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Bonjour, tout le monde.
Bienvenue à notre comité.
Ce matin, nous allons entreprendre l'étude du Budget principal des dépenses de 2019-2020 avec l'honorable Marie-Claude Bibeau, ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire.
Je vous remercie d'être avec nous ce matin, madame la ministre. Nous sommes ravis de vous accueillir.
[Traduction]
Ce matin, nous avons le plaisir d'accueillir devant le Comité M. Chris Forbes, sous-ministre du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire. Bienvenue au Comité, monsieur Forbes.
Nous accueillons également Mme Christine Walker, sous-ministre adjointe, Direction générale de la gestion intégrée. Merci d'être des nôtres ce matin.
Nous allons commencer par la déclaration préliminaire de Mme Bibeau.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Cela me fait plaisir d'être de retour parmi vous.
Tout d'abord, je voudrais vous remercier et souligner l'excellent travail de votre comité. On m'en parle régulièrement. Je comprends que vous êtes toujours très centrés sur les besoins de nos producteurs. Je tiens aussi à vous remercier tout particulièrement de vos récents rapports, entre autres sur la santé mentale et sur les peuples autochtones dans le secteur de l'agriculture. Ce sont des questions qui touchent nos collectivités agricoles partout au Canada et nous avons le devoir d'agir rapidement.
Aujourd'hui, nous examinons le Budget principal des dépenses de 2019-2020. Ce budget démontre l'engagement du gouvernement envers le secteur agricole et agroalimentaire canadien. Au cours du prochain exercice financier, nous avons prévu un budget de 2,5 milliards de dollars pour appuyer les grandes priorités du secteur. Je voudrais en aborder quelques-unes avec vous.
[Traduction]
Concernant le commerce, la situation du canola en Chine continue d'être une grande priorité. Le mois dernier, j'ai rencontré le ministre Han, mon homologue chinois, lors de la rencontre des ministres du G20 tenue au Japon. Je lui ai fait part des vives inquiétudes du Canada au sujet de la suspension des exportations de canola canadien vers la Chine et insisté sur le fait que ce problème doit être réglé rapidement. L'ambassadeur du Canada à l'OMC — l'Organisation mondiale du commerce — a également exhorté la Chine à travailler avec le Canada sur des solutions.
En réaction aux demandes de l'industrie, nous avons étendu la limite de prêt du Programme de paiements anticipés à 1 million de dollars pour tous les producteurs, dont 500 000 $ sans intérêt pour les producteurs de canola. La réglementation est maintenant en place, et les producteurs pourront présenter une demande en vue d'obtenir de nouvelles sommes dès le 10 juin.
Nous avons également travaillé avec les provinces et les territoires afin de reporter la date limite pour s'inscrire à Agri-stabilité. Ainsi, les producteurs auront une excellente possibilité d'utiliser un important outil de gestion des risques dans une période d'incertitude.
Nous adoptons l'approche Équipe Canada. Notre groupe de travail se réunit une fois par semaine; il rassemble des représentants de l'industrie et des provinces, ainsi que, évidemment, nos responsables d'Agriculture et Agroalimentaire Canada et d'Affaires mondiales Canada.
[Français]
Lors de notre mission au Japon, j'étais accompagnée de Jim Everson, président du Conseil canadien du canola. Nous avons rencontré quelques grands importateurs japonais pour trouver des moyens d'élargir nos activités commerciales dans ce marché. C'est un marché de premier plan, surtout compte tenu des débouchés qui découlent de l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, le PTPGP.
J'ai aussi saisi l'occasion de rencontrer d'autres ministres du G20, y compris le commissaire européen à l'Agriculture, Phil Hogan, pour leur faire part des préoccupations du Canada au sujet des barrières commerciales imposées à notre blé en Italie et à nos légumineuses en Inde.
Nous continuons de diversifier les débouchés pour notre canola et pour tous nos excellents produits agroalimentaires grâce aux nouveaux accords de libre-échange, comme le PTPGP.
[Traduction]
Les bonnes nouvelles ne s'arrêtent pas là, monsieur le président. Le Japon a récemment annoncé qu'il acceptera désormais le bœuf canadien provenant d'animaux âgés de plus de 30 mois, ce qui procurera à nos producteurs de bœuf un accès complet au Japon; ils pourront donc tirer pleinement profit des nouvelles possibilités au titre du PTPGP.
Il y a d'autres bonnes nouvelles pour nos agriculteurs et transformateurs alimentaires. Les États-Unis ont levé les tarifs au titre de l'article 232 sur l'acier et l'aluminium, ce qui renforce notre relation avec notre plus grand partenaire commercial. Comme vous le savez, le a instauré des mesures législatives visant la ratification du nouvel ALENA. La semaine dernière, le vice-président Pence et lui ont tous deux affirmé avoir l'intention de progresser le plus rapidement possible vers la ratification.
[Français]
Le nouvel ALENA est essentiel à notre industrie agroalimentaire. La valeur des produits agroalimentaires que les États-Unis et le Mexique achètent du Canada s'élève à 37 milliards de dollars, et nous savons que nous pouvons accroître ce volume encore plus. Nous travaillons également en étroite collaboration avec les États-Unis et le Mexique afin d'empêcher l'introduction de la peste porcine africaine sur notre continent.
À la suite du forum international sur la peste porcine africaine qui a eu lieu à Ottawa le mois dernier, le Canada et les États-Unis ont conclu un accord sur l'application de zones. Grâce à cette mesure, le commerce du porc pourra se poursuivre de façon sécuritaire si jamais une éclosion de cette grave maladie devait survenir.
[Traduction]
Quelque 200 millions de dollars du budget des dépenses appuieront la deuxième année du Partenariat canadien pour l'agriculture. Les programmes exécutés au titre du partenariat aident également les agriculteurs à tirer parti des possibilités de croissance durable, tout en s'adaptant aux changements climatiques.
En ce qui concerne l'agronomie, une somme de 70 millions de dollars servira à tenir compte des nouvelles priorités, comme les changements climatiques et la conservation des sols et des eaux. Pour nous aider à atteindre ces buts, notre gouvernement s'est engagé à embaucher 75 nouveaux scientifiques et professionnels des sciences spécialisés dans de nouveaux domaines de l'agriculture, et nous avons lancé le premier projet de laboratoires vivants au monde, qui rassemble des scientifiques et des agriculteurs sur le terrain afin qu'ils mènent des recherches environnementales que les producteurs pourront appliquer directement à leur exploitation.
Les agriculteurs pourront ainsi adopter des technologies adaptées au climat plus rapidement. Cette approche proprement canadienne a été accueillie favorablement par les ministres de l'agriculture du G20 lors de notre rencontre au Japon.
La durabilité environnementale est également un pilier clé de notre nouveau Programme des priorités stratégiques de l'agriculture canadienne de 50 millions de dollars.
[Français]
Monsieur le président, les semaines à venir sont chargées.
Nous prévoyons bientôt annoncer les détails de notre engagement pour venir en aide à nos producteurs et à nos transformateurs dans les secteurs sous gestion de l'offre.
Cela comprend 2,4 milliards de dollars pour soutenir les revenus des producteurs laitiers, de volaille et d'oeufs dans la foulée de l'Accord économique et commercial global avec l'Union européenne, ou AECG, et du PTPGP.
Comme promis, nous soutiendrons nos producteurs de lait, de volaille et d'oeufs qui sont touchés par les accords commerciaux. Nous continuons de travailler de concert avec l'industrie afin d'assurer la prospérité à long terme de nos producteurs et de nos transformateurs.
[Traduction]
Je suis aussi impatiente d'annoncer la toute première Politique alimentaire pour le Canada. Beaucoup d'enthousiasme a été manifesté partout au pays. De fait, 45 000 personnes ont participé aux consultations, et j'ai tenu d'excellentes discussions sur la politique, y compris lors de la récente conférence nationale sur la sécurité alimentaire. La politique établit une vision ambitieuse pour garantir que tout le monde au Canada est en mesure d'accéder à des aliments salubres et sains grâce à un système alimentaire national durable et novateur. Par conséquent, nous continuons à travailler d'arrache-pied pour faire progresser l'industrie.
[Français]
Encore une fois, je vous remercie de votre excellent travail dans plusieurs dossiers clés pour notre secteur.
C'est avec plaisir que je répondrai maintenant à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup, madame la ministre. Je suis content qu'hier, à la Chambre des communes, nous ayons réussi à trouver un terrain d'entente. Cela a été très intéressant.
Je tiens à clarifier que je ne mets nullement en doute votre intérêt et la volonté que vous avez de défendre l'industrie agricole au Canada. Personne au Canada ne voudrait travailler contre cette industrie, une industrie que j'adore et que nous voulons tous faire progresser. Je salue d'ailleurs également les gens du ministère. Nous avons tous en tête de vouloir aider nos producteurs et nos productrices à faire mieux et de rendre les produits canadiens plus présents partout sur la scène internationale.
Là où nos opinions divergent, c'est dans le choix des méthodes retenues.
Madame la ministre, vous avez parlé tout à l'heure dans votre discours d'ouverture de votre rencontre avec votre homologue chinois. Vous lui aviez écrit pour lui demander la permission d'envoyer une délégation technique. Vous avez eu une rencontre, que vous avez qualifiée en anglais d'introductory meeting. Je n'ai pas trop compris ce que vous vouliez dire et je ne connais pas l'équivalent français. Vous avez mentionné que vous aviez beaucoup parlé, mais vous ne nous avez jamais dit, pas une fois, quelle a été la réponse du ministre chinois de l'Agriculture à vos demandes. Pouvez-vous nous en parler?
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D'importantes consultations avaient été menées auparavant. Je veux également souligner le travail de mon prédécesseur, le ministre , bien entendu. C'est un processus très intéressant, surtout quand nous constatons que 45 000 personnes ont participé à ces consultations. Nous pouvions sentir que les Canadiens demandaient cette politique alimentaire.
J'affirmerais que le budget des dépenses est la première étape... parce que je crois que c'est la première étape que nous avons annoncée dans le budget, et j'espère de tout cœur que la politique sera durable et qu'elle s'inscrira dans notre ADN, au Canada.
On établira un fonds destiné aux infrastructures locales. Une somme de 50 millions de dollars y a été affectée.
Un autre projet consistera à travailler sur la promotion des produits canadiens. Au cours des trois derniers mois, j'ai eu la chance de rencontrer un très grand nombre d'agriculteurs, et je pense que nous avons une tonne de bonnes histoires à raconter. Je veux m'assurer que le volet de la politique alimentaire concernant la promotion des produits canadiens comprend également des activités qui visent à amener les Canadiens à en apprendre davantage au sujet de notre agriculture nationale et du bon travail que font nos agriculteurs, à les amener à mieux comprendre d'où proviennent leurs aliments, à renforcer la confiance entre les consommateurs et les agriculteurs canadiens et à inspirer la fierté à l'égard de nos produits. Une somme de 25 millions de dollars sera affectée à ce volet.
Le fait de s'attaquer à la fraude alimentaire sera aussi une mesure importante. Les Canadiens nous ont dit qu'ils s'inquiètent. Même si nous avons confiance en notre système — je n'ai aucun doute au sujet de sa sécurité —, mais, lorsqu'un produit nous est présenté sous un nom et que, plus tard, nous comprenons qu'il comporte d'autres ingrédients, nous voulons être plus fermes à cet égard et nous assurer que nous savons ce que nous achetons. Cela tient beaucoup à cœur aux Canadiens.
Certains fonds seront attribués directement à nos collectivités nordiques et isolées. Il est question d'une somme précise de 15 millions de dollars affectée à ces collectivités.
Le gaspillage alimentaire est également un volet important de la politique alimentaire.
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Merci beaucoup. Je suis ravie d'être ici aujourd'hui.
Madame la ministre, je vous remercie de votre présence.
J'ai deux aspects à aborder.
Je viens de Northumberland—Peterborough-Sud, une circonscription rurale située dans l'Est de l'Ontario. Je me suis réjouie que mon collègue, M. Drouin, soulève la question du système de gestion de l'offre que nous avons fourni ou que nous fournissons.
Je veux aborder un autre élément dont mes agriculteurs souhaiteraient certainement ne pas avoir à se soucier ou ne pas avoir besoin: les programmes de gestion des risques. Il en existe un certain nombre, par exemple Agri-stabilité, Agri-investissement et Agri-marketing. Je sais que votre rôle consiste en partie à rencontrer — et vous avez mentionné la réunion que vous tiendrez cet été — les ministres provinciaux et territoriaux et qu'un certain nombre d'éléments figurent à votre ordre du jour.
Pourriez-vous nous parler un peu de la façon dont vous voyez votre rôle et votre capacité de renforcer ces partenariats avec les provinces et les territoires — surtout les provinces — relativement à ces fonds, et pourriez-vous nous parler de la meilleure façon dont nous pouvons utiliser ces sommes dans notre secteur agricole quand il en a besoin?
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L'an dernier, un nouveau partenariat canadien quinquennal a commencé.
Cette année, nous aurons la possibilité de faire un retour sur nos objectifs. En outre, les ministres seront principalement nouveaux à leur poste; ils n'auront pas assisté aux rencontres précédentes, alors ce sera une bonne occasion pour nous tous de comprendre réellement pourquoi certaines modifications ont été apportées à ces programmes. Évidemment, j'entends beaucoup de commentaires de la part des producteurs sur certains de ces programmes agricoles. Parfois, ils aimeraient revenir aux règles précédentes, ou bien parfois ils veulent qu'un autre type d'approche soit adoptée. Nous y réfléchissons tous. Nos équipes analysent la question.
Nous sommes également ouverts à l'établissement de nouveaux partenariats, comme le fait d'amener des partenaires privés à participer de diverses manières. J'affirmerais que toutes les options sont envisagées, mais nous entendons ce que nos agriculteurs nous disent. Néanmoins, ces programmes ont été conçus pour permettre aux agriculteurs de faire face aux divers défis qui peuvent survenir. Nous constatons que cela fonctionne. Compte tenu de notre situation, cette année, nous avons observé une augmentation importante du nombre d'inscriptions au programme Agri-stabilité. Nous pouvons constater que nos programmes fonctionnent.
Pouvons-nous faire mieux? Probablement. C'est toujours possible.
J'ai vraiment hâte de tenir cette discussion et d'échanger des idées. Nos équipes se mettent déjà au défi les unes les autres et tentent de faire des suggestions.
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Il est certain que j'entends mes agriculteurs affirmer qu'ils en sont en réalité à la case départ en ce qui concerne les effets des changements climatiques. Ils les observent tous les jours dans le cadre de leur travail. Alors, je pense qu'il est extrêmement important pour eux que nous examinions ces programmes dans le but de nous assurer que nous tenons compte de l'évolution constante de la situation.
Je veux rapidement porter quelque chose à votre attention. Il existe dans ma circonscription ce qu'on appelle le centre pour l'entrepreneuriat agroalimentaire de l'Ontario. M. et — je pense — son conseil municipal au complet sont venus nous voir l'été dernier, et nous avons eu une excellente visite. Ce centre était en réalité une création du milieu agricole. Les agriculteurs le considéraient comme quelque chose dont ils avaient besoin et qui n'existait pas.
Ce qu'ils font, c'est transformer de petits lots de fruits et de légumes, mais il y a tout un effet global lié au marketing, à la production, au soutien des entreprises et à ce genre de choses. Nous avons vu ces petits agriculteurs accéder non seulement aux marchés nationaux, mais aussi maintenant à des marchés internationaux.
Vous savez peut-être que nous sommes la plus grande région productrice de safran au pays. Qui l'aurait cru? Nous pensons que le safran vient d'outre-mer. Le safran produit dans ma circonscription se retrouve maintenant sur des marchés internationaux. Il est présent dans divers produits allant de la moutarde au vinaigre.
Pouvez-vous nous expliquer un peu en quoi ce partenariat avec le ministère de la Diversification du commerce international est une occasion non seulement pour les grands producteurs et transformateurs, mais aussi pour les marchés à créneau? Nous pourrions être en mesure d'en trouver auxquels nous n'aurions peut-être jamais pensé il y a cinq ans.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Madame la ministre, je vous remercie de votre présence.
Je suppose que l'un des premiers commentaires que je veux formuler est que, le 9 avril, a présenté au ministère une demande de renseignements au sujet de la crise du canola. La réponse que nous avons obtenue le 27 mai était ainsi libellée :
L'approche du gouvernement du Canada a été de défendre et d'appuyer notre industrie du canola de calibre mondial et nos agriculteurs. Notre objectif consiste à trouver une solution scientifique à un problème scientifique dans le cadre d'un système commercial fondé sur des règles.
Cette réponse était également suivie d'un commentaire entre parenthèses: « (can be said better) », soit « pourrait être mieux dit ». Ce commentaire figurait dans les versions française et anglaise que nous avons reçues.
Pendant un certain nombre de semaines, nous avons entendu dire que tout cela devait être un plan fondé sur des données scientifiques. Malheureusement, nous avons abandonné ce plan; ce n'est plus le point de discussion. Il s'agit davantage des considérations politiques qui s'y rattachent.
Si nous examinons cette situation, nous avons vu que l'Italie, l'Inde, l'Arabie saoudite, le Pérou et le Vietnam — tous ces pays — imposent des restrictions de marché injustifiées aux agriculteurs canadiens. Le gouvernement ne semble réagir à aucun de ces affronts. La Western Canadian Wheat Growers Association estime que la liste de pays que j'ai mentionnée représente plus de 4,2 milliards de dollars de ventes directes à l'exportation par année. Compte tenu de l'effet multiplicateur, il s'agit d'une perte potentielle d'environ 6,3 milliards de dollars pour notre économie.
Voyez-vous un lien entre cette situation et ce qui est arrivé en Chine? Si nous ne défendons pas vigoureusement nos intérêts auprès des autres pays qui ont dressé ces obstacles commerciaux non tarifaires, ne s'agit-il pas en partie de la raison pour laquelle la Chine nous regarde et se dit qu'elle peut continuer à agir ainsi sans obtenir de réaction? Croyez-vous personnellement que les arguments donnés par les Chinois sont le moindrement véridiques?
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D'accord. Je pense que les gens aimeraient le savoir.
L'autre chose que vous voudrez peut-être corriger, c'est que vous avez dit que les producteurs canadiens ont droit à 500 000 $ sans intérêt. Bien sûr, cela concerne uniquement la portion relative au canola. Vous n'avez pas à rectifier le tir; je pense qu'il s'agit peut-être simplement d'un lapsus.
Vous avez parlé de la politique alimentaire. Encore une fois, tout dépend des mots utilisés pour en parler. Lorsque les gens commencent à dire « Nous pouvons prendre certaines mesures au Canada pour nous assurer d'avoir un système alimentaire sûr et sécuritaire » malgré le fait que nous ayons le meilleur système au monde... Malheureusement, nous permettons à d'autres joueurs d'intervenir et de dire qu'ils prêteront un peu d'attention à ce qui se passe là.
En réalité, nous devrions nous lever et dire que nous avons le meilleur système au monde et que, en toute franchise, certains de ces commentaires sont fondés sur des arguments plutôt ridicules...
Nous avons mené une étude, entendu des témoins et discuté de l'analyse de la perception du public en ce qui concerne la nourriture. En ce qui a trait à l'étiquetage sur le devant de l'emballage, comme vous le savez ou l'avez probablement entendu... Que vous pensiez ou non que le yogourt est un aliment que nous devrions craindre, cela figurerait à l'étiquetage sur le devant de l'emballage.
Nous entendons également parler d'exemples où les OGM sont en cause. Lorsque vous avez une liste — comme l'a mentionné un de nos témoins — sur laquelle figurent des érables, du blé dur, de la sauce tomate Hunt, du sel de l'Himalaya, du thé, de la noix de coco et du bacon génétiquement modifiés, les commentaires formulés sont ridicules. Les gens disent d'écrire cette information sur l'étiquette. Cela ne fait qu'inquiéter les gens.
Lorsque vous parlez d'une politique alimentaire, je me demande si notre politique alimentaire ne devrait pas d'abord énoncer ce qui suit: « Voici ce qu'il y a de mieux; les sources externes qui formulent ces commentaires cherchent uniquement à protéger leurs propres investissements ». Elles ne cherchent pas à protéger les Canadiens.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame la ministre, je vous remercie des précisions que vous nous avez apportées concernant vos rencontres au G20.
Je pense qu'il est effectivement important d'entretenir des relations avec différents pays pour obtenir des résultats. Malheureusement, on n'a pas beaucoup de résultats jusqu'à présent. Il semble très difficile pour le Canada de régler des dossiers. On n'a trouvé aucune solution pour les dossiers que vous avez mentionnés et on n'a pas été capable de défendre les producteurs canadiens. C'est là le coeur du problème.
Du côté du gouvernement, il semble que l'on parle beaucoup, mais que l'on est incapable de régler quoi que ce soit, contrairement à ce à quoi s'attendent les gens. C'est pour cette raison que nous souhaitons que nos ministres se parlent pour concerter leurs interventions. Nous souhaitons que le premier ministre défende nos producteurs sur la scène internationale au lieu de laisser ses ministres se promener un peu partout et discuter. Nous voulons que les dossiers se règlent.
Madame la ministre, nous étudions plusieurs dossiers et j'aurais pu vous poser de très nombreuses autres questions. Si vous étiez prête à rester parmi nous encore une heure, je suis sûr qu'il n'y aurait pas de problème.
Je voudrais maintenant vous parler de la réglementation sur le transport des animaux, sur laquelle nous avons reçu beaucoup de commentaires. Les nouvelles règles doivent entrer en vigueur au début de l'année prochaine, mais votre propre ministère est en train de mener une étude qui ne sera pas complétée à temps. Pourquoi ne vous opposez-vous pas à l'entrée en vigueur de cette réglementation tant et aussi longtemps que les résultats de l'étude faite par votre propre ministère ne seront pas disponibles?
C'est une bonne chose qu'il y ait des représentants du ministère avec nous. Nous pourrons poser d'autres questions et peut-être nous pencher sur les différents aspects que nous n'avons pas eu la chance d'aborder avec la ministre.
Un rapport de Statistique Canada vient tout juste d'être publié il y a deux ou trois jours. Nous entendons souvent des commentaires élogieux quant à la façon dont les mesures prévues dans le rapport Barton vont faire en sorte que les exportations agroalimentaires atteignent 75 milliards de dollars et la formidable occasion que cela représente pour le secteur agricole. On investit toujours beaucoup d'argent dans l'agriculture, mais il ne va pas nécessairement à l'agriculteur. Il s'agit réellement de l'élément crucial, car, d'après le rapport publié par Statistique Canada, le revenu agricole net des producteurs agricoles a chuté de 45 % en 2018, après une baisse de 2,8 % en 2017. Il s'agit de la diminution de pourcentage la plus importante depuis 2006.
Ce chiffre tient compte des stocks, de l'établissement des prix et du volume, entre autres, mais l'un des principaux aspects est l'augmentation des coûts pour les agriculteurs. Il y a l'augmentation des coûts des aliments du bétail, des intérêts et des coûts de main-d'œuvre et l'entrée en vigueur des nouveaux règlements qui visent les petites entreprises. Nous observons également des changements en ce qui a trait à l'imposition. Bien sûr, il y a celui dont j'ai tendance à parler beaucoup, soit la taxe sur le carbone.
Les coûts connexes continuent de s'additionner. Les coûts augmentent pour les agriculteurs, et leur revenu diminue. On a parlé des changements climatiques. Les producteurs sont les premiers à reconnaître les changements climatiques, mais ce sont aussi les premiers à contester la taxe sur le carbone comme solution. Il nous faut de véritables solutions. La réaction instinctive que nous avons... Bien sûr, cette mesure a été prise lorsque nous pensions que les États-Unis allaient en quelque sorte prendre part à un certain régime nord-américain de tarification du carbone, de sorte que tous nos échanges à l'échelle mondiale auraient comporté une telle composante. Nous avons également vu des pays qui sont nos concurrents, comme l'Australie, dire qu'ils tenteraient le coup. Il ne leur a pas fallu grand temps pour apporter ce changement.
Les agriculteurs reconnaissent qu'il y a peut-être certaines bonnes idées quant à la façon dont ils pourraient prendre de l'expansion, mais ce ne sont pas eux qui tireront profit de ces idées, à moins que nous arrivions à trouver un moyen de tenir compte des coûts également.
Monsieur Forbes, peut-être pourriez-vous parler des aspects qui constituent des préoccupations pour votre ministère en ce qui a trait aux dépenses de nos producteurs agricoles.
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Je vais essayer de vous répondre. Merci de la question.
Je crois que vous avez bien décrit les chiffres des recettes nettes de l'an dernier. Elles découlent d'un éventail d'augmentations des coûts. Certains de ces coûts — les taux d'intérêts, évidemment, et le coût de la dette — ont augmenté un peu l'année dernière. Des programmes mis en œuvre par le crédit agricole et nous-mêmes appuient financièrement les gens qui cherchent à emprunter.
Pour ce qui est de certains des autres coûts, je dirais deux ou trois choses. Je commencerais par notre programme de recherche en général, qui consiste à trouver des façons, si vous voulez, d'être plus productifs et d'améliorer la productivité de nos cultures, en les rendant plus résistantes à la sécheresse et en les adaptant à certaines conditions climatiques changeantes afin que nous puissions maintenir la productivité et, dans de nombreux cas, réduire certains des coûts des intrants associés à la gestion d'une exploitation agricole.
Je pense à d'autres aspects comme nos programmes d'innovation qui élargiraient les pratiques agricoles novatrices, que ce soit les pratiques elles-mêmes ou l'équipement et les outils qui sont accessibles. Voilà certaines choses qui pourraient atténuer l'augmentation des coûts et améliorer la durabilité.
L'autre point que je vais aborder, c'est la main-d'œuvre, qui est évidemment importante — tant sur le plan de la disponibilité que celui des coûts. Vous avez mentionné cela, monsieur Dreeshen. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos collègues provinciaux et le secteur afin de mieux comprendre les conditions du marché de l'emploi et les mesures que nous pouvons prendre pour améliorer son accès; nous tâchons d'établir des prévisions sur la main-d'œuvre et la façon dont les programmes provinciaux et fédéraux peuvent fonctionner ensemble pour appuyer le secteur.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Forbes, il est bon de vous revoir, et bienvenue, madame Walker.
Comme vous le savez, monsieur Forbes, le comité de l'agriculture étudie l'épidémie de la peste porcine africaine. Pour utiliser une expression très populaire, cela pourrait être très, très grave. En Chine, selon la personne à qui on s'adresse, d'un tiers à la moitié des porcs ont été ou seront abattus. L'épidémie s'est propagée jusqu'au Vietnam. On s'en inquiète à Hong Kong. Il y a des cas isolés dans d'autres régions.
Nous étudions la question ici au Comité, et je crois que le ministère l'examine aussi et en discute avec des intervenants internationaux. Premièrement, sommes-nous prêts à faire face à cette épidémie? Que faisons-nous pour nous assurer qu'elle ne se propage pas au Canada? Deuxièmement, si elle survient ici — Dieu nous en protège —, quelle sera notre réaction?
:
Je veux maintenant passer rapidement au transport.
Pour le transport du bétail, la conformité s'élève à 99,6 %. C'est comme l'étiquetage sur le devant de l'emballage.
Docteur Komal, j'ai été surpris de vous entendre dire que, vu que nous sommes une nation exportatrice, nous devons nous assurer que nos normes de transport... Pourtant, nous allons apposer une étiquette sur le devant de l'emballage de nombre de coupes de bœuf et de porc et sur nos produits laitiers. Il me semble que, si nous sommes une nation exportatrice, nous envoyons ici un message contradictoire. À nos consommateurs au Canada, nous disons: « Faites attention, ce n'est pas bon pour la santé. » Mais nous allons envoyer des délégations partout dans le monde, avec nos équipes de libre-échange, pour dire: « Écoutez, nous avons la nourriture la plus sécuritaire au monde. Vous devriez l'acheter. »
Ne s'agit-il pas d'une contradiction du gouvernement sur le plan politique?
:
Passons maintenant à la suite.
[Français]
Nous allons adopter les crédits du Budget principal des dépenses de 2019-2020.
Conformément à l'article 81(4) du Règlement, le Comité disposera maintenant des crédits du budget principal des dépenses se terminant le 31 mars 2020, moins les crédits provisoires consentis par la Chambre le lundi 28 janvier.
[Traduction]
Y a-t-il consentement unanime des membres pour que l'on adopte tous ces crédits?
Des députés: Non.
Le président: Il n'y a pas de consentement unanime, alors nous allons devoir procéder crédit par crédit.
COMMISSION CANADIENNE DU LAIT
ç
Crédit 1—Dépenses de programme..........3 772 890 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
COMMISSION CANADIENNE DES GRAINS
ç
Crédit 1—Dépenses de programme..........4 846 955 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE ET DE L'AGROALIMENTAIRE
ç
Crédit 1—Dépenses de fonctionnement.......... 571 622 434 $
ç
Crédit 5—Dépenses en capital................. .........40 505 291 $
ç
Crédit 10—Subventions et contributions........... 418 975 000 $
ç
Crédit 15—La politique alimentaire pour le Canada...... 19 000 000 $
(Les crédits 1, 5, 10 et 15 sont adoptés avec dissidence.)
Le président: Dois-je faire rapport du budget principal à la Chambre?
Des députés: Oui.