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La séance est officiellement ouverte.
Bienvenue à la 50e réunion du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Nous accueillons notre premier groupe de témoins; il y aura trois groupes aujourd'hui.
Nous nous penchons sur les dépenses engagées par le gouvernement, le mouvement UNIS et la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.
La réunion d'aujourd'hui se tient en majeure partie par vidéoconférence, et les délibérations seront accessibles sur le site Web de la Chambre des communes.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos deux premiers témoins. Nous accueillons la , qui comparaît par téléconférence. Madame la ministre, bienvenue. Je crois que vous vous trouvez à Delta, en Colombie-Britannique.
Nous accueillons également M. Benoît Robidoux, sous-ministre délégué du ministère de l'Emploi et du Développement social.
Bienvenue à tous les deux.
Madame la ministre, si vous pouviez limiter votre déclaration préliminaire à 10 minutes, cela faciliterait les choses. Nous passerons ensuite aux questions. Voici l'ordre d'intervention des membres du Comité pour la première série de questions: M. Poilievre, Mme Dzerowicz, M. Fortin et M. Julian.
Madame la ministre, je vous remercie de votre présence.
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Alors, pour la troisième fois, j'espère que ma participation aujourd'hui pourra être utile.
Je commencerai par souligner que bien que je suis la ministre responsable d'EDSC et de certaines mesures de soutien d'urgence pour les étudiants, c'est la qui était chargée de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, la BCBE. Nos lettres de mandat abordent toutes deux les mesures de soutien pour les jeunes Canadiens. La ministre de la Diversité, de l'Inclusion et de la Jeunesse était pour sa part chargée de diriger l'élaboration d'un programme national de premier plan de services aux jeunes au sein de Service jeunesse Canada. Cela devait permettre aux jeunes d'acquérir des compétences et une expérience en leadership tout en exerçant une réelle influence dans leur communauté.
C'est à partir de ce moment-là que les responsables d'EDSC ont fait rapport directement à la en ce qui concerne Service jeunesse Canada. Bien que nous partageons les mêmes fonctionnaires, je n'ai pas participé aux dossiers de la ministre Chagger pendant la pandémie, pas plus qu'elle n'a pris part aux miens.
Au sein du Cabinet, cinq ministres ont des responsabilités qui relèvent du portefeuille d'EDSC. Des pouvoirs et des responsabilités ont été attribués et, compte tenu de la structure juridique du ministère, cela s'est traduit par la prise de décrets spécifiques et la délégation de pouvoirs à mes collègues du Cabinet.
En cette période de pandémie, le rythme et la portée de la prise de décision ont été incomparables. À titre de ministre de l'Emploi, j'ai été au cœur de notre réponse à la pandémie. Pendant des mois, le comité du Cabinet sur la COVID s'est réuni jour après jour pour planifier et mettre en œuvre la réponse d'urgence. De plus, le Cabinet se réunissait régulièrement, pendant de nombreuses heures.
Je tiens à préciser que nous nous trouvions dans des circonstances inhabituelles, qui demeurent inhabituelles. Chaque jour, nous prenions différentes décisions allant de la fermeture des frontières à la distribution d'équipement de protection individuelle, en passant par la question de savoir si nous devions envoyer nos soldats dans les établissements de soins de longue durée. Mes propres responsabilités englobaient la PCU, Emplois d'été Canada, les travailleurs étrangers temporaires, le soutien aux personnes handicapées et diverses mesures pour les étudiants.
Plus particulièrement en ce qui a trait aux jeunes et aux étudiants, nous avons entendu très clairement qu'ils s'attendaient à vivre un été sans grandes perspectives d'emplois et à ne fort possiblement pas pouvoir se permettre financièrement de retourner à l'école à l'automne. Ils avaient besoin d'un soutien au revenu, d'une augmentation des prêts et bourses et d'un emploi. Ils voulaient aussi avoir la possibilité d'aider leur communauté.
Nous voulions les aider. Nous avons commencé le 18 mars en annonçant un moratoire de six mois sur les paiements des prêts d'études canadiens. Le 8 avril, nous avons annoncé des changements au programme Emplois d'été Canada afin de permettre à plus d'employeurs d'y participer et de maximiser les possibilités tant pour les étudiants que pour les employeurs grâce à la souplesse accrue du programme. Le 22 avril, nous avons annoncé un ensemble de mesures de 9 milliards de dollars pour les étudiants, comprenant notamment un soutien direct au revenu, la création d'emplois, des occasions de bénévolat, des améliorations au programme canadien de prêts et bourses, etc.
Un certain nombre de ministres dirigeaient ces diverses initiatives. J'étais responsable du Programme canadien de prêts aux étudiants, de la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants et de l'emploi des jeunes. Le était responsable du soutien par l'entremise du Conseil national de recherches du Canada, de Mitacs, des bourses de recherche pour étudiants de niveau postsecondaire et des conseils de recherche. Le s'occupait de l'aide fondée sur les distinctions destinée aux étudiants inuits, métis et des Premières Nations. Le était responsable des étudiants étrangers. La s'occupait de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, du portail « Je veux aider » et de Service jeunesse Canada.
Après l'annonce du 22 avril, nous nous sommes retroussé les manches et nous sommes employés à mettre en œuvre les mesures dans nos portefeuilles respectifs. De nombreux détails devaient être réglés, et d'autres décisions devaient être prises. Pour ma part, je me suis concentrée sur les prêts aux étudiants et les mesures liées à l'emploi et aux prestations. Il s'agissait d'un travail considérable qui comprenait de nouvelles lois et des changements réglementaires.
Je n'ai eu aucune responsabilité dans l'élaboration détaillée de la BCBE. Bien que je connaissais les paramètres du programme, j'ai appris que l'organisme UNIS avait été recommandé pour mettre en place la BCBE le 5 mai, alors que je me préparais pour la réunion du comité du Cabinet sur la COVID prévue le jour même au cours de laquelle la proposition allait faire l'objet de discussions. J'ai compris que le but de la BCBE était de fournir aux jeunes des possibilités concrètes de servir dans leur communauté et de leur permettre d'aider le secteur sans but lucratif, qui en avait grandement besoin. J'ai vu comment le programme avait le potentiel de bien interagir avec les autres mesures que nous avions annoncées pour les étudiants.
Compte tenu de la rapidité et de la portée du programme, j'ai accepté la recommandation de faire appel à une tierce partie pour la mise en œuvre de la BCBE. À titre de ministre d'EDSC, je savais à quel point la fonction publique était sollicitée et je savais ce qu'elle pouvait absorber ou non comme charge de travail. À EDSC, il est pratique courante de financer des organisations non gouvernementales pour réaliser des programmes gouvernementaux et pour aider des personnes à accéder aux programmes du gouvernement. C'est particulièrement le cas lorsqu'un soutien global et continu est fourni directement aux gens.
Prenez par exemple le programme Emplois d'été Canada qui, selon certains, aurait pu fournir la BCBE. Emplois d'été Canada est un programme de création d'emplois très efficace. Chaque année, nous fixons des objectifs, évaluons les emplois par rapport à ces objectifs, finançons les occasions qui répondent le mieux à ces objectifs et annonçons ces emplois. EDSC ne travaille pas avec les personnes pour qu'elles postulent aux emplois ou qu'elles réussissent dans ces emplois. Ce ne sont pas les fonctionnaires qui accueillent, forment ou encadrent les jeunes qui obtiennent ces emplois.
L'organisme qui assurerait la prestation du programme de la BCBE serait chargé de sélectionner, d'accueillir, de former et d'encadrer les jeunes Canadiens pendant ces mois d'été importants. Il assurerait aussi le suivi des heures de bénévolat et distribuerait les bourses.
Je peux confirmer qu'à la suite de la réunion du comité du Cabinet sur la COVID du 5 mai, la proposition concernant la BCBE devait être à l'ordre du jour du Cabinet le 8 mai, mais elle a été retirée. Je n'ai participé à aucune discussion sur les raisons de ce retrait de l'ordre du jour et sur la demande du de faire preuve de plus de diligence, car ce n'était pas mon dossier.
Vous pouvez comprendre qu'en raison de la confidentialité du Cabinet, je ne peux pas communiquer le contenu des discussions du Cabinet qui se sont déroulées le 22 mai à propos de la BCBE et d'UNIS. Comme vous le savez, le Cabinet a décidé d'aller de l'avant avec la recommandation de signer une entente de contribution avec UNIS pour fournir la BCBE.
Ce que je dirais, c'est qu'au moment de la discussion du Cabinet, je savais que le premier ministre et Sophie Grégoire Trudeau avaient déjà participé à des événements organisés par UNIS, et je considérais que c'était un fait bien connu. Ils ont tous deux défendu et encouragé le leadership chez les jeunes et la nécessité de leur donner des outils pour réussir pendant des années. Je n'étais pas au courant de l'association de Margaret ou d'Alexandre Trudeau avec UNIS. Je ne savais pas non plus que les filles du étaient impliquées auprès d’UNIS.
Personnellement, j'ai pris la parole lors d'un événement de l'organisme UNIS, et c'était en novembre 2016, à Vancouver. J'ai parlé à des milliers de jeunes gens à propos du pouvoir de l'inclusion et des choix qu'ils peuvent faire au quotidien pour s'assurer que personne n'est mis de côté, en particulier les personnes handicapées. Je n'ai pas été rémunérée pour cette participation et je n'ai présenté aucune demande de remboursement de dépenses.
Je conclurai en répétant que la BCBE se voulait être une manière novatrice de fournir un soutien aux étudiants, aux organismes sans but lucratif et aux communautés. Plus que jamais, le Canada a besoin d'idées audacieuses et de solutions novatrices. Bien que l'organisme UNIS n'assure plus la prestation du programme, nous restons plus que jamais déterminés à aider les jeunes Canadiens.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame la ministre, monsieur le sous-ministre délégué, je vous remercie énormément de votre présence. De plus, madame la ministre, je veux vous remercier vivement de votre travail extraordinaire et du leadership dont vous avez fait preuve ces derniers mois pour aider les Canadiens, alors que le Canada essaie de passer à travers cette pandémie sans précédent.
Depuis le confinement, notre gouvernement fédéral a mis en place 70 programmes d'urgence pour un coût de plus de 200 milliards de dollars. Dans votre déclaration préliminaire, vous avez mentionné que le 22 avril dernier, nous avions annoncé un ensemble de mesures de 9 milliards de dollars. Cela comprenait quatre principaux programmes. L'un d'eux était la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, mais il y avait trois autres programmes importants dont vous étiez responsable: la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, la création de 116 000 emplois et des ajustements au programme de prêts et bourses aux étudiants. De plus, je sais que les étudiants ont pu avoir recours à tous ces programmes à la fois.
Si je mentionne tout cela, c'est que je crois qu'il pourrait y avoir une certaine confusion dans la population, qui pourrait penser que si nous n'offrons pas la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, les étudiants n'ont accès à aucune autre mesure de soutien. En fait, il existe d'autres mesures. Pour la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, le montant n'allait pas dépasser 900 millions de dollars, et l'ensemble du soutien aux étudiants est de 9 milliards de dollars.
J'ai une question, madame la ministre. Pouvez-vous nous donner une idée du succès des autres programmes, en particulier des trois dont vous étiez responsable, et nous dire dans quelle mesure ils ont aidé les étudiants?
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Je vous remercie de la question.
Permettez-moi de vous donner rapidement quelques chiffres sur l'aide d'urgence aux étudiants.
Nous avons aidé 682 722 demandeurs, de sorte que 682 000 jeunes ont eu accès à la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants. Nous avons reçu 1,8 million de demandes. Sur ce nombre, 1,5 million de demandeurs ont reçu 1 250 $ par mois, et 303 000 autres ont reçu 2 000 $ par mois. Nous avons versé environ 2,5 milliards de dollars dans le cadre de ce seul programme. Nous avons créé des dizaines de milliers d'emplois.
Permettez-moi d'en parler directement, car je n'ai pas fait un aussi bon travail que j'aurais pu faire, hier, lorsque j'ai comparu devant l'autre comité, pour expliquer en quoi ces mesures constituent un ensemble complet et comment, en fait, elles sont cumulables.
Autrement dit, les étudiants ont accès à un certain nombre de mesures. Un étudiant qui peut recevoir la PCUE, qui est de 1 250 $ ou de 2 000 $ par mois, pourra également obtenir un montant de prêt d'études canadien plus important à son retour aux études cet automne, et pour ce même étudiant, le remboursement d'un prêt d'études peut être suspendu en raison du moratoire. En outre, cet étudiant peut gagner jusqu'à 1 000 $ par mois et recevoir tout de même la PCUE. Enfin, dans le cadre de la BCBE, il aurait pu accumuler des heures de bénévolat et gagner une bourse pouvant atteindre 5 000 $ à l'automne.
Il est important de comprendre qu'un étudiant qui reçoit la BCBE aurait également pu avoir accès à la PCUE, de sorte qu'un étudiant qui gagne 5 000 $ en quatre mois grâce à la PCUE, ou 8 000 $ s'il a des personnes à charge ou un handicap, aurait pu gagner 5 000 $ de plus dans le cadre de la BCBE. Il aurait pu recevoir 10 000 $ ou 13 000 $, plus un revenu admissible supplémentaire de 4 000 $.
Je pense que c'est peut-être ce qui manque ici. Il s'agissait d'un ensemble complet de mesures. Un étudiant pourrait avoir accès à la PCUE, mais ensuite, plutôt que de rester à la maison, il pourrait aller faire du bénévolat et gagner des crédits heure-bénévolat pour la BCBE.
Des groupes d'étudiants ont dit qu'ils voulaient que des mesures exhaustives soient prises, qu'il y ait un ensemble de mesures, et c'est ce que nous leur avons offert, mais je pense que nous avons tendance à parler d'elles de façon séparée, comme s'il n'y avait pas de lien entre elles. Il nous faut peut-être mieux expliquer qu'elles sont cumulables.
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J'ai essayé d'expliquer les choses le plus clairement possible à cet égard. Je crois fermement que ces deux programmes ont des objectifs différents et sont mis en œuvre de manière bien différente.
Il ne fait aucun doute que le premier, l'initiative Emplois d'été Canada, peut être mis en œuvre par la fonction publique sans problème, et c'est le cas. C'est logique. C'est notre rôle d'offrir ce type de programme. N'oubliez pas qu'en même temps, il y avait d'importants problèmes d'amplitude. Nous demandions aux fonctionnaires de faire beaucoup de choses à l'époque, ce qu'ils faisaient. Ils s'occupaient de la PCU, ils élaboraient la PCUE, et ils se préparaient pour la prestation aux aînés. Je pourrais continuer à en dire au sujet de mon ministère seulement.
La BCBE était différente. Il s'agissait d'aider les étudiants. Il s'agissait de comprendre que les organismes sans but lucratif étaient débordés, et on aura beau dire qu'un organisme sans but lucratif avait des capacités, dans bon nombre de cas, ce n'était pas vrai. De nombreux organismes sans but lucratif ont dit que ce n'est pas aussi simple que de leur donner de l'argent pour aider des gens. Ils ont dit qu'ils n'avaient pas la capacité de former des gens, de les superviser, et peu importe le nombre d'emplois créés, il n'y en aurait pas assez.
Comme je l'ai dit, nous avons pensé qu'avec la prestation pour les étudiants, nous pourrions offrir une occasion de faire du bénévolat, mais nous avions besoin d'une tierce partie pour assurer la prestation de ce programme, comme c'est le cas pour la Stratégie emploi et compétences jeunesse, la SECJ. Nous finançons régulièrement des organisations tierces par la SECJ, à une échelle beaucoup plus petite, pour aider les jeunes à trouver un emploi. Nous recherchions une tierce partie pour aider les jeunes à découvrir des occasions de bénévolat et pour les soutenir tout au long de l'expérience, jusqu'à leur offrir une bourse.
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Merci, monsieur le président. Madame la ministre, je vous remercie de votre présence.
Je veux parler d'une fausseté. Il n'y a pas d'autre façon de le dire. L'opposition continue de la colporter, et nous continuons de la voir circuler dans les médias. Il s'agit de l'idée selon laquelle UNIS allait empocher des centaines de millions de dollars du gouvernement fédéral dans le cadre de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.
Comme vous le savez peut-être, madame la ministre, le 28 juillet, Craig et Marc Kielburger ont comparu devant notre comité. Dans sa déclaration préliminaire, Craig Kielburger a dit ce qui suit:
Conformément à cette entente, UNIS aurait été remboursé seulement pour les dépenses engagées pour la mise en place et la gestion du programme. Je veux être clair, il n'y avait aucun gain financier à faire pour nous. Le programme de la BCBE n'aurait rapporté aucun gain financier à UNIS...
Fin de la citation.
Ce qui a été avancé, c'est qu'il aurait reçu un maximum de 43,5 millions de dollars pour créer et administrer le programme.
Madame la ministre, je vous pose ma question. Est-ce que ce que je viens de lire, ce qu'a déclaré Craig Kielburger, correspond à ce que vous avez compris?
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Tout d'abord, permettez-moi de répéter que je n'ai aucune excuse à donner pour cela. Il y a toutefois un contexte et, comme vous l'avez dit, ce contexte est l'évolution extrêmement rapide des choses entre la mi-mars et la mi-avril, jusqu'en mai et même maintenant.
Notre comité chargé de la réponse fédérale à la COVID-19 se réunissait tous les jours, parfois deux fois par jour. Le cabinet se réunissait chaque semaine. Pensez à la PCU. Nous avions annoncé un autre type de prestations pour les travailleurs le mercredi, et le jeudi, nous nous sommes rendu compte que ce serait trop compliqué. Nous avons rectifié le tir et, en l'espace d'une semaine, nous avons trouvé une façon d'offrir la prestation, puis un moyen de légiférer. Nous avons ensuite adopté la mesure législative afin de pouvoir mettre le programme en œuvre trois semaines plus tard. On discutait constamment d'équipement de protection individuelle, des frontières, des travailleurs étrangers temporaires, de soins de longue durée et de la PCU. Je peux vous dire que nous avons annoncé ces mesures le 22. Le 23, à quatre heures du matin, je pense, je participais à l'appel des ministres de l'Emploi du G20.
Écoutez, c'est le travail à faire. Nous nous en occupons, et il convient de bien faire les choses. Encore une fois, ce n'est pas une excuse, mais il y a un contexte. Je pense que les Canadiens sont très soucieux de comprendre ce contexte.
Nous avons toujours dit que nous ne cherchions pas la perfection, mais je crois vraiment que nous avons fait le travail. Je crois réellement que les Canadiens ont surmonté cette épreuve en grande partie grâce au soutien que nous leur avons apporté. Encore une fois, ce n'était pas parfait; nous avons dû corriger le tir. Cependant, nous en sommes conscients et nous sommes toujours prêts à le faire. Une des libertés, ici, c'est que si l'on tente quelque chose et que cela ne fonctionne pas, on peut toujours essayer autre chose pour aider les gens. Si certains n'étaient pas inclus dans le premier groupe de gens qu'on voulait aider, il s'agissait de trouver une façon de les inclure. Tout allait si vite.
Je vous remercie d'avoir posé la question.
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Très bien. J'ai évidemment l'impression que c'est une grande question, mais laissez-moi voir... Si une idée est avancée concernant un programme ou une solution possible à un problème connu, elle passe par... C'est difficile à décrire. Je m'excuse, mais les choses peuvent commencer de tellement de façons. Les fonctionnaires pourraient faire une proposition, ou nous pourrions prendre une décision quelconque au Cabinet, puis les fonctionnaires pousseraient l'idée plus loin.
Pendant la pandémie, nous sommes intervenus de trois façons: directement auprès des particuliers, par l'intermédiaire des provinces et par l'intermédiaire de tiers. Voilà les moyens que nous avons utilisés pour faire parvenir les prestations aux organisations et aux Canadiens. Nous utilisons une des trois méthodes de prestation, selon notre but ou notre objectif.
Personnellement, ce qui m'obsède, c'est de veiller à ce que les choses soient réalisables. Nous n'avions pas de temps à perdre sur une idée qui ne pouvait se concrétiser. Donc, si quelqu'un venait me voir en proposant une solution qui ne pouvait être mise en œuvre, ce n'était pas une solution envisageable, de mon point de vue.
Nous tenions vraiment à savoir s'il était possible d'intervenir directement auprès des gens par l'intermédiaire d'un système existant. Était-il préférable de travailler en partenariat avec les provinces et leur confier la prestation du programme, ou devrait-on faire appel à un intermédiaire tiers sur le terrain? Est-ce la méthode la plus efficace, étant donné ce que nous voulons réaliser?
Voilà essentiellement comment je voyais les choses alors que nous cherchions à régler les questions vraiment complexes qui ne cessaient de surgir à un rythme effréné.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tous les membres du Comité des finances. Je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui pour parler aux Canadiens, et je vous remercie de tout l'important travail que vous faites, surtout en ces temps difficiles.
Ces derniers mois, les Canadiens sont confrontés à la crise d'une génération.
[Français]
Lorsque la pandémie de la COVID-19 est arrivée, notre gouvernement a décidé que nous ferions tout notre possible pour aider les entreprises et tous les Canadiens à traverser cette crise.
[Traduction]
Dès le début, notre équipe savait que la seule façon de fournir une aide pour répondre aux besoins réels des Canadiens était d'être à l'écoute et d'intervenir le plus rapidement possible.
Ces derniers mois, mon équipe et moi avons été en contact avec des milliers et des milliers de personnes — propriétaires de petites entreprises, entrepreneurs, chefs de file de l'industrie, institutions financières, chambres et bureaux de commerce, organismes à but non lucratif et autres — au moyen d'appels téléphoniques, de réunions virtuelles et de correspondance, tous les jours. En fait, du 11 mars au 15 juillet, le personnel de mon bureau et les fonctionnaires du ministère ont organisé chaque matin des appels pour entendre les propriétaires d'entreprises et les organisations de partout au pays, répondre à leurs questions et obtenir une rétroaction directe. Parfois, plus de mille entreprises participaient pour nous parler. Nous tenons toujours de tels appels deux fois par semaine.
Être à l'écoute nous a permis d'offrir aux Canadiens le plus important programme de soutien économique de notre histoire et d'adapter l'aide directe offerte en fonction des commentaires afin d'aider la population à traverser cette pandémie. Qu'il s'agisse de la subvention salariale de 75 % qui soutient plus de trois millions d'emplois au Canada, du large éventail de mesures de soutien à l'emprunt, notamment le prêt de 40 000 $ du CUEC qui aide plus de 700 000 propriétaires d'entreprises à obtenir des liquidités, du maintien de faibles coûts grâce au report du paiement de la TPS/TVH et des droits de douane, ou encore de la réduction de 75 % du loyer pour petites entreprises locataires, nous avons écouté les Canadiens pour veiller à ce que le soutien d'urgence que nous avons fourni les aide à traverser cette crise et à être mieux placés pour la reprise économique.
Cette approche n'a rien de nouveau pour nous. L'écoute est au cœur de la façon dont nous travaillons, mon équipe et moi, pour servir les Canadiens. Dans mon rôle de ministre et de députée de Markham-Thornhill, mon équipe et moi appliquons la politique de la porte ouverte.
Je continue de parler avec des milliers de Canadiens et de les écouter pour obtenir leurs observations, des idées et des solutions possibles dans tous les secteurs et toutes les régions du pays, autant que me le permet mon emploi du temps. À titre de députée de Markham-Thornhill, j'ai aussi rencontré de nombreux électeurs et entrepreneurs de nos communautés pour recueillir directement leurs témoignages sur leurs succès, leurs difficultés et leurs expériences.
Je tiens à saisir cette occasion pour faire preuve de transparence au sujet des interactions que mon équipe et moi avons eues avec l'organisme UNIS au cours des derniers mois.
L'organisme UNIS, en tant qu'organisation établie à Thornhill, a communiqué pour la première fois avec mon bureau de circonscription en décembre 2018 pour voir si je pouvais assister à un événement avec des jeunes, à titre de députée de Markham-Thornhill. Cet événement n'a jamais eu lieu en raison de problèmes d'horaire.
[Français]
À l'automne 2019, lorsque j'ai été réélue comme députée de Markham—Thornhill, l'organisme UNIS a envoyé un courriel de félicitations à mon bureau.
[Traduction]
En décembre 2019, après ma nomination dans mes nouvelles fonctions de ministre de la Petite Entreprise, de la Promotion des exportations et du Commerce international, l'organisme UNIS a envoyé un autre courriel de félicitations et a proposé des dates pour une réunion au début de l'année concernant le travail de l'organisme.
En janvier 2020, mon chef de cabinet a rencontré Mme Sofia Marquez, directrice des relations avec le gouvernement et les intervenants pour l'organisme UNIS. Il s'agissait d'une rencontre de présentation demandée par Mme Marquez pour discuter du travail de l'organisme UNIS.
Après cette réunion, un appel de présentation entre M. Craig Kielburger et moi a été prévu pour le 7 avril. La réunion a été inscrite à l'horaire le 21 février.
Nous avons eu une conversation téléphonique de 30 minutes, avec quelques membres du personnel de l'organisme UNIS, au cours de laquelle M. Kielburger et son équipe ont parlé de leur travail, en mettant l'accent sur l'autonomisation des jeunes de Markham-Thornhill. À la toute fin de l'appel, M. Kielburger a aussi mentionné une proposition sur un possible programme d'entrepreneuriat social. Je l'ai invité à transmettre cette proposition à mon bureau. Je n'avais pas connaissance de cette proposition avant cet appel.
Le 9 avril, l'équipe de M. Kielburger a transmis à mon chef de cabinet et à moi-même un document auquel était joint un document intitulé « WE Social Entrepreneurship Concept Paper ». M. Kielburger indiquait dans son courriel qu'il s'agissait d'un énoncé de projet qui serait rapidement suivi d'une proposition plus détaillée. Cela n'avait aucun lien avec le programme de bénévolat pour les jeunes. Le 15 avril, mon bureau a réagi à ce courriel en disant que nous examinerions la proposition.
Le 22 avril, mon bureau a reçu de M. Kielburger une proposition mise à jour. Après l'analyse de la proposition par mon ministère et son examen par mon bureau, nous avons décidé de ne pas aller de l'avant avec la proposition d'entrepreneuriat social parce que cela ne correspondait pas directement à mon portefeuille et qu'il y existait de meilleures façons d'appuyer les jeunes entrepreneurs en pleine pandémie de COVID-19, notamment l'investissement de 20 millions de dollars que nous avions annoncé le 17 avril pour aider les jeunes entrepreneurs dans le cadre du programme Futurpreneur existant. Le 30 avril, mon équipe a informé l'organisme UNIS des raisons pour lesquelles nous n'allions pas soutenir le programme d'entrepreneuriat social.
Pour mettre les choses en perspective, le 5 avril, le programme de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant avait été présenté au comité du Cabinet chargé de la réponse fédérale à la COVID-19, dont je fais partie. Cette proposition était distincte de la proposition d'entrepreneuriat social que mon cabinet avait reçue.
Un mois après avoir informé l'organisme UNIS de notre décision de ne pas donner suite à leur proposition d'entrepreneuriat social, Mme Marquez a de nouveau communiqué avec mon personnel le 2 juin, demandant de revenir sur la question, étant donné qu'ils envisageaient de modifier la proposition. Mon chef de cabinet a indiqué à mon équipe chargée de la politique qu'il fallait dire clairement à l'organisme UNIS que nous n'allions pas donner suite à leur proposition d'entrepreneuriat social. Le 18 juin, mon cabinet a clairement indiqué à Mme Marquez, au téléphone, que nous n'allions pas donner suite au programme d'entrepreneuriat social qu'ils proposaient, et elle en a pris bonne note.
[Français]
La communication que j'ai eue avec l'organisme UNIS portait uniquement sur une proposition pour les jeunes entrepreneurs.
[Traduction]
Je précise que ni moi ni aucun autre membre de mon équipe n'avons parlé avec l'organisme UNIS du programme de bénévolat pour les jeunes ou de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.
Au cours des derniers mois, j'ai continué de faire exactement ce que les Canadiens attendent de nous: écouter les Canadiens; faire preuve d'ouverture devant les nouvelles idées et solutions; et faire preuve de diligence raisonnable concernant toutes les idées et propositions que nous recevons, ce qui implique de demander et d'obtenir les commentaires, analyses et recommandations de la fonction publique. Notre objectif demeure de déployer tous les efforts possibles pour aider nos entreprises et tous les Canadiens à réussir. En ce moment, cela signifie veiller à ce qu'ils profitent d'un excellent soutien pour traverser la crise et à ce qu'ils aient les outils qu'il leur faut pour se refaire et pour se remettre de la COVID-19.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, Canadiennes et Canadiens, je vous remercie de votre attention. Je suis ici en toute transparence pour répondre à toutes vos questions. Merci.
:
Permettez-moi de placer cela dans le contexte que nous avons vécu à cause de la COVID-19. Pendant cette période, il était vraiment important de fournir de l'aide aux petites entreprises et aux entrepreneurs du Canada à l'échelle du pays. Comme je l'ai dit précédemment, mon ministère et mon personnel avaient des appels quotidiens avec des entreprises de partout au pays, y compris des groupes qui représentaient des entreprises. Par moment, il y avait plus d'un millier d'entreprises qui participaient à ces appels quotidiens.
Il y a eu des propositions, des suggestions et des idées. En fait, à cause de l'urgence et du peu de temps que nous avions, nous formions littéralement une grande équipe. Il n'y avait pas d'équipe politique ou d'équipe ministérielle. Nous travaillions simplement ensemble, nous écoutions les entreprises et nous prenions de leurs nouvelles. Nous avions aussi les observations des députés de tous les partis concernant des solutions possibles. Cela arrivait à notre ministère, et nous écoutions, d'un côté, les besoins des entreprises, tout en cherchant, de l'autre côté, les solutions, les idées ou les programmes qui pourraient contribuer à aider les entreprises.
Le processus du ministère était simplement d'examiner les idées ou les solutions qui arrivaient, de les vérifier, de les analyser, puis de me faire une recommandation. Nous discutions bien sûr avec le ministère des Finances, car c'était également un moment où il était vraiment important de déterminer comment arriver à donner suite à une idée. Le prêt du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes est un exemple parfait. Nous savions que nous devions donner aux entreprises l'accès à ces fonds, mais ils étaient versés par les banques du Canada. Vous savez bien sûr que nous avons dû ensuite apporter des changements. Les coopératives de crédit versent maintenant également ces fonds.
Les idées nous arrivaient, et nous réagissions en nous assurant qu'il s'agissait de solutions pouvant répondre aux besoins des entreprises; si c'était le cas, il y avait une analyse, puis une recommandation.
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Nous allons reprendre nos travaux. La séance reprend.
Bienvenue à la 50e réunion du Comité permanent des finances de la Chambre des communes et au troisième groupe de témoin de la journée. Cette séance porte sur les dépenses engagées par le gouvernement, l'organisme UNIS et la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Elle se déroule sur le site Web de la Chambre des communes.
Pour ce groupe de témoin, nous avons pour invité M. Marc Tassé, conseiller principal au Centre canadien d'excellence en anticorruption de l'Université d'Ottawa.
Bienvenue parmi nous, monsieur Tassé. Vous avez probablement une allocution d'ouverture. Nous passerons ensuite aux questions, qui dureront une heure environ.
À titre d'information, je signale aux députés que les premières questions seront posées par M. Morantz, qui sera suivi de M. Fragiskatos, de M. Fortin et de M. Julian.
Monsieur Tassé, vous avez la parole. Bienvenue, et merci d'être parmi nous.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je vous remercie de m'avoir invité à m'exprimer devant cette audience.
Je suis comptable professionnel agréé, et mon domaine de spécialisation est la juricomptabilité. Au cours de ma carrière, j'ai enquêté sur divers cas liés à des allégations de corruption, de fraude, d'inconduite financière et de conflits d'intérêts. J'enseigne aussi à la Faculté de droit de l'Université d'Ottawa et dans le cadre du programme de MBA pour cadres de l'École de gestion Telfer dans les domaines de la corruption et de l'éthique des entreprises.
En ces temps de crise, les pires et les meilleurs comportements humains sont perceptibles. Résultat de la déclaration de l'état d'urgence sanitaire, l'abolition de certaines procédures de contrôles internes pour l'attribution de contrats rend le gouvernement fédéral vulnérable à la corruption, aux détournements de fonds, à des influences indues et à des fraudes.
Avec l'entrée en vigueur de nouveaux programmes d'aide fédéraux, qui s'élèvent à plusieurs dizaines de milliards de dollars en octrois, la surveillance et la reddition de comptes deviennent d'incontournables paradigmes. Ainsi, il faut mettre en place des mesures de remplacement pour compenser la révocation de certains contrôles internes de conformité.
Bien que des mesures rapides soient nécessaires en temps de crise, le maintien d'un niveau adéquat de diligence raisonnable dans la chaîne d'approvisionnement est essentiel, afin de prévenir la corruption, la fraude et toute autre pratique contraire à l'éthique. La réputation du gouvernement et la crédibilité des programmes en dépendent.
Il importe que les flux d'argent et les contrats qui y sont associés soient des plus transparents. Cela implique de rendre les informations accessibles au grand public. Il faut aussi toujours bien documenter les considérations ayant mené à accorder un contrat à un fournisseur unique, à une entreprise ou à un organisme.
Pour atténuer l'effet des risques de non-intégrité et de corruption, il est important de suivre une approche holistique en six temps.
Premièrement, il y a l'intégrité. Les hauts fonctionnaires doivent donc veiller à ce que les différents acteurs du processus d'approvisionnement fassent preuve d'intégrité et respectent des normes d'éthique, d'honnêteté, de professionnalisme et de droiture. Il en va de l'équité, de la non-discrimination et de la conformité dans le processus de passation des marchés publics.
Deuxièmement, notons la transparence. Il doit y avoir une pleine transparence dans les marchés publics pour favoriser la responsabilisation, assurer l'accès à l'information et surtout uniformiser les règles du jeu de façon à ce que les petites et moyennes entreprises puissent concurrencer sur un pied d'égalité.
Troisièmement, mentionnons l'accès. L'accès aux marchés publics par des entreprises potentielles de toutes tailles est important, afin d'assurer le meilleur rapport qualité-prix grâce à une concurrence loyale. Il est indispensable que les entreprises qui violent l'intégrité et s'adonnent à la corruption soient sanctionnées et exclues. L'effet de dissuasion est primordial.
Quatrièmement, il y a la surveillance. En ce qui concerne le cycle des marchés publics, il est essentiel qu'il soit surveillé et contrôlé pour appuyer la reddition des comptes et promouvoir l'intégrité. Il est important que l'on puisse mesurer l'efficacité du cycle d'approvisionnement par un système d'analyse des risques du processus et de son environnement. Ainsi, le gouvernement pourra avoir un aperçu des risques nouveaux et émergents qui le guettent ou des indicateurs d'alarme qui lui permettront de perfectionner son système de surveillance et de contrôle.
Cinquièmement, je parlerai des contrôles. Les contrôles internes sont des pare-feu et évitent tout raccourci dangereux. Que l'on parle de contrôles financiers, d'audits internes ou de contrôles de gestion, ils doivent être exécutés pour assurer que les processus sont respectés et que les procédures juridiques, administratives et financières sont suivies. Plus que jamais, en période de pandémie et de lutte contre la corruption, nous avons besoin de pratiques harmonisées de contrôles internes pour garantir la cohérence dans l'application des règles d'approvisionnement dans l'ensemble du secteur public.
Enfin, en sixième lieu, vient la diligence appropriée. En ce qui concerne l'examen au préalable de la situation financière et de la structure de gouvernance des entreprises, les hauts fonctionnaires doivent effectuer une diligence appropriée qui inclut l'identification et la vérification de quatre éléments importants: les propriétaires véritables, la structure de gouvernance, la structure légale des organisations liées et rattachées et, finalement, l'examen détaillé des états financiers et d'autres rapports financiers.
De plus, dans les contrats publics, la prudence la plus élémentaire commande qu'il y ait une justification et une documentation exhaustive du processus décisionnel recommandant l'octroi du contrat sans appel d'offres.
Lorsqu'il s'agit d'attribuer un contrat à un fournisseur unique, il est crucial que certaines questions trouvent expressément réponse. Est-ce que l'entité que l'on considère possède une probité irréprochable? Est-ce que l'entité possède les compétences techniques requises? Est-ce que l'entité possède les ressources humaines requises pour effectuer adéquatement le mandat? Est-ce que l'entité possède une structure légale transparente? Est-ce que l'entité possède une structure de gouvernance stable? Est-ce que l'entité possède la stabilité financière requise pour mener à terme le contrat?
On peut aussi se demander si des vérifications sur les dirigeants de l'entité ont été effectuées avant l'octroi du contrat. Est-ce que le contrat a été octroyé dans un contexte d'urgence? Est-ce que les enjeux de conflit d'intérêts apparents, potentiels et réels ont été évalués avant l'octroi du contrat? Le contrat est-il guidé par la diligence raisonnable en ce qui concerne les intérêts du ministère? Le contrat est-il typique des relations entre un ministère et une entité? Le contrat comporte-t-il une clause relative au contrôle continu du programme d'éthique et de conformité de l'entité que l'on considère retenir? Le contrat comporte-t-il des clauses anticorruption? Finalement, y a-t-il eu une validation juridique du contrat avant son attribution?
Ces questions doivent trouver réponse.
En conclusion, en cette période de pandémie mondiale où des actes répréhensibles peuvent entraîner des mesures administratives ou judiciaires dommageables pour la réputation, le gouvernement doit servir d'exemple et consolider sa réputation d'intégrité. Le gouvernement et les hauts fonctionnaires doivent redoubler de vigilance et renforcer les structures visant à réduire les risques de favoritisme et de clientélisme dans l'attribution de contrats.
Bien que des exemptions d'urgence puissent être autorisées afin d'attribuer des contrats à un fournisseur unique, elles doivent être nécessaires et non sélectives, car elles offrent de possibles voies de contournement aux acteurs déviants.
Le Canada dispose d'un système d'approvisionnement efficace et fondé sur des règles. Il faut simplement l'utiliser correctement et suivre ces règles.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui, monsieur Tassé. Je crois que vous avez vraiment visé juste dans votre mot d'ouverture, et que vous avez abordé tous les points essentiels. J'aimerais que nous disposions de plus de temps pour pouvoir revenir sur tous ces points avec vous.
Je commencerai par les conflits d'intérêts. Vous avez mentionné que, fondamentalement, les règles qui s'appliquent normalement à l'attribution des contrats ne s'appliquaient pas en raison de la pandémie. Le gouvernement jugeait nécessaire d'agir vite et de concrétiser ces programmes rapidement. Dans un tel contexte, n'est-il pas particulièrement important que les politiciens en situation d'autorité, qui ont un devoir fiduciaire, s'assurent de ne pas contrevenir à la Loi sur les conflits d'intérêts?
À titre d'exemple, le a reconnu, pendant son témoignage, qu'il existait une possibilité de conflit d'intérêts, mais il a choisi de ne pas se retirer des discussions, des décisions, des débats ni même d'un vote du Cabinet. Comme on le sait, le se trouvait dans une situation tout aussi problématique, et il s'en est excusé par la suite.
Que pensez-vous du fait qu'ils ne se sont pas récusés dans ce dossier?
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Je vous remercie de votre clarification.
Une fois qu'on s'entend sur l'existence de procédés permettant de s'assurer que l'entreprise a les compétences techniques nécessaires, il faut aussi se demander si elle a aussi les capacités financières nécessaires.
En ce moment, beaucoup d'entreprises vivent une période très difficile sur le plan financier. Il est donc important ici de se demander s'il y a eu des changements majeurs depuis le début de la pandémie de la COVID-19, si la structure financière a été fragilisée et s'il y a eu des changements de contrôle au sein de l'entreprise. En effet, on se rend compte que de plus en plus d'entreprises vont avoir tendance à recourir à du financement externe non traditionnel.
Malheureusement, certaines études démontrent que des organisations criminelles ont tendance à être la source d'une partie de ce genre de financement d'urgence. À l'étranger, et un peu plus au Canada ces temps-ci, il semblerait que le crime organisé ait infiltré des entreprises qui étaient tout à fait légitimes et dont il se sert pour blanchir une partie de l'argent provenant d'activités non légitimes.
L'important est de savoir s'il y a eu un changement de contrôle ou d'actionnaires. Souvent, on fait affaire avec des fournisseurs qu'on connaît de très longue date et en qui on a une grande confiance. Cependant, même s'il s'agit des mêmes personnes, il est important de se questionner et de leur demander expressément si elles ont vendu ou non des actions ou s'il y a eu des changements majeurs d'actionnaires.
Monsieur Tassé, je vous remercie chaleureusement d'être parmi nous aujourd'hui. Votre expertise est impressionnante.
Je crois que vous avez fait des observations très importantes, mais pour revenir sur ce qu'a mentionné M. Fragiskatos, nous devions prendre des décisions à toute vitesse pendant une pandémie. Donc quand vous parlez de marchés à fournisseur unique...
Comme il y a une multitude de détails, j'aimerais préciser quelques points pour éviter toute confusion parmi les gens du public qui nous écoutent et pour m'assurer que tout soit clair. La fonction publique a décidé de ne pas opter pour un contrat à fournisseur unique parce que nous n'avions pas le temps d'utiliser cette méthode. Comme les fonctionnaires essayaient de mettre un programme, plus précisément un programme de bénévolat, sur pied très rapidement, ils ont décidé d'utiliser une entente de contribution.
Voici ce qu'a dit à ce sujet le greffier du Conseil privé, M. Shugart:
[L]'accord de contribution qui a été signé était tout à fait ordinaire pour ce genre de collaboration entre un ministère et un organisme externe. Ces accords reposent sur des principes de vérification et de diligence raisonnable eu égard aux intérêts de la Couronne. Ils sont examinés au même titre que tous les autres mécanismes approuvés par le Conseil du Trésor et appliqués depuis très longtemps au sein du gouvernement.
Les témoins ont souligné, au cours des nombreuses heures de témoignages, qu'il y avait beaucoup de points de contrôle et de mesures avant que les fonds soient affectés à l'entente de contribution. Nous avons donc choisi délibérément cette façon de faire. Nous ne cherchions pas à accorder le contrat à une entité particulière. Nous avons été guidés par le contexte.
Avez-vous une certaine expérience des ententes de contribution du gouvernement du Canada? Les avez-vous étudiées? Auriez-vous des commentaires à ce sujet?
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J'ai effectivement eu la chance d'en étudier quelques-unes.
En période de pandémie, il est toujours très important de s'interroger sur les procédures additionnelles que l'on va adopter, lesquelles dépendent de la structure organisationnelle et de la situation financière des entreprises.
Vous avez dit plus tôt que les procédures normales avaient été suivies. Il faut faire attention, cependant: en temps de crise, il ne faut pas seulement des procédures normales, mais peut-être aussi des procédures accrues.
Il existe un concept de diligence raisonnable accrue, exigeant de s'assurer de certains points importants. Certains risques sont inhérents à une entreprise, dont les deux plus importants en période de crise sont très souvent la capacité financière de l'entreprise et sa structure organisationnelle.
Il faut alors mettre l'accent là-dessus dans les contrats. Si un contrat est octroyé très rapidement, il faut se demander si l'entreprise est financièrement capable de l'exécuter, si elle possède la structure organisationnelle nécessaire et si l'entente protège le gouvernement.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite parler, tout d'abord, des différentes entités mêlées à l'entente de contribution. Je souhaite aussi revenir sur un enjeu mentionné par M. Fortin. Il a laissé entendre, je crois, qu'il y avait eu négligence grave dans cette affaire. Soit dit en passant, j'ai publié des écrits sur la négligence grave dans le contexte du secteur albertain de l'énergie, et je peux dire qu'il ne s'agit pas, ici, de négligence grave.
L'enjeu que je souhaite examiner avec vous concerne le rôle de la WE Charity Foundation. D'après les témoignages publics qu'a entendus le Comité, si l'entente a été structurée comme elle l'a été, c'est-à-dire avec la WE Foundation, c'est parce que la fonction publique a demandé à l'organisme UNIS d'assumer la responsabilité de l'administration de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. L'organisme UNIS a répondu qu'il n'était pas prêt à assumer lui-même la totalité du risque à moins de pouvoir établir une fondation par l'entremise de laquelle les activités liées au contrat seraient faites, de manière à éviter que l'organisme UNIS en soit responsable. Supposons, par exemple, que des étudiants subissent une blessure ou quelque chose d'autre pendant l'un des stages. À qui s'adresserait-on pour récupérer le montant des pertes?
L'organisme UNIS a donc proposé cette façon de faire à la fonction publique, qui l'a acceptée et a recommandé au Cabinet de procéder ainsi, en ayant pleinement conscience de la structure sur laquelle les parties s'étaient entendues. Étant donné la nature des conversations et des délibérations qui ont dû avoir lieu, et les conseils fournis par des fonctionnaires pleinement informés, vous aurait-il semblé problématique d'utiliser une structure ou un arrangement de ce genre pour mettre en œuvre un programme comme la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant?
Il est vrai que les membres de ce comité ont eu la chance d'entendre des témoignages auxquels vous n'avez pas assisté. Je suis donc conscient que nous n'avons pas tous la même information.
Ma deuxième question porte sur la diligence raisonnable qu'il aurait peut-être fallu exercer avant l'attribution d'un contrat. Je sais que vous avez une opinion à ce sujet puisque vous aviez commencé à en parler. Pendant leurs témoignages, des ministres et le greffier du Conseil privé ont parlé de l'une des caractéristiques de l'entente de contribution, selon laquelle avant de verser certains fonds à l'entité offrant le programme, on exigeait qu'elle ait atteint certains indicateurs de rendement importants. Cette idée s'inscrit dans le prolongement des questions de ma collègue, Mme Dzerowicz.
Je comprends que vous auriez besoin de voir des documents avant de parler du niveau de diligence raisonnable qu'on aurait pu ou dû exercer. J'aimerais savoir si le fait d'inclure dans une entente de contribution des dispositions prévoyant que l'argent ne sera versé que si des indicateurs de rendement importants sont atteints offre une protection supplémentaire contre de possibles abus de la part d'une entreprise. En effet, si celle-ci avait un véritable contrat à fournisseur unique, elle serait payée dès le début et le fournisseur pourrait, qu'il ait fait son travail ou non, choisir de s'enfuir avec l'argent.
Selon vous, le fait d'exiger l'atteinte de certains indicateurs de rendement importants contribue-t-il à la protection des fonds publics dans ce cas-ci?