Je m'appelle Steven Grenier et je suis le président de l’Association des camps du Québec.
C’est avec grand plaisir que je représenterai notre organisation devant le Comité cet après-midi.
Fondée en 1961 à l’initiative de directeurs de camps de vacances, l’Association des camps du Québec compte 346 membres OBNL, organisations municipales et privées, qui exploitent 691 sites et qui accueillent plus de 300 000 campeurs chaque année. Ensemble, nos membres génèrent des revenus annuels de plus de 100 millions de dollars.
Notre mission en tant qu’organisation est de « reconnaître et promouvoir la qualité et la valeur éducative de l’expérience CAMP au Québec », en regroupant les organismes offrant des programmes de camp de vacances, de camp de jour, de classe nature, de camp familial ou d'accueil de groupes, en vue de les soutenir, d’en faire la promotion et d’en assurer la qualité.
Grâce à la certification Association des camps du Québec, ou ACQ, nos membres se démarquent par la qualité et la sécurité de leurs services, une considération d’autant plus importante dans le contexte actuel.
En effet, le sceau « camp certifié » qui désigne l’ensemble de nos membres est gage de respect de plus de 70 normes établissant des exigences relatives à la sécurité, à l’encadrement, à la programmation, à l’environnement et à l’alimentation. Autrement dit, la certification ACQ est synonyme des plus hauts standards de qualité.
Toutefois, comme vous le savez, depuis l’éclosion de la pandémie de la COVID-19, notre industrie doit faire face à des défis financiers importants en plus de devoir manœuvrer dans un contexte de forte incertitude. Bien que nous comprenions que la crise actuelle touche l’ensemble des secteurs de l’économie canadienne, force est de reconnaître que certaines particularités de notre industrie nous rendent plus vulnérables aux enjeux posés par la COVID-19.
Je vous rappelle que les camps sont des entreprises saisonnières qui fonctionnent pour la plupart seulement durant les mois de juillet et d’août. Contrairement à la majorité des autres secteurs, les camps ne bénéficient que de huit semaines pour générer l’ensemble de leurs revenus pour l’année complète.
Cela dit, pour plusieurs camps, ces huit semaines cruciales d’activités se retrouvent en péril en raison de la pandémie. Dans une optique encore plus importante, les camps sont des organisations qui offrent un service visant à assurer l’épanouissement et le bien-être des campeurs dans un environnement sécuritaire.
Pour des raisons évidentes, la capacité des camps à offrir un tel service dans le contexte actuel est vraiment ébranlée. En effet, afin d’assurer la sécurité des enfants cet été et de respecter les consignes de santé publique, les camps devront mettre en place des mesures extraordinaires. Ces mesures engendreront inévitablement des frais de fonctionnement supplémentaires importants pour les gestionnaires de camps qui ont besoin de l’appui du gouvernement pour traverser la crise.
Cette réalité, combinée à la réduction du nombre de campeurs cet été dans les camps de jour comme il est prescrit dans les mesures de santé publique, entraînera assurément un manque à gagner pour les camps au Québec, comme ailleurs au Canada. Ces enjeux, aussi préoccupants soient-ils pour les gestionnaires des camps de jour, pâlissent cependant en comparaison des défis auxquels les camps de vacances du Québec doivent faire face.
En effet, n’ayant pas obtenu l’autorisation du gouvernement du Québec pour ouvrir leurs portes cet été par souci de sécurité, les camps de vacances seront privés de la quasi-totalité de leurs revenus pour l’année 2020. Or, ces entreprises continueront évidemment à devoir assumer une foule de frais fixes en dépit de la fermeture, par exemple, le loyer, l'électricité, l'entretien, les assurances, et bien plus. Cela les placera dans une situation financière intenable qui remettra en question leur capacité à ouvrir à l'été 2021. De plus, ces derniers devront trouver un moyen de rembourser les dépôts effectués par les parents pour inscrire leurs enfants, ce qui s'ajoutera au stress financier imposé aux camps de vacances.
Pour toutes ces raisons, il ne fait nul doute que, faute d’un soutien gouvernemental, un grand nombre de camps de vacances seront appelés à disparaître de façon permanente. La réalisation d’un tel scénario serait à nos yeux des plus tragiques, compte tenu du fait que les camps des vacances sont des institutions faisant partie intégrante de la culture canadienne, et ce, depuis plus d’un siècle.
Beaucoup plus que de simples lieux de séjour, les camps de vacances sont de véritables lieux d'épanouissement et de croissance qui permettent à nos enfants de vivre des expériences enrichissantes qui les marqueront pour le reste de leur vie. À notre avis, l'importance des camps de vacances dans la vie des jeunes Canadiens ne doit pas être sous-estimée. Cette importance nous a d'ailleurs été rappelée à maintes reprises par des centaines de parents et d'enfants, qui nous ont exprimé leur immense déception depuis l'annonce de la fermeture des camps de vacances cet été.
Donc, afin d'éviter que les camps de vacances ne deviennent une espèce en voie d'extinction au Canada et qu'une partie de nos patrimoines culturels ne disparaisse à jamais, nous réitérons notre pleine disposition à travailler en étroite collaboration avec le gouvernement pour trouver des solutions adaptées à la réalité des camps de vacances.
Avec l'aide du gouvernement du Canada, nous demeurons optimistes que les camps de vacances du Canada pourront un jour recommencer à faire ce qu'ils font de mieux depuis des décennies, soit offrir des expériences inédites à la jeunesse canadienne.
En mon nom et en celui de l'Association des camps du Québec, je vous remercie de cette occasion qui nous a été offerte de comparaître devant le Comité.
Nous vous remercions de l'attention que vous prêterez à notre message.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour, tout le monde.
Je m'appelle Benoît Fontaine. Je suis un producteur de poulet de Stanbridge Station, au Québec, et je suis le président des Producteurs de poulet du Canada. M. Michael Laliberté, directeur général, est présent avec moi aujourd'hui.
Notre secteur contribue à hauteur de 8 milliards de dollars au produit intérieur brut du Canada, soutient 101 900 emplois et verse 1,9 milliard de dollars en recettes fiscales. Les 2 877 producteurs de poulet canadiens sont fiers d'élever la protéine de viande numéro 1 au Canada, tant pendant les périodes favorables que pendant les périodes plus difficiles.
Les Producteurs de poulet du Canada ont été enchantés de prendre connaissance de l'annonce du gouvernement en soutien au secteur agricole et agroalimentaire. Cependant, nous devons souligner que ces mesures ne vont pas assez loin pour soutenir les producteurs de poulet. Afin de continuer à assurer la sécurité alimentaire, nos producteurs doivent bénéficier d'un soutien pour pouvoir composer avec le stress et la pression sans précédent qui découlent de cette pandémie.
Les conditions actuelles du marché sont sans précédent dans notre secteur. Les services alimentaires, qui représentent environ 40 % du marché, ont connu une baisse rapide des ventes presque du jour au lendemain. Quant au détail, bien que nous ayons observé une montée considérable des ventes causée par les achats de masse effectués par les consommateurs qui voulaient s'assurer des réserves, cette demande s'est stabilisée et la demande totale est maintenant inférieure aux volumes antérieurs.
La baisse rapide dans les services alimentaires a entraîné des surplus de production pendant une courte période. Heureuseusement, la flexibilité que nous donne la gestion de l'offre a permis à notre conseil d'administration de réagir rapidement et d'ajuster la production, en espérant ainsi éviter le pire des scénarios, à savoir un dépeuplement, l'euthanasie.
Le conseil d'administration a réduit l'allocation de 12,6 % pour la période de mai à juillet, et nous avons réajusté l'allocation pour la période de juillet à août en la réduisant de 9,75 %. Bien que nous ayons pu adapter la production, cet ajustement n'élimine pas entièrement le stress que nous, producteurs et transformateurs, vivons en ce moment. Les usines de transformation pourraient devoir réduire leurs volumes d'abattage en raison des exigences liées à l'éloignement physique, de l'absentéisme chez les employés ou de la fermeture complète d'usines.
Les transformateurs travaillent en étroite collaboration entre eux et avec les producteurs afin de rediriger les oiseaux lorsque cela est nécessaire. Ainsi, cette réduction de la production et la possibilité de la fermeture de certaines usines entraînent pour les producteurs un risque élevé de devoir procéder à un dépeuplement de leurs troupeaux.
Les producteurs ne prennent pas la question du dépeuplement à la légère. En plus d'avoir un effet sur l'approvisionnement alimentaire de la population canadienne, les dépeuplements entraînent la perte de troupeaux auxquels nous avons consacré temps, argent et énergie, ce qui amène aussi des pertes financières plus que considérables. Dans l'éventualité où les transformateurs ne disposent pas de la capacité nécessaire, les producteurs doivent travailler rapidement avec les transformateurs pour déterminer les prochaines étapes.
Pour le moment, nous n'avons pas reçu l'assurance du gouvernement que la valeur marchande des poulets serait couverte. Nous comprenons que le programme Agri-relance couvrira jusqu'à 90 % des coûts de dépeuplement. Cependant, cela ne couvre pas la valeur des troupeaux euthanasiés, le fardeau administratif pour les producteurs et les demandes de soutien aux gouvernements provinciaux afin qu'ils fournissent leur portion du financement de la gestion des risques de l'entreprise.
Pendant nos nombreuses conversations avec le gouvernement, nous avons rappelé qu'en vertu de la Loi sur la santé des animaux, le dépeuplement est couvert en cas de maladies. Nous sommes très conscients que la Loi a été précisément conçue pour ces cas, mais nous croyons que ce que nous vivons actuellement en ce qui a trait à la capacité de transformation, au dépeuplement et aux répercussions globales sur les exploitations cadre avec l'intention de la Loi et entraîne les mêmes répercussions pour les producteurs.
Nous sommes déçus du fait que le gouvernement n'a pas envisagé ce modèle pour soutenir le secteur du poulet dans l'éventualité où un dépeuplement serait nécessaire. Bien que les programmes de gestion des risques de l'entreprise soient conçus pour affronter les fluctuations de revenu afin de soutenir les producteurs en temps de besoin, ils ne seront pas applicables aux producteurs de poulet dans l'éventualité où des dépeuplements seraient nécessaires.
Les incertitudes découlant de la COVID-19 s'ajoutent au stress financier avec lequel les producteurs devaient déjà composer en raison de l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, ou PTPGP.
Comme vous le savez, nos producteurs ont perdu une portion considérable de leur marché intérieur et attendent depuis plus d'un an que le gouvernement annonce des programmes pour renforcer la durabilité et la compétitivité à long terme du secteur. Nous reconnaissons pleinement que le gouvernement a des priorités plus pressantes à l'heure actuelle. Toutefois, puisque le gouvernement n'a pas indiqué à quel moment le budget fédéral serait présenté, nos producteurs continuent d'attendre le soutien qui leur a été promis.
J'espère que cette présentation aidera les membres du Comité à comprendre que les mesures annoncées à ce jour ne permettront pas de gérer les répercussions financières que subiront les producteurs de poulet dans l'éventualité où des dépeuplements seraient nécessaires. De plus, nous continuons d'attendre patiemment les mesures de soutien promises dans le contexte du PTPGP, des mesures qui nous apporteront un certain degré de certitude alors que nous devons faire face à beaucoup d'incertitude.
Je vous remercie du soutien que vous continuez d'apporter à notre secteur, et j'espère que vous aborderez ces enjeux avec vos collègues du gouvernement. Les producteurs de poulet canadiens sont là pour les Canadiens et le seront toujours.
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président et membres du Comité.
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Merci beaucoup, monsieur le président. C'est un plaisir d'être ici.
Je remercie le Comité de nous fournir l'occasion de lui présenter notre point de vue aujourd'hui.
Je suis directeur général de Médecins Sans Frontières, ou Doctors Without Borders, et je suis accompagné de mon collègue, le Dr Jason Nickerson, conseiller aux affaires humanitaires.
Médecins Sans Frontières, ou MSF comme beaucoup nous connaissent, est une organisation humanitaire médicale internationale qui offre une aide médicale impartiale à la population de plus de 70 pays. Nous offrons des services de santé essentiels sur le terrain dans certains des environnements les plus complexes au monde, et les éclosions de maladies ne nous sont pas étrangères.
Nous sommes aujourd'hui confrontés à une crise sans précédent, créée directement et indirectement par la pandémie de COVID-19, qui touche tous les pays où MSF est présent. Nous observons des cas de COVID-19 dans divers contextes d'urgence préexistants, ce qui crée une combinaison dangereuse de risques pour la santé publique. Dans le camp de réfugiés de Cox's Bazar, au Bangladesh, où s'entassent près d'un million de réfugiés rohingyas, les conditions insalubres se prêtent parfaitement à la propagation de la COVID-19, dans un endroit où il est pratiquement impossible pour les gens d'exercer la distanciation physique et où l'accès à l'eau potable est un défi constant.
En République centrafricaine, des années de conflit ont provoqué le déplacement de millions de personnes qui dépendent de l'aide humanitaire. Les équipes de MSF sur le terrain sont parmi les seuls fournisseurs de soins de santé au pays, et le budget dont nous avons besoin pour fonctionner efficacement dépasse celui du ministère de la Santé de la RCA lui-même. Cela signifie qu'il y a bien peu de ressources pour fournir des soins médicaux pour les problèmes de santé quotidiens et qu'elles ne sont certainement pas suffisantes pour réagir à une pandémie.
La COVID-19 met à rude épreuve notre propre capacité d'intervention. Il est essentiel, particulièrement au cœur de cette pandémie, que le gouvernement canadien continue à soutenir et à financer l'action humanitaire. Ce financement permet aux organisations humanitaires de poursuivre leur travail existant en plus de répondre aux nouvelles pressions créées par la pandémie. Au Canada, nous pouvons compter sur un système de santé solide et stable, tandis que dans d'autres pays, les systèmes de santé peinent à répondre aux besoins quotidiens de la population. Par exemple, pas plus tard qu'hier, la République démocratique du Congo a confirmé une deuxième épidémie d'Ebola, ce qui signifie que le pays réagit actuellement à deux épidémies d'Ebola, à la plus grande épidémie de rougeole au monde et à la COVID-19, le tout dans un pays touché par un conflit armé depuis des décennies.
Pour répondre à la crise de la COVID-19 et aux besoins qu'elle crée au Bangladesh, au Congo et dans le monde entier, MSF a établi qu'il avait besoin d'un budget de 226 millions de dollars dans son fonds de crise pour la COVID-19. En outre, nous demandons au gouvernement canadien une contribution de 10 millions de dollars à ce fonds afin que nous puissions maintenir nos équipes sur le terrain pour répondre à cette crise sans précédent. La COVID-19 a déjà causé une intensification immédiate de nos activités mondiales, y compris dans des endroits où nous ne sommes normalement pas présents, comme au Canada même.
Notre prestation de soins médicaux ne dépend pas que du financement. Nous dépendons également de l'accès abordable aux nouveaux médicaments, vaccins et tests de diagnostic et de l'innovation dans ce domaine. Ces avancées sont essentielles pour la santé et le bien-être d'innombrables personnes dans le monde, comme au Canada. Toutefois, le système mondial de recherche et de développement n'est pas conçu pour accorder la priorité à l'accès abordable, surtout en dehors des pays riches. L'accès aux médicaments essentiels pour sauver des vies n'est pas équitable, ce qui est inacceptable.
À un moment où le Canada dépense plus d'un milliard de dollars de fonds publics pour concevoir des technologies afin de lutter contre la COVID-19 — un investissement très bienvenu —, il est essentiel qu'il exige un juste retour sur l'investissement en incluant des exigences particulières dans les accords de financement conclus avec des sociétés pharmaceutiques ou des universités, par exemple, qui reçoivent des fonds publics canadiens, afin que les technologies de santé qui en ressortiront soient accessibles et abordables dans le monde entier, y compris pour les Canadiens. Pour l'instant, à notre connaissance, les accords de financement ne contiennent rien de tel. Il serait tragique et contraire à l'éthique qu'un vaccin destiné à prévenir la COVID-19 ou un médicament pour la traiter soit mis au point grâce à des fonds publics canadiens, pour ensuite être vendu hors de prix. Nous risquons de priver des milliards de personnes de l'accès à ces produits d'innovation pouvant sauver des vies si nous n'intervenons pas à ce chapitre dès maintenant.
J'exhorte le Comité à exiger que la contribution financière essentielle du Canada à la R-D sur la COVID-19 s'accompagne de garanties de sécurité, pour que les vaccins et les traitements contre la COVID-19 mis au point grâce aux fonds publics canadiens soient abordables et accessibles pour toute personne en ayant besoin. Le financement public doit générer le bien public.
La pandémie mondiale ne se terminera pas ici tant qu'elle ne sera pas finie partout. C'est le moment de faire preuve de solidarité mondiale et de choisir intelligemment nos investissements publics pour que tout le monde, partout, ait accès aux soins médicaux dont il a besoin.
Nous avons hâte de répondre à vos questions. Le greffier du Comité a nos coordonnées aussi, et nous pourrons répondre à tous les députés qui communiqueront directement avec moi ou avec Jason Nickerson.
Merci beaucoup.
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Je vous remercie infiniment d'avoir invité les AMIS de la radiodiffusion à comparaître aujourd'hui. Il y a beaucoup de raisons valables pour lesquelles nous voulons réclamer votre appui, et je suis ici pour vous parler de celles les plus liées aux événements qui mènent le Canada à porter attention aux difficultés que vivent ses diverses industries.
La semaine dernière, des investisseurs rattachés au réseau Postmedia ont acquis Torstar, jadis un poids lourd hautement lucratif dans le domaine journalistique, pour la modique somme de 51 millions de dollars. Cette acquisition prépare le terrain pour la mise en place d’un duopole dans le milieu de la presse écrite canadienne.
Mais aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un autre duopole, celui que forment Google et Facebook et qui est en train d’anéantir peu à peu le journalisme canadien. Devant la menace que représentent ces deux géants médiatiques, notre souci n’est pas de savoir s’il y aura suffisamment d’organes de presse canadiens, mais bien s’il y en aura tout court.
En 2019, la publicité numérique représentait un marché de 7,7 milliards de dollars au Canada. Google et Facebook se sont emparés de près de 85 % de ce montant. Et le reste? La COVID-19 a amputé de plus de la moitié ce qui restait de la part canadienne. Depuis la mi-mars, plus de 2000 postes dans le secteur médiatique ont été supprimés, ce qui porte le total d’emplois perdus à près de 20 000 au cours de la dernière décennie. Plus de 300 organes de presse ont mis la clé sous la porte pour de bon. Des centaines d’autres ont dû réduire leurs effectifs et sabrer leurs services.
Il n’y a rien de naturel ni d'inéluctable dans une telle dynamique de marché. Elle est la résultante de décisions politiques prises au cours des 15 dernières années.
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Il est possible que quelqu'un ait oublié d'éteindre son micro.
Au cours des dernières années, le Parlement a chaudement débattu des manières convenables de soutenir le journalisme canadien. Plusieurs d’entre vous craignent, avec raison, que des subventions gouvernementales mettent en péril l’image d’impartialité qui doit caractériser les salles de rédaction. Mais il y a d’autres avenues. Aujourd’hui, j’aimerais vous en présenter une qui ne coûterait pas un sou.
Selon Abacus Data, Facebook est la principale source d’actualités pour les Canadiens, et c’est d’ailleurs la raison première pour laquelle les Canadiens se tournent vers Facebook. Or Facebook ne produit pas d’informations. On ne compte aucun journaliste parmi ses salariés. Facebook parasite plutôt le travail et le talent qu’investissent les salles de rédaction canadiennes dans la production de leurs contenus en s’en emparant sans demander de permission ni offrir de compensation, et en les revendant à fort rabais. Certains diraient que c’est du vol. À tout le moins, il s’agit d’une pratique injuste qui perturbe irrémédiablement le marché.
À votre connaissance, y a-t-il une autre industrie où une ou deux entreprises sont libres de piller la production de leurs concurrents, sans payer ni même demander la permission, puis la revendre à une fraction du prix? Moi, je n’en connais pas d’autres. Pourtant, c’est précisément ce que fait Facebook des millions de fois par jour.
Aujourd’hui, les AMIS lancent une campagne publicitaire à l’échelle nationale, intitulée RECHERCHÉ, qui s'appuie sur l'affiche que vous voyez derrière moi. Notre objectif est de sensibiliser les Canadiens aux pratiques abusives de Facebook en matière d’appropriation d’actualités et de mobiliser leur appui à un encadrement réglementaire raisonnable qui exigerait que de telles plateformes rémunèrent les salles de rédaction canadiennes pour la réutilisation de leurs contenus, tout comme les stations de radio paient des redevances pour la musique qu’elles diffusent.
Je vous invite à consulter les sites newsthief.ca ou ilnousvole.ca pour de plus amples renseignements.
En avril dernier, l’Australie est devenue le dernier pays à mettre en place de telles mesures, et le Canada devrait en faire autant.
Soyons clairs: les Canadiennes et les Canadiens reconnaissent la valeur des nouvelles nationales et en consomment copieusement. Si les profits ont chuté, le nombre de lecteurs est demeuré élevé, et croît maintenant de plus belle en raison de la COVID-19. Les Canadiens comprennent que le point de vue de mononcle Robert ne pourra jamais remplacer le journalisme rigoureux, tout comme les analyses à bâtons rompus de mononcle Robert ne peuvent pas se substituer à des délibérations parlementaires informées et réfléchies.
Notre soif de nouvelles n’a pas disparu. Mais ce ne sont plus les mêmes qui en tirent profit. Autrefois, les gains revenaient à ceux qui créaient de la valeur. Aujourd’hui, les fruits de leur labeur sont saisis par des intermédiaires parasites qui ne créent rien. Si, comme moi, vous croyez au libre marché, cette situation devrait vous alarmer beaucoup.
À mon sens, aucune entreprise ne mérite moins d’avantages concurrentiels aussi généreux et artificiels que Facebook. Un récent sondage Léger a démontré que 53 % des Canadiens adhèrent au moins à une théorie du complot fortement relayée sur Facebook et liée à la COVID-19. Il ne s’agit pas d’un hasard. Facebook a récemment été démasquée dans son soutien actif aux publicitaires qui souhaitaient cibler les adeptes de la pseudoscience afin que les personnes les plus vulnérables aux mensonges qui circulent au sujet de la COVID-19 y soient facilement exposées. Cette pratique est plus qu’immorale. Elle sape les efforts sans précédent — et plus dispendieux que jamais — que déploie actuellement le Canada en matière de santé publique. Récemment, la réaction de Facebook à la brutalité policière et aux manifestations contre cette brutalité a poussé des employés touchant 300 000 $ de salaire à claquer la porte de Facebook parce qu'ils ne peuvent plus digérer une telle attitude.
Ce qui se déroule ici est important. Votre travail est important. La politique provinciale est importante. Les nouvelles locales sont importantes. C’est seulement grâce aux médias que nous parvenons à maintenir une identité nationale commune malgré les distances qui nous séparent. C’est seulement grâce à l’accès aux nouvelles que nous prenons part tous ensemble à une démocratie unifiée.
L’approche australienne est digne d’une nation souveraine qui a confiance en elle-même. Le temps est venu pour le Canada de démontrer que nous sommes de cette trempe.
Nous ne sortirons pas de la crise médiatique grâce à un geste unique, mais exiger que Google et Facebook paient pour les nouvelles dont ils se servent pour s’enrichir serait un pas dans la bonne direction. Ce pas, vous pouvez le franchir en acheminant des fonds vers les médias canadiens sans dépenser un sou. Je vous incite à adopter cette politique au plus vite, et je serai ravi de répondre à vos questions sur la meilleure démarche à entreprendre.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur le président, de me permettre de m'adresser au comité des finances aujourd'hui.
Je représente Precision Drilling, une fière entreprise canadienne de forage et d'entretien de puits de pétrole et de gaz.
Je pense que l'industrie canadienne du forage pétrolier et gazier classique et in situ est une victime involontaire dela campagne internationale contre l'exploitation des sables bitumineux. Notre industrie est par conséquent confrontée à un ralentissement profond et lourd de conséquences, depuis des années, et nous risquons maintenant l'effondrement total étant donné les effets économiques de la COVID-19 qui accentuent ce ralentissement et la récente guerre des prix du pétrole.
L'industrie du forage est une activité de service à forte intensité de main-d'œuvre qui crée des emplois pour des centaines de milliers de Canadiens dans toutes les provinces et tous les territoires du pays.
Je suis né et j'ai grandi en Alberta, je fais partie de la troisième génération de travailleurs du secteur pétrolier et gazier et je suis l'un des centaines de milliers de travailleurs potentiels du secteur. Il ne doit faire aucun doute que le pétrole et le gaz classiques du Canada sont peut-être les plus propres, les plus efficaces et sans aucun doute, la source d'hydrocarbures la plus socialement responsable au monde.
Le Canada est considéré comme un modèle d'excellence opérationnelle et environnementale. Par conséquent, les travailleurs canadiens du secteur sont recherchés dans le monde entier pour leurs compétences dans des rôles de direction, d'ingénierie, de réglementation et d'exploitation.
Pendant mes 38 années de carrière, j'ai travaillé dans des champs pétroliers et gaziers partout dans le monde, en Arabie saoudite comme au Koweït, en Norvège, en Russie, en Colombie et bien sûr, aux États-Unis.
L'excellence canadienne est attribuable en grande partie à une combinaison vraiment unique de cadres réglementaires fédéraux et provinciaux complets, à nos conditions hivernales rigoureuses, à l'esprit d'entreprise canadien et surtout, à notre profonde conscience sociale et environnementale.
Le secteur pétrolier et gazier canadien se démarque dans le monde grâce à ses procédés de forage novateurs, à la réduction de son empreinte environnementale, à la réduction des émissions de GES, à une efficacité opérationnelle exceptionnelle qui va de pair avec des droits socialement très avancés pour les travailleurs et à la création de partenariats fructueux avec les Premières Nations, ce qui s'accompagne d'investissements sociaux dans les collectivités où nous sommes présents.
Si les caractéristiques macroéconomiques de l'offre et de la demande déterminent les prix des matières premières et influencent fortement la capacité de notre industrie à fonctionner, plusieurs défis propres au Canada se sont manifestés au cours des dernières années et menacent la durabilité de notre industrie.
Comme je l'ai mentionné au début, l'industrie canadienne du pétrole et du gaz classiques subit les dommages collatéraux d'une véritable guerre contre l'exploitation des sables bitumineux. La rhétorique anti-pipeline et anti-sables bitumineux, qui vise à limiter les investissements dans les sables bitumineux, a décimé l'industrie pétrolière et gazière classique. De plus, diverses ONG nationales et internationales, et même certains dirigeants politiques canadiens démonisent l'industrie pétrolière et gazière dans son ensemble. Ainsi, le gaz naturel, un excellent combustible à faibles émissions pour remplacer le charbon de manière propre, est devenu une cible. Les gazoducs et les exportations de gaz sont également devenus une cible, ce qui est incompréhensible.
La grande répercussion en est la baisse rapide et importante des investissements étrangers dans le secteur des ressources naturelles canadiennes. En fait, beaucoup d'investisseurs considèrent désormais que le risque politique a beaucoup augmenté au Canada, ce qui les pousse à déplacer leurs capitaux vers d'autres pays. Un Canada où il n'est pas possible d'investir est un problème économique pour l'ensemble des Canadiens.
Pour Precision, cela signifie que nous n'employons plus que moins de 800 Canadiens, alors qu'en 2014, nous en employions plus de 4 000. La majorité de nos 600 postes administratifs a migré vers Houston, et notre équipe de direction, dont je fais partie, est maintenant domiciliée à Houston, où les perspectives à long terme restent solides.
En tant que Canadien, je ne pourrais être plus déçu de la destruction des possibilités d'une bonne exploitation responsable des ressources énergétiques du Canada et plus spécialement, des emplois. Les Canadiens ont reçu le don d'une excellente géologie, d'une conscience sociale et environnementale forte et noble et surtout, d'une main-d'œuvre dévouée et productive. Il est de notre devoir, en tant que dirigeants, de continuer de montrer au monde entier que le Canada est le modèle par excellence pour l'exploitation du pétrole et du gaz classiques.
Récemment, les gens de la Canadian Association of Oilwell Drilling Contractors ont écrit au ministre des Finances, afin de demander au gouvernement fédéral d'appuyer notre industrie assiégée. Le programme de remise en état des puits orphelins, financé par le gouvernement fédéral, est un bon début, mais je crains que l'industrie n'ait besoin de beaucoup plus.
Toujours récemment, la Canadian Association of Oilwell Drilling Contractors a soumis à la province de l'Alberta une idée de programme d'aide financière. Ce programme serait destiné à encourager les foreurs à accélérer leurs investissements dans la sécurité, le renouvellement de la certification et l'entretien de notre équipement de forage. Ces investissements créeraient immédiatement des emplois dans l'industrie en plus de placer les foreurs en position de réagir de manière sûre et efficace en vue d'une éventuelle reprise des activités. Tout comme le programme d'abandon des puits, il pourrait s'agir d'un programme conjoint fédéral-provincial, et je vous encourage à l'envisager.
J'ai la ferme conviction que le gouvernement fédéral doit encourager tous les types d'investissements dans l'exploitation classique du pétrole et du gaz naturel et ne doit pas tolérer que notre industrie soit ainsi détruite en étant la victime collatérale d'un mouvement d'opposition aux sables bitumineux qui s'appuie sur des informations erronées.
Le Canada a besoin de son industrie pétrolière et gazière. Il a aussi besoin que cette industrie soit en santé alors que nous amorçons une reprise économique qui nous demandera beaucoup de résilience à la sortie de cette pandémie. Il est possible de trouver un juste équilibre entre la relance de notre économie et l'atteinte de nos objectifs environnementaux. Les entreprises de forage pétrolier et gazier du Canada sont en excellente posture pour apporter leur contribution à cette reprise en offrant des emplois de qualité, de grandes compétences techniques et une saine gérance de l'environnement. L'apport de notre industrie est tout ce qu'il y a de plus positif.
Merci pour le temps que vous me consacrez aujourd'hui. Je serai ravi de répondre à vos questions.
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Bonjour et merci beaucoup, monsieur le président.
Comme vous venez de l'indiquer, je m'appelle Michael Wood et je suis associé au sein de l'entreprise Ottawa Special Events.
Je tiens à remercier le Comité permanent des finances de me permettre de lui faire part de mes préoccupations et de mes recommandations au nom des petites entreprises de tout le Canada. Je veux aussi remercier M. Pierre Poilievre qui a proposé mon nom comme témoin, ce qui me permet de comparaître devant le Comité aujourd'hui, et M. Sean Fraser pour avoir tenu une table ronde réunissant les petites entreprises d'Ottawa il y a environ un mois. Merci à tous les deux.
Je tiens par ailleurs à remercier le gouvernement du Canada pour les programmes qu'il a mis en place jusqu'à maintenant afin d'appuyer les petites entreprises. Il y a malheureusement des lacunes qui n'ont toujours pas été comblées.
Ottawa Special Events est une petite entreprise qui loue de l'équipement pour les festivals, les conférences et à peu près toutes les formes de rassemblements publics pouvant être organisés par des particuliers ou n'importe quel ordre de gouvernement. Comme bien d'autres petites entreprises, nous avons été totalement dévastés par la crise de la COVID-19. Du jour au lendemain, nous sommes devenus une entreprise sans aucun revenu. Nos dépenses continuent pourtant de s'accumuler. Nous avons essayé de limiter nos coûts. Nous avons mis à pied une vingtaine d'employés, soit la totalité de notre effectif. Nous avons négocié avec nos fournisseurs pour tenter d'obtenir des dispenses et des reports de paiement. Malgré tous ces efforts, nos charges financières, aussi bien organisationnelles que personnelles, sont énormes et continuent de croître.
Notre entreprise n'en est qu'une parmi des milliers d'autres qui se retrouvent au bord d'un gouffre financier en conséquence directe de la COVID-19. Il y a plusieurs situations critiques qui exigent une intervention de toute urgence de la part du gouvernement du Canada et des provinces.
La première situation critique est liée aux garanties personnelles. De nombreuses entreprises risquent de devoir fermer leurs portes et déclarer faillite en raison des répercussions de la COVID-19. Les exploitants des petites entreprises ne sont nullement responsables de ces fermetures et de ces faillites, mais on leur impose pourtant d'en faire les frais. Les prêteurs vont demander le remboursement des prêts consentis avant la pandémie et exigeront que les garanties personnelles soient respectées. Il en résultera non seulement la faillite des entreprises, mais aussi celle de leurs propriétaires qui ont donné de telles garanties.
Nous avons besoin d'un plan d'action pour faire en sorte que les propriétaires de petites entreprises ne perdent pas leur gagne-pain et parfois leurs biens personnels du même coup. Nous avons besoin de mesures réglementaires ou législatives empêchant les institutions prêteuses de recouvrer des sommes en faisant valoir les garanties personnelles données.
En outre, le prêt de 40 000 $ avec une portion non remboursable de 10 000 $ est nettement insuffisant pour les petites entreprises. Nous avons besoin de nouvelles subventions. Il nous faut une aide financière directe. Le gouvernement fédéral doit nous donner un coup de pouce pour que nous puissions traverser cette crise. La solution ne réside pas dans des prêts additionnels. Je sais que vous avez déjà entendu des arguments en ce sens. Nous ne pouvons tout simplement pas nous endetter davantage. Un programme universel de la sorte ne peut pas convenir à tout le monde. Certaines entreprises peuvent survivre pendant des mois avec 40 000 $, alors que d'autres ne feront même pas trois semaines.
Mes questions sont donc les suivantes. Faut-il s'attendre à un soutien financier supplémentaire? Pendant combien de temps pensiez-vous que nous pourrions survivre avec un prêt de 40 000 $? Était-ce un mois, trois mois ou six mois? Nous voulons simplement le savoir.
Vous connaissez très bien la seconde situation critique dont je veux vous parler, car elle découle du programme d'aide pour le loyer commercial. De nombreux propriétaires de petites entreprises ne peuvent pas bénéficier de ce programme. Les propriétaires d'immeubles ne sont pas obligés d'y participer. C'est ce qu'a dit le . C'est ce qu'a dit également le premier ministre Ford. De fait, vous constaterez en discutant avec vos commettants que ce sont les grands propriétaires canadiens qui sont le moins susceptibles d'y participer. Les locataires qui devraient en bénéficier ne peuvent pas présenter une demande; ils sont totalement à la merci de leur propriétaire à ce chapitre.
Le programme a suscité une grande animosité entre certains propriétaires et locataires, alors même qu'ils auraient dû consacrer leur énergie à la recherche d'une solution. Permettre aux locataires de présenter directement une demande en serait une. On pourrait sinon obliger les propriétaires à présenter une demande s'ils ont des locataires qui ont besoin d'aide pour payer leur loyer.
Même si je sais que cela relève de la compétence des provinces, il faut également instaurer sans tarder des mesures interdisant l'éviction des locataires commerciaux.
De plus, le programme d'aide pour le loyer commercial n'est en vigueur que jusqu'à la fin juin. Le processus de demande vient tout juste d'être lancé et aucune somme n'a encore été versée. Il est clair que ce programme doit être prolongé de plusieurs mois, soit jusqu'à ce que toutes les restrictions imposées aux entreprises soient levées.
Voici maintenant la troisième situation critique dont je souhaite traiter. Qu'adviendra-t-il après notre quatrième demande pour obtenir la Prestation canadienne d'urgence si nos entreprises sont encore fermées en raison des directives gouvernementales? Il ne nous est pas possible de cotiser à l'assurance-emploi. Comment pensez-vous que nous allons pouvoir payer nos dépenses de base et subvenir aux besoins de nos familles?
J'aimerais bien savoir si le gouvernement compte prolonger les paiements dans le cadre de la Prestation canadienne d'urgence?
Enfin, la quatrième situation critique est celle de la domination des grandes chaînes. Comme vous le savez, les petites entreprises sont la pierre angulaire de l'économie canadienne depuis des années. Comment est-il possible que l'on permette à de grands magasins comme Walmart de demeurer entièrement ouverts pour vendre les mêmes produits qu'offrent habituellement les petites entreprises qui ont dû fermer boutique? Pourquoi n'a-t-on pas interdit l'accès aux sections autres que celles des produits alimentaires et pharmaceutiques? C'est totalement injuste.
Bien que certaines entreprises ayant pignon sur rue puissent maintenant offrir un accès limité à leur clientèle, une telle iniquité est totalement inacceptable et ne devrait jamais plus être autorisée.
Je vais conclure ainsi mon exposé. Même si je comprends bien que tout incendie finit par s'éteindre de lui-même, je me demande comment nous sommes censés survivre jusque là.
Merci beaucoup pour le temps que vous me consacrez aujourd'hui.
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Merci, monsieur Easter.
Bonjour à tous et merci de me donner l'occasion de présenter mes observations quant aux effets de la pandémie sur l'Université Western et sur l'ensemble du milieu universitaire.
Je tiens à remercier le gouvernement du Canada pour le leadership dont il a fait montre en réponse à la pandémie. Je veux aussi exprimer ma reconnaissance envers les membres de notre communauté pour les efforts extraordinaires qu'ils ont déployés.
L'aide financière accordée aux étudiants de niveau postsecondaire n'a absolument rien à envier à ce qui s'est fait ailleurs dans le monde, et les nouveaux fonds octroyés aident les chercheurs canadiens à contribuer aux efforts consentis à l'échelle internationale. À l'Université Western, ce soutien a pu être bonifié grâce à notre propre fonds de secours pour les étudiants de 2,6 millions de dollars, cette somme provenant en partie de dons de nos anciens étudiants, de nos enseignants et de nos employés. Nous avons ainsi pu venir en aide à plus de 3 400 étudiants de notre université qui avaient besoin d'un soutien immédiat — un nombre qui n'est pas sans nous surprendre.
Au début mars, les Instituts de recherche en santé du Canada ont investi de nouveaux fonds dans une intervention de recherche rapide contre la COVID-19. Deux des équipes pancanadiennes ainsi formées sont dirigées par des membres du corps professoral de l'Université Western. À la fin mars, des fonds fédéraux d'un million de dollars ont été octroyés à des chercheurs en vaccinologie de l'École de médecine et de dentisterie Schulich qui utilisent ainsi à très bon escient notre nouveau laboratoire de niveau 3 pour les risques biologiques.
En avril, le gouvernement a lancé CanCOVID, un réseau de professionnels de la santé, de chercheurs universitaires et de décideurs qui conjuguent leurs efforts pour lutter contre la pandémie. Des membres du corps professoral de l'Université Western jouent un rôle de premier plan dans cet exercice. Notre université a investi par ailleurs un million de dollars pour appuyer différents projets interdisciplinaires de recherche liés à la COVID qui sont réalisés sur notre campus.
Parallèlement à tous ces projets de recherche, l'Université Western a aussi fait don d'une quantité considérable d’équipements de protection individuelle aux hôpitaux locaux. Nous avons hébergé gratuitement des travailleurs de la santé de première ligne en plus de concevoir, fabriquer et donner des visières de protection pour le personnel hospitalier. Et je pourrais vous citer d'autres exemples.
En prévision de septembre et des mois qui suivront, nous mettons les bouchées doubles pour veiller à ce que nos étudiants aient accès à l'environnement d'apprentissage de grande qualité, catalyseur de leur évolution, qui correspond à leurs attentes et à celles de leurs familles. Nous prenons différentes mesures en ce sens. Nous avons embauché de nouveaux concepteurs pédagogiques au niveau du doctorat qui vont nous aider à moduler notre offre de cours. Nous avons engagé 250 de nos étudiants les plus avancés qui vont contribuer à la transformation des cours en personne en expériences d'apprentissage virtuel. Nous avons créé des modules gratuits en ligne pour aider les étudiants de première année à rattraper leurs retards scolaires pendant l'été et à commencer ainsi à tisser leur réseau social. Il est aussi important de noter que nous avons augmenté de près de 45 % nos bourses pour les étudiants de premier cycle qui totalisent maintenant 44 millions de dollars. Notre soutien financier aux étudiants des cycles supérieurs sera pour sa part porté à 60 millions de dollars l'an prochain.
Je dirais que nous n'avons pas été vraiment surpris de voir des coûts additionnels s'ajouter au budget de fonctionnement de l'université, mais la situation n'en est pas moins difficile du fait que ces coûts supplémentaires se calculent déjà en dizaines de millions de dollars et continuent de s'accumuler. Il y a bien évidemment les nouvelles sommes que nous devons engager par exemple pour offrir en ligne des milliers de cours à nos étudiants de premier cycle. Il y a toutefois d'autres pertes qui sont moins évidentes, comme un manque à gagner considérable au titre de nos revenus connexes et la diminution anticipée des partenariats de recherche avec le secteur privé du fait que celui-ci va s'occuper lui-même de ces projets. Il y a bien sûr aussi les coûts les plus importants, les coûts humains pour nous tous, que l'on ne peut pas vraiment chiffrer.
Pour autant que les directives de la santé publique le permettent, nous comptons offrir pendant le trimestre d'automne entre 25 et 30 % de nos cours en personne. Les autres seront donnés presque entièrement en ligne. Si le gouvernement l'autorise, notre campus sera ouvert.
Jusqu'à maintenant, les taux d'inscription se maintiennent, mais comme les effets de la pandémie continuent de se faire sentir, ce n'est qu'à l'automne que nous saurons vraiment à quoi nous en tenir quant au nombre d'étudiants inscrits. Toutes les universités canadiennes se retrouvent dans le même bateau. Il va de soi que l'incertitude est encore plus marquée pour ce qui est des étudiants étrangers. Ceux-ci comptent pour un peu moins de 15 % de la population étudiante à l'Université Western. Nous ne savons pas à quoi ressemblera notre monde après la pandémie, avec toutes les choses bizarres qui arrivent et la nouvelle conjoncture géopolitique qui se dessine, mais il est plausible d'imaginer que le Canada puisse devenir encore davantage un symbole d'espoir et de possibilités pour les talents internationaux.
Parallèlement aux efforts déployés pour sortir de la pandémie, l'Université de Western compte bien s'attaquer aux autres défis planétaires ayant une incidence sur les Canadiens, celui des changements climatiques venant tout de suite à l'esprit. Nous serions ainsi vivement favorables à un programme national d'infrastructures visant à relever ces grands défis mondiaux en sachant que des investissements semblables contribueraient à stimuler l'économie ici même dans le sud-ouest ontarien. À titre d'exemple, le projet réalisé dans le cadre du Fonds d'investissement stratégique a remporté un succès retentissant. Il a permis la construction de deux installations de recherche et d'innovation reconnues à l'échelle nationale, ce qui consolide d'autant notre capacité en la matière.
Nous sommes vraiment reconnaissants envers le gouvernement du Canada pour les investissements considérables qu'il a déjà consentis. Nous sommes aussi bien conscients que nos efforts pour mettre en valeur les missions académiques des grandes universités canadiennes entraîneront également des coûts supplémentaires importants. Nos missions sont établies sur des bases solides et sont essentielles au mieux-être des étudiants et des collectivités que nous servons, mais elles sont également cruciales pour la santé et l'avenir du Canada lui-même.
Un grand merci de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant vous.
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Vous avez mis le doigt sur la question qui nous hante essentiellement depuis que la COVID-19 est devenue réalité il y a trois mois et qu'elle est apparue dans notre ligne de mire.
Il n'y a pas de bonne réponse à cette question. Comme vous l'avez dit, nous avons vu, dans le monde entier, des systèmes de soins de santé — en particulier dans les quelque 70 pays où Médecins Sans frontières mène ses activités — qui n'étaient pas en mesure de répondre à la demande avant la pandémie. Si vous ajoutez à cela la COVID-19, la situation pourrait devenir catastrophique.
C'est seulement au cours des dernières semaines que nous avons commencé à observer des cas dans les camps de réfugiés rohingyas, à Cox's Bazar, par exemple. Nous observons une véritable augmentation des cas en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, au Soudan du Sud et dans certains des contextes où les systèmes de soins de santé sont à leur point le plus faible.
Notre organisme, en collaboration avec d'autres intervenants d'urgence, offre une sorte de trousse de soutien et de préparations d'urgence aux systèmes de santé. Par exemple, on explique au personnel comment prendre des mesures de prévention et de contrôle des infections, mettre en place l'infrastructure nécessaire et utiliser l'équipement de protection individuelle. Nous essayons vraiment de travailler en étroite collaboration avec les travailleurs et les intervenants des systèmes de santé pour mettre tout cela en œuvre.
Nous ne savons pas à quel point ce problème va s'aggraver. Nous ne savons pas à quoi ressemblera la courbe que vous venez de décrire, et nous ne savons pas s'il y aura une augmentation subite des cas ou s'il faudra faire face à un défi à plus long terme à cet égard.
Vous aimeriez savoir ce que le gouvernement peut faire à ce sujet. Pour simplifier les choses, ma réponse se divise en deux étapes. La première consiste à s'assurer qu'il y a, dès maintenant, un financement et un soutien pour la réponse d'urgence. Il faut faire les préparatifs nécessaires. Il faut envoyer l'équipement de protection individuelle aux endroits appropriés. Il faut former et soutenir les travailleurs des premières lignes, ici et maintenant. Deuxièmement, il faut suppléer et appuyer ce travail par les efforts durables et davantage axés sur le développement qui sont également déployés par le gouvernement canadien.
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Nous pourrions en parler pendant des heures. Étant donné le temps imparti, je vais diviser ma réponse en deux volets, c'est-à-dire le public et le privé.
Pour le privé, le gouvernement peut prendre des mesures pour veiller à ce que les personnes qui produisent le contenu soient rémunérées. C'est la nature de notre campagne « RECHERCHÉ », que j'ai annoncée plus tôt. Nous lançons cette campagne aujourd'hui. Elle attire l'attention sur le fait que les très grandes plateformes font des milliards de dollars, mais que les personnes qui produisent le contenu ne font pas un sou.
Une personne qui n'est pas rémunérée pendant un certain temps finit par cesser ses activités, et comme vous l'avez dit, personne ne prendra sa place. En passant, cela ne se produit pas seulement dans les petites villes et les villages. Nous parlons, dans certains cas, d'assemblées législatives provinciales, et c'est donc un problème grave où toutes sortes de manigances peuvent passer inaperçues.
Le deuxième volet est d'ordre public. Nous avons un radiodiffuseur public au Canada, c'est-à-dire un radiodiffuseur national. De plus, certaines provinces ont des radiodiffuseurs publics et des médias de service public en général. Si le marché s'écroule et que le gouvernement ne veut pas prendre de mesures pour uniformiser le milieu de la concurrence, il ne peut pas y avoir d'intervention publique. Tout comme nous pensons que les personnes qui ne peuvent pas se payer des soins de santé ne veulent pas être malades, la loi de l'offre et de la demande affirme que si une personne se casse la jambe et qu'elle ne peut pas payer les soins, cela signifie qu'elle ne veut pas guérir. Ce n'est évidemment pas le cas. Il en va de même pour les nouvelles. Les gens veulent être informés et ils doivent l'être. C'est un élément essentiel de notre démocratie.
Le témoin précédent a indiqué que des réfugiés rohingyas commençaient à contracter la COVID-19. Un grand nombre d'entre eux ont été déplacés à cause d'activités incitées sur Facebook. Ce génocide a été encouragé sur Facebook. Cette situation a été signalée à de nombreuses reprises, et nous voyons maintenant les conséquences.
Nous devons nous mobiliser pour défendre les vraies informations. Nous devons veiller à ce que les créateurs de contenu journalistique soient rémunérés. Cela fait partie de l'intervention sur le marché et en l'absence d'une telle intervention, l'aide du secteur public est nécessaire et précieuse.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais remercier les témoins d'être ici aujourd'hui. Nous espérons certainement que vos familles sont en sécurité et en bonne santé. Nous vous sommes reconnaissants des sages paroles et des conseils que vous nous offrez aujourd'hui.
J'aimerais d'abord m'adresser à M. Bernhard. Je vous remercie beaucoup d'être ici. Je vous remercie également d'avoir abordé un enjeu dont tous les députés sont conscients, selon moi, c'est-à-dire la dévastation complète des petites et moyennes entreprises médiatiques à l'échelle du pays. Nous venons d'observer ce phénomène dans ma collectivité, qui est passée de quatre journaux à un journal et demi.
D'un bout à l'autre du pays, nous observons ce carnage pour deux raisons. Comme vous l'avez souligné, il y a les géants du Web qui peuvent voler du contenu en toute impunité. De plus, ces géants du Web sont subventionnés par les contribuables. Évidemment, la publicité faite sur les plateformes de ces géants est subventionnée et déductible d'impôt.
Quels changements fondamentaux devons-nous apporter — bien au-delà de la simple question d'exiger qu'ils paient pour les informations qu'ils utilisent —, afin que les géants du Web, c'est-à-dire des sociétés étrangères qui souvent ne paient pas un sou au Canada, cessent de détruire nos sources d'information locales d'un bout à l'autre du pays?
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Je vous remercie de votre question.
Avant de répondre, j'aimerais apporter un bref éclaircissement. Je ne voudrais pas qu'on interprète mes dernières réponses comme signifiant que les AMIS de la radiodiffusion appuieraient seulement l'augmentation du financement de CBC/Radio-Canada dans le cas où le marché privé ne serait pas réglementé, car ce n'est pas vrai. En effet, nous préconisons les deux.
Pour répondre à votre question, monsieur Julian, vous avez parfaitement raison lorsque vous affirmez que les contribuables subventionnent ces entreprises, que ce soit par l'entremise de déductions d'impôt ou d'autres mesures. Actuellement — et les membres de votre comité des finances seront particulièrement sensibles à cette situation —, des milliers d'intervenants de l'industrie demandent de l'aide, car le gouvernement a été obligé de fermer l'économie pour des raisons de santé, ce qui a entraîné des conséquences désastreuses pour ces entreprises.
Entretemps, deux entreprises gagnent presque 7 milliards de dollars au Canada et ne paient aucun impôt. Elles ne perçoivent pas non plus de taxes sur les ventes. Elles forcent leurs concurrents canadiens à fermer grâce à des avantages concurrentiels artificiels et injustes qui sont créés par l'inaction du gouvernement, tout simplement. De plus, nous permettons à des entreprises canadiennes de déduire ces dépenses de leurs impôts, ce qui contrevient à l'article 19 de la Loi de l'impôt sur le revenu, selon lequel les dépenses des médias étrangers ne seraient pas déductibles d'impôt.
Sans trop m'enfoncer dans les détails, nous sommes dans une situation dans laquelle les gouvernements successifs ont décidé de ne pas prendre de mesure, et tout cela s'est fait de façon plutôt graduelle. D'abord et avant tout, nous voulons que le gouvernement déclare sincèrement qu'il a l'intention de faire quelque chose à ce sujet. Nous n'avons pas encore vu cela. Ce problème n'est pas techniquement difficile à résoudre; il faut juste de la volonté et du courage.
Quand le gouvernement décidera-t-il que la situation a assez duré? Lorsqu'il le fera, nous pourrons parler des détails, car il y a plusieurs solutions. Obliger ces entreprises à payer pour les nouvelles qu'elles utilisent est un exemple de solution que le Canada peut mettre en oeuvre rapidement et sans engager de dépenses publiques directes ou de subventions publiques directes à l'égard de l’industrie des nouvelles. C'est la raison pour laquelle nous attirons l'attention sur cette situation, surtout en ce moment.
Vous allez plus loin, et je pense que la plupart des Canadiens sont du même avis, c'est-à-dire que les géants du Web devraient payer des impôts. Ils devraient être de bons citoyens de notre pays. Les nombreux chèques en blanc qu'ils ont reçus des gouvernements fédéraux successifs sans même devoir payer des impôts sur le revenu ont nui à nos médias locaux de deux façons. Premièrement, nous n'avons pas le financement nécessaire pour offrir des soutiens, sans compter que ces entreprises se servent de leur avantage concurrentiel pour éliminer les sources de médias locaux. Elles ont beau jeu. En effet, elles n'ont pas à payer d'impôts et les annonceurs qui achètent de la publicité auprès de ces entreprises peuvent déduire ces dépenses de leurs impôts. C'est la combinaison parfaite pour détruire la capacité des Canadiens de se parler entre eux.
Vous avez parlé de la concentration des médias canadiens qui restent. Nous observons certainement un profond parti pris de droite. Il est ironique que les journaux National Post et Toronto Sun, des sources de droite de ce qu'ils appellent de l'information, soient aussi massivement subventionnés par les contribuables canadiens, car les annonceurs peuvent déduire de leurs impôts les dépenses liées à la publicité qu'ils font dans ces journaux.
À votre avis, quelle est la meilleure façon de procéder pour stabiliser la situation et veiller à maintenir, à long terme, la diversité des voix dans les médias canadiens, et pas seulement les voix de droite? Il faut aussi éliminer la tendance à toujours refiler aux contribuables la responsabilité de payer pour ces sources de droite et cesser la pratique qui permet à ces publications d'éviter toute obligation journalistique à l'égard d'un juste équilibre.
Selon vous, à quoi devraient ressembler les médias canadiens lorsqu'ils émergeront de cette pandémie?
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Je vais essayer. J'espère que ce sera mieux.
Respectueusement, monsieur Julian, vous avez indiqué que ces entreprises et ces plateformes, par exemple Facebook et d'autres, devraient se comporter comme de bons citoyens. Respectueusement, je pense que ce n'est peut-être pas le bon cadre à utiliser. En effet, leur point de vue importe peu. Le gouvernement du Canada devrait régir le déroulement des activités commerciales au Canada. Nous ne devrions pas dépendre de la bonne volonté de ces entreprises pour qu'elles paient des impôts ou pour qu'elles respectent les lois en matière de discours haineux, de libelle, de diffamation et d'autres types de contenu illégaux qui signifieraient l'emprisonnement pour n'importe qui d'autre.
Je suis d'avis que si le gouvernement du Canada souhaite agir conformément à son titre, il devrait tenter de gouverner le Canada, et surtout cette industrie qui a une grande incidence politique et une grande influence et dans laquelle se trouvent un certain nombre d'intervenants à qui l'on permet non seulement de ne pas payer d'impôts, mais aussi d'éviter d'engager des dépenses pour acquérir des nouvelles, les vérifier, les réviser, les diffuser, etc.
Nous entendons souvent dire que les gens hésitent à intervenir sur ce marché et d'après ce que je comprends, oncraint qu'il s'agisse de manipulation politique. Toutefois, le fait de veiller à ce que les entreprises reçoivent un prix équitable pour leurs produits semble représenter une première étape politiquement neutre et facile à mettre en œuvre, et c'est donc ce que je recommanderais de faire en premier.
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Je remercie votre comité de son invitation.
Nous savons que, dans les campus universitaires de tout notre pays, les travaux d'infrastructures ne doivent jamais s'arrêter. On ne peut pas laisser les lieux tomber en ruine. Au cours de l'histoire du Canada, on fera des investissements extraordinaires dans les infrastructures, et c'est arrivé, avec d'excellents résultats, depuis que je vis au Canada, sous au moins deux gouvernements de couleurs politiques différentes. C'est vraiment un facteur d'unité chez les Canadiens.
Nous devons entretenir nos installations et les rendre attrayantes pour le monde entier. Nous connaissons notre contribution importante au PIB. Ces investissements sont donc efficaces. Les universités ont des projets qui n'attendent que le signal du départ, parce que leurs stratèges sont toujours sur le qui-vive. Nous affrontons la concurrence du monde entier sur la scène planétaire. Nous jouons un rôle de premier plan dans la prospérité du Canada.
Nous ne préparons pas seulement la prochaine génération de diplômés. Nous produisons aussi la recherche, l'innovation et, encore, les projets, les produits, les services et les idées entrepreneuriales qui peuvent trouver preneur dans le monde entier. D'après nous, ce sont toujours de bons investissement et ils pourvoient à l'emploi régional. Ils remettent les gens au travail, un travail très bien fait. Ils sont contrôlés, audités, vérifiés, etc. C'est des façons excellentes et efficaces pour le Canada d'investir dans l'avenir.
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Voilà de bonnes nouvelles.
Monsieur le président, pour le temps qui me reste, j'ai une question pour M. Bernhard, des Amis de la Radiodiffusion.
Monsieur Bernhard, je suis d'accord avec votre point de vue, mais je me ferai l'avocat du diable. J'ignore si mon ami assiste à la séance, mais, avec d'autres, il s'est fait le porte-parole du libre-marché et de la liberté de choix. C'est que, effectivement, le paysage médiatique est en train de changer. Les consommateurs se tournent vers Facebook et Google, ce qui est, du moins c'est ce qu'ils prétendent, la tendance naturelle des choses. Vous devez reconnaître que l'évolution va de l'avant et qu'elle ne revient jamais en arrière.
Que répondez-vous à ce genre d'arguments? Encore une fois, je comprends votre position, mais, si on s'en tient seulement aux premiers principes, je crois que c'est l'un des premiers arguments contraires que s'attire le genre d'arguments que vous avez avancés ici.
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Je vous remercie. J'ai une question à l'intention de M. Neveu.
Permettez-moi de commencer par vous dire que j'ai beaucoup aimé vos remarques liminaires. Je trouve toutefois très inquiétant que nos innovateurs, nos groupes d'experts et l'expérience que nous avons acquise dans l'industrie pétrolière et gazière doivent s'en aller au sud du 49e parallèle, où ils profiteront à un pays concurrent plutôt qu'à nous, au Canada.
En deuxième lieu, un débat fait rage entre l'environnement et l'industrie pétrolière et gazière au pays. Or, je crois sincèrement, et de plus en plus que tandis que les partisans des deux points de vue se crient par la tête, les deux côtés vont finir par perdre, et c'est le Canada qui sera le plus grand perdant.
Comment pensez-vous que nous pouvons résoudre ce problème? Notre industrie pétrolière et gazière est menacée. Il est vrai que nous devons lutter contre les changements climatiques, mais nous avons en revanche une industrie pas mal du tout, surtout du côté de l'extraction classique de pétrole et de gaz, qui fait preuve d'une grande innovation. Nous jetons le bébé avec l'eau du bain.
Avez-vous des solutions à nous proposer? Je suppose que c'est ma question. Je trouve la situation vraiment préoccupante.
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Je vous remercie infiniment de m'avoir invitée à comparaître. C'est formidable. Je n'ai jamais fait une présentation comme celle-ci devant un comité parlementaire. Je suis en territoire inconnu ici, tout comme le pays se trouve certainement en terrain inexploré.
Je travaille au Centre canadien de politiques alternatives. Nous sommes un organisme de recherche qui a des bureaux dans tout le pays. Je suis pour ma part au bureau national situé ici, à Ottawa. Dernièrement, nous avons consacré beaucoup de temps et de ressources à essayer de comprendre l'ampleur de cette crise de santé publique, qui nous a manifestement plongés dans une crise économique.
J'aimerais aujourd'hui vous parler de l'incidence de la crise économique sur les femmes et les filles au Canada plus particulièrement. Ne nous leurrons pas: la crise a un effet dévastateur et profond sur les collectivités d'un bout à l'autre du pays, et mon exposé s'attardera expressément à ses répercussions sur les femmes et les filles.
J'ai pu vous faire parvenir à l'avance quelques diapositives de recherches, mais j'ignore si les membres du Comité les ont reçues. Je veux m'attarder à quelques messages clés tirés de notre analyse de l'Enquête sur la population active des derniers mois. Je vous dirai ce que cela laisse entendre pour un plan de relance féministe, je l'espère, ou pour le moment où nous changerons notre fusil d'épaule et commencerons à réfléchir à long terme. J'espère que nous pourrons discuter de certains de ces points dans les questions.
Le premier message que j'aimerais transmettre aujourd'hui, c'est que les femmes sont décidément au premier plan de la présente crise économique. Plus de la moitié de toutes les travailleuses exercent actuellement des professions dans les cinq domaines suivants, qu'on appelle les « 5 C » pour caring, clerical, catering, cashiering et cleaning, en anglais: la prestation de soins, les emplois de bureau, les services de traiteur, les emplois de caissiers et le nettoyage. Ce sont justement ces types d'emplois qui contribuent directement à restreindre la propagation de la pandémie et à dispenser le soutien et les soins dont les personnes touchées ont besoin.
J'ignore si vous avez le tableau, mais il illustre la surreprésentation des femmes dans beaucoup de ces catégories. Par exemple, 90 % des infirmières au Canada sont des femmes, 90 % des préposés aux services de soutien à la personne qui travaillent dans des établissements de soins de longue durée sont des femmes, et deux tiers des personnes qui nettoient et désinfectent nos hôpitaux sont des femmes. Ce sont ces mêmes femmes qui rentrent chez elles dans leur famille pour commencer leur deuxième quart de travail, en craignant de ramener le virus à la maison. Bien sûr, d'autres femmes travaillent dans des secteurs tels que l'alimentation et l'hébergement, les services financiers et la vente au détail, qui ont tous été durement touchés par la fermeture des services imposée par le gouvernement.
Comme le graphique le montre, bon nombre de ces mêmes professions comptent une forte proportion de travailleurs racialisés. Par exemple, on retrouve des travailleurs migrants et racialisés dans les établissements de soins de longue durée, ou encore du côté des personnes soignantes, des professions d'entretien, et ainsi de suite. Lorsque nous réfléchissons à l'incidence de la pandémie sur les travailleurs, il est d'une importance cruciale d'avoir conscience de la diversité, et certainement de la concentration des travailleurs racialisés.
L'autre élément, ou le deuxième message sur lequel je voudrais insister est bien sûr que bon nombre des emplois présentent un risque élevé d'exposition à l'infection, comme nous l'avons dit. Ce sont d'ailleurs les mêmes emplois qui offrent généralement moins de protections telles que des congés de maladie payés ou d'autres régimes de santé. En réalité, d'après les recherches que nous avons menées au Centre canadien de politiques alternatives pour l'année dernière, soit 2019, il y avait seulement 19 % des travailleurs du secteur de l'hébergement et de la restauration qui avaient accès à des congés payés, et 30 % de ceux de la vente au détail.
Comme je l'ai dit, ce sont des emplois à risque élevé, en particulier pour ceux qui ont un salaire inférieur. Selon nos recherches, 43 % de tous les travailleurs qui gagnent moins de 14 $ de l'heure occupaient des emplois à haut risque, contre seulement 11 % des travailleurs mieux rémunérés. La majorité des travailleuses occupent ces emplois à haut risque, soit un bon tiers d'entre elles. Les femmes sont aux premières lignes de la crise, tant dans le domaine des soins que dans leur travail rémunéré; ce sont elles qui vont chaque jour sur le marché du travail, où elles sont exposées à la pandémie.
La crise économique frappe bien sûr les collectivités de partout au pays, et les femmes ont été durement touchées. La première Enquête sur la population active a révélé que 70 % de tous les emplois perdus au mois de mars étaient occupés par des femmes. Ces pertes sont attribuables à la fermeture des commerces de détail, du secteur de l'hébergement, et ainsi de suite. Nous nous attendons à recevoir la prochaine Enquête sur la population active ce vendredi, mais les chiffres du mois d'avril montraient qu'il y avait désormais trois millions de Canadiens sans emploi, et que deux millions et demi de plus avaient perdu la majorité de leurs heures de travail. Au total pour le mois d'avril, cela représentait 32 % des travailleuses et 29 % des travailleurs.
Il est évident que notre génération n'a jamais assisté à un déclin aussi spectaculaire, et en aussi peu de temps. Le plus choquant dans ces chiffres, c'est toutefois que plus de la moitié des travailleurs qui gagnent 14 $ de l'heure ou moins ont été mis à pied ou ont perdu la majorité de leurs heures, contre seulement 1 % des emplois qui ont été perdus chez les 10 % de travailleurs les mieux nantis.
Il s'agit de toute évidence d'une pandémie et d'une urgence économique qui ont des répercussions sur ceux d'entre nous qui gagnent les salaires les plus bas, un groupe qui compte une majorité écrasante de femmes et de travailleurs racialisés. Dans le tableau que j'ai intégré à mon document, vous pouvez voir que plus de la moitié des femmes du décile le moins bien rémunéré ont perdu leur emploi. En effet, 58 % de toutes les femmes touchant moins de 14 $ de l'heure ont perdu leur emploi ou la majorité de leurs heures entre février et avril.
Dans cette optique, un autre élément de la situation vient bien sûr s'ajouter à l'ampleur des pertes d'emplois: les données sur le chômage ne reflètent pas le nombre total de personnes qui quittent carrément le marché du travail. Nous savons maintenant que le nombre de femmes qui ont officiellement quitté la population active a augmenté de 34 %. Il s'agit de femmes qui ont laissé leur travail en raison de leurs responsabilités ou obligations — pour s'occuper de personnes malades, de membres de leur famille ou de leurs enfants, en raison de la fermeture des écoles et des garderies —, mais qui ne sont pas susceptibles de retourner immédiatement sur le marché du travail. C'est un chiffre très important qu'il faut surveiller. Nous constatons déjà une baisse du taux d'emploi. Nous voyons que le fossé se creuse entre les hommes et les femmes à cet égard. Le nombre de femmes qui sont exclues du marché du travail laisse présager un recul de la sécurité économique des femmes, et certainement de l'égalité des sexes pour les décennies à venir.
Les mères d'enfants de moins de 12 ans en sont bien sûr un bon exemple. Un quart de ces mères ont perdu leur emploi ou la majorité de leurs heures de travail entre février et avril. C'est d'une importance vitale. Les autres trois quarts d'entre elles occupent toujours un emploi, mais elles sont à la maison avec leurs enfants, sans l'aide d'un service de garde, de sorte qu'elles s'occupent d'eux 24 heures par jour et 7 jours par semaine. Vous savez, il faut se demander ce qu'il advient des chefs de famille monoparentale. En avril, plus de 200 000 mères seules travaillaient encore — Dieu seul sait avec quel type d'aide ou d'arrangement pour la garde des enfants —, et 122 000 autres avaient été remerciées et se demandaient si elles pourraient un jour retourner travailler, la majorité des garderies et des écoles étant fermées.
Chose certaine, nous sommes maintenant saisis de la question. Les femmes qui ont été mises à pied pourront-elles reprendre le travail ou augmenter leurs heures sans service de garde? Il s'agit vraiment d'un volet essentiel de la relance sur lequel je veux insister aujourd'hui. Il n'y a pas de relance sans service de garde. En termes simples, c'est mathématiquement impossible. Selon une enquête actuellement effectuée par des défenseurs des services de garde, seulement 60 % des centres qui ont répondu prévoient rouvrir leurs portes. Par ailleurs, ceux-ci offriront bien sûr moins de places afin de respecter la distanciation physique. Sans service de garde, les femmes pourront-elles revenir au travail? Qu'est-ce que cela signifie quant au recul du projet d'égalité des sexes? Tout cela aura des effets dévastateurs sur les revenus des ménages, et il ne faut pas se faire d’illusions. Si les femmes se retirent du marché du travail ou sont incapables d'y retourner, comme nous le constatons actuellement — ce qui représente en moyenne 40 % du revenu de tout ménage —, nous assisterons à une dégringolade des dépenses des ménages, ce qui ralentira par le fait même l'économie canadienne.
En réalité, l'incidence et le positionnement des femmes dans cette situation de stress sont uniques. Ma collègue Armine Yalnizyan a parlé d'une récession au féminin et a dit que toute relance sera vouée à l'échec sans reprise féminine. C'est bel et bien un point important...
Je vois que mon temps est écoulé. J'ai parlé des choses que nous pourrions faire dans un plan de relance, et nous aurons peut-être l'occasion d'en discuter à la période des questions.
Je vous remercie infiniment.
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Bonjour et merci, monsieur le président. C'est un privilège de parler au Comité.
Je suis, de profession, infirmière autorisée titulaire d'une maîtrise et j'assume actuellement les fonctions de présidente-directrice générale d'un établissement confessionnel à but non lucratif qui prodigue des soins à 460 aînés à Winnipeg.
On m'a invitée pour parler des répercussions de la COVID sur les femmes au Canada. En tant que présidente-directrice générale qui dirige une main-d'œuvre à prédominance féminine dans un des milieux de soins les plus risqués pendant la COVID, c'est pour moi un privilège de vous parler de mon expérience pendant la pandémie et de l'incidence disproportionnée qu'elle a sur les femmes, notamment celles qui travaillent dans des établissements de soins de longue durée.
Les femmes sont effectivement majoritaires dans le domaine des soins de longue durée, comme on l'a déjà dit. Elles représentent 96 % du personnel dans mon établissement, et 90 % du secteur d'un bout à l'autre du Canada.
Avant de vous dire comment les femmes dans ce secteur ont été touchées par la COVID, j'aimerais brosser un portrait des défis auxquels elles faisaient face avant la pandémie.
Mon personnel travaille le jour, le soir, la nuit et une fin de semaine sur deux. La plupart du temps, mes employées assument les principales responsabilités de leur ménage. Compte tenu de la nature du secteur, elles concilient habituellement plus d'un poste à temps partiel, ce qui revient à occuper plus d'un emploi à temps plein. Elles appartiennent souvent à un groupe minoritaire, ont immigré récemment et ont très peu d'occasions d'épargner en prévision des mauvais jours. La majorité de ces femmes très courageuses prodiguent également des soins dans des fonctions non réglementées, avec peu de formation pour les préparer efficacement à la complexité des soins de longue durée.
À ces facteurs de stress s'ajoute le choix d'un parcours difficile où le travail qu'elles accomplissent pour les aînés à leur charge n'est pas respecté comme il se doit. Permettez-moi de prendre un instant pour vous expliquer ce que j'entends par « difficile ».
Ce qui est difficile, c'est donner un bain dans une baignoire vieille de 18 ans, soit 8 ans de plus que sa vie utile. C'est offrir des soins les journées chaudes d'été lorsqu'on ne peut pas se fier à un climatiseur vieux de 40 ans et qu'il n'y a pas d'argent pour le remplacer. C'est placer un aîné dans une chambre partagée où il passera ses derniers jours avec un parfait inconnu. C'est essayer d'innover en matière de soins lorsqu'on tente encore d'obtenir du financement pour avoir un service WiFi de base.
Mon personnel et l'équipe de direction continuent d'assumer personnellement les coûts non couverts par le système de santé actuel. Des membres de notre communauté et notre personnel soutiennent le système par la seule force de leur volonté afin de l'empêcher de s'effondrer. Je vais vous donner des exemples concrets. Les membres du personnel donnent régulièrement de l'argent afin de soutenir des activités de financement pour obtenir de l'équipement et des programmes. Ils font des heures supplémentaires, essentiellement à titre de bénévoles, car les besoins sont grands en matière de soins. Les dirigeants sont disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept, sans indemnisation, pour soutenir le personnel et le diriger, et les membres de notre communauté de soutien payent entièrement le salaire versé pour offrir une aide spirituelle à temps plein, un aspect essentiel du régime holistique de soins aux aînés qui n'est pas financé.
La COVID a mené à un point de rupture cette main-d'œuvre remarquable dirigée par des femmes dans les établissements de soins de longue durée. Cette situation nuit à la famille, aux finances et à la santé des employés. Mon personnel, qui est composé de mères, doit maintenant attendre longtemps en ligne pour faire l'épicerie. Ces mères préparent les repas, coordonnent l'horaire de leur famille et dispensent maintenant à leurs enfants ayant l'âge de fréquenter l'école un enseignement à domicile. Sur le plan financier, ces femmes ont perdu une source de revenus et ne peuvent pas trouver de services de garde convenables lorsqu'elles travaillent par quarts. Sur le plan de la santé et de la sécurité, ces femmes sont également plus susceptibles d'être exposées à la COVID simplement parce qu'elles travaillent dans des établissements de soins de longue durée, où ont lieu, nous le savons, la majorité des décès au Canada. De plus, et c'est tragique, certaines de ces femmes qui sont victimes de violence familiale voient leur situation empirer.
La COVID multiplie les défis sous-jacents dans mon secteur, qui, nous le savons, touchent les femmes de manière disproportionnée. Si le gouvernement du Canada veut afficher sa détermination à améliorer la vie des Canadiennes, y compris les aînées, il doit commencer par relever les défis fondamentaux dans les foyers de soins de longue durée et par résoudre la situation catastrophique que cette pandémie a fait ressortir. Les établissements de soins de longue durée ne peuvent plus se fier au soutien et au financement informels offerts par les fournisseurs de soins, les dirigeants et les bénévoles héroïques, majoritairement des femmes.
Pour terminer, je tiens à dire que la prestation de soins est un travail honorable, mais nous ne pouvons plus avoir un système de soins aux aînés qui sous-estime la contribution des femmes et ne répond pas aux besoins réels en matière de dépenses de fonctionnement et d'immobilisation.
Merci.
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Bonsoir tout le monde. Je suis très heureuse de me joindre à vous ce soir.
Le London Abused Women's Centre est un organisme féministe qui prend des mesures à portée systémique pour mettre fin à l'oppression des femmes et des filles tout en donnant un accès immédiat à des services d'un bout à l'autre du pays à celles qui ont plus de 12 ans et qui sont maltraitées par leur conjoint, victimes de la traite des personnes ou exploitées sexuellement. L'année dernière, l'agence a aidé 8 137 femmes et filles.
La grave lacune que nous voyons dans la réponse du gouvernement à la COVID est l'absence d'analyse féministe. Aucune des mesures prises pour faire face à la COVID ne tient compte des différences fondamentales de pouvoir entre les femmes et les hommes. Une analyse féministe est essentielle à la réponse du gouvernement à ce virus mortel qui touche de manière disproportionnée les femmes, en particulier les femmes et les filles autochtones.
La mesure de 50 millions de dollars pour aider à gérer ou à prévenir les éclosions dans les centres et les refuges d'aide aux victimes d'agression sexuelle, y compris dans les collectivités autochtones, est terriblement inadéquate. Selon le bureau du député libéral de ma circonscription, cette enveloppe fédérale exclut au moins 600 organismes d'un bout à l'autre du Canada, y compris le London Abused Women's Centre. Pendant la pandémie, alors que les femmes sont isolées chez elles avec leur agresseur et que leurs enfants sont régulièrement exposés à de la violence, aucun financement n'est prévu dans la réponse à la COVID pour permettre aux femmes d'avoir immédiatement accès à des services qui pourraient leur sauver la vie.
Les femmes et les filles les plus vulnérables du Canada, celles qui sont victimes de la traite des personnes et celles qui tentent de laisser leur agresseur, n'ont pas droit à la Prestation canadienne d'urgence. Les femmes et les filles victimes de la traite des personnes et exploitées sexuellement ont besoin de financement pour quitter les passeurs, un financement qui leur permet de rentrer chez elles dans d'autres provinces et d'autres villes partout au pays, de revenir dans le système d'éducation, de suivre une formation professionnelle, de recourir à des services de lutte contre la toxicomanie, de se trouver un logement et même de se nourrir.
La traite des personnes et l'exploitation sexuelle ne sont pas des emplois. C'est une forme de violence masculine contre les femmes. Les passeurs ne leur remettent pas de T4. Elles n'ont rien pour prouver qu'elles reçoivent de l'argent, car c'est rarement le cas. Ce sont les passeurs qui gardent l'argent. Il arrive que ces filles se fassent violer pour de l'argent jusqu'à 20 fois par jour pour que le passeur atteigne son quota.
Il est extrêmement dangereux et difficile de laisser un passeur. C'est d'autant plus vrai pendant la COVID, mais la possibilité de partir et de recouvrer sa liberté est nettement meilleure lorsqu'il y a des mesures globales de soutien et de financement pour permettre aux victimes de recouvrer leur liberté.
Qu'arrive-t-il aux femmes prises chez elles avec leur agresseur? Elles sont nombreuses à ne pas avoir d'expérience de travail à défaut de pouvoir sortir, avec ou sans COVID. Elles ne peuvent rien faire sans la permission de leur conjoint violent.
Il n'y a dans le plan actuel de lutte contre la COVID aucun financement pour aider les femmes à quitter leur agresseur, et alors que les femmes maltraitées par leur conjoint ou victimes de la traite des personnes et exploitées ne reçoivent pas de fonds du gouvernement, leurs agresseurs en reçoivent malheureusement. Les propriétaires d'entreprises dans le commerce du sexe — des passeurs ou des membres du crime organisé — ont droit à un prêt sans intérêt, et jusqu'à 25 % du montant ne doit pas être remis si la différence est remboursée avant décembre 2020. Pendant que les victimes de la traite des personnes sont violées tous les jours, on prend soin de leurs agresseurs grâce au Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes.
Nous sommes très préoccupés par la trahison du gouvernement à l'endroit des femmes et des filles canadiennes.
Le gouvernement du Canada a annoncé un montant de 75 millions de dollars pour lutter contre la traite des personnes à des fins sexuelles, mais il a abandonné son financement d'au moins 11 organismes canadiens qui s'efforcent tous de redonner la liberté et de donner de l'espoir à des femmes et à des filles victimes de la traite des personnes et exploitées sexuellement. Selon la et le , le gouvernement a plutôt décidé qu'une troisième année — une troisième année de suite — de consultations sur la question était nécessaire. Il est inutile d'avoir trois années de consultations. Nous connaissons les problèmes et nous avons les solutions. La tenue de consultations au pays pendant la COVID est coûteuse et une perte de temps.
Il faut débourser environ 1,5 million de dollars par année pour maintenir ouverts 11 organismes d'un bout à l'autre du pays. Le refus de financer ces organismes d'ici à ce que de plus amples consultations aient été menées ne s'appuie pas sur une analyse féministe ni sur la logique. C'est dommageable et potentiellement mortel pour des femmes et des filles qui ont besoin de services. Cela empêche mon équipe de dormir la nuit et cela devrait être la même chose pour vous.
Merci.
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Merci beaucoup de l'invitation à comparaître.
Wow, c'était très éloquent. Merci beaucoup, madame Walker.
Je suis une entrepreneure d'expérience. J'ai été entrepreneure toute ma vie. Je suis inemployable. Il est étonnant que je prenne part à un appel avec le gouvernement, mais me voici.
Il y a une phrase que je dis depuis longtemps: « Rien ne fonctionne. Quel moment idéal pour être en vie. » C'est en quelque sorte l'esprit d'entreprise, et c'est malheureusement ce que nous vivons actuellement à grande échelle.
Les 9 et 10 mars, SheEO a organisé un grand sommet mondial à Toronto, pour célébrer le rassemblement de 2 500 femmes canadiennes qui ont chacune donné 1 100 $ par année depuis cinq ans pour financer des entreprises dirigées par des femmes qui se penchent sur ce que la planète doit faire: les objectifs en matière de développement durable des Nations unies. Ces entreprises mettent toutes l'accent sur ces objectifs. Nous prêtons de l'argent donné par des femmes canadiennes à 0 % d'intérêt, et ces entrepreneures remboursent ces prêts sur cinq ans.
Chacune d'elles obtient non seulement un prêt d'environ 100 000 $, mais aussi un accès à nous toutes: des milliers de femmes qui entretiennent des liens et qui ont plein de ressources. Nous offrons nos réseaux, notre expertise, notre pouvoir d'achat en tant que consommatrices ainsi que notre influence pour les aider à faire croître leur entreprise.
Cet écosystème de soutien extrêmement riche fait en sorte que toutes nos entreprises surpassent considérablement leurs pairs en ce qui a trait aux revenus, aux exportations, aux répercussions sociales et — c'est peut-être le plus important — à la création d'emplois durables sur le plan social et environnemental.
Après cinq années d'activités au Canada, nous avons annoncé à notre sommet mondial — le était présent à cette dernière grande activité avant la pandémie — que nous avons atteint le statut de fonds permanent au Canada. Ces prêts de cinq ans sont tous entièrement remboursés. Même si personne ne contribuait de nouveau au capital, nous continuerions de financer indéfiniment des femmes entrepreneures au Canada grâce à ce fonds renouvelable. C'est une façon complètement différente d'utiliser sans cesse le capital.
Nous avons repris ce modèle dans cinq pays, et notre objectif est d'avoir un million de femmes et un fonds de 1 milliard de dollars pour financer indéfiniment 10 000 femmes entrepreneuses chaque année, et de laisser cet argent en héritage.
Nous déployons ces efforts étant donné que seulement 4 % du capital de risque est remis aux femmes entrepreneures. C'est ainsi depuis des dizaines d'années, à l'échelle mondiale. Cela n'a pas du tout changé, même si nous multiplions les analyses de rentabilisation, les travaux de recherches qui montrent l'effet des entreprises dirigées par des femmes sur l'économie et à quel point elles sont performantes.
Le système est tout simplement trop partial, ce qui fait en sorte que 51 % de la population reçoit 4 % du capital. Ce serait statistiquement impossible si les systèmes n'étaient pas profondément partiaux. Nous savons que la plupart des structures et des systèmes dans lesquels nous vivons ne sont pas conçus par nous ou pour nous. À cela s'ajoute la pandémie.
C'est intéressant, car je me heurte à ces barrières systémiques depuis de nombreuses années. Je suis vraiment une passionnée du changement des systèmes, des comportements, et j'ai tenté de repenser... Si nous repartions à zéro, de quelle façon repenserions-nous le système? SheEO est ma réponse à cette question.
Voici ce qui se produit dans notre communauté, et c'est plutôt incroyable. Le 16 mars, nous avons réuni 68 entreprises que nous avons financées ensemble pour faire très rapidement un tri et demander où elles en étaient par rapport à la situation actuelle, par exemple dans le rouge, le jaune ou le vert, ou à risque.
L'une de ces entreprises avait perdu 95 % de ses revenus à midi le premier jour. Elle a un modèle de recrutement social très innovateur grâce auquel elle embauche des gens qui risquent de devenir sans-abri afin de leur faire faire la lessive pour des restaurants, et tous les restaurants ont fermé à Calgary. La propriétaire prenait part à l'appel. Elle était extrêmement mécontente et se demandait comment elle allait mettre à pied ces personnes qui risquaient déjà de se retrouver dans la rue. Comme elle avait de la difficulté... Je pleure facilement; tout va bien. C'est normal pour moi.
Elle a parlé de sa situation et a dit: « Que puis-je faire? » L'une des entrepreneures de notre communauté lui a demandé de quoi elle avait besoin pour continuer d'employer ces personnes au cours du prochain mois, d'ici à ce que nous trouvions une solution, pour réorienter son entreprise. Après avoir pris connaissance du montant, elle lui a répondu qu'il serait dans son compte de banque d'ici la fin de l'appel.
C'est le moment où on a commencé à relever la barre dans notre communauté. Plutôt que d'aider les gens à déterminer comment congédier des employés, comment obtenir des subventions du gouvernement ou comment faire faillite, notre communauté a décidé que nous n'allions pas perdre d'emplois et qu'aucune de nos entreprises n'allait fermer. Nous avons un groupe extraordinaire de personnes qui s'entraident, et nous avons tissé des liens très serrés au cours des cinq dernières années pour y parvenir.
Nous donnons un exemple de ce qui est possible lorsqu'on repense un système pour soutenir... Ce n'est pas juste une question d'argent —« voici le montant; vous pouvez partir » —; il y a aussi la gentillesse. Nous appelons cela une « générosité radicale », pour nous entraider.
Les femmes sont déjà grandement sous-capitalisées, et nous avons été frappées très durement par la pandémie. Nous avons donc moins de marge de manœuvre, moins de soutien.
Honnêtement, pour reprendre ce que quelqu'un d'autre a déjà dit aujourd'hui, s'il y a un obstacle considérable qui est vraiment facile à éliminer et qui changerait fondamentalement la donne, c'est le manque de services de garde. Nous avons actuellement une subvention salariale pour les entreprises qui ne peut pas servir à payer des services de garde. Nous avons dans notre communauté une agricultrice innovatrice qui peut couvrir 75 % de son salaire si elle emploie une nouvelle personne pour faire le travail, mais elle veut le faire elle-même. Elle ne veut pas embaucher quelqu'un; elle veut se servir d'une partie de la subvention pour payer des services de garde d'enfants.
Le fait que nous en parlions encore me fâche beaucoup. La prestation de services de garde est carrément la mesure politique la plus simple que nous pourrions prendre qui aurait la plus grande incidence sur l'économie. Lorsque nous avons fait le système... Les femmes n'étaient pas à la table. Nous y sommes maintenant. Changeons-le. Même si c'est la seule mesure prise dans la foulée de la pandémie, ce serait énorme.
L'autre chose importante que je veux dire, c'est que la COVID nous donne vraiment l'occasion de mettre à l'avant-plan ce que nous chérissons. Lorsque nous voyons tous les jours la partialité qui fait partie intégrante de nos systèmes et les conséquences que nous subissons lorsque nous accordons plus d'importance aux emplois et à la croissance qu'aux humains et au développement... Nous devons repenser à ce que nous chérissons et à ce qui est important pour nous, et construire une société qui fonctionne pour tout le monde.
À l'issue de cette pandémie, j'espère vraiment que les deniers publics ne seront utilisés que dans l'intérêt de toute la population. Les investissements que nous faisons actuellement dans l'intelligence artificielle et dans notre obsession des solutions technologiques creusent l'écart. Ils augmentent les inégalités au pays, et nous ne semblons pas avoir de stratégies d'investissement pour corriger la situation.
Nous avons une définition très étroite de l'innovation. Nous avons une définition très étroite du succès: il faut voir grand ou rentrer chez soi. Cependant, les PME représentent 98 % de notre économie. Seules 1 200 entreprises au pays ont plus de 500 employés, et la moitié d'entre elles ont leurs bureaux à l'étranger. Je me demande avec qui vous discutez régulièrement lorsque vous adoptez ce genre de politiques. Nous aimerions que vous discutiez davantage avec des petites entreprises, car c'est vraiment une énorme occasion pour nous tous de repenser ce que nous avons.
Enfin, j'aimerais juste dire qu'à SheEO, nous accordons beaucoup d'importance à la diversité. Nous finançons des femmes cisgenres et transgenres, des femmes non binaires, des femmes au genre fluide, des personnes non conformistes de toutes les cultures. Nous entretenons des liens étroits avec la communauté autochtone. Tous les dimanches, nous faisons des appels avec 140 femmes entrepreneuses autochtones, pour qu'elles tissent des liens dans notre communauté, pour qu'elles puissent prospérer et entraîner toute la nouvelle génération avec elles. Nous construisons un nouveau modèle économique qui s'appuie sur la générosité radicale et l'inclusion, un modèle centré sur les priorités essentielles de notre époque dans l'intérêt de tout le monde.
Nous sommes honorées de participer aux délibérations du Comité. Je suis impatiente d'entendre le reste de la discussion.
Je tiens à prendre un moment pour tous vous remercier beaucoup. Je sais que votre travail au service de la population est extrêmement ingrat. Je vous suis reconnaissante de ce qui a probablement été de nombreuses nuits sans sommeil à essayer de démêler toutes ces questions pendant cette période sans précédent. Merci.
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Je suis très heureuse de la présence de ma collègue de London, qui a parlé du problème de la violence conjugale et de l'incidence de la COVID sur les femmes.
Le Bouclier d'Athéna a vu le jour en 1991. Nous avons un réseau de services qui comprend deux centres de jour et un refuge d'urgence, et nous planifions une ressource de deuxième étape. Nous avons, plus ou moins, un système intégré pour offrir des services à des femmes et à leurs enfants. Nous travaillons auprès d'une clientèle vulnérable et nous offrons actuellement des services, y compris de sensibilisation, dans 17 langues. Nous voyons beaucoup de personnes vulnérables, en particulier des femmes issues de communautés d'immigrants, notamment des femmes qui se heurtent à de graves barrières linguistiques.
Le confinement et la quarantaine forcés pendant la pandémie peuvent aggraver le problème et augmenter les risques et les conséquences pour les femmes victimes de violence conjugale. Tout d'abord, elles ne peuvent pas avoir accès à un téléphone pour demander des services. Elles n'ont pas accès à l'information. Elles ne peuvent pas s'adresser à qui que ce soit pour les aider à établir un scénario de protection pour elles et leurs enfants. La pandémie limite les mesures qu'elles peuvent prendre et les isole encore davantage.
Une clientèle doublement vulnérable comme celle auprès de laquelle nous travaillons — des femmes qui se heurtent à de graves barrières linguistiques, qui ne connaissent pas notre système, leurs droits et les lois; des femmes qui ont beaucoup d'enfants ou qui ont des enfants ayant des besoins particuliers, comme des enfants autistes; des femmes qui vivent dans des régions éloignées où il y a peu de services — est également mise en danger lorsque leur accès à l'information et aux ressources est encore plus limité.
Pendant la pandémie de la COVID, un facteur clé pour nous — quelque chose d'une importance capitale — est le fait que les femmes qui ne parlent pas la langue ont de la difficulté à avoir accès aux services.
La situation est aggravée par la difficulté que les femmes ont à obtenir une place dans les refuges au Québec. Je ne sais pas quelles sont les solutions utilisées dans d'autres provinces, mais au Québec, nous avons mis les femmes en quarantaine avant de les aiguiller vers le réseau de refuges. Cela signifie qu'elles doivent attendre 14 jours de plus avant d'être filtrées et d'entrer dans un refuge. Je dois dire qu'elles sont nombreuses à ne pas avoir fini leur quarantaine. Elles sont nombreuses à être retournées dans leur relation de violence.
Un facteur vient compliquer la situation des femmes victimes de violence conjugale, qui sont doublement vulnérables en tant qu'immigrantes. Il s'agit de leur dépendance économique. De nombreuses femmes qui occupent un emploi se font prendre leur argent. De nombreuses femmes isolées n'ont jamais été autorisées à travailler, ce qui les rend totalement tributaires de leur agresseur. C'est un point qui a déjà été soulevé. Nous avons vu cette situation. C'est d'autant plus courant pendant la pandémie.
Notre rôle en tant que travailleurs consiste à rendre ces femmes autonomes et indépendantes sur le plan financier. J'ai entendu les autres témoins parler d'essayer de créer des possibilités d'emplois, mais une grande partie des femmes avec qui nous travaillons ne peuvent même pas bien parler leur langue. Dans les meilleures des circonstances, il leur est très difficile de tenter d'avoir accès aux programmes d'employabilité et d'entrer dans le système. Dans le contexte d'une pandémie, vous pouvez imaginer ce qu'il en est.
Elles sont nombreuses à toucher de l'aide sociale. La première chose que les travailleurs sociaux font lorsqu'elles arrivent aux refuges, c'est les inscrire au programme, mais jusqu'où peut-on aller avec 600 $?
On peut mentionner les prestations pour enfants, mais dans une relation de violence et lorsque les femmes ne parlent pas la langue et ne comprennent pas les problèmes, il est possible que ces prestations ne leur soient pas accordées. Il est possible qu'elles doivent céder les prestations lorsqu'elles ont un compte conjoint. Lorsque le conjoint violent a la garde à temps plein, c'est lui qui obtient les prestations.
Que pouvons-nous faire pour rectifier cette horrible dépendance financière des femmes victimes de violence conjugale, qui existe normalement à cause des raisons susmentionnées?
Je crois qu'il devrait y avoir une allocation financière, une allocation conçue précisément pour les femmes victimes de violence conjugale.
Plus tôt, quelqu'un a parlé des problèmes auxquels font face les mères seules. Je peux vous dire que les enfants sont pauvres, mais si leur mère, qui est seule, est pauvre, ils le sont encore beaucoup plus. Nous devons soutenir les femmes. Lorsqu'elles sont victimes de violence conjugale, elles ont alors d'autant plus besoin de cette allocation.
Je veux soulever un dernier point. Les problèmes sous-jacents qui étaient si graves avant pour les victimes de violence conjugale, comme le manque de logements sociaux, sont encore pires maintenant. C'est sans parler des ressources de deuxième étape. Il y en a très peu au Québec. Des milliers de femmes entrent et sortent du réseau de refuges, et il y a peut-être 19 secondes pour obtenir des ressources. N'en parlons même pas. Qu'en est-il des logements sociaux?
Nous avons des clientes qui attendent jusqu'à quatre années pour obtenir un logement social. La pandémie a de graves répercussions sur les femmes. Nous estimons qu'il faut une allocation, une pension ou un fond expressément pour les femmes victimes de violence conjugale, tant pour les femmes seules que pour les mères seules ayant la garde de leurs enfants.
Merci beaucoup.
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C'est une excellente question, et j'aimerais avoir une réponse pour vous. Nous essayons d'obtenir cette information depuis des mois.
Nous ne sommes pas un refuge. Nous offrons du counselling et du soutien à long terme à des femmes et à des filles et nous défendons leurs droits.
Cependant, pendant la COVID, il n'y avait pas de places en refuge. Nous entretenons une excellente relation avec notre service de police à London, et nous savions que si la police répondait à un appel au 911 et qu'une femme devait quitter son domicile sur-le-champ, l'agent avait besoin d'un endroit où la mener. À la ville de London, nous avons négocié avec divers établissements, afin que les femmes et leurs enfants puissent se rendre immédiatement à un endroit sécuritaire où elles peuvent rester et recevoir du counselling et du soutien jusqu'à ce qu'un autre endroit soit trouvé.
Ce n'est pas financé par le gouvernement à défaut d'être considéré comme une place en refuge.
En ce qui a trait aux agressions sexuelles, de toute évidence, nous offrons des services de soutien à beaucoup de femmes. Notre nom ne mentionne pas les agressions sexuelles. Je crois que le gouvernement ne comprend pas assez bien notre travail pour comprendre le lien entre les agressions sexuelles et la traite des personnes, par exemple, les cas d'agressions sexuelles d'enfants parmi les femmes qui viennent vers nous, et aussi le chevauchement entre tous les aspects de la violence des hommes contre les femmes, de la violence attribuable aux agresseurs à la maison qui agressent sexuellement nos clientes ou leurs enfants, ou des agressions sexuelles commises par un étranger ou lors d'un rendez-vous galant.
Je ne sais pas pourquoi nous n'avons pas reçu d'argent. Nous avons d'abord pensé que c'était à cause de notre caractère un peu distinct. Nous sommes probablement l'un des seuls organismes qui offrent un tel degré de défense des droits. J'ai toutefois appris plus tard, grâce à l'étude menée par le bureau de M. Fragiskatos, qu'on avait déterminé qu'au moins 600 autres organismes n'avaient également pas reçu de fonds.
Je tiens à vous remercier du leadership dont chacune de vous fait preuve, ainsi que de votre travail incroyable. Je suis vraiment ravie de votre participation aujourd'hui.
J'aurais trois questions différentes à poser, et je n'ai pas beaucoup de temps. Je vais commencer par une question sur la garde d'enfants que je vais adresser à Mme Scott, du Centre canadien de politiques alternatives.
Comme tous les témoins, je crois, vous avez beaucoup parlé des répercussions de la COVID sur les femmes. Je crois que vous avez mentionné le fait que la grande majorité des personnes qui se trouvent en première ligne et qui occupent des emplois essentiels sont des femmes. Je crois que vous savez, madame Scott, qu'en 2005-2006, le gouvernement libéral de l'époque a signé diverses ententes bilatérales avec les provinces. Nous avons essayé de mettre en place un programme national de garde d'enfants, à l'époque. Malheureusement, le NPD n'a pas appuyé notre gouvernement minoritaire de l'époque, ce qui fait que nous avons été défaits et que nous avons abouti avec un gouvernement conservateur qui n'a pas donné suite au programme national de garde d'enfants.
Voilà où nous en sommes aujourd'hui, et je peux vous assurer qu'il n'y a pas une seule députée, en ce moment, qui ne souhaite pas l'adoption immédiate d'un programme national de garde d'enfants.
Quel modèle proposez-vous? L'une des grandes questions est le mécanisme de prestation, à savoir s'il faut que la prestation soit assurée par les provinces, étant donné que l'éducation et les services de garde relèvent de leurs compétences. Quel modèle proposeriez-vous?
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Les services de garde sont essentiels à toute reprise. C'est nécessaire. Sans eux, les femmes ne pourront pas reprendre leur place dans la population active. Le secteur de la garde d'enfants se mobilise dans diverses provinces et crée des plans, non seulement à l'échelle provinciale, mais à l'échelle fédérale aussi. En ce moment, si je comprends bien, ce qu'on demande au gouvernement fédéral, c'est de couvrir jusqu'à concurrence de 75 % des frais de fonctionnement des services de garde autorisés, avec comme condition que les provinces couvrent les 25 % restants.
En ce moment, ce qui est préoccupant, c'est que l'argent est requis immédiatement pour stabiliser l'offre de services de garde. Un grand nombre de municipalités, d'organismes sans but lucratif et de centres du secteur privé ne reçoivent plus depuis quelques mois les frais normalement payés par les parents. Leur situation financière est précaire, et de nombreux centres ne seront pas en mesure de rouvrir, comme l'indiquent les statistiques. Ils ont besoin d'une infusion immédiate d'argent pour maintenir leurs entreprises à flot et pour se préparer à ce qui les attend, c'est-à-dire la modification de leur modèle de fonctionnement pour la distanciation physique qui sera requise pendant encore une année ou deux dans la prestation des services de soutien social et communautaire. Combien de centres de garde d'enfants qui n'ont pas accès à ces types de ressources vont le faire?
Naturellement, le milieu des services de garde d'enfants s'attend à ce que le gouvernement fédéral assume un rôle de leadership. Dans le passé, il a versé de l'argent pour les services de garde d'enfants, par exemple les fonds destinés à l'éducation de la petite enfance, au début des années 2000. Vous avez mentionné cela. Sous le gouvernement Chrétien, il y a eu des transferts destinés à cela.
On se préoccupe de la façon de cibler cela, du point de vue de l'offre en particulier. Nous ne demandons pas plus d'argent pour les subventions aux parents. Ce qui est crucial, c'est d'avoir une offre stable. Les centres ont besoin de ces ressources pour prendre de l'expansion. Je crois qu'il est vraiment important de soumettre l'aide à des exigences liées aux ratios de dotation et à la qualité des soins.
C'est le moment d'établir les assises d'une réponse pancanadienne — pour le modèle des services de garde pour tous qui nous sera nécessaire.
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Merci beaucoup de cette question.
Non, toute la question des congés de maladie payés est évidemment passée au premier plan des considérations. Nous étudions actuellement différents modèles pour savoir comment vous pourriez mettre cela en œuvre. C'est certainement une question qui nous préoccupe. Mon collègue en Colombie-Britannique examine différents modèles, ainsi que ceux de l'Ontario. Nous n'avons pas de modèle particulier que nous proposerions maintenant. Cela demeure un grave problème.
Le Canada, comparativement, accuse beaucoup de retard pour ce qui est des congés payés qui sont habituellement disponibles aux travailleurs canadiens. Le problème ici, bien entendu, c'est qu'un très grand nombre de travailleurs n'y ont pas accès non plus. Ils pourraient avoir accès au système d'assurance-emploi, mais de nombreux travailleurs ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi. On estime que seulement 40 % des travailleurs y sont admissibles.
Les congés payés ne sont pas largement répandus. Les lois et les règlements sur le travail et l'emploi à l'échelle provinciale n'offrent pas les congés nécessaires également, en particulier pour les travailleurs qui occupent un emploi précaire, les travailleurs marginalisés ou migrants, qui constituent un autre groupe essentiel de travailleurs qui sont grandement vulnérables à l'heure actuelle et affligés par la maladie.
Oui, nous examinons différents modèles. Nous espérons que ce sera l'un des effets durables du modèle. Nous devons revoir tous nos systèmes de soutien à la sécurité au revenu. Cela a permis de mettre en évidence les lacunes et l'incapacité de notre filet de sécurité sociale pour protéger plus d'un tiers de notre main-d’œuvre qui travaille à temps partiel, dans des conditions précaires ou dans des emplois temporaires à contrat.
C'est vraiment quelque chose à laquelle nous devons prêter attention à l'avenir, alors que nous commençons à suivre la polarisation entre les travailleurs: ceux d'entre nous qui peuvent rester à la maison et faire leur travail et profiter de ce privilège, par opposition aux nombreux travailleurs au Canada qui ne peuvent tout simplement pas le faire. La réforme de la législation du travail et de la sécurité du revenu doit faire partie de nos actions.
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Merci beaucoup de vous joindre à nous aujourd'hui.
L'une des dernières questions que le Comité de la condition féminine a examinées il y a environ un an et sur laquelle il a produit un rapport était les refuges et le manque de financement et de politiques du gouvernement pour venir en aide aux femmes vulnérables qui font appel à ces centres.
Par ailleurs, nous avons encore vu une réduction, au beau milieu de cette pandémie où, madame Walker, vous avez dit que votre centre ne reçoit pas de financement. Nous savons qu'il existe environ plus de 600 centres au pays qui ne reçoivent pas de financement. Cela semble aller à l'encontre du rapport et de ce qu'il réclamait au printemps dernier. Le moment est plutôt mal choisi pour réduire ce financement lorsque nous sommes au beau milieu d'une pandémie et que nous enregistrons une hausse marquée de la violence conjugale contre les femmes et les filles.
Par ailleurs, le financement a également été réduit pour ce qui est de traquer les individus qui victimisent les femmes et les filles par l'entremise de la traite des personnes. Madame Walker, vous avez parlé brièvement de ce problème et de ses répercussions sur votre organisation, ainsi que du fait que le manque de financement a fait stagner ou a menacé de faire stagner une partie de l'excellent travail que vous faites à London, en Ontario.
Madame Walker, pour commencer, je me demande si vous pourriez corriger cette fausse perception où l'on pense que la traite des personnes survient dans d'autres pays et peut-être aborder l'idée selon laquelle la traite des personnes se produit dans des pays développés, mais certainement pas au Canada. Nous savons que ce n'est pas le cas, mais je pense qu'il est très difficile pour bien des gens de comprendre à quoi ressemble la traite des personnes dans notre propre pays. CTV News a rendu public un rapport l'hiver dernier. Il faisait état que 93 % des victimes de la traite des personnes au pays sont en fait des citoyens canadiens.
Je me demande si vous pouvez faire la lumière sur l'expérience d'une victime de la traite des personnes au Canada. Concrètement, comment cela fonctionne-t-il?
Madame Walker, le fonds qui a été mis en place pour soutenir la lutte contre la traite des personnes en 2009 s'élevait à 57,22 millions de dollars, ce qui représente une somme importante. Ce financement pourrait certainement être plus élevé, mais à l'heure actuelle, il n'y a plus du tout de fonds en raison de la compression du gouvernement.
Vous avez soulevé quelques façons dont les femmes et les filles peuvent être victimes de la traite des femmes. Par ailleurs, je crois savoir que les femmes et les filles peuvent également être victimes de la traite des personnes dans leurs écoles et dans les centres commerciaux. Vous avez mentionné les collèges, les universités, les sites Internet et les salons de massage. Tous ces lieux sont des lieux propices à la traite des femmes et des filles.
Vous avez mentionné plus tôt dans votre témoignage qu'elles ne sont pas payées; c'est l'individu qui se livre à la traite de ces femmes qui est payé. Ces femmes et ces filles ne touchent malheureusement rien.
Ce que je trouve intéressant, c'est que le gouvernement actuel accorde une subvention salariale à un grand nombre de ces organisations qui sont responsables de la traite de ces femmes et de ces filles, mais n'offre aucune aide aux femmes et aux filles.
Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet?
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Eh bien, nous disons toujours que toutes les filles et les femmes sont des victimes potentielles de violence pour aucune autre raison que le sexe avec lequel elles sont nées. Les trafiquants cherchent des filles dans tout le pays pour les vendre et les violer. Plus la fille est jeune, plus la somme d'argent que le trafiquant reçoit est élevée, et si elle est mineure et vierge, il touche le gros lot.
C'est la réalité du travail que nous faisons chaque jour. Lorsque les femmes et les filles qui ont été victimes de la traite des personnes viennent à notre bureau, c'est généralement parce qu'elles ont été aiguillées par des policiers. Elles ne veulent pas rester; elles veulent rentrer à la maison. Leur mère et leur père leur manquent. Elles ne veulent plus être utilisées de cette manière.
C'est un problème très grave, et s'il n'y a aucun financement pour le résoudre, comme je l'ai dit plus tôt, ces filles retournent à leur trafiquant. La traite des personnes est un problème très complexe, et j'aimerais avoir des heures pour pouvoir l'expliquer.
Les trafiquants savent qu'il est illégal de recruter d'autres filles, alors ils utilisent d'autres femmes dans ce qu'ils appellent leur « écurie » — comme des animaux, leur écurie de femmes — pour faire le recrutement. Souvent, vous lirez dans les journaux que ce sont des jeunes femmes qui sont arrêtées et accusées d'activités de recrutement, et c'est parce qu'on les appelle les « salopes du bas » et qu'elles font précisément ce travail.
C'est une crise. Nous faisons face à une crise. Nous perdons des filles et des femmes. Nous travaillons dans des centres de détention des jeunes où les trafiquants envoient des filles pour en recruter d'autres à leur sortie. C'est un problème très grave.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'aujourd'hui. C'est certainement une discussion très intéressante.
Je suis le député pour les Territoires du Nord-Ouest. Je représente une population autochtone importante; plus de la moitié de mes concitoyens sont autochtones. Lorsqu'on a commencé à entendre parler de la pandémie, nous étions très préoccupés. L'historique des épidémies et des pandémies montre que les Autochtones sont toujours les plus touchés. Bien souvent — presque tout le temps —, nous sommes laissés à nous-mêmes, avec très peu de soutien du gouvernement.
Nous sommes très heureux de voir que le gouvernement fait des investissements. Ce sont des investissements très importants. C'est en fait historique. Plus de 500 refuges et centres d'aide aux victimes d'agressions sexuelles ont été financés. L'argent afflue vers le Nord. De nombreuses personnes sont au chômage, et nous avons vu des investissements très importants et nouveaux dans le Nord. Nous avons vu ces investissements dans tout le pays, d'ailleurs.
En ce qui concerne le soutien aux collectivités autochtones, nous avons vu de l'argent pour les programmes des terres, ce qui nous a beaucoup aidés. Nos centres d'amitié ont reçu du soutien. Cette aide nous a vraiment aidés. C'est la première fois que nous voyons ce type de soutien. Cette aide permet de rassembler les collectivités. Par ailleurs, il y a plus de gens que jamais auparavant qui s'aventurent dans la nature sauvage et qui reviennent sur la terre. Cela fait très, très longtemps. Cette aide a permis à nos collectivités de faire des choses différentes. Elle a permis à nos collectivités de restreindre la vente d'alcool. Elle a permis à nos collectivités de renforcer la sécurité sur nos routes. Elle a permis d'arrêter un grand nombre de contrebandiers et de trafiquants de drogue. Bien sûr, nous sommes capables de faire cela parce que nous sommes assez isolés. Nous avons également pu mettre en place des camps de counselling sur les terres, où les personnes traumatisées, celles qui vivent des moments difficiles, peuvent aller parler aux aînés et à certains des gardiens du savoir. Cela fonctionne très bien pour nous.
Je ne pense pas que ce soit la même chose dans le Sud. Les problèmes sont différents, selon qu'il s'agit de personnes vivant dans des centres urbains ou dans des régions rurales. Je sais qu'il y a des différences dans la manière dont les femmes autochtones font face à la pandémie par rapport aux femmes non autochtones.
Selon SheEO, y a-t-il des renseignements qui mettent en évidence que les femmes autochtones et les femmes non autochtones sont touchées différemment par la pandémie?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous nos témoins d'aujourd'hui de leurs convaincants témoignages.
Je suis une nouvelle députée. Il s'agit de mon premier mandat et c'est la première fois que je siège à un comité aussi important que le Comité des finances. Je dois dire que certains commentaires que j'ai entendus ici aujourd'hui m'ont laissée quelque peu perplexe, parce que je fais partie d'un gouvernement qui, je pense, a fourni un financement sans précédent. Je manquerais à mon devoir si je ne soulignais pas, aux fins du compte rendu, certaines mesures de financement que nous avons déjà offertes. Nous n'avons pas réduit le financement. Depuis notre arrivée au pouvoir, nous avons créé plus de 7 000 places dans des refuges, alors que l'objectif initial était d'y parvenir d'ici 2027. Nous avons déjà atteint cet objectif.
Un tiers des investissements de la Stratégie nationale sur le logement ont été consacrés aux femmes. Nous avons financé plus de 420 refuges et 90 centres d'aide aux victimes d'agression sexuelle, et nous avons prévu 10 millions de dollars pour appuyer les organisations de femmes qui ne font pas partie de ces catégories. Nous avons fourni de nouveaux fonds en réponse à la COVID-19. Le 22 avril dernier, nous avons versé 6,46 millions de dollars au Québec seulement. De ce montant, 4,25 millions de dollars sont allés à 118 refuges et 790 000 $ sont allés à 49 centres d'aide aux victimes d'agression sexuelle. Toutefois, comme il s'agit d'une compétence provinciale et que toutes les provinces sont très sensibles à cet aspect, le Québec a insisté pour que tout ce financement soit administré par la province. Dans le budget de 2019, nous avions prévu 160 millions de dollars sur cinq ans pour les programmes destinés aux femmes.
Pouvons-nous faire plus? Pouvons-nous faire mieux? Sans aucun doute. Tous les gouvernements peuvent faire plus et faire mieux, mais je pense que ce gouvernement s'est montré à la hauteur, a fourni de l'aide, a entendu et a écouté. Nos programmes sont souples. Je suis désolée si je m'exprime avec tant de passion, mais je crois tellement en nos actions que je me devais de rétablir les faits.
Ma question s'adresse à Mme Kamateros. Je vous remercie beaucoup de vos commentaires convaincants et du travail que vous faites, avec votre équipe, à Bouclier d'Athéna. Je connais votre organisme depuis de nombreuses années et je vous félicite de tout votre excellent travail. Je félicite aussi tous ceux qui sont ici de leur travail acharné et excellent.
Vous avez évoqué à plusieurs reprises un financement précis pour une allocation. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet? Quel serait un montant adéquat ou un calendrier de versements? Votre organisme — ou un organisme que vous connaissez — a-t-il réalisé une étude qui pourrait nous donner un ordre de grandeur correct?
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Mes commentaires sont fondés sur notre expérience lorsque nous avons accueilli des femmes au refuge ou dans les centres. Beaucoup de femmes ont un emploi. Toutefois, pour celles qui n'ont pas d'emploi et qui sont habituellement dépendantes financièrement, nous commençons par les inscrire à l'aide sociale. L'aide sociale est de 600 $, mais pour une femme qui doit payer un loyer de 500 $ par mois en raison du manque de logements sociaux abordables, c'est un problème, et il est plus grave encore si elle a des enfants.
Je dirais que toute étude éventuelle devrait porter sur une échelle mobile des besoins, parce que nous ne voulons pas non plus qu'on profite du système. Ce n'est pas ce que nous préconisons. Il faut favoriser l'autonomie des femmes. C'est également un aspect fondamental de la perspective féministe: comment une femme peut-elle devenir autonome et éviter de se retrouver de nouveau dans une situation de violence? Je suis certaine qu'une étude pourrait être faite, mais 600 $ d'aide sociale, c'est insuffisant.
De l'autre côté du spectre, que devons-nous faire lorsque des femmes viennent nous voir pour obtenir plus d'argent? Devons-nous les conseiller des façons d'obtenir de l'argent comptant et de ne pas déclarer l'argent qu'elles reçoivent? Il faut un jour parvenir à briser le cycle de la pauvreté qui touche beaucoup de femmes qui sont aussi victimes de violence conjugale. Encore une fois, la violence conjugale n'est pas un problème propre aux femmes pauvres; c'est simplement qu'elles sont beaucoup plus touchées.
Que pouvons-nous faire? Nous avons reçu de l'aide pour les refuges, et nous en remercions le gouvernement, car tous les refuges du Québec ont reçu quelque 50 000 $ pour la situation liée à la pandémie dans le cadre de ce programme de financement. Regardons toutefois ce que nous pouvons faire pour la femme, pour la victime elle-même. Pouvons-nous lui offrir une aide financière quelconque pour l'appuyer dans sa démarche vers l'autonomie? C'est tellement important. Et c'est particulièrement important pour les femmes qui n'ont pas le choix, comme j'essayais de le dire plus tôt.
Non, je n'ai pas d'avis sur ce que cela pourrait être, mais je suis certaine que si nous créions un comité, nous pourrions trouver une solution sensée. Toutefois, il est urgent d'offrir aux femmes victimes de violence conjugale une telle allocation ou prestation. Je ne sais pas trop comment appeler cela.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais commencer par réagir à ce qu'a dit ma collègue, Mme Koutrakis. À mon point de vue, le problème, c'est que le fédéral s'est énormément désengagé de son rôle en matière de santé et de services sociaux, essentiellement au milieu des années 1990, pour régler le déficit. Il ne s'est plus occupé du logement social. Il ne s'est plus occupé du financement de la santé et des services sociaux et, depuis ce temps, il y a un problème. Le gouvernement libéral a fait des annonces de réinvestissement, mais ce n'est rien en comparaison des suppressions qu'il a faites quelques décennies plus tôt.
Il y a un excellent livre à ce sujet, qui s'intitule Combating poverty. Ce livre montre que, après cela, le niveau de pauvreté a explosé, particulièrement chez les femmes seules, et encore plus chez celles qui sont chefs de famille. En revanche, le Québec a fait exception. Avec les moyens du bord, le gouvernement a notamment mis en place une politique familiale, qui est très efficace, puisqu'elle permet aux femmes de rester actives sur le marché du travail. Ma question, en lien avec cela, s'adresse à Mme Scott.
Madame Scott, dans votre présentation, il y avait plein d'éléments très intéressants, mais, à cet égard, vous avez montré que, en raison de la présente pandémie de la COVID-19, il y a un nombre important de femmes qui risquent de quitter définitivement le marché du travail. Nous connaissons la solution à long terme, et c'est le modèle québécois, la politique familiale globale. À court terme, qu'est-ce qui peut être fait?
Je vous pose tout de suite une deuxième question. Selon vous, le fait que le fédéral ait injecté 500 millions de dollars dans les systèmes de santé est-il suffisant ou est-ce que le fédéral devrait en faire davantage?