Bienvenue à la 36e réunion du Comité permanent des finances de la Chambre des communes, et bienvenue à notre premier groupe de témoins.
Conformément à l'ordre de renvoi de la Chambre, nous nous réunissons pour examiner la réponse du gouvernement à la pandémie de la COVID-19.
La réunion se déroulera par vidéoconférence et le procès-verbal sera publié au site Web de la Chambre des communes.
Les membres du Comité ont eu beaucoup de lecture avant la réunion. Tout d'abord, nous avons lu le rapport sur la COVID-19, de plus en plus long d'une semaine à l'autre, puis le Rapport de l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada.
Le Comité est heureux d'accueillir deux représentants de l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada, ou OIRPC: M. Mark Machin, président et chef de la direction et M. Michel Leduc, directeur général principal et chef mondial des Affaires publiques et des communications.
Monsieur Machin, je vous souhaite la bienvenue et je vous remercie d'être des nôtres. Nous vous écoutons.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
J’aimerais d’abord remercier les membres du Parlement pour leur dévouement envers le service public dans ce contexte de pandémie de COVID-19. J’ai conscience que beaucoup de vos électeurs traversent des moments difficiles. Votre rôle de représentants élus revêt d’autant plus d’importance pendant une crise de cette envergure.
Je suis Mark Machin, président et chef de la direction d’Investissements RPC. Je me trouve encore une fois en compagnie de mon collègue, Michel Leduc, notre directeur général principal et chef mondial, Affaires publiques et communications.
[Français]
Ceci est notre quatrième comparution devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes.
Je suis content de voir quelques visages familiers, et il me tarde de rencontrer les nouveaux membres du Comité. Je suis déçu que nous ne puissions pas nous rencontrer en personne cette année, mais je suis tout de même content que nous puissions le faire virtuellement.
[Traduction]
La mission d’Investissements RPC, soit assurer une base financière solide aux Canadiens à la retraite, est de la plus haute importance. Pour accomplir cette mission, nous investissons l’actif de la Caisse du RPC avec un objectif clair: maximiser le taux de rendement tout en évitant les risques de perte indus et en tenant compte des facteurs susceptibles d’avoir une incidence sur la capitalisation du régime.
Nous sommes régis par une loi fédérale — la Loi sur l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada, ou la Loi sur l’OIRPC. Cette loi a été adoptée par le Parlement en 1997, et les décisions prises par les décideurs politiques de l’époque nous ont permis de devenir l’organisation que nous sommes aujourd’hui. Comme il est énoncé dans la Loi sur l’OIRPC, les actifs de la Caisse sont gérés dans l’intérêt des cotisants et des bénéficiaires canadiens qui cotisent au RPC. Ces actifs sont strictement distincts des fonds publics, ils sont garantis et ils sont gérés par des professionnels exclusivement pour verser aux cotisants les prestations acquises.
Investissements RPC exerce ses activités sans lien de dépendance avec les gouvernements fédéral et provinciaux et est guidé par un conseil d’administration professionnel indépendant hautement qualifié. Les membres de la direction de l’OIRPC ne relèvent pas des gouvernements, mais bien du conseil d’administration. Toute modification de la Loi sur l’OIRPC requiert le consentement d’au moins deux tiers des provinces qui participent au RPC, représentant les deux tiers de la population. Investissements RPC croit fermement en la valeur de son obligation publique de rendre des comptes et de sa transparence. La loi qui régit nos activités nous assujettit à des obligations rigoureuses de rendre des comptes. Cela dit, nous surpassons également les exigences prescrites par la Loi sur l'OIRPC et faisons tous les efforts possibles pour nous assurer que notre gérant fédéral, nos gérants provinciaux et les Canadiens soient au courant de nos activités.
Notre approche pour atteindre les objectifs de placement de la caisse est axée sur un double mandat. Elle vise à produire un rendement total à long terme de la caisse qui permettra de soutenir au mieux le RPC et de verser des prestations de retraite tout en produisant des rendements supérieurs à ceux à ce que nous obtiendrions au moyen d’une stratégie de placement passive à faible coût.
Pour réussir sur des marchés financiers mondiaux où la concurrence est féroce, l’investisseur doit disposer de ses avantages comparatifs et en faire bon usage. La nature durable de la Caisse, notre gouvernance, nos talents, notre culture et nos choix stratégiques favorisent notre compétitivité à l’échelle mondiale. Notre stratégie de placement vise à créer un portefeuille équilibré hautement diversifié qui optimisera le rendement à long terme en évitant les risques de perte indus. Nous investissons, à l’échelle mondiale, dans des actions de sociétés ouvertes, des actions de sociétés fermées, des obligations, des titres de créance de sociétés fermées, des biens immobiliers, des infrastructures ainsi que dans d’autres secteurs.
Aujourd’hui, plus de 20 ans après avoir obtenu nos premières entrées nettes à investir de 12 millions de dollars provenant des cotisations, la Caisse s’élève à plus de 400 milliards de dollars et figure parmi les plus importantes caisses de retraite du monde. Notre structure de gouvernance et la clarté de notre mandat sont reconnues à travers le monde comme un modèle à suivre en matière de gestion des régimes de retraite nationaux pour les autres pays.
Les derniers mois ont été difficiles. Les répercussions sanitaires et sociales de la pandémie de COVID-19 ont bouleversé la vie personnelle et professionnelle des Canadiens et de milliards de personnes dans le monde. La pandémie de COVID-19 a chamboulé l’économie mondiale et les marchés financiers. La volatilité a atteint des niveaux quasi historiques à plusieurs reprises. Le Dow Jones a traversé le premier trimestre le plus difficile de ses 135 ans d’histoire, inscrivant une baisse de 23 %. Le principal marché boursier du Canada a subi sa plus forte contraction en huit décennies. Le dollar canadien a sombré pour atteindre des creux pluriannuels. Tous ces événements se sont produits au cours des dernières semaines de notre exercice.
Pour les investisseurs institutionnels, ces conditions de marché mettront à l’épreuve tant leurs compétences en matière de placement que leur capacité organisationnelle. Si la prévention des pertes ne reçoit pas autant d’attention que des rendements solides, elle est pourtant tout aussi importante.
Même si les effets précis de la pandémie de COVID-19 étaient quelque chose que peu d’entre nous auraient pu prévoir, nous pouvions nous préparer à un événement mondial provoquant des turbulences sur les marchés. Heureusement, c’est ce que nous avons fait. « Incertitude radicale » est une expression appropriée dans le contexte des répercussions de cette pandémie mondiale. Toutefois, notre portefeuille de placement est conçu pour résister à toute une gamme de conditions économiques, y compris à un climat d’incertitude prononcée, voire radicale. Lorsqu’elle est planifiée et mise en œuvre efficacement dans le cadre d’une gestion active, la diversification est le bouclier le plus puissant pour renforcer la résistance financière. L’exécution de notre stratégie a permis de faire de la Caisse un refuge sûr.
D’un point de vue opérationnel, la préparation est la pierre angulaire d’une réponse efficace face à la crise. Ces dernières années, nous avons amélioré notre état de préparation en élaborant des plans d’intervention en cas de crise financière et de pandémie ainsi qu’un plan de continuité des activités. Ces plans, bien que nécessaires, étaient insuffisants. Nous avions mené une série d’exercices réalistes pour mettre nos plans à l’épreuve. Nous avions renforcé notre cadre de gestion des risques, les processus d’évaluation des actifs, ainsi que nos capacités numériques et en matière de technologie de l’information.
Cette vision prospective s’est avérée précieuse. Une fois que la COVID-19 a commencé à se propager, nous avons pu agir rapidement. En quelques jours seulement, nous sommes passés de 9 bureaux à 1 800 bureaux à domicile. Notre conseil d’administration, notre équipe de la haute direction, nos services de placement et nos services internes ont uni leurs forces pour que la Caisse puisse traverser cette crise et protéger l’un des principaux piliers du système de sécurité de la retraite du Canada.
Grâce à ces efforts, j’ai le privilège de pouvoir annoncer aux Canadiens et à ce comité que la Caisse du RPC est en bonne posture. Permettez-moi de vous fournir plus de détails.
Nous avons commencé l’exercice avec un montant de 392 milliards de dollars et avons ajouté à cet actif 12,1 milliards de dollars de revenus nets, déduction faite de tous les coûts, et 5,5 milliards de dollars de cotisations nettes. Malgré les conditions dévastatrices du marché au quatrième trimestre, cela représente un rendement annuel net de 3,1 %, déduction faite de tous les coûts. Ce résultat est en recul par rapport au rendement de 12,6 % que nous avons inscrit pour l’année civile 2019. Cette baisse atteste des répercussions des dernières semaines de notre quatrième trimestre sur notre rendement au 31 mars 2020. Pour ce qui est de l’exercice financier, nous avons été confrontés à une période de 90 jours extrêmement difficile, alors que nous avions enregistré de bons résultats au quatrième trimestre de l’exercice 2019 dans la foulée d’une année solide.
Ces données sont quelque peu artificielles puisque, d’une part, nous ne planifions pas, ne mettons pas en œuvre et n’investissons pas sur un horizon de 90 jours et, d’autre part, les prestations du RPC ne sont pas calculées par trimestre. À titre de gestionnaire d’une caisse disposant d’un horizon de placement exceptionnellement long, le rendement à long terme est ce qui importe le plus et ce qui permet de verser des prestations de retraite aujourd’hui comme demain. J’aborderai la thématique des mesures pertinentes dans quelques instants.
Si la crise de la COVID-19 a pesé sur nos rendements récents, notre stratégie a mis la Caisse à l’abri des pertes plus importantes subies par nos indices de référence. Ces indices de référence montrent les résultats qui auraient été atteints en ayant recours à une stratégie de placement passive. Pendant cet exercice, notre gestion active a produit une valeur ajoutée en dollars pour la Caisse de 23,5 milliards de dollars.
Au cours la dernière décennie, ce qui constitue une période bien plus pertinente, nous avons dégagé une valeur ajoutée en dollars de près de 57 milliards de dollars pour la Caisse. À la fin du mois écoulé, soit au 31 mai 2020, notre taux de rendement sur 10 ans atteignait 10,4 % et, au cours de la dernière décennie, nous avons généré un bénéfice de placement net de près de 250 milliards, déduction faite de tous les coûts.
En raison de la volatilité des marchés financiers récemment, certains de vos électeurs ont probablement exprimé des inquiétudes quant à leur épargne personnelle en vue de la retraite. Nous espérons que ces résultats les rassureront: le RPC, un pilier du système canadien de retraite, sera là pour eux à leur retraite. Je ne suis pas le seul à le dire. Tous les 3 ans, le Bureau de l’actuaire en chef effectue un examen indépendant de la viabilité du RPC pour les 75 prochaines années. Le dernier rapport actuariel du RPC a été publié en décembre 2019.
[Difficultés techniques]
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D'accord. Peut-être devrais-je remercier le Comité pour sa patience.
Je trouve important d'insister sur ce point. Vous n'êtes pas obligés de me croire sur parole lorsque je dis que le RPC est viable. Il vous suffit de consulter le rapport publié tous les trois ans par le Bureau de l'actuaire en chef sur son examen indépendant de la viabilité du RPC pour les 75 prochaines années. Le dernier rapport actuariel du RPC a été publié en décembre 2019. Il conclut que le RPC est viable sur une période de projection d’au moins 75 ans. Bien que ce rapport ait été produit avant la pandémie de la COVID-19, il tient compte de plusieurs facteurs, dont la volatilité des marchés financiers et l’évolution des tendances démographiques à long terme.
L’une des principales hypothèses du rapport est que le RPC de base dégagera un taux de rendement réel net annuel moyen de 3,95 % sur la période de 75 ans visée par le rapport. L’hypothèse correspondante pour le RPC supplémentaire, qui est basé sur un investissement plus prudent, est un taux de rendement réel net annuel moyen de 3,38 %. En date de cette année, notre taux de rendement réel annuel moyen sur une période de 10 ans est de 8,1 %.
L’examen a également révélé que le revenu de placement dans le compte du RPC de base a été 107 % plus élevé que prévu au cours des 3 années qui ont suivi l’examen précédent. Sur le total de 41 milliards de dollars de bénéfice excédentaire de l’actif de la Caisse, 39 milliards de dollars provenaient de revenus de placement plus élevés que prévu.
Je vais aborder un dernier thème. Comme nous avons eu un contretemps, je vais sauter une partie de mon allocution, mais je tiens à vous parler de notre vision par rapport aux facteurs environnementaux, sociaux et relatifs à la gouvernance, ou ESG.
Nous prenons en considération les facteurs ESG dans le cadre de l’ajustement du portefeuille pour atteindre ses objectifs à long terme, de l’évaluation des occasions de placement, de la compréhension et des discussions que nous avons avec les entreprises afin qu’elles améliorent leurs pratiques d’affaires et la communication de l’information. En étant des porteurs de parts engagés, nous pouvons améliorer le rendement à long terme des sociétés dans lesquelles nous investissons.
Les changements climatiques et le passage progressif à un environnement à faible teneur en carbone continueront également à faire évoluer le monde dans lequel nous vivons. Nous sommes engagés à occuper une place de chef de file parmi les propriétaires d’actifs au chapitre de la compréhension des occasions et des risques associés aux changements climatiques. Nos systèmes et nos processus ont été conçus afin de comprendre pleinement les risques et les occasions que présentent les changements climatiques, et nous continuons à les améliorer. Tous nos agissements en ce sens sont conformes aux dispositions en vigueur de la Loi sur l’OIRPC et nos objectifs de placement.
Cela conclut mon allocution. M. Leduc et moi, nous nous réjouissons à l’idée d’avoir la possibilité de discuter de la manière dont nous investissons les fonds qui nous sont confiés, ainsi que de notre rôle visant à nous assurer que le RPC demeure viable pour les générations futures.
Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
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C'est une bonne question.
Nous investissons en Chine pour deux grandes raisons. Premièrement, c'est un immense marché. Le marché financier chinois se classe au deuxième rang mondial, et il nous permet donc de diversifier notre portefeuille. Sous plusieurs aspects, le marché chinois ne ressemble à aucun autre dans le monde, et tout porte à croire que cette singularité ira grandissant.
Du point de vue de la composition du portefeuille, c'est un atout majeur. Quand d'autres grands marchés connaissent des perturbations, le marché chinois peut être épargné, et vice versa. La possibilité de diversification représente l'attrait le plus puissant du marché chinois. C'est la raison essentielle qui nous motive à maintenir notre présence dans ce marché qui, je le répète, est le deuxième plus grand dans le monde.
La seconde raison pour laquelle nous investissons en Chine tient à la génération d'alpha, ou ce que nous appelons le surpassement de l'indice. C'est un résultat très difficile à obtenir, mais les retombées sur le portefeuille sont extraordinaires. Il faut choisir les bonnes actions et éviter les mauvaises. Par exemple, il faut choisir Alibaba, plutôt que Luckin Coffee que certains d'entre vous ont peut-être vu plonger et être radiée de la bourse américaine récemment. C'est la même chose pour les biens immobiliers, les entreprises, les fonds. La valeur d'un bon choix est inestimable. Beaucoup de recherches ont montré le grand potentiel de génération d'alpha ou de valeur de ce marché, beaucoup plus que dans les marchés développés.
Ce sont les deux grandes raisons qui nous incitent à investir en Chine, avec beaucoup de succès jusqu'ici. Nos investissements en Chine ont augmenté de près de 10 % au cours de l'exercice, et ils ont connu un bon rendement. Là encore, pour ce qui est du rendement... En mars, le marché chinois est resté stable en grande partie, beaucoup plus que les marchés des États-Unis et de l'Amérique du Nord en général. Nous investissons en Chine pour ces raisons.
Par ailleurs, notre mandat comporte deux volets: optimiser les rendements en évitant les risques de perte indus. Il est primordial de bien évaluer les risques associés aux investissements dans un marché donné, pas seulement sur le plan de la sécurité pour les particuliers ou les entreprises, mais pour le marché dans sa globalité. Nous devons aussi prévoir comment ces risques pourraient évoluer. L'analyse des risques occupe une bonne partie de notre temps.
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Merci pour ces excellentes questions. Elles nous occupent sans cesse l'esprit.
C'est très intéressant. Pour certains éléments du portefeuille immobilier et du secteur immobilier dans son ensemble, la pandémie s'est révélée bénéfique de bien des façons. Par exemple, et j'hésite à en parler parce que j'ai été interrompu quand j'ai essayé de le faire auparavant, les centres de données et le secteur des services à large bande ont vraiment été avantagés. Le commerce électronique, les services de livraison, la logistique et tout ce qui touche à ces domaines ont été très avantagés. Ils sont en plein essor. À l'autre bout du spectre, il y a le secteur de l'hôtellerie et du tourisme d'accueil, de même que les centres commerciaux qui ont beaucoup souffert. Les immeubles de bureaux se situent au centre du spectre. Je vais y revenir.
Nous sommes très peu présents dans le secteur du tourisme d'accueil. Nous n'investissons pas dans les hôtels ni dans leurs actions. C'est un choix que nous avons fait de longue date pour notre stratégie de placement. Nous n'avons jamais été portés à investir dans le secteur du tourisme d'accueil.
Cependant, nous avons des placements dans des centres commerciaux au Canada, en Amérique du Nord, en Europe et ailleurs dans le monde, et la situation est loin d'être rose. Nous choisissons des partenaires solides, des mégacentres commerciaux plutôt que des petits centres. Cela dit, ce sera très difficile pour les centres commerciaux en Amérique du Nord s'ils doivent instaurer des mesures de distanciation physique, alors que la meilleure stratégie dans leur cas est toujours d'attirer le plus de clients possible.
Par ailleurs, du moins en Amérique du Nord, il y a beaucoup trop de centres commerciaux. Selon certaines estimations, leur nombre dépasserait de quatre fois les besoins aux États-Unis. Le déclin était donc inévitable. La pandémie a probablement précipité ce déclin parce que les consommateurs ont préféré acheter en ligne plutôt que dans un magasin. Il faut s'attendre à un changement plus rapide de la vocation des centres commerciaux, qui pourraient abriter des salles de spectacle ou des centres de divertissement.
La question des immeubles de bureaux est intéressante. Beaucoup de personnes brillantes débattent de leur avenir actuellement. Tant que les exigences de distanciation physique resteront en vigueur, il faudra des espaces plus grands pour accueillir tous les travailleurs. En revanche, le télétravail s'est révélé une solution acceptable et efficace pour la plupart des entreprises de l'industrie du savoir. Il est fort probable que la formule du télétravail est là pour de bon parce qu'elle réduit les déplacements et permet de travailler à distance et de n'importe où. Personnellement, j'espère que cette formule est là pour de bon, dans une certaine mesure.
Cela dit, il est impossible de prévoir les comportements humains après la pandémie. Globalement, quand nous avons traversé l'épisode beaucoup plus court du SRAS il y a quelques années, je crois que plusieurs membres du Comité s'en souviennent, il a beaucoup été question du travail à distance comme solution permanente. Cela ne s'est pas produit. Peut-être que les gens vont vouloir revenir au travail d'équipe, voir les autres, qu'ils auront envie d'une certaine proximité physique. Pour l'instant, personne n'a la réponse. Nous surveillons ces comportements de très près.
Je suis désolé, j'ai oublié de mentionner les infrastructures. Nous ne possédons aucun aéroport, mais ce n'est pas vraiment une stratégie. Je mentirais si je vous disais que nous avons fait le choix judicieux de ne pas acheter d'aéroports. La vérité est que nous n'avons pas réussi à en trouver un dont le prix nous semblait raisonnable. Ces 10 ou 12 dernières années, les offres que nous avons soumises pour des aéroports un peu partout dans le monde ont toujours été insuffisantes, et nous n'avons donc aucun aéroport dans notre portefeuille d'infrastructures.
Nous avons d'autres actifs dont je serai ravi de vous parler. La pandémie a eu des répercussions plus ou moins importantes sur certains de ces actifs.
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Nous verrons bien si d'autres occasions extraordinaires se présentent. Il y en a peut-être eu quelques-unes au pire de la crise, et je vous assure que nous en avons saisi quelques-unes au passage, notamment dans les marchés du crédit.
Pour ce qui concerne les tendances à long terme, ma réponse brève sera que nous assistons à l'accélération de tendances qui se dessinaient déjà, surtout en ligne, c'est-à-dire tout ce qui touche aux technologies financières, dont j'ai parlé dans ma réponse précédente. Les gens vont continuer d'effectuer leurs opérations bancaires et financières en ligne. Au début, ils n'avaient pas vraiment le choix, mais beaucoup s'y sont faits, surtout les personnes plus âgées, et ces habitudes vont probablement rester. Même chose pour la télémédecine. Ceux qui y ont eu recours ont vraiment aimé l'expérience et devraient continuer d'utiliser ce mode de consultation.
Pour ce qui est de l'enseignement en ligne, je dirais que les points de vue sont partagés. Selon ce que nous avons pu constater dans les pays orientaux comme l'Inde, ou en Asie en général, l'expérience de l'enseignement en ligne a été très positive. Les Occidentaux, autant en Europe qu'en Amérique du Nord, ont trouvé l'expérience beaucoup moins satisfaisante et pas vraiment agréable. Nous cherchons à savoir pourquoi. D'aucuns pensent que les applications sont nettement plus perfectionnées dans les pays orientaux, où les entreprises ont rivalisé de créativité pour offrir une expérience en ligne qui favorise vraiment la participation des étudiants et qui est adaptée à leurs besoins. À l'inverse, les étudiants occidentaux ont généralement eu droit à des cours donnés en ligne par des enseignants traditionnels qui font de leur mieux, mais ce n'est apparemment pas suffisant.
Beaucoup de tendances de ce genre ont émergé et nous essayons d'en faire l'analyse pour avoir une longueur d'avance. Par exemple, une autre tendance qui devrait se manifester à plus long terme est liée aux véhicules autonomes. Je crois que nous aurions été nombreux à opter pour un véhicule autonome qui nous aurait permis de nous déplacer sans avoir peur de nous retrouver à côté d'une autre paire de poumons. C'est un domaine dans lequel nous allons certainement rester présents. Nous y avons déjà quelques investissements.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord vous informer que je prendrai le premier tour de parole, et mon collègue M. Barsalou-Duval prendra le deuxième tour. Ce sera la même chose pour le prochain bloc de questions.
Bonjour, messieurs Machin et Leduc. Je vous remercie de votre présence.
Monsieur Machin, je vous remercie de votre présentation. Les réponses à nos questions sont bienvenues et très éclairantes.
On voit que les marchés financiers sont très volatils depuis le début de la pandémie. C'est très inquiétant. J'aimerais avoir votre analyse de la conjoncture quant aux liens entre la pandémie et ce qui se passe sur les marchés financiers actuellement. Je voudrais également connaître vos prévisions pour les prochains mois.
J'aimerais aussi vous amener vers un aspect plus précis. Les gouvernements des pays riches, en réponse aux effets de la COVID-19, ont pris des mesures de soutien au revenu importantes. Il en va de même pour les banques centrales, ce qui a mené à une injection importante de liquidités. Or, j'ai l'impression qu'une grande partie de ces liquidités, c'est-à-dire cet argent frais, n'a pas servi à soutenir la demande, que ce soit en dépenses en consommation ou en investissement. À terme, ces liquidités risquent de se retrouver sur les marchés financiers, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix des actifs, que je qualifierais d'artificielle. À l'échelle mondiale, cela pourrait même présenter un risque de bulle financière.
Quelle est votre analyse de la situation et quelles mesures prenez-vous à cet égard?
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Merci pour cette excellente question. C'est un sujet auquel nous serons souvent confrontés.
Je vais donner une réponse courte au premier volet de la question parce que je ne veux pas faire de prévisions sur les marchés financiers. Je peux vous donner des prévisions économiques, du moins des prévisions fondées sur les analyses de notre équipe d'économistes. La conjoncture est plutôt sombre.
Nous espérons que ces prévisions négatives seront revues à la hausse. Pour le moment, nous constatons que le Canada fait face à une grave récession et qu'il enregistrera une croissance négative de plus de 7 % cette année. Nous espérons qu'elle rebondira et atteindra 8 % l'an prochain. La situation est la même aux États-Unis, où le taux de croissance négatif dépasse 6 % cette année. On observe aussi une croissance négative de 3,8 % à l'échelle mondiale.
La reprise sera difficile. Selon les prévisions concernant l'économie mondiale, il faudra attendre la seconde moitié de 2022 pour retrouver les niveaux de production d'avant la COVID. C'est ce que nous prévoyons pour l'instant. Nous suivons la situation de très près, notamment les prévisions de l'emploi. Nous espérons que les nouvelles seront un peu plus encourageantes du côté de la mise au point d'un vaccin, mais pour l'instant, c'est ce que nous prévoyons.
Pour ce qui est de votre question sur les prix des actifs et les fluctuations dues aux plans de relance, je suis certain qu'à court terme, beaucoup de gens en profitent. Des mesures de stimulation très énergiques ont été mises en œuvre partout dans le monde, tant sur les plans financier que monétaire, et la plupart ont eu des retombées. Même si la situation n'est pas au meilleur aujourd'hui, la plupart de ces mesures ont permis de réinjecter des liquidités dans les marchés et de rétablir la confiance.
Vous avez raison de penser que les prix des actifs risquent d'exploser. Nous avons déjà été témoins d'une hausse très surprenante et très rapide sur les marchés boursiers, jusqu'à ce matin. Dans beaucoup de marchés, les actifs immobiliers ont reculé un peu, mais pas énormément. En tant que propriétaires, c'est encourageant, mais nous surveillons la situation de près. Nous voulons nous assurer que notre portefeuille continue de rapporter, peu importe comment la situation évolue, les nouveaux risques ou ce qui se passe.
Nous faisons régulièrement des essais sous contrainte pour savoir comment se comporterait notre portefeuille si une autre crise financière mondiale frappe demain. Qu'arrivera-t-il si une crise pire que celle que nous vivons actuellement éclate demain? Personne ne le souhaite, mais il nous incombe de comprendre les conséquences et d'assurer la sécurité de notre portefeuille pendant ce genre de crise.
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Ma réponse sera en deux volets. Le premier concernera la structure de notre mandat, et le second nos investissements dans la transition énergétique.
Tout d'abord, je crois que le pays a tiré profit de la simplicité du mandat établi par la Loi sur l'OIRPC en 1997, qui consiste à optimiser les rendements et à éviter les risques de perte indus. Au fil des années, il a été demandé à des équipes de gestion et à un conseil d'administration formés de professionnels de déterminer comment réaliser ce mandat.
Notre travail est de constituer le meilleur portefeuille possible, avec des actifs canadiens ou étrangers, pour réaliser cet objectif. C'est loin d'être facile. Ce n'est pas facile de gérer de l'argent. C'est un univers hautement concurrentiel. La clarté de l'objectif a eu le mérite de simplifier un peu son exécution et il s'est avéré très efficace. Nous restons toujours concentrés sur l'accroissement de la valeur du fonds. C'est notre principal objectif, celui qui guide toutes nos activités.
À ce grand objectif se greffent d'autres subtilités et objectifs qui complexifient beaucoup notre travail. De toute évidence, nous devons faire des compromis et de concessions. Le pays et toutes les personnes qui ont participé à la conception du fonds ont fait montre d'une grande perspicacité en 1997. Il a vraiment fait ses preuves au fil des années et il fait l'envie du monde entier parce que les objectifs fixés sont simples et directs.
Tout cela étant dit, nous sommes très conscients que les changements climatiques sont réels et que les risques sont énormes. Depuis 12 ans, nous mettons beaucoup d'énergie à essayer de comprendre ces risques, mais c'est tout un défi. Ce n'est vraiment pas facile. Chaque année en octobre, nous publions le Rapport sur l'investissement durable — Investir de façon responsable pour les cotisants et bénéficiaires du RPC. Il s'agit d'un compte rendu détaillé de nos réflexions sur les changements climatiques et des mesures que nous prenons à cet égard. Je vais vous donner quelques faits saillants parce que c'est un sujet très dense.
Premièrement, avant de faire un investissement important, nous tenons toujours compte des risques liés aux changements climatiques, nous nous assurons de bien les comprendre et d'en évaluer les conséquences pour l'entreprise et les actifs, et d'obtenir des garanties de compensation suffisantes. Par exemple, l'an dernier, nous avons investi dans une autoroute à péage en Indonésie. Parmi les grands enjeux liés à ce projet se trouvaient les effets des changements climatiques. Qu'arrivera-t-il en cas d'inondation? Quel sera l'effet des changements climatiques sur la géographie autour de cette autoroute à péage? S'il y a des changements climatiques [Difficultés techniques]... Il est primordial de bien comprendre les risques.
Deuxièmement, il faut avoir une compréhension d'ensemble et une perspective globale des risques associés à notre portefeuille, et le soumettre à des essais sous contrainte pour déterminer les conséquences selon que les changements climatiques se produisent rapidement ou lentement.
C'est un domaine complexe. Nous mettons tout en œuvre pour comprendre les risques en amont et déterminer s'il peut en découler des perspectives d'investissement que nous pouvons saisir.
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Pour ce qui est de l'empreinte carbone, à la page 61 de notre rapport sur l'investissement durable, nous communiquons — en utilisant les définitions de portée 1 et 2 — la quantité d'émissions de gaz à effet de serre que représente notre portefeuille. Nous la communiquons également du point de vue de la propriété en capital, c'est-à-dire du pourcentage de participation et aussi du pourcentage de la structure du capital à long terme que nous détenons. Cela vaut pour tous les actifs du portefeuille.
Pour vous donner un chiffre — ce qui est difficile, car il faut recouper beaucoup d'estimations —, nous utilisons, autant que possible, des données précises communiquées par les entreprises dans lesquelles nous investissons. Cependant, nous parlons d'environ 25,7 millions de tonnes d'équivalent CO2, d'après la propriété en capital à long terme. C'est la quantité totale d'émissions de carbone de l'ensemble du régime.
Comme je le disais, c'est difficile. Nous avons utilisé S&P Trucost, qui est une division de S&P, pour essayer d'arriver à un chiffre aussi précis que possible pour les entreprises, en prenant des approximations et des estimations, mais c'est... Pour l'instant, ce chiffre repose sur environ 53 % de données indirectes et 18 % de données communiquées par les entreprises et la part des modèles de Trucost est de 14 %. Cela vous donne une idée de la quantité d'émissions de carbone pour l'ensemble du portefeuille.
Pour ce qui est de votre deuxième question, je ne suis pas certain de savoir exactement combien de personnes siègent au conseil d'administration de sociétés pétrolières et gazières. De manière générale, nous avons environ 190 sièges au conseil d'administration des différentes entreprises de notre portefeuille de placements. Dans certains cas, nous y siégeons directement. Autrement dit, certains de nos employés siègent au conseil d'administration d'entreprises, et dans d'autres, cas, nous trouvons un expert qui nous semble convenir pour nous représenter à ce poste. Nous avons ainsi une poignée d'experts au conseil d'administration d'entreprises du secteur de l'énergie traditionnelle.
Là encore, vous pourriez aussi, sous un autre angle, considérer l'ensemble du portefeuille et combien nous avons investi dans l'énergie traditionnelle, soit environ 2,8 % du portefeuille en fin d'exercice. À l'heure actuelle, notre portefeuille d'énergies renouvelables est de plus de 2,2 %, aux dernières nouvelles, et il augmente rapidement. J'imagine qu'il dépassera bientôt en pourcentage nos placements dans l'énergie traditionnelle, ce qui est logique, étant donné la transition énergétique qui se dessine.
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Je vous remercie de la question.
Comme vous pouvez l'imaginer, la rémunération des dirigeants est fixée par le conseil d'administration, comme dans la plupart des organisations. Il se trouve que le National Post a publié une tribune sur la rémunération à l'OIRPC qui a donné au président de notre conseil d'administration l'occasion de répondre. Nous communiquerons volontiers sa réponse au greffier du Comité, mais si j'ai un peu de temps, je pourrai vous la résumer.
Tout d'abord, soyons clairs, le conseil d'administration a décidé de geler le salaire du président et chef de la direction pour l'année en cours, de même que celui de tous les cadres supérieurs de l'OIRPC, étant donné la situation économique due à la COVID-19.
Pour ce qui est de la rémunération au rendement, elle est rétroactive, puisqu'on examine le rendement passé, sur 20 trimestres et pas seulement sur le 20e trimestre qui arrive dans la cinquième année sur laquelle la rémunération au rendement repose. Il s'agit pour l'essentiel de reconnaître qu'il est important que le comportement en matière de placements — surtout pour un investisseur à long terme — concorde avec les décisions à long terme, et qu'il est important aussi de ne pas prendre de décisions à court terme qui ne sont peut-être pas dans l'intérêt du régime. Comme nous l'avons vu, une réflexion à court terme nous vaut parfois des problèmes économiques importants, dans le secteur financier notamment.
Dans les 19 premiers de ces 20 trimestres, une immense valeur a été créée, de l'ordre de 140 milliards de dollars de revenu net. Au 20e trimestre, quand la pandémie a éclaté, il y a eu des répercussions sur le régime et son rendement total en a pâti. Cela dit, en raison de toutes les décisions qui avaient été prises grâce à une gestion active, à la stratégie mise en place par l'équipe de gestion et à une grande diversification bien au-delà de ce qu'on trouve sur les marchés publics, le régime se trouvait, en fait, en sécurité en raison de sa résilience. Si les investissements avaient découlé d'une stratégie passive, d'une simple stratégie à faible coût de placements indiciels, le régime aurait perdu environ 23,5 milliards de dollars de plus.
Je pense que cela montre la valeur du cadre de rémunération au rendement, au vu des résultats quant au rendement total du régime — pendant ces 19 trimestres — et aussi au rendement relatif. Comme je l'ai dit, les détails sont exposés dans la lettre du président de notre conseil d'administration. Nous la communiquerons très volontiers au greffier, s'il y a lieu, pour qu'il la transmette au Comité.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur Leduc et monsieur Machin, non seulement de votre présence aujourd'hui, mais aussi de vous montrer prêts à faire part de renseignements aux députés et de continuer de faire preuve de transparence pendant que vous faites un travail très difficile dans une période hautement inhabituelle.
J'aimerais parler de la période que nous traversons. Je crois que nous nous attendions tous à voir le marché s'effondrer dès que les gouvernements dans le monde entier ont confiné leur population active, et c'est ce qui est arrivé, certes brièvement. Fin mars, les marchés ont décroché, d'un tiers environ au Canada et à peu près d'autant aux États-Unis, mais pour repartir de plus belle à la hausse.
Le rebond a semblé coïncider avec l'énorme somme d'argent que nos banques centrales impriment ici au Canada. Nous parlons à présent de quelque 400 milliards de dollars de ce qui est, en fait, un assouplissement quantitatif par l'intermédiaire d'un programme d'achat d'obligations. Aux États-Unis, un grand programme similaire d'achat d'actifs est en place et on assiste à un achat extraordinaire d'obligations, pas seulement des obligations d'État, mais aussi des obligations privées. Au Canada, la banque achète pour 10 milliards de dollars d'obligations de sociétés du secteur privé.
Résultat, les marchés sont étonnamment valorisés. D'après le ratio CAPE, ou ratio cours-bénéfice de Shiller, le S&P 500 était à 28 cette semaine, ce qui est très haut. Il n'a atteint ces sommets qu'à la veille de l'éclatement de la bulle technologique et à la fin des années 1920, en 1929, jusqu'avant le grand krach boursier qui a conduit à la crise des années 1930.
Je veux savoir ce que vous pensez de la valorisation actuelle de nos marchés et si vous croyez qu'il y a une bulle. Dans l'affirmative, comment protégez-vous les 409 milliards de dollars dont vous et votre fonds êtes les dépositaires?
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Ce sont des questions très importantes. Avant de répondre, permettez-moi de vous énumérer nos compétences en tant qu'investisseur.
Ce que je veux dire, c'est que nous savons monter un portefeuille diversifié à l'échelle internationale, c'est-à-dire composer le meilleur portefeuille à long terme et le diversifier. Ensuite, nous pensons avoir appris à choisir le bon fonds, la bonne action et le bon montage dans le choix des titres, et pas le contraire. Nous savons très bien diversifier et choisir les titres. Nous savons aussi choisir le bon moment sur le marché. Le choix de ce moment est très subtil et très difficile pour les investisseurs. Je ne pourrais pas dire, la main sur le cœur, que nous avons acquis des connaissances qui nous permettent de vous dire ce que fera le marché demain ou même au prochain trimestre. Il s'agit, selon nous, d'une compétence très illusoire. Nous avons une équipe des macro-placements qui essaie de démêler des problèmes à court terme sur les marchés et de profiter de ces anomalies, mais il s'agit d'une compétence difficile à démontrer.
Avec toutes ces réserves, oui, je dirais que la plupart des gens ont été surpris de voir les marchés se ressaisir jusqu'à ce matin. De toute évidence, nous assistons à une forte correction aujourd'hui. Ce redressement tient manifestement en partie au montant des mesures de relance budgétaire et monétaire, y compris, soit dit en passant, au nombre record aux États-Unis de petits investisseurs qui ouvrent des comptes et placent de l'argent sur le marché. Nous voyons grimper en flèche le cours des actions de sociétés en faillite, de même que de sociétés réputées. Il semble que les Américains placent leur chèque dans des comptes de courtage. J'espère que cela ne se terminera pas mal pour beaucoup de gens. J'espère qu'ils se montrent prudents dans la façon dont ils investissent le chèque qu'ils ont reçu dans le cadre du plan de relance, mais c'est un problème sur lequel nous nous penchons.
Que pouvons-nous faire? Nous pouvons faire en sorte de nous concentrer vraiment sur nos deux premières compétences et veiller à soumettre le portefeuille à des simulations de crise. Nous cherchons vraiment à faire en sorte d'avoir un portefeuille suffisamment diversifié de manière à ne pas avoir tous nos œufs dans le même panier, c'est-à-dire sur le même marché, dans la même région, dans la même catégorie d'actifs ou à ne pas appliquer qu'une seule stratégie. Notre portefeuille est suffisamment diversifié sur plusieurs marchés, dans plusieurs fuseaux horaires et dans différents actifs. S'il se produit quelque chose à un endroit, il est à espérer que d'autres marchés y sont moins insensibles. C'est l'avantage de la diversification. Ensuite, si nous choisissons les bonnes actions, et pas le contraire, peu importe que l'ensemble du marché se détériore, nous avons quand même fait de l'argent.
Enfin, comme je l'ai dit plus tôt, nous procédons à des simulations de crise. Qu'arriverait-il si, demain, une crise financière mondiale se produisait? Qu'arriverait-il si quelque chose de pire se produisait? Nous en parlons à la page 163 ou 164 du rapport annuel, je crois. Nous expliquons que nous analysons des scénarios de crise et que nous soumettons le portefeuille à des chocs.
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C'est une excellente question.
Le risque d'inflation est réel. C'est une probabilité. Nous voyons depuis des années des pressions déflationnistes, qu'elles tiennent à la démographie, à la technologie ou à la mondialisation. Ces éléments entraînent des pressions déflationnistes généralement dans le monde entier. Il est probable, à mon avis, que les deux premières forces persisteront. En revanche, je me demande si la troisième ne va pas s'inverser, ce qui pourrait exacerber des pressions inflationnistes éventuelles au fil du temps.
Nous ne prévoyons pas fondamentalement d'inflation comme scénario de base. Pour ce qui est de l'inflation mondiale, nous nous attendons, dans nos prévisions économiques principales, à ce qu'elle avoisine les 2,4 % en 2022-2023 et les 2,5 % en 2023-2024. Au Canada, elle sera du même ordre, soit dans une fourchette de 2,5 à 2,6 %, et aux États-Unis, nous tablons sur 2,9 à 3 % au cours de la même période.
Il s'agit des prévisions principales. Il existe évidemment des risques. Nous publions la sensibilité aux taux d'intérêt dans le rapport annuel, à la page 165, et nous montrons que, si toutes les autres variables demeurent constantes, une variation de 25 points de base des taux d'intérêt sans risque nominaux entraînerait une augmentation ou une baisse de valeur du portefeuille d'environ 2,5 milliards de dollars. Telle est la sensibilité, en fait. C'est une sensibilité d'environ 2,5 milliards de dollars aux titres de créance du portefeuille. Il est compliqué de l'appliquer au reste du portefeuille, mais encore une fois, il s'agit en partie pour nous de veiller à ce que le portefeuille soit diversifié, à avoir suffisamment de placements en actions, dont une bonne partie se comportera raisonnablement bien, même dans un contexte inflationniste.
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Oui. C'est une excellente question.
Une des choses que j'ai faites, il y a quatre ans, en prenant mes fonctions de président et chef de la direction, a été de me concentrer sur la valorisation des marchés privés. Nous avions de très bonnes valorisations des marchés privés, autrement dit l'évaluation de nos actifs privés était très bonne, mais nous voulions qu'elle soit de tout premier ordre. Quand Neil Beaumont, mon chef des finances et de la gestion des risques, est arrivé, nous nous sommes assis, peu après qu'il a été embauché, et nous avons décidé d'adopter une approche de calibre mondial.
Nous avons décidé de faire en sorte d'avoir des équipes d'experts indépendants extrêmement rigoureux et ce sont eux qui tranchent, qui tiennent le stylo, et pas les équipes de placement. Nous avons décidé également d'adopter une approche extrêmement rigoureuse et beaucoup plus régulière de l'évaluation des actifs privés. Je ne savais pas qu'il arriverait quelque chose de catastrophique pendant mon mandat, mais nous nous sommes regardés et nous avons pensé qu'il était probable, avec cette reprise qui se prolongeait, qu'il arrive quelque chose pendant que nous étions aux commandes. Nous voulions y être préparés.
En fait, encore une fois, c'est très chanceux. Si vous allez sur notre site Web, vous verrez que le 24 janvier, Neil Beaumont a affiché une vidéo interactive qui explique comment nous évaluons nos actifs privés, comment nous nous sommes améliorés et que telle a été l'approche. Nous ne savions pas que nous étions à la veille d'un événement de marché massif et que nous pourrions éprouver ce processus, mais nous sommes très contents de l'avoir fait et d'avoir expliqué au public comment nous procédons.
En passant par ce processus et en l'observant toute l'année, nous avons examiné de près l'évaluation de nos actifs privés et nous avons eu quelques très mauvaises notes. Elles représentent donc réellement la valeur de ces actifs à ce moment-là sur le marché. Elles correspondent vraiment à la valeur de ces actifs, qu'il s'agisse d'actions de sociétés fermées, d'actifs immobiliers ou d'actifs infrastructurels. Nous avons également eu, évidemment, des conversations difficiles avec les équipes de placement qui croyaient dans la valeur à long terme de ces actifs, mais nous voulions être certains qu'elles avaient raison.
Par ailleurs, nous avons des vérifications indépendantes qui passent encore en revue un très grand nombre de ces actifs. Ces vérificateurs font leur travail pour que nous soyons certains qu'il s'agit vraiment d'évaluations solides. Nous sommes convaincus de ce que nous avons... Mon chef des finances et de la gestion des risques n'aimerait pas m'entendre dire que nous nous sommes montrés « prudents », mais je pense qu'il dirait que nous sommes arrivés aux bonnes évaluations...
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Oui. C'est une question très importante sur laquelle des équipes travaillent dans tout le régime pour essayer de cerner ces tendances, pas seulement à court terme, mais à long terme.
Avant de donner quelques autres exemples, nous pensons que certaines de ces tendances reviendront au fil du temps. Je ne pense pas que c'en soit fini des voyages et de l'hôtellerie ni des manifestations sportives. Même des choses comme les cinémas, qui sont à certains égards quelque peu irrationnels... Nous vivons en société. Nous avons vu à plusieurs reprises qu'alors que les gens peuvent regarder des films ou manger confortablement installés chez eux, ils veulent sortir. Nous voulons tous aller dans le restaurant bruyant à la mode. Nous voulons aller au cinéma partager une expérience avec des gens avec qui nous n'avons jamais parlé, mais parce que c'est plus sympa — ou peut-être que l'écran est un peu meilleur. Je crois qu'un certain nombre de ces choses qui, d'un point de vue rationnel, ne devraient pas revenir vont revenir. C'est mon point de vue personnel.
Ces secteurs offriront peut-être de formidables possibilités, et ils l'ont déjà fait. Nous verrons. Les marchés en ont anticipé plusieurs. Ainsi, les sociétés de croisières font un retour très remarqué depuis le 31 mars. Cependant, il faudra du temps pour que le trafic reprenne.
Un certain nombre de choses connaîtront, selon nous, une reprise avec le temps, en dehors des centres de données, de la télémédecine et de la technologie financière en ligne. À mon avis, les commandes d'épicerie en ligne ne sont limitées que par la capacité. Je crois que nous sommes nombreux à avoir essayé de passer des commandes d'épicerie en ligne et à avoir été frustrés par les problèmes de capacité. Là où il y a une réelle capacité, ça tourne à plein. Je pense que cela continuera. Les gens continueront d'essayer de commander en ligne.
Je crois vraiment, pour revenir à ce que vous disiez, qu'il y aura toujours une souplesse quant à la répartition géographique du personnel. Elle sera plus grande pour les personnes qui ont des compétences particulières. Elles n'ont pas besoin d'être sans arrêt entre deux avions ou de devoir parcourir de longs trajets pour participer.
À mon avis, il y aura plus de souplesse, et j'espère que ce sera le cas. Cela amènera dans la main-d'œuvre hautement qualifiée beaucoup plus de personnes brillantes qui ont quitté le centre typique. J'espère que cela arrivera aussi.
Les prochains députés à prendre la parole seront M. Barsalou-Duval et M. Julian, qui auront chacun deux minutes; ils seront suivis de M. Morantz et de Mme Dzerowicz.
Mais auparavant, j’aimerais poser une question au sujet de l’industrie pétrolière et gazière, qui est en partie reliée à la question de M. Fraser. J’observe que cette industrie fait l’objet d’attaques constantes. Au Canada, nous sommes en train de bouter les investisseurs, les travailleurs et les nouvelles technologies hors du pays. Pendant ce temps, l’industrie pétrolière et gazière se développe ailleurs. Nous n’exploitons pas les avantages de notre ressource naturelle pour assurer la transition vers une économie verte.
Nous avons eu une réunion ce matin avec des représentants de l’industrie pétrolière et gazière de Terre-Neuve, et ils nous ont dit que 17 nouveaux gisements avaient été découverts en Norvège. Résultat des courses: les navires, les équipements, etc., abandonnent Terre-Neuve au profit de la Norvège.
Je sais que c’est essentiellement une question de politique, mais j’aimerais vous poser la question suivante: où en sont les investissements mondiaux dans l’industrie pétrolière et gazière? Est ce qu’ils sont en augmentation dans d’autres pays? Sommes-nous les seuls à les chasser?
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Machin, en étudiant la répartition géographique des investissements effectués par l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada, on constate que 64 % de ces investissements ont été faits au Canada en 2006, mais que ce pourcentage n'est plus que de 15,6 % en 2020. Il s'agit donc d'une diminution très marquée. Je comprends qu'il y a une volonté de diversifier les actifs. D'un autre côté, quand on investit beaucoup à l'étranger, cela exige une connaissance pointue de ces marchés.
En premier lieu, je m'inquiète de la rapidité avec laquelle cette connaissance est acquise, compte tenu à la fois de la vitesse avec laquelle cette répartition des investissements a été diversifiée et de la volonté de limiter les risques.
En second lieu, je m'inquiète du fait que nous n'investissons presque plus au Canada. Évidemment, je me préoccupe davantage du Québec, étant donné que je suis Québécois et que je veux que l'économie du Québec se porte bien. Comment pouvez-vous expliquer cette baisse des investissements: est-ce que c'est parce que l'économie canadienne est considérée comme trop risquée ou pas assez diversifiée, ou parce qu'elle ne vous inspire pas confiance?
Pourriez-vous nous expliquer en quoi votre stratégie de placement au Québec diffère de celle que vous appliquez au Canada et nous donner une idée du pourcentage des investissements faits au Québec par rapport au Canada?
À la fin de l’exercice financier, environ 15,6 % des fonds étaient investis au Canada, soit environ 63,9 milliards de dollars. L’un des objectifs de la Caisse, au moment de sa création, était de diversifier le portefeuille à l’échelle mondiale. Auparavant, la totalité des fonds était investie au Canada, mais depuis que nous avons commencé, nous avons diversifié peu à peu les placements dans le monde entier, là où nous jugions que les conditions étaient intéressantes.
Cela dit, nous avons encore beaucoup de placements au Canada, et cela va continuer. C’est notre marché domestique et nous en connaissons bien les risques, mais ces placements sont encore beaucoup trop massifs par rapport à ce que pèse le Canada dans le PIB mondial, soit environ 2 %, et à ce que pèse le Canada par rapport aux bourses mondiales, soit environ 2,6 %. Autrement dit, alors que nos placements au Canada devraient représenter environ 2,6 %, ils en représentent aujourd’hui 15,6 %, ce qui est beaucoup trop élevé. Cela ne nous préoccupe pas outre mesure, car il en sera ainsi pendant encore un certain temps.
Au Québec, nous avons placé plus de 4 milliards de dollars dans des actions et des obligations, et dans l’immobilier. Nous continuons de chercher des opportunités au Québec et dans d’autres provinces, et nous nous intéressons en particulier à certaines entreprises québécoises très dynamiques.
Nous avons des placements dans toutes sortes d’entreprises, y compris, comme vous l’avez dit, dans des sociétés de production de tabac. Aux États-Unis, certains pénitenciers sont gérés par le secteur privé. Dans le but de diversifier considérablement la Caisse, non seulement sur le plan géographique, mais aussi par industrie, certaines de nos stratégies d’investissement utilisent des indices boursiers, ce qui veut dire que lorsque nous investissons dans un secteur donné, il se peut qu’une partie de l’argent aille dans un fonds reflétant le S&P500. Ce faisant, il se peut que nous investissions dans le genre de secteurs dont vous venez de parler.
L’essentiel pour nous c’est que... Individuellement, ces placements sont minuscules par rapport aux 400 milliards de dollars et plus de la Caisse. Certains peuvent représenter 1 ou 2 millions de dollars, répartis sur environ 4 000 sociétés. Même si nous faisons une évaluation très rigoureuse des risques que présente tout investissement direct dans une société, même beaucoup plus grande, nous avons constaté qu’une petite entreprise pouvait présenter des risques excessifs.
Nous appliquons donc aux petites entreprises les procédures d’évaluation que nous appliquons aux plus grandes, ce qui nous permet d’identifier des risques excessifs, soit parce que l’entreprise suscite la controverse, soit parce qu’elle présente des risques aux niveaux social, environnemental ou managérial. Quand tous ces clignotants s’allument, même s’il peut y en avoir des milliers, nous pouvons les réduire à une poignée avant d’en faire une évaluation plus rigoureuse. Dans certains cas, nous avons conclu que le risque était trop grand, et c’était notamment le cas des pénitenciers privés, l’exemple que vous avez donné.
S’agissant des cigarettières… Nous n’avons pas le droit d’exclure des secteurs industriels entiers. La Loi sur l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada nous interdit de refuser d’investir dans les cigarettières, c’est clair. Cela dit, nous pouvons faire preuve d’idiosyncrasie lorsqu’une cigarettière en particulier se comporte d’une façon qui augmente ses risques juridiques. À ce moment-là, nous évaluons la situation plus en profondeur et, dans certains cas, nous avons jugé que le risque était trop grand.
En dernière analyse, ce qui est important, c’est que nous respections le mandat législatif qui nous a été confié, à savoir que, lorsque nous faisons un placement à long terme, nous devons également prendre en compte les risques à long terme qui y sont associés.
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Bien. Je vais essayer de respecter cette limite, même si la question est très vaste puisqu’elle porte sur l’efficacité des conseils d’administration.
Dans notre Rapport sur l’investissement durable, que vous pouvez consulter en ligne, nous exposons, à partir de la page 48, toutes les raisons pour lesquelles nous pensons que la mixité hommes-femmes joue un rôle très important dans la performance de l’entreprise. Nous avons analysé cela d’un point de vue quantitatif. Nous avons fait une méta-analyse. Nous avons fait des simulations, et nous avons constaté que c’était un véritable enjeu.
En conséquence, nous avons commencé à voter contre cela il y a quelques années au Canada, et nous avons ensuite fait la même chose partout ailleurs dans le monde, avec des résultats très satisfaisants. Pas seulement pour nous. C’est fantastique de voir tout le progrès qu’on a accompli au Canada. En décembre dernier, 30,4 % des membres des conseils d’administration du TSX 60 étaient des femmes, et 27,6 % du TSX composite. Par conséquent, nous avons fait des progrès. Ce n’est pas parfait, mais c’est quand même extraordinaire, et nous espérons que cela va continuer, partout sur la planète.
Vous m’avez demandé quelles excuses nous sommes prêts à accepter. Je peux vous dire que celle qui consiste à dire qu’on ne trouve personne ou qu’il n’y a personne de compétent ne nous satisfait pas. Il se peut que le nombre d’administrateurs soit limité et que l’un d’entre eux doive être remplacé un ou deux ans plus tard, et qu’ils le remplaceront alors par une femme, par exemple. Mais les mauvais prétextes, nous ne les acceptons pas.
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Merci, monsieur le président.
Je veux simplement féliciter M. Machin et son équipe de l’excellent travail qu’ils font pour gérer ce que tout le monde considère, je pense, comme l’une des meilleures caisses de retraite au monde. Vous avez déjà répondu à un grand nombre de questions aujourd’hui, notamment à la plupart de celles que je voulais poser, et je vous en remercie.
J’aimerais toutefois revenir sur celle que le président a soulevée, au sujet des investissements dans les sociétés pétrolières et gazières. Vous avez eu tout à fait raison de dire que nous allions avoir besoin de pétrole traditionnel pendant encore longtemps, mais le changement climatique est très réel, et les populations veulent que les entreprises réduisent leurs émissions.
Mark Carney, qui était encore tout récemment gouverneur de la Banque d’Angleterre, a déclaré, au cours d’un de ses derniers discours, que « les entreprises et les industries qui ne visent pas à réduire à zéro leurs émissions de carbone seront punies par les investisseurs et feront faillite ».
Vous avez dit que chaque entreprise dans laquelle l’Office investit doit divulguer les risques que le changement climatique représente pour ses activités. Devrions-nous commencer à demander aux entreprises de divulguer ce qu’elles font pour réduire à zéro leurs émissions de carbone?
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Puisque notre temps est limité, je déclare sans tarder la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 36e réunion du Comité permanent des finances. Conformément à l’ordre de renvoi de la Chambre des communes, nous examinons la réponse du gouvernement à la pandémie de la COVID-19.
Nous accueillons aujourd’hui le ministre des Finances. Le rapport bimensuel a été envoyé au Comité.
Avec le ministre comparaissent la Corporation de développement des investissements du Canada, l’Agence du revenu du Canada, le ministère de l’Emploi et du Développement social, le ministère des Finances et Affaires mondiales Canada.
Nous venons d’entendre les représentants de l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada, et je ne pouvais m’empêcher de penser, pendant que nous faisions les connexions nécessaires, à tous ces écouteurs qui leur ont été envoyés. J’espère qu’ils vont investir dans l’entreprise qui vend ces écouteurs, car nous en distribuons beaucoup.
Monsieur le ministre, je vous souhaite la bienvenue. Je suis ravi de vous voir en personne, en tout cas à l’écran. Merci d’être là. Vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président.
Avant de commencer, j’aimerais à nouveau remercier les membres du Comité de poursuivre assidûment leur travail pendant une période qui est difficile pour tout le monde.
La pandémie continue, évidemment, d’avoir de graves impacts économiques partout au Canada. Chez un grand nombre de Canadiens, elle a fait naître une incertitude sans précédent: incertitude quant à leur emploi et à leur sécurité financière, et incertitude quant à leur capacité à joindre les deux bouts.
Il y a aujourd’hui trois mois que le a annoncé les premiers éléments du plan de réponse du gouvernement face à l’épidémie de la COVID-19. Depuis le tout début, nous assurons un soutien constant aux familles et aux entreprises canadiennes. Nous avons mis en œuvre des mesures pour les travailleurs et les entreprises de tous les secteurs et pour les employeurs, petits et grands. Nous continuons de travailler en étroite collaboration avec nos partenaires locaux, provinciaux, territoriaux et autochtones, afin de minimiser les impacts sanitaires, économiques et sociaux de la COVID-19.
Trois mois après le début de la crise, des signes encourageants nous permettent de croire que la pandémie ralentit au Canada. Un grand nombre de provinces et de territoires commencent à rouvrir prudemment leur économie, ce dont leurs ministres des Finances me tiennent informé dans nos entretiens téléphoniques hebdomadaires, mais nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. La COVID-19 représente toujours un risque grave pour les Canadiens et, bien sûr, pour notre économie.
[Français]
C'est pourquoi notre gouvernement continue de prendre des mesures pour réduire les répercussions de la COVID-19. Nos objectifs restent les mêmes, c'est-à-dire protéger les Canadiens, soutenir les travailleurs ainsi que les entreprises du pays et épauler nos communautés pour nous assurer que le Canada sera prêt à rebondir quand nous sortirons de la crise.
J'aimerais souligner quelques-unes des mesures que nous avons annoncées récemment.
Au début du mois, le a annoncé que le financement accordé au Fonds de la taxe sur l'essence du gouvernement fédéral a été devancé cette année. Le Fonds de la taxe sur l'essence est une source permanente de financement qui est fourni aux provinces et aux territoires. Ces dernières transmettent ensuite les sommes aux municipalités afin de soutenir différentes priorités locales.
Habituellement, le gouvernement fédéral transfère l'argent en effectuant deux versements, l'un pendant l'été et l'autre quelques mois plus tard. Or nous savons que, cette année, les municipalités ont besoin de cet argent maintenant afin de pouvoir faire face à la crise causée par la COVID-19.
[Traduction]
Au cours des prochaines semaines, 2,2 milliards de dollars du Fonds fédéral de la taxe sur l’essence seront versés aux municipalités canadiennes, pour les aider à entreprendre des projets d’infrastructures qui amélioreront la qualité de vie, stimuleront les économies locales et créeront de bons emplois. Nous sommes conscients qu’il va falloir faire plus pour aider les municipalités, dont un grand nombre font face à des difficultés financières particulières à cause de la COVID-19, mais c’est déjà une première étape importante. Nous avons l’intention de continuer de travailler avec les provinces et les territoires pour trouver des façons d’aider les municipalités.
[Français]
Alors que les provinces et les territoires redémarrent graduellement leur économie, notre priorité absolue demeure la protection de la santé des Canadiens. C'est pourquoi nous avons entamé des négociations avec nos homologues provinciaux et territoriaux pour nous assurer que toute réouverture se fait tout en protégeant la santé des Canadiens et en réduisant au minimum les risques de transmission du virus.
Nous travaillons notamment avec les provinces et les territoires pour que tous les Canadiens puissent avoir des jours de congé de maladie payés. Les gens doivent pouvoir rester à la maison s'ils présentent des symptômes de la COVID-19 sans se demander comment ils vont payer leurs factures.
Nous continuons aussi à acheminer de l'équipement partout au pays, comme des masques et des gants chirurgicaux, et nous offrons du soutien aux provinces et aux territoires pour ce qui est des tests de dépistage de la COVID-19.
[Traduction]
Parallèlement à nos discussions avec nos collègues provinciaux pour s’assurer que les Canadiens peuvent retourner au travail en toute sécurité, nous allons également nous intéresser en priorité aux secteurs suivants: les tests et la recherche des contacts; la disponibilité d’équipements de protection individuelle, afin que les Canadiens puissent travailler en toute sécurité; des aides pour la garde des enfants; des aides aux personnes vulnérables, y compris celles qui se trouvent dans des établissements de soins de longue durée; et des aides aux villes et aux municipalités. Nous devons tous collaborer, nous le savons.
Il est clair que, depuis le début de la pandémie, nous avons tous été touchés par la crise.
La semaine dernière, le a annoncé que les personnes âgées qui sont admissibles à la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti recevront un paiement spécial, ponctuel et non imposable, pendant la semaine du 6 juillet. Les personnes admissibles à la Sécurité de la vieillesse recevront 300 $, et celles qui sont admissibles au SRG, c’est-à-dire les plus vulnérables, recevront un montant supplémentaire de 200 $.
La pandémie a également souligné et exacerbé les difficultés particulières qui se posent aux peuples autochtones de notre pays. Nous travaillons avec les communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis pour trouver une solution à leurs besoins particuliers. Depuis notre dernière rencontre, notre gouvernement a annoncé le versement d’aides supplémentaires aux peuples autochtones, notamment 75 millions de dollars pour les organisations qui fournissent des services aux Autochtones des villes, hors réserve, et 650 millions de dollars pour aider les communautés à offrir des soins de santé, des soutiens du revenu et de nouveaux foyers d’accueil pour les femmes.
Cela s’ajoute aux mesures déjà annoncées pour financer la réponse sanitaire dans les communautés autochtones, et pour aider les entreprises et les institutions financières autochtones.
[Français]
Les mesures d'aide destinées aux Canadiens qui ont été annoncées récemment, et dont je viens de parler, s'ajoutent à celles précédemment mises en place. Ce sont des mesures que nous continuons à améliorer. Par exemple, nous continuons à améliorer la Subvention salariale d'urgence du Canada. Le mois dernier, nous avons proposé que le programme soit prolongé jusqu'au 29 août.
Ces dernières semaines, le gouvernement a également tenu des consultations avec des représentants d'entreprises, de syndicats, d'organismes à but non lucratif et d'organismes de bienfaisance. Nous voulons voir quelles améliorations peuvent être apportées au programme. La Subvention salariale d'urgence du Canada a déjà aidé plus de 2,6 millions de Canadiens à conserver ou à retrouver leur emploi.
[Traduction]
Toute modification potentielle de la Subvention salariale d’urgence du Canada devra avoir pour objectif de maximiser l’emploi, afin que le programme permette de répondre aux besoins immédiats des employeurs et d’accompagner la reprise économique.
Dans l’ensemble, grâce à l’intervention rapide et globale de notre gouvernement, qui est décrite dans notre plan de réponse économique à la COVID-19, nous avons réussi à débloquer plus de 150 milliards de dollars pour aider directement les Canadiens. Si l’on ajoute à cela les 85 milliards de dollars de reports de taxes et d’impôts, les aides offertes aux Canadiens représentent plus de 10 % de notre PIB. Le Canada figure dans le peloton de tête de tous les pays pour la solidité de son intervention. Si nous avons fait tout cela, c’est parce que nous croyons qu’en investissant aujourd’hui dans les Canadiens, nous serons mieux préparés pour la reprise économique de demain.
Même si nous avons des raisons d’être optimistes, nous devons tous continuer de pratiquer les gestes barrières pour endiguer la propagation du virus. Au fur et à mesure que les provinces, les territoires, les municipalités et les entreprises commencent à reprendre leurs activités, nous restons à leurs côtés, prêts à les aider, pour que les Canadiens puissent travailler en toute sécurité et recevoir l’aide dont ils ont besoin. Notre gouvernement reste aux côtés des Canadiens.
[Français]
C'est avec plaisir que je répondrai maintenant aux questions des députés.
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Je remercie les témoins de leur présence aujourd'hui. Nous espérons que vos familles sont en sécurité et en bonne santé.
Merci, monsieur Morneau, de revenir encore une fois devant le comité des finances. Pendant toute la durée de cette crise, vous avez été très disponible, non seulement pour les réunions avec les critiques des finances, mais aussi avec le comité des finances. Ces réunions ne sont pas toujours faciles, mais nous apprécions votre disponibilité, et bien entendu, votre attention.
Ma première question est vraiment simple. Le Bureau du surintendant des institutions financières nous a fait savoir qu'en ce qui concerne les mesures de soutien de la liquidité, les banques canadiennes ont obtenu près de 750 milliards de dollars. Cela correspond à trois quarts d'un billion de dollars. Comme vous le savez, elles ont accumulé un bénéfice de 5 milliards de dollars jusqu'ici, pendant la pandémie, mais il semble que de petites entreprises n'aient pas accès au crédit. On entend aussi que certains voient le solde de leur marge et de leur carte de crédit monter en flèche. Ces chiffres sont le résultat des pénalités et des frais imposés par les banques, et les consommateurs paient des frais d'intérêt qui sont franchement déraisonnables pendant une pandémie.
Ma question est très simple. De concert avec ses largesses, qui se chiffrent à 750 milliards de dollars en soutien de la liquidité, pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas imposé certaines exigences aux banques afin qu'elles offrent réellement du soutien aux personnes qui tentent de survivre à la pandémie?
:
Je vous remercie de l'attention que vous accordez continuellement aux moyens que nous pouvons prendre pour aider les Canadiens.
En réalité, nous avons exercé de fortes pressions sur le secteur bancaire pour qu'il soutienne ses clients, autrement dit, pour qu'il soutienne les Canadiens. Nous avons déployé d'intenses efforts pour inciter les banques à reporter le paiement ou à réduire les frais d'intérêt des cartes de crédit pour leurs clients en difficulté. Dans la majorité des cas, ils se situent maintenant à la moitié de ce qu'ils étaient avant la pandémie. À mon avis, cela démontre certainement une issue positive de notre collaboration avec les banques.
Pour ce qui est de la liquidité que nous avons mise sur le marché pour que les banques puissent l'utiliser, j'aimerais vous fournir quelques statistiques.
Selon la Banque du Canada, la croissance totale du financement des entreprises est passée à 10,7 % en avril, en hausse par rapport à 7,4 % en mars. La croissance de 30 % des prêts a été très forte, entraînée par les prêts non hypothécaires. Ces chiffres ne comprennent pas les 665 000 entreprises et plus qui ont obtenu un prêt grâce au CUEC. J'aimerais vous dire également que, cette semaine, les six grandes banques ont déclaré que les paiements avaient été reportés sur des emprunts se chiffrant à 67 milliards de dollars.
Monsieur Julian, vous pourrez toujours compter sur moi pour inciter les banques à soutenir leurs clients. Nous tenons absolument à ce que tout le monde fasse sa part pour nous aider à sortir de ces temps difficiles.
L'argent que nous avons mis directement entre les mains des gens, auquel on peut ajouter le report du paiement des emprunts, signifie que nous avons passablement comblé une large brèche dans l'économie, mais il y a encore du travail à faire. Nous comptons sur tous les participants pour qu'ils fassent encore davantage pour nous sortir de la crise.
J'aimerais soulever deux ou trois points, si vous le permettez, monsieur le ministre. Pour revenir à l'économiste mentionnée par Mme Dzerowicz, son mot d'ordre était — et je trouve que ça sonne bien — que les services de garde d'enfants étaient l'ingrédient secret de la reprise économique. Dans son témoignage, elle a expliqué que l'ingrédient secret de la reprise économique était que si les femmes pouvaient compter sur des services de garde, elles réintégreraient le marché du travail, et ainsi de suite. Je trouve que ça sonne bien.
Le 4 juin, nous avons entendu un témoin. Et s'il y a une chose dont je voudrais vraiment vous féliciter personnellement, le et le cabinet aussi, c'est la propension à modifier les programmes pour les rendre plus fonctionnels à mesure que de nouvelles données s'accumulent. Je sais que c'est précisément ce que vous tentez de faire avec la subvention salariale. Donc, le 4 juin, nous avons entendu le représentant d'une entreprise appelée Brandt Tractor — je sais que le ministère des Finances en a été informé — qui emploie 3 200 personnes. Le problème de cette entreprise, c'est qu'elle en a racheté une autre l'an dernier. Si les deux sociétés exerçaient leurs activités de manière indépendante, elles seraient toutes deux admissibles à la subvention salariale. Mais comme l'entreprise a acheté cette autre société, cela influe sur ses revenus, et elle ne peut donc pas faire valoir la baisse de revenus requise pour avoir accès à la subvention. Il me semble que c'est un exemple de ce que vous essayez de corriger. Elle n'est pas la seule entreprise dans cette situation, mais je voulais simplement porter cet exemple à votre attention parce que l'entreprise est venue témoigner devant notre comité. C'est une solide compagnie canadienne, et elle se montrait très préoccupée pour les 3 200 emplois en jeu. Ces renseignements figurent dans les témoignages. Je sais qu'ils ont été transmis au ministère des Finances, et ils figurent également dans les témoignages pour la journée du 4 juin.
Ceci étant dit, je tiens à vous remercier sincèrement de votre présence aujourd'hui, et aussi pour les comptes rendus que vous nous transmettez. Il y a beaucoup d'information. Comme le faisait remarquer Mme Dzerowicz, le nombre de programmes qui ont été mis en place et les nombreux changements qui y ont été apportés à mesure de leur déploiement sont vraiment incroyables. Il y a encore des laissés pour compte — je le sais très bien — mais nous vous remercions de vos efforts. Nous savons que vos horaires sont très chargés et que vous travaillez très fort.
Ceci dit, merci d'être venu témoigner devant nous encore une fois.
J'ai deux questions pour le ministère des Finances, et trois questions pour M. Carter.
À titre de commentaire pour l'ARC, je suis heureux que vous en ayez parlé. Ce sont tous des éléments déjà couverts par le Code criminel. La police peut déjà faire un suivi lorsqu'il s'agit d'une fraude systématique ou de personnes utilisant à mauvais escient des numéros d'assurance sociale. Je suis heureux que vous l'ayez annoncé publiquement. C'est très important.
Voici mon autre commentaire. Nous disposons déjà de renseignements accessibles au public concernant les Bahamas Papers, les Paradise Papers, les Panama Papers, le stratagème de l'île de Man. Et pourtant, aucune société n'a jamais été accusée, et encore moins reconnue coupable. Je trouve que c'est un peu exagéré de se concentrer sur les veuves et les étudiants qui ont peut-être reçu des montants sans y avoir droit.
Mes questions s'adressent d'abord à M. Carter.
Vous avez mentionné Trans Mountain. Les coûts de construction vont de toute évidence devoir être revus. Je me trouve à quelques pâtés de maisons de Trans Mountain, et je ne connais personne dans la vallée du bas Fraser qui pense que les coûts se chiffreront à moins de 50 % de plus que ce qui avait été prévu. Je pense que le moment est venu pour Trans Mountain de revoir son calendrier de construction. Ma question est la suivante: Combien d'argent avons-nous perdu avec Trans Mountain, y compris avec les paiements d'intérêt de l'an dernier?
En rapport avec le programme CUGE, j'aimerais poser deux questions. Premièrement, comment la CDEV entend-elle surveiller les bonis versés aux cadres supérieurs et tous les autres éléments qui sont censés faire partie des conditions d'admissibilité au CUGE, comme le fait de ne pas verser de bonis aux dirigeants? Quel est le processus à suivre concernant l'exonération du remboursement du prêt dans le cadre du CUGE? Dans le passé, nous avons vu beaucoup de prêts se transformer en subventions et en dons, et même en janvier de cette année. Quel serait le processus dans l'éventualité où une société souhaiterait obtenir l'exonération du remboursement de son prêt? Est-ce que le ministre des Finances devrait se présenter devant le conseil d'administration? Ou est-ce que le conseil d'administration devrait faire une recommandation?
Et j'ai deux questions pour le ministère des Finances.
Pourrais-je obtenir des précisions concernant les prestations supplémentaires d'assurance-emploi? Il n'est toujours pas clair si une personne qui reçoit la PCU peut bénéficier de prestations supplémentaires d'assurance-emploi. Des ministères nous ont déclaré qu'elle n'y a pas droit. En revanche, le ministère des Finances déclare qu'elle peut y avoir droit.
Et enfin, j'ai une question au sujet des traversiers à titre d'organismes désignés. Je pense plus particulièrement aux traversiers de la Colombie-Britannique. Où en sommes-nous dans la désignation des sociétés de traversiers à titre d'entreprises admissibles à recevoir la subvention salariale?
Merci beaucoup.
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Le problème que pose le compte personnel est lié essentiellement à ce que l'on appelle la connaissance du client. Lorsqu'une entreprise ouvre un compte sous la forme d'un compte bancaire d'entreprise, l'institution financière avec laquelle elle traite passe par un processus de vérification. Elle consultera différents sites Web dans une perspective de lutte contre la fraude et le blanchiment d'argent, en cherchant le nom exact de cette entreprise, en analysant les statuts constitutifs, en examinant les bénéficiaires effectifs et tout lien que l'entreprise pourrait avoir avec des malversations. Il incombe à l'institution financière de brosser un tableau très fidèle de l'entité en question.
Elle sait aussi que toutes les opérations effectuées sur ce compte sont directement liées aux activités de l'entreprise. Une fois encore, sous l'angle du blanchiment d'argent, vous avez une bonne compréhension des flux de trésorerie et de leur lien avec des activités explicitement commerciales.
Si vous prenez un compte personnel et des personnes qui font des affaires à partir d'un compte personnel, deux ou trois choses se passent. La première est que vous n'avez tout simplement aucun lien avec le nom de l'entreprise contrairement à l'institution financière qui est passée par le processus de vérification. Le processus que les banques utilisent pour être à l'aise avec une personne implique un degré d'examen beaucoup plus limité.
L'autre chose est que si vous examinez le compte sous l'angle des opérations, vous êtes susceptible de trouver des opérations variées, par exemple une personne peut avoir payé un repas familial et peut-être à d'autres occasions, elle utilise le compte pour des activités très étroitement liées à des objectifs commerciaux. Concrètement, il devient pratiquement impossible de démêler ces opérations, ce qui revient à ne pas connaître tout à fait aussi bien cette entité.
En ce qui concerne le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes, comme le programme a été conçu pour intervenir très, très rapidement afin de mettre des fonds à la disposition de ses bénéficiaires, il a dû s'appuyer sur certains paramètres qu'il était très, très facile de valider. C'était l'un des éléments essentiels de son succès pour intervenir aussi rapidement qu'il l'a fait. C'était vraiment pour cette raison, entre autres choses, qu'il a dû s'appuyer sur ce compte bancaire d'entreprise existant.
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Merci, j'apprécie le raisonnement technique.
J'ai posé la question parce que plusieurs électeurs qui utilisent leur compte personnel m'ont dit qu'ils ont manifestement eu de la difficulté à obtenir l'aide du CUGE, et qu'ils en ont besoin tout de suite. Je sais que ce problème est à l'étude. Le ministre a été très clair sur ce point et il a pris le dossier en main, mais je soulève la question au nom des électeurs, car ils ont travaillé dur. Il était sage pour eux, sur le plan des affaires, d'avoir un compte personnel au lieu d'un compte d'entreprise. Ils n'auraient pas pu prévoir la COVID-19. Ils n'auraient pas pu prévoir l'exigence que notre gouvernement a imposée dans le cadre de ce programme qui privilégie le compte d'entreprise par rapport au compte personnel. Je soulève la question parce que je l'ai entendue à plusieurs reprises dans ma circonscription. Cependant, comme je l'ai dit, le ministre a été très clair sur ce point.
En tant que gouvernement, nous continuons à nous adapter pour combler les lacunes. Nous faisons voler l'avion en même temps que nous le construisons.
J'avais une autre question, et elle s'adresse à n'importe quel fonctionnaire qui voudra bien y répondre.
Vous aurez vu sans doute les modifications récentes que la SCHL a apportées en ce qui concerne les règles relatives aux prêts hypothécaires, et plus particulièrement les exigences qui s'appliquent lorsque vient le temps d'obtenir le soutien de la SCHL pour assurer un prêt hypothécaire. Dans quelle mesure l'endettement des ménages et ses répercussions négatives potentielles sur l'économie préoccupent-ils le ministère des Finances?
Je sais que cela a toujours suscité des inquiétudes. C'était une inquiétude dans le secteur financier, c'était une inquiétude pour l'ancien gouverneur de la Banque du Canada et ce, avant la COVID-19. Avec la COVID-19 et ses répercussions sur l'économie, je me demande si quelqu'un du ministère des Finances pourrait nous parler de ce que tout cela signifie pour les niveaux d'endettement des ménages qui ont fait que les Canadiens se trouvent déjà dans une situation très difficile pour faire leurs paiements hypothécaires.
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Bien sûr, l'endettement avait été évoqué comme un risque majeur pour l'économie canadienne à l'aube de la COVID-19. Je pense que les fondamentaux sont assez évidents pour tout le monde. Les Canadiens supportent un fardeau de la dette plutôt lourd par rapport à leurs revenus. La meilleure mesure phare est probablement le ratio de la dette au revenu que les ménages canadiens supportaient à la veille de la crise.
Pour des raisons fondamentales, nous tenions à avoir un niveau d'endettement moins élevé, de sorte qu'au plus fort de la crise, les Canadiens seraient à même de régulariser concrètement leur consommation en s'endettant davantage. Ainsi, nous avons traversé la crise. En dépit de certains programmes d'aide publique très généreux, les Canadiens vont devoir s'endetter encore, non seulement pour financer leurs besoins essentiels, mais aussi certains besoins non essentiels, comme payer leurs primes d'assurance ou mettre de l'essence dans leur voiture. Ce niveau d'endettement va graduellement augmenter.
Sur une base nominale, il n'existe pas de niveau d'endettement optimal pour un ménage. Je pense que nous sommes probablement trop obnubilés par le chiffre. Dans le même contexte, la capacité des Canadiens à assurer le service de cette dette sera assouplie grâce à des taux d'intérêt plus bas et à des périodes d'amortissement plus longues ou des reports de remboursement des prêts hypothécaires.
Nous devons absolument garder cette situation à l'œil. Tandis que nous nous relèverons de cette crise, une autre crise nous guettera et la même attente s'appliquera, soit que les Canadiens devraient avoir la possibilité de réduire leur endettement. Ensuite, lorsqu'ils devront joindre les deux bouts, lors de la prochaine crise, ils pourraient devoir s'endetter encore davantage. C'est une situation que nous gardons toujours à l'œil, mais je pense que nous le faisons en équilibre avec d'autres mesures de vulnérabilité.
Ma question s'adresse au ministère des Finances. Je l'ai également posée au ministre.
Nous avons un exemple précis d'une entreprise qui ne peut avoir accès à la subvention salariale d'urgence du Canada. En avril, nous avons évoqué l'idée de demander au ministère des Finances d'examiner la possibilité d'utiliser des indicateurs différents pour calculer les revenus.
Plus précisément, cette entreprise reçoit des transferts de fonds provenant de primes d'assurance. L'argent est en transit, il n'y a pas de marge bénéficiaire là-dessus, mais le processus maintient les rentrées d'argent à un niveau assez élevé. Elle fait vraiment son argent sur le côté transactionnel... lorsqu'il y a des réclamations. Elle gagne de l'argent sur le coût des réclamations, qui ne représente qu'une très petite partie des rentrées d'argent. Comme vous pouvez l'imaginer, avec la fermeture des cabinets de médecins et le volume de réclamations traitées, l'activité a diminué, mais l'entreprise doit quand même garder tout son personnel parce qu'elle est capable de le faire.
Le ministère des Finances envisagerait-il, dans ce cas, une autre forme de mesure? Il s'agit d'une entreprise qui a vraiment été durement touchée par l'absence de frais d'administration, qui représentent en réalité le revenu réel de l'entreprise, et non les transferts de primes d'assurance.