:
Merci et bonjour, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité. C'est un honneur pour moi de témoigner devant vous en tant que 10
e gouverneur de la Banque du Canada. Je me réjouis à la perspective de travailler avec les parlementaires les sept prochaines années lors de témoignages réguliers devant des comités de la Chambre et du Sénat. Ces témoignages sont un élément important de la reddition de compte de la Banque à la population.
La première sous-gouverneure Wilkins et moi sommes heureux d'être ici aujourd'hui pour collaborer à votre étude sur les mesures prises par le gouvernement en réaction à la pandémie de la COVID-19. Nous serons particulièrement heureux de répondre à vos questions et d'écouter avec attention vos commentaires sur les sujets qui préoccupent le plus la population canadienne en cette période très difficile.
[Français]
La Banque du Canada est résolue à contribuer le plus possible à la reprise de l’économie canadienne après les répercussions énormes de la pandémie de la COVID-19. Aujourd’hui, je vais parler des quatre grandes fonctions de la Banque et décrire la manière dont elle réagit à la pandémie. Je dirai ensuite quelques mots sur nos activités en général, puis nous serons heureux de répondre à vos questions.
Je vais commencer par notre fonction la plus visible et la plus tangible, soit l’émission de billets de banque. En tant que banque centrale, nous fournissons un bien public: un mode de paiement accepté partout. La Banque a pour mandat de fournir aux Canadiens des billets de banque sûrs et de qualité, qu’ils peuvent utiliser en toute confiance.
[Traduction]
Nous savons que la COVID-19 a changé l'attitude de certains à l'égard de la monnaie, du moins temporairement. La Banque a récemment mené une enquête auprès de la population. Environ le tiers des personnes interrogées disent utiliser moins souvent des billets à cause de la pandémie. Nous savons aussi que certains détaillants demandent aux clients de payer par voie électronique plutôt qu'en argent comptant. La Banque encourage fortement les détaillants à accepter l'argent, pour deux raisons.
Premièrement, certaines personnes n'ont pas de compte bancaire et pour beaucoup d'autres qui en ont, le nombre de transactions par carte de débit est limité ou des frais sont imposés. Il s'agit souvent de personnes particulièrement démunies qui dépendent de l'argent comptant pour les achats essentiels. Le refus de l'argent pénalise injustement ceux qui n'ont pas facilement accès aux services financiers que nous tenons souvent pour acquis.
Deuxièmement, il importe de savoir que le virus ne se transmet pas plus facilement par la manipulation de billets de banque que par le fait de toucher d'autres surfaces. Nos billets sont en polymère et peuvent donc être nettoyés avec de l'eau et du savon. Pendant la pandémie, les autorités de santé publique ont sans cesse rappelé l'importance de se laver les mains. Nous devons tous suivre ce conseil, y compris les personnes qui manipulent l'argent dans le cadre de leur travail.
[Français]
La pandémie pourrait accélérer la tendance selon laquelle les paiements électroniques gagnent en popularité par rapport aux paiements en argent. Environ un Canadien sur dix dit ne pas utiliser du tout l’argent comptant. Le volume de billets de banque en circulation et la demande continuent pourtant d’augmenter. La Banque continuera à suivre de près la demande de billets des particuliers et des entreprises pour voir comment elle évolue, et elle sera prête à y répondre.
[Traduction]
Parallèlement aux tendances d'utilisation des billets de banque, nous étudions aussi la possibilité d'émettre une monnaie numérique de banque centrale. Plus tôt cette année, le sous-gouverneur Tim Lane a parlé des circonstances où il pourrait être pertinent pour la Banque d'émettre une monnaie numérique. Une telle décision pourrait notamment s'imposer si la plupart des Canadiens cessaient d'utiliser des billets de banque. Nous ne croyons pas qu'une monnaie numérique est nécessaire à l'heure actuelle. Toutefois, nous allons de l'avant et planifions son émission pour pouvoir passer à l'action si nous jugeons que le moment est venu de le faire.
La deuxième fonction dont j'aimerais parler est la gestion financière: la Banque est l'agent financier du gouvernement. Nos conseils à ce titre portent sur des stratégies de gestion de la dette et de la trésorerie. Nous tenons aussi les adjudications d'obligations et de bons du Trésor du gouvernement fédéral. Enfin, nous fournissons des services bancaires à certaines institutions financières, à des sociétés d'État, à d'autres banques centrales et à des organisations financières internationales comme le Fonds monétaire international.
Cette fonction est déjà importante en temps normal: nous aidons le gouvernement à gérer ses finances de façon efficiente. Toutefois, elle a pris encore plus d'importance depuis le début de la pandémie. En effet, les besoins financiers du gouvernement ont augmenté à un rythme sans précédent au cours du présent exercice en raison des mesures introduites pour atténuer l'impact de la pandémie sur l'économie du pays. Je tiens à souligner que, même là, le ratio de la dette nette au PIB du Canada reste le plus faible de tous les pays du G7.
Comme les taux d'intérêt sur les titres d'emprunt du gouvernement du Canada servent de référence pour de nombreux autres marchés financiers, il est crucial d'assurer le bon fonctionnement des marchés obligataires d'État. À cette fin, la Banque a mis en œuvre plusieurs mesures extraordinaires, ce qui m'amène à parler de sa fonction liée au système financier.
Cette troisième fonction consiste à favoriser la stabilité et l'efficience du système financier. La Banque du Canada est unique en ce qu'elle a une perspective systémique de la stabilité et de l'efficience du système financier. Cette perspective éclaire notre collaboration avec nos partenaires fédéraux et provinciaux, qui vise à garantir que le système financier est à même de soutenir l'économie réelle.
Le crédit est indispensable au fonctionnement des économies de marché. Lors de crises, les banques centrales doivent impérativement fournir les liquidités nécessaires au système financier pour soutenir le crédit. Ce rôle traditionnel ne date pas d'hier. Au XIXe siècle, dans une déclaration célèbre, le journaliste britannique Walter Bagehot a dit qu'en période de crise, une banque centrale doit prêter librement à un taux dissuasif, en contrepartie de garanties sûres. Ce qu'il voulait dire, c'est qu'une banque centrale devrait toujours être prête à s'assurer que le système financier dispose de liquidités suffisantes, en situation de tension, pour aider l'économie à traverser la tempête au lieu de faire également souffler des vents contraires.
[Français]
Le début de la pandémie a profondément perturbé bien des marchés financiers essentiels. Les marchés sont devenus illiquides parce que les participants ont cherché à préserver leur propre liquidité en augmentant leurs avoirs liquides. Dans ce contexte d'incertitude, les marchés du crédit étaient au bord de la paralysie. De mars à mai, la priorité de la Banque a été de rétablir leur bon fonctionnement pour que les ménages, les entreprises et les administrations publiques au pays puissent accéder au crédit et résister à la crise. Ce rétablissement devrait aussi préparer le terrain pour la reprise.
[Traduction]
Sous la direction de mon prédécesseur, le gouverneur Poloz, et de la première sous-gouverneure Wilkins, la Banque a admirablement réussi à restaurer le bon fonctionnement des marchés clés pour assurer des liquidités et un financement abondants.
Elle a eu recours à des programmes d'urgence qu'elle avait utilisés pendant la crise financière mondiale il y a plus de 10 ans. La Banque a aussi mis en place de nouvelles mesures avec une vitesse et une précision remarquables. Nous sommes heureux de vous informer que la demande de liquidités revient à des niveaux normaux et que le fonctionnement des marchés s'est considérablement amélioré. Nous avons donc réduit la fréquence de certaines opérations que les participants aux marchés financiers n'utilisent plus. Nous sommes cependant prêts à les redéployer si nous en constatons la nécessité.
Avant de conclure, j'aimerais vous parler brièvement de la politique monétaire. Notre cadre de conduite de la politique monétaire est défini dans l'entente relative à la cible de maîtrise de l'inflation, conclue avec le gouvernement et renouvelée tous les cinq ans. Cette entente envoie le signal important que le gouvernement élu démocratiquement et la Banque ont convenu de l'objectif de notre politique, tout en nous laissant l'indépendance d'action nécessaire pour l'atteindre. Cette indépendance est essentielle, en temps normal comme en période de crise.
Depuis le début de la pandémie, le gouvernement et ses organismes et sociétés d'État à vocation financière, dont la Banque du Canada, collaborent à la stabilisation du système financier, au maintien de l'accès au crédit et au soutien de l'économie. Les actions de la Banque visent à appuyer les mesures budgétaires du gouvernement. En même temps, nous sommes conscients du mandat particulier de chacun, et le gouvernement a clairement indiqué qu'il respecte notre indépendance sur toute la ligne.
Comme gouverneur, je vais protéger l'indépendance d'action que nous donne le mandat de la Banque parce que la confiance des Canadiens envers notre institution, la crédibilité de notre cible d'inflation et notre capacité à l'atteindre reposent sur elle.
Selon notre cadre de politique, nous avons pour mandat de maintenir l'inflation à un niveau bas, stable et prévisible. C'est la meilleure contribution que nous puissions apporter au bien-être économique et financier du pays. L'atteinte de nos objectifs d'inflation favorise une croissance économique durable. Et quand l'inflation est maintenue près de la cible, cela veut dire que l'économie tourne près des limites de sa capacité et qu'il y a plein emploi.
Notre cible d'inflation est encore plus importante en temps de crise. Elle reste notre phare au moment où la Banque évolue en terrain inconnu, déployant des outils qu'elle n'a jamais utilisés auparavant. Nos mesures de politique monétaire sont arrimées à l'objectif de ramener l'inflation à la cible en aidant l'économie à renouer avec sa capacité de production potentielle et le plein emploi.
La COVID-19 et les mesures prises pour la contenir sont un choc économique d'une envergure et d'une portée sans précédent pour notre économie. En date d'avril, plus de 3 millions de Canadiens avaient perdu leur emploi et 3,4 millions d'autres personnes travaillaient moins de la moitié de leur nombre d'heures habituelles.
Avec la levée des mesures de confinement qui a commencé dans certaines régions du pays, la croissance de l'emploi à l'échelle nationale a repris en mai. Cette croissance devrait s'accélérer à mesure que l'activité économique redémarrera, mais il reste beaucoup de chemin à parcourir et les emplois perdus ne seront pas tous regagnés. D'importants efforts budgétaires permettent au plus grand nombre possible de Canadiens de conserver leur lien d'emploi et aident les entreprises et les ménages au pays à traverser la crise. Ces efforts appuient la population en ce moment et serviront de tremplin pour relancer l'économie.
Dans notre plus récente annonce du taux directeur, nous disions nous attendre à ce que la croissance économique reprenne au troisième trimestre. Maintenant que le fonctionnement des marchés s'est amélioré et que le déconfinement est en cours, la Banque cherchera à favoriser la reprise de la croissance de la production et de l'emploi.
Dans le Rapport sur la politique monétaire de juillet, nous présenterons notre nouvelle évaluation des perspectives de production et d'inflation. Comme l'évolution de la pandémie est incertaine, je m'attends à ce que notre rapport prenne plus la forme d'un scénario que de prévisions. Le rapport fera également état des principaux risques.
[Français]
La politique monétaire va continuer de reposer sur notre régime de ciblage de l'inflation, même si l'indice des prix à la consommation n'est actuellement pas un bon indicateur de l'inflation pour de nombreux Canadiens.
Les habitudes d'achat et les prix ont changé radicalement pendant la pandémie. Le personnel de la Banque du Canada travaille avec Statistique Canada pour mieux comprendre les conséquences de ces changements quant aux habitudes d'achat.
[Traduction]
La Banque a agi de manière énergique en abaissant le taux directeur à sa valeur plancher de 0,25 %. Nous avons aussi commencé à faire des achats massifs d'actifs. Notre bilan nous sert donc d'outil pour favoriser le bon fonctionnement des principaux marchés de financement et fournir un assouplissement monétaire qui soutient la reprise économique. Nous nous sommes engagés à continuer nos achats d'obligations du gouvernement du Canada jusqu'à ce que la reprise soit bien entamée. Toute nouvelle mesure de politique viserait à fournir le degré de détente monétaire requis pour atteindre la cible d'inflation.
Pour conclure, permettez-moi de parler un peu des activités de la Banque.
En ce moment, la grande majorité des employés travaillent de chez eux, ce qui montre bien la souplesse et la résilience des systèmes de la Banque et de son personnel. Seuls quelques employés essentiels sont sur place, dont des opérateurs et des collègues chargés de la sécurité, des technologies de l'information et des opérations bancaires au siège, et des membres du personnel du site de relève de Calgary et des centres régionaux des opérations. Les employés de la Banque sont donc bien présents pour les Canadiens et continueront à l'être, j'en suis convaincu.
À la Banque, nous avons depuis longtemps l'habitude de rendre des comptes et d'être transparents, mais nous sommes déterminés à faire encore mieux. Nous poursuivrons sur la même lancée pour certains aspects. D'abord, nous sommes conscients du fait que tous les Canadiens ont le droit de comprendre ce que fait leur banque centrale, et pourquoi. C'est encore plus important au moment où nous prenons des mesures sans précédent. Nous communiquerons avec transparence les résultats de nos programmes d'achat de titres. Nous continuerons aussi à privilégier un langage simple pour aider les Canadiens intéressés à mieux comprendre nos opérations.
[Français]
Ensuite, nous avons intensifié nos efforts pour mobiliser un large éventail de parties prenantes qui ne se limite pas à nos partenaires habituels.
Nous cherchons à communiquer directement avec la population. L’objectif est de l’informer de nos initiatives et de la mobiliser pour mieux lui faire connaître ce que nous faisons et pour établir des liens de confiance.
Certaines initiatives qui visent à familiariser les Canadiens avec nos activités et à les faire participer sont prévues ou déjà en cours. Entre autres, nous lancerons une campagne en ligne pour solliciter la participation du grand public au renouvellement de notre régime de ciblage de l’inflation en 2021.
De plus, nous venons de terminer une campagne invitant les gens à soumettre le nom d’une personnalité canadienne qui mériterait de figurer sur le prochain billet de cinq dollars.
[Traduction]
Je m'arrête là, monsieur le président.
:
Absolument, monsieur le gouverneur.
Merci, monsieur le président.
Nous avons un programme de travail assez exhaustif qui, comme vous l’avez suggéré, vise à servir de complément au travail que font les gouvernements, mais aussi le secteur privé, dans les domaines auxquels vous pourriez penser. Les risques physiques sont ceux qui sont le plus palpables pour les gens, car quand ils les vivent, ces risques influent sur leur vie quotidienne, mais il est clairement important pour nous de comprendre ces risques, y compris l’exposition des institutions financières aux risques physiques et aux perturbations de l’activité économique dont nous avons été témoins.
Nous travaillons aussi au risque associé à la transition. La transition vers une économie à faibles émissions de carbone peut changer la valeur relative du prix des biens. Elle pourrait changer les secteurs qui s’en tirent mieux que les autres, ce qui peut présenter des risques pour le système financier que nous devons comprendre et auxquels nous devons nous préparer. C’est une occasion parfaite pour nous, qui ne sommes pas un organisme de réglementation des banques, de travailler avec le Bureau du surintendant des institutions financières et nos partenaires du secteur privé à essayer de comprendre comment obtenir les données adéquates et procéder à l’analyse adéquate afin d’y être préparés.
Ensuite, bien sûr, il faut comprendre les changements à la macroéconomie. Nous avons tendance à penser à ces risques ou à la transition comme à des concepts unilatéraux et à la baisse, alors que, dans les faits, les possibilités sont nombreuses. À titre d’exemple, les agriculteurs peuvent investir dans les mégadonnées. Ils le font pour améliorer le rendement de leurs cultures tout en réduisant leur consommation de carburant.
Ces types de changements à la macroéconomie influent sur le fonctionnement potentiel de la politique monétaire et sur les secteurs dans lesquels se trouveront les emplois. Encore une fois, nous devons travailler avec nos homologues pour aussi comprendre ces questions.
Enfin, nous avons notre propre travail à faire avec notre propre entreprise pour nous assurer de prendre les mesures nécessaires afin de laisser une empreinte carbone qui nous satisfasse. Nous sommes résolus à y veiller, en plus de faire preuve de la transparence voulue au fil du temps.
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J’espère avoir du temps supplémentaire.
Monsieur Macklem et madame Wilkins, merci beaucoup de vous être joints à nous aujourd’hui. Nous espérons que vos familles se portent bien et sont en sécurité.
Félicitations, monsieur Macklem. C’est bon de vous recevoir pour votre première visite dans votre nouveau rôle financier. Il est clair que nous allons le faire régulièrement. Nous nous en réjouissons.
L’affirmation que vous avez faite plus tôt, selon laquelle le plus grand risque pour les Canadiens « est de ne pas avoir d’emploi » est importante parce que nous sommes dans une situation où, du moins sur le terrain, la question des liquidités est un problème de taille. Je peux vous dire que c’est le cas vu de New Westminster—Burnaby, en Colombie-Britannique.
Selon vous, quelle est la somme totale des soutiens au secteur bancaire qui provient de la Banque du Canada?
Deuxièmement, nous avons posé la même question aux représentants du Bureau du surintendant des institutions financières il y a deux semaines, et ils nous ont donné un montant de 750 milliards de dollars de soutiens globaux au secteur bancaire, en particulier aux grandes banques canadiennes, par l’intermédiaire du Programme d’achat de prêts hypothécaires assurés, de la Banque du Canada et du Bureau du surintendant des institutions financières même. Cependant, lorsqu’on regarde les autres pays qui ont offert des soutiens au secteur bancaire, ceux-ci ont été conditionnels. La banque ou l’organisme de réglementation financière — je pense à la Banque d’Angleterre — ont interdit, notamment, le paiement de dividendes, les primes aux gestionnaires ou le rachat d’actions.
Pourquoi la somme considérable d’aide versée au secteur bancaire n’est-elle assortie d’aucune condition, et que pensez-vous de la contribution de la Banque du Canada aux grandes banques canadiennes et au secteur bancaire en général depuis le début de la pandémie?
:
La sous-gouverneure Wilkins et moi ne sommes pas ici pour défendre les banques, mais permettez-moi seulement de formuler quelques observations à cet égard.
Tout d'abord, comme l'a souligné la première sous-gouverneure, le BSIF réglemente les banques, et il a imposé certaines restrictions. Les banques ne peuvent pas hausser les dividendes, et elles ne peuvent pas augmenter les rachats d'actions. Nous ne sommes pas aux États-Unis ni au Royaume-Uni. Le BSIF impose des restrictions qui sont appropriées pour le Canada.
En ce qui concerne la réaction des banques, il convient de souligner que la crise actuelle est très différente de celle que nous avons vécue en 2008 et 2009, laquelle était de nature financière. Les banques, en particulier aux États-Unis et en Europe, ont été au cœur de cette crise. Il y a eu un énorme resserrement du crédit, et c'est ce qui a provoqué la récession. Au cours des 12 dernières années qui ont suivi la crise financière, le système financier a fait l'objet d'un énorme effort de réforme. Des centaines de milliards de dollars de capitaux supplémentaires ont été accumulés et, en conséquence, les liquidités sont beaucoup plus fortes et l'effet de levier, beaucoup plus faible. Cela permet au système financier de faire maintenant partie de la solution plutôt que du problème.
Je reconnais que tout le monde n'a pas l'impression d'avoir été bien traité. Les gens ne sont pas satisfaits des coûts, et ils ont trouvé la négociation avec leur banque désagréable, mais les banques canadiennes ont reporté 700 000 prêts hypothécaires, et elles ont considérablement haussé le crédit offert aux entreprises. La croissance des prêts aux entreprises s'élève à environ 30 %. La croissance des prêts aux ménages est en baisse, ce qui illustre vraiment ce dont je parlais tout à l'heure. Le gouvernement a remplacé les revenus que les ménages ont perdus. L'épargne des ménages est en hausse. Ils n'achètent pas autant d'articles que d'habitude, et certainement pas d'articles coûteux, donc la croissance de leur crédit a ralenti. Toutefois, les banques ont considérablement augmenté leurs prêts aux entreprises afin de les aider à traverser cette période.
Pour sa part, la Banque du Canada a fait baisser le coût de ces prêts aux entreprises, en abaissant son taux directeur et en se lançant dans des achats d'actifs à grande échelle qui ont fait baisser les rendements sur la courbe. Les taux d'intérêt des prêts aux entreprises ont diminué en moyenne d'environ 140 points de base.
La situation n'est pas parfaite, mais les banques apportent une partie de la solution.
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Monsieur le président, membres du Comité, bonsoir.
Je vous remercie de me donner la possibilité de présenter le Budget principal des dépenses 2020-2021 au nom du ministère des Finances du Canada. Je suis accompagnée aujourd'hui de fonctionnaires qui m'aideront à vous donner une perspective plus approfondie des raisons et des politiques qui appuient les chiffres figurant dans notre budget des dépenses.
[Traduction]
Comme vous le savez, le ministère des Finances élabore des politiques et offre des conseils au gouvernement dans le but de créer une économie saine pour tous les Canadiens. En 2020-2021, le ministère des Finances continuera d'appuyer le et la dans l'exécution d'un plan financier responsable afin de poursuivre les investissements dans les personnes et dans tout ce qui peut leur assurer une meilleure qualité de vie, toujours avec pour objectif de renforcer la confiance envers l'économie canadienne.
Le Budget principal des dépenses de 2020-2021 prévoit des dépenses budgétaires ministérielles de 99,5 milliards de dollars et des dépenses non budgétaires de 50,2 millions de dollars. Cela comprend 105,5 millions de dollars en dépenses budgétaires votées, 99,4 milliards de dollars en dépenses législatives budgétaires et 50,2 millions de dollars en dépenses législatives non budgétaires.
En comparaison avec celui de 2019-2020, le présent Budget principal des dépenses représente une augmentation nette de 4,7 millions de dollars en dépenses budgétaires votées, principalement en raison de l'activité accrue visant à renforcer la capacité analytique du ministère aux fins de la gestion des actifs du gouvernement, y compris la Trans Mountain Corporation, ainsi que d'une augmentation des paiements associés aux négociations collectives.
Les dépenses législatives ne sont pas comprises dans le projet de loi de crédits, puisqu'elles ont déjà été approuvées par le Parlement au moyen d'une loi habilitante. Elles sont toutefois incluses à titre d'information dans les documents du Budget principal des dépenses. Les dépenses législatives budgétaires représentent une augmentation nette de 500 millions de dollars par rapport au Budget principal des dépenses précédent, principalement en raison des hausses dans les transferts majeurs destinés aux autres ordres de gouvernement. Cette augmentation nette est compensée par des réductions des frais d'intérêt relatifs à la dette non échue et autres frais d'intérêt. Les dépenses législatives non budgétaires comprises dans ce Budget principal des dépenses correspondent au quatrième des cinq versements égaux du Canada à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures.
Monsieur le président, c'est ainsi que se termine mon aperçu général du Budget principal des dépenses pour le ministère des Finances. C'est avec plaisir que mes collègues et moi-même répondrons à toutes les questions que les membres du Comité pourraient avoir.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais souligner que la motion proposée par les conservateurs il y a quelques semaines, et qui n'a pas fait l'objet d'un vote au Parlement, ne nous aurait donné que trois heures et demie pour discuter du Budget principal des dépenses demain soir. En fait, nous aurons plus de temps grâce à la motion du NPD que nous en aurions eu avec la motion des conservateurs. Je pense qu'il est important de le souligner.
Je remercie chaleureusement nos témoins d'être ici aujourd'hui. Nous vous sommes très reconnaissants du temps que vous nous accordez. Nous espérons que vos familles sont en sécurité et en bonne santé.
Pour commencer, j'aimerais poser deux questions aux représentants du ministère des Finances.
Tout d'abord, prévoit-on des radiations de prêts aux entreprises pour cette année? En 2018, le gouvernement fédéral a radié environ 2,6 milliards de dollars de prêts aux entreprises. Plus tôt dans cet exercice, c'est-à-dire celui de 2019-2020, il a radié 196 millions de dollars. Nous ne savons toujours pas quelle entreprise a profité de cet avantage.
La deuxième question concerne le montant, c'est-à-dire le poste budgétaire du Budget principal des dépenses qui vise la gestion des actifs du gouvernement, y compris le pipeline Trans Mountain. En effet, nous perdons 150 millions de dollars par année avec Trans Mountain. Le ministère des Finances a-t-il estimé les coûts de construction?
Ces coûts ont-ils été mis à jour? La dernière mise à jour que nous avons reçue de l'entreprise est désuète. En effet, les coûts ont grimpé en flèche depuis ce temps-là.
Le ministère des Finances a-t-il estimé les coûts qu'entraînerait l'annulation du projet? Si nous annulions ce projet maintenant, combien d'argent les Canadiens pourraient-ils épargner?
Ce sont mes premières questions.
Je vous remercie d'être ici.
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Merci, monsieur le président.
Bonsoir. Je vous remercie de me donner l'occasion de présenter au Comité le Budget principal des dépenses de 2020-2021 de l'Agence du revenu du Canada et de répondre aux questions que vous pourriez avoir sur le financement qui y est associé.
Si je comprends bien, une copie de mon discours dans les deux langues officielles a été remise au greffier. Afin de respecter l'emploi du temps des membres du Comité et d'éviter les problèmes technologiques, je prononcerai mon discours dans l'une des langues officielles, et je serai disposée à répondre aux questions dans l'une ou l'autre des langues officielles.
Je vous présente mes collègues: Frank Vermaeten, sous-commissaire de la Direction générale de cotisation, de prestation et de service; Geoff Trueman, sous-commissaire de la Direction générale de la politique législative et des affaires réglementaires; et Ted Gallivan, sous-commissaire de la Direction générale des programmes d'observation.
Comme vous le savez, l'Agence est responsable d'administrer les programmes fiscaux fédéraux et certains programmes fiscaux provinciaux et territoriaux, ainsi que d'appliquer un certain nombre de programmes de prestations. Chaque année, l'Agence perçoit des centaines de milliards de dollars en recettes fiscales pour le compte du gouvernement du Canada, et elle distribue dans un délai raisonnable des versements de prestations exacts à des millions de Canadiens.
Il convient de noter que le Budget principal de 2020-2021 de l'Agence ne tient pas compte des ressources supplémentaires requises pour les versements ou les frais administratifs encourus à l'appui des mesures du gouvernement du Canada visant à soutenir les Canadiens et les entreprises qui rencontrent des difficultés en raison de la pandémie mondiale de la COVID-19. Comme vous le savez, ces mesures comprennent la Prestation canadienne d'urgence, la Subvention salariale d'urgence du Canada et la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, pour ne nommer que ceux-là. Le financement des coûts liés aux paiements de la prestation d'urgence sera obtenu grâce aux autorisations législatives accordées par Emploi et Développement social Canada, tandis que les frais administratifs seront réclamés séparément par l'Agence au cours des prochains mois. Notre priorité consiste à appliquer ces mesures le plus rapidement possible.
Entretemps, afin de réaliser son mandat en 2021, l'Agence demande un total de 7,9 milliards de dollars par l'entremise de ce Budget principal des dépenses. De ce montant, la somme de 3,5 milliards de dollars nécessite l'accord du Parlement, tandis que les 4,4 milliards de dollars restants représentent des prévisions législatives qui sont déjà accordées selon des mesures législatives distinctes. Parmi ces autorisations législatives, notons le paiement de l'incitatif à agir pour le climat, les versements d'allocations spéciales pour les enfants, les coûts liés aux régimes d'avantages sociaux des employés et les dépenses des recettes perçues en application de l'article 60 de la Loi sur l'Agence du revenu du Canada pour les activités administrées au nom des provinces et d'autres ministères.
Le Budget principal des dépenses de 2020-2021 représente une augmentation nette de 3,4 milliards de dollars comparativement aux autorisations du Budget principal des dépenses de 2019-2020. La quasi-totalité de cette augmentation est liée aux prévisions législatives pour les paiements de 3,4 milliards de dollars de l'incitatif à agir pour le climat, au moyen duquel est versé la majeure partie des produits directs de la redevance fédérale sur les combustibles aux particuliers et familles qui y ont droit, et qui vivent dans une province ne répondant pas à la norme fédérale pancanadienne de réduction de la pollution par le carbone. L'Agence est chargée d'administrer le volet de la redevance sur les combustibles de la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre, qui comprend les paiements de l'incitatif à agir pour le climat.
Sans compter le paiement législatif de l'incitatif à agir pour le climat, le Budget principal des dépenses de 2020-2021 de l'Agence représente une augmentation nette d'environ 33 millions de dollars, ou 0,7 % par rapport au Budget principal des dépenses de 2019-2020. La composante la plus importante de ce changement est une augmentation de 69 millions de dollars pour les rajustements accordés dans le cadre de négociations collectives pour quelque 12 000 employés représentés par l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada.
Les autres augmentations du budget de l'Agence incluent notamment un réajustement de 24 millions de dollars aux paiements législatifs prévus à la Loi sur les allocations spéciales pour enfants destinés aux enfants y ayant droit, qui sont à la charge d'organismes et de parents nourriciers. Ces paiements sont équivalents à ceux de l'Allocation canadienne pour enfants versés aux parents biologiques ou adoptifs. Il y a également 27 millions de dollars en financement supplémentaire, qui ont été annoncés dans les budgets précédents, pour les mesures visant à améliorer le respect de la loi. Grâce à d'importants investissements réalisés au cours des dernières années, l'Agence a élargi ses outils et sa capacité à cibler les clients qui tentent de dissimuler leurs biens afin d'éviter de payer leur part d'impôt.
Pour vous donner une idée du type de programmes appuyés par ce financement, permettez-moi d'aborder certains détails. Pour lutter davantage contre l'évasion fiscale et l'évitement fiscal abusif, l'Agence a embauché des vérificateurs supplémentaires, mené des activités de visibilité et d'éducation et acquis une expertise technique pour cibler le non-respect de la loi associé aux transactions de cryptomonnaie et à l'économie numérique. Les ressources pour la vérification à l'étranger ont été multipliées, contribuant ainsi à protéger l'équité et l'intégrité du système fiscal en veillant à ce que les particuliers fortunés et les sociétés ne contournent pas leurs obligations fiscales.
Des outils et des systèmes améliorés de technologie de l'information jumelés à une coopération internationale plus étroite permettent à l'Agence de se concentrer sur les contribuables qui présentent les risques les plus élevés. Bien que les efforts dans ce domaine ont été touchés par la crise de la COVID-19, la préparation de la reprise complète des activités de cet important travail est en cours.
Ces augmentations sont compensées en partie par: un rajustement de 49 millions de dollars associé à des changements dans le profil de financement de diverses mesures annoncées dans les budgets fédéraux précédents; une réduction de 25 millions de dollars en cotisations législatives aux régimes d'avantages sociaux des employés et en prévision des recettes liées au recouvrement des coûts pour les initiatives administrées au nom des provinces et d'autres ministères; et 13 millions de dollars de transferts avec d'autres ministères, y compris un rajustement lié aux frais de service de gestion des locaux et des biens immobiliers fournis par Services publics et Approvisionnement Canada.
Pour conclure, l'Agence écoute les Canadiens, change sa façon de faire et améliore ses services. Les ressources visées par ce budget permettront à l'Agence de poursuivre la réalisation de son mandat envers les Canadiens en simplifiant la tâche à la grande majorité des contribuables qui souhaitent payer leurs impôts et en compliquant le processus pour la faible minorité des contribuables qui s'abstiennent de le faire. Ces ressources permettront également de faire en sorte que les Canadiens aient facilement accès aux renseignements sur les impôts ou les prestations dont ils ont besoin.
Nous serons maintenant heureux de répondre à vos questions.