Bonjour à tous.
La réunion du Comité a pour objet, conformément au Règlement, d’examiner la question des animaux génétiquement modifiés destinés à la consommation humaine.
Je tiens à remercier M. Shipley. J’ai cru comprendre que vous aviez eu bien du plaisir avec lui la semaine dernière. Il est temps, maintenant, de revenir aux choses sérieuses. Je plaisante. Je sais qu’il a fait un excellent travail.
Encore une fois, bienvenue à tous. Nous avons aujourd’hui avec nous pour la première heure Lucy Sharratt, du Réseau canadien d’action sur les biotechnologies, et Dennis Prouse, vice-président chargé des affaires gouvernementales chez CropLife Canada.
En général, nous accordons 10 minutes à chaque témoin pour faire un exposé préliminaire, après quoi nous passerons aux questions.
Nous pouvons peut-être commencer par Mme Sharratt.
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Merci de m’avoir invitée. Et merci de vous pencher sur cette question. Nous apprécions la possibilité de nous adresser à vous.
Je travaille pour le Réseau canadien d’action pour les biotechnologies ou, si vous préférez, le RCAB, qui fait le suivi de la technologie dans le domaine alimentaire et le secteur agricole, fait des recherches, soulève des questions et formule des critiques pour encourager et faciliter la discussion démocratique concernant l’introduction et l’usage de cette technologie. Nous informons les Canadiens. Par exemple, faute d’étiquetage obligatoire, nous fournissons une liste des aliments génétiquement modifiés vendus sur le marché.
Le Réseau regroupe 17 organismes sur la plate-forme commune de Tides Canada. Il y a des groupes environnementaux, des associations d’agriculteurs, des groupes de développement international et des coalitions régionales de groupes communautaires locaux. Ensemble, les membres du Réseau soulèvent divers types de préoccupations concernant l’usage du génie génétique et regroupent un large et riche spectre de perspectives et d’expertises.
En fait, il est difficile de mesurer la proximité des animaux, des produits et des technologies associés à la transformation génétique. Le pipeline des animaux génétiquement transformés est difficile à suivre parce que les études appartiennent le plus souvent aux entreprises privées, et la plupart des recherches de laboratoire ne donnent jamais lieu à des produits utilisables.
Des représentants d’organismes de réglementation nous ont dit, la semaine dernière, qu’ils discutent du pipeline de produits avec les entreprises, mais ce sont des renseignements qui ne sont pas accessibles aux Canadiens. Mais, au Canada, nous avons déjà deux exemples concrets d’animaux génétiquement transformés dont on peut se servir pour discuter de la question et des difficultés qu’elle soulève en matière de politique, notamment le saumon génétiquement transformé.
Le Canada a approuvé le premier animal génétiquement modifié destiné à la consommation humaine au monde. Comme vous le savez, il s’agit du saumon génétiquement modifié, qui pourrait bien se retrouver sur le marché d’ici deux ou trois ans. Le plan initial de l’entreprise ou son plan d’affaires, disons, était de produire des œufs de saumon génétiquement modifié dans l’Île-du-Prince-Édouard, de les expédier au Panama et d’y élever le poisson pour les marchés américain et canadien. Mais l’entreprise a, en fait, obtenu le droit de produire les œufs et le poisson dans l’Île-du-Prince-Édouard. Les ministres qui ont pris la décision d’autoriser la production commerciale ont approuvé la production commerciale d’œufs et de saumon n’importe où au Canada pourvu que cela se passe à terre, dans une installation étanche. C’est maintenant une cause judiciaire en cours, et, en décembre 2015, la production a été limitée à l’Île-du-Prince-Édouard.
Au Canada, nous avons aussi l’exemple du porc génétiquement modifié de l’Université de Guelph, qu’on appelle l’Enviropig. Il a été approuvé par Environnement Canada, parce que, évidemment, l’ACIA approuve l’utilisation de plantes de culture dans l’environnement, mais c’est Environnement Canada qui approuve l’utilisation d’animaux génétiquement modifiés. Cela étant dit, l’étude effectuée par Santé Canada a été suspendue lorsque le projet a pris fin parce que les producteurs de porc lui ont retiré leur appui.
Je voulais attirer votre attention sur les six rapports produits par le Réseau. Je pense qu’ils vont ont été envoyés sous forme de fichier. Beaucoup de mes remarques s’appuient sur nos études les plus récentes concernant les répercussions des cultures et aliments à base d’OGM 20 ans plus tard au Canada.
Pour ne pas perdre de temps et bien qu’il s’en soit déjà écoulé beaucoup, nous avons structuré nos observations à partir de cinq recommandations stratégiques spécifiques et une proposition finale plus générale.
Premièrement, il faut procéder à une évaluation des répercussions économiques avant d’approuver l’utilisation de n’importe quel produit génétiquement modifié. L’utilisation de certains produits génétiquement modifiés représente des risques économiques. Aucun ministère n’est chargé d’évaluer ces risques avant la diffusion d’un nouveau produit génétiquement modifié. La réglementation canadienne ne prévoit pas d’analyse coûts-avantages. Cela veut dire aussi que les agriculteurs ne sont pas consultés avant que des produits de ce genre soient approuvés. Dans le cas du poisson génétiquement modifié, on n’a consulté ni les pêcheurs, ni les entreprises d’aquaculture, ni les Autochtones, ni les collectivités locales. Il n’y a pas d’évaluation des risques, mais il n’y a pas non plus d’évaluation des avantages avant ou après la commercialisation.
Pour avoir une idée de ce qui est en jeu, il suffit de se rappeler les 29 millions de dollars qu’a coûté la contamination aux OGM aux producteurs de lin du Canada. Le problème des coûts n’est pas nouveau pour les agriculteurs. Dès 2004, il a été soulevé par des agriculteurs au sujet de la commercialisation de blé génétiquement modifié, et des groupes de producteurs de fourrage de l’Alberta et 15 groupes d’agriculteurs ont formulé le même genre d’objections au début de l’année concernant la luzerne génétiquement modifiée.
Les risques économiques prennent au moins deux formes. Le premier est que l’introduction d’un produit génétiquement modifié, notamment en l’absence d’étiquetage obligatoire des aliments à base d’OGM, peut compromettre tout le marché d’une même marchandise. C’était la préoccupation des producteurs de pommes: que l’approbation de la pomme génétiquement modifiée compromette la confiance des consommateurs et fasse du tort à l’ensemble du marché. Le deuxième est que, si un nouveau produit est utilisé et qu’il y a contamination, il peut s’ensuivre une fermeture du marché.
Deuxièmement, il faut consolider l’évaluation des risques environnementaux, et il faut notamment évaluer les systémiques à long terme de chaque produit génétiquement modifié et l’utilisation de cette technologie dans son ensemble. Malheureusement, le risque de contamination n’est pas nécessaire moins élevé du côté des animaux génétiquement modifiés. Il y a déjà eu deux cas de contamination avec des porcs génétiquement modifiés au Canada, à deux occasions, dans deux installations différentes et avec deux porcs expérimentaux différents — des porcs qui n’étaient pas approuvés pour la consommation humaine. Dans les deux cas, des carcasses de porcs génétiquement modifiés ont servi d’aliments pour animaux au lieu d’être incinérées comme risque biologique. Les deux cas de contamination sont dus à une erreur humaine. Ces deux incidents soulignent le problème de la contamination même dans le cas de grands organismes et pas seulement dans le cas des petites graines de lin ou du pollen de fleurs de luzerne. Si on ne peut pas confiner les porcs génétiquement modifiés, comment peut-on espérer confiner du saumon ou des œufs de saumon génétiquement modifiés, et encore plus de la luzerne, du lin, du blé?
Troisièmement, le Canada a besoin de systèmes de suivi et de traçage de tous les organismes génétiquement modifiés. Statistique Canada ne retrace pas tous les produits OGM sur le marché. Les organismes de réglementation ne retracent pas les OGM qui sont commercialisés et utilisés. Le gouvernement est seulement au courant des caractéristiques génétiquement modifiées qui ont été approuvées, mais pas où on en trouve et dans quelle mesure cela se répand sur le marché. Cela veut dire que le gouvernement n’a pas les instruments dont il a besoin pour évaluer les risques et les avantages à long terme, ni même répondre à vos questions sur la situation commerciale de la pomme génétiquement modifiée par exemple.
La Cattlemen’s Association a déjà expliqué au Comité les difficultés liées à l’étiquetage. Le secteur des fruits de mer a déjà du mal à retracer les produits. Il arrive trop souvent que les fruits de mer mis sur le marché soient en fait mal étiquetés.
Quatrièmement, les Canadiens ont besoin d’une réglementation transparente. Le Réseau a examiné ce problème de très près dans le cadre de son enquête sur les OGM. La transparence est absente de presque toutes les étapes de la réglementation, à quelques exceptions près et partiellement. Par exemple, les animaux génétiquement modifiés ne sont pas couverts par l’entente volontaire conclue entre CropLife et l’ACIA, qui permet à celle-ci d’afficher des avis de produits sous examen si les entreprises sont d’accord. On appelle cela des avis de demande d’approbation relatifs à la biotechnologie. Cela veut dire que les Canadiens ne savent jamais quels animaux génétiquement modifiés sont éventuellement en cours d’examen.
Enfin, les consommateurs canadiens ont besoin d’un étiquetage obligatoire de tous les aliments génétiquement modifiés distribués en épicerie. Le manque de transparence est le plus manifestement évident à cet égard. Le problème des animaux génétiquement modifiés fait de l’étiquetage une question encore plus urgente pour les Canadiens. Ce problème souligne aussi l’éventail des préoccupations qui pourraient inciter les consommateurs à exiger l’étiquetage des produits génétiquement modifiés pour qu’il ait le choix. Par exemple, certains Canadiens ont des préoccupations d’ordre éthique.
Vingt années de sondages révèlent systématiquement que 80 % des Canadiens veulent que les aliments génétiquement modifiés soient obligatoirement étiquetés. Le chiffre le plus récent est 88 %. L’étiquetage obligatoire doit être exigé avant la commercialisation du poisson génétiquement modifié.
En conclusion, je dirai que toutes les propositions que j’ai formulées sont toutes nécessaires si l’on veut que la réglementation et les politiques se rapprochent de ce dont nous avons besoin pour régler les problèmes liés aux animaux génétiquement modifiés. On pourrait aussi se reporter au rapport d’experts de la Société royale du Canada, publié en 2001 et contenant 53 recommandations de changements à la réglementation. Nous avons formulé ces propositions particulières parce que le premier animal génétiquement modifié a déjà été approuvé et qu’il pourrait être commercialisé très bientôt.
Mais il y a quelque chose de bien plus important, et c’est qu’il faut prendre du recul et se demander si la production d’animaux génétiquement modifiés est éthique. Est-ce que c’est acceptable pour les Canadiens? Est-ce que c’est nécessaire? Ce sont les Canadiens qui doivent répondre à ces questions. C’est aux Canadiens qu’il faut le demander. Il faut imposer un moratoire sur l’introduction des animaux génétiquement modifiés en attendant que les Canadiens aient la possibilité d’être entendus et que le gouvernement soit mieux outillé pour réglementer les organismes et les aliments génétiquement modifiés, en faire le suivi, les retracer, appliquer une réglementation transparente et imposer l’étiquetage de ces aliments.
Le Canada a deux décennies d’expérience dans les cultures et les aliments génétiquement modifiés, mais rien n’a encore été évalué. Il faut prendre un recul pour évaluer également les répercussions de ces cultures. C’est ce que nous devons faire, pour tirer les leçons de l’expérience avant d’envisager la dissémination d’animaux génétiquement modifiés dans notre environnement et dans notre système alimentaire.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je m’appelle Dennis Prouse. Je suis vice-président chargé des affaires gouvernementales chez CropLife Canada. Je vous remercie de votre invitation et j’apprécie énormément la possibilité de m’exprimer ici aujourd’hui.
CropLife Canada représente les fabricants, les promoteurs et les distributeurs d’innovations scientifiques dans le domaine des végétaux, dont de produits antiparasitaires et de produits biotechnologiques destinés à l’agriculture et aux milieux urbains et publics. Nous sommes déterminés à protéger la santé humaine et l’environnement en offrant des aliments sûrs et abondants aux Canadiens.
Nous croyons au développement de l’innovation grâce à la recherche permanente. CropLife Canada est membre de CropLife International, fédération mondiale représentant le secteur des sciences végétales dans 91 pays.
Comme le Comité étudie un élément de la biotechnologie, il est utile de rappeler les succès de la biotechnologie végétale que les Canadiens connaissent mieux. Cela fait maintenant plus de 20 ans qu’on commercialise des produits agricoles génétiquement modifiés au Canada, et on peut voir où cela nous a menés, comment cela s’est passé et ce qu’on peut espérer pour l’avenir.
Le secteur de la biotechnologie végétale est un secteur de recherche global qui investit beaucoup d’argent et de temps dans la découverte, le développement et l’accréditation de toutes sortes d’innovations en matière de sélection végétale. Ces innovations ont donné lieu à de nouvelles variétés végétales résistant aux insectes, aux maladies, à la sécheresse et à certains herbicides, qui permettent donc de prévoir plus précisément les rendements, d’améliorer la qualité des produits et de généraliser des pratiques agricoles plus durables sur le plan écologique.
Ces innovations ont donné lieu à des avantages importants dans le monde entier pour l’environnement, pour les consommateurs et pour les agriculteurs. Au Canada seulement, les rendements ont augmenté de 32 %. Soixante-et-onze pour cent, soit 8,3 milliards de dollars, de la balance commerciale agricole du Canada sont directement attribuables aux nouveaux produits de protection des cultures et à la biotechnologie végétale. C’est un avantage pour les consommateurs et pour les agriculteurs, puisque, sans biotechnologie végétale et sans pesticides, on paierait environ 55 % de plus pour nos aliments, soit environ 4 400 $ de plus par famille et 60 milliards de dollars de plus à l’échelle du pays.
Nous sommes très fiers du rôle que joue la biotechnologie dans l’amélioration de la durabilité. Grâce à une moindre utilisation et un moindre travail des sols et moins de passages de matériel, les agriculteurs canadiens économisent jusqu’à 194 millions de litres d’essence et 29 millions de tonnes de gaz à effet de serre par an. Sans les cultures et pesticides biotechnologiques, ils auraient eu besoin de 50 % de plus de terres pour produire le même volume d’aliments. C’est plus que la superficie totale du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard. Loin de nuire à la biodiversité, cette technologie la favorise en permettant de produire plus d’aliments sur moins de terre.
Pour l’avenir, la recherche est en cours pour développer des cultures adaptées au changement climatique et résistant à la sécheresse, à l’excès d’humidité et à la salinité des sols. L’agriculture moderne est plus durable que jamais, grâce à l’innovation, et cela fait partie des solutions aux problèmes liés au changement climatique.
L’histoire de la biotechnologie végétale au Canada est marquée par des succès remarquables. Ces succès ont été rendus possibles grâce à un élément fondamental, soit une réglementation transparente, prévisible et fondée sur des données scientifiques. La réglementation canadienne est réputée dans le monde entier, et, depuis sa création il y a près de 20 ans, l’Agence canadienne d’inspection des aliments de Santé Canada fait un travail remarquable dans la protection de la santé et de la sécurité des Canadiens et l’instauration d’un modèle de réglementation permettant la commercialisation d’innovations. Ce n’est pas rien quand on pense que beaucoup de pays n’ont pas de réglementation prévisible et actualisée et dont les décisions sont exposées aux influences politiques. Il va sans dire que ce n’est pas le genre de modèle qui favorise les investissements et l’innovation.
Ce que j’ai dit auparavant concernait spécifiquement notre expérience de la biotechnologie végétale, mais je crois que mes autres réflexions aujourd’hui s’appliquent à la voie du succès des innovations, qu’elles soient de nature végétale ou animale.
Pour que le Canada reste un chef de file dans n’importe quel secteur d’innovation, qu’il reste concurrentiel sur la scène mondiale dans le domaine agricole et qu’il recueille les avantages découlant de ces produits, il faut que les agriculteurs aient rapidement accès aux instruments agricoles les plus modernes. Pour cela, il faut impérativement que la réglementation ouvre la voie à la commercialisation de ces innovations à la fois rapidement et de façon prévisible et transparente, afin de créer un environnement susceptible d’attirer des investissements.
L’élément le plus crucial du processus de commercialisation qui se répercute sur le développement de ces innovations découlant d’une recherche très coûteuse au Canada est la réglementation applicable aux approbations d’innocuité. Les innovateurs ont peu de marge de manœuvre pour rentabiliser commercialement un investissement dans une innovation découlant de la recherche. Par conséquent, des périodes d’examen très longues et imprévisibles sont prohibitives aussi bien pour les grandes entreprises que pour les petites entreprises de démarrage.
C’est l’occasion ici pour le Canada d’être un chef de file. Les organismes de réglementation canadiens sont déjà à l’œuvre dans la collectivité scientifique internationale en y suivant les discussions sur la question. Par exemple, Santé Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada ont organisés ici, à Ottawa, la semaine dernière, une réunion de l’OCDE accueillant des spécialistes du monde entier pour discuter des avantages globaux que la nouvelle technologie de modification génétique pourrait apporter à la production végétale et animale, à l’aquaculture, à l’environnement et à la santé humaine, et de ce dont on avait besoin en matière de réglementation à cet égard.
Compte tenu du rythme de l’innovation, nous pensons qu’il est très important que les gouvernements réexaminent régulièrement la réglementation. Ce genre d’examen suppose un investissement direct dans les programmes de réglementation. Par exemple, monsieur le président, au début des années 2000, le fonds pour la Stratégie du Canada en matière de biotechnologie a permis d’élaborer un meilleur cadre et de meilleures mesures qui ont donné plus d’efficacité au gouvernement et au secteur privé. Nous pensons que cela a joué un rôle important dans le succès du Canada comme chef de file dans le domaine de la biotechnologie végétale. Aujourd’hui, simplement à titre indicatif, nous sommes au cinquième rang dans le monde.
Dans le cas de la biotechnologie végétale, le gouvernement ferait un examen dans le contexte de deux décennies de commercialisation sûre et rentable. Jusqu’ici, pas un seul produit animal examiné n’a été jugé nocif pour l’être humain, les animaux ou l’environnement au Canada ou dans les pays dotés d’une réglementation fonctionnelle. Des billions de repas consommés et deux milliards d’hectares ensemencés dans le monde prouvent le très haut degré d’innocuité de ces innovations aussi bien pour les consommateurs que pour l’environnement. Concernant la biotechnologie animale, cet examen viendrait à point nommé puisque ce secteur de recherche scientifique est le lieu d’un intérêt renouvelé en matière d’investissement.
À l’appui de ces affirmations, CropLife Canada a deux recommandations à proposer au Comité compte tenu du nouveau programme du gouvernement du Canada en matière d’innovation et, en particulier, de l’engagement à assouplir le fonctionnement, qui, d’après nous, signale que ce gouvernement a clairement le désir de moderniser sa réglementation pour s’adapter à la situation et saisir le potentiel des secteurs innovants tout en garantissant des normes de sécurité élevées.
Premièrement, CropLife Canada recommande au gouvernement du Canada de s’engager publiquement à améliorer l’efficacité du système d’approbation des produits de la biotechnologie végétale et animale par l’investissement direct dans les ministères de réglementation participant à leur surveillance.
Deuxièmement, CropLife Canada recommande vigoureusement au gouvernement du Canada de s’appuyer son solide système de réglementation fondé sur des données scientifiques et de tirer parti du consensus scientifique international sur l’innocuité de ces produits et de l’histoire de leur usage interne sûr pour développer un processus d’évaluation en fonction d’une échelle de risques, fondé sur le principe de l’attribution des ressources en fonction des risques.
Cela concernerait précisément les innovations végétales qui ont émergé dans les dernières années, comme les produits de la modification génétique dans CRISPR-CAS9, qui sont de premiers indicateurs du rythme de développement de la technologie, qui s’accélère rapidement si on compare avec les 20 dernières années. Il faut absolument que le processus d’examen de ces innovations soit modernisé et fondé sur une approche prédéfinie et transparente, elle-même fondée sur une définition des risques qui soit uniforme parmi les ministères et organismes chargés de la réglementation.
Pour conclure, monsieur le président, il est clair que la biotechnologie végétale a produit des avantages clairs et mesurables pour les consommateurs et les agriculteurs canadiens et pour l’environnement. Les gouvernements canadiens successifs ont permis de recueillir ces avantages en ayant la prévoyance de maintenir une réglementation transparente, prévisible et fondée sur des données scientifiques. Qu’il s’agisse de la biotechnologie végétale ou de la biotechnologie animale, nous estimons que le maintien de l’intégrité de ce système et le respect des scientifiques qui en font partie sont indispensables au succès des futures innovations au Canada. Il est tout aussi important de favoriser l’innovation par des mesures claires qui permettront d’améliorer l’efficacité et l’opportunité de la réglementation.
Merci, monsieur le président. Merci du temps que vous m’accordez.
Nous serons heureux de répondre aux questions du Comité.
Le processus de réglementation comporte de nombreuses étapes, qui nécessiteront toutes un plus grand contrôle. De la semence à la table, il faut pouvoir assurer la traçabilité des organismes génétiquement modifiés. Même à l'étape de la recherche expérimentale, il est arrivé que de la contamination se produise. Il faut définitivement un plus grand contrôle gouvernemental, même à l'étape de la recherche, y compris fournir de l'information aux Canadiens concernant les produits génétiquement modifiés qui sont à l'étude.
Une fois les produits approuvés, les Canadiens doivent savoir si le gouvernement canadien est au courant, dans les faits, de la présence ou non de ces produits sur le marché et, s'ils sont en marché, de l'endroit où on les trouve. Statistique Canada pourrait prendre en charge une partie du travail. Puis, évidemment, il y a la question de la traçabilité dans le système alimentaire, afin que, de la ferme à la table, ces organismes génétiquement modifiés soient retracés et étiquetés.
Puis il y a toute la question du système de réglementation proprement dit. Ce système existe depuis 20 ans. Pendant 15 ans, il a été reconduit conformément aux recommandations du groupe d'experts de la Société royale du Canada. Après 20 ans, une occasion s'offre à nous, et plus particulièrement maintenant que nous parlons de nouvelles techniques et de nouvelles applications à des organismes comme les animaux génétiquement modifiés. Une occasion unique s'offre à nous, et je dirais qu'il est nécessaire d'étudier l'ensemble du système de réglementation et les aspects qui doivent être mis à jour.
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Je crois qu'il est important de comprendre les différences entre la santé et la sécurité et le marketing. Je crois que M. Mayers, de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, a témoigné ici récemment, et qu'il a abordé le processus de réglementation des aliments par l'ACIA, qui permet d'assurer la santé et la sécurité des Canadiens. Nous savons que les cultures génétiquement modifiées ne posent pas de risque pour la santé et la sécurité des Canadiens. Il existe actuellement un consensus mondial quant à l'innocuité des cultures.
Il s'agit maintenant d'une question de marketing. Est-ce que Santé Canada ou l'ACIA joue un rôle dans la mise en marché? C'est là une question intéressante, une question qui touchera de nombreux domaines, parce que l'ensemble du raisonnement de l'ACIA en ce qui a trait à l'étiquetage des aliments aura été modifié.
J'aimerais ajouter un autre élément. Nos voisins du sud se sont déjà penchés sur cette question. Ils en ont débattu pendant un certain temps. Très récemment, ils ont adopté un projet de loi, et la solution à laquelle ils sont arrivés est l'étiquetage intelligent. Ils doivent maintenant mener un processus de réglementation, au cours des deux prochaines années, afin de déterminer comment cela sera appliqué.
Les étiquettes intelligentes comportent aussi un lien avec la traçabilité. Je dirais même, que compte tenu de l'intégration des deux marchés, c'est peut-être ce vers quoi nous nous dirigeons.
En fin de compte, nous ne voulons pas que les Canadiens aient l'impression qu'il existe un risque au chapitre de la santé et de la sécurité, alors que cela n'est pas le cas dans les faits. Ce n'est pas de cette façon que les Canadiens auront plus d'information. Je dirais même qu'ils en auront moins.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais parler du rapport coût/bénéfice, et savoir si le bénéfice revient au consommateur ou au producteur. On comprend très bien que, depuis 15 ans, 20 ans, les biotechnologies ont amélioré beaucoup les rendements des plantes et des grains. On peut prendre l'exemple du soya. Il y a une quinzaine d'années, dans ma région, quand on en récoltait une tonne, on était très heureux. Aujourd'hui, c'est considéré comme un rendement décevant, parce chaque acre en fournit maintenant de 1,35 à 1,50 tonne. Les compagnies semencières ont réussi de grandes avancées.
Cependant, la recherche a un coût qui est transféré aux producteurs. Si une entreprise élabore une semence qui a nécessité une recherche de 150 millions de dollars, il est certain qu'au cours des 10 années suivantes, les semenciers vont transférer le coût de cette recherche au producteur. Par contre, ce dernier ne peut pas nécessairement obtenir un prix différent pour son grain que celui du marché. Parfois, quand cela va bien, les prix sont bons, on se retrouve dans le meilleur des mondes, mais quand il y a un fléchissement des prix mondiaux, le prix de la semence, lui, ne diminue pas. De façon générale, il augmente de 2 %, 3 %, 4 % par année et cela n'a aucune influence sur le prix de vente des produits sur le marché.
Envisagez-vous, à l'avenir, un retour du balancier pour les producteurs, ou la tendance ira-t-elle plutôt vers un prix de plus en plus élevé des semences? Les producteurs risquent d'être pris dans un étau.
Ils n'ont pas le choix, il faut qu'ils prennent leurs semences quelque part, et elles sont pratiquement toutes génétiquement modifiées. Il y a un coût à cela et, par ailleurs, il leur est impossible de prévoir le prix du marché au cours des années qui vont suivre.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également le Comité de nous donner la possibilité d'exprimer notre point de vue sur ce sujet important.
[Traduction]
Merci beaucoup de m'offrir cette occasion de participer à cet important débat. Je représente BIOTECanada.
En guise d'introduction, je tiens à préciser que BIOTECanada est l'association commerciale nationale qui représente le secteur canadien de la biotechnologie. Notre association compte plus de 220 membres. Nos entreprises sont disséminées dans presque toutes les régions du Canada, dans chacune des provinces, et sont généralement regroupées près des pôles d'expertise. Nous comptons parmi nos membres des multinationales pharmaceutiques, mais la grande majorité, environ 85 à 90 %, sont de petites compagnies pharmaceutiques qui s'efforcent de promouvoir leur innovation. À ma gauche, nous avons un représentant d'AquaBounty, qui compte parmi nos nombreux membres.
L'une de nos entreprises est Agrisoma qui travaille sur une graine de moutarde génétiquement modifiée. Cette graine peut être cultivée dans des champs impropres à la culture d'autres plantes parce que le sol n'est pas assez riche en nutriments ou pas assez humide.
L'entreprise broie la graine de moutarde pour en extraire l'huile qu'elle convertit en carburant aviation. Ce carburant peut être utilisé dans les réacteurs, sans ajout de combustible fossile dans le mélange. Il a d'ailleurs été mis à l'essai dans un avion sans qu'il soit nécessaire de modifier la forme de l'appareil. L'avion utilisé est celui de RNC qui est basé à proximité de l'aéroport. Les chercheurs ont réussi à faire décoller l'appareil. Bien entendu, ils ont envoyé un petit avion renifleur en même temps pour vérifier si le carburant produit des émissions. Comme le mélange ne contient pas de combustible fossile, les émissions sont grandement réduites.
L'histoire devient encore plus intéressante, parce que si nous revenons à cette graine de moutarde broyée, la farine qui en résulte après l'extraction de l'huile peut être réintroduite dans la chaîne alimentaire. Voilà une solution étonnante qui permettrait de soulager notre monde d'une partie de ses problèmes.
Je peux vous donner d'autres exemples extraordinaires. Dans le domaine de la santé, des membres de BIOTECanada sont en train de mettre au point de nouveaux vaccins, de nouveaux médicaments. Au Nouveau-Brunswick, par exemple, un chercheur a découvert les effets paralysants de la salive de la musaraigne qui contient un peptide. Il cherche à y recourir pour traiter une forme rare de cancer ovarien. À Vancouver, une entreprise a découvert que le moustique porteur de malaria contient aussi une protéine susceptible d'être utilisée contre le cancer. Voilà quelques exemples des innovations qui voient le jour à la grandeur du pays.
En Colombie-Britannique, une autre entreprise, dont vous avez parlé ce matin, a réussi à neutraliser un élément d'une pomme pour éviter que le fruit brunisse lorsqu'il est coupé ou qu'il présente des meurtrissures. Ce sont des innovations phénoménales. J'aimerais profiter du temps mis à ma disposition aujourd'hui pour vous expliquer l'importance de l'innovation.
Vous en avez glissé un mot au cours de la séance précédente, mais j'aimerais y revenir. Notre planète compte aujourd'hui près de sept milliards d'habitants et ce chiffre passera rapidement à neuf milliards. Cela pose de gros problèmes. Nous avons des bouches à nourrir et, selon certaines estimations, nous aurons besoin de 50 à 70 % de plus d'aliments pour nourrir tout le monde. C'est beaucoup. De plus, la rapide croissance démographique exerce de fortes pressions sur la planète. Nous devons adapter nos modes de culture et de fabrication. C'est indéniable. Nous devons non seulement atténuer les répercussions futures sur la planète, mais aussi nous adapter à une planète en transformation.
La biotechnologie représente la solution. Relever ces défis est sans contredit un impératif social pour nous, en tant que population, et nous devons nous atteler à la tâche sans plus tarder. Pour le Canada, cela représente une fantastique possibilité économique. Notre pays affiche un excellent bilan en matière d'innovation technologique, depuis l'époque du développement de vaccins, notamment contre la polio, ou de la découverte de l'insuline.
Aujourd'hui, nous produisons du colza et il en sera certainement question dans notre discussion. C'est l'une des plus extraordinaires cultures que nous ayons jamais eues. Le marché chinois fait ressortir l'importance de cette culture, dont la valeur est évaluée à 2,5 milliards de dollars. Ce marché représente une énorme possibilité économique pour faire face aux défis qui accompagnent la croissance démographique mondiale. Le Canada est en excellente position pour relever ces défis. Comme je l'ai dit, l'écosystème en place au pays et aussi dans les provinces est très sain et diversifié. Une foule d'innovations créées dans les universités en sont maintenant aux étapes ultérieures de production.
L'histoire de notre pays en matière d'innovation est à l'origine d'une autre de nos grandes forces, notre régime de réglementation. Le Canada se classe parmi les chefs de file mondiaux en matière de réglementation de l'innovation, ce qui lui permet de s'assurer que les produits sont efficaces et sans danger pour la consommation humaine et aussi pour l'environnement. Personne n'a intérêt à aggraver les problèmes de notre environnement qui est déjà mis à mal.
Le Canada est réputé dans le monde entier pour son régime réglementaire de surveillance, l'un des meilleurs au monde. Pour notre secteur, c'est un puissant atout concurrentiel sur les marchés mondiaux. Sans cette force, nous ne pourrions être compétitifs dans l'économie mondiale et c'est pourquoi nous recommandons de maintenir la cadence. Les innovations arrivent à un rythme effarant et nous devons suivre ce rythme. Notre science doit faire preuve de la plus grande rigueur; cela est impératif.
Certains des nouveaux défis, comme les virus Zika et Ebola, nous obligent à réagir très rapidement. Une entreprise de Québec est en train de mettre au point un vaccin à partir de feuilles de tabac. Cette entreprise arrive à réduire l'écart. La mise en point d'un vaccin normal peut exiger de 12 à 18 mois; nous sommes capables de fabriquer ce vaccin en quelques semaines. Il nous permettra d'intervenir très rapidement face aux nouveaux défis. Cela ne veut pas dire que nous devons négliger la surveillance. Il est très important de continuer à assurer une surveillance réglementaire.
Nous avons là une occasion en or. C'est une excellente possibilité économique à saisir, mais nous devons bien faire les choses.
Je vais maintenant céder la parole à mon collègue qui vous expliquera plus longuement à quel point notre régime réglementaire est rigoureux, ainsi que les avantages que représente sa compagnie et comment son innovation peut être commercialisée au pays.
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président, de m'avoir invité ici aujourd'hui pour participer à votre étude portant sur les animaux génétiquement modifiés destinés à la consommation humaine.
Je suis directeur des communications chez AquaBounty. Pour me situer dans le contexte, permettez-moi de vous dire que je détiens une maîtrise en sciences, avec spécialisation en parasitologie, de l'Université McGill, un baccalauréat en sciences, avec une majeure en développement des ressources, également de McGill, ainsi qu'un diplôme en technologie agricole du collège Kemptville, qui était rattaché à l'Université Guelph avant que celle-ci ne cesse d'y offrir des programmes.
J'ai été conseiller en communications auprès d'Yves Bastien lorsqu'il a été nommé par un précédent gouvernement à titre de premier et dernier commissaire au développement de l'aquaculture à Pêches et Océans Canada. C'était de 1999 à 2004.
Je suis arrivé à AquaBounty le 1er juillet 2013, après avoir travaillé dans le secteur de l'aquaculture à titre de consultant principal et partenaire fondateur du Groupe Communications Aquaculture, au sein duquel j'ai travaillé neuf ans. Ma carrière en aquaculture a débuté il y a 31 ans, en 1985 pendant mes études à l'âge adulte. J'avais 31 ans lorsque je suis retourné aux études à McGill. J'ai suivi le développement d'AquaBounty pratiquement depuis sa création en 1991. La première fois que j'ai entendu parler de son saumon à croissance rapide, je me suis dit que c'était l'innovation la plus marquante dans le domaine, et je le crois toujours.
Le saumon AquAdvantage est un saumon de l'Atlantique. On a ajouté un nouveau gène aux quelque 40 000 gènes déjà présents dans ce saumon. Ce transgène provient du saumon quinnat et produit une hormone de croissance, identique à celle que l'on retrouve dans le saumon de l'Atlantique. L'action de ce gène est contrôlée par une séquence régulatrice qui agit comme un interrupteur et fait en sorte que le gène de l'hormone de croissance du saumon AquaAdvantage est capable d'agir toute l'année et non seulement au printemps et à l'été, comme c'est le cas chez l'autre saumon de l'Atlantique qui a un cycle saisonnier. Ce dernier croît généralement au printemps et à l'été mais il cesse de se développer en automne et en hiver.
Il en résulte donc que le saumon AquaAdvantage arrive à maturité deux fois plus vite que le saumon de l'Atlantique. Autrement dit, le saumon AquaAdvantage a une croissance plus rapide, mais ne devient pas plus gros. Il atteint son poids marchand de quatre à cinq kilos en 16 ou 20 mois, comparativement à 30 à 36 mois pour le saumon de l'Atlantique élevé dans des cages flottantes.
Le saumon AquaAdvantage est issu d'oeufs certifiés exempts de maladie qui sont produits dans notre écloserie de Fortune, à l'Île-du-Prince-Édouard, également certifiée exempte de maladie. Peu de temps après, les oeufs sont fertilisés par le sperme de saumons AquaAdvantage mâles et sont soumis à un traitement de chocs sous pression, ce qui permet d'obtenir un poisson stérile. Tous les saumons AquaAdvantage destinés à la production alimentaire sont triploïdes — trois jeux de chromosomes — et ce sont toutes des femelles, de sorte qu'ils ne peuvent se reproduire avec d'autres ni entre eux. Nous avons produit une vidéo à ce sujet que vous pourrez visionner plus tard.
Nous avons pris des précautions pour empêcher les poissons de s'échapper. Comme ce sont toutes des femelles, ils ne peuvent s'accoupler. Ils sont stériles et ne peuvent se reproduire avec le saumon sauvage de l'Atlantique. Ils sont élevés dans des cages de confinement munies de multiples barrières pour prévenir les fuites. L'eau est pompée à partir de puits sur place. Les poissons ne sont pas exposés aux pathogènes, aux parasites ni aux contaminants présents dans les eaux de service. Les installations d'élevage sur la terre ferme sont biosécurtaires et soumises à de rigoureux protocoles de biosécurité. L'installation de Fortune, à l'Île-du-Prince-Édouard, est entourée d'une clôture en maillons de chaîne fermée par une porte en acier, elle est équipée de vidéo-caméras et de systèmes d'alarme et des employés vivent sur place. Le détachement local de la GRC patrouille périodiquement dans les environs. Tous les cadres de l'entreprise possèdent des téléphones cellulaires reliés à des programmes de sécurité et peuvent intervenir ainsi en cas de panne ou de tout autre problème de fonctionnement.
La semaine dernière, vous avez entendu ce que les responsables de la réglementation avaient à dire, je ne vais donc pas m'y attarder plus longtemps. Je voulais simplement vous donner un aperçu des 25 années d'existence d'AquaBounty.
Le saumon AquAdvantage est le premier animal d'élevage de précision destiné à la consommation humaine. Il a reçu un avis favorable du Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques le 19 novembre 2015 suite à un rigoureux processus d'évaluation qui a commencé en septembre 1995. Il a été approuvé par Santé Canada le 19 mai suite à une évaluation complète qui a débuté en 2011.
Les scientifiques des organismes de régulation aux États-Unis et au Canada ont conclu que le saumon AquAdvantage était rigoureusement identique au saumon atlantique. On peut le consommer sans danger et il ne présente pas de risque significatif pour l'environnement lorsqu'il est élevé selon la méthode décrite dans notre demande d'autorisation. Le saumon AquAdvantage est clairement l'animal destiné à l'alimentation le plus étudié, il fait l'objet de recherches depuis plus de 27 ans. Les saumons ont été élevés de façon conventionnelle sur 12 générations, depuis 1992. La construction génique a été insérée en 1989. Depuis, les poissons sont élevés de façon naturelle, des oeufs et du sperme, comme les autres poissons. La manipulation génétique a été faite une fois. La plupart des gens ne le savent pas.
La caractéristique génétique est héréditaire, donc elle se transmet. Tant que nous les élèverons, ils existeront. Les saumons AquAdvantage sont élevés dans des systèmes aquacoles à recyclage installés dans les terres. Ces systèmes permettent de recycler 95 à 99% de l'eau. Les matières en suspension sont filtrées. Les boues riches en nutriments peuvent être épandues dans les champs cultivés ou servir d'engrais pour les jardiniers. L'implantation de ces fermes aquacoles terrestres à proximité des marchés de consommation permet de réduire les coûts des transports et l'empreinte carbone liée à la production de ces saumons. On peut fabriquer un produit de la mer frais, au plus près du consommateur.
Le confinement du saumon AquAdvantage est d'une importance suprême pour AquaBounty qui a pris toutes les précautions pratiques, rationnelles et raisonnables pour réduire le risque que des saumons puissent s'échapper. Aucun saumon ne s'est jamais échappé d'une installation AquaBounty en plus de 25 années de fonctionnement. Étant donné que les saumons AquAdvantage sont confinés à l'intérieur d'installations qui utilisent de l'eau de forage traitée, les poissons ne sont pas exposés aux agents pathogènes, aux parasites et aux contaminants que l'on trouve habituellement dans l'environnement. Par conséquent nous n'avons pas besoin de vaccins, d'antibiotiques ni de traitements chimiques contre les maladies car nous n'y sommes pas confrontés. Lors des essais gustatifs en double aveugle, les saumons AquAdvantage ont réalisé une très bonne performance en comparaison avec les autres saumons atlantiques d'élevage et ont été préférés par les gens.
AquaBounty est très fier de son saumon innovant AquAdvantage et nous nous sommes impatients de pouvoir le mettre sur le marché pour le plaisir des consommateurs.
Je vais répondre à quelques autres questions qui ont été posées. Étant donné l'accroissement de la population et les limites de la pêche des poissons sauvages et le fait que le saumon atlantique soit une espèce menacée, les pêches sauvages ne vont pas pouvoir répondre à la demande de protéines d'une population mondiale qui s'accroît et l'aquaculture va devoir combler cet écart grandissant entre l'offre et la demande. La sécurité alimentaire est une préoccupation grandissante des gouvernements du monde entier. L'innovation visant à améliorer la production aquacole est cruciale pour produire des protéines environnementalement durables pour les générations futures.
Pour conclure, l'autorisation du saumon AquAdvantage est fondée sur une importante somme de preuves et il en résulte que les organismes de réglementation des États-Unis et du Canada ont décidé que le saumon AquAdvantage était sûr et nutritif pour les humains, à l'identique du saumon atlantique. Santé Canada et le Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques exigent un étiquetage pour les produits alimentaires, y compris les aliments génétiquement modifiés lorsque des risques sanitaires ou des modifications significatives des qualités nutritionnelles ont été clairement et scientifiquement établis et peuvent être réduits par l'étiquetage. Par exemple un allergène présent dans l'alimentation doit être clairement étiqueté pour alerter le consommateur. Prenez l'exemple des arachides. Dans notre cas, puisqu'aucun problème de santé ou de sécurité n'a été identifié, il n'y a pas d'exigence particulière d'étiquetage pour notre saumon.
Je vais terminer en disant quelque chose que les gens ne savent probablement pas. Le saumon AquAdvantage a été développé par des scientifiques canadiens dans une université canadienne, l'Université Memorial de St. John's à Terre-Neuve, en utilisant les connaissances scientifiques les plus avancées de l'époque, dans les années 1980. Le poisson a été développé en 1989 dans le but de résoudre un problème de production qui touchait les producteurs aquacoles de saumon atlantique. Le problème était le surrefroidissement. Cela se produisait lorsque la température de l'eau tombait sous la température à laquelle gèle le sang du saumon et les poissons dans les enclos à filet étaient tués instantanément.
Les recherches ont au départ été financées par le gouvernement canadien pour aider à protéger les saumons de ce problème. Le développement du saumon AquAdvantage est venu ensuite.
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L'étiquetage obligatoire est évidemment un sujet d'une grande actualité.
Il y a plusieurs choses dans cette question. La première c'est que l'étiquetage peut être fait n'importe quand. En fait j'ai regardé un paquet de bretzels chez moi l'autre jour et il était indiqué: « Ne contient pas d'organismes génétiquement modifiés ». Si vous prenez le mouvement biologique, vous remarquerez que nous n'avons pas étiqueté la nourriture non biologique; par contre nous avons autorisé le mouvement biologique à mettre des étiquettes disant que c'est bio. Je crois que c'est une meilleure façon de procéder, car nous n'avons aucune preuve scientifique que les OGM soient néfastes. Je suis en faveur d'un étiquetage qui soit réservé aux produits dont nous savons qu'ils sont néfastes pour nous: le tabac, les arachides, l'alcool. Nous savons qu'il existe des preuves scientifiques que ces types de produits sont néfastes et nous devrions réserver l'étiquetage pour cela. Sinon nous en arriverons à un point où les produits commenceront à ressembler à des voitures de NASCAR recouvertes d'autocollants, ce qui fera qu'il sera très difficile de discerner exactement ce pour quoi vous êtes censés être inquiets et ce à quoi il faut faire attention. Il faut probablement qu'une discipline de marché se mette en place pour permettre l'étiquetage.
L'autre problème que pose l'étiquetage relève moins du coût, bien que cet argument a été cité, que de la question de la réglementation une fois l'étiquetage effectué. C'est très facile de dire que le produit ne contient rien, mais comment pouvez-vous prouver scientifiquement qu'un produit ne contient aucune trace d'OGM, comme on peut le faire avec les arachides? Dans le monde des arachides, on dit: « peut contenir des traces d'arachides » sinon c'est qu'il n'y a absolument pas d'arachides.
Lorsque je travaillais dans l'industrie forestière, il y avait le même type de difficultés. C'est très facile lorsque vous avez une pièce de bois qui provient d'un arbre. Vous pouvez la marquer et dire qu'elle est venue de telle forêt et qu'elle est certifiée à tel niveau. Quand on passe à la pâte, on combine des plaquettes de bois qui proviennent de nombreuses sources différentes pour faire de la pâte et faire du papier, alors il devient très difficile de s'assurer que toutes les sources d'approvisionnement sont certifiées au même niveau.
Dans le milieu de l'alimentation, je crois que c'est la même chose. Vous pouvez probablement certifier que ce bifteck provient d'une vache qui vient d'un producteur. Lorsque l'on passe à des choses telles que des céréales ou des morceaux impliquant un certain nombre de sources différentes, cela devient très difficile d'avoir suffisamment de certitudes pour y mettre une étiquette.