Je vous souhaite la bienvenue à la première partie de la 38e réunion du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi de la Chambre, nous nous réunissons pour étudier la réponse du gouvernement à la pandémie de la COVID-19.
La séance se tient aujourd'hui par vidéoconférence, et les témoignages seront ensuite affichés sur le site Web de la Chambre des communes.
Sur ce, je souhaite la bienvenue à tous nos témoins. Nous accueillons plusieurs économistes des banques et d'ailleurs aujourd'hui. Nous vous remercions d'avoir accepté de comparaître. Nous avons eu des discussions intéressantes au cours des cinq ou six dernières semaines sur la pandémie de la COVID-19 et les défis qui nous attendent.
Je demanderais aux témoins de s'en tenir à environ cinq minutes pour faire leur déclaration dans la mesure du possible. Cela nous permettra de poser plus de questions.
Nous commençons par M. Jean-François Perrault, économiste en chef de la Banque Scotia.
Monsieur Perrault, vous avez la parole. Bienvenue.
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Merci beaucoup d'avoir organisé la séance et de nous donner l'occasion de vous parler.
Je crains qu'il y ait beaucoup de recoupements entre mes commentaires et ceux des autres, donc j'essaierai de faire bref dans l'espoir de ne pas faire de l'ombre aux autres.
Comme vous le savez tous, nous nous retrouvons devant une contraction économique aux proportions historiques. C'est la seule façon de la décrire. La COVID-19 nous mène au bord de ce qui s'appelle, en termes économiques, un arrêt soudain de l'activité économique. Le gouvernement, c'est-à-dire vous, a essentiellement coupé les vivres à toute une gamme de secteurs et cela a bien évidemment un coût économique considérable.
La bonne nouvelle, c'est que malgré la grande contraction que nous observons, les efforts de confinement et les difficultés afférentes semblent avoir fonctionné dans la mesure où le virus commence à être maîtrisé. Nous avons aplati la courbe. Les provinces ainsi que d'autres pays peuvent donc commencer à rouvrir leurs économies.
Lorsque nous réfléchissons à l'année en cours, par exemple, il est très important d'y voir deux moitiés: la première moitié marquée par un scénario économique extrêmement dévastateur, et la deuxième moitié, bien évidemment, marquée par un rebond vigoureux au fur et à mesure que nous relançons l'économie. Nous voyons la preuve de la relance grâce au taux d'accélération considérable observé dans certains secteurs. C'est le cas notamment du secteur de l'automobile et du marché immobilier. Aux États-Unis, cela se voit dans les rapports sur les ventes au détail qui viennent de paraître. Le marché du travail est également actif.
Ce sont toutes des indications que l'économie est sur la voie de la normalisation au fur et à mesure que la réouverture se poursuit, mais il ne faut pas y voir un signe que l'économie se rétablira entièrement. La réalité, c'est que lorsqu'on passe d'une activité économique extrêmement faible à une activité économique un peu plus élevée, il y aura un taux de croissance extrêmement vigoureux, mais on est toujours très loin du point de départ.
En établissant nos prévisions, nous avons observé un fléchissement important de la croissance cette année d'environ moins 7 %. Je crois qu'il faudra attendre quelques années avant que nous nous retrouvions là où nous étions à la fin de 2019. La profondeur du creux dans lequel nous nous sombrons actuellement veut dire qu'il faudra plus de temps pour regagner du terrain même avec des taux de croissance très positifs. Cela suppose également que le virus sera toujours maîtrisé et qu'il n'y aura pas de seconde vague, aucune réactivation, aucun confinement supplémentaire et aucun choc supplémentaire. C'est donc le meilleur scénario possible.
On pourrait débattre de la vitesse de la reprise, car les opinions sont divergentes, mais c'est la façon dont nous voyons les choses généralement.
Il faut se rappeler qu'il y a une nette distinction entre les taux et les niveaux de croissance, et c'est très important dans le présent contexte. En période de récession normale, un choc économique historique normal équivalent à une perte de 2 ou de 3 % de l'activité économique était considéré énorme. Nous sommes maintenant face à un scénario d'une perte de 7 ou de 8 % et il faut prévoir beaucoup de temps pour s'en remettre. Dans un an, nous accuserons toujours un recul de 2 ou de 3 % par rapport au point de départ, ce qui veut dire que l'économie aura du plomb dans l'aile.
Le gouvernement fédéral et les provinces ont, bien évidemment, réagi au moyen de diverses politiques. Je crois que la situation a été plutôt bien gérée, en général. Vu les circonstances, on ne pouvait pas laisser le meilleur être l'ennemi du bien, et je félicite les gouvernements de leur travail. On aurait pu bien sûr faire mieux, mais dans une certaine mesure, on s'en rend compte après coup.
Nous avons comme corollaire une hausse marquée des déficits, une hausse incroyable, qui est, selon nous, généralement justifiée et nous n'en sommes pas particulièrement inquiétés, car la situation budgétaire était saine au début de la crise.
Cela ne veut pas dire que la situation perdurera. Si le virus revient à l'automne et nous devons encore dépenser, il faudra à un moment donné vraiment se soucier de la situation budgétaire, mais vu notre position de départ avantageuse et les mesures généralement bien adaptées, nous sommes sur la voie d'une reprise soutenue si nous continuons à maîtriser le virus raisonnablement bien.
Merci.
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Monsieur le président, honorables membres du Comité, merci de m'avoir donné l'occasion de vous parler cet après-midi.
Aucun d'entre nous a déjà géré une crise sanitaire qui devient une crise économique, et aucun d'entre nous ne sait combien de temps la situation perdura ni comment elle se terminera. Je crois que nous sommes tous d'accord pour dire que c'est un problème qui ne ressemble à aucun autre et qui crée une grande incertitude.
La théorie économique et la modélisation économétrique ne nous donnent pas de feuille de route précise. Au contraire des récessions précédentes de l'après-guerre, le problème d'aujourd'hui n'est pas un choc endogène créé par des déséquilibres énormes.
C'est clair que les préoccupations sanitaires devraient prendre le dessus sur l'économie. Le travail des décideurs politiques est d'atténuer le fardeau financier découlant des bonnes mesures sanitaires, et je félicite les autorités de l'avoir fait.
Comment devrions-nous nous comporter au cours des prochains mois? À mon avis, c'est une question pour les experts de la santé. Afin de pouvoir évaluer les prochaines étapes sur le plan de la politique économique, le gouvernement doit se prononcer sur la probabilité d'un vaccin et de médicaments antiviraux dans six mois, un an et trois ans.
Une évaluation honnête des perspectives de croissance au Canada laisse entrevoir que même si nous touchons le fond du cycle pendant le deuxième trimestre, le retour au plein emploi dans l'économie sera très lent. Ceux qui en souffriront le plus sont ceux qui peuvent le moins se permettre d'être au chômage, ce qui accentuera la distribution déjà inéquitable du revenu. Les petites entreprises, qui représentent plus de 40 % des emplois du secteur privé, ont accusé un coup dur et dans bien des cas, ne pourront s'en remettre. Il est indéniable que certains de ces emplois perdus ne reviendront jamais.
Nous espérons que les vagues de stimulation du gouvernement et de la Banque du Canada suffiront à long terme à renforcer l'économie et favoriser l'embauche. Cependant, la pandémie risque de créer un choc de redistribution, ce qui veut dire que certaines entreprises et même des secteurs entiers subiront des dommages permanents. Les emplois perdus de ces secteurs ne reviendront pas et le chômage demeurera élevé. Les mesures de stimulation et politiques monétaires traditionnelles ne peuvent absorber ce type de choc.
À mon avis, quelque 30 % des emplois perdus entre février et mars pourraient être attribuables à ce choc de redistribution permanent. Le marché du travail se redressera rapidement dans un premier temps, comme nous l'avons vu dans les données du mois de mai, mais plafonnera ensuite, en laissant trop de gens au chômage.
Les travailleurs de l'industrie de l'hospitalité, de l'hôtellerie et des services alimentaires sont les plus à risque, ainsi que ceux qui travaillent dans les secteurs du commerce non essentiel, des loisirs, des voyages et de l'éducation. La plupart ou une bonne partie de ces gens ne peuvent travailler de la maison.
Dans bien des cas, la pandémie a intensifié la difficulté qu'ont les entreprises ayant une présence physique à concurrencer les plateformes de commerce électronique, comme Amazon, ce qui a accéléré un phénomène qui existait déjà avant la crise, à savoir la piètre compétitivité des entreprises canadiennes.
Le choc inédit du virus veut dire que les gouvernements devront peut-être en faire plus pour soutenir les entreprises et protéger les travailleurs qu'ils ne le feraient lors d'une récession typique. Le gouvernement doit donc établir des politiques qui aident les entreprises viables et à court d'argent à survivre et les travailleurs déplacés à migrer vers de nouveaux emplois, tout en évitant idéalement de ne pas épauler les entreprises moribondes.
Nous avons déjà vu la preuve que les prestations généreuses pour ceux qui ont perdu leurs emplois en raison de la COVID-19 peuvent encourager les mises à pied, décourager le travail et retarder la redistribution productive. Nous devons connaître la proportion des pertes d'emploi au Canada attribuables au confinement et à la faible demande. Ces pertes seront réduites rapidement grâce à la stimulation et à la réouverture. Dans le cas des travailleurs encouragés à rester à la maison en raison des prestations de chômage généreuses, il faudra réduire graduellement le soutien au revenu. Le groupe de chômeurs le plus résistant souffrira des dommages permanents du choc de redistribution. Dans leur cas, le gouvernement devrait offrir de la formation qui permettrait à ces travailleurs à se préparer pour la prochaine phase de la révolution technologique.
La pandémie a accéléré des changements structurels qui perdureront. Une réponse efficace à ces changements repose, entre autres, sur un accès répandu à Internet haut débit et aux ordinateurs dans tous les foyers, à la fois pour les enfants et les adultes, la réduction des restrictions gouvernementales quant à l'utilisation des terres et la certification professionnelle, et l'élimination des obstacles réglementaires à la constitution d'entreprises et des restrictions au commerce interprovincial.
Ces failles existaient déjà avant le virus, mais elles sont maintenant exposées et le gouvernement doit conclure un nouveau contrat social avec ses citoyens.
Merci.
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Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invité pour vous parler aujourd'hui.
Il est évident que la pandémie de la COVID-19 a des conséquences humaines dramatiques partout sur la planète et qu'elle pose de nombreux défis majeurs pour notre société. Nous en avons déjà soulevé quelques-uns. C’est avant tout une crise sanitaire, mais les conséquences économiques sont aussi spectaculaires. Voilà l'aspect sur lequel je vais me pencher aujourd'hui, afin de vous apporter un peu de perspective.
En préambule, j'aimerais rappeler que Desjardins est le premier groupe financier coopératif du Canada et qu'il offre une approche globale à ses 7 millions de membres et clients, dont plus de 360 000 entreprises. Les forces de Desjardins pour répondre aux défis liés à la crise s’articulent autour d’une gouvernance démocratique de proximité alignée sur les intérêts des personnes et des entrepreneurs. Cela nous permet d'entretenir des relations de proximité avec nos membres et nos clients, surtout au Québec et en Ontario, les régions les plus touchées par la COVID-19.
Une bonne partie de mon travail chez Desjardins consiste à faire des prévisions économiques et financières. Je ne vous cacherai pas que c’est particulièrement difficile en ce moment, alors que l'on connaît une crise à laquelle il est très difficile de trouver un précédent historique. On la compare parfois à la grippe espagnole, mais ce n'est pas une comparaison parfaite. De plus, elle a eu lieu il y a une centaine d'années, ce qui est assez loin dans le temps.
Ce que l’on vit actuellement ressemble davantage à une récession en temps de guerre ou de catastrophe naturelle qu’à une récession classique. Avant l’arrivée de la COVID-19, les perspectives économiques étaient assez favorables et rien n’annonçait une récession imminente en Amérique du Nord. Le taux de chômage au Québec avait même atteint un creux historique de 4,5 % en février dernier. Deux mois plus tard, il avait bondi à 17 %. C'est inimaginable en temps normal, et c'est un sommet historique.
D’un point de vue purement statistique, l’ampleur de la crise actuelle dépasse tout ce qu’on a connu depuis au moins la dépression des années 1930. Entre février et avril, il s’est perdu plus de 3 millions d’emplois au pays et le PIB réel a reculé de plus de 17 %. L’ampleur de ces baisses est environ trois fois plus importante que lors de la très grave récession du début des années 1980 qui, elle, s’était étendue sur six trimestres.
À notre avis, et c'est un message important, il faut quand même être très prudent quand on compare la crise actuelle aux récessions habituelles, puisqu’elle est complètement différente. C’est un choc externe qui ne reflète pas de déséquilibres financiers ou de problèmes économiques existants.
Pour le moment, la chute de l’activité et du nombre de travailleurs s’explique essentiellement par les mesures de confinement mises en place pour stopper la propagation de la COVID-19. On peut parler d’une pause souhaitée de l’économie, ce qui est très différent d’une déroute incontrôlée comme celle qu'on a connue aux États-Unis en 2008, par exemple. De plus, cette pause de l’économie est accompagnée d’un soutien sans précédent des gouvernements pour limiter les conséquences financières pour les ménages et les entreprises. Les institutions financières ont aussi apporté leur contribution en offrant d’importantes mesures d’allégement pour s’assurer que la pause de l’économie n’entraîne pas une poussée de faillites. En ce moment, il n'y en a pas.
Chez Desjardins, nous sommes fiers d’avoir été l'un des premiers établissements à mettre en place ces allégements pour nos membres et nos clients, et nous sommes déterminés à maintenir notre soutien pour les aider à traverser la crise. À ce jour, nous avons reçu près de 950 000 demandes pour nos mesures d’allégement, ce qui est énorme.
Grâce aux diverses mesures offertes, la chute spectaculaire de l’activité et de l’emploi ne s’accompagne pas, pour le moment, d’une hausse généralisée de la détresse financière. On note même, tant aux États-Unis qu’au Canada, une augmentation des revenus des ménages ainsi qu’une montée spectaculaire de l’épargne. C'est très différent.
Il faut aussi reconnaître l'appui essentiel des banques centrales dans la crise actuelle. Vers la mi-mars, la situation menaçait de se transformer en crise de liquidités et en crise financière. La Réserve fédérale et la Banque du Canada ont toutefois agi de façon décisive pour assurer le bon fonctionnement des marchés financiers, en injectant massivement des liquidités et en achetant même directement des actifs plus risqués. Aujourd’hui, les marchés financiers fonctionnent bien et la liquidité est abondante. Cela permet aux institutions financières de continuer de jouer leur rôle, notamment en fournissant du crédit abordable aux ménages et aux entreprises.
À mon avis, il est beaucoup trop tôt pour dire que nous connaissons la pire crise économique des dernières décennies et qu’une dépression est inévitable. La chute des PIB un peu partout dans le monde sera spectaculaire cette année à cause des mois de pause qu'on a connus, mais, si on réussit le déconfinement au cours des prochains mois, les conséquences pour les ménages et les entreprises pourraient être assez limitées. Je ne dis pas qu'il n'y en aura pas, cela dit.
Nos prévisions tablent ainsi sur une forte remontée de l’activité au cours des prochains mois, mais les effets sur certains secteurs perdureront plus longtemps. Nous prévoyons qu’il faudra attendre à 2022 avant que le PIB réel repasse au-dessus du niveau qui existait avant la crise. C'est quand même long. À court terme, une baisse des taux de chômage est presque certaine si le déconfinement se poursuit. On le voit déjà au Québec, où le taux de chômage a chuté au mois de mai.
En fait, la question est de savoir si le taux de chômage canadien retournera à 10, à 8 ou à 6 % dans quelques mois. Ensuite, il faudra surveiller la tendance de l'économie. À mon avis, cela va dépendre de l'évolution de la pandémie, des mesures d'éloignement et de la remontée de la confiance des ménages et des entreprises.
Je ne crois pas que nos projections soient foncièrement différentes de celles de mon homologue, M. Perrault, de la Banque Scotia.
En fait, on me dit souvent que l'incertitude est grande en ce moment, mais je dirais que c'est la période la moins incertaine de ma carrière. C'est parce que, à moins d'être très pointilleux sur les chiffres, nous savons comment l'économie se comportera généralement au cours de la prochaine année.
Notre point de départ actuel pourrait être décrit comme étant horrible. Nous avons vu le PIB chuter jusqu'en avril, et il faut retourner à la Grande Dépression pour voir un phénomène semblable. J'aime bien dire que j'en ai marre de vivre ainsi, et je pense que nous voulons tous revenir à ce que j'appelle « l'époque précédente », mais nous ne sommes pas là et il faudra patienter encore longtemps.
La raison pour laquelle je dis que les projections sont plutôt certaines, c'est que si nous examinons la prochaine année, à moins d'avoir un vaccin miraculeux qui soit administré à des milliards de gens, nous savons que des segments de l'économie continueront à faire l'objet de restrictions sanitaires et seront essentiellement fermés pendant la prochaine année au moins.
Les gens qui travaillaient dans les boîtes de nuit, les organisateurs de mariage, les centres de congrès privés, etc. seront tout simplement exclus de la relance économique et d'autres secteurs liés au tourisme international et même les restaurants devront rouvrir à une capacité réduite. Nous pouvons prédire avec confiance que ces secteurs ne pourront pas retrouver leur vitalité antérieure.
Si nous ajoutons la part du PIB de ces industries ou la part des emplois qu'elles génèrent, on prévoit un écart considérable par rapport au plein emploi même dans un an, et cela suppose que nous prenions des décisions judicieuses au bon moment pour éviter une deuxième grande éclosion qui nous obligerait à battre la retraite.
Par exemple, si tout va bien, il se peut que nous ayons un taux de chômage de 8,5 % d'ici un an, mais souvenons-nous que le plein emploi ressemble plutôt à un taux de chômage de 5,5 %, et 8,5 %, c'est le taux que nous avions lors de la dernière récession. Nous allons nous remettre d'un taux d'activité typique d'une dépression à celui d'une récession. Ce n'est pas forcément bien.
Au-delà de l'année prochaine, il faudra attendre un certain temps avant que l'économie reprenne, même si nous avons un vaccin d'ici la fin de 2021. Nous nous attendons donc à une conjoncture économique négative presque certaine pendant une période étendue, et cela définira l'orientation des politiques. Permettez-moi donc de vous décrire ce qui devrait être le rôle du gouvernement.
Dans un premier temps, le rôle du gouvernement correspondait exactement à ce que le Parlement, dans sa sagesse, a décidé de faire, c'est-à-dire de montrer sa solidarité et de s'assurer de protéger les gens les plus vulnérables tout de suite, afin de prévenir une vague de défauts de paiement et de faillites parmi les entreprises canadiennes qui couleraient et ne seraient pas capables de revenir avec le retour de conditions propices et aussi, bien sûr, afin de protéger les ménages et leur permettre d'acheter de la nourriture, de payer leur loyer, et ainsi de suite. C'était la crise immédiate, et le Parlement a travaillé à une vitesse record pour faire le nécessaire, dans bien des cas plus rapidement que les États-Unis. Je félicite le gouvernement et les fonctionnaires en particulier qui ont travaillé si fort pour mettre en œuvre ces programmes.
Si nous nous retournons vers l'avenir, la priorité du gouvernement est d'ordre sanitaire. Il faut s'assurer que de bonnes décisions sont prises sur ce qui peut ouvrir et rouvrir et la façon de le faire en toute sécurité, car nous savons que la pire conséquence serait une deuxième vague, comme nous avons vu avec des pandémies antérieures, qui ne pourra être étouffée rapidement et qui nous obligera à revenir là où nous étions en avril. C'est la raison pour laquelle les gouvernements doivent considérer des mesures comme le port obligatoire du masque à l'intérieur et écouter les recommandations des autorités de la santé et les suivre.
Il ne peut y avoir de compromis entre l'économie et la santé. C'est très important. Si nous pensons rendre service aux entreprises en les laissant rouvrir lorsqu'il est à peine sûr de le faire, nous ne le faisons pas, car si le virus revient et les gens tombent malades, non seulement l'économie en accusera un coup, et c'est quelque chose que je crains davantage dans certains États de notre voisin du Sud plutôt qu'au Canada, mais nous assèneront également un coup à la confiance des ménages. Si nous regardons des pays comme la Chine qui ont quelques mois d'avance par rapport au Canada pour ce qui est de maîtriser le virus, les dépenses des consommateurs n'ont pas repris comme auparavant, car les gens sont toujours précautionneux et craintifs.
Nous devons nous assurer que les gens font confiance aux gouvernements et aux entreprises pour ce qui est des mesures prises, et dans certains cas, les entreprises doivent être guidées par le gouvernement pour ce faire. Voilà le critère le plus important en matière de politique.
Notre deuxième obligation, c'est vraiment de nous assurer que nous ne coupons pas l'herbe sous le pied de l'économie alors qu'elle est encore très faible. Il a été décidé récemment que la PCU soit prolongée de deux ou trois mois. Le programme de subvention salariale a lui aussi été prolongé. Bien que certaines personnes n'aiment pas l'idée que l'on enregistre de gros déficits, ils ne coûtent vraiment pas si cher lorsqu'on emprunte à un taux d'intérêt de 0,5 %. Un déficit de 300 milliards de dollars coûte au gouvernement 1,5 milliard de dollars supplémentaires en intérêts. Cela ne représente pas vraiment une énorme partie des recettes du gouvernement au bout du compte. Il est nécessaire de s'assurer que les stimulants financiers sont maintenus alors que nous sommes encore aux prises avec des taux de chômage à deux chiffres dans l'économie. La dernière chose dont nous avons besoin, c'est d'un effondrement du secteur des ménages et du secteur privé qui ferait en sorte qu'on ne peut pas rouvrir au moment opportun.
Toutefois, si je pense à la manière dont ces différentes politiques doivent changer avec le temps, nous devons, à mesure que les emplois reviendront, envisager d'introduire des nuances dans certains de ces programmes afin de nous assurer que nous ne dissuadons pas les gens de travailler lorsque des emplois sont offerts. Il est important de faire la distinction. Par exemple, dans le programme d'assurance-emploi, les semaines d'admissibilité varient en fonction de la région et du taux de chômage. Ce sont des mesures qui ont été conçues dans le cadre de ce programme pour faire en sorte que nous ne créons pas de facteurs de dissuasion inappropriés. Ce n'était pas important lorsque les politiques ont été annoncées au départ, car des millions de personnes perdaient leur emploi — il n'y avait pas d'emplois —, mais cela deviendra plus important au cours de la prochaine année environ, à mesure que l'économie s'ouvrira.
Quand je pense au travail qui a été fait pour que les entreprises puissent traverser cette période de quasi-hibernation de l'économie, bon nombre de ces programmes ont très bien fonctionné. Je pense cependant qu'il reste du travail à faire du côté des petites entreprises dans les villes, en particulier pour le secteur du commerce de détail, etc. Nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation où les rues principales au Canada, par exemple, comptent une multitude de points de vente vides d'ici un an. Il faut que certaines de ces entreprises tiennent bon. Je pense que nous devons nous assurer que nous avons offert le soutien qui convient dans ce secteur afin qu'il puisse tenir le coup pendant cette période. Nous ne sauverons pas toutes ces entreprises, mais nous ne voulons pas que nos villes ressemblent au centre-ville de Detroit. Nous voulons qu'elles ressemblent aux centres-villes de Vancouver et de Toronto tels qu'ils étaient avant l'apparition du virus, ou à celui de Montréal d'ailleurs. Je pense que c'est très important.
Je pense que les administrations municipales feront face à beaucoup de difficultés. Contrairement aux provinces et au gouvernement fédéral, les villes ne peuvent pas simplement enregistrer un déficit. Elles doivent équilibrer le budget dans une certaine mesure. Elles ont des fonds de réserve dans lesquels elles peuvent puiser, mais elles ont perdu beaucoup de revenus. Une grande partie provenait des droits de cession immobilière. Les revenus provenant des tarifs du métro dans certaines grandes villes, par exemple, ont diminué. Je pense que le gouvernement doit également s'assurer que le secteur municipal n'a pas à lancer un programme de restrictions budgétaires majeures pendant que les conditions de récession sont encore là.
Dans l'ensemble, je dirais que les perspectives qui vous ont été présentées aujourd'hui par les différents économistes sont réalistes. Nous avons probablement traversé le pire, mais le fait de dire que le meilleur reste à venir et les taux de croissance spectaculaires que nous allons probablement enregistrer au-delà de ces très faibles niveaux d'activité ne devraient pas vous empêcher de vous concentrer sur le fait que même si nous faisons d'énormes progrès, notre taux de chômage pourrait encore être de 8,5 % dans un an. Le PIB sera bien inférieur à ce qu'il aurait été si nous avions connu une croissance de 1,5 ou 2 % par an. La tâche du gouvernement de combler les lacunes, de maintenir l'économie dans un état où elle pourra se renaître le moment venu, vous incombe toujours. Je suis encouragé par ce que j'ai vu jusqu'à présent. Le gouvernement est prêt à travailler en mettant de côté la partisanerie pour faire avancer les choses et j'espère que cela se poursuivra.
Je serai ravi de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, avant de faire mes observations, j'aimerais prendre un moment pour exprimer ma gratitude, comme le feraient aussi, je pense, bien des Canadiens.
Mon ami et mentor, un ancien collègue de bon nombre d'entre vous, l'honorable Ed Holder, m'a déjà dit qu'il n'y avait pas de plus grande vocation que l'engagement envers la chose publique. Très franchement, je dirais que les derniers mois ont été assez difficiles pour nos politiciens, et je tiens à les remercier tous pour leur service.
J'ai passé 30 ans, à ce jour en fait, dans le secteur des services financiers, en commençant par le secteur des assurances, puis des banques, puis en devenant vice-président d'une maison de courtage et en finissant comme directeur d'une société canadienne de fonds communs de placement. J'ai donc une expérience assez diversifiée dans le secteur des services financiers. Au cours de ma semi-retraite, j'ai également eu l'occasion unique de siéger au conseil d'administration non seulement de sociétés canadiennes, mais également de sociétés américaines. Après les exposés, je serais certainement heureux de répondre à des questions sur la différence entre mon expérience en tant qu'administrateur dans le contexte canadien et celle dans le contexte américain, et sur certains des différents programmes qui ont été mis en œuvre.
J'espère que notre pays est en train d'amorcer la phase de reprise de la crise. Je crois qu'il est essentiel de jeter un coup d'œil sur deux éléments essentiels historiques très importants de notre économie. Le premier est évidemment notre système bancaire fort, stable et reconnu mondialement. Le second est la communauté entrepreneuriale qui fait partie de l'histoire du Canada depuis sa création.
Le Canada est reconnu pour ces deux éléments, mais très honnêtement, bien que ce soit le cas, je ne suis pas sûr que les deux évoluent toujours bien en parallèle. Même dans les meilleures circonstances, les choses peuvent être difficiles pour les petites et moyennes entités sur le plan du crédit commercial, et nous ne sommes certainement pas dans les meilleures circonstances. Donc, comme je l'ai dit, ces deux réalités — le succès que nous connaissons sur le plan de l'entrepreneuriat et du développement des entreprises et celui que nous connaissons dans le secteur bancaire — ne sont, en toute justice, pas toujours étroitement liées.
Comme je l'ai dit, les banques canadiennes sont reconnues dans le monde pour leur solidité et leurs bonnes pratiques bancaires. Une grande partie du monde occidental a connu des catastrophes lors de la crise du crédit de 2008-2009, et avec un leadership très fort au gouvernement fédéral et un leadership fort dans le secteur bancaire, nous avons été en mesure de traverser cette crise mieux que presque tous les autres pays occidentaux. Cela dit, il y a tout de même eu quelques problèmes.
À l'heure actuelle, les banques canadiennes sont confrontées à une combinaison incroyable. Au sortir de la crise du crédit, nous avons connu une longue période d'appréciation du marché immobilier qui s'est accompagnée d'une augmentation massive de la dette à la consommation; et maintenant, il est question d'une décimation du secteur de l'immobilier commercial, de pertes d'emplois massives et d'une situation très difficile concernant les hypothèques dans quelques mois, qui aura certainement des répercussions sur le secteur bancaire.
Je ne crois certainement pas qu'au sortir de la crise, notre solide système bancaire sera en mesure d'accorder du crédit ou d'être plus généreux envers les petites entreprises. Je pense que c'est un véritable défi, et nos banques vont devoir faire tout ce qui est en leur pouvoir pour s'assurer que leurs bilans sont solides et que leurs états des résultats ne sont pas trop affectés par des taux d'intérêt près de zéro, qui, je pense, se maintiendront à ce niveau pour encore longtemps.
Cela étant dit, je pense qu'il est important que le Comité et le gouvernement du Canada examinent comment on pourrait intervenir dans l'économie, en étant conscient que, comme je le crois, il sera très difficile de le faire selon des modèles bancaires traditionnels; nous avons essentiellement une demi-douzaine de grandes banques dominantes au Canada. Il est peut-être plus difficile, au Canada, d'aider les petites entreprises que dans certains autres pays, dans d'autres nations occidentales, qui ont une plus grande diversité de sources de financement de rechange.
Le nombre restreint de banques et de grandes banques au Canada présente un défi qui est apparu au cours des dernières années et qui a été exacerbé lors de la dernière crise du crédit il y a 20 ou 30 ans, lorsqu'un nombre impressionnant de produits étaient offerts aux entrepreneurs qui n'avaient pas accès aux prêts bancaires traditionnels.
Ils pouvaient aller sur les marchés et emprunter de l'argent et avoir recours aux introductions en bourse de petites entreprises ou à des obligations à haut rendement, ou aller vers des sociétés de crédit-bail, et il y avait le papier commercial adossé à des actifs. Il y avait beaucoup d'options de financement différentes, et bon nombre d'entre elles ont disparu. Ce n'est pas un reproche, c'est juste une réalité.
Dans le monde des marchés, les services de syndication qui s'occupent de l'émission de nouveaux produits pour les clients investisseurs se sont essentiellement contractés, car les banques ont englouti probablement 90 % des actifs concernant la gestion du patrimoine au Canada, et relativement peu, disons, de produits innovants ou de financement sont destinés aux investisseurs de détail.
Il y a beaucoup de bonnes raisons qui expliquent cela. Ils présentent certainement un risque plus élevé, et on veut protéger les investisseurs contre les escroqueries et les véhicules inappropriés, contre des choses qui ne correspondent pas à leur niveau de tolérance au risque. Nous avons découvert que certains produits n'étaient vraiment pas aussi sûrs qu'ils le paraissaient au début de la crise du crédit en 2008.
Il existe des raisons valables pour lesquelles ces sources de financement se sont peut-être taries, mais alors que nous entrons dans la phase de reprise, il est important de discuter de la manière dont nous pouvons aider nos entreprises sur les marchés et trouver des solutions de rechange qui ne mettent pas de pression sur les banques, par exemple, pour qu'elles sortent de leurs mandats de prêt traditionnels qu'elles remplissent très bien, mais qui permettent à nos petites entreprises d'accéder à des sources plus sûres d'affacturage, de crédit commercial et de crédit-bail.
Toutes ces sources finissent par remonter jusqu'aux banques ou à d'autres institutions, comme les compagnies d'assurance, et dans de nombreux cas, ces sources ne seront tout simplement pas disponibles compte tenu de la pression qui s'exerce sur nos principales institutions financières. Le gouvernement a la possibilité de travailler, que ce soit par la persuasion morale ou par la politique, et en particulier, par le soutien direct aux programmes, avec des entrepreneurs innovants qui ont l'expérience des marchés, mais qui ne font peut-être pas partie du modèle bancaire traditionnel qui peut proposer des solutions de prêt et de financement.
J'ai dirigé un groupe qui a présenté une proposition qui est parvenue à plusieurs membres du Comité. Elle est basée, essentiellement, sur le principe de l'obligation de la Victoire lors de la Seconde Guerre mondiale. J'ai lu quelques commentaires de différents économistes sur cet appel, qui ont souligné que nous traversons une crise économique qui n'a pas vraiment eu de précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Il est bon de revenir sur ce qui a fonctionné dans l'histoire.
Cela dit, je serais heureux d'entendre tout commentaire ou de répondre à toute question sur ce que je vois en ce qui concerne les marchés juniors et les possibilités de collaborer avec les banques, leurs services de syndication et le gouvernement fédéral pour que le crédit commercial et l'affacturage soient offerts aux petites et moyennes entreprises qui seront si essentielles pour éviter que notre taux de chômage s'élève à 8 ou 10 % dans deux ou trois ans.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je remercie le Comité de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui.
Je veux tout d'abord féliciter le gouvernement fédéral pour sa réaction à la crise et, en particulier pour la création de la prestation d'urgence. Cela a certainement été un point fort de l'intervention du gouvernement dans cette pandémie, comme je l'ai déjà souligné devant votre comité.
Bien que la prolongation de deux mois de la PCU soit bien accueillie, j'encourage le gouvernement à commencer dès maintenant à planifier l'élaboration d'un nouveau système moderne d'assurance-emploi, avec une stratégie de transition à cette fin. Certaines des caractéristiques d'un nouveau système d'assurance-emploi devraient s'inspirer des éléments qui ont fait le succès de la PCU, notamment la rapidité, un paiement minimum de, disons, 500 $ par semaine et, en particulier, une meilleure couverture pour les gens qui multiplient les petits boulots et les travailleurs autonomes.
Toutefois, j'aimerais aujourd'hui parler des interventions du gouvernement dans le secteur financier, des programmes qui ont été utilisés et de ceux qui ne l'ont pas été, et de la manière dont nous pourrions améliorer ces interventions.
Je pense qu'il est utile de faire le point sur les quelque 750 milliards de dollars qui ont été promis pour soutenir le secteur financier. D'après mes calculs, de ce montant, 679 milliards de dollars ont été déployés. La réduction de la réserve pour stabilité intérieure des banques leur a permis de disposer de 300 milliards de dollars supplémentaires si elles choisissent de l'utiliser. Il était initialement prévu que la Banque du Canada dépense 300 milliards de dollars, bien que son bilan est passé à 373 milliards de dollars depuis mercredi dernier. Près de la moitié de cette expansion est due à l'augmentation de ses opérations de pension.
D'autre part, dans le cadre du programme d'achat de prêts hypothécaires offert par l'intermédiaire de la SCHL, presque aucun prêt hypothécaire n'a été acheté, seuls 6 milliards de dollars du budget de 150 milliards de dollars ont été dépensés, et essentiellement rien n'a été acheté lors des deux derniers achats et le prochain est prévu pour le 22 juin, soit la semaine prochaine.
En particulier, l'abaissement de la réserve pour stabilité intérieure, qui passe de 2,25 à 1 % des actifs pondérés en fonction des risques, permettrait de libérer jusqu'à 300 milliards de dollars d'actifs pour d'autres achats pour des acteurs financiers. Le Bureau du surintendant des institutions financières, le BSIF, préférerait que ces objectifs consistent à accorder d'autres prêts aux entreprises ou aux ménages; toutefois, cela suppose que les banques puissent trouver des ménages ou des entreprises qui sont à la fois solvables et prêts à s'endetter à nouveau de 300 milliards de dollars dans une période où le marché du travail n'a jamais été dans une situation aussi pire depuis 1936.
Ces 300 milliards de dollars pourraient être utilisés à d'autres fins bien moins souhaitables que le prêt. Comme dans toute grande entreprise, l'argent est fongible et ses objectifs peuvent changer. Par exemple, il peut être utilisé pour payer les actionnaires ou les dirigeants, ou pour couvrir les pertes sur prêts. Heureusement, le BSIF a explicitement interdit aux banques de poursuivre les programmes de rachat d'actions existants; cependant, les paiements de dividendes et les primes aux dirigeants peuvent être maintenus, mais non augmentés. Au cours du premier trimestre de 2020, les banques ont versé 5 milliards de dollars en dividendes, et elles sont en voie de verser 22 milliards de dollars aux actionnaires en 2020. Autrement dit, 7 % des gains résultant de l'ajustement de la réserve pour stabilité intérieure pourraient encore être versés aux actionnaires, malgré les règles du BSIF actuelles.
Si les hauts dirigeants financiers ne peuvent pas augmenter leur rémunération totale au-delà de ce qui a été fait les années précédentes, compte tenu de l'augmentation constante de la rémunération des cadres au Canada, il ne s'agit guère d'une restriction sévère. En 2018, les hauts dirigeants des banques canadiennes ont récolté 173 millions de dollars en primes, pour 31 personnes. Si c'est la barrière de rémunération à laquelle ils doivent se soumettre en raison des aides gouvernementales extraordinaires accordées au secteur, cela ne leur causera probablement aucune difficulté. Je recommande que votre comité examine les approches internationales, comme celles de l'Union européenne ou du Royaume-Uni, qui ont suspendu les dividendes des banques et les primes des dirigeants pendant la période où des aides gouvernementales extraordinaires sont offertes.
Une étude de la Banque du Canada publiée au début du mois a révélé que le report des paiements hypothécaires est un moyen important de faire en sorte que les Canadiens qui ont temporairement perdu leur travail restent dans leur domicile et de réduire la probabilité d'une spirale descendante de la valeur nette par une vente précipitée de la maison. Avec 14 % de tous les prêts hypothécaires maintenant en report, cette mesure a été une bouée de sauvetage pour les 4,8 millions de Canadiens qui ont perdu leur emploi ou la majorité de leurs heures de travail depuis le mois de février.
Le fait que le BSIF permette aux banques de ne pas avoir à augmenter leurs exigences de fonds propres en raison de prêts non productifs rend cette crise des remboursements hypothécaires beaucoup moins coûteuse pour les banques si elles s'engagent dans un processus de report. Avec entre 12 et 18 % de prêts hypothécaires actuellement en report, selon la banque, un renforcement des exigences de fonds propres aurait autrement des répercussions importantes sur les résultats des banques.
J'encourage le Comité à demander aux banques de ne pas facturer d'intérêts ou d'autres pénalités pendant la période de report des prêts hypothécaires, mais pas seulement sur les prêts hypothécaires — également sur les produits à taux d'intérêt plus élevé comme les cartes de crédit et les marges de crédit. Compte tenu de la lenteur de la reprise jusqu'à présent, je recommande que le Comité envisage également de prolonger la période de report des prêts de septembre jusqu'à la fin de 2020. En outre, de nombreux Canadiens ne retrouveront tout simplement pas leur emploi, même d'ici la fin de l'année, et beaucoup concluront qu'il n'est pas financièrement viable de rester dans leur logement actuel. Le coût de l'hypothèque serait tout simplement trop élevé, compte tenu des pertes d'emploi.
Les prêts hypothécaires, en particulier ceux à taux fixe, sont assortis de pénalités importantes en cas de remboursement anticipé. Le Comité devrait envisager de réduire ou d'éliminer ces pénalités, ce qui permettrait aux Canadiens de vendre plus facilement les maisons qu'ils ne peuvent plus se permettre de garder et d'en acquérir de nouvelles sans avoir à payer de pénalités extraordinaires dans le processus.
Je vous remercie, et j'ai hâte de répondre à vos questions.
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Merci. Tout est bien qui finit bien.
Bonjour, monsieur le président, bonjour, mesdames et messieurs. Je vous remercie de m'avoir invité et de me donner l'occasion de discuter avec vous aujourd'hui.
Je serai relativement bref, car je suis en grande partie d'accord avec les personnes qui ont parlé des perspectives économiques un peu plus tôt.
Le Canada vient de connaître le ralentissement économique le plus profond et le plus brutal de l'après-guerre. Toutefois, il semble également que la récession ait été la plus courte jamais enregistrée, car de nombreux signes montrent qu'il y a eu un début de redressement des activités, des emplois et des dépenses en mai, parallèlement aux premières étapes de réouverture qui ont été suivies dans de nombreuses régions du pays et dans le reste du monde.
Si certains des derniers indicateurs économiques sont sans doute encourageants, il ne fait aucun doute que nous sortons d'une période creuse. Comme on l'a déjà mentionné, les premières données de Statistique Canada indiquent que l'économie a reculé de 17 % en mars et en avril seulement, et il se pourrait bien que ce fléchissement soit encore plus marqué. Si l'on met cela en contexte, le déclin le plus important a eu lieu lors de la récession du début des années 1980, lorsque l'OPEP a chuté d'un peu plus de 5 % en un an et demi.
Avec la réouverture des économies, nous pensons qu'une grande partie de ce recul peut être inversé assez rapidement. Toutefois, il est également évident qu'à défaut d'un vaccin efficace, certains secteurs resteront fortement limités pendant une longue période, ce qui risque de peser sur l'ensemble de l'économie. Il est essentiel de souligner que la plupart de ces secteurs qui seront toujours au ralenti ont tendance à avoir des niveaux d'emploi supérieurs à la moyenne. L'effet sur l'emploi des secteurs soumis à des contraintes sera même plus important que ce que les chiffres du PIB global suggèrent.
Même si nous prévoyons actuellement ce rebond et cette activité l'année prochaine après, à notre avis, un déclin similaire cette année, l'économie serait tout de même de 3 à 4 % en deçà de ce qu'elle aurait normalement dû être à la fin de l'année prochaine, et le taux de chômage sera probablement de deux à trois points de pourcentage plus élevé qu'il l'était avant la crise, même à la fin de 2021.
En outre, l'économie est confrontée à un défi important: passer de la phase initiale de réouverture à la phase de reprise. Même si la nécessité de prendre les mesures politiques extrêmes s'estompe, l'économie aura besoin, comme on l'a mentionné précédemment, d'un soutien pendant une période plus longue. Il faudra trouver le juste équilibre entre le soutien des revenus et la nécessité de ne pas dissuader les gens de travailler.
Bien que nous convenons que l'environnement demeure très incertain, l'aperçu budgétaire à venir sera le bienvenu, car il contribuera à nous donner à tous une base solide pour prendre nos décisions.
À moyen terme, nous sommes relativement optimistes quant aux perspectives de reprise. Les particuliers et les entreprises font preuve d'une incroyable ingéniosité, comme nous l'avons vu ces derniers mois, et ils peuvent apprendre à faire face à des circonstances difficiles. Nous ne pensons pas qu'il faille sous-estimer la capacité de l'économie à se redresser.
Sur ce, je reviens à vous, monsieur le président. Merci.
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Tout d'abord, le retour au même niveau du PIB ne permet pas de retrouver le même taux de chômage, car la population augmente. Il faut donc dépasser largement le niveau précédent du PIB. Nous serons dans la situation actuelle pendant un certain temps.
Je pense que la prémisse de votre question est tout à fait juste. Les programmes gouvernementaux devront jouer un rôle de protection contre les faillites. Oui, je suis banquier, mais je me soucie des gens qui font faillite, parce qu'ils détiennent également nos cartes de crédit, et pas seulement des hypothèques qui sont assurées. De plus, en tant que Canadien, je veux que notre économie surmonte cette période de ralentissement, et cela signifie en partie qu'il faut veiller à ce que les ménages aient un certain pouvoir d'achat lorsque tout cela sera terminé.
Je pense que la bonne approche consiste certainement à examiner les différentes mesures que nous avons prises pour aider les entreprises et les ménages. Nous les gérerons à la baisse, dans une certaine mesure, avec la diminution du chômage, car les coûts liés à ces programmes diminueront. Mais à mesure que les possibilités d'emploi s'ouvriront, nous devrons offrir les incitatifs appropriés.
Par exemple, la Prestation canadienne d'urgence a une caractéristique qui laisse à désirer, car si je gagne 1 000 $, je reçois un chèque de 2 000 $, mais si je gagne 1 001 $, je ne reçois rien. Il s'ensuit qu'une personne qui gagne 1 000 $ par mois n'a pas intérêt à chercher un emploi qui lui permettra de gagner 500 $ supplémentaires. Le programme qui a été conçu pour les subventions salariales a aussi ce type de seuil particulier.
Nous devrons donc revoir ces programmes. Heureusement, nous avons maintenant un peu de temps pour les examiner et pour les modifier de façon à ce qu'ils offrent quelques incitatifs.
Néanmoins, les programmes de soutien — dans une certaine mesure — doivent rester en place, car dans le cas contraire, nous ferons face à une vague de faillites. Il y en aura quelques-unes de toute façon, car nous ne pouvons pas sauver toutes les entreprises. Je crois que Mme Cooper a laissé entendre la même chose, et elle a raison. Des entreprises feront malheureusement faillite et des ménages éprouveront des difficultés. Les banques ont récemment subi des baisses assez importantes de leurs revenus trimestriels afin de compenser les pertes associées à cette situation. Je pense que le gouvernement doit encore jouer un rôle important à cet égard, car il faudra attendre longtemps pour que l'économie se redresse.
En effet, la période de transition va être cruciale, et il sera tout aussi important de bien définir les mesures de transition. On a donné l'exemple de la Prestation canadienne d'urgence, qui n'est pas modulée selon les revenus gagnés. À 1 001 $ de revenus, on perd tout. Cela n'a pas de sens. Pendant les premières semaines, le gouvernement disait ne pas être en mesure de faire ces changements, et on comprenait cela, mais cela fait maintenant plus de trois mois. Il faut inciter les gens à retourner travailler.
Avant de poser des questions sur la suite de ces mesures, je voudrais revenir sur un élément de votre présentation. Vous avez dit qu'à cause de la pandémie, on a volontairement mis l'économie en pause, mais qu'on pourra la remettre en marche et que cela pourrait bien aller. Or je m'inquiète que certains secteurs de l'économie ne puissent pas retrouver le même niveau d'activité. Les habitudes auront changé. L'après-crise ne sera pas identique à l'avant-crise. Cela a été mentionné par vos collègues.
Que fera-t-on pour les secteurs en difficulté? On peut penser au commerce de proximité, en supposant que les gens conservent l'habitude de faire plus d'achats en ligne. Ce sont des emplois, des entreprises et des services importants.
Selon vous, que pourrait faire le gouvernement pour soutenir les gens des secteurs qui ne retrouveront pas le niveau d'activité qu'ils avaient avant la pandémie?
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C'est une bonne question. Cela va dépendre de la manière dont la pandémie va évoluer et des mesures de déconfinement. Au début, il n'y avait aucun choix à faire entre l'économie et la santé. Nous sommes tous d'accord là-dessus.
Au Québec, on a fait l'expérience d'un confinement presque absolu. On a vu que cela avait atténué la situation, mais que ce n'était pas une solution miracle. Au cours des prochains mois, il se peut qu'il y ait d'autres cas. Il faudra donc certainement garder de bonnes mesures sanitaires. Il faudra peut-être même ne conserver que les meilleures mesures. Le masque est peut-être une meilleure solution que la distance de deux mètres. Si on maintient toujours cette mesure d'éloignement, les cinémas et les restaurants vont peut-être rouvrir, mais ils seront difficilement rentables.
Il faut trouver la meilleure façon d'obtenir de bons résultats sur le plan sanitaire, tout en envoyant des messages aux secteurs touchés pour qu'ils sachent à quoi s'attendre. Aujourd'hui, ils rouvrent, mais ils le font dans une incertitude totale. Ce sera très difficile. Ils devront continuer d'avoir de bonnes conditions financières.
Il faut aussi rappeler qu'il y avait une pénurie de main-d'œuvre au Québec et partout en Amérique du Nord. Assurément, des gens vont perdre leur emploi, mais on aura peut-être l'occasion de les réorienter vers d'autres secteurs ou vers d'autres entreprises plus performantes dans leur secteur. C'est vrai qu'une certaine adaptation est possible.
Au Québec, entre autres, beaucoup d'entreprises limitaient leur développement parce qu'elles manquaient de main-d'œuvre. Dans bien des cas, elles n'avaient pas besoin d'une main-d'œuvre très qualifiée non plus. Ces entreprises pourront peut-être prendre le relais des secteurs qui vont connaître une réouverture plus graduelle, plus lente et moins complète.
On pourrait aussi être surpris. Par exemple, depuis que les commerces de détail ont rouvert, il y a quand même beaucoup de gens. Certaines choses vont changer. Je pense que le télétravail est là pour de bon, mais on sera peut-être surpris de voir les gens recommencer à voyager plus tôt qu'on ne le pensait.
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Il fallait respecter certaines conditions, tout comme aujourd'hui, pour avoir accès à certains de ces soutiens.
En fait, dans une certaine mesure, les programmes étaient assez semblables à ceux d'aujourd'hui. Par exemple, la Banque du Canada menait des activités de prise en pension à grande échelle avec les banques, la Société canadienne d'hypothèques et de logement faisait des rachats d'hypothèques et de nombreuses banques canadiennes avaient accès aux établissements américains par l'entremise de la Réserve fédérale américaine.
Pendant cette dernière période, nous avions des soutiens. Je pense que les soutiens maximums ont atteint environ 130 milliards de dollars. Je n'ai pas vraiment fait tous les calculs, mais je suis certain que nous avons dépassé ce montant cette fois-ci, même si les banques utilisent des processus très différents. Par exemple, cette fois-ci, les opérations de prise en pension de la Banque du Canada sont beaucoup plus importantes et le programme de rachat de prêts hypothécaires de la SCHL n'a pratiquement pas été utilisé. Le contraste est frappant avec la situation de 2008, où c'était l'inverse et où il y avait beaucoup plus d'interactions avec le programme de rachat de prêts hypothécaires.
Maintenant, ce programme se poursuit, et il pourrait bien y avoir quelques... Le report de 14 % de tous les prêts hypothécaires dans une situation de report est extraordinaire. On peut présumer que ce nombre diminuera dans une certaine mesure d'ici le mois de septembre, mais il se pourrait bien que, si les reports se poursuivent, les banques décident d'envoyer une plus grande partie de leurs prêts hypothécaires à la SCHL si elles commencent à faire faillite.
À cet égard, je pense qu'il est positif que le Bureau du surintendant des institutions financières ait établi des règles cette fois-ci pour limiter les rachats d'actions des grandes banques. C'est un changement positif. Je ne pense pas que le plafonnement des dividendes et de la rémunération des dirigeants fasse une grande différence, car trois des cinq banques avaient déjà mis en œuvre des augmentations. Dans de nombreux cas, les dividendes auront augmenté de toute façon.
Je vais donc m'arrêter ici.
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Le programme de report présuppose lui-même l'exemption des banques, par le Bureau du surintendant des institutions financières, en ce qui concerne les...
Dans d'autres circonstances, on aurait considéré ces prêts comme en souffrance. Dès ce moment, les banques doivent investir plus de capitaux pour les adosser. Ça ne signifie pas que l'emprunteur soit en faillite; seulement, les banques ont besoin de fournir plus d'argent. Leurs coûts augmentent donc, concrètement, particulièrement lorsque, dans certains cas, 18 % de tous les prêts hypothécaires sont en situation de report. Cette modification à la règle du BSIF, qui profite matériellement aux banques, autorise ce programme de report.
Je pourrais certainement prétendre que cet avantage que le BSIF a accordé aux banques pourrait trouver une utilité ou que, encore, des comités comme le vôtre pourraient exiger que les banques, en échange de cette modification de la règle, diffèrent les pénalités et les frais d'intérêt pendant la période de report. Ça importerait beaucoup plus dans le cas des cartes et des limites de crédit; ça pourrait servir aussi aux prêts hypothécaires.
Nous n'avons pas encore vraiment observé cette situation, grâce au programme de report en place dont se sera prévalu tout débiteur hypothécaire en difficulté. C'est vraiment au crépuscule de ce programme que nous verrons le rôle beaucoup plus important des pénalités pour remboursement anticipé d'emprunts hypothécaires, particulièrement à taux fixe. Il y en a à taux variables, mais, en général, les taux sont plus bas.
Pour parer à cette éventualité, votre comité pourrait en discuter avec les banques et les encourager à renoncer à appliquer la plupart des pénalités sinon toutes, alors que les Canadiens s'apprêtent à un dégraissage. Si les pertes d'emplois qu'on croyait temporaires se révèlent permanentes ou si la période de report prend fin, mais qu'ils n'ont pas encore d'emplois et que le dégraissage est indispensable, nous devons faciliter autant que possible la tâche aux personnes qui choisissent de le faire sans leur imposer les pénalités excessives exigées pour mettre fin aux contrats hypothécaires.
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Merci. Merci aussi de votre invitation.
La nuance est peut-être importante, parce qu'il y a eu des suites pendant la discussion et au fil des questions. Je crois que le secteur privé participera de façon incroyablement importante à la reprise et que les investisseurs ne manqueront pas.
Dans mon monde, je suis en contact permanent avec des investisseurs, et beaucoup d'entre eux cherchent l'occasion de participer activement à la reprise, par intérêt, en quête d'occasions d'investir, de faire des acquisitions pour une bouchée de pain, ou par altruisme, par désir d'aider, de participer à l'effort collectif et de le soutenir.
Les disparités régionales sont très importantes. J'ai lancé l'idée de donner une voix au secteur privé, particulièrement aux fonds d'investissement non bancaires et aux organisations qui pourraient essayer de financer le crédit-bail, l'affacturage ou le crédit commercial et ainsi de suite, pour avoir l'occasion de...
Plutôt que de simplement demander d'injecter les recettes fiscales dans des industries, peut-être que l'État pourrait garantir des programmes ou financer un achat par lequel l'argent irait dans un fonds commun, tandis que des investisseurs privés, des Canadiens, s'occuperaient de la supervision en son nom. L'argent pourrait aussi servir à créer des partenariats public-privé qui investiraient dans des domaines tels que les PME, si cruellement éprouvées par la crise.
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Aucune difficulté. Je pense que les deux sont assez étroitement reliés.
Un exemple simple serait celui d'une entreprise manufacturière. Sa clientèle ne compterait pas mille, mais cinq à sept acheteurs. L'un deux, fidèle depuis des années, absolument ponctuel dans ses paiements, ou qui les ferait en versements échelonnés sur 30 ou de 40 jours peut soudainement traverser une crise importante, du fait d'un autre client qui l'empêche de rembourser un compte client. En dépit de sa rentabilité, de ses ventes, de son excellente main-d'œuvre et de sa grande importance stratégique régionale, l'entreprise est menacée d'insolvabilité, simplement à cause d'un client en défaut de paiement.
Par conséquent, l'un des éléments centraux que j'ai proposés était l'idée de mettre sur pied un programme d'affacturage. J'ai précisément proposé d'utiliser nos 263 agents de développement des collectivités de notre pays, qui sont en relation étroite avec les zones de développement économique et qui connaissent précisément les acteurs clés de leurs propres marchés, pour qu'ils collaborent avec eux, qu'ils constituent une cagnotte qu'ils mettraient à la disposition des investisseurs privés qui voudraient s'en servir pour favoriser l'affacturage.
De même, beaucoup de nos professions libérales, les dentistes par exemple, sont gravement touchées par la crise, parce qu'une grande partie de leurs activités concerne l'hygiène dentaire. Si on examine bien les détails de ce qui arrive aux cabinets de dentisterie et les dépenses qu'ils ont engagées pour traiter les aérosols formés par les jets d'eau envoyés dans la bouche des patients, je crois que la dentisterie sera l'un des secteurs les plus gravement touchés, parce que les coûts sont énormes, mais on n'en parle pas vraiment.
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Merci, monsieur le président.
Je suis ravi de voir tout le monde cet après-midi.
La pandémie et la récession qui suivra sont bien entendu assez exceptionnelles et uniques. Dans ma circonscription, Vaughan—Woodbridge, certains secteurs et des représentants de certains secteurs s'en tirent très bien. Les détaillants, les boutiques spécialisées, la gare intermodale du CP et un certain nombre d'opérateurs logistiques font bonne figure et n'ont pas été touchés de la même façon que d'autres. Malheureusement, certains magasins physiques subissent des conséquences.
J'ai reçu un appel d'une jeune femme hier. Elle va perdre son emploi. La chaîne de magasins pour laquelle elle travaille — que je ne nommerai pas — cesse ses activités partout au Canada. Elle sera donc à la recherche d'un nouvel emploi. Elle cherchera probablement aussi à perfectionner ses compétences. Au cours d'une session antérieure, l'un des budgets prévoyait la création de l'Allocation canadienne pour la formation, qui visait à permettre à des Canadiens de perfectionner leurs compétences durant une période de transition.
Je crois que Mme Cooper a mentionné cela, tout comme un autre économiste, je crois. Dans quelle mesure est-ce important pour notre gouvernement de veiller à ce que les Canadiens aient accès à de la formation pour améliorer leurs compétences, particulièrement dans les secteurs qui prendront du temps à se remettre parce qu'ils ont été frappés durement?
M. Porter peut répondre en premier et ensuite, Mme Cooper.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Ma question va s'adresser aux économistes qui représentent les banques de Bay Street. Nous en avons quatre sur les cinq avec nous aujourd'hui.
Quand nous regardons les résultats financiers des grandes banques, nous voyons des bénéfices très appréciables, sans oublier la rémunération substantielle de leurs dirigeants. Je trouve qu'il y a une iniquité sur le plan de la justice fiscale lorsque, d'un côté, les grandes banques recourent en toute légalité aux paradis fiscaux à des fins d'optimisation fiscale et que, de l'autre, nous vivons une pandémie et que nous instaurons des mesures économiques qui coûtent une fortune, qu'il faudra rembourser.
Quel argument pourriez-vous opposer à une demande du Parlement de ne plus recourir aux paradis fiscaux qui vous permettent de payer moins d'impôts au Canada? Cette question s'adresse évidemment à M. Porter, de la Banque de Montréal, à M. Shenfeld, de la CIBC, à Mme Cooper, des Centres hypothécaires Dominion et à M. Perrault, de la Banque Scotia.
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Je dois dire premièrement que les banques ne réalisent pas beaucoup de profits cette année. Les banques aiment peut-être vous dire qu'elles ont bien fait, en excluant les provisions pour les futures pertes sur prêts potentielles, mais ces provisions sont prises en compte dans les revenus. Deuxièmement, ce n'est certes pas une année exceptionnelle pour les banques.
Quelqu'un a parlé de la rémunération des hauts dirigeants des banques. J'aimerais bien être l'un de ces hauts dirigeants. Notre rémunération comprend, dans une large mesure, des actions bancaires, dont la valeur a diminué considérablement cette année. Les niveaux de rémunération ne seront pas aussi élevés que l'année dernière; je peux pratiquement vous le garantir.
Par ailleurs, des fonds publics n'ont pas été massivement injectés dans les banques canadiennes. Les banques au Canada ne se sont pas tournées vers le gouvernement pour obtenir des fonds publics. Bien entendu, la Banque du Canada a diminué les taux d'intérêt, et le BSIF a modifié légèrement les exigences de fonds propres ou procédé à certains assouplissements, ce qui s'est révélé utile, car cela crée la capacité de prêts dont l'économie avait besoin. Ce sont des mesures conçues pour aider nos clients, et nous en sommes certes heureux, car nous voulons que ces clients puissent prospérer.
Je pense que la question repose sur la prémisse qu'il y a eu des cadeaux. Il suffit de remonter à la récession de 2008 pour constater que le principal programme élaboré par le gouvernement visait à racheter des hypothèques aux banques. Cela a permis aux banques d'amasser des fonds à un coût moindre que sur le marché à cette époque, car le marché s'inquiétait vivement du fait que les banques [Difficultés techniques] n'allaient pas s'en sortir.
Si vous vous demandez quel a été le résultat de ces rachats d'hypothèques pour le gouvernement, je peux vous dire que le résultat a été bon. Cela lui a rapporté de l'argent. Cela a été profitable pour le gouvernement. Il ne s'agit pas toujours d'un cadeau.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je suis ravi de vous entendre dire que vous êtes fiers du système bancaire canadien, mais dans une société où près de la moitié des familles sont à 200 $ de l'insolvabilité et où les familles font face à des niveaux d'endettement records, il est clair qu'il y a un problème. Je crois que nous devrions accorder moins d'attention au fait de veiller à avoir un excellent système bancaire, un système de luxe, et nous consacrer bien davantage à aider les personnes qui éprouvent de la difficulté à passer au travers de cette pandémie.
Ma question, qui s'adresse à vous, monsieur Macdonald, porte sur ce que nous devons faire pour passer au travers de la pandémie et nous en sortir. L'un des principaux problèmes est le recours abusif aux paradis fiscaux à l'étranger. Mardi, j'ai interrogé les représentants de l'ARC, qui ont admis qu'ils ne disposaient même pas des outils nécessaires pour poursuivre les entreprises qui pratiquent ouvertement l'évasion fiscale en ayant recours à des paradis fiscaux. Le directeur parlementaire du budget, comme vous le savez, estime que nous perdons 25 milliards de dollars par année, une somme qui pourrait être investie dans l'éducation, les soins de santé, les logements abordables et toutes ces choses qui font une grande société.
Vous avez parlé de réduire les services ou de se doter d'un régime fiscal qui répond réellement aux besoins des Canadiens. Dans quelle mesure est-ce important de s'attaquer véritablement à ces paradis fiscaux à l'étranger? Dans quelle mesure est-ce important de mettre en place un impôt sur la fortune et de veiller à ce que nous ayons un régime fiscal équitable afin que nous n'en venions pas au point où nous devons réduire les services, mais que nous puissions plutôt les bonifier, non seulement pour améliorer la qualité de vie des Canadiens, mais aussi parce que c'est tout à fait logique sur le plan économique?
Je suis content d'avoir été précédé par M. Julian. Je vais poser une question sur le revers de cette médaille.
Au cours de cette pandémie, nous avons eu de réelles difficultés. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous quant à l'importance de cette dette. Si nous examinons le passif non capitalisé, la dette approche les 3 billions de dollars à 166 %, voire les dépasse.
Quoi qu'il en soit, nous avons un fort taux de chômage et une croissance économique faible. Je crois que la clé de tout ceci, et vous pouvez en convenir ou non, est la productivité et celle, bien sûr, du secteur privé.
Pour nous sortir de cette situation, à la fois pour rembourser la dette et revenir à un niveau élevé d'emploi et à un niveau de croissance supérieur, nous avons besoin d'améliorer la productivité. L'un des moteurs utiles au gouvernement est de réduire les impôts, et non pas les augmenter, pour que les Canadiens puissent garder une plus grande partie de leur argent si durement gagné, que les créateurs d'emplois puissent créer des emplois et que les entreprises puissent réussir.
Ai-je tort?
M. Shenfeld peut peut-être vous répondre.
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Il ne fait aucun doute que les dépenses en capital à long terme sont importantes. C'est un facteur déterminant de la productivité à long terme. Il nous faut un environnement concurrentiel. Je crois que nous avons pu constater les défis auxquels font face les pays, comme les États-Unis, qui ont réduit les impôts sur le revenu des sociétés. Le Canada est raisonnablement concurrentiel à cet égard; nous nous débrouillons plutôt bien.
Je pense que votre question fondamentale est bonne. En fin de compte, le niveau de vie d'un pays est la richesse que nous nous répartissons. Je suis tout à fait d'accord avec l'idée que, lorsque nous répartissons la richesse économique, nous devons prêter attention à la situation des gens qui sont au bas de l'échelle. C'est très important. De fait, je crois que tous les Canadiens sont d'accord là-dessus.
Il reste que l'importance de cette richesse compte et la productivité en est la clé. Nous avons une population donnée. La productivité est simplement la mesure de la production par heure ou par personne. C'est la source fondamentale de la richesse dans tout pays, ainsi les programmes et les décisions du gouvernement qui affectent la productivité sont essentiels.
Permettez-moi d'élargir votre question. Il ne s'agit pas seulement d'impôts. Le taux d'impôt le plus faible ne remporte pas forcément la mise, parce que les gouvernements créent également les infrastructures. Ils pourvoient à l'enseignement et la formation. À ces fins, l'argent des contribuables est nécessaire. Il faut faire la part des choses. Le gouvernement doit construire de bonnes routes et autoroutes pour que nous puissions transporter nos produits, par exemple. Les gouvernements doivent proposer un bon système d'éducation. Pour ce faire, ils augmentent les impôts.
Il faut trouver un juste milieu. Toutes les décisions du gouvernement qui affectent le rendement par personne sont essentielles pour la richesse quand on pense au moyen terme.
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Je pense avoir dit au début de mon intervention, que la politique en matière de santé est ce qu'il y a de plus important, parce que ce que nous essayons réellement de faire pour accélérer la reprise, c'est de veiller à ce que les particuliers tout autant que les entreprises soient à l'aise avec l'idée que l'activité économique puisse reprendre sans que tout le monde soit contaminé.
Il s'agit de savoir si nous avons mis en place la bonne politique en ce qui concerne les masques, par exemple. Un employeur important que nous venons d'entendre dans l'un de nos appels conférences, un employeur important du secteur immobilier, a mis en place une règle obligeant tous les employés qui utilisent les toilettes de leurs tours de bureaux à porter un masque. Le gouvernement provincial leur avait dit que les masques n'étaient pas obligatoires et qu'il ne pouvait pas vraiment les imposer.
Je crois qu'il nous faut des politiques nationales qui nous placent sur un pied d'égalité. C'est le plus important.
Une autre chose que je n'ai pas beaucoup lue au Canada, c'est qu'il y a une course internationale non seulement pour concevoir un vaccin, mais pour être le premier à le faire. Je crois que ce qui est le plus important à mettre en place, encore dans le secteur de la santé, c'est de s'assurer que.... Cela va être chacun pour soi, et ce n'est pas qu'une déclaration de Donald Trump. Il faudra s'assurer que le Canada n'attende pas que des milliards de gens dans le monde soient vaccinés les premiers, pendant que nous attendons bons derniers dans la queue. Cela n'a rien à voir avec les banques, mais cette récession n'a rien à voir avec les banques non plus et a tout à voir avec la politique sur la santé.
Je voudrais ajouter un autre point. Nous avons beaucoup parlé d'accorder du crédit, mais en fait beaucoup de petites entreprises ne veulent pas emprunter. Elles ont déjà des dettes. Elles ne veulent pas en rajouter. Si nous avons un vide dans notre système financier, je dirais que c'est plutôt du côté des capitaux propres. Nous devons trouver des moyens novateurs pour que les petites et moyennes entreprises aient véritablement un meilleur accès aux fonds communs de capitaux, parce que c'est ce dont elles ont réellement besoin. Elles ont besoin de plus de capitaux propres et de moins de dettes.
J'irais même jusqu'à dire que nous devons aussi penser à la possibilité que ces petites entreprises sortent de ce cycle et tentent de s'introduire en bourse. Les nouvelles émissions de nos marchés publics d'actions ont vraiment beaucoup diminué. Elles ont pratiquement disparu. À la belle époque des fiducies de revenu, et je sais qu'alors à Ottawa c'était un gros mot, beaucoup d'entreprises utilisaient ce moyen pour s'introduire en bourse, et c'était un moyen pour le propriétaire d'encaisser de l'argent. Cela a peut-être été mal fait et il faudrait repenser tout cela, mais je crois que nous devons envisager de développer cette possibilité pas uniquement pour les grosses sociétés, mais encore pour les plus petites, et faire en sorte qu'elles aient davantage accès à des capitaux propres.
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Nous allons reprendre la séance du Comité des finances.
Bienvenue, mesdames et messieurs les témoins du deuxième groupe d'experts d'aujourd'hui, à la 38e séance du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Conformément à un ordre de renvoi de la Chambre des communes, le Comité se réunit pour discuter de la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19.
Pour répéter ce que le greffier et les gens dans les cabines d'interprétation ont dit tout à l'heure, une des difficultés de ces séances est que tout doit être interprété. Quand les interprètes écoutent et traduisent en parlant pendant que vous parlez, ils doivent entendre clairement ce que vous dites ou c'est une vraie prise de tête, pour dire les choses comme elles sont. Si vous pouviez parler relativement lentement et clairement dans votre micro, cela serait très utile.
Nous avons huit témoins dans ce groupe, ce qui est plus que d'habitude. Je vous demanderais, dans la mesure du possible, de vous en tenir à plus ou moins cinq minutes, pour que nous ayons du temps pour les questions.
Nous allons commencer par Mme Catherine Cobden, présidente de l'Association canadienne des producteurs d'acier.
Allez-y, madame Cobden, la parole est à vous.
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je suis Catherine Cobden. Je suis la présidente de l'Association canadienne des producteurs d'acier.
Je tiens à vous remercier de me donner l'occasion de vous faire part du point de vue de l'industrie sidérurgique nationale sur les répercussions de la COVID et de nos priorités en matière de rétablissement.
Nos entreprises membres produisent environ 15 millions de tonnes de produits par an, et nous soutenons 123 000 emplois dans cinq provinces, de la Saskatchewan au Québec. Notre industrie est un pilier important de notre économie nationale.
De plus, le secteur sidérurgique canadien joue un rôle stratégique important dans l'économie nord-américaine dans son ensemble. Nous sommes des fabricants de pointe d'un produit recyclable à cent pour cent et un fournisseur essentiel pour de nombreux autres secteurs clés en Amérique du Nord.
À l'heure actuelle, notre industrie, comme de nombreuses autres au pays, est confrontée à des défis sans précédent en raison de cette pandémie. Nous sommes très reconnaissants que les parlementaires accordent la priorité à la lutte contre la pandémie, et nous sommes très reconnaissants des nombreuses mesures économiques que le gouvernement fédéral a introduites pour soutenir les entreprises canadiennes et nos employés. Certaines de ces mesures ont été absolument inestimables pour nos membres.
En tant qu'industrie essentielle, nous avons continué d'exercer nos activités tout au long de la pandémie pour fournir nos produits indispensables à de nombreuses applications critiques. Nous sommes certainement fiers de notre petite, mais importante contribution pour fournir de l'acier pour l'équipement médical et les applications hospitalières. Toutefois, les derniers mois ont été extrêmement difficiles pour nos membres. Nous avons assisté à une chute spectaculaire de la demande de nos marchés principaux, tels que l'automobile, l'énergie, la construction et bien d'autres encore, et nos membres n'ont pu fonctionner qu'à environ 60 % ou moins de leur capacité existante.
En ce qui concerne l'emploi, 10% de notre main-d'œuvre a malheureusement été touchée par des licenciements, mais la bonne nouvelle, c'est que ces licenciements auraient été bien pires sans le Programme de la subvention salariale d'urgence du Canada. Nos membres remercient le gouvernement et vous tous d'avoir travaillé ensemble pour veiller à ce que ce programme soit mis en œuvre rapidement et, franchement, d'avoir pris la décision de prolonger le programme jusqu'à la fin du mois d'août. Notre industrie le considère comme une bouée de sauvetage essentielle pendant cette période sans précédent.
Pour l'avenir, l'industrie sidérurgique sera confrontée à un rétablissement très difficile. Nous ne nous attendons pas à reprendre nos activités immédiatement. Cela ne se fera pas à la vitesse grand V. Nous nous attendons à ce que les quelques prochains trimestres comportent leur lot de défis importants. Par conséquent, nous vous faisons part sans tarder d'idées sur la façon de rétablir l'économie d'une manière à favoriser la participation complète du secteur de l'acier à cette reprise.
L'une de nos principales priorités est de protéger notre marché intérieur contre les importations commerciales déloyales, qu'il s'agisse de pratiques de dumping, d'importations massives ou d'autres pratiques qui nuisent à notre secteur. Le monde a stocké l'acier tout au long de cette pandémie, et nous demeurons très inquiets à propos du « mur d'acier » qui commence à s'ériger sur notre marché. Il cause du tort aux producteurs d'acier canadiens et en causera plus.
En outre, le maintien de l'accès au marché américain est crucial pour le secteur canadien de l'acier. La mise en œuvre rapide du nouvel ACEUM, y compris les règles d'origine du secteur automobile, est une occasion formidable pour l'acier nord-américain et notre rétablissement collectif. Le secteur automobile nord-américain est l'un de nos précieux clients, qui représente environ 25 à 30 % de toute la production d'acier canadien. Tandis que le secteur automobile reprend ses activités, nous restons prêts et capables d'aider ce secteur à respecter toutes les obligations des « règles d'origine ».
La COVID-19 nous a également appris la valeur d'une base manufacturière canadienne solide, ainsi que la nécessité d'avoir des chaînes d'approvisionnement nord-américaines solides. Nous devons garder en tête cette leçon à mesure que nous nous sortons de la pandémie pour nous assurer que le secteur manufacturier et ces chaînes d'approvisionnement demeurent solides et résilientes. Pour l'industrie sidérurgique, elle devra notamment examiner comment des éléments comme l'approvisionnement intérieur et les priorités en matière de dépenses d'infrastructure pourraient reconnaître les avantages sociaux, économiques et environnementaux de l'utilisation de l'acier nord-américain.
Enfin, un autre aspect important de notre reprise consiste à permettre des investissements qui améliorent la compétitivité et la productivité et soutiennent les objectifs environnementaux. Dans le contexte actuel, l'industrie sidérurgique canadienne est confrontée à des conditions difficiles pour attirer des investissements. Le Fonds stratégique pour l'innovation, le FSI, est un outil utile pour notre secteur qui encourage les investissements. Dans notre cas, nous avons vu 250 millions de dollars de financement du FSI s'ajouter à plus d'un milliard de dollars de financement de projets dans le passé. Compte tenu de l'importance démontrée, nous demandons la recapitalisation du FSI dans le cadre de la réponse du gouvernement à la reprise à la suite de la crise de la COVID.
Merci encore une fois, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, de m'avoir donné l'occasion d'être avec vous aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Bonjour. Merci, monsieur le président.
Je suis le premier vice-président de la Fédération canadienne des épiciers indépendants. J'aimerais remercier le Comité de m'avoir invité à participer à son audience cet après-midi.
Les épiciers indépendants au Canada servent une foule de collectivités, en particulier dans les régions rurales et éloignées et les collectivités autochtones où nous sommes la seule source de nourriture pour les habitants de ces régions. Par conséquent, les épiciers indépendants sont essentiels pour assurer la sécurité alimentaire d'une grande partie du pays. Les épiciers indépendants représentent un chiffre d'affaires d'environ 18 milliards de dollars, et il y a environ 6 900 épiceries indépendantes au pays.
Nous rivalisons dans un environnement qui est excessivement consolidé dans les secteurs de la vente au détail, de la vente en gros et des fournisseurs dans un certain nombre de catégories. Par ailleurs, nos membres exercent leurs activités avec des marges globales de 1,5 % en moyenne, ce qui est bien inférieur aux autres secteurs du commerce de détail. Pour survivre dans ce marché où les règles du jeu sont inéquitables, les épiciers indépendants doivent se distinguer des autres, et ils le font en achetant des produits locaux, en embauchant des gens de la localité, en soutenant des initiatives locales et en vivant dans les collectivités qu'ils servent.
Il n'existe pas de manuel ou de guide qui aurait pu aider l'industrie durant cette crise. Dans un contexte d'achats motivés par la panique, de pénurie de main-d'œuvre, de fermeture de la majorité des entreprises de restauration, en plus de l'augmentation des coûts dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, cette industrie a en grande partie très bien réagi en fournissant des produits d'épicerie et des fournitures aux Canadiens.
Cela dit, nos membres se sont heurtés à des problèmes d'approvisionnement au cours des derniers mois qui doivent être réglés au sein de l'industrie et du gouvernement. Les épiciers et les grossistes indépendants ont été confrontés à des problèmes d'accès à certains produits.
Nous comprenons que pour certains produits, la demande a connu une forte hausse, en particulier lorsque les clients veulent acheter suffisamment de papier hygiénique pour les deux prochaines années. Cependant, lorsque nos membres ne peuvent pas avoir accès à de la volaille, à de la farine, à des œufs ou à d'autres produits essentiels, y compris un accès équitable à l'EPI, tels que du désinfectant pour les mains et des masques faciaux, cela a non seulement une incidence sur la capacité de l'épicier indépendant de continuer à exercer ses activités, mais aussi sur la capacité des citoyens, en particulier dans les communautés plus rurales et plus éloignées, d'accéder à ces produits essentiels. La situation que nous avons connue a compromis ces capacités, et c'est inacceptable pour nous. Nous espérons que le Comité est également d'avis que c'est inacceptable.
Trop souvent, au cours des derniers mois, nous avons eu des conversations avec des associations représentant des secteurs et des entreprises soumis à la gestion de l'offre dans le domaine des biens de consommation emballés, et avec les gouvernements, qui ont été surpris lorsque nous expliquions que ce qu'ils disaient, pour ce qui est de l'offre, n'était pas ce que nos membres voyaient. Il y avait deux réalités différentes.
Il y a des problèmes de distribution qui doivent être abordés et résolus. Tandis que la crise des achats motivés par la panique s'est calmée, nous pourrions assister à une deuxième vague ou, à un moment donné, à une autre pandémie ou crise. Par conséquent, nous devons tous nous interroger sur les leçons que nous pouvons tirer des derniers mois.
L'industrie, les producteurs, les transformateurs et les détaillants ont tous réagi avec dévouement et ont fait preuve d'un engagement exemplaire pour garantir aux Canadiens des aliments et des produits essentiels. Cependant, il y a des leçons que nous pouvons tirer et des secteurs à améliorer dans l'éventualité d'une nouvelle crise. Notamment, les consommateurs doivent s'abstenir de faire des achats motivés par la panique et les grossistes et les fournisseurs doivent veiller à ce que tous les détaillants aient un accès équitable aux produits.
Les gouvernements doivent aussi s'assurer qu'il y aura des mécanismes en place qui permettront à nos épiciers indépendants d'accéder à l'EPI, tant pour la protection de leurs clients que pour celle de leurs employés. Par ailleurs, tous les ministères de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, fédéraux et provinciaux, doivent cesser de se préoccuper systématiquement de la situation dans les exploitations agricoles sans tenir compte de la situation des intervenants du secteur alimentaire en dehors des exploitations. Ils sont friands de slogans comme « de la ferme à l'assiette » ou « de la ferme à la table », mais en réalité, quel que soit le parti au pouvoir, on prête peu d'attention à ce segment de la chaîne d'approvisionnement.
J'aimerais conclure en soulignant comment la réalité de toutes les petites et moyennes entreprises a changé et changera à la suite de la crise de la COVID-19. Nous le savons parce que les commerces de nos membres sont ouverts en tant que services essentiels. Nous savons ce que l'avenir nous réserve, car nous sommes sur cette voie en ce moment.
L'augmentation des coûts pour améliorer la sécurité des consommateurs et des membres du personnel par l'entremise d'un nettoyage rigoureux et strict en magasin, de protocoles de sécurité renforcés, de fournitures supplémentaires d'EPI, y compris l'installation de plexiglas, est l'une de nos nouvelles réalités. Pour les épiciers indépendants, parce que nous ne faisons pas partie du secteur agricole dans les exploitations, nous n'avons reçu aucune aide financière du gouvernement, contrairement à d'autres segments de la chaîne d'approvisionnement.
De plus, ce comité plus particulièrement devrait être conscient du fait que les consommateurs ont massivement délaissé l'argent comptant pour privilégier les cartes de crédit et les paiements sans contact. Cette tendance a donné lieu et donnera lieu à une érosion importante du chiffre d'affaires de la majorité des entreprises, qui doivent désormais payer les frais d'interchange. Puisque les grandes chaînes paient beaucoup moins de frais d'interchange que les petites et moyennes entreprises, cette érosion a une incidence disproportionnellement plus profonde sur les entreprises qui n'ont pas le pouvoir d'un Walmart pour négocier des taux plus favorables.
Il est naïf de croire que ces milliards de dollars siphonnés à même les poches des PME n'ont pas une grande incidence sur ce que les Canadiens paient pour les biens et les services. Bien entendu, cela a une incidence, mais avec le pourcentage des transactions de crédit maintenant beaucoup plus élevé, le rétablissement de nombreuses entreprises sera beaucoup plus difficile au cours des prochaines années.
Dans le contexte de la COVID-19, nous exhortons ce comité à recommander que le gouvernement réexamine l'entente actuelle avec les sociétés de cartes de crédit, qui n'est pas encore entrée en vigueur, pour réduire les frais à un niveau moyen de 1,4 %. Le contexte des paiements est désormais très différent. Nous devons tous travailler ensemble pour remettre ce pays sur pied, et les sociétés de cartes de crédit doivent faire partie de la solution.
Merci encore une fois, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de témoigner devant vous dans le cadre de l'important travail que votre comité réalise. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Nous sommes ici aujourd'hui pour vous brosser un tableau de l'effet dévastateur qu'a eu la COVID-19 sur les entreprises situées dans les parcs nationaux des montagnes du Canada. Nous avons également plusieurs recommandations à proposer au Comité qui offriraient un soulagement immédiat à nos entreprises, alors que le tourisme et les revenus dégringolent.
Je m'appelle Yannis Karlos. Je suis le cofondateur du Banff Hospitality Collective. Nous sommes propriétaires et exploitants de 11 restaurants situés à Banff. Je suis accompagné de Stuart Back, vice-président des opérations de la Banff Jasper collection par Pursuit. Ensemble, nous coprésidons l'Association for Mountain Parks Protection and Enjoyment.
L'Association est un regroupement de membres qui représente plus de 1 000 entreprises exerçant leurs activités dans les sept parcs nationaux des montagnes du Canada. Collectivement, nous employons des dizaines de milliers de Canadiens. L'Association prône la facilité d'accès et des expériences positives pour les visiteurs au sein des parcs. Nous croyons qu'il faut des parcs en santé. La conservation est favorisée lorsque les visiteurs font l'expérience de la nature de façon profonde et concrète.
L'an dernier encore, notre région a accueilli plus de 5 millions de visiteurs et a rapporté 3 milliards de dollars par année à l'économie de l'Alberta. Chaque année, les visiteurs de Banff génèrent à eux seuls environ 250 millions de dollars de taxe provinciale et 470 millions de dollars de recettes fiscales fédérales.
Comme la diversification de l'économie est devenue une priorité en Alberta, la contribution du tourisme ne fera que gagner en importance. Par conséquent, nous voulons collaborer avec les gouvernements et faire tout en notre pouvoir pour soutenir notre industrie pendant cette période difficile.
Les rues autrefois très fréquentées des villes des parcs des montagnes sont presque désertes. À la mi-mars, plus de la moitié des habitants de Banff ont perdu leur emploi, soit environ 5 000 personnes, et la relance a été limitée depuis. Le week-end de la fête de Victoria, qui est normalement un des plus achalandés de l'année, nous avons constaté une baisse sans précédent de 92 % du nombre de visiteurs. Les économies locales de Banff et de Lake Louise dépendent presque entièrement du tourisme, et celle de Jasper n'est pas loin derrière. Les villes avoisinantes comme Canmore, Hinton, Pincher Creek, Invermere, Revelstoke et Golden dépendent aussi fortement des parcs des montagnes et du tourisme pour leur bien-être économique.
Malheureusement, il y a peu de solutions à court terme en vue pour nos villes. Selon une étude récente réalisée par l'Institut Vanier, 72 % des familles canadiennes ne voyageront probablement pas au cours de la prochaine année. Les frontières demeurent fermées. Les déplacements interprovinciaux sont activement découragés, et la capacité de vol n'est qu'une fraction de ce qu'elle était autrefois. Quelque 60 % des visiteurs du parc national de Banff proviennent de l'extérieur de notre marché régional. Les entreprises situées dans les parcs des montagnes sont coincées entre les directives fédérales et provinciales. Ce qui est peut-être le plus important, c'est que la viabilité commerciale dépend des visites estivales, qui nous permettent de survivre à la saison hivernale moins achalandée. C'était ainsi même avant la crise de la COVID-19. J'ai entendu quelqu'un dire récemment que perdre la saison estivale équivaut à traverser trois hivers de suite. Le fait est que nous aurons besoin d'un appui soutenu pour survivre.
Nous demeurons axés sur la recherche de solutions et sommes très attachés à nos entreprises de la région des parcs des montagnes. Nos recommandations apporteront un soulagement immédiat aux collectivités qui dépendent du tourisme dans lesquelles nous évoluons.
Tout d'abord, nous demandons à Parcs Canada de lever les droits d'entrée dans les parcs nationaux. Une telle mesure a été prise en 2017 à l'occasion du 150e anniversaire du Canada et a entraîné une augmentation de la fréquentation.
En deuxième lieu, nous recommandons à Parcs Canada de reporter le renouvellement des baux et des permis et de revoir les modalités d'occupation après terme. Les entreprises locales se démènent pour se réinventer alors que les lignes directrices, les règles et les conditions de visite changent chaque jour. Le report des renouvellements de baux et la simplification des modalités permettront à tous de se concentrer sur les efforts de rétablissement.
Troisièmement, nous recommandons au gouvernement de réinvestir dans l'expérience client et dans les infrastructures pour soutenir les collectivités dans les parcs et favoriser le retour des visiteurs. Les personnes qui viennent dans les parcs des montagnes cherchent à se rapprocher de la nature au moyen de toutes sortes d'expériences. Si vous investissez dans les infrastructures et vous attaquez au problème d'entretien différé ainsi qu'à notre déficit connu en matière d'infrastructure, les Canadiens disposeront d'une plateforme pour se rapprocher des parcs, ce qui stimulera fortement nos économies locales par le fait même.
En quatrième lieu, nous recommandons que nos parcs deviennent des chefs de file mondiaux en matière de visites écologiques et à faibles émissions de carbone. Pour ce faire, il faut mettre en œuvre les plans d'expansion des transports en commun et des services ferroviaires voyageurs. Ces projets contribueront à réduire les principaux points de congestion, à diminuer les émissions et à protéger l'environnement, tout en créant des emplois et des débouchés économiques.
Enfin, nous demandons que la Subvention salariale d'urgence du Canada, l'Aide d'urgence du Canada pour le loyer commercial et le Programme d'allègement des loyers de Parcs Canada soient étendus aux entreprises touristiques et hospitalières tant que les restrictions de voyage et les exigences de distanciation sociale seront en place. Voilà qui assurera une stabilité et une certitude à plus long terme pour nos collectivités et qui contribuera à maintenir les emplois de notre population.
Nous tenons à vous remercier une fois de plus pour le temps et l'attention que vous consacrez aux enjeux très pressants qui frappent notre région et nos membres. L'Association est ravie d'avoir l'occasion non seulement de vous aider à comprendre les répercussions dévastatrices et à long terme de la crise de la COVID-19, mais aussi de vous proposer des solutions immédiates. Nous espérons vivement que le gouvernement canadien les étudiera sérieusement et y donnera suite.
Merci. Nous sommes à votre disposition pour toute question.
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Je vous remercie infiniment de m'avoir invité à comparaître. C'est vraiment un honneur d'être ici aujourd'hui devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes.
Alors que toutes les économies sont en terrain inconnu d'un bout à l'autre du Canada, l'Alberta a été frappée de plein fouet par l'effondrement de la demande énergétique attribuable à la COVID-19, après cinq années de ralentissement économique. Cela a coïncidé avec une guerre des prix entre la Russie et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, ou OPEP. La plupart des Albertains ont l'impression que s'il s'agissait du centre ou de l'Est du Canada, où un secteur économique crucial ou même une entreprise en vue avait été temporairement secouée par la tempête internationale, le gouvernement fédéral n'aurait pas hésité à offrir un soutien financier ou sous une autre forme.
Jusqu'ici, la seule somme dont nous avons entendu parler et qui sera envoyée en Alberta est un montant d'environ 1 milliard de dollars pour la remise en état des puits abandonnés, ainsi que des prêts à l'échelle nationale auxquels nos entreprises énergétiques ont difficilement accès. Pour remettre en contexte ce milliard de dollars, les Albertains ont payé davantage en 2009 pour le sauvetage du secteur de l'automobile d'une valeur de 9 milliards de dollars. Ce que nous avons observé jusqu'à présent ressemble davantage à un incitatif à la retraite qu'à une mesure de relance quelconque.
Comme notre groupe Fairness Alberta l'a montré, les Albertains ont vraiment aidé le reste du Canada, plus particulièrement sur le plan des recettes fédérales. Nous estimons qu'il est à la fois juste et dans l'intérêt du gouvernement fédéral et de l'économie nationale d'accorder plus d'importance aux enjeux particuliers de notre province, alors que nous traversons le creux de ce ralentissement prolongé. Afin de sensibiliser la population du Canada, nous avons actuellement un panneau d'affichage à Ottawa, sur le boulevard St-Laurent, pour dire que les Albertains ont apporté une contribution nette de 324 milliards de dollars depuis l'an 2000.
Chaque fois que le gouvernement répète que la situation financière du Canada lui permet de surmonter la tourmente, je pense à ce coussin de 324 milliards de dollars attribuable aux Albertains. Ce montant correspond à une contribution nette d'environ 320 000 $ par famille de quatre personnes sur une période de 20 ans. C'est vraiment un chiffre renversant. Pour les députés qui ne viennent pas de l'Alberta, il s'agit de retombées moyennes de 42 000 $ pour les familles de vos circonscriptions.
J'aimerais préciser que ce n'est pas seulement de l'argent en période de prospérité. En 2017, lorsque le ralentissement économique était déjà bien entamé et que les recettes provinciales venaient de chuter de 20 %, le Canada a tout de même touché un bénéfice net de 15,2 milliards de dollars de la part des Albertains, soit 15 000 $ par famille de quatre personnes.
Je tiens à préciser que les Albertains sont fiers et reconnaissants de pouvoir contribuer à l'économie du pays, comme le ferait n'importe quelle province. Je crois toutefois que deux choses ont alimenté le mécontentement en Alberta, et que vous devriez en tenir compte dans l'élaboration des stratégies visant à sortir l'économie canadienne de la léthargie attribuable à la COVID. D'une part, les programmes fédéraux, les dépenses en biens et services et les transferts provinciaux semblent à bien des égards diriger injustement les dépenses vers d'autres provinces. D'autre part, nous semblons être ciblés malgré nos contributions.
En ce qui concerne le premier point, la contribution annuelle nette de 15 à 27 milliards de dollars de l'Alberta comporte de nombreux éléments que nous examinons à Fairness Alberta. Prenons par exemple les transferts provinciaux: compte tenu de la taille des transferts en matière de santé et de programmes sociaux, les Albertains fournissent encore 3 milliards de dollars de plus qu'ils n'en reçoivent pour des services provinciaux, en vertu de la Constitution. Nous nous demandons simplement si c'est juste, étant donné que le programme de péréquation ajoute 20 milliards de dollars de plus à ce montant. Comme le montre le document de la Bibliothèque du Parlement que je vous ai envoyé plus tôt aujourd'hui, le gouvernement fédéral dépense beaucoup moins pour les biens et les services de l'Alberta que pour toute autre province. Du total, nous finançons environ 11 milliards de dollars, mais même avec deux grandes bases militaires et de nombreuses collectivités autochtones, seulement 5 milliards de dollars sont dépensés à nouveau en Alberta. Cette différence de 6 milliards de dollars est-elle équitable?
Le deuxième point qui attise la colère et la discorde est bien sûr le fait qu'on prend pour cible l'industrie énergétique diversifiée, intégrée et de calibre mondial qui est à l'origine de notre importante contribution fiscale. Tandis que nos concurrents internationaux innovent même dans le contexte des prix inférieurs, notre industrie a été la cible de conflits relatifs aux pipelines, aux interdictions des pétroliers et aux politiques concernant les gaz à effet de serre qui entraînent des désavantages concurrentiels de taille.
Il s'en est suivi des investissements dans des emplois au sein de régimes dont les normes environnementales et du travail sont bien pires. La Russie a récemment annoncé un nouveau mégaprojet pétrolier et gazier de 155 milliards de dollars. C'est presque exactement le montant des projets que l'Alberta a dû annuler ou reporter au cours de la dernière décennie. Il ne s'agit pas d'un progrès.
Pour conclure, il est essentiel que vous réfléchissiez longuement et sérieusement aux répercussions économiques des politiques envisagées. Je pense plus particulièrement à des mesures comme les nouvelles normes en matière de carburant propre qui pourraient se répercuter sur le secteur du gaz naturel, et aux fonds de relance de même qu'à leur destination.
J'aimerais aussi que vous vous demandiez si c'est équitable pour les Albertains. Ces politiques nuisent-elles inutilement à la prospérité future de leurs enfants alors que nous avons utilisé pendant les deux dernières décennies la prospérité de la province pour renforcer le Canada?
Toutes les provinces doivent donner leur rendement maximal pour permettre au Canada de se remettre de la crise de la COVID. Je vous prie de vous rappeler ce que le rendement maximal des Albertains a signifié pour le pays dans le passé, car avec votre collaboration, nous pouvons aider le Canada à devenir plus fort que jamais.
Merci beaucoup du temps que vous m'avez accordé. Je suis impatient de répondre à vos questions.
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Bonjour, je m'appelle Sophie Prégent et je suis la présidente de l'Union des artistes.
L'Union des artistes représente 8 500 membres actifs. Ce sont des artistes-interprètes, des chanteurs, des acteurs, des animateurs et des danseurs. Je ne vous cacherai pas que la pandémie de la COVID-19 que nous vivons présentement a eu une incidence sur 100 % de nos membres.
Tous les artistes-interprètes ont été touchés. Certains ont réussi un peu mieux à passer au travers, mais ils sont très peu nombreux. C'est la raison pour laquelle la Prestation canadienne d'urgence a été un baume extrêmement rapide et efficace pour la réalité des artistes-interprètes. Je vous en remercie. On a prolongé la PCU, et c'est une très bonne chose dans notre secteur. Or cela ne fait que mettre en lumière la précarité que vivent les artistes-interprètes dans notre société canadienne, puisque, chaque fois qu'on prolonge la PCU, les artistes se disent qu'ils pourront encore respirer pendant huit semaines. Il faudrait bien, un jour, qu'on pense à regarder de façon plus efficace et de façon plus pérenne comment on va pouvoir venir en aide à tous ces artistes et travailleurs autonomes qui vivent dans un état de précarité extrême.
J'entends quelquefois à la radio que, dans certains secteurs, la PCU peut causer une situation délicate et avoir un effet négatif sur notre société, puisque certains travailleurs préfèrent continuer de recevoir la fameuse Prestation canadienne d'urgence et ne pas retourner au travail. Je peux vous assurer que, dans le secteur des arts, ces gens n'existent pas. La raison en est bien simple: plus longtemps on est isolé, plus longtemps on n'est pas vu et plus longtemps on ne travaille pas, alors plus cela joue contre soi. Quand on travaille, on est vu, et, pour être vu, il faut travailler. L'effet pervers de la PCU n'existe pas dans notre métier, et, pour moins d'argent qu'elle n'en donne, les gens seraient prêts à aller travailler.
Nous vous remercions infiniment d'avoir mis en œuvre la PCU. Elle répond à un besoin, mais il faudra bien, un jour, accepter de se rendre à l'évidence et trouver une solution pérenne pour nos artistes, puisque c'est de cela qu'il est véritablement question.
On pourrait envisager un revenu qui pourrait compléter la PCU et non pas s'y opposer. Si les gens ont un certain revenu, on pourrait faire en sorte qu'un revenu d'appoint soit possible et qu'on puisse y ajouter la Prestation canadienne d'urgence, un peu comme des vases communicants. Selon nous, ce serait une des solutions envisageables et souhaitables.
Là-dessus, je vais céder la parole à Mme St-Onge, qui pourra compléter mes propos.
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Je vous remercie, madame Prégent.
Pour ma part, je suis présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture. Nous représentons plus de 6 000 personnes qui oeuvrent dans le secteur des médias, des arts, de la culture et de l'événementiel, dont les concepteurs de théâtre et les festivals.
Ces personnes ont été frappées de plein fouet par la crise, y compris les journalistes indépendants, pour qui la crise actuelle s'ajoute à la crise des médias. La plupart des médias ont dû faire de nombreuses mises à pied, comme cela a été le cas de bien d'autres secteurs. Tous les journalistes indépendants, ou presque, ont perdu leurs contrats. C'est pour cela que la PCU était et est toujours si importante pour ces gens. La COVID-19 s'ajoute à une crise importante qui frappait tout le secteur des médias, mais aussi le secteur culturel, à cause de la concurrence des géants du numérique.
Voici quelques données importantes sur les travailleurs autonomes. En avril, 50,2 % des travailleurs autonomes ont connu une diminution de leurs heures travaillées, et en mai, ce chiffre était de 42,9 %. C'est encore pire dans le secteur de la culture, et ce n'est pas près de se résorber.
Notre message aujourd'hui vise d'abord à remercier le gouvernement de la rapidité avec laquelle il a apporté de l'aide aux gens que nous représentons. Nous le remercions également d'avoir prolongé cette aide de huit semaines.
Je nous invite à commencer à réfléchir dès maintenant à ce qui se passera après le 31 août, parce que, dans mon secteur, la reprise ne se fera pas tout de suite et va prendre beaucoup de temps. On ne sait pas si le public sera au rendez-vous. Les récessions économiques sont terribles pour les revenus publicitaires des médias.
Je vais m'arrêter ici. Mme Prégent et moi-même nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Luc Perreault. Je suis conseiller stratégique de Stringray, une entreprise montréalaise qui possède et exploite un portefeuille de services de radiodiffusion et de services musicaux, notamment Stringray Musique, qui est offert par câble ou par satellite ainsi que sur différentes applications. Nous possédons et exploitons également plus de 100 stations de radio d'un bout à l'autre du Canada. Nous sommes une entreprise internationale qui est active dans 103 pays et qui emploie plus de 1 200 personnes partout dans le monde.
Je dois maintenant changer de langue, ce qui nécessite quelques manœuvres.
[Français]
Je comparais devant vous au nom du Regroupement des diffuseurs indépendants. Je suis accompagné de M. Joel Fortune, conseiller juridique de notre association.
Notre association représente 10 entreprises canadiennes indépendantes du domaine de la radiodiffusion oeuvrant dans les secteurs de la télédiffusion, de la radiodiffusion et des médias numériques. Nous servons des communautés diverses et variées dans toutes les régions du Canada.
[Traduction]
La COVID a touché très durement les industries tributaires de la publicité. Nous estimons que le marché de la publicité radiodiffusée a rétréci de 50 % ou plus depuis janvier.
Avant la COVID-19, le marché canadien de la publicité était déjà confronté à la dominance croissante des grandes plateformes numériques non canadiennes, comme Google et Facebook, qui prennent leur part du marché de la publicité radiodiffusée, un peu comme ce qui s'est produit dans l'industrie de la presse. La COVID-19 a grandement empiré la situation.
Vous devez également tenir compte des hauts niveaux de concentration de la propriété et de l'intégration verticale dans notre marché intérieur. Un petit nombre des mêmes entreprises contrôlent une grande proportion des revenus de radiodiffusion dans l'ensemble des secteurs d'activités à l'aide de leurs multiples plateformes.
[Français]
À titre d'exemple, en 2018, les quatre principales sociétés canadiennes de réseaux médiatiques, soit Bell, Rogers, Shaw et Québecor, accaparaient 73,4 % des 86,2 milliards de dollars générés par l'activité économique des médias.
Dans le secteur de la télédistribution, les cinq plus grandes entreprises de distribution de radiodiffusion représentaient 88 % des revenus du secteur. Les mêmes sociétés représentent 91 % des revenus de la télévision conventionnelle canadienne privée et 83 % du total des revenus des services facultatifs.
[Traduction]
Même si les radiodiffuseurs indépendants comme Stingray représentent un plus petit segment du marché, nous demeurons fondamentalement très importants. Quarante pour cent des emplois directs dans le secteur canadien de la radiodiffusion sont attribuables aux radiodiffuseurs indépendants. Nous représentons 69 % des emplois dans le domaine de la radio commerciale, 39 % des emplois dans les services de télévision facultatifs et 14 % des emplois dans les services de télévision traditionnels.
Il y a aussi un effet multiplicateur. Dans une étude récente, il est estimé que le secteur indépendant génère annuellement plus de 28 000 emplois à temps plein au Canada grâce à nos activités directes ainsi qu'à nos activités de production et de diffusion internationale.
C'est pour cette raison que nous appuyons fermement la prolongation de la Subvention salariale d'urgence du Canada, qui est essentielle à de nombreux radiodiffuseurs indépendants pour maintenir les taux d'emploi, surtout dans les entreprises exposées à la baisse des revenus publicitaires.
Nous avons également proposé d'autres mesures destinées à notre industrie.
Premièrement, nous proposons une bonification de la déduction fiscale en vigueur pour la publicité qui est accordée aux radiodiffuseurs indépendants canadiens. La déduction passerait à 130 %, ce qui aiderait à uniformiser les règles du jeu dans un milieu qui favorise grandement les grands groupes de radiodiffusion du Canada.
Deuxièmement, nous appuyons l'élargissement de la portée du crédit d'impôt pour les services d'information conçu pour l'industrie de la presse écrite de manière à inclure les programmes de nouvelles que produisent les radiodiffuseurs indépendants.
Troisièmement, nous soutenons le remboursement aux radiodiffuseurs indépendants des coûts liés à la transition à la bande de 600 MHz. Ces coûts sont engagés pour libérer des fréquences pour d'autres utilisations, y compris l'utilisation mobile. Les grands conglomérats médiatiques du Canada exploitent tous des entreprises de téléphonie mobile, et ils profiteront donc de cette transition. Les radiodiffuseurs indépendants assument les mêmes coûts, mais ne verront pas les avantages, et ils devraient être indemnisés.
[Français]
Nous savons que d'autres initiatives ont été proposées en soutien à notre industrie, comme l'exclusion des déductions fiscales pour les publicités achetées sur les plateformes numériques étrangères, comme Google et Facebook. Nous sommes d'avis qu'elles sont bien fondées et méritent votre considération.
Je vous remercie de nous avoir entendus aujourd'hui. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
Je parle au nom de l'Alliance internationale des employés de scène, le principal syndicat de l'industrie du divertissement qui représente plus de 150 000 techniciens partout en Amérique du Nord, dont 26 000 au Canada. Nos membres travaillent dans le milieu du cinéma, de la télévision et du spectacle. Nous représentons des cinéastes, des scénographes, des monteurs artistiques, des charpentiers, des machinistes, des coiffeurs, des costumiers et des gens qui occupent à peu près tous les autres emplois exercés en coulisses.
Comme vous l'avez entendu, notre industrie est la première à avoir été touchée, et elle sera la dernière à se relever, notamment dans le milieu du spectacle. Les pertes de revenus des membres de l'Alliance au Canada sont de l'ordre de 120 millions de dollars par mois. Comme nos membres sont pigistes, moins de 2 % d'entre eux reçoivent du soutien par l'entremise de la Subvention salariale d'urgence du Canada. Ils sont nombreux à être travailleurs contractuels et n'ont donc pas droit à l'assurance-emploi, ce qui signifie que la Prestation canadienne d'urgence est le seul soutien à la disposition d'une grande partie des travailleurs dans le domaine du divertissement.
Je veux sincèrement remercier le gouvernement du Canada d'avoir créé cette prestation. C'est une véritable planche de salut. J'ai été soulagé cette semaine par l'annonce d'une prolongation de huit semaines de la Prestation canadienne d'urgence, mais je dois préciser que l'industrie est loin d'être prête à rouvrir. La plupart des théâtres ne rouvriront pas avant le printemps de 2021. Les spectacles ne peuvent pas reprendre d'ici à ce que le gouvernement autorise les grands regroupements.
La Prestation canadienne d'urgence devra être prolongée jusqu'à ce que l'industrie soit autorisée à accueillir de nouveau des auditoires complets. Par ailleurs, la création d'un revenu de base universel contribuera également au soutien offert et au maintien en poste des travailleurs, surtout ceux qui sont nouveaux dans notre industrie et dont l'emploi est habituellement irrégulier.
La majorité des sections locales de l'Alliance appartiennent au Régime de retraite canadien de l'industrie du divertissement, soit un REER qui détient des actifs de 700 millions de dollars. Nous avons demandé que le ministère des Finances et l'Agence du revenu du Canada créent une aide d'urgence à durée limitée pour autoriser des retraits de REER remboursables comme ce qui se fait déjà pour le régime d'accession à la propriété et le régime d'encouragement à l'éducation permanente.
Cette aide d'urgence permettrait aux Canadiens dans le besoin d'avoir des liquidités. Comme pour le régime d'accession à la propriété et le régime d'encouragement à l'éducation permanente, ce programme temporaire prendrait la forme d'un prêt remboursable, et les fonds seraient accessibles dès maintenant et jusqu'au 31 décembre 2020, ou jusqu'à plus tard en fonction de la pandémie.
Avant la pandémie, la production cinématographique et télévisuelle avait atteint des niveaux historiques au Canada, grâce notamment à la hausse du travail provenant de l'étranger et à l'amélioration spectaculaire de la capacité et de l'infrastructure de l'industrie. L'industrie collabore pour que nous soyons prêts à retrouver ces niveaux de production et même à les dépasser lorsque le travail reprendra.
Nous ne devrions pas nous contenter de simplement revenir à ces niveaux de production précédents. Le moment est venu pour le gouvernement fédéral de s'associer aux provinces pour investir dans cette industrie afin de renforcer notre capacité. La demande de contenu audiovisuel, notamment sur les sites de diffusion en continu, augmente à l'échelle planétaire, et le Canada est dans une position unique pour tirer parti de cette croissance. Nos équipes et notre talent sont reconnus partout dans le monde comme étant de calibre mondial. C'est le moment d'être audacieux et de travailler avec notre industrie pour accroître notre capacité future à créer des emplois bien rémunérés.
Je veux terminer en mentionnant une préoccupation de l'industrie, en particulier des producteurs nationaux. On veut être en mesure de contracter une assurance dans un contexte où une production risque véritablement d'être interrompue à cause de la COVID. Sans assurance adéquate, l'industrie ne pourra pas reprendre ses activités. Les producteurs nationaux ont présenté une proposition au gouvernement fédéral pour, en termes très généraux, lui demander d'agir à titre de filet de sécurité et permettre ainsi aux producteurs de contribuer à un fonds d'assurance contre la pandémie qui atteindrait 100 millions de dollars et serait géré par le gouvernement fédéral.
L'Alliance et d'autres syndicats appuient cette proposition, mais à deux conditions. Premièrement, il faudrait d'abord rendre les salaires et les avantages qui n'ont pas été versés aux travailleurs, qui devraient également recevoir une sorte d'indemnité lorsqu'une production est interrompue. La sécurité doit aussi être une priorité, et la deuxième condition serait donc que tous les producteurs qui tirent parti du programme soient tenus d'adhérer à un protocole de sécurité négocié par l'industrie afin d'assurer la santé et la sécurité de la distribution et de l'équipe de production.
Je vais maintenant céder la parole à Mme Arden Ryshpan.
L'Alliance internationale des employés de scène et la Canadian Actors' Equity Association font partie d'une coalition avec nos collègues d'Associated Designers of Canada et de la Fédération canadienne des musiciens. Nous avons commencé à réfléchir à d'autres mesures de soutien pour notre secteur, et j'aimerais vous en mentionner deux ou trois.
Ces mesures comprennent l'assouplissement des restrictions visant la capacité de notre organisme voué aux arts à avoir accès aux fonds de sa dotation, au-delà des fonds déjà considérés comme des fonds n'ayant pas fait l'objet d'une contrepartie; la modification temporaire de la Loi de l'impôt sur le revenu afin que l'achat de billets soit considéré comme un don de bienfaisance; la conception et la mise en œuvre de crédits d'impôt fédéraux à l'intention des organisations de production de spectacles, un peu comme les incitatifs fiscaux en vigueur pour la production cinématographique et télévisuelle partout au Canada; une aide supplémentaire pour contribuer à attirer un auditoire en offrant aux salles un financement équivalent à 50 % de la moyenne des ventes de billets des cinq années précédentes, pour qu'elles puissent réduire le prix des billets et attirer les gens; et, enfin, une collaboration avec l'ensemble des intervenants du milieu des arts et de la culture pour concevoir, mettre en œuvre et financer une campagne nationale de marketing dans le but d'encourager les Canadiens à retourner aux différents sites consacrés aux arts et à la culture en tant que clients et membres d'auditoire.
En ces temps difficiles, les gens se tournent vers ce que nous faisons pour se consoler et se divertir. Ils écoutent de la musique. Ils écoutent des artistes se produire en ligne à partir de leurs maisons et regardent des représentations théâtrales enregistrées précédemment en très grands nombres. L'importance des arts et de la culture dans la vie des Canadiens n'a jamais été aussi grande, tout comme le besoin de soutenir les artistes qui offrent ce divertissement.
Nous vous remercions beaucoup de nous donner l'occasion de vous parler de cette importante question. De toute évidence, M. Morgan Lewis et moi-même serons ravis de répondre à vos questions.
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Récemment, après le succès du système de fondation Multipoint dans les régions nordiques — en Alaska et dans le Nord du Canada —, le système a été adapté aux friches industrielles et aux projets de remblai dans le cadre de programmes de logement pour personnes à faible revenu. L'un des projets exécutés avec succès était dans la vallée du bas Fraser, dans la région de Vancouver, en Colombie-Britannique. Nous avons élaboré, avec nos partenaires de construction modulaire, un programme pour répondre aux besoins locaux en matière de logement. En l'espace de quelques mois, des habitations à loyer modique ont été construites dans des friches industrielles au centre de Vancouver.
Nous préconisons cette idée. C'est pour cette raison que nous sommes ici, pour signaler au Comité qu'une technologie canadienne existe pour le faire efficacement. Certains de nos partenaires sont en Alberta, et nous tentons donc d'aider l'économie albertaine à cet égard. Nous nous servons d'acier canadien pour fabriquer nos fondations, et nous appuyons donc l'industrie du pays. Nous soutenons les aciéries ainsi que l'industrie de l'aluminium au même moment.
Nous avons l'occasion de prendre encore plus d'expansion et d'aider le gouvernement du Canada dans la situation pénible attribuable à la pandémie de COVID. Certains de nos partenaires peuvent concevoir des bâtiments à construction rapide qui peuvent servir à de nombreux endroits. Ils peuvent servir de centres de triage, de logements ou d'entrepôts.
Nous sommes ici pour dire au Comité qu'avec son soutien et sa contribution, nous pouvons, avec nos partenaires, aider le pays à être mieux préparé pour l'avenir et l'aider à utiliser ces bâtiments pour d'autres projets. C'est très avantageux pour tout le monde. Ce sera utile pour l'économie canadienne puisque, comme je l'ai dit, nous utilisons de l'acier canadien, fabriqué ici. Nous le transportons jusqu'à Arnprior. Nous le coupons, le roulons et le galvanisons sur place, au Canada. Il est ensuite expédié.
Nos activités ne se limitent pas au Canada. Nous participons aussi à des projets de logement en Californie, ce qui signifie que nous sommes en mesure d'exporter notre expertise et notre technologie dans d'autres milieux. C'est essentiellement la raison qui explique notre présence ici, soit vous dire que nous sommes prêts à travailler avec tout le monde.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie mon collègue M. Ste-Marie, et je remercie les témoins de leur expertise.
Étant porte-parole du Bloc Québécois en matière d'arts et de culture, je vais traiter essentiellement de cette sphère d'activités.
Nous saluons le fait que la PCU a été prolongée. Comme Mme Prégent le disait, et comme l'ensemble de vos intervenants et de vos représentants l'ont dit à maintes reprises lors de consultations, il est clair que ce ne sera pas suffisant, tout simplement parce que l'essentiel de l'exercice économique des artistes et des travailleurs de l'industrie créative se passe l'été.
C'est souvent durant cette période qu'on met les bouchées doubles pour pouvoir se faire un petit casuel, comme le disait mon grand-père, un petit sac à cennes en prévision des périodes plus tranquilles qui arrivent parfois dans le secteur de la culture l'hiver ou en novembre.
Ma question s'adresse à Mme Prégent ou à Mme St-Onge. Lors des prochaines séances parlementaires, on pourrait convaincre le gouvernement de créer une PCU spéciale, ou, même, de concevoir la prolongation de la PCU à titre d'investissement. Je vais faire une longue introduction, mais je vous écouterai après.
En 2017, on apprenait que la contribution de l'industrie de la culture au PIB du Canada était de 53 milliards de dollars. Nous sommes au Comité permanent des finances, c'est donc très intéressant de présenter des chiffres aussi importants. C'est un petit peu plus que l'agriculture, alors c'est très étonnant. Personnellement, cela m'a étonnée; j'étais surprise de voir cela. On pourrait considérer que la prolongation de la PCU est une façon d'investir dans les retombées économiques de l'avenir. Si la culture n'existe pas, cela fera un trou de 53 milliards de dollars dans le budget du pays pour la prochaine année.
Mesdames St-Onge et Prégent, que pensez-vous de la possibilité de voir cela comme un investissement?
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Je vais me permettre de commencer.
Évidemment, ce serait salutaire pour notre secteur.
J'ai l'habitude de dire qu'on parle souvent d'une culture anglophone et francophone au Canada et au Québec, mais, sincèrement, la culture en soi n'existe pas. Ce qui existe, ce sont des créateurs de culture. Cela passe essentiellement par l'humain avant de devenir une identité nationale.
Parfois, je me fâche un peu en disant qu'il faut arrêter de parler de la culture comme si c'était un fleuron de notre nationalité et de notre Canada. Cela va automatiquement et intrinsèquement avec les artistes et les humains. Il faut penser globalement, mais, à un moment donné, il va falloir bien préciser notre pensée et se demander qui sont ces gens qui contribuent à notre culture. Qui sont ces gens qui la font?
Trop souvent, on dit qu'il faudrait améliorer les conditions socio-économiques des artistes, mais cela s'inscrit toujours dans une grande pensée collective. J'aurais envie que cela descende jusqu'aux êtres humains qui ont des familles et des enfants, et qui n'arrivent pas à gagner leur vie dans leur secteur. Pour l'instant, j'ai l'impression que beaucoup d'argent est investi dans la culture, mais il y en a beaucoup moins qui...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous nos témoins. Nous espérons que vos familles sont en sécurité et en santé.
Je vais commencer par M. Lewis. Je représente une partie de l'Hollywood du Nord, à Burnaby, en Colombie-Britannique. Il y a là plus de studios que n'importe où ailleurs au Canada, et l'AIES est donc d'une extrême importance pour notre collectivité.
Je garde un contact constant avec les gens du secteur. représente la circonscription voisine, et nous nous sommes battus très fort pour veiller à ce que la PCU soit prolongée. Ce n'est cependant qu'une solution temporaire.
Vous avez énoncé divers éléments qui devraient former les étapes suivantes. L'un des éléments est l'accès à un revenu de base universel, qui permettrait aux artistes et aux gens du secteur du cinéma de ne pas s'inquiéter de ce qui se passera le mois prochain, à savoir si tout sera interrompu. Vous avez aussi parlé d'une variété de mesures d'aide qui peuvent être mises en place.
Dans quelle mesure importe-t-il que le gouvernement agisse maintenant afin de veiller à ce que nos industries du film et des arts puissent s'épanouir à l'issue de cette pandémie?
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Je crois que c'est crucial.
Il y a de nombreuses années, un éminent politicien de gauche, Hugh Segal, était venu parler de revenu de base universel à mon université. Je crois que le temps est venu de se pencher de nouveau là-dessus.
Je crois que cela permettrait de régler les problèmes des personnes qui travaillent dans le domaine des arts, parce qu'elles sont toujours vulnérables, et je crois que c'est ce que mes collègues du Québec disaient à l'instant. Ce n'est pas que la COVID; la vulnérabilité est constante sur le plan des revenus et de la façon dont nous sous-estimons les personnes qui travaillent dans la culture et les arts.
Le bon côté est peut-être que cela nous permet de réexaminer la notion de la valeur des personnes qui travaillent dans le secteur des arts et de la culture. Le temps est venu, maintenant que d'excellentes possibilités se présentent.
Vous pouvez voir, à Burnaby, le nombre de plateaux d'enregistrements qui sont en construction. Ce n'est pas par accident, et ce qu'on me dit, c'est qu'il en faut plus. Ce qu'il nous faut, c'est une façon dont le gouvernement fédéral pourrait s'associer avec l'industrie pour en bâtir plus.
S'il y avait moyen de modifier légèrement le crédit d'impôt pour créer encore plus de travail… Je pense que les provinces et le gouvernement fédéral peuvent jouer un rôle quant à la question de l'assurance, qui est cruciale pour les producteurs canadiens. Ils ont besoin de cela pour se remettre debout. Sans cela, la reprise sera très précaire.
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Cela nous tient beaucoup à cœur. Je ne crois pas qu'il existe de problèmes plus importants pour toutes les petites et moyennes entreprises au Canada.
J'aimerais commencer par dire que le gouvernement a proposé un nouvel accord qui devait prendre effet en avril, mais qui a été reporté. C'était assurément une amélioration par rapport à l'accord qui était en place avec le gouvernement antérieur, mais il reste beaucoup à faire. L'écart entre ce que paie la petite entreprise qui a pignon sur rue dans ce pays et une entreprise comme Walmart est indéfendable. C'est inexcusable.
J'aimerais revenir sur l'épicerie et m'assurer de bien faire comprendre le contexte aux députés. Les épiciers indépendants — je vais devoir choisir mon secteur, mais je sais que je parle au nom de toutes les petites et moyennes entreprises — ont une marge de 1,5 %. Le nouvel accord qui doit prendre effet est censé prévoir un taux global de 1,5 %. C'est un taux global, et c'est trompeur, parce que les taux des cartes privilège font en fait grimper ce taux.
Comment voulez-vous faire de l'argent? Comment une PME de ce pays peut-elle faire de l'argent quand la marge est aussi étroite? Quant aux frais d'interchange, si Walmart peut obtenir 0,89 %, pourquoi les PME de ce pays ne peuvent-elles pas avoir la même chose? On ne nous a jamais donné une réponse claire et nette. Le silence à ce sujet est assourdissant.
Nous parlons de milliards de dollars, et ce que je dis au Comité, c'est qu'il faut réévaluer cela, car dans le contexte de l'après-COVID, la route vers le rétablissement sera semée de nombreux nids-de-poule, et nous n'avons pas besoin que les compagnies de cartes de crédit viennent en plus nous mettre des bâtons dans les roues. C'est la situation actuelle. Elles doivent faire partie de la solution, sans quoi elles font partie du problème.
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Merci, monsieur le président, et merci à tous les témoins. J'ai quelques questions pour le Regroupement de radiodiffuseurs indépendants.
Je représente le Nord. J'ai eu de nombreuses occasions de m'entretenir avec les médias du Nord, plus précisément avec les médias autochtones. Encore aujourd'hui, j'entends régulièrement des langues autochtones quand j'allume la radio dans les Territoires du Nord-Ouest. Nous avons 11 langues officielles, dont 9 langues autochtones. Je peux allumer mon téléviseur et écouter des personnes parler leur langue.
Il est très important d'utiliser les médias pour faire entendre et pour promouvoir les langues autochtones. J'entends aussi des messages envoyés à des personnes parties dans des camps éloignés, sur des territoires de piégeage et à la chasse. Nous utilisons encore cette pratique.
Les stations de radio connaissent beaucoup de difficultés. Certaines petites radios communautaires ont dû fermer. Avant, nous avions 33 radios communautaires; aujourd'hui, la moitié d'entre elles ont dû fermer leurs portes à cause des nouvelles technologies et des coûts exorbitants.
Je crois que votre groupe de radiodiffuseurs comprend des membres autochtones.
Quels défis la pandémie de COVID-19 a-t-elle entraînés? Quelles nouvelles difficultés a-t-elle ajoutées à celles auxquelles les médias autochtones font face depuis quelque temps?
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En fait, nous avons entrepris des démarches depuis le début de la pandémie, en mars. Les formalités administratives sont commencées. Les plans ont été faits. Nous les avons d'ailleurs reçus la semaine dernière. Ils sont terminés.
Nous travaillons avec un fabricant de charpentes métalliques d'Ottawa pour créer des structures déployables rapidement qui servent de fondation à des salles, des hôpitaux ou d'autres bâtiments. Il s'agit de structures et de fondations en acier qui pourront être installées pratiquement n'importe où au Canada et qui seront transportables par conteneurs. Encore une fois, cela peut servir à tout gouvernement provincial, tout ministère ou toute administration municipale qui a besoin d'aide et de soutien pour des mesures de quarantaine.
Disons que des travailleurs viennent au pays pour la cueillette de fruits et légumes. Il leur faut un endroit sûr. C'est ce qu'offrent nos installations. S'il est nécessaire de faire du triage dans le Nord, en particulier dans les régions arctiques, cela peut être aménagé sur une barge ou à l'arrière d'un avion Hercules, car tout est conteneurisé.
Nous travaillons très rapidement. Cela se concrétise en ce moment même. Je ne peux faire d'autre commentaire, car il y a des aspects juridiques dont je ne peux pas parler pour l'instant. C'est en cours, et nous sommes reconnaissants de l'appui du gouvernement canadien dans ce projet.
Je pense que vous, en tant que Comité, savez ce qui se passera très bientôt.