:
La séance est officiellement ouverte.
Bienvenue au premier volet de la 41e séance du Comité des finances de la Chambre des communes, qui se penche sur les dépenses engagées par le gouvernement, le Mouvement UNIS et la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. La séance d'aujourd'hui se tient par vidéoconférence, et nos délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes.
Nous avons le plaisir de recevoir, en cette première partie de la séance, Mme Bardish Chagger, ministre de la Diversité et de l'Inclusion et de la Jeunesse. Elle est accompagnée de Gina Wilson, sous-ministre déléguée principale, Diversité, Inclusion et Jeunesse, du ministère du Patrimoine canadien.
Avant de vous laisser la parole, madame la ministre, je sais que vous avez un exposé à présenter, mais nous devons examiner une question concernant les travaux du Comité.
Je pense que tous les membres ont un exemplaire du rapport du Sous-comité. Ce dernier s'est réuni le jeudi 9 juillet pour examiner les travaux du Comité, et a convenu de faire les recommandations suivantes:
Que, en ce qui concerne l’étude de la réponse du gouvernement à la pandémie de la COVID-19 et l’attribution du contrat à fournisseur unique au Mouvement UNIS:
a) le Comité se rencontre le jeudi 16 juillet, le mardi 21 juillet, le mercredi 22 juillet et le mardi 28 juillet;
b) que pour la réunion du jeudi 16 juillet, la ministre de la Diversité et de l’Inclusion et de la Jeunesse et le sous-ministre de la Diversité et de l’Inclusion et de la Jeunesse soient sur le premier panel; et que le greffier du Conseil privé et le sous-ministre adjoint principal de la Direction générale des compétences et de l’emploi à Emploi et Développement social Canada soient sur le deuxième panel;
c) que les listes de témoins préliminaires, en ordre de priorité, soient remises au greffier du Comité avant 12 heures le lundi 13 juillet;
d) que les listes finales de témoins, en ordre de priorité, soient remises au greffier du Comité avant 12 heures le vendredi 17 juillet;
e) qu’au cours des trois autres réunions, le Comité entende un maximum de 18 témoins.
C'est la motion qui a été proposée. Je n'ai qu'un mot d'explication: le greffier est en congé et ne pouvait participer à la séance d'aujourd'hui. J'ai dit que c'était correct et qu'il serait là le 21. C'est ce qui a été entendu.
Est-ce que quelqu'un veut proposer ce rapport? Qui veut le proposer? D'accord, c'est Peter Fragiskatos.
Quelqu'un souhaite-il intervenir à ce sujet?
(La motion est adoptée.)
:
La pandémie de la COVID-19 a profondément affecté la vie quotidienne de tous les Canadiens et a touché de façon disproportionnée les plus vulnérables. Les jeunes du Canada ne font pas exception.
Monsieur le président, les Canadiens souffrent.
[Traduction]
Dans la circonscription de Waterloo que je représente, il y a trois établissements d’études postsecondaires. Je sais de la source même que les étudiants sont confrontés à des défis uniques durant cette pandémie, qu’il s’agisse de leurs études, des perturbations dans les possibilités d’emploi, de leur stage ou de leur programme coopératif. Comme la plupart des Canadiens, ils vivent dans l’incertitude quant à ce qui s’en vient.
Lorsque la pandémie s’est déclarée, notre gouvernement a agi immédiatement en décrétant un moratoire sur le remboursement des prêts d’études canadiens, notamment par l’exemption des intérêts. Puis, en avril, le a annoncé un investissement 9 milliards de dollars pour les étudiants et les jeunes, ce qui comprend la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants.
Nous avons également doublé les bourses d’études canadiennes et augmenté le Programme canadien de prêts aux étudiants afin que les étudiants confrontés à des difficultés financières aient les moyens de recevoir une éducation postsecondaire. Nous avons augmenté le nombre de possibilités d’emploi et le soutien pour les jeunes partout au pays par l’entremise de la Stratégie emploi et compétences jeunesse, et nous avons augmenté notre investissement dans le programme de stages pratiques pour étudiants, afin de créer 20 000 stages pratiques pour les étudiants de niveau postsecondaire dans leur domaine d’études.
Dans le cadre de ce train de mesures de soutien aux étudiants et aux jeunes, le gouvernement du Canada a créé la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Lors de la mise en place de cette bourse, la pandémie avait déjà bouleversé notre réalité et provoqué nombre de difficultés majeures.
Tout d’abord, alors que le pays était en confinement, les étudiants de niveau postsecondaire et les jeunes diplômés ont été confrontés à des défis sans précédent. L’incertitude économique régnait et il est devenu évident que les étudiants peineraient à trouver un emploi pendant l’été, un emploi qui serait crucial pour les aider à payer leurs études l’automne venu, à rembourser une dette étudiante ou à payer les dépenses connexes, comme le logement ou les services publics.
Ensuite, bon nombre d’organismes sans but lucratif nous ont dit qu’ils peinaient à offrir des services à leur collectivité. Près de la moitié d’entre eux éprouvaient des difficultés à recruter des bénévoles, alors même que les besoins pour leurs services augmentaient. Les lignes directrices de la sécurité publique exigeant la distanciation physique, beaucoup d’organismes sans but lucratif ont dû trouver de nouvelles façons de recruter des bénévoles tout en continuant à soutenir leur collectivité dans le contexte de la COVID-19.
[Français]
Troisièmement, les étudiants nous ont également dit très clairement qu'ils veulent travailler, mais qu'ils veulent aussi servir leur communauté.
Nous avons vu des jeunes Canadiens retrousser leurs manches pour venir en aide à leurs voisins vulnérables, faire des courses à l'épicerie et permettre aux gens autour d'eux de se rapprocher en utilisant la technologie. Ils ont été là dans les moments où l'on avait besoin d'eux.
[Traduction]
Au cœur de cette réalité, nous avons établi des objectifs stratégiques globaux pour cette bourse pendant la crise. Nous nous sommes efforcés d’offrir aux étudiants un moyen de servir leur collectivité et d’acquérir des compétences, tout en reconnaissant leur contribution et en appuyant la poursuite de leurs études postsecondaires. Il était important pour moi que la conception du programme reflète la diversité de notre pays et qu’il soit inclusif pour les étudiants, sans égard à leurs habiletés, à leur région ou à leur situation socioéconomique. J’ai fait en sorte qu’un large éventail d’étudiants et d’organismes sans but lucratif puissent participer à cette nouvelle initiative.
Compte tenu de la portée et de l’ampleur du programme, la fonction publique a indiqué que la conclusion d'une entente de contribution avec une tierce partie était la meilleure approche à adopter pour que les étudiants et les organismes sans but lucratif puissent recevoir le plus rapidement possible le soutien dont ils ont besoin. L'entente de contribution qui a été négociée par la fonction publique et signée par le gouvernement du Canada et l'organisme de bienfaisance UNIS accordait des fonds à diverses cohortes.
La première annonce que nous avons faite concernait 20 000 stages, une initiative qui a reçu 19,5 millions de dollars. De cette somme, 5 millions de dollars étaient destinés à des organismes sans but lucratif pour la création et le soutien dont ils avaient besoin, et 300 000 $ étaient prévus pour le soutien à l'accessibilité pour que chaque étudiant puisse participer, sans égard à ses capacités.
Deux autres catégories de financement ont été envisagées au titre de l'entente de contribution. Un montant de 10,5 millions de dollars devait être accordé à l'organisme de bienfaisance UNIS afin de gérer le programme relatif aux petits organismes sans but lucratif locaux souhaitant participer au programme. Ces fonds ont été versés à UNIS en anticipant que ces groupes souhaiteraient participer au programme.
En outre, comme nous l'avons toujours affirmé, notre intention consistait à accroître le soutien dans le cadre de ce programme. Si les choses s'étaient passées ainsi, un montant supplémentaire de 13,53 millions de dollars aurait été versé à UNIS afin d'offrir 20 000 stages additionnels. Le versement de ce financement n'aurait été autorisé que si la demande avait été là et si le programme avait suivi son cours comme prévu. Des mesures de contrôle étaient en place et le versement aurait dû être approuvé pour avoir lieu. Nous ne sommes pas passés à la deuxième cohorte.
Du budget total de 912 millions de dollars, c'est un montant maximal de 43,53 millions de dollars qu'aurait pu recevoir l'organisme de bienfaisance UNIS. La vaste majorité des fonds devait financer des subventions ponctuelles pour aider les étudiants à payer les frais de leur éducation postsecondaire.
Monsieur le président, sachez que c'est une entente de contribution que la fonction publique a conclue avec l’organisme de bienfaisance UNIS et non un contrat, comme l’opposition continue de laisser entendre.
[Français]
J'aimerais aussi clarifier une chose une fois pour toutes: notre fonction publique a conclu une entente de contribution avec l'organisation UNIS et non un contrat, comme l'opposition continue de l'affirmer.
[Traduction]
Une entente de contribution a permis au ministère de bénéficier de la capacité numérique et du réseau d’un organisme national afin de mettre rapidement sur pied le programme de Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Selon la recommandation claire de l’administration non partisane et professionnelle du programme, UNIS était l’organisme capable de gérer ce programme dans les délais requis.
Monsieur le président, vous le savez, le Mouvement UNIS ne gère plus le programme de Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Des dizaines de milliers d’étudiants et des centaines d’organismes sans but lucratif...
:
Je vous remercie, monsieur le président.
De toute évidence, de sérieuses discussions ont lieu au sein du Cabinet et de nos équipes. Oui, nous avons posé ces questions. Notre objectif consistait à offrir un programme aux étudiants pour qu'ils puissent faire du bénévolat et offrir des services dans les communautés, et pour les mettre en rapport avec des organismes sans but lucratif à la recherche d'un soutien dont ils ont grand besoin.
M. Charlie Angus: D'accord...
L'hon. Bardish Chagger: C'était donc là ma priorité. Oui, j'ai posé des questions difficiles à la fonction publique. Quand nous avons pris cette décision...
M. Charlie Angus: D'accord, trève de...
L'hon. Bardish Chagger: ... et la fonction publique a indiqué dans sa recommandation que c'était la seule organisation qui pouvait offrir ce programme...
M. Charlie Angus: Non, la question concernait...
L'hon. Bardish Chagger: ... nous avons continué d'avoir des discussions difficiles.
M. Charlie Angus: Allons donc, monsieur le président.
L'hon. Bardish Chagger: J'ai finalement accepté cette recommandation.
:
Merci, monsieur le président.
J’aimerais d’abord féliciter le ministère de la Diversité et de l’Inclusion et de la Jeunesse, ainsi que les fonctionnaires à EDSC et au ministère du Patrimoine canadien, pour avoir élaboré le programme de Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Il s’agit d’un programme véritablement novateur, et je peux à peine imaginer la créativité et l’originalité de toutes les personnes qui y ont participé.
À un moment où les organismes de bienfaisance connaissent des difficultés sans précédent, pareil programme est essentiel. Les 900 millions de dollars de bourse pour étudiants se seraient, en gros, traduits par 90 millions d'heures de bénévolat et auraient indéniablement aidé les organismes de bienfaisance à combler les lacunes existantes en ce qui concerne les services de première ligne.
De plus, si la totalité des 900 millions de dollars avaient été distribués, le montant maximal de 43 millions de dollars en coûts administratifs pour dédommager Mouvement UNIS aurait représenté moins de 5 % du coût total du programme. J’estime que ce pourcentage aurait été tout à fait conforme aux frais d’administration et de gestion de projet normaux pour pareils programmes, surtout compte tenu des délais serrés.
Madame la ministre, pouvez-vous jeter l’éclairage sur les intentions et les objectifs du programme de Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant? Avec plus de 35 000 demandes, dans quelle mesure le programme a-t-il été efficace pour encourager le bénévolat à un moment où tant d’organismes de bienfaisance et de communautés ont de la difficulté à obtenir des dons, qui ont baissé d’environ 50 %?
:
Je remercie la députée de reconnaître que nous traversons une situation très difficile et sans précédent. Les fonctionnaires, tous comme les membres du gouvernement et l’ensemble des députés, travaillent sans relâche, tout comme les Canadiens.
C’était vraiment un autre programme dans la série offerte aux étudiants et aux jeunes. Nous savons que la COVID-19 a eu des répercussions sur tous les Canadiens et qu’elle a surtout touché les plus vulnérables, et les jeunes n’y font pas exception. Nous savons que les jeunes ont retroussé leurs manches et ont redonné aux communautés pour participer à leur guérison pendant cette période difficile. Ce programme visait vraiment à faire en sorte que les jeunes, les étudiants, soient récompensés pour avoir saisi des occasions d’offrir des services, non seulement dans leurs communautés, mais aussi dans d’autres communautés, par voie virtuelle, contribuant ainsi à la guérison de leurs communautés et d’autres.
Au lancement du programme, nous avons été immédiatement submergés de demandes: nous en avons reçu 35 000 d’étudiants qui voulaient y participer. Les conversations se poursuivent. Les étudiants veulent que ce programme soit offert. Les organismes sans but lucratif veulent recevoir du soutien. Voilà pourquoi je suis résolue à faire en sorte que ce programme soit offert.
Nous continuons d’accorder la priorité aux Canadiens, surtout aux personnes vulnérables. C’est précisément pourquoi, lorsque l’entente de contribution a été négociée, nous nous sommes assurés de recueillir des données ventilées pour que les membres les plus vulnérables de notre société aient l’occasion de redonner à leurs communautés et de contribuer à leur guérison.
Il s’agit d’un programme très novateur. Comme nous le savons, les bénévoles du nord au sud et d’est en ouest jouent un rôle déterminant dans le travail des organismes sans but lucratif. Ils doivent être reconnus. C’était une façon non seulement de les remercier pour leur service, mais aussi de récompenser les étudiants. Nous savons que, lorsqu’ils devront payer leurs études postsecondaires à l’automne, le fardeau financier qui pèsera sur eux sera lourd. Nous leur offrions simplement une bourse pour les aider pendant cette période très difficile.
Bienvenue à la réunion numéro 41 du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Nous accueillons maintenant notre deuxième groupe de témoins. Comme tout le monde le sait, nous nous réunissons pour discuter des dépenses engagées par le gouvernement, de Mouvement UNIS et de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. La réunion d'aujourd'hui se déroule par vidéoconférence et sera affichée sur le site Web de la Chambre des communes.
Dans le cadre de ce groupe, nous entendrons Mme Wilson, sous-ministre déléguée principale, Diversité, Inclusion et Jeunesse, du ministère du Patrimoine canadien. Mme Wilson a aussi fait partie du premier groupe. Du ministère de l'Emploi et du Développement social, nous accueillons Rachel Wernick, sous-ministre adjointe principale, Direction générale des compétences et de l'emploi; et Stephanie Hébert, sous-ministre adjointe, Direction générale des opérations de programmes.
Nous entendrons les remarques liminaires de Mme Wilson avant de passer aux questions. Pour votre information, ce sera M. Poilievre qui commencera, suivi de Mme Dzerowicz, de M. Fortin et de M. Julian.
Madame Wilson, nous vous écoutons.
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C'est noté. Les interprètes ont aussi une copie de mes remarques.
Monsieur le président, en mars et en avril dernier, lorsque la gravité de la pandémie est devenue évidente, le gouvernement du Canada a concentré ses efforts afin de fournir aux Canadiens l'aide dont ils avaient besoin, et ce, le plus rapidement possible. Je sais qu'à Emploi et Développement social Canada, EDSC, une priorité était d'élaborer, d'instaurer et de distribuer rapidement la Prestation canadienne d'urgence, la PCU, en collaboration avec l'Agence du revenu du Canada. Une autre était d'instaurer d'autres mesures de soutien essentielles telles que la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants. Mes collègues de la fonction publique ont travaillé sans relâche, de jour comme de nuit, pour appuyer les efforts du gouvernement et faire en sorte que les Canadiens reçoivent le soutien nécessaire au moment où ils en ont le plus besoin.
Au même moment, monsieur le président, EDSC a dû s'adapter à de nouvelles façons de travailler, de plus en plus d'employés travaillant à domicile à mesure que les provinces et les territoires se confinaient. Certains d'entre eux devaient également trouver des solutions aux risques posés par la propagation de la COVID-19 à leur santé et à leur sécurité. En dépit de ces difficultés, le ministère s'est rapidement et efficacement montré à la hauteur. Cependant, nous ne pouvons ignorer qu'il s'agit d'une période sans précédent, autant pour les Canadiens que pour les fonctionnaires.
Les jeunes ont eux aussi des défis majeurs à relever pendant cette pandémie. En réponse aux souhaits du gouvernement d'élaborer des mesures exhaustives pour aider les étudiants, un appel général a été lancé aux ministères concernés, dont EDSC, pour qu'ils proposent des options afin d'améliorer les programmes actuels destinés aux jeunes ou aux étudiants. Une série de mesures à l'intention des étudiants ont été mises en œuvre pour créer un ensemble, et le gouvernement voulait y inclure un volet de bénévolat.
Le 22 avril, le a annoncé une série de mesures visant à aider les étudiants pendant cette crise, notamment des améliorations à Service jeunesse Canada, administré par EDSC, et à la nouvelle Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Les fonctionnaires ont dû rapidement trouver le meilleur moyen de concevoir et de mettre en œuvre un nouveau programme répondant aux objectifs du gouvernement et aux vastes paramètres établis par l'annonce.
Trois choses étaient claires pour la fonction publique. Premièrement, dans le contexte de la COVID-19, il était impératif d'agir au plus vite. Cette initiative visait à aider les étudiants à contribuer de manière sécuritaire à leur collectivité pendant l'été, et à souligner ce bénévolat à l'automne au moyen d'une récompense financière qui les aiderait à poursuivre leurs études.
Deuxièmement, il était primordial de trouver une façon rapide et efficace de mobiliser les organismes sans but lucratif partout au pays, dont bon nombre peinaient alors à fournir des services à leur collectivité. Ils étaient confrontés, et c'est encore le cas pour beaucoup, à une forte augmentation des besoins et pouvaient bénéficier de l'aide des bénévoles.
Troisièmement, tous les étudiants devaient pouvoir facilement accéder au programme, lequel devait mobiliser efficacement les étudiants des groupes sous-représentés. Un vaste éventail d'étudiants et d'organismes sans but lucratif, petits et grands, de toutes les régions du pays, devaient pouvoir y participer.
Nous avons conclu que faire appel à une tierce partie, financée dans le cadre d'une entente de contribution, constituait l'approche la plus efficace quant à l'exécution du programme. Les ententes de contribution ne sont pas des contrats de service à fournisseur unique ni des marchés publics. Elles sont régulièrement utilisées en vertu de la Politique sur les paiements de transfert du gouvernement...
:
Afin d’aider le Comité, je limiterai mes remarques à fournir le contexte et la justification ayant motivé le ministère à recommander à la ministre Chagger de conclure une entente de contribution avec UNIS. Je voudrais souligner que la période pour laquelle je peux vous aider a précédé les discussions des ministres quant à la recommandation que leur a faite la ministre Chagger. Je ne m’avancerai pas sur les questions confidentielles du Cabinet.
Il est important de noter que la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant faisait partie d’une discussion en cours sur un vaste ensemble de mesures potentielles visant à appuyer les étudiants et les jeunes confrontés aux répercussions de la pandémie. Il ne devait jamais s’agir de l’unique mesure.
Le 8 avril, des changements au programme Emplois d’été Canada ont été annoncés. Les interactions et le potentiel chevauchement avec la conception et la mise en œuvre d’autres programmes existants et de nouvelles mesures d’urgence devaient être élaborés. L’ensemble a été regroupé sous une politique annoncée par le le 22 avril.
À la mi-avril, le sous-ministre délégué de l’Emploi et du Développement social et un représentant du ministère des Finances m’ont demandé de fournir de l’information, une analyse et une évaluation de potentielles options afin d’inclure des occasions de bénévolat dans un ensemble pour les étudiants. Le représentant du ministère des Finances a indiqué que le annoncerait l’ensemble pour étudiants dans les jours à venir et a cité le samedi 18 avril comme la date la plus probable. Dans ces discussions avec des représentants du ministère des Finances, je me suis appuyée sur le travail que mon équipe avait entrepris en mars pour évaluer la possibilité d’améliorer la programmation offerte sous Service jeunesse Canada.
Le 22 avril, le a annoncé lors de sa conférence de presse quotidienne un ensemble complet de soutien de près de 9 milliards de dollars destinés aux étudiants de niveau postsecondaire et aux nouveaux diplômés. J’ai appris le contenu final de l’ensemble lors de cette annonce.
[Français]
Cet ensemble comprenait deux mesures liées au bénévolat des jeunes.
La première était un investissement supplémentaire accordé au programme Service jeunesse Canada pour accroître le nombre de microsubventions offertes aux jeunes, lesquelles passeraient de 1 800 à 15 000, et pour proposer des allocations aux participants.
La deuxième était la nouvelle Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Ce nouveau programme permettrait de verser jusqu'à 5 000 $ aux étudiants pour les aider à payer leurs frais de scolarité à l'automne en échange de leur bénévolat.
[Traduction]
Après l’annonce, j’ai demandé à mes collèges du ministère des Finances s’ils pouvaient nous aider à peaufiner les détails. Ils m’ont dit que l’initiative devait être lancée d’ici la mi-mai et que les paramètres du programme devaient être axés sur deux éléments clés: une plateforme numérique sur le Web qui permettrait aux étudiants de présenter une demande pour le programme de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, les jumellerait aux occasions de bénévolat dans leur collectivité, et assurerait un suivi des heures réalisées; une bourse pouvant atteindre 5 000 $ pour les heures de bénévolat réalisées.
Il y avait plusieurs objectifs pour cette initiative. Le premier consistait à favoriser l’engagement des étudiants en contribuant à la réponse à la COVID-19 dans leur communauté grâce à des occasions de bénévolat tout au long de l’été. Le deuxième était de fournir une allocation financière pour reconnaître cette contribution en aidant les étudiants à couvrir leurs droits de scolarité à l’automne et les inciter à s’intéresser au bénévolat. Le troisième était de permettre aux étudiants d’acquérir les compétences et l’expérience nécessaires pour les aider à poursuivre leur carrière.
Les membres de mon équipe et moi-même avons rencontré des membres du personnel du cabinet de la ministre Chagger ainsi que des fonctionnaires représentant les organismes centraux pour mieux comprendre les résultats attendus de cette initiative. Il est vite devenu évident que les attentes étaient hautement ambitieuses, non seulement la rapidité de la mise en œuvre dans environ trois semaines, mais aussi la portée et l’ampleur de l’initiative. Le personnel du cabinet de la ministre a souligné que des occasions de bénévolat devaient être offertes dans chaque province et territoire, aussi bien dans les collectivités urbaines que rurales, grandes ou petites.
Le personnel de la ministre a aussi communiqué à l’équipe qu’il était impératif de s’assurer que les jeunes de milieux très diversifiés seraient encouragés et en mesure de participer, notamment les jeunes racialisés, autochtones, membres de la collectivité LGBTQ2 et handicapés. Il y avait une longue liste de considérations relatives à la conception et à la mise en œuvre que l’équipe a dû analyser afin de rassembler des conseils quant à la façon de concrétiser cette ambitieuse vision en trois semaines.
D’abord et avant tout, c’était le contexte de pandémie avec la santé et la sécurité des participants qui était au sommet des préoccupations. Nombre de considérations furent soulevées quant au risque de transmission communautaire, les jeunes ayant été ciblés comme étant un groupe démographique présentant un risque élevé de propagation. Les avis de santé publique sur les exigences relatives à la distanciation physique et à l’endiguement du virus étaient mis à jour quotidiennement. La sécurité des étudiants et des collectivités était la priorité principale de notre équipe.
La pandémie avait également des répercussions sur la capacité du ministère à offrir tout type de prestation directe. Vers la fin avril, le ministère, incluant son organisme de prestation, soit Service Canada, était complètement débordé avec les autres mesures d’urgence, et les fonctionnaires travaillaient jour et nuit pour verser les paiements d’urgence aux Canadiens.
La prochaine considération importante était la capacité des organismes du secteur à but non lucratif qui faisaient l’objet d’une immense pression et peinaient à respecter leur mandat. Bien que les bénévoles puissent leur venir en aide, ceux-ci ont besoin d’orientation, de supervision et d’outils numériques pour être en mesure d’y parvenir de manière sécuritaire et respectueuse dans un contexte de distanciation physique, ce qui nécessite du temps, des efforts et des ressources de la part des organismes qui accueillent les bénévoles.
Les interactions avec les mesures de soutien d’urgence récemment annoncées et les paiements représentaient une autre considération importante. Puisque les étudiants pouvaient recevoir la Prestation canadienne d’urgence ou la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants et que certains organismes à but non lucratif pouvaient toucher la Subvention salariale d’urgence du Canada, notre équipe devait définir des critères d’admissibilité justes et équitables pour tous sans toutefois créer de situations qui dissuaderaient les étudiants d’accepter un emploi rémunéré.
[Français]
Dans le cadre de mes fonctions, je travaillais également sur une proposition qui visait à accroître le nombre d'emplois offerts aux jeunes et à mettre en oeuvre de nouvelles mesures visant à offrir plus de souplesse aux employeurs en vertu du programme Emplois d'été Canada.
[Traduction]
Cette analyse avait aussi lieu dans un contexte où l’attention du public et des médias soulevait des préoccupations à l’égard des paiements de la Prestation canadienne d’urgence et des enjeux découlant d’une stratégie d’atténuation visant à veiller à ce qu’aucun paiement ne soit versé à des personnes qui ne devraient pas en recevoir. L’équipe devait s’assurer que la conception permette d’optimiser la capacité à réaliser une robuste surveillance et à faire preuve d’une diligence raisonnable.
Notre expérience avec Service jeunesse Canada nous a permis d’apprendre plusieurs choses quant aux ingrédients clés pour assurer le succès d’une initiative de bénévolat destinée aux jeunes. Premièrement, pour inciter la majorité des jeunes à y prendre part, particulièrement les jeunes issus de groupes sous-représentés et confrontés à des obstacles, des mesures supplémentaires sont requises, allant de l’orientation au mentorat en passant par les soutiens complets.
Deuxièmement, les personnes ayant le plus d’influence sur les jeunes sont les autres jeunes. Le succès de cette initiative nécessitait un bon départ, où un nombre important d’occasions enrichissantes étaient offertes immédiatement pour attirer l’attention des jeunes et les encourager à en parler avec leurs amis. Les jeunes ne consultent pas les sites Web du gouvernement, peu importe les efforts que nous déployons à les créer. Nous devions donc mettre en œuvre des activités de sensibilisation active pour trouver les jeunes là où ils sont. Il était essentiel de miser sur des activités de promotion et de communication adaptées à un jeune public pour les rejoindre sur toutes les plateformes de médias sociaux.
[Français]
L'objectif était de créer une plateforme numérique permettant l'enregistrement des étudiants et des organismes à but non lucratif, la saisie directe des renseignements, la comptabilisation et le suivi des heures, ainsi que le jumelage des étudiants et des occasions de bénévolat.
Pour ce faire, il a fallu analyser les capacités technologiques nécessaires, la manière dont la plateforme répondrait à toutes les exigences du gouvernement en matière de bilinguisme, d'accessibilité et de protection des données personnelles, ainsi que la façon de garantir que le système [difficultés techniques].
:
La tierce partie avait besoin à la fois d’une vitesse, d’une portée et d’une échelle massives, d’une capacité de mobiliser rapidement l’ensemble du pays. La tierce partie devait avoir fait ses preuves en matière de mobilisation des jeunes pour le bénévolat et disposer de solides compétences technologiques. Certains des organismes que nous avons pris en considération et mis de côté étaient de petits groupes de revendication sans expérience dans la mise en oeuvre de programmes; d’autres organisations ne comptaient pas d’expérience avec les jeunes ni de grandes capacités technologiques, et beaucoup n’avaient jamais livré un programme d’une telle complexité.
J’ai fait appel à UNIS comme partenaire potentiel, en leur faisant connaître les paramètres généraux de ce que le gouvernement recherchait. Ils étaient une option logique, car cette organisation constitue le plus grand organisme de bienfaisance voué au bénévolat pour les jeunes au Canada, dotée d’une capacité technologique élevée et est suivie par quatre millions de jeunes sur Facebook. L’organisation avait déjà fourni à plusieurs fonctionnaires et ministres une proposition relative à l’entrepreneuriat social pour les jeunes et avait indiqué que la proposition pourrait être adaptée selon les besoins.
Le 22 avril, UNIS m’a envoyé une proposition détaillée pour développer des dizaines de milliers d’occasions de bénévolat pour les jeunes en quelques semaines. Étant donné qu’il était nécessaire d’agir à la fois rapidement et à grande échelle, j’ai déterminé, avec mon équipe et mes collègues, que leur proposition était la meilleure option disponible avec le temps dont nous disposions pour travailler. L’équipe a procédé à la préparation de l’initiative suggérée sous une forme qui pouvait être examinée par les organismes centraux et considérée par le Cabinet.
J’ai envoyé la proposition de projet au Cabinet à la sous-ministre pour son approbation, et son bureau l’a transmise à la ministre au début du mois de mai.
Pour être clair, la recommandation du ministère était qu’une collaboration avec UNIS afin d’agir comme tierce partie pour mobiliser d’autres organisations à but non lucratif était la meilleure option possible compte tenu de la rapidité, de la portée et de l’ampleur de la démarche et de la nécessité d’atteindre une vaste population de jeunes.
Merci.
:
Le temps est écoulé pour cette série de questions, mais restez avec moi une minute, monsieur Poilievre, d'accord?
L'hon. Pierre Poilievre: Oui.
Le président: Je constate quelques « ambiguités ». Ce n'est pas le bon mot, mais je vois quelques problèmes ici.
Madame Wernick, je pensais que vous aviez mentionné dans votre exposé que vous aviez approché UNIS. M. Poilievre disait essentiellement il y a une minute — il se peut que je me trompe, alors vous pouvez me corriger, monsieur Poilievre, si c'est le cas — que la proposition venait d'UNIS pour répondre à la volonté ou aux exigences politiques — je ne sais pas quel mot a été utilisé — du gouvernement. Ces deux déclarations sont très différentes.
La proposition est-elle venue d'UNIS, ou avez-vous, comme vous l'avez mentionné, je crois, dans votre exposé, fait les premiers pas pour discuter avec UNIS qui était l'un des organismes? Qu'en est-il? Partons de la base pour établir les faits, ici, si possible.
Madame Wernick, pourriez-vous préciser ce qu'il en est?
:
Merci, monsieur le président, et merci à nos témoins. Certaines questions étaient très difficiles, en effet.
Je veux remercier Gina Wilson d'avoir utilisé le mot meegwetch. Nous entendons beaucoup de français et beaucoup d'anglais, mais il est rare d'entendre des mots autochtones. Merci de l'avoir fait.
Je veux aussi mentionner que nous nous trouvons, à mon avis, dans une situation très difficile où il y a beaucoup d'inconnus. La pandémie a entraîné de nombreux problèmes. Les étudiants en parlaient beaucoup dans ma circonscription au début, alors j'étais très heureux que le gouvernement mette en place diverses mesures très importantes: le moratoire sur le remboursement des prêts aux étudiants, le doublement du montant des bourses, l'augmentation du financement pour le programme de prêts aux étudiants et le programme de stages pratiques. Je pense que toutes ces mesures ont été bien accueillies partout au pays. Nos jeunes ont certainement leur lot de problèmes à surmonter.
Nous savons que beaucoup d'autres programmes viennent aussi en aide aux jeunes, en particulier dans ma circonscription. Je pense que beaucoup de communautés autochtones en diraient autant au sujet de l'aide apportée aux communautés autochtones et du programme sur les terres. Tout le monde veut participer; ils veulent jouer un rôle.
J'étais très heureux de l'annonce de ces stages. Il est vraiment malheureux qu'ils soient sans doute sur la glace pendant un bout de temps maintenant. J'espère que l'objectif de notre gouvernement demeure le même, soit de continuer à mettre en rapport les jeunes qui veulent améliorer leurs compétences et leurs aptitudes avec des possibilités de bénévolat dans nos communautés, en particulier quand il s'agit de guérison.
Je crois savoir que le programme était très populaire. Je pense que la ministre a parlé de 35 000 demandes.
Au moment où le gouvernement s'engage dans la gestion du programme de Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, quelles mesures sont prises pour s'assurer que les jeunes Autochtones dans les communautés nordiques rurales et éloignées pourront y avoir accès? C'est ma première question.
Bonjour, chers membres du Comité des finances. Je m’appelle Paula Speevak, et j’ai le plaisir d’occuper le poste de présidente-directrice générale de Bénévoles Canada. Notre organisation est ravie de répondre à votre convocation à la séance de cet après-midi et de répondre à vos questions.
Bénévoles Canada reconnaît l'appui qui a été fourni aux Canadiens, aux entreprises, aux organismes sans but lucratif et aux organismes de bienfaisance dans le cadre de la réponse du gouvernement du Canada à la pandémie de COVID-19. Notre organisation apprécie également les efforts déployés pour apporter un soutien financier aux étudiants et à d'autres personnes en ces temps difficiles.
Les questions que Bénévoles Canada a soulevées au sujet de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant concernaient les éléments, la portée et le calendrier du programme, et non le processus de sélection de l’organisme de bienfaisance UNIS ou l’organisme lui-même. J'aborderai ces questions relatives au programme après avoir fourni quelques brèves informations générales.
Pour ceux qui ne connaissent pas notre organisme, je mentionne que Bénévoles Canada offre à l’échelle nationale un leadership et une expertise en matière de participation des bénévoles, en collaboration avec plus de 200 centres locaux d’action bénévole, des associations provinciales et territoriales, ainsi que des chefs de file de l'engagement communautaire des entreprises, des établissements d'enseignement et des ministères fédéraux. Cela englobe le travail que nous avons réalisé dans le passé en collaboration avec Sécurité publique Canada relativement à des questions liées à la sélection des bénévoles travaillant auprès des populations vulnérables; avec Statistique Canada relativement à l'Enquête sociale générale — dons, bénévolat et participation; avec l'ARC relativement au comité consultatif sur le secteur de la bienfaisance; et avec Emploi et Développement social Canada relativement à une série de sujets, notamment la participation des jeunes et la contribution des bénévoles à l’atteinte des objectifs de développement durable des Nations unies.
Au cours des trois premières années d’activité du Service jeunesse Canada, Bénévoles Canada et les centres d’action bénévole ont créé la plateforme pancanadienne de jumelage des bénévoles qui a permis aux jeunes de rechercher, avant la pandémie, une moyenne de 73 000 possibilités de bénévolat dans tout le pays. Ce travail a également consisté à produire des outils permettant aux jeunes d'explorer leurs passions, leurs valeurs et leurs compétences en vue de distinguer des compétences transférables pour leur cheminement scolaire et professionnel, et de réfléchir aux questions sociales, économiques et environnementales cruciales. La plateforme et ces outils sont désormais accessibles au public sur notre site Web.
De nombreux centres d’action bénévole ont assumé le rôle de mobilisation des bénévoles dans le cadre de la réponse à la pandémie. Plusieurs systèmes provinciaux et territoriaux ont été désignés à cette fin par les gouvernements de ces provinces ou de ces territoires, notamment Jebenevole.ca au Québec, Volunteer Connector en Alberta, Volunteer Yukon, Volunteer Nova Scotia et bien d'autres. Il est également possible d’utiliser notre plateforme pour avoir accès à ces possibilités de bénévolat liées à la COVID-19.
Le 24 avril, deux jours après que le gouvernement du Canada a annoncé le programme relatif à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, Bénévoles Canada a communiqué avec le bureau de la , ainsi qu'avec Service jeunesse Canada, afin d’offrir son soutien et ses conseils sur la conception du programme. Bénévoles Canada a mentionné la plateforme pancanadienne de jumelage des bénévoles et les outils de mobilisation des jeunes qui avaient déjà été élaborés pour Service Jeunesse Canada grâce au financement du gouvernement et qui pourraient être utilisés pour le programme.
Le 27 avril, Bénévoles Canada s’est réuni avec les cadres supérieurs du bureau de la ministre de la Diversité et de l'Inclusion et de la Jeunesse et a mentionné les problèmes suivants qui, selon Bénévoles Canada et nos intervenants, devaient être réglés pour que le programme puisse atteindre ses objectifs.
Le premier problème était lié au fait de ne pas relier le montant de l'aide financière au nombre d'heures de bénévolat. Notre organisation était préoccupée par le fait que le taux horaire pour le service communautaire était inférieur au salaire minimum et le fait qu’on qualifiait ce service de « bénévolat », étant donné que cela pourrait transmettre un message erroné à propos de cette activité et potentiellement nuire à la participation des bénévoles à l’avenir.
Le deuxième problème était lié à l'importance d'offrir un éventail de possibilités de bénévolat, et pas seulement des rôles d’intervention directe relative à la COVID-19, afin de permettre à un éventail d'organisations et d'étudiants d’avoir accès au programme.
Notre troisième problème portait sur la capacité des organisations à faire participer les étudiants et à effectuer une présélection appropriée, y compris des contrôles des secteurs vulnérables, pour ceux qui travailleraient avec des populations vulnérables.
Le quatrième problème est lié au manque actuel de possibilités de bénévolat et aux pressions qui pourraient être exercées sur les organisations afin qu'elles créent des stages visant à soutenir les étudiants.
Le cinquième problème concernait, comme je l'ai déjà mentionné, l'importance de s'appuyer sur l'infrastructure sociale existante, à savoir les systèmes de jumelage des bénévoles utilisés dans les centres locaux d’action bénévole, et les associations provinciales et territoriales reliées à la plateforme pancanadienne de jumelage des bénévoles.
Entre le 27 avril et le 19 mai, Bénévoles Canada a appelé à plusieurs reprises le bureau de la ministre afin de lui faire part de nos préoccupations et d’obtenir des nouvelles du programme. Cependant, peu de renseignements étaient disponibles pendant le processus d'approbation du programme.
Le 20 mai, l’organisme UNIS a communiqué avec Bénévoles Canada afin d’examiner le rôle potentiel que nous pourrions jouer dans le programme relatif à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Entre le 25 mai et le 3 juin, nous avons eu quatre réunions virtuelles avec l’organisme UNIS, au cours desquelles Bénévoles Canada a exposé les cinq préoccupations que j'ai mentionnées précédemment et a fourni des conseils sur la création d'un programme d'apprentissage communautaire plus complet et plus souple. Au cours de ces réunions, nous avons compris que l'objectif était passé de 20 000 à 100 000 étudiants. Notre conseil d'administration et notre personnel ont clairement indiqué que le volet bénévolat du programme ne devait pas établir un lien entre le nombre d'heures de bénévolat et le montant de la bourse de l'étudiant.
La description du programme « Je veux aider » qui nous a été fournie le 3 juin indiquait que pour chaque 100 heures de bénévolat, un étudiant aurait droit à une bourse de 1 000 $, ce qui correspond essentiellement à un salaire horaire de 10 $. Comme je l'ai mentionné, la plus grande préoccupation de Bénévoles Canada était l'idée de payer des bénévoles ou de verser aux gens une rémunération inférieure au salaire minimum.
Le 4 juin, Bénévoles Canada a de nouveau rencontré virtuellement l’organisme UNIS afin de discuter de nos préoccupations, et notre organisation a appris que, dans le cadre de l’entente de contribution conclue entre l’organisme UNIS et ESDC, il n'était pas possible de modifier la portée ou ces éléments du programme.
Le 5 juin, Bénévoles Canada a organisé une réunion virtuelle avec l’organisme UNIS pour l’informer que nous n’allions pas travailler avec ses membres à la mise en œuvre du programme.
Le 11 juin, Bénévoles Canada a invité l’organisme UNIS à présenter le programme relatif à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant aux centres locaux d’action bénévole afin qu'ils puissent décider par eux-mêmes s'ils souhaitaient participer au programme. Bénévoles Canada respecte l'autonomie de chaque organisation et son droit de décider par elle-même de ce qui convient pour son fonctionnement et les communautés qu’elle sert.
À la suite de l'annulation du contrat que le gouvernement avait accordé à l’organisme UNIS pour l’administration du programme, Bénévoles Canada a envoyé un message au bureau de la , dans lequel nous faisions quelques suggestions sans demander une compensation financière ou un rôle pour Bénévoles Canada.
Depuis que le programme relatif à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant a été annoncé à la fin du mois d'avril, notre équipe a été inondée d'appels et de courriels de la part de gens qui recherchaient des renseignements sur le programme et qui supposaient que nous y participions. Le jour du lancement du programme, le 26 juin, notre site Web a été consulté plus de 25 000 fois. Bénévoles Canada a affiché sur son site Web un lien vers la plateforme « Je veux aider » afin de venir en aide à ceux qui cherchaient des renseignements, mais notre organisation a indiqué qu’elle ne jouait aucun rôle dans le programme.
En conclusion, les préoccupations de Bénévoles Canada portaient sur des éléments du programme ainsi que sur sa portée et son calendrier, et non sur le processus de sélection ou sur l'organisme de bienfaisance chargé d'administrer le programme. Pour résumer, nos préoccupations portaient sur le fait de rémunérer des bénévoles ou de verser à ces personnes une rémunération inférieure au salaire minimum; sur la portée du programme qui est axée sur la réponse à la pandémie; sur la capacité des organisations de faire participer les étudiants de manière significative cet été; sur le manque actuel de possibilités de bénévolat; et sur l'importance de s'appuyer sur les infrastructures existantes.
Bénévoles Canada continue de travailler en collaboration avec un réseau de plus de 200 centres locaux d’action bénévole, le conseil d'engagement communautaire des entreprises et des organismes sans but lucratif et de bienfaisance de l’ensemble du pays afin d’appuyer la mobilisation des bénévoles, surtout pendant la période actuelle. Nous continuons d'être impressionnés par les dirigeants des centres locaux d’action bénévole, par les nombreux organismes sans but lucratif et de bienfaisance, par les gestionnaires des bénévoles et, bien sûr, par ceux qui s’avancent pour faire du bénévolat ou s'éloignent pour assurer leur sécurité.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame Speevak, je vous remercie infiniment de votre présence, de votre leadership et de tout ce que vous faites avec vos organisations pour créer des collectivités plus fortes et un meilleur Canada.
Je veux parler de votre point de vue selon lequel les bénévoles ne devraient pas toucher un salaire horaire. Vous savez, pour ce qui est des nombreux témoignages qui ont été apportés aujourd'hui et pour comprendre, selon moi, ce que le gouvernement tente de faire, il faut garder à l'esprit qu'à la mi-avril, nous ne savions pas exactement comment les choses allaient se dérouler. Nous cherchions, de toute urgence, à soutenir de grands groupes de Canadiens. De plus, nous éprouvions cet énorme désir de nous assurer que nous aidions nos jeunes.
Le programme de 9 milliards de dollars a donc été créé. Il comportait quatre éléments clés, et nous souhaitions vivement y intégrer un volet de bénévolat. Nous voulions nous assurer que nous offrions aux jeunes autant de perspectives que possible afin de les soutenir. Nous savions que l'année scolaire se terminerait très rapidement pour ceux qui fréquentaient des universités ou des collèges, et qu'ils n'allaient probablement pas avoir accès aux nombreuses perspectives d'emploi qu'ils envisageaient pour l'été, et nous n'avions aucune idée de ce qui allait se passer à l'automne. Les quatre programmes avaient pour but d'essayer d'offrir aux jeunes le plus grand nombre possible d'occasions d'acquérir de l'expérience, de réaliser un travail significatif et de gagner un peu d'argent, afin de continuer de soutenir leurs ambitions en matière de formation et d'éducation.
J'ai cru comprendre que le volet de bénévolat du programme avait toujours eu pour but, premièrement, de contribuer à offrir à l'échelle nationale certaines de ces possibilités de bénévolat à nos jeunes et, deuxièmement, d'aider un grand nombre de nos organismes sans but lucratif. Nous avions entendu et reçu des informations selon lesquelles ils avaient désespérément besoin d'une aide supplémentaire pour répondre peut-être à des besoins accrus liés à la COVID qui existaient dans diverses collectivités du pays. Le troisième but consistait à essayer de fournir des fonds supplémentaires aux étudiants, car nous savions que bon nombre d'entre eux n'auraient pas la possibilité de postuler pour des emplois, comme ils le feraient normalement. Le volet lié aux bourses ne représentait en fait qu'une petite partie du programme, mais c'était un élément important.
Ma question est la suivante: Diriez-vous que les avis sont partagés au sein du secteur des organismes de bienfaisance et du secteur sans but lucratif quant à savoir s'il est acceptable ou non de verser des allocations ou des bourses?
Avant même que vous ne répondiez à cette question, je tiens à préciser que nous n'avons jamais eu l'intention de verser un salaire horaire. Il s'agissait en fait d'accorder une allocation ou une bourse et de fournir un soutien financier supplémentaire. Il n'a jamais été question d'offrir un salaire horaire. Cela n'a jamais été notre intention. Je mentionne encore une fois que cela faisait partie d'une énorme enveloppe de 9 milliards de dollars que nous avons répartis entre plusieurs programmes afin de faire tout en notre pouvoir pour aider nos jeunes à ne pas être complètement perdus ou désavantagés à cause de la COVID, et de faire tout en notre pouvoir pour leur offrir le plus d'occasions possible de développer leurs compétences et de gagner un peu d'argent, tout en s'efforçant de servir leurs collectivités respectives.
Diriez-vous que les avis sont partagés au sein du secteur quant à savoir si les allocations ou les bourses sont accueillies favorablement?
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Je ne peux pas parler au nom de toutes les organisations du secteur, et bien sûr, on peut toujours trouver des opinions partagées. Cependant, je voudrais revenir sur les trois questions que vous soulevez: le désir d'offrir des possibilités de travail significatif aux étudiants, le désir de soutenir financièrement ces étudiants et le désir d'aider les organisations sans but lucratif à trouver les bénévoles dont elles ont besoin.
Je pense qu'en avril, bon nombre des situations auxquelles de nombreuses organisations faisaient face étaient inédites. Au fil des semaines, les choses ont rapidement évolué. Par exemple, de nombreuses organisations sont passées d'un service en personne à des services virtuels et ont pu aider les bénévoles à faire également cette transition. En outre, de nombreux gouvernements ont lancé des appels aux bénévoles afin de venir en aide à ces organisations.
En ce qui concerne la situation du début du mois d'avril à laquelle vous faites allusion, lorsque nous pensions qu'il était nécessaire d'aider les organisations à satisfaire leurs besoins en matière de bénévoles, je crois que cette situation a changé radicalement au fil du temps. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a plus d'organisations ou de collectivités qui ont besoin de bénévoles, mais je pense que c'est une dimension qui a évolué.
En ce qui concerne les possibilités de bénévolat pour les jeunes, je tiens à souligner que les jeunes ont toujours eu le taux de bénévolat le plus élevé par rapport à l'ensemble des fourchettes d'âge et qu'ils sont très généreux et engagés dans leur collectivité. Tout au long de l'année, ils participent à des activités de bénévolat. Je m'interroge donc sur le bien-fondé de l'idée de devoir inciter les jeunes à faire du bénévolat. Dans de nombreux cas — en fait, dans la plupart des cas —, les jeunes donnent généreusement de leur temps.
En ce qui concerne l'appui du secteur, je pense, une fois de plus, que les besoins ont changé. Les possibilités de bénévolat offertes maintenant... Vous avez probablement tous entendu parler de ces sites où des personnes se sont présentées et ont fait part de leur volonté de faire du bénévolat sans être rappelées. Certains ont été rappelés, d'autres non. Nous savons que les possibilités offertes et les besoins en matière de bénévolat dans les organisations sont en train de changer.
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Je vous remercie, monsieur le président, d'avoir corrigé ce problème. Je pense qu'il faudra un certain temps avant que mon oreille droite se rétablisse.
Madame Speevak, je vous remercie de votre exposé très détaillé. J'aurais aimé que la ministre ait été aussi directe dans la présentation de la chronologie des événements de ces derniers mois. C'est très utile.
Bien sûr, nous espérons que vous et votre famille continuerez d'être en bonne santé et en sécurité pendant cette pandémie.
Nous avons appris beaucoup de choses au cours de cette première séance. Nous avons appris que l'organisme UNIS obtiendrait, dans le cadre de ses avantages, jusqu'à 43 millions de dollars pour l'administration de ce programme. C'est quelque chose que les gens ignoraient avant la séance. Nous avons également appris que la proposition de l'organisme UNIS est arrivée exactement le même jour où le a fait l'annonce du programme de bourses pour étudiants, même si les fonctionnaires ont admis ne pas avoir été informés des détails de l'annonce. Ce sont des faits que nous allons devoir étudier de façon plus approfondie.
Comme vous l'avez souligné, madame Speevak, l'autre solution aurait consisté à investir plus d'argent dans le programme Emplois d'été Canada. Bien entendu, le nombre de ces postes a été réduit, et c'est une question à laquelle le gouvernement devra répondre. Pourquoi le gouvernement a-t-il détourné l'argent qui aurait dû être consacré à la création d'emplois dans tout le pays par l'intermédiaire du programme Emplois d'été Canada, un programme qui a connu une pénurie de fonds massive pendant la pandémie, et pourquoi a-t-il consacré plutôt cet argent à ce programme qui est manifestement extrêmement controversé?
Au cours de votre témoignage de tout à l'heure, vous avez mentionné vos préoccupations concernant les dispositions relatives au bénévolat — le bénévolat rémunéré et le fait que les salaires versés sont en fait inférieurs aux salaires minimums de l'ensemble du pays. La question de la responsabilité fait-elle partie de vos préoccupations? Nous ne parlons pas de bénévoles. Nous parlons d'étudiants dont la rémunération est inférieure au salaire minimum, ce qui entraîne toute une série de problèmes potentiels en matière de responsabilité.
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Je peux aborder quelques éléments de votre question.
Tout d'abord, il ne fait aucun doute que les étudiants veulent recevoir une aide financière, et c'est un des moyens, une des possibilités, dont ils pouvaient se prévaloir. Il est certainement compréhensible que les étudiants aient présenté une demande. Beaucoup d'entre eux, bien entendu, s'intéressent surtout au service communautaire, mais il est compréhensible que des étudiants qui ont besoin d'une aide financière présentent une demande.
Quant à savoir s'ils veulent aider, il y a de nombreuses occasions de faire du bénévolat. Ce que nous avons entendu directement des étudiants, et dans le cadre de mes échanges avec les associations étudiantes, c'est qu'ils sont nombreux à avoir beaucoup de responsabilités cet été. Ils s'occupent peut-être de frères et sœurs plus jeunes pour que leurs parents puissent travailler. Ils ont peut-être eux-mêmes des enfants. Ils aident peut-être à prodiguer des soins aux personnes âgées ou à des voisins de leurs collectivités en faisant leurs emplettes ou d'autres choses, ce qui revient à offrir beaucoup d'aide et à faire beaucoup de bénévolat de manière officieuse. De plus, certains reprennent des études interrompues pendant la pandémie et ainsi de suite. Par conséquent, les étudiants qui le veulent ont de nombreuses occasions de faire quelque chose, mais comme je l'ai mentionné, les grands chiffres — 100 000 ou même 20 000 débouchés pour 20 ou 27 heures par semaine — ne semblent pas exister.
Nous avons fait récemment une enquête avec la firme Ipsos Public Affairs, pour demander aux organismes comment se déroulent leurs programmes de bénévolat. La moitié d'entre eux ont affirmé avoir eu une diminution considérable de bénévoles. Dans bien des cas, c'est parce qu'ils ont dû mettre fin à des programmes et annuler des activités, et dans d'autres cas, des bénévoles âgés ont dû se tenir à l'écart.
Je voulais juste parler de l'aide dont le secteur avait besoin. Il y a sans aucun doute des organismes qui accueillent des étudiants et d'autres bénévoles. Il arrive même qu'ils soient débordés par le nombre de personnes qui offrent de l'aide et qu'ils n'aient pas assez de postes à pourvoir.
Pour ce qui est d'offrir des bourses aux étudiants, je pense que les étudiants peuvent présenter une demande en indiquant leurs besoins, et si une partie du programme prévoit que les étudiants peuvent alors faire un certain nombre de choses, y compris s'occuper de leur famille, aider dans les quartiers, poursuivre des études, se remettre d'une maladie et ainsi de suite, ils pourraient alors l'indiquer. L'aide financière serait offerte, et ils pourraient se consacrer aux choses qui sont importantes dans leur vie cet été.
Pour ce qui est d'offrir des débouchés et de promouvoir tous les besoins des organismes en matière de bénévoles, on peut aussi procéder séparément. Comme je l'ai dit, il existe de nombreux centres de bénévolats. Il y a la plateforme de jumelage des bénévoles, et les personnes intéressées pourraient certainement trouver des débouchés au sein des organismes.
En ce qui a trait à l'aide offerte aux organismes à but non lucratif dans le secteur, il faut envisager le fonds pour la résilience qu'Imagine Canada et d'autres ont mentionné, que le secteur demande pour la reprise et la résilience, et on peut procéder séparément.
Je pense donc qu'on peut répondre aux besoins financiers des étudiants grâce à une bourse. L'infrastructure existante peut servir à offrir des occasions de faire du bénévolat, où il y en a, alors qu'un fonds pour la résilience peut servir à aider le secteur.