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Je remercie le Comité de son invitation.
Je m'appelle Paulette Senior. Je suis présidente et directrice générale de la Fondation canadienne des femmes, la seule fondation publique nationale pour les femmes et les filles au Canada, et l'une des 10 plus grandes fondations féminines au monde. Pendant trois décennies, nous avons accordé des subventions pour aider les femmes à se sortir de la pauvreté et de la violence et à acquérir de la sécurité et de la confiance.
Je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant le Comité pour discuter de la réponse du gouvernement à la pandémie.
La mission de la Fondation canadienne des femmes est de transformer la vie des femmes et des filles au Canada. La pandémie de COVID-19 a beaucoup touché les femmes. C'est pourquoi nous encourageons le gouvernement à veiller à ce que la sécurité, les moyens de subsistance et le bien-être des femmes soient au cœur de toutes les mesures prises en réponse à la pandémie. Les femmes ont été exposées à des risques et c'est surtout le cas des femmes des communautés marginalisées par une discrimination systémique.
En ce qui concerne le travail des femmes pendant la pandémie, on ne saurait trop insister sur l'effet disproportionné de la pandémie sur les femmes au travail. Les derniers chiffres de Statistique Canada montrent que les femmes de partout au pays ont été plus durement touchées que les hommes sur le plan des pertes d'emplois. Il y a eu une baisse de 17 % de l'emploi des femmes, comparativement à une baisse de 14,5 % pour les hommes. De plus, ce sont les femmes âgées de 15 à 24 ans qui souffrent le plus, avec une baisse de 30 % de l'emploi. Dans l'ensemble, les femmes qui gagnent les 10 % de salaires les plus bas ont perdu 50 fois plus d'emplois que les travailleurs qui gagnent les salaires les plus élevés. Ce type de données granulaires, qui sont révélées par une analyse comparative intersectionnelle entre les sexes, est nécessaire pour appuyer les décisions sur les prochaines étapes.
Pour ce qui est de la participation des femmes à la relance, dans les conditions économiques actuelles, elles quittent la population active. Elles ont cessé de chercher du travail parce que le taux de chômage est élevé dans leur secteur ou parce que leurs enfants ne vont pas à l'école ou à la garderie. En raison de l'incertitude quant à la durée de la situation, ces travailleuses perdent confiance. Étant donné que les femmes ont perdu des emplois plus que les hommes et qu'elles ne les retrouvent pas, le gouvernement doit s'assurer que les plans permanents tiennent compte de cet effet disproportionné.
Les principaux secteurs où les femmes sont directement touchées auront besoin d'une attention particulière, car leur reconstruction prend plus de temps. Ces secteurs comprennent le commerce de détail, l'économie des soins, les secteurs sans but lucratif et caritatif et le secteur des services en général, y compris les voyages et le tourisme. Compte tenu du nombre de personnes qui ont déjà perdu leur emploi, les plans visant à stimuler la réouverture d'un secteur économique ne peuvent pas aller de l'avant sans garantir que les parents pourront compter sur un programme fiable de garderies. La fondation appuie le travail de la campagne « Un Enfant Une Place », qui préconise des services d'apprentissage et de garde des jeunes enfants abordables et de grande qualité pour toutes les familles. Nous savons que c'est essentiel pour la sécurité économique des femmes et la prévention de la violence en particulier.
En ce qui concerne la violence fondée sur le sexe lors de la pandémie, l'ordre de rester à la maison a augmenté le risque de violence familiale et réduit la capacité des femmes de quitter des foyers violents pour la sécurité des refuges. Les preuves de l'augmentation de la violence fondée sur le sexe sont maintenant évidentes partout au Canada. En Ontario, la police régionale de York a enregistré une augmentation de 22 % des affaires de violence familiale depuis l'arrivée de la COVID-19. L'Ontario Association of Interval and Transition Houses affirme que le nombre de refuges pour femmes a augmenté de 20 %. Plusieurs lignes d'écoute téléphonique provinciales ont signalé une augmentation de 30 % du nombre d'appels qu'elles reçoivent.
Les organisations avec lesquelles nous travaillons sont essentielles pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe au Canada. D'après les sondages et les consultations auprès du secteur, nous savons que depuis le début de la pandémie, 92 % des organisations de toutes sortes ont constaté une augmentation de la violence fondée sur le sexe. Plus de 50 % ont vu une augmentation pouvant aller jusqu'à 30 % de la demande de leurs services, 67 % ont lancé de nouveaux services et programmes pour répondre à la crise, et 82 % pensent qu'elles ne pourront pas sortir de cette crise.
Le gouvernement doit continuer d'offrir un soutien continu aux services aux femmes. Il a fallu des décennies pour bâtir un secteur qui offre non seulement des services de programmation essentiels, mais aussi des services d'information et de défense des droits qui ont mis les questions d'égalité des femmes, comme la violence fondée sur le sexe, sur la place publique et dans le programme du gouvernement. Nous ne pouvons pas nous permettre que le secteur fasse faillite.
Avant de terminer, j'aimerais également attirer votre attention sur trois recommandations clés pour le budget de 2021 qui, selon nous, devraient être incluses dans la réponse à ces consultations. Tous les éléments du budget de relance doivent faire l'objet d'une ACS+ et d'une analyse intersectionnelle. Il doit y avoir des données pour surveiller l'impact du budget sur le plan des identités de genre et intersectionnelles.
Le Canada a besoin d'un plan de stabilisation pour le secteur sans but lucratif et les organismes de bienfaisance, et d'un financement pour assurer la prospérité des mouvements de femmes. Imagine Canada estime qu'il en coûtera 9 milliards de dollars pour relancer ce secteur. Tout fonds de stabilisation doit avoir une optique intersectionnelle, avec des investissements dans des communautés diversifiées.
Enfin, le Canada doit revitaliser son infrastructure sociale grâce à des investissements dans le secteur des soins. Cela signifie renforcer les politiques sociales en matière de soins de longue durée, de garde d'enfants, de violence contre les femmes et de violence fondée sur le sexe, et accorder la priorité aux investissements dans les modèles communautaires et étatiques.
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Bien sûr. Pas de problème.
Nous avons fourni de l'aide partout au pays et travaillé avec des centaines d'organismes de bienfaisance locaux.
Le 21 avril, le gouvernement a annoncé un fonds de 350 millions de dollars qui a été programmé par l'entremise de trois grands partenaires pour aider le secteur caritatif. C'est une idée bien intentionnée, mais elle présente plusieurs inconvénients.
Le premier grand inconvénient de charger des grands partenaires de gérer les fonds du programme au nom du gouvernement, c'est que cela crée ce qu'on appelle un dédoublement des frais d'administration, parce que le partenaire qui gère l'argent perçoit des frais d'administration et le partenaire qui reçoit l'argent en perçoit également. Supposons — et si vous lisez les documents détaillés que je vous ai envoyés, vous verrez sur quoi je fonde ces hypothèses — que chacune des parties prend 10 %. Cela veut dire que jusqu'à 70 millions de dollars du fonds de 350 millions de dollars se perdront en frais d'administration et ne seront pas convertis en nourriture, en articles d'hygiène ou en aide au logement.
Je comprends que, parfois, les gouvernements paient pour la rapidité et l'efficacité, et c'est pourquoi ils administrent des programmes comme celui-ci, mais si vous examinez très sérieusement ce projet, vous verrez que dans ce cas-ci, le gain de rapidité ne s'est pas concrétisé. Encore une fois, je vous ai fourni des commentaires très détaillés émanant d'autres partenaires. Si votre comité demande une évaluation, en temps réel, indiquant combien d'argent a été dépensé, combien chacun a reçu et quand l'argent a été versé, vous verrez que la rapidité n'a pas augmenté dans ce cas-ci. Il est donc difficile de voir pourquoi nous dépensons ces millions de dollars supplémentaires pour l'administration.
Enfin, lorsque nous mettons des programmes en œuvre par l'entremise de grands partenaires, il arrive souvent que de nombreux organismes soient laissés pour compte et n'obtiennent pas de financement, ce qui est décevant parce qu'ils ont peut-être la capacité voulue et de bons programmes. Si nous ne perdions pas l'argent du dédoublement des frais d'administration, nous pourrions financer un plus grand nombre de ces organismes, ce qui signifie qu'un plus grand nombre de Canadiens obtiendraient de l'aide.
Une approche plus directe qui donnerait de meilleurs résultats serait de faire en sorte que les organismes de bienfaisance parlent directement aux fonctionnaires, afin que la fonction publique puisse administrer les fonds directement et éviter ce dédoublement. Peut-être qu'une série de subventions stratégiques serait plus efficace. Par exemple, si le gouvernement subventionnait simplement les coûts salariaux des organismes de bienfaisance qui luttent contre la COVID, les résultats seraient meilleurs sans qu'on perde ces coûts administratifs. De plus, cela aiderait à protéger les emplois.
Mme Senior a mentionné à quel point la COVID-19 a nui aux femmes, et le gouvernement a soulevé des préoccupations au sujet du nombre d'emplois perdus, surtout chez les femmes. Dans ce secteur, 81 % des personnes employées sont des femmes. Le gouvernement pourrait aller plus loin et offrir de financer cent pour cent des emplois existants des organismes de bienfaisance et des organismes qui luttent contre la COVID pendant, disons, 12 mois, à la condition qu'ils embauchent 50 % de personnel supplémentaire. Non seulement un tel programme permettrait d'épargner sur les frais d'administration, mais il garantirait des emplois et en augmenterait le nombre. Comme la main-d'œuvre du secteur est féminine à 81 %, il y aurait probablement plus d'emplois créés pour les femmes. Par conséquent, tout le monde y gagnerait et cela aiderait les organismes de bienfaisance à lutter plus efficacement contre la COVID.
Je vais parler du programme Emplois d'été Canada, car c'est un bon programme, mais qui doit être amélioré. C'est la troisième année consécutive que GlobalMedic y participe. Un des inconvénients du programme est qu'il impose un fardeau administratif aux organismes de bienfaisance sans les dédommager. C'est lent. Le manque de réactivité à ce programme, déjà constaté avant la COVID, est maintenant aggravé par la pandémie.
L'un des principaux échecs de la politique de cette année a été l'annonce par le gouvernement du financement de cent pour cent des emplois sans injection de fonds supplémentaires. En termes simples, lorsque vous augmentez le montant d'argent versé par emploi, vous vous retrouvez avec moins d'emplois. Dans notre cas, nous en avons d'abord obtenu trois. Lorsque nous nous sommes rendu compte que nous mettions sur pied des centres d'emballage de l'aide dans différents gymnases d'écoles secondaires, d'universités et de collèges, où des bénévoles allaient pouvoir emballer des paquets de nourriture et de produits d'hygiène, nous avons demandé des emplois supplémentaires. Il nous semblait logique que le gouvernement aide les étudiants à trouver un emploi d'été afin qu'ils puissent gagner de l'argent pour poursuivre leurs études. Nous pouvions leur donner un endroit sûr où travailler et ils allaient faire un travail utile parce qu'ils allaient empaqueter l'aide que nous apportions aux familles dans le besoin par l'entremise de nombreux organismes de bienfaisance. Nous avons demandé 80 postes; nous en avons obtenu deux.
Le programme Emplois d'été Canada est probablement trop rigide pour répondre à une crise, et il ne peut pas répondre aux besoins sur le terrain. Dans mon mémoire, j'ai expliqué en détail pourquoi, afin de vous aider à mieux comprendre, mais je voulais simplement que vous le sachiez.
Ensuite, j'aimerais parler de la bourse pour le bénévolat étudiant, puis résumer.
Lorsque le premier ministre a annoncé cette bourse, le 22 avril dernier, nous étions très enthousiastes. Cela cadrait parfaitement et naturellement avec notre programme. Nous avions la capacité de placer des étudiants pour empaqueter de l'aide et nous aider à lutter contre la COVID et soutenir les familles. Les étudiants pouvaient ainsi gagner de l'argent pour poursuivre leurs études. Immédiatement, le 22 avril, lorsque cela s'est produit, nous avons communiqué avec le chef de cabinet du premier ministre, d'autres membres de son Cabinet, plusieurs ministres et plusieurs députés. Nous avons aussi invité des élus à venir visiter les sites où nous faisions l'emballage, parce que nous voulions qu'ils voient le travail qui se faisait. Nous leur avons même fait faire de l'emballage.
Nous n'avons jamais eu de réponse du gouvernement. C'est décevant, car nous aurions facilement pu accueillir 20 étudiants par quart de travail sur chaque site, ce qui aurait fait un total de 840 étudiants par semaine dans la région du Grand Toronto, et nous aurions pu déployer d'autres sites dans d'autres villes.
Le 15 juin, nous avons reçu un courriel de UNIS nous disant qu'il administrait le programme. Notre agence a expliqué les postes que nous avions, et nous avons conclu une entente de partenariat. Nous avons recruté des étudiants pour qu'ils participent, et je crains fort maintenant que ces étudiants n'obtiennent pas de bourse.
Lorsque cette affaire a éclaté avec UNIS et le gouvernement, UNIS nous a dit que le gouvernement prendrait la relève. Nous avons chaque jour de la place dans nos sites pour accueillir plus d'étudiants. J'ai immédiatement écrit à plusieurs députés et à la , et le bureau de la ministre m'a dit que le gouvernement prenait la relève et qu'il communiquerait avec moi. C'était il y a quelques semaines. À ce jour, nous n'avons toujours pas de nouvelles du gouvernement.
Je vais conclure, monsieur le président.
Les étudiants seront les principaux perdants. Je m'inquiète beaucoup de voir des gens passer entre les mailles du filet à cause de mauvaises décisions politiques et de leur incidence négative. La lutte contre la COVID n'est pas finie, et nous devons apprendre de ce qui se passe actuellement pour simplement améliorer le processus et les programmes qui sont censés aider les Canadiens. En tant que nation, nous devons unir nos efforts pour lutter contre la COVID. L'enjeu est tout simplement trop grand.
Si je témoigne aujourd'hui, c'est simplement pour vous faire part de certaines préoccupations concernant la façon dont les programmes conçus pour aider les Canadiens dans le besoin ont été mis en œuvre. Nous devons tous faire mieux.
Avec tout le respect que je vous dois, monsieur le président, le gouvernement doit faire mieux. Trop de gens comptent sur ce soutien.
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Bonjour à tous. Merci beaucoup de m'avoir invitée à témoigner aujourd'hui, et merci à vous tous pour le travail acharné que vous faites dans ce dossier.
Je suis, de loin, Mouvement UNIS depuis plusieurs années maintenant, et au cours des dernières semaines, j'ai examiné de plus près ses rapports annuels, son site Web, ses vidéos, ses médias sociaux, ses communiqués de presse, ses états financiers et ses déclarations de revenus, tant au Canada qu'aux États-Unis. J'ai également examiné ses offres d'emploi pour une vingtaine de postes afin de voir pour quel type de travail UNIS avait embauché du personnel. J'ai parlé à d'anciens employés de UNIS. Je dirai simplement qu'à moins d'indication contraire, je fais référence à UNIS, l'organisme de bienfaisance enregistré.
Dans l'ensemble, ce que je vois, c'est une organisation qui a connu une croissance rapide, inhabituellement rapide, et qui a changé son orientation. En ce qui concerne les revenus, UNIS est passé d'environ 1 million de dollars par année à 66 millions de dollars sur une période d'environ 15 ans. Au total, je constate que depuis 2003, UNIS, l'organisme de bienfaisance enregistré au Canada seulement, a déclaré des revenus totaux de près d'un demi-milliard de dollars, soit environ 490 millions de dollars en revenus et environ 470 millions de dollars en dépenses. C'est ce que UNIS, l'organisme de bienfaisance enregistré au Canada, a déclaré.
Ce qui m'a étonnée, c'est que seulement le quart environ des revenus totaux de UNIS proviennent de dons assortis de reçus aux fins de l'impôt. Cela signifie que les trois quarts de ses revenus proviennent de sources qui, pour une raison quelconque, ne sont pas intéressées à obtenir un reçu aux fins de l'impôt.
En 2019 seulement, UNIS, selon ses déclarations de revenus aux États-Unis, a reçu un total de 118 millions de dollars de sources américaines, y compris de très gros montants, soit 32 millions de dollars, de Allstate Finance, 10 millions de dollars, de Microsoft, 10 millions de dollars, d'Unilever, 8,3 millions de dollars, de Walgreens, et 4,6 millions de dollars, de KPMG États-Unis. Ce qui me frappe dans cette liste de donateurs qui représentent 118 millions de dollars, c'est qu'un grand nombre d'entre eux sont de grandes marques. En plus des noms qui figurent sur la liste des déclarations de revenus aux États-Unis, UNIS collabore également avec la Banque Royale, Telus, Nordstrom, Holt Renfrew, Staples, DavidsTea, les restaurants Keg, Virgin Atlantic, DHL et d'autres entreprises à but lucratif.
En regardant certaines des vidéos de UNIS, j'ai été surprise de voir apparaître le logo de certaines de ces entreprises, comme les t-shirts de KPMG, les t-shirts de la Banque Royale, les camions de livraison de DHL, etc.
En parcourant les offres d'emploi, j'ai constaté que UNIS n'a annoncé que des postes dans les ventes et le marketing. Je n'ai pas pu trouver une seule offre d'emploi pour du personnel dans un autre pays. C'est peut-être en raison de la nature des annonces qui étaient disponibles à ce moment-là. Cependant, certaines annonces ont attiré mon attention, et je vais vous donner un exemple. UNIS annonçait... La description du poste indique que le programme entrepris par Allstate et UNIS — et je cite — joue un rôle essentiel dans le succès d'Allstate. Ensuite, l'offre d'emploi explique que c'est « en faisant progresser les priorités opérationnelles de la Société au moyen de stratégies de renforcement de la réputation ». Cette annonce ajoute que le programme favorise les résultats commerciaux grâce à l'amélioration de la réputation externe auprès des investisseurs, des décideurs, des médias, des clients, des consommateurs et des leaders d'opinion.
J'ai presque terminé.
Je remarque que UNIS a un programme appelé « Suivez Votre Impact », qui permet à un consommateur d'entrer un code en ligne lorsqu'il achète un produit UNIS. Ce code lui donne des renseignements sur le village qu'il aide grâce à son achat.
UNIS recueille les données sur les consommateurs — des données sur les consommateurs portant principalement sur des enfants, sur des jeunes. UNIS dit dans sa documentation sur ce programme particulier, que quatre millions de personnes participent à son mouvement. Si c'est le cas, c'est une mine d'or de données sur un segment de marché très désirable et difficile à rejoindre — les enfants et les milléniaux.
Enfin, cela m'a amenée à me demander: Que fait UNIS de toutes ces données? J'ai donc lu sa politique concernant la protection des renseignements personnels. J'ai constaté que cette politique énonce clairement les restrictions qu'UNIS s'est engagée à respecter en ce qui concerne les renseignements personnels. Elle précise aussi très clairement qu'UNIS partage des données avec des tiers. La semaine dernière, j'ai écrit à UNIS et je lui ai demandé: « Avec qui partagez-vous vos données? Les partagez-vous avec les entreprises qui sont vos partenaires? Est-ce l'une des raisons pour lesquelles des sociétés d'envergure comme Microsoft, Telus et Nordstrom vous versent autant d'argent? » J'ai aussi demandé si UNIS fournissait ces données aux partis politiques, et plus précisément au Parti libéral du Canada.
Cela m'amène à la conclusion de ma déclaration préliminaire. Je pourrais en dire beaucoup plus, mais je vais en rester là pour l'instant. En résumé, je pense qu'il faut se demander si UNIS mène ses activités à des fins exclusivement caritatives, comme l'exige la Loi de l'impôt sur le revenu, ou s'il puise dans les budgets de publicité et de marketing des grandes sociétés comme Allstate qui lui ont accordé au moins 40 millions de dollars. Cela soulève évidemment une série de questions troublantes quant à savoir non seulement si le gouvernement fédéral a fait preuve de diligence raisonnable, mais également si, en octroyant ce contrat à UNIS, le gouvernement était sur le point d'accorder un contrat de 1 milliard de dollars qui contrevenait à la loi.
Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président, et merci de m'avoir invité à comparaître devant le Comité.
En guise de contexte, je suis journaliste et éditeur de Canadaland, un petit organe d'information et réseau de baladodiffusion indépendant, qui est financé directement par des Canadiens qui appuient nos reportages et veulent les rendre accessibles à tout le monde. C'est dans cet esprit que je suis ici aujourd'hui.
Je tiens à souligner qu'en tant que journaliste sans affiliation politique, je ne prends pas position sur le résultat de ces délibérations. Il y a cinq ans, Canadaland News a pris connaissance de problèmes concernant Mouvement UNIS et a commencé à en faire état, publiant éventuellement une série d'articles approfondis du journaliste Jaren Kerr et un certain nombre d'articles plus récents.
UNIS est actif dans plus de 7 000 écoles canadiennes. Il a reçu des millions de dollars de fonds publics au fil des ans. UNIS intervient directement auprès de centaines de milliers d'enfants canadiens. Pour ces raisons, Canadaland estimait que le public avait clairement intérêt à en savoir plus sur cet organisme.
J'aimerais utiliser le temps dont je dispose pour vous faire part d'un résumé des faits que Canadaland a vérifiés et rapportés au cours de ses années d'enquête. Je serai heureux de répondre à toute question que vous pourriez avoir à ce sujet.
Canadaland a fait rapport sur l'utilisation abusive de fonds de bienfaisance par UNIS; la fraude et le détournement de fonds au sein de l'organisme, comme l'allègue UNIS lui-même; une culture de racisme systémique, qu'UNIS a reconnue et pour laquelle il a présenté des excuses; et un historique de suppression des critiques de l'intérieur et de suppression de la surveillance journalistique par l'intimidation et les menaces juridiques que notre organe d'information a vécues directement. Canadaland a également fait rapport sur les problèmes de main-d'œuvre d'UNIS en ce qui concerne les jeunes et les jeunes bénévoles. Je vais les décrire en détail, parce qu'ils pourraient être pertinents pour les questions dont le Comité est saisi.
Canadaland a recueilli les témoignages de plus de deux douzaines d'anciens employés et d'employés actuels d'UNIS et a obtenu des documents à l'appui qui confirment que cet organisme a des antécédents troublants en ce qui concerne le traitement des jeunes bénévoles et travailleurs dont un bon nombre sont entrés pour la première fois en contact avec UNIS dans leur école primaire ou secondaire lorsqu'ils étaient enfants et adolescents.
Selon Mouvement UNIS lui-même, les employés étaient embauchés au salaire minimum et travaillaient 24 heures sur 24. D'anciens employés nous ont dit que, pendant de nombreuses années, les heures supplémentaires n'étaient pas rémunérées, de sorte qu'en comptant toutes les heures, les employés travaillaient pour moins que le salaire minimum. Le nombre excessif d'heures est devenu un risque pour la sécurité et la santé dans plusieurs cas. D'anciens employés ont décrit à Canadaland un environnement très tendu, où la loyauté et l'engagement envers la philosophie « Live WE » étaient primordiaux, et où la critique ou l'incapacité à atteindre les objectifs de collecte de fonds ont entraîné leur exclusion sociale, leur humiliation et, éventuellement, leur congédiement. Quatorze anciens employés ont comparé cet organisme à une secte.
Un ancien directeur nous a dit que la façon dont UNIS traite les jeunes est « incroyablement toxique et inappropriée ». Un ancien directeur adjoint, qui est parti en 2014, a dit: « La culture de l'intimidation et de la peur est très répandue, et cela vient directement des fondateurs. » Douze anciens employés ont dit avoir été agressés verbalement, injuriés ou intimidés directement par Marc ou Craig Kielburger. Un ancien directeur d'UNIS, Dan Mossip-Balkwill, a déclaré qu'on l'avait fait se sentir coupable de présenter des rapports de dépenses en lui disant que l'argent servirait autrement à « éduquer les étudiants qui meurent de faim en Afrique ».
D'autres employés nous ont raconté des choses similaires, à savoir que leurs supérieurs leur avaient dit que si UNIS leur fournissait les ressources qu'ils demandaient, cela signifierait moins d'eau potable, moins de vaccins et moins d'éducation pour les enfants pauvres en Afrique. D'autres jeunes employés ont exprimé des préoccupations éthiques au sujet de ce qu'on leur a demandé de faire pour UNIS, particulièrement en ce qui concerne les campagnes de financement agressives dans les salles de classe. Une préoccupation largement exprimée par nos sources était qu'elles s'étaient engagées à faire du travail de bienfaisance pour UNIS, mais qu'elles ont fini par vendre des produits, travailler et générer des revenus pour une entreprise privée à but lucratif.
ME to WE, l'entreprise contrôlée par Marc et Craig Kielburger, a été décrite à Canadaland par un ancien employé comme étant « d'abord et avant tout une question d'argent, malgré ses nobles débuts ». Bien qu'UNIS insiste publiquement sur le fait que les deux entités sont complètement séparées et distinctes, les documents internes de l'organisme obtenus par Canadaland révèlent que la mission d'UNIS est de créer une « expérience de marque unique » avec une marque globale.
L'affirmation de l'organisme selon laquelle 90 % des profits gagnés par ME to WE sont ensuite retournés à UNIS n'était pas quelque chose que Canadaland était en mesure de vérifier de façon indépendante. Ce qu'on sait, c'est que l'argent va dans la direction opposée, d'UNIS vers la compagnie privée des Kielburgers. Les montants sont importants, soit 11 millions de dollars au cours des 10 dernières années.
Le montant d'argent transféré de l'organisme de bienfaisance à la société privée a fortement augmenté au cours des deux dernières années, période pendant laquelle UNIS a contrevenu à ses engagements bancaires, comme l'ont révélé ses états financiers vérifiés.
À mesure que notre enquête avançait, les révélations au sujet d'UNIS devenaient plus graves. Canadaland a obtenu un enregistrement de Marc Kielburger lors d'une conversation avec un employé de haut rang qui parlait ouvertement de la corruption de fonctionnaires au Kenya. Cet employé a proféré des menaces violentes à l'endroit d'un autre employé d'UNIS.
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C'est à peu près ce qu'il me reste.
Lorsqu'UNIS a été interrogé au sujet de cet enregistrement, son avocat a dit à Canadaland que l'employé avait volé des fonds de bienfaisance à UNIS et que M. Kielburger avait fait cet appel à la demande de la police kényane. Lorsque Canadaland lui a demandé de fournir des documents à l'appui de cette affirmation, M. Kielburger ne l'a pas fait.
Il y a eu un autre cas d'utilisation abusive de fonds de bienfaisance. Mouvement UNIS a publiquement insisté sur le fait qu'il n'avait jamais payé les membres de la famille Trudeau pour avoir pris la parole à la Journée UNIS, mais Canadaland a découvert que ce n'était tout simplement pas vrai. Non seulement il avait versé plus de 300 000 $ à Margaret et à Sacha Trudeau, mais 64 000 $ des paiements à Margaret Trudeau provenaient directement d'UNIS.
Canadaland a également révélé qu'une fille du ministre des Finances Bill Morneau, a pris la parole, sans rémunération, lors d'un événement organisé dans le cadre de la Journée UNIS et a reçu l'appui de Marc Kielburger pour son livre et que, plus tard, une autre fille du ministre Morneau est allée travailler pour la Journée UNIS, au cours du mois où le ministre Morneau a annoncé un financement gouvernemental de 3 millions de dollars pour cet organisme.
En conclusion, l'information que Canadaland a rapportée et que je viens de partager n'a pas été facile à obtenir. Les collaborateurs qui nous ont parlé l'ont fait malgré les contrats qu'UNIS leur avait demandé de signer, qui leur interdisaient de le critiquer jusqu'à la fin de leurs jours, et qui prétendaient lier leurs héritiers si jamais ils le faisaient.
Lorsque Canadaland lui a envoyé ses 11 premières questions, UNIS nous a envoyé à son tour 33 questions nous demandant pourquoi nous posions ces questions, ce que nous publierions et ainsi de suite. Plus tard, l'organisme nous a demandé qui étaient nos sources. Il nous a dit qu'il ne répondrait pas à nos questions à moins que nous ne répondions aux siennes, ce que nous avons refusé. Nous avons poursuivi notre investigation.
Pendant que nous la poursuivions, les avocats d'UNIS ont retenu les services d'un cabinet privé pour enquêter sur nous. Plus précisément, cette enquête portait sur la vie personnelle de notre journaliste, Jaren Kerr, et sur ma vie personnelle. Les renseignements examinés par cette firme comprenaient, pour une raison ou une autre, le nom de mon fils alors âgé de huit ans, et des suppositions au sujet de l'école que mes enfants fréquentaient.
Mes collègues et moi-même avons subi ces pressions pour que tout ce que je viens de dire soit rendu public afin que ceux qui envisagent de s'engager dans Mouvement UNIS, qu'il s'agisse d'un jeune bénévole, d'une école, d'un donateur ou d'un éventuel partenaire, puissent prendre des décisions éclairées sur la façon de procéder. En fait, la plupart des renseignements que je viens de partager sont disponibles sur l'Internet ouvert depuis plus d'un an pour quiconque souhaite effectuer une recherche Google sur Mouvement UNIS.
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Merci, monsieur le président, et merci à tous les témoins qui comparaissent devant nous cet après-midi. Mes questions s’adresseront à Mme Senior.
Je m’engage personnellement à aider les femmes et les filles en général, particulièrement pendant la pandémie. Je suis très heureuse que notre gouvernement ait pu accorder des fonds indispensables aux refuges pour femmes et aux centres de lutte contre la violence sexuelle, y compris aux organismes de ma circonscription de Vimy, à Laval, au Québec.
Madame Senior, j’aimerais d’abord attirer votre attention sur quelques statistiques concernant les étudiants qui ont fait une demande au programme de BCBE. Les médias ont également fait remarquer que 64 % des demandes de BCBE émanaient de membres de minorités visibles, que 23 % provenaient de régions rurales du Canada et que 10 % venaient des communautés LGBTQ2.
De toute évidence, il s’agit d’un programme incroyablement inclusif qui a permis de créer des possibilités pour des groupes de Canadiens qui ont été traditionnellement sous-représentés. Je suis extrêmement attristée par le retard dans la mise en oeuvre ce programme dont les étudiants, les organismes sans but lucratif et les utilisateurs finals ont grandement besoin.
Pouvez-vous nous dire pourquoi, selon vous, des programmes comme la BCBE sont si importants pour les femmes et les filles, et surtout pour celles qui s’identifient comme membres des minorités visibles ou qui font partie de la communauté LGBTQ2?
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Je vous remercie de cette question.
Je ne peux pas parler des détails de ce programme, parce que nous n’étions pas de ceux qui se sont inscrits pour y participer, et c’est en raison de notre travail. Notre travail est vraiment axé sur le soutien à apporter, particulièrement pendant la COVID, aux organisations de femmes confrontées à une augmentation de la demande en raison de la violence fondée sur le sexe pendant la pandémie.
J’ai mentionné les statistiques à ce sujet. La Fondation canadienne des femmes accorde des subventions depuis 30 ans. Nous avons donc une vaste expérience dans ce domaine et, au cours des 10 dernières années environ, nous avons été en mesure de collaborer avec le gouvernement à un certain nombre d’initiatives.
Pendant la crise que nous connaissons, nous avons pu obtenir des fonds que nous redistribuons à des centaines d’organismes partout au pays, en commençant par les centres d’aide aux victimes d’agression sexuelle. Ensuite, nous sommes en train de distribuer des fonds à des organismes de lutte contre la violence fondée sur le sexe qui, comme vous le savez, ont connu d’importants revers dans leur capacité de faire leur travail efficacement tout en étant en mesure d’appuyer et d’offrir des services et des programmes aux femmes dans le besoin.
C’est ce dont je pourrais parler en ce qui concerne le programme pour les étudiants. M. Singh a peut-être plus d’information à ce sujet, mais c’est le travail dont je peux parler en tant que représentante de la Fondation canadienne des femmes.
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Merci, monsieur le président.
Je vais d'abord m'adresser à vous, madame Krause. Je n'en reviens pas! D’après ce que nous avons entendu jusqu’à présent, nous nous trouvons au bord d'un marécage puant et face à un tel bourbier que nous n'y voyons plus rien. Je doute beaucoup que nous réussissions à aller au fond des choses dans le cadre de ces réunions du Comité.
Les contribuables canadiens méritent tout au moins que leur gouvernement utilise leur argent avec respect. Dans le cas qui nous occupe, il semblerait qu'UNIS ait manqué à ses obligations envers ses banquiers. Tous ces renseignements étaient disponibles. J’ai vu les états financiers de 2018 dans le site Web de l'organisme. Cette information était publique. N’importe quel fonctionnaire aurait pu la consulter. À elle seule, cette information aurait empêché l’attribution de ce contrat. L’organisme avait des problèmes financiers, il avait des prêts à rembourser. Presque tous les membres de son conseil d’administration venaient de démissionner. Cette information à elle seule aurait dû empêcher la signature de l'entente. Le premier ministre et le ministre des Finances se trouvaient manifestement en conflit d’intérêts. Cette information à elle seule aurait dû empêcher la signature de cette entente. UNIS n'est même pas un lobbyiste enregistré, et pourtant il a pu traiter avec de hauts fonctionnaires du gouvernement. C’est un signal d’alarme retentissant.
Craig Kielburger est membre de la Commission aux débats des chefs et en même temps, il mène une campagne publicitaire avec le premier ministre en vedette. J'en ai le souffle coupé. Il s'agit d'un conflit monumental. Cela aussi aurait dû à lui seul empêcher l’attribution de ce contrat. La relation entre le gouvernement et les Kielburger était si étroite qu’elle aurait dû soulever des questions lorsqu'on leur a accordé un programme de près de 1 milliard de dollars. Tout observateur neutre de ces faits à eux seuls, parmi tant d'autres, conclura que cette utilisation de l’argent des contribuables n'a pas été honnête du tout.
Mon préambule est plutôt long, mais je voulais vous donner un peu plus de temps. Vous avez dit dans votre déclaration préliminaire que vous auriez besoin d’un peu plus de temps.
Pourquoi le gouvernement a-t-il agi ainsi? Les fonctionnaires ont dû reconnaître tous ces signaux d’alarme. Pour quelle raison ont-ils quand même agi ainsi?
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Oui, c’est la question fondamentale: pourquoi? Pourquoi tous ces signaux d’alarme ont-ils été ignorés? C’est ce qui m’a incitée à examiner tout cela.
Nous n'avons pas encore discuté d'une question, celle de l’activisme électoral d'UNIS.
Lors des élections de 2015, par exemple, UNIS a écrit une lettre d’opinion dans le Globe and Mail exhortant les jeunes à aller voter. Si vous regardez leurs vidéos, vous verrez, par exemple, un petit bouton sur lequel est inscrit « J’ai voté aujourd’hui », sous-entendant que les jeunes qui votent sont de bonnes personnes. Cela fait partie de l’image de marque d'UNIS: « Nous sommes des gens qui votent ».
Même l’automne dernier, lors des élections de 2019, UNIS a organisé un rassemblement pour visionner les débats électoraux fédéraux. Il est très clair que cet organisme vise à faire voter les jeunes.
La question est de savoir si cela entre en ligne de compte dans les raisons pour lesquelles il a obtenu cet argent. Je n’en sais rien, mais j’espère que ce que je mentionne au Comité et, bien sûr, ce que d’autres lui disent — M. Brown a présenté de nombreux commentaires importants — aidera le Comité à cerner les bonnes questions.
Si vous posez la mauvaise question, la réponse aura peu d'importance. On a trop parlé des honoraires versés aux conférenciers de la famille Trudeau et de la famille Morneau. Personnellement, je trouve insensé d’accorder un contrat de 1 milliard de dollars pour cette raison. C’est tout simplement insensé.
La meilleure explication serait le fait qu'UNIS participe à la machine électorale du Parti libéral. C’est beaucoup plus logique.
Ce que je propose, c’est que le Comité... D’après ce que j’ai lu dans Twitter, les Kielburger vont venir témoigner. Ils devraient répondre à la question suivante: fournissent-ils, oui ou non, des données ou des renseignements à un parti politique, quel qu'il soit?
J'ai souligné une expression que vous avez utilisée, disant en somme que vous avez été en mesure de vous retourner rapidement pour fournir des fonds aux organisations au service des femmes partout au Canada — des organisations qui s'occupent de la violence fondée sur le sexe, bien sûr. Cela est ressorti clairement.
Monsieur le président, je vais sans doute manquer de temps, mais je voudrais aussi poser une question à M. Singh.
Monsieur Singh, vous avez dit que les organismes de bienfaisance — et je l'ai souligné ici précisément, dans le texte — devraient, à votre avis, traiter directement avec la fonction publique.
Est-il déraisonnable de soutenir que la COVID-19 est un contexte très particulier dans lequel on peut songer à des accords de contribution? Mme Senior nous a déjà parlé de l'efficacité de ces accords.
Puisque nous avons une fonction publique chargée de réagir à la COVID-19, n'est-il pas logique de recourir à des accords de contribution comme ceux que le gouvernement a signés avec la Fondation canadienne des femmes, la Croix-Rouge et Banques alimentaires Canada? Aucun processus n'est parfait, mais il n'est pas déraisonnable que le gouvernement ait recours à ce moyen.
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Vous n'avez pas tort de recourir aux accords de contribution. C'est même très bien. Mais il faut évaluer l'efficacité de ces accords.
À dire vrai, monsieur Fragiskatos, vous venez de prouver ce que j'avance. Vous avez donné 13 millions de dollars au groupe de Mme Senior, dont 3 millions ont été affectés, et elle vient de vous dire qu'elle en est aux deux tiers des 10 autres millions de dollars. Calculez le temps qu'il a fallu. Je suis persuadé qu'elle a fait un travail efficace pour acheminer l'aide à son réseau, mais cela montre bien ce que je veux dire. L'argent va aux membres de son réseau, mais pas à d'autres organismes qui font peut-être du très bon travail. Il y en a donc qui restent sur leur faim.
Autre facteur à considérer. Mme Senior parle de 13 millions de dollars. Je parle de 350 millions de dollars partagés entre trois parties, comparativement à 13 millions remis à une seule. Sauf votre respect, si nous avions choisi de conclure des accords de contribution avec de nombreuses parties sur une base régionale ou peut-être sectorielle, nous en aurions eu plus pour notre argent, selon moi. La fonction publique aurait pu se charger de ce travail.
En recourant à divers moyens de faire le travail, comme des accords de contribution, des fonds innovateurs et des fonds régionaux d'intervention — et tout cela se trouve dans le document que je vous ai présenté —, vous auriez une meilleure approche holistique de l'aide à offrir aux Canadiens dans le besoin.
Je ne dis pas que ce que vous avez fait est horrible. C'est bien, mais ce pourrait être mieux.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous avons appris aujourd'hui que le gouvernement du Canada a signé un accord de 900 millions de dollars avec une société de portefeuille immobilier qui n'a pas fait ses preuves, puisqu'elle vient d'être mise sur pied, qui n'a aucun antécédent et n'a jamais été engagée dans le secteur caritatif.
Pourquoi cet accord a-t-il été signé? Le cabinet du ministre des Finances a dû faire preuve de diligence raisonnable pour faire passer cet argent par une société de portefeuille immobilier. L'affaire est profondément troublante.
Monsieur Brown, je voudrais revenir sur les préoccupations soulevées par Charity Intelligence. J'ai remarqué qu'UNIS lui avait adressé une réfutation très virulente, mais sans répondre quoi que ce soit au sujet de ce qu'elle dit des transactions immobilières et des prêts sur demande à court terme avec les banques, prêts qui déclenchent des signaux d'alerte.
Je ne suis pas vérificateur judiciaire, mais un avocat m'a dit que la signature d'une entente par l'entremise de la société de portefeuille immobilier stabiliserait certainement les avoirs immobiliers des Kielburger aux yeux de la banque, parce qu'ils pourraient toujours se réclamer de cette entente.
Cet apport massif de fonds fédéraux aiderait-il les Kielburger à maintenir leurs actifs immobiliers en cette période de crise financière?
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Le processus manque d'efficacité. Je parlais de programmes assortis de montants trop élevés et qui sont appliqués par de grands organismes. J'ai dit que le gouvernement se délestait de sa responsabilité en disant: « Contentez-vous de redistribuer l'argent en avril », parce que des gens comme vous peuvent toujours demander comment il se fait que l'argent n'a pas encore été déboursé et signaler que les organismes de bienfaisance ne l'ont pas encore reçu. Or, c'est justement le cas de cette subvention de 350 millions de dollars. Dans un cas, le taux de sous-utilisation est consternant.
L'un des partenaires est revenu nous voir et nous a même dit qu'il avait reçu l'approbation de la subvention de la Croix-Rouge. Pourtant, la semaine dernière, il n'avait pas encore reçu l'argent, mais il est invité à présenter une nouvelle demande. Si un fonds est terriblement sous-utilisé, c'est qu'il y a un problème dans la conception du programme. Selon moi, le programme a été mal conçu et ne correspondait pas aux besoins. J'espère qu'il y aura des modifications avant sa prochaine phase.
Le programme de bourses d'études est mal conçu. Le problème de la bourse de 10 $ l'heure nous inquiète, et nous avons exprimé nos préoccupations à ce sujet. Nous avons écrit au gouvernement et lui avons proposé de réaliser des essais avec nous. Nous pouvions réunir quelques centaines de jeunes dans le Grand Toronto et leur faire faire ce qu'ils veulent, c'est-à-dire préparer des paniers d'aide alimentaire et les envoyer dans les collectivités qui en ont besoin. Cela aurait été très rentable.
Sauf votre respect, monsieur Angus, je peux faire un sac de petits pois cultivés en Saskatchewan pour 48 ¢. Il vaut au moins 2 $ chez Walmart. C'est dire que chaque dollar qui passe par nous apporte une aide quatre fois plus importante. C'est vraiment une bonne optimisation des ressources. Si nous commencions sur une petite échelle et faisions travailler ces étudiants, ce que nous avons proposé au départ et ce que nous avons aussi proposé à UNIS, nous aurions au moins ces étudiants qui en profiteraient et qui nous aideraient à secourir des nécessiteux. C'est exaspérant au plus haut point, car nous avons recruté des jeunes qui nous demandent tous les jours s'ils vont obtenir une bourse, et je n'ai rien à leur répondre. J'espère que le gouvernement respectera son engagement.
Désolé, monsieur Angus. Je conclus rapidement.
J'espère toujours que le Comité nous aidera à lancer rapidement le programme, car je ne veux pas que ce soient les jeunes qui écopent. J'ai bon espoir que le gouvernement et nous saurons collaborer pour mettre en place des programmes de meilleure qualité et plus efficaces afin de ne pas gaspiller l'argent des contribuables et d'aider davantage ceux qui en ont besoin.
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Nous reprenons officiellement la séance.
Bienvenue à la 43e séance du Comité permanent des finances de la Chambre, qui accueille le deuxième groupe de témoins.
Nous nous réunissons aujourd'hui pour discuter des dépenses du gouvernement, du Mouvement UNIS et de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. La réunion d'aujourd'hui se déroule par vidéoconférence, et il sera possible de suivre les délibérations sur le site Web de la Chambre des communes.
Au cours de la séance, nous accueillons le ministre des Finances et des fonctionnaires de son ministère. Je crois que des fonctionnaires resteront avec nous après la première heure, consacrée au ministre. D'habitude, la déclaration des ministres est limitée à cinq minutes et parfois 10. Le ministre a demandé un peu plus de temps, soit 10 ou 12 minutes, pour faire sa déclaration liminaire, mais il est prêt à rester pour la période normalement réservée aux questions, soit 55 minutes.
Monsieur le ministre, nous allons commencer par votre déclaration, puis nous passerons aux questions.
Bienvenue. Nous sommes heureux de vous accueillir.
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Merci, monsieur le président, et merci de m'avoir accordé un peu plus de temps. Je veux m'assurer que mes propos d'aujourd'hui vous permettront de bien comprendre l'affaire qui est à l'étude.
Je sais qu'on a beaucoup parlé de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, de l'accord de contribution maintenant annulé avec UNIS pour administrer ce programme et de mes liens avec cet organisme. Je comparais pour parler de tout cela et répondre à vos questions.
J'ai connu UNIS lorsque je suis devenu député de Toronto-Centre, où l'organisme a son siège social. J'ai assisté à de nombreuses activités étudiantes dans ses bureaux et j'en suis venu à comprendre et à aimer le travail qu'il accomplit pour les Canadiens, tant au Canada qu'à l'étranger.
Ma fille, Clare, a pris la parole lors d'activités d'UNIS et à d'autres occasions au sujet de son livre sur la vie des filles réfugiées. Elle n'a jamais été rémunérée pour aucun de ses discours. Tout le produit de la vente de son livre a servi à offrir une éducation universitaire à des réfugiées.
Grace, jeune Ougandaise qui s'est jointe à notre famille en 2010 et que nous avons élevée comme notre fille, a travaillé comme étudiante stagiaire non rémunérée chez UNIS en février et mars 2019 tout en poursuivant des études en développement communautaire à l'université. Après avoir obtenu son diplôme, en juillet 2019, elle a été embauchée pour un mois chez UNIS, puis, par la suite, on lui a offert un contrat d'un an comme adjointe administrative au service des voyages. Ce contrat prend fin à la fin du mois d'août prochain.
À l'été 2017, ma femme et ma fille Clare se sont rendues au Kenya pour en apprendre davantage sur les projets d'UNIS à l'école. Plus tard, la même année, je me suis rendu en Équateur avec ma famille pour observer le travail humanitaire d'UNIS et y participer.
Ces derniers jours, notre famille a examiné ses dossiers personnels. Nous avons trouvé des documents qui confirment le paiement de nos dépenses personnelles pour ces deux voyages, y compris l'avion et l'hôtel, soit environ 52 000 $. Par contre, nous n'avons pas pu trouver de reçus pour les dépenses liées aux programmes d'UNIS, y compris l'hébergement. J'en ai été très étonné. Hier, j'ai demandé à mon adjoint de communiquer avec UNIS au sujet de ces voyages pour connaître le montant total des dépenses engagées. Aujourd'hui, j'ai fait pour l'organisme un chèque de 41 366 $.
Je m'attendais à payer le coût total de ces voyages et j'ai toujours voulu le faire. C'était ma responsabilité de veiller à ce que ce soit fait. Cette omission, même à mon insu, est inacceptable. Je tiens à présenter des excuses pour cette erreur.
J'ai toujours payé moi-même les dépenses engagées dans l'exercice de mes fonctions de ministre des Finances chaque fois qu'il m'a semblé qu'on risquait de croire que j'en tirais un avantage personnel. Cette fois-ci, même si je ne voyageais pas à titre de ministre, l'erreur n'aurait pas dû se produire.
Je peux également confirmer que ma famille a fait à UNIS deux dons importants, soit 50 000 $ chacun. Mon épouse en a fait un en avril 2018 pour appuyer des étudiantes au Canada, et un autre en juin dernier pour soutenir la lutte contre la COVID-19 au Kenya et au Canada.
Le travail qu'UNIS et les organismes semblables accomplissent est important à mes yeux. Depuis plus d'une décennie, ma famille se passionne pour l'éducation en Afrique et au Canada. Après qu'elle eut parrainé Grace pour qu'elle vienne étudier au Canada, et avant que je ne me présente aux élections, notre famille a dirigé la création d'une école pour filles au camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya. Au cours des trois dernières années, notre famille a personnellement engagé plus de 1 million de dollars pour aider les étudiants réfugiés du Kenya à poursuivre leurs études au Canada.
Comme je l'ai déjà dit, j'ai participé aux délibérations sur la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Je ne crois pas que j'étais en conflit d'intérêts, même si je reconnais pleinement qu'il existe des questions légitimes sur la perception d'un conflit d'intérêts. Je pense, avec le recul, que j'aurais dû me retirer des discussions concernant le Mouvement UNIS, et c'est ce que je ferai à l'avenir. Surtout, je regrette de ne pas m'être récusé et que cela ait retardé cet important soutien destiné aux jeunes Canadiens.
Encore une fois, je tiens à m'excuser pour les erreurs que j'ai commises dans ces circonstances. Je suis désolé qu'elles se soient produites.
[Français]
Comme je l'ai dit précédemment, j'ai participé aux délibérations sur la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Je ne crois pas que j'étais en conflit d'intérêts, même si je reconnais pleinement qu'il existe des questions légitimes sur la perception...
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Je m'excuse. Comme je l'ai dit précédemment, j'ai participé aux délibérations sur la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Je ne crois pas que j'étais en conflit d'intérêts, même si je reconnais pleinement qu'il existe des questions légitimes sur la perception d'un conflit d'intérêts.
Je pense, avec le recul, que j'aurais dû me retirer des discussions concernant l'organisme UNIS, et c'est ce que je ferai à l'avenir. Surtout, je regrette de ne pas m'être récusé et que cela ait retardé cet important soutien aux jeunes Canadiens.
Encore une fois, je tiens à m'excuser pour les erreurs que j'ai commises dans cette situation. Je suis désolé qu'elles se soient produites.
Je m'excuse.
[Traduction]
Plus tôt aujourd'hui, j'ai officiellement demandé au commissaire à l'éthique de prendre connaissance de cette information pour mener son examen. Pour faire comprendre au Comité mon rôle dans l'élaboration et l'administration de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, je voudrais lui présenter l'ordre chronologique des faits.
Depuis le début de mars, le gouvernement s'efforce de déployer le plus important investissement jamais fait au Canada en temps de paix, et ce, à une vitesse et à une échelle adaptées à l'évolution rapide de la crise. Nous nous sommes efforcés de mettre en oeuvre un vaste ensemble de plus de 70 mesures, qui offrent un soutien ciblé pour répondre aux besoins de millions de Canadiens.
[Français]
La Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant faisait partie d'un large programme de soutien pour les jeunes. Celui-ci comprenait dix programmes différents consacrés au soutien et totalisant 9 milliards de dollars. Cela comprend la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, la prolongation du programme Emplois d'été Canada et notre initiative visant à doubler les bourses d'études canadiennes.
Ce ne sont là que quelques-unes des centaines de décisions de financement que j'ai prises depuis le début de la crise liée à la COVID-19 afin d'assumer ma responsabilité consistant à fournir un soutien rapide aux travailleurs, aux familles, aux personnes âgées, aux petites entreprises, aux communautés autochtones, aux personnes en situation de handicap, et plus encore.
[Traduction]
Je voudrais expliquer au Comité en détail, au mieux de mes connaissances, comment mon bureau, mes collaborateurs et moi avons abordé cette décision.
Au début d'avril, peu de temps après la mise en œuvre d'une vaste gamme de mesures de soutien, dont la Prestation canadienne d'urgence, ou PCU, le gouvernement a commencé à réfléchir à la prochaine série de difficultés qui attendent les Canadiens. Il a reconnu que les étudiants de niveau postsecondaire, qui étaient sur le point de terminer leur année scolaire, auraient besoin de débouchés pendant l'été non seulement pour gagner de quoi payer leurs frais de scolarité et de subsistance pendant l'année scolaire, mais aussi pour acquérir des compétences inestimables.
La pandémie a frappé juste au début de leur vie. Mes collègues et moi savions que nous devions faire quelque chose pour que leurs rêves ne déraillent pas et qu'ils puissent poursuivre leurs études. Par-dessus tout, au beau milieu d'une crise nationale, le gouvernement a pris conscience du fait que les étudiants pourraient jouer un rôle important en appuyant la réaction extraordinaire du Canada à cette pandémie.
Le soir du 5 avril, j'ai téléphoné au premier ministre pour discuter de ces questions, entre autres. Nous avons conclu qu'il fallait envisager des mesures d'aide pour les étudiants et discuté de la façon dont Service jeunesse Canada et le programme Emplois d'été Canada pourraient élaborer une politique pour répondre à ce besoin.
J'ai passé cette nuit-là à réfléchir en détail à la question. Le lendemain matin, j'ai demandé à mes collaborateurs et à mon équipe ministérielle de commencer à discuter avec l'ensemble de l'appareil gouvernemental et à proposer divers moyens d'aider les étudiants. Mon bureau et les fonctionnaires du ministère des Finances ont commencé à travailler avec d'autres ministères pour développer ces idées et communiquer avec les organisations de jeunes afin d'avoir une meilleure idée des difficultés des jeunes qu'elles représentent.
Le 7 avril, UNIS se trouvait parmi au moins une douzaine d'organismes qui avaient été contactés à ce sujet. Dans les jours qui ont suivi l'échange initial entre mon cabinet et UNIS, cet organisme a présenté une proposition d'entrepreneuriat social, dont il avait discuté avec d'autres bureaux. UNIS m'avait envoyé cette proposition, mais je n'en avais pas pris connaissance et je n'y avais pas répondu à ce moment-là.
Les 8 et 9 avril, j'ai assisté à ma première séance d'information sur les divers moyens possibles d'aider les jeunes, dont un éventuel programme de bourse pour les étudiants qui cherchent à acquérir de l'expérience au cours de l'été.
[Français]
Alors que nous continuons à mettre au point ces nouvelles mesures de soutien, Service jeunesse Canada a été considéré comme un modèle possible pour encourager le service national. Ce travail s'est déroulé parallèlement à la mise en place des autres volets d'aide à la jeunesse. En examinant ce concept, les fonctionnaires ont cerné plusieurs obstacles majeurs à la mise en œuvre rapide d'un programme élargi de Service jeunesse Canada à temps pour l'été, qui n'était alors avancé que de quelques semaines.
Le gouvernement n'avait pas la capacité d'élaborer de manière urgente un système pour suivre les heures de service, d'effectuer des placements à grande échelle et de débourser les montants précis en fonction des heures réalisées.
[Traduction]
Au cours d'une séance d'information, le 18 avril, les fonctionnaires ont signalé qu'un partenariat avec le secteur privé ou le secteur sans but lucratif pourrait être nécessaire pour bien administrer un tel programme. Ils ont évoqué UNIS et d'autres organismes comme autant d'exemples de groupes qui faisaient déjà un travail semblable. Ce fut la première fois que je participais à une discussion où il était question d'UNIS et de ce qui allait devenir la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.
Dans mes documents d'information, mes fonctionnaires ont ajouté une copie de la proposition d'entrepreneuriat social d'UNIS, indiquant que d'autres ministères avaient commencé à se pencher sur le dossier. Je crois comprendre que, dans les jours qui ont suivi, UNIS a communiqué avec mon cabinet au sujet de ses discussions initiales avec Emploi et Développement social Canada et qu'il a présenté une deuxième proposition. Mon cabinet a poursuivi les discussions avec UNIS sur la façon dont différents types de programmes pour étudiants pourraient être administrés.
Le 21 avril, j'ai approuvé verbalement les recommandations de mon ministère sur les paramètres généraux de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, y compris la participation éventuelle d'une tierce partie. Soyons clairs: aucune tierce partie comme UNIS n'a été choisie ni préconisée dans cette approbation. À partir de ce moment-là, Emploi et Développement social Canada a pris les choses en main, notamment en annonçant dans un message d'intérêt public qu'UNIS serait retenu comme administrateur.
Cela dit, en tant que ministre des Finances, je suis responsable de tous les fonds versés en vertu de la Loi sur les paiements relatifs aux événements de santé publique d'intérêt national. Il est donc important que les fonctionnaires du ministère des Finances fassent le suivi de chaque dollar autorisé afin de s'assurer qu'il est affecté comme il convient. Je m'attendais normalement à ce que le ministère et mon cabinet continuent de participer à la conception du programme, en collaboration avec Emploi et Développement social Canada, le Conseil privé et le Cabinet du .
Pour faire preuve d'une absolue transparence, je signale que le dimanche 26 avril, j'ai parlé à Craig Kielburger. Je sais que nous avons discuté de façon générale des répercussions de la pandémie de COVID-19. Il n'a pas dit un mot de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, et moi non plus.
Le 5 mai, la ministre a présenté au comité du Cabinet chargé de la COVID-19 sa proposition initiale de Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. La proposition précisait qu'UNIS était l'administrateur privilégié. Je n'étais pas présent et je n'ai pas discuté de la proposition avec des fonctionnaires ou des collègues du Cabinet avant qu'elle ne soit présentée. On m'a informé du résultat de cette réunion deux jours plus tard, le 7 mai, en me disant que la proposition serait ensuite soumise pour discussion à l'ensemble du Cabinet, à qui la décision finale sur la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant a été présentée le 22 mai.
Comme je l'ai dit, je n'aurais pas dû participer à cette discussion, et je regrette de ne pas m'être récusé à ce moment-là. J'ai approuvé la décision finale révisée sur le financement du programme le 3 juin. Ce fut ma dernière participation directe à l'élaboration du programme.
Je regrette de ne pas m'être récusé, et cette omission est l'une des raisons pour lesquelles les étudiants n'ont pas pu obtenir cette aide dans les meilleurs délais.
Je sais que les Canadiens comptent sur nous et qu'il reste encore beaucoup à faire.
Merci, monsieur le président.
Je répondrai avec plaisir aux questions des membres du Comité.
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Merci, monsieur le ministre, de comparaître de nouveau devant le Comité des finances.
J'admire vraiment la franchise de votre témoignage et tout le travail que vous, votre famille, les fonctionnaires et le ministère des Finances faites au service de tous les Canadiens, surtout en cette période difficile.
J'ai quelques questions à vous poser. Pour gagner du temps, je vais toutes les poser et vous laisser le soin, monsieur le ministre, de formuler votre réponse.
Combien de nouveaux programmes votre ministère et vous-même avez-vous mis en oeuvre au cours des 100 derniers jours?
Quelle est la valeur approximative de ces programmes?
Environ combien de Canadiens, d'entreprises et d'organismes sans but lucratif ont bénéficié de ces programmes?
Est-ce que cela se compare un tant soit peu à ce que nous avons fait depuis la pleine mobilisation de l'économie et de la société canadiennes pendant la Seconde Guerre mondiale, il y a 80 ans?
Serait-il également juste de dire que, si nous n'avions pas mis en place ces programmes, il y aurait eu beaucoup de souffrances et de difficultés au plan individuel?
Serait-il également juste de dire que notre économie serait plongée dans une profonde récession, voire une dépression, si le gouvernement n'avait pas agi aussi rapidement et de façon aussi décisive?
Enfin, je dirais, moi qui m'occupe aussi de finances, que notre taux de réussite a été remarquablement élevé et que le profil risque-rendement est extrêmement positif. La seule façon d'obtenir ces résultats, c'est de prendre des risques. Pour éviter tout risque d'échec et d'erreur, il faudrait ne rien faire et accepter toutes les difficultés personnelles qui en découleraient pour des Canadiens innocents.
Êtes-vous d'accord avec moi?
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Merci. J'avais bien un stylo.
Je dois d'abord reconnaître que j'ai effectivement fait une erreur en omettant de me récuser dans la décision concernant le Mouvement UNIS.
Je dois également reconnaître que toutes les mesures prises par le gouvernement au cours des derniers mois n'étaient pas parfaites. Comme on vient de le dire, nous étions en temps de crise, en pleine pandémie, et personne parmi nous n'avait jamais connu ce genre de situation.
La réponse à la dernière question est très claire. Nous savions que nous devions agir rapidement et à grande échelle pour aider les Canadiens. Nous savions que nous devions faire tout en notre pouvoir pour déterminer la meilleure politique à adopter et la meilleure façon d'aider les Canadiens. Nous savions aussi qu'il faudrait très probablement corriger et améliorer les choses au fil du temps.
C'est ainsi que nous avons procédé. Je crois que notre réponse à l'échelle du pays — laquelle, pour répondre à une question directe, s'est traduite par 70 programmes et plus de 200 milliards de dollars de soutien direct aux Canadiens — nous a mis dans une situation bien meilleure que si nous n'avions pas réagi ainsi. Cela a permis d'aider les particuliers et les familles et de protéger notre économie dans l'immédiat et pour la suite des choses. Si nous n'avions pas agi ainsi, les risques auraient été beaucoup plus importants — pour les particuliers et les familles qui ont du mal à joindre les deux bouts, mais aussi pour notre avenir à long terme et ce qu'il comporte de possibilités.
Je sais bien qu'il faudrait en faire plus, mais nous vivons une période sans précédent. Nous allons continuer de tenir compte d'abord des besoins des Canadiens, de leur offrir le soutien nécessaire et d'améliorer progressivement les choses. Oui, nous ferons des erreurs. Nous essaierons de ne pas en faire — évidemment que les erreurs ne sont jamais délibérées —, mais nous les corrigerons à mesure que nous envisagerons les étapes suivantes.
Cette pandémie n'est pas terminée. Nous savons qu'il y a encore du travail à faire, et nous devons continuer d'y accorder toute notre attention et de nous soucier des Canadiens.
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Je vous remercie de cette question.
Au début de la pandémie, nos principaux objectifs étaient tout à fait de l'ordre de nos objectifs actuels. Nous sommes conscients du fait que cette pandémie a eu d'énormes répercussions sur les Canadiens partout au pays, sur la capacité des familles à subvenir à leurs besoins et sur les possibilités d'avenir. Nous avons donc cherché les moyens d'aider les gens à traverser cette période difficile.
La PCU, notre première mesure, et la plus importante au départ, tenait compte du fait que beaucoup de gens seraient privés de travail sans avoir assez d'argent pour payer l'épicerie ou le loyer, et il fallait leur offrir un soutien rapidement.
La subvention salariale visait à garantir les emplois à long terme autant que possible, car nous savons à quel point c'est important pour les gens, mais aussi pour notre économie.
Des programmes comme celui que nous avons mis sur pied pour les étudiants avaient pour raison qu'ils seraient des centaines de milliers sans emploi cet été. Il fallait réfléchir à un moyen de les aider, puisqu'ils sont, par définition, notre avenir. Nous devons veiller à ce qu'ils puissent reprendre leurs études.
C'est ce qui concentre notre attention depuis le premier jour, et cela le restera. Pour traverser cette crise, nous devons tous travailler ensemble. C'est une crise sanitaire et une crise économique, et nous devons donc y réfléchir corrélativement, mais l'aide aux Canadiens a toujours été au cœur de l'action de notre gouvernement et de toute mon attention au cours de cette période.
:
Pour récapituler la situation, vous et le premier ministre avez donné 912 millions de dollars à la filiale immobilière d'un groupe qui avait versé 300 000 $ à la famille du premier ministre, fourni un emploi à votre fille et payé à votre famille 41 000 $ de frais de déplacement illégaux. C'est ce que nous savons jusqu'à maintenant. Et nous savons que c'est illégal.
Nous savons que vous auriez dû vous récuser en vertu de l'article 21 de la Loi sur les conflits d'intérêts, qui prévoit que « le titulaire de charge publique doit se récuser concernant une discussion, une décision, un débat ou un vote, à l'égard de toute question qui pourrait le placer en situation de conflit d'intérêts. »
Nous savons également que, en vertu de l'article 11, « il est interdit à tout titulaire de charge publique [et vous en êtes un] et à tout membre de sa famille d'accepter un cadeau ou autre avantage, y compris celui provenant d'une fiducie, qui pourrait raisonnablement donner à penser qu'il a été donné pour influencer le titulaire dans l'exercice de ses fonctions officielles. » Vous avez également enfreint cet article en acceptant des dépenses de voyage secrètes de 41 000 $.
Ce n'est que maintenant que vous l'admettez, le jour même où vous êtes appelé à témoigner sous serment, plus d'un an après que les cadeaux ont été acceptés. Vous êtes un ministre qui a déjà été reconnu coupable d'avoir enfreint la Loi sur les conflits d'intérêts lorsque vous n'avez pas révélé l'existence de votre villa en France.
Monsieur le ministre, vous avez perdu l'autorité morale d'occuper votre poste, et la loyale opposition de Sa Majesté estime que vous devez démissionner. Allez-vous démissionner?
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Merci, monsieur le président.
Pour être bien clair, l'objectif... Au cours des discussions que j'ai eues avec le premier ministre, nous avons réfléchi à la façon dont nous pourrions aider les étudiants. C'était extrêmement important. Nous devions trouver le moyen de leur offrir un soutien.
Non, il n'est pas vrai que nous ayons eu une idée précise sur le type d'aide qui serait offert, ni même sur la façon dont cette aide serait offerte. Nous réfléchissions au moyen de soutenir les étudiants et, à mesure que nous élaborions la politique, nous l'avons communiquée à la fonction publique pour qu'elle réfléchisse au meilleur moyen de la mettre en œuvre. C'était une étape cruciale dans le processus de réflexion.
La proposition qui a circulé au tout début de la part d'UNIS était distincte. Je n'étais évidemment pas au courant de cette proposition lorsqu'elle a été présentée. C'est beaucoup plus tard, comme je l'ai déclaré, que j'ai effectivement eu une conversation téléphonique avec Craig Kielburger pour comprendre de façon générale les conséquences de la COVID-19 sur les entreprises et les organisations partout au pays.
Notre objectif est et reste d'aider les étudiants. Nous savons qu'une erreur a été commise dans le processus décisionnel. J'aurais dû me récuser. Le premier ministre l'a dit également. Nous continuerons de réfléchir au meilleur moyen d'apporter de l'aide.
Je tiens simplement à dire que nous devons continuer notre travail. C'est une période de pandémie, et nous aurons encore beaucoup à faire.
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Bonjour, mesdames et messieurs. Je m'appelle Michelle Kovacevic et je suis sous-ministre adjointe à la Direction des relations fédérales-provinciales et de la politique sociale de Finances Canada.
Avant de commencer, je précise que, à mon arrivée au bureau, on m'a informée que le Comité souhaiterait peut-être que je reste plus de 30 minutes. Si c'est toujours le désir du Comité, je serai heureuse de rester.
J'aimerais vous donner un aperçu de mon rôle durant la période qui a précédé l'annonce faite par le au sujet de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant et une idée du contexte dans lequel s'est fait le choix final d'UNIS comme administrateur tiers.
Le 6 avril, à la conférence de presse du matin, le a fait savoir que les étudiants obtiendraient bientôt une aide supplémentaire. Le même jour, mon équipe a communiqué avec des collègues d'Emploi et Développement social Canada, EDSC, pour s'informer des solutions possibles à cet égard. Mon équipe et moi avons aussi rencontré les membres du bureau de mon ministre pour comprendre ce dont on avait besoin. Le délai imparti pour élaborer le programme était très court. Nous nous sommes appuyés sur les propositions et l'expertise d'EDSC, et celles d'autres ministères. Le programme annoncé le 22 avril par le premier ministre prévoyait plus de 9 milliards de dollars d'aide aux étudiants, dont la création de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, qui, avec un budget de 900 millions de dollars, représente 10 % de l'ensemble des programmes d'aide aux étudiants que nous avons élaborés.
Aujourd'hui, je parlerai uniquement des solutions que nous avons envisagées pour élaborer la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Nous voulions surtout mobiliser les étudiants pour faire face à la pandémie tout en leur offrant un soutien financier pour leurs études à venir. Nous avons envisagé un certain nombre de solutions, notamment, d'abord, un crédit d'impôt pour frais de scolarité ou une dispense des frais de scolarité. Mon équipe, de concert avec EDSC, a examiné la possibilité d'offrir ce programme dans le cadre du Programme canadien de prêts aux étudiants, par l'entremise des provinces et des territoires ou par celle des établissements d'enseignement postsecondaire qui facturent directement le gouvernement fédéral. La confirmation de l'identité et de l'admissibilité des bénéficiaires posait problème, et la capacité réelle d'exécuter le programme à l'échelle du pays était également un problème. Aucune de ces solutions n'a été jugée idéale.
Nous avons également envisagé d'élargir les programmes de bénévolat de Service jeunesse Canada et de TakingITGlobal, son administrateur. Cette solution a effectivement été appuyée, et des fonds ont été accordés pour faire passer de 1 800 à 15 000 le nombre de microsubventions pour les jeunes et pour verser des allocations aux participants. Cependant, il fallait élargir la portée bien au-delà de ces 15 000 possibilités de bénévolat.
En collaboration avec Santé Canada, mon équipe s'est demandé si les étudiants pouvaient répondre à un besoin critique de traçage des contacts liés à la COVID-19, notamment dans le cadre du bénévolat et de l'embauche directe par le gouvernement fédéral pour appuyer les efforts des provinces et des territoires. Nos équipes ont également envisagé d'utiliser une agence de placement temporaire pour embaucher en notre nom. Aucune de ces solutions n'a été retenue, parce qu'un grand nombre de bénévoles avaient déjà été désignés par le portefeuille de la Santé et par les provinces et les territoires pour faire ce travail à ce stade de la pandémie, alors qu'on ne savait pas encore très bien de quelle aide on aurait vraiment besoin pour tracer les contacts.
Mon équipe a ensuite examiné la possibilité de créer une subvention pour l'expérience canadienne qui permettrait d'offrir des bourses aux étudiants qui se sont portés volontaires pour occuper des postes jugés essentiels au cours de la pandémie de COVID-19, une prime pour la bonne action, si on veut. Cependant, compte tenu d'importantes préoccupations concernant la santé et la sécurité des étudiants, mon équipe a écarté l'idée des postes essentiels et élargi la portée du bénévolat.
Mon équipe, de concert avec EDSC bien sûr, s'est aussi demandé si deux organisations pourraient administrer cette bourse ensemble. Nous avons envisagé une série de tierces parties susceptibles d'avoir la capacité d'exécuter ce type de programme, dont Shopify, Ceridian, Imagine Canada, Bénévoles Canada, la Croix-Rouge canadienne, Centraide et la plateforme Je veux aider élaborée par EDSC.
L'annonce faite le 22 avril était générale, et les détails devaient en être élaborés à la suite d'une analyse approfondie effectuée par EDSC. C'est au cours de cette analyse que la possibilité d'un partenariat avec UNIS a été envisagée.
Le 9 avril, j'ai reçu un document intitulé « Ce que nous avons entendu », rédigé par le bureau de mon ministre et résumant les commentaires des intervenants sur les étudiants au travail pendant l'urgence de la COVID. UNIS était l'un des 12 intervenants inclus dans le document. Je crois que mon ministre en a également parlé.
Le 16 avril, dans le cadre d'une discussion par courriel sur les organisations susceptibles d'offrir un éventail de possibilités de bénévolat à l'échelle du pays, des collègues d'EDSC ont soulevé la possibilité de faire appel à UNIS. J'ai invité EDSC à inclure UNIS dans son analyse des solutions envisagées.
Le 18 avril, j'ai informé le cabinet de mon ministre des progrès réalisés dans ce dossier. J'ai attiré l'attention sur le fait qu'EDSC nous avait informés qu'UNIS pourrait être une solution. Mon équipe a également tenu une téléconférence mixte avec EDSC, au cours de laquelle on a discuté de plusieurs organisations. Je ne me souviens pas qui a proposé de s'adresser à UNIS, mais je me souviens que nous étions tous d'accord.
Le 19 avril, nous avons reçu d'EDSC une copie de la proposition d'entrepreneuriat social du Mouvement UNIS datée du 9 avril qui avait déjà été distribuée aux ministres. Selon mes dossiers, c'est la première fois que la proposition m'a été soumise. Le même soir, ma direction a envoyé à notre une trousse d'information qui comprenait la proposition de l'organisme en annexe, mais ne comportait aucune analyse ni recommandation.
Le lendemain, le 20 avril, le bureau de mon a communiqué avec le Mouvement UNIS pour discuter de leur capacité à offrir des possibilités de bénévolat. Les dossiers concernant cet appel du cabinet de mon ministre indiquent que l'organisme devait remanier sa proposition de programme d'été de 10 semaines, afin qu'elle corresponde pleinement à l'objectif stratégique de service national, et augmenter le nombre de 8 000 stages prévu initialement, pour qu'il atteigne le double.
Le 22 avril, comme vous le savez, le a annoncé son programme pour les étudiants.
Le 23 avril, lors d'une réunion de mon équipe et d'EDSC, nous avons discuté de la possibilité que le Mouvement UNIS agisse comme un tiers qui pourrait offrir des stages virtuels de bénévolat et peut-être administrer la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Mon bureau a également organisé une réunion avec le Mouvement UNIS, le lendemain après-midi. Le 24 avril, des représentants d'EDSC et des Finances ont discuté avec l'organisme pour mieux comprendre son organisation et sa capacité. Aucun engagement n'a été pris, si ce n'est qu'EDSC ferait un suivi.
Comme c'est habituellement le cas après une décision et une annonce de financement, l'élaboration de la proposition détaillée du programme a été confiée à EDSC. Le 7 mai, j'ai reçu d'EDSC une copie d'une proposition du Mouvement UNIS datée du 4 mai concernant la gestion de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant pour le compte du gouvernement. C'est la première fois que les responsables des Finances ont pris connaissance d'une proposition selon laquelle le Mouvement UNIS pourrait être l'administrateur tiers du programme.
Mon équipe a continué de travailler avec EDSC à l'élaboration du programme et à la présentation d'une proposition au Cabinet. J'ai également continué d'informer le cabinet de mon , ce qui est pratique courante lorsque des initiatives importantes sont présentées au Cabinet et lancées. Dans ce contexte, le recours au Mouvement UNIS a été soulevé à plusieurs reprises et a fini par former la base de la recommandation d'EDSC à la que le gouvernement conclue un accord de contribution avec le Mouvement UNIS pour administrer la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Les responsables des Finances ont appuyé cette recommandation dans des conseils qu'ils ont donnés à ce sujet à notre ministre, y compris le coût détaillé de la proposition, comme l'a mentionné la dans son témoignage de la semaine dernière.
Je serai heureuse de répondre aux questions du Comité.
Merci.
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C'est une question assez vaste. Merci beaucoup.
Je ne suis pas certaine de pouvoir généraliser. Parfois, c'est peut-être le cas, mais ce que je peux dire au sujet de la décision du gouvernement de conclure un accord de contribution avec UNIS, c'est qu'en fait, la capacité de joindre les étudiants, peu importe où ils se trouvent au Canada, était certainement au premier plan dans notre esprit, et aussi le fait de pouvoir accélérer le rythme, d'être en mesure de soutenir non seulement les étudiants, parce que vous savez, le jumelage de bénévoles n'est pas un stand de hot dogs à l'extérieur d'un aréna de hockey, mais doit être structuré et s'accompagner de soutien, en tenant compte aussi du secteur sans but lucratif et caritatif susceptible d'offrir des stages de bénévolat, qui était lui-même au beau milieu d'une pandémie, bon nombre d'organismes étant prises avec des problèmes financiers.
Ce qui importe encore davantage, le caractère même de l'expérience bénévole, compte tenu du scénario de distanciation sociale au milieu de la pandémie, faisait en sorte que tout était très précaire. Très franchement, à notre avis, il n'y avait pas beaucoup d'organisations qui pouvaient respecter tous ces critères et fournir toutes ces compétences avec un si court préavis et dans les délais extrêmement serrés dans lesquels nous travaillions.
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Merci, monsieur le président.
Merci de votre témoignage, madame Kovacevic, et de votre comparution devant le Comité des finances aujourd'hui.
Je tiens également à vous remercier de l'excellent travail que vous et votre ministère avez accompli. Grâce à tout le travail que vous avez fait, nous avons aidé des millions de Canadiens et des centaines de milliers d'entreprises canadiennes. Nous avons aidé notre économie à sortir d'une récession profonde, et peut-être même pire qu'une récession, en très peu de temps.
Vous l'avez probablement déjà dit, mais je pense qu'il vaut la peine de le répéter.
Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous expliquer comment les divers programmes découlant de la pandémie, qui constituent le Plan d'intervention économique du Canada, ont été conçus et mis en œuvre dans le cadre de processus de génération d'idées, d'analyse et de prise de décisions? Dans le cas de la collaboration avec des tierces parties comme UNIS, le processus était-il très différent et, le cas échéant, pourquoi et comment?
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Je vous remercie de la question.
Je suppose que je commencerais par dire que le ministère des Finances et moi-même... Je ne suis pas impliquée dans la situation que nous décrivons actuellement. Le ministère des Finances ne participe pas à la négociation d'un accord, et nous n'avons pas participé à la négociation d'un accord avec UNIS. Ces questions s'adressent à EDSC et non au ministère des Finances.
Pour ce qui est du processus — je vous remercie de cette question —, cela a été un véritable tourbillon au cours des derniers mois en ce qui concerne le nombre de programmes que nous avons mis en place. À titre de sous-ministre adjointe chargée de la politique sociale, j'ai participé à la Prestation canadienne d'urgence, aux programmes d'aide aux étudiants, aux personnes handicapées, aux Autochtones et aux travailleurs essentiels, ainsi qu'aux programmes de subventions salariales. Nous avons été très, très occupés.
Compte tenu des circonstances sans précédent dans lesquelles le Canada et le monde se sont retrouvés, il n'est pas inhabituel — et ce n'était même pas inhabituel avant la COVID — qu'il y ait des délibérations stratégiques en amont. Lorsque le gouvernement dit « nous voulons faire quelque chose » ou « nous avons de l'argent », ou lorsqu'il y a un besoin réel, lorsque les gens ont besoin de quelque chose, nous essayons de déterminer avec EDSC et avec le bureau de mon ministre quels sont les besoins réels, à qui nous devons parler et ce que nous pouvons mettre en place?
Très franchement, presque tout ce qui relève de ma compétence, dans le domaine de la politique sociale, fonctionne un peu de cette façon. Il y a eu un grand nombre de discussions, de courriels et d'idées, d'idées fertiles, de réflexions, en vue de déterminer quel serait le meilleur programme, service ou soutien à mettre en place pour aider les Canadiens qui en avaient besoin pendant la pandémie.