus tôt, j'interviens auprès de plusieurs organisations qui travaillent à l'atténuation des conséquences des changements climatiques sur nos activités. La Société pour la conservation des sols de la Saskatchewan est un excellent exemple de groupe qui existe depuis le milieu des années 1980 et qui fait la promotion de la conservation et des systèmes agricoles afin d'améliorer les terres pour l'avenir. De plus, Producteurs de grains du Canada est membre de la Table ronde canadienne sur les cultures durables, dont vous avez entendu parler ici, en décembre. La TRCCD travaille avec l'industrie afin d'élaborer et de mesurer de manière proactive des paramètres de durabilité pour les grains canadiens.
Même si les agriculteurs travaillent avec acharnement pour trouver des solutions et investissent du temps et de l'argent dans la recherche et l'innovation, ils ne peuvent pas le faire seuls. Ainsi, l'un des domaines où l'investissement du gouvernement serait très utile, c'est la recherche et l'innovation. Le gouvernement fédéral a déjà montré qu'il appuie et encourage l'innovation agricole au moyen de Cultivons l'avenir et de Cultivons l'avenir 2. Cela s'impose naturellement. Il existe déjà des possibilités de partenariats pour le gouvernement et l'industrie. La recherche publique est essentielle à la conception de cultures qui nous permettront de nous adapter aux changements climatiques.
Les efforts de sélection végétale ont dû changer de cible afin que l'on puisse tenter de régler les problèmes liés aux maladies et aux insectes ainsi qu'à d'autres facteurs de stress. On a connu des réussites, et nous avons adopté ces solutions, lorsque c'était possible, afin d'améliorer le rendement et d'éviter l'application de pesticides. En conséquence, de nouvelles variétés résistantes à la sécheresse et à la maladie ont une incidence réelle et positive sur l'environnement.
Ces efforts déployés dans les secteurs public et privé doivent être renforcés et améliorés, si nous voulons continuer à accroître notre production à mesure que les coûts continuent d'augmenter. Cela exige un investissement du gouvernement dans la recherche du secteur public.
En outre, il est essentiel que notre environnement de réglementation et de politiques permette à la recherche du secteur privé de prospérer et aux nouvelles technologies de devenir accessibles aux agriculteurs qui en ont besoin. Tout ce travail a pour but de m'aider à gérer les risques auxquels je fais face du mieux que je le peux. Toutefois, les capacités d'un agriculteur sont limitées lorsque la nature défie toutes les probabilités. Voilà pourquoi de solides programmes de gestion des risques d'entreprise sont un outil important pour la gestion des changements climatiques et l'adaptation à ces changements. L'assurance-récolte assortie de primes dont les coûts sont partagés entre les gouvernements et les producteurs est un outil de gestion des risques essentiel pour les cultivateurs de grains de partout au Canada.
Même si les programmes de GRE ne devraient verser une aide que lorsqu'elle est vraiment requise, il est essentiel que des outils soient accessibles et significatifs lorsque les risques ne peuvent plus être gérés par les agriculteurs eux-mêmes. Toutefois, tous les agriculteurs présentent un risque financier différent, et les profils de risque changent au fil du temps. Le mien est très différent de celui de mon partenaire d'affaires, et les programmes de GRE doivent être améliorés afin de mieux garantir que ses garçons auront la possibilité de poursuivre ses activités.
Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux procèdent actuellement à un examen complet des programmes de GRE. Nous avons une occasion unique de les étudier de près et d'élaborer des programmes qui fonctionnent pour l'avenir. Les cultivateurs de grains ont hâte de travailler avec le gouvernement et le Comité pour s'assurer que l'examen est significatif et qu'il tient compte de tout. C'est la seule manière dont nous pourrons nous assurer que les programmes de GRE seront le filet de sécurité dont les cultivateurs ont besoin, car ils feront face à des risques accrus dans l'avenir.
Les producteurs de grains ont relevé de nombreux défis et sont des chefs de file en matière d'intendance environnementale. Ils restent longtemps en affaire; par conséquent, ils étudient les conséquences à long terme de leurs pratiques. On demande de plus en plus aux agriculteurs d'en faire plus avec moins, et ils sont devenus très efficients pour ce qui est d'utiliser les technologies les plus modernes. Ce n'est que maintenant que nous avons une idée juste de la quantité de carbone qui est séquestré dans le sol grâce aux pratiques agricoles modernes, et c'est bien plus que ce que prévoyaient les théories d'il y a 30 ans. Il est impératif que les agriculteurs soient récompensés pour les conséquences positives de ces pratiques lorsque le gouvernement mettra en place des initiatives de lutte contre les changements climatiques, comme les prix sur le carbone.
Ce que nous faisons sert beaucoup le bien public. Les coûts ajoutés dans la chaîne de valeur aboutissent à l'échelon des agriculteurs, et nous ne pouvons pas les refiler. Les producteurs de grains contribuent à l'assainissement de l'air et des eaux et au retrait des gaz à effet de serre de l'environnement, tout en rendant les sols plus sains pour la prochaine génération, et cela fait partie de l'héritage que nous laissons aujourd'hui. Nous sommes fiers de cet héritage et voulons travailler avec le gouvernement afin d'assurer un avenir solide à notre industrie.
Merci de m'accueillir, et j'ai hâte de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
D'abord, je veux lire une motion dont je voudrais discuter plus tard durant la semaine, à l'occasion d'une réunion ultérieure, si je le puis. Je ne veux pas en discuter maintenant, seulement dans l'avenir.
Voici la motion que j'ai présentée:
Que, conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire entreprenne une étude sur le Guide alimentaire canadien et entende spécifiquement des intervenants de l'agriculture et de l'agroalimentaire; et que le Comité présente ses conclusions à la Chambre avant la publication de la Partie 1 du nouveau rapport sur la politique d'orientation alimentaire.
Merci, monsieur le président.
J'adresse mes remerciements à nos témoins pour leur présence. Je m'excuse d'être en retard, mais un grand éleveur de ma circonscription avait des problèmes, et j'ai dû répondre à cet appel. Je vous suis reconnaissant d'avoir pris le temps d'être des nôtres aujourd'hui.
Je voudrais commencer par M. Wiebe. Merci de nous avoir fait part de certaines anecdotes personnelles au sujet de ce qui se passe à votre ferme. Ces anecdotes viennent toujours du fond du coeur, et je pense qu'elles ont une forte incidence sur nous, quand nous entendons parler de la façon dont ces décisions touchent les gens sur le terrain.
Je suis curieux. Dans le cas des cultivateurs de grains, Santé Canada et l'ARLA examinent 11 ou 12 néonicotinoïdes, y compris l'imidaclopride et des produits semblables. Ces produits nous aident à nous assurer que nos producteurs en épandent moins et qu'on peut produire des cultures qu'on n'aurait normalement pas pu produire. Je veux parler du quinoa et de légumineuses qu'on n'aurait peut-être pas pu cultiver à d'autres endroits.
Si l'homologation de certains de ces produits était retirée, quelle serait l'incidence sur le temps que vous passez dans vos champs? Avez-vous fait du travail là-dessus?
:
Oui, vous avez abordé un sujet sur lequel je travaille depuis un certain nombre d'années, et l'avis selon lequel un groupe d'organisations aux vues similaires, y compris Producteurs de grains en tant qu'organisme national, mais aussi d'un certain nombre de groupes provinciaux, là d'où je viens, en Saskatchewan...
Simplement pour mettre les choses en perspective, ce n'est pas une question qui oppose l'Est et l'Ouest. Oui, les climats sont différents... quelque part entre Thunder Bay et Winnipeg, il y a un changement ou quelque chose. C'est aussi le fait que l'Ouest du Canada est le lieu d'environ 75 % des acres de production de grains du Canada, alors c'est une région bien plus dominante de notre pays, littéralement. Nous faisons partie des rares endroits au monde où notre climat est tel que nous pouvons séquestrer le carbone.
Je n'essaie pas de lancer un débat au sujet de l'incidence que pourrait avoir une taxe sur le carbone sur nous, au chapitre des coûts. Nous savons simplement qu'elle engendrera vraisemblablement certains coûts. Sans égard à ce fait, il faudrait que le grand bien que nous faisons grâce à cette séquestration soit reconnu. Ce n'est pas anodin. Ce sont des millions de tonnes, tous les ans, pas seulement une fois. Les pratiques supposant un labour minimal sont le principal facteur de cette séquestration, mais il y a également d'autres éléments.
Le fait est que nous faisons ces choses, et, oui, nous en profitons dans une certaine mesure, quoi qu'il en soit, mais ces pratiques ont été adoptées à un moment où on parlait de crédit sur le carbone, il y a 25 ans. Ce dossier existe depuis aussi longtemps dans certains des cercles où je travaille. Nous connaissons très bien les divers intérêts politiques qui s'y rattachent, mais nous exerçons vraiment des pressions afin d'obtenir une certaine reconnaissance du fait que cette séquestration est aussi un bien public et que nous tentons de faire partie de la solution, au lieu d'être simplement pénalisés par un coût supplémentaire que nous ne pourrons pas refiler.
:
Monsieur Graham, je vais m'adresser à vous en premier. Si on tient compte du contexte dans lequel se déroule la présente étude et du fait que nous souhaitons, au bout du compte, formuler des recommandations concernant les façons d'améliorer la conservation de l'eau et des sols et les mesures à prendre en raison des changements climatiques, il apparaît que l'usage que nous faisons des fertilisants est le point de départ tout désigné.
Si on examine l'évolution dans le domaine de l'agriculture au cours des dernières décennies, on remarque que nous avons assurément appris des mauvais exemples du passé. Il demeure néanmoins que, quand nous fabriquons des fertilisants, nous utilisons des combustibles fossiles. Quand nous transportons les fertilisants à la ferme, nous utilisons encore des combustibles fossiles. Les cultivateurs doivent en utiliser aussi pour épandre les fertilisants dans les champs. On a aussi constaté l'apparition de zones mortes dans l'océan à cause du ruissellement.
Un mouvement a commencé à se former à l'échelle mondiale en ce qui a trait au fait d'examiner le système global de la santé des sols, les interactions complexes entre les microbes, les champignons et la séquestration du carbone, la façon dont ces éléments fonctionnent ensemble. Vu que vous représentez une association regroupant les membres d'une industrie, seriez-vous prêt à accepter le fait que nous devions peut-être recommander de diminuer l'usage des fertilisants?
Je reconnais les efforts que vous consentez déjà, mais beaucoup de voix s'élèvent et recommandent de cesser d'utiliser des fertilisants de synthèse, ou du moins de réduire de façon importante notre dépendance envers ces produits. Que répondriez-vous à ces personnes?
:
Le concept de base, c'est qu'il y a quatre choses que vous devez faire comme il se doit si vous avez l'intention de bien utiliser un fertilisant. D'abord, vous devez choisir la bonne source de fertilisant, et ce peut être du fumier s'il y en a de disponible, ou vous devez décider si vous allez utiliser de l'ammoniac, du nitrate d'ammonium ou du sulfate d'ammonium comme source d'azote, et la sorte de soufre dont vous avez besoin, etc.
Vous devez déterminer quels nutriments il y a dans le sol et quelle quantité de ces nutriments la culture va utiliser. Vous devez déterminer la quantité absolue de fertilisant que vous devez appliquer pour offrir un bon régime aux plantes et aux cultures que vous faites pousser. Ensuite, vous devez appliquer le fertilisant au bon endroit. Souvent, cela suppose de l'appliquer sous le sol, de sorte qu'il ne soit pas exposé aux éléments, et à proximité des semences, pour que les racines puissent utiliser efficacement le fertilisant; il y a ainsi moins de risques qu'il soit dispersé dans l'environnement.
Enfin, il y a le moment de l'application. Par exemple, il y a déjà eu une pratique, qui perdure à certains endroits, qui consiste à appliquer du fumier ou du fertilisant à l'hiver. Si vous appliquez les nutriments sur un sol gelé, au printemps, il y a un risque de ruissellement. Dans d'autres régions, le bon moment peut dépendre des pluies abondantes; vous ne voulez pas appliquer votre fertilisant juste avant une pluie abondante, car encore une fois, ce sera une perte. Certains agriculteurs appliquent le fertilisant en deux fois. Ils appliquent une certaine quantité au printemps, puis, au milieu de l'année, lorsque les plants sont en pleine croissance et ont besoin d'un coup de pouce, ils ajoutent du fertilisant.
Il faut tenir compte de ces quatre aspects réunis — la source, la quantité, le moment et l'endroit — pour avoir une meilleure chance d'optimiser l'efficience de votre fertilisant dans vos cultures.
Une grande partie du programme consiste non seulement à étudier les aspects économiques de votre ferme, mais également à examiner les aspects environnementaux de votre région. À l'Île-du-Prince-Édouard, le problème, c'est que du nitrate se retrouve dans les eaux souterraines à partir d'un certain nombre de sources différentes; on déploie donc des efforts et on utilise les 4B pour réduire la perte de nitrate dans le système aquifère.
Dans l'Ouest canadien, on insiste beaucoup sur les gaz à effet de serre: de l'oxyde nitreux s'échappe dans l'air en raison des différentes conditions de croissance. Dans la région des Grands Lacs, les gens sont très inquiets au sujet de la présence de phosphore dans le lac Érié; on consacre donc une grande partie des efforts à l'utilisation des 4B pour réduire les pertes de phosphore.
Enfin, il y a des enjeux relatifs à la société elle-même, notamment en ce qui concerne la capacité de produire suffisamment d'aliments pour la population, mais aussi des enjeux plus locaux, comme la réduction des conflits entre les agriculteurs et les citadins. Si, à titre de groupe dans le secteur de l'agriculture, nous sommes capables de prouver que nous utilisons les fertilisants de façon responsable, peut-être que nous entretiendrons une meilleure relation avec les gens qui vivent dans les villes.
Ces trois domaines liés à la durabilité — l'économie, l'environnement et la société — sont enchâssés dans tout le processus de planification. Il s'agit vraiment de prendre des décisions plus judicieuses lorsque vous utilisez du fertilisant, du fumier ou d'autres sources de nutriments.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
C'est formidable d'avoir la possibilité de parler des conditions météorologiques aux agriculteurs. J'exploite la même terre depuis environ 50 ans, je sais donc exactement quels sont vos problèmes et vos inquiétudes. Je ne veux pas nécessairement raconter mes expériences de vie, puisque j'aurai la possibilité de le faire plus tard.
Chose certaine, si vous chérissez l'environnement, vous soutenez un agriculteur, car il en vit. Tout ce que fait un agriculteur est crucial s'il veut que sa terre soit prête pour la prochaine année. Les pesticides utilisés sont là pour une raison. Le travail qui s'est fait au cours des quelque 20 dernières années pour réduire le nombre et la quantité de pesticides et pour pouvoir choisir... De nos jours, même quand les pulvérisateurs parcourent les champs, ils vaporisent les produits et ne ciblent que les mauvaises herbes. C'est le genre de choses que nous faisons.
Monsieur Graham, en ce qui concerne les fertilisants également, il y a les différents types d'applications et les différents niveaux de cultures variées. Tout cela est possible grâce à la technologie qui y est associée. Si vous avez l'intention de débourser 250 000 $ pour un semoir à grains qui fera ce travail, cela en fait donc partie et fait aussi partie de la raison.
Les agriculteurs le font, et ils prennent un grand risque pour être certains de pouvoir prendre soin de leur terre et d'avoir la possibilité de prendre leurs produits — les meilleurs au monde — et les vendre à l'échelle mondiale également. C'est le genre d'enjeux sur lesquels nous devons nous pencher, je crois.
L'un des documents que j'ai ici concerne les programmes de gestion des risques de l'entreprise et le débat concernant la façon dont cela pourrait évoluer à l'avenir. Pourrais-je obtenir des renseignements précis quant au programme Agri-stabilité et l'approche de participation tardive proposée?
Un mécanisme de participation tardive a été ajouté; les gouvernements provinciaux et territoriaux peuvent le déclencher pour permettre aux producteurs de participer au programme tardivement dans les situations où il y a une baisse importante du revenu et un écart dans la participation.
Le mécanisme se déclenchera seulement en réaction à des événements majeurs et les paiements versés aux producteurs qui s'inscrivent tardivement seront réduits de 20 % pour encourager l'inscription annuelle régulière des producteurs.
Beaucoup de gens ne participent à aucun programme de ce genre. Ils gèrent leurs risques de bien des façons. Ils possèdent des bovins ou peu importe, et gèrent les risques de différentes manières. Ce qui me préoccupe, bien sûr, est le fait de payer pour cette différence à un moment donné. J'ai également lu dans des documents qu'il y aura des coûts supplémentaires connexes, l'argent viendra donc de quelque part. Je suis simplement curieux, je me demande si vous avez eu l'occasion de parler au gouvernement de certains des effets qu'il pourrait bien y avoir en raison de ces nouvelles approches qu'on prévoit adopter dans le cadre des programmes de gestion des risques de l'entreprise.
Monsieur Wiebe, je crois que vous avez probablement joué un certain rôle à cet égard.
:
À mon avis, c'est comme contracter une assurance pendant que la maison brûle. Oui, vous bénéficiez d'une réduction de 20 %, mais... Je sais que ce n'est pas tout à fait cela, mais examinez le processus. Votre voisin, qui y participe depuis tout le temps... le programme Agri-stabilité comporte de toute façon ses propres nuances. Il s'agit de pouvoir y adhérer.
Les coûts que j'ai vus dans certains autres articles qui y sont associés... On va ajouter certains coûts ici et ainsi de suite. Il faut que ce soit payé à un moment donné.
Je comprends qu'il faut obtenir de l'information à cet égard. Les agriculteurs ont toujours eu à faire un recensement et ils continuent de le faire. Nous recevons constamment des appels téléphoniques à propos de ce que nous cultivons ou de l'engrais que nous utilisons. Ça continue comme cela a toujours été. Je veux seulement m'assurer que tout le monde reconnaît cette partie.
Monsieur Graham, l'analyse que vous avez présentée dans les recommandations concernant les 4B... Encore une fois, les agriculteurs font ces types de choses parce que c'est important. C'est comme obtenir l'information météorologique dont vous avez besoin d'un service du Kansas. Vous ferez ce qui doit être fait afin de vous assurer d'avoir une certaine marge de profit en vue d'être en mesure de fonctionner. C'est le genre de choses que nous examinons.
Le concept du gouvernement qui prend des décisions à l'égard d'incitations financières signifie qu'on doit créer une bureaucratie qui s'occupe de ce genre de choses. Or, la plupart des agriculteurs diraient qu'il faut leur laisser le champ libre et les laisser faire ce qu'ils doivent faire parce qu'ils comprennent les circonstances.
Quels types de problèmes voyez-vous au chapitre des mesures incitatives?
:
En ce qui a trait aux changements climatiques, nous observons des signes plutôt positifs dans notre région. Les changements peuvent être assez positifs durant certaines périodes de l'année et négatifs pendant d'autres périodes. Ce n'est pas le cas dans d'autres régions de notre province, notamment dans celle de Montréal. L'Est du Québec est reconnu pour son climat frais et plutôt humide en été. Nous remarquons que, lorsque nous implantons nos cultures à la fin d'avril ou au début de mai, les changements climatiques n'ont pas vraiment d'effets significatifs sur nous, pour le moment.
Cependant, nous remarquons des changements plus prononcés en septembre et en octobre, des mois pendant lesquels les températures sont beaucoup plus chaudes qu'auparavant. Cela a comme effet de retarder la venue des gels meurtriers, ce qui est plutôt positif pour nous. Cela nous permet depuis quelques années d'allonger notre période de production pendant l'automne. Par exemple, depuis cinq ans, nous pouvons produire des fraises à l'extérieur jusqu'au 20 ou 25 octobre, alors que nous nous rendions difficilement jusqu'au 10 octobre auparavant et que nous devions intervenir fréquemment contre les gels radiatifs de l'automne. Au moyen de grands tunnels, nous pouvons maintenant produire facilement des framboises jusqu'au début de novembre.
Bien que la durée de production s'allonge d'année en année, un autre phénomène se fait sentir de plus en plus. Des périodes prolongées sans précipitations suffisantes obligeront vraisemblablement les horticulteurs de notre région à se munir de plus grandes réserves d'eau d'irrigation afin de se prémunir contre des sécheresses sévères. Par exemple, en 2017, à l'île d'Orléans, nous avons connu une période de plus de 60 jours sans précipitations, et de près de 50 jours, en 2016. La situation est tout à fait inverse dans la grande région de Montréal, qui a subi de très fortes pluies pendant tout l'été. Il y a eu, de surcroît, d'innombrables catastrophes à la fin de l'été, dans la région de Saint-Rémi, où plus de 200 mm de pluie sont tombés en moins d'une heure, ce qui a détruit toutes les récoltes en place.
Dans notre région, des productions comme celle de la pomme de terre, dont les infrastructures d'irrigation ne sont pas suffisantes pour faire face à ce genre de situation, ont subi des baisses de rendement importantes l'an dernier. Nous croyons que, dans un très proche avenir, il sera important que le gouvernement du Canada investisse dans les infrastructures d'irrigation des producteurs horticoles de l'Est du Canada pour prévenir des catastrophes dues aux périodes plus intenses de sécheresse.
Dans le cas des terres du Sud du Québec, la nécessité d'investir dans les infrastructures de drainage et d'écoulement des eaux devient évidente afin que ces dernières puissent être libérées rapidement lors d'épisodes hors du commun comme ceux que nous avons connus à la fin de l'été 2017. Cela permettra de sauver les productions qui sont en place.
Pour ma part, j'ai plus de 33 ans d'expérience dans la culture de petits fruits sur l'île d'Orléans. Au tout début, les fraises étaient produites chaque année sur une période de trois semaines, soit du 24 juin au 15 juillet. Or l'arrivée de nouvelles méthodes de production et des variétés remontantes nous permettent maintenant de produire des fraises dès les derniers jours de mai, et ce, jusqu'au 25 octobre, ce qui totalise cinq mois de production. De son côté, la production de framboises débutait autrefois le 20 juillet et se terminait le 20 août. Maintenant, elle commence chaque année le 7 juillet, avec les premières framboises, et se termine le 31 octobre.
Et que dire des mûres? Comme le climat est trop froid dans notre région, à savoir dans l'Est du Canada, personne n'aurait pensé que nous pourrions en produire à grande échelle.
Les techniques de production adaptées, les infrastructures de production et les méthodes d'hibernation de ces plantes y sont pour quelque chose, mais un climat plus chaud en favorise la production.
Concernant les effets des changements climatiques sur la conservation des sols, cela ne semble pas être considérable pour l'instant dans notre région. Cependant, étant donné que des événements extrêmes surviennent de plus en plus fréquemment, comme dans la région du Sud de Montréal, cela entraîne un cycle d'érosion beaucoup plus prononcé et dégrade les sols de façon plus rapide.
Il faut demeurer vigilant face aux changements climatiques. Bien que, dans certaines régions comme la nôtre, ce soit plus positif que négatif, dans d'autres, c'est tout à fait le contraire. Est-ce seulement attribuable au phénomène des changements climatiques? Je ne peux pas répondre à cette question. Cependant, il y a des tendances extrêmes, par exemple des sécheresses et des tempêtes de pluie, dont il faut se préoccuper.
Je vous remercie de votre attention.
Je vous ai fait remettre une petite carte qui comprend les Comtés unis de Prescott et Russell ainsi que Glengarry et la région un peu à l'ouest. Remarquez-vous la ligne jaune? C'est la rivière Nation Sud. Vous remarquerez que la rivière Nation Sud coule du sud au nord et se jette dans la rivière des Outaouais.
Je vais vous parler un peu de l'historique du drainage dans ma région.
Au tout début, quand les terres ont été déboisées et défrichées, les gens avaient de la difficulté à travailler les terres ou à semer des grains. C'était de la belle terre argileuse, mais c'était tellement plat que le drainage était difficile à faire. Il y avait la rivière Nation, les ruisseaux qui coulent vers celle-ci ainsi que les gullies, comme on les appelle dans ma région. Par la suite, les fermiers ont commencé à creuser des fossés pour drainer leurs champs. Ils y faisaient des rigoles. De tels terrains plats étaient parfaits pour la culture du foin, et durant l'été, les terres restaient humides. Le problème était qu'on ne pouvait pas aller dans les champs trop tôt pour semer du maïs ou du soya, et à l'automne, aussitôt que c'était pluvieux, on ne pouvait pas récolter le maïs dans les champs.
Au cours des années 1970, le drainage systématique est apparu dans notre région. On s'est mis à construire des drains municipaux pour drainer les terres et pour que l'eau s'écoule comme il faut. Le drainage a été merveilleux. Les fermiers avaient des drains tous les 50 à 60 pieds.
De nos jours, certains fermiers ont commencé à avoir des drains tous les 25 pieds, ce qui leur permet d'aller dans le champ plus tôt au printemps. L'automne, s'il y a de la pluie, ils peuvent y aller encore plus vite.
Cependant, le problème qu'on connaît depuis quelques années, ce sont les sécheresses de juillet.
Je vais laisser ma collègue parler du nouveau système de contrôle pour garder les eaux dans le champ.
:
Bon après-midi, membres du Comité.
Je vous présenterai brièvement le drainage artificiel souterrain contrôlé et la recherche menée par Agriculture Canada avec les producteurs du bassin versant de la Nation Sud, comme M. Laflèche, au moyen de laquelle j'ai terminé ma maîtrise en 2009 à l'Université d'Ottawa.
Malgré les prévisions sur les changements climatiques, les producteurs doivent gérer leurs ressources en eau de façon efficace. Nous voulons fournir aux agriculteurs un moyen de gérer l'eau dans leurs champs dans le but de maximiser la production agricole.
En Ontario, environ 1,6 million d'hectares de terres agricoles sont drainés artificiellement. Mais le drainage agricole évacue souvent l'eau des champs pendant des périodes où les producteurs ont besoin de conserver cette eau pour les cultures.
À cette fin, il est nécessaire de contrôler le drainage agricole. Pour ce faire, des structures peuvent être installées aux sorties des drains souterrains, lesquelles retiennent l'eau afin qu'elle soit disponible aux racines des plantes. Et lorsqu'il y a trop d'eau, les champs se drainent par-dessous les barrières.
J'ai distribué quelques documents. Si nous examinons la première diapositive de la deuxième page, nous voyons les structures de contrôle. Ce que nous avons remarqué, c'est qu'en installant ces structures aux sorties des drains souterrains, nous avons réduit le débit de 60 % et augmenté la réserve d'eau dans le champ de 15 %. Ce faisant, les cultures bénéficient de la conservation de l'eau et des nutriments. Les rendements ont augmenté de 10 à 30 % à court terme et de 3 à 8 % à long terme. Cette pratique présente également des avantages pour l'environnement, car le ruissellement des éléments nutritifs est réduit d'environ 60 % et celui des bactéries, de 75 %.
Des études sur l'imagerie par satellite indiquent également que la croissance des cultures bénéficie du drainage artificiel contrôlé lorsque les précipitations saisonnières sont faibles.
Compte tenu de tous les avantages économiques et environnementaux, pourquoi le drainage artificiel contrôlé n'est-il pas plus pratiqué?
Eh bien, nous avons posé la question aux producteurs qui ont utilisé le drainage contrôlé et les réponses sont comme suit. Bien qu'ils soient heureux des avantages agronomiques dérivés du drainage contrôlé et de la réduction des pertes d'éléments nutritifs, et fiers de réduire l’incidence agricole sur l'environnement, ils ne sont pas encore convaincus de cette pratique, en raison de l'augmentation du travail sur la ferme et des coûts pour l'ensemble des activités agricoles et du manque de soutien.
Au début du projet, en 2005, un seul producteur souhaitait participer à cette recherche. Aujourd'hui, des centaines d'hectares de terres agricoles dans le bassin de la rivière Nation Sud sont maintenant munis de structures de drainage artificiel contrôlé grâce à notre initiative de recherche. Merci aux producteurs qui ont accepté de participer à notre étude.
Merci.
Monsieur Laflèche et madame Craiovan, j'écoutais avec intérêt votre discussion sur les problèmes liés au drainage et le système de drainage contrôlé.
Je viens d'un endroit connu sous le nom de « côte pluvieuse », soit l'île de Vancouver, et nous recevons une quantité extraordinaire de pluie chaque hiver. Nous voyons de plus en plus deux types différents de systèmes météorologiques: de très fortes pluies en hiver et au printemps, et un été de plus en plus sec; lorsque nous arrivons au mois d'août, le sol est donc complètement sec.
Je possède une petite exploitation agricole située sur un terrain en pente. Nous recevons une quantité incroyable d'eau de ruissellement, et la nappe phréatique est actuellement à son maximum; le sol ressemble donc à un étang. Nous avons mis en place un système avec lequel nous avons suivi le contour du terrain et nous avons intégré des baissières pour diriger la circulation de l'eau autour de la propriété. Nous avons également constaté que, en soulevant un peu le sol au moyen d'un petit ponceau, cela tend à retenir l'humidité dans le sol, même au cours des mois secs de l'été.
Réalise-t-on quelque expérience de ce genre dans votre région?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie beaucoup les producteurs qui sont ici aujourd'hui.
Je suis toujours très impressionné de vous entendre, et surtout de voir à quel point vous avez une résilience importante face aux différents problèmes liés aux changements climatiques. Vous trouvez des solutions à ce qui se passe dans votre environnement. Je ne parle pas seulement des problèmes liés aux changements climatiques, mais de tous les problèmes que vous pouvez subir au quotidien. Encore une fois, je vous tire mon chapeau.
Monsieur Gauthier, on produit aussi des fraises dans ma circonscription, dans la région de Granby. J'ai toujours pensé que c'était chez nous qu'il y avait les meilleures fraises, à Saint-Paul-d'Abbotsford, d'autant plus qu'un des producteurs s'appelle le Roi de la fraise. J'irai comparer en allant sur l'île pour vous rencontrer. Vous êtes quelqu'un de vraiment très sympathique.
Vous avez parlé de tous les changements qui apportent quand même leur lot d'avantages et de belles occasions pour vous. Vous nous avez parlé aussi de la saison de culture qui s'était allongée. Je m'intéresse plus particulièrement à vos techniques de production qui ont changé et aux innovations que vous avez apportées et qui vous permettent, mis à part les changements climatiques, de produire davantage et pendant une plus longue saison.
Pourriez-vous nous en parler un peu plus?
:
Je pense qu'il faudrait publier les résultats.
Les gens de la Conservation de la Nation Sud ont tous les résultats, qui ont été publiés dans les journaux et les magazines.
Dès que les gens voient qu'il y a des bénéfices liés à cette nouvelle manière de retenir l'eau dans les champs, ils se montrent intéressés. C'est toujours l'argent qui parle, n'est-ce pas. Il faut leur dire que, à la fin de l'année, les récoltes vont être meilleures, et que, durant l'été, les champs de foin vont garder leur humidité à la racine. C'est de cette façon qu'il faut procéder. Le gouvernement pourrait peut-être offrir des programmes qui faciliteraient la tâche aux fermiers, par exemple en leur offrant une subvention.
La méthode visant à retenir l'eau dans les champs en est une parmi tant d'autres. Au fil des ans, les fermiers se sont adaptés à de nouvelles pratiques agricoles. Personnellement, je possède une charrue, mais je ne m'en sers plus. La charrue était utile quand nous n'avions que des fossés. Pour mon père, c'était important que les labours soient bien faits pour que l'eau soit drainée comme il faut. Je ne laboure plus à l'automne. Au lieu de cela, je passe un offset disc, au printemps, pour garder le plus de matières organiques possible dans le sol. C'est une autre méthode de conservation des sols.
Nous essayons de trouver de nouvelles manières de garder la matière organique dans le terrain et de garder l'humidité du sol. Notre projet était une recherche parmi bien d'autres.
:
Nous reprenons la séance.
Je vous remercie d'avoir attendu.
Nous allons continuer notre réunion avec les travaux du Comité.
[Traduction]
J'avais quelques points à l'ordre du jour. Il y en a peut-être plus.
D'abord, j'ai quelques rappels. On invite chaque parti à présenter à la greffière du Comité une liste des sites à visiter, y compris leurs coordonnées, au plus tard le jeudi 8 février. Si les listes sont approuvées, nous devrons ensuite les présenter à des fins d'approbation finale.
Nous allons recevoir de l'analyste des instructions relatives au processus de rédaction du rapport sur les questions de l'adaptation aux changements climatiques et de la conservation de l'eau et du sol. Il faudrait que les recommandations de chaque parti soient envoyées à l'analyste avant le mercredi 28 février. On nous donnera un aperçu le 12, et nous pourrons ainsi formuler et soumettre nos recommandations.
Y a-t-il d'autres questions à examiner?
Monsieur Berthold.
:
Plus tôt, j'ai parlé à la greffière de notre étude sur les agences d'inspection des aliments. J'ai fourni une liste assez exhaustive, qui contient à peu près tout ce qui existe à cet égard. C'est grâce au travail du personnel de la Bibliothèque du Parlement que cette liste a été compilée. Je ne veux pas m'attribuer tout le mérite de ce travail. En effet, beaucoup de recherche a été réalisée par les analystes en vue d'établir la liste de toutes les agences, ce qui est très utile. Je n'ai aucune objection à fournir la liste à tous les membres du Comité s'ils le désirent.
Comme nous ne pourrons pas accueillir tous ces gens, j'aimerais que nous mettions l'accent sur les trois accords majeurs que nous avons conclus dans le cadre d'ententes internationales. Nous pourrions inviter un représentant de l'Union européenne et un représentant de la France, bref des deux agences, étant donné qu'il s'agit de systèmes un peu comparables à celui du Canada. Ici, le gouvernement fédéral suit les grandes lignes. La France travaille de son côté. En ce qui a trait aux fromages, on comprendra que la France est le pays qui va exporter des fromages vers le Canada. Je crois qu'il serait intéressant d'accueillir des représentants de ces deux agences.
Du côté de l'Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste, j'ai pensé aux pays les plus importants, soit le Japon et l'Inde. Comme ces deux marchés sont extrêmement importants pour le Canada, je suis d'avis que nous pourrions inviter des représentants des agences de ces deux pays. Bien sûr, il y a aussi les États-Unis. Ce sont les cinq entités auxquelles je tendrais une perche. Nous pourrions inviter ces représentants à témoigner devant nous, s'ils sont d'accord. Nous pourrions leur poser des questions sur les méthodes. Après la présentation de notre propre agence, il sera plus facile d'orienter nos questions en vue de savoir notamment quelles sont les diverses façons de procéder.
Je pense que si nous recevons cinq intervenants, une rencontre sera suffisante. Nous avions pensé en tenir deux.
C'est la recommandation que je fais au Comité.