:
Merci beaucoup, mesdames et messieurs pour cette occasion de faire un exposé pour le ICON Group.
[Français]
Étant donné que ce sujet est compliqué et que je ne suis pas bilingue, mes remarques et mes réponses à vos questions seront en anglais.
[Traduction]
Je vous prie de m'en excuser.
Le ICON Group regroupe 12 entreprises du secteur des sables bitumineux, de la production électrique, de la production industrielle et de la production chimique. Leur logo se trouve sur la page de couverture de la documentation qui vous a été remise, mais je rappelle qu'il s'agit de Suncor Energy, TransAlta, Sherritt, Agrium, Air Products, Nexen, Shell Canada, Husky Energy, Canadian Natural Resources, ConocoPhillips, Syncrude et Imperial Oil.
Ce groupe a un intérêt marqué pour le captage et le stockage du carbone. Nous nous sommes appliqués à créer un réseau intégré du dioxyde de carbone durable capable de se charger de volumes importants de dioxyde de carbone. Nous élaborons ce concept depuis maintenant 18 mois en collaboration avec deux paliers de gouvernement, provincial et fédéral, et estimons qu'il est essentiel d'accélérer nos efforts dans ce domaine.
Il est important de comprendre que ICON n'est pas un projet isolé. Il s'agit d'une série de politiques, de règlements et, finalement, d'investissements privés et publics ayant pour but de faire une réalité du captage et du stockage du CO2 à grande échelle. Le captage et le stockage du carbone (CSC) est une chance de débouché extraordinaire pour le Canada; M. Robson, de Nexen, et moi-même sommes ici aujourd'hui pour mettre en évidence certaines des considérations liées au CSC pendant que le gouvernement élabore sa stratégie environnementale nationale et sa Loi sur la qualité de l'air.
Avant d'aller plus loin, je donnerai un bref aperçu du captage et du stockage du carbone, ou CSC, à l'intention de ceux d'entre vous qui ne seraient pas très informés à ce sujet. Le dioxyde de carbone est produit en très gros volumes par des sources industrielles, généralement des sources de combustion ou des émissions de procédés industriels. Ce dioxyde de carbone peut être capté, séparé des autres contaminants, purifié et comprimé, puis acheminé sur des centaines de kilomètres par des pipelines haute pression, et finalement injecté dans des formations rocheuses situées généralement à deux ou trois kilomètres sous la surface de la terre, bien en dessous du niveau de la nappe d'eau souterraine. En outre, ce dioxyde de carbone peut être utilisé si l'on veut comme agent d'injection dans les champs pétrolifères, pour faciliter la récupération du pétrole. C'est une technique appelée récupération assistée des hydrocarbures.
Cette technologie est considérée par de nombreux pays comme une partie de la solution aux défis posés par les changements climatiques. Le Royaume-Uni, l'Australie et même les États-Unis se lancent dans le CSC. Pour le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, c'est une méthode sécuritaire de réduction à long terme des émissions de dioxyde de carbone.
À la page 2 de la documentation, vous constaterez que la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie a fait de nombreux commentaires sur le CSC dans son tout dernier rapport. Elle y indique — et nous le croyons — que le CSC pourrait constituer la meilleure façon, et la plus rentable, pour le Canada, de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici cinq à dix ans.
En outre, l'appui au CSC était prévu dans la carte routière technologique de RNCan, préparée le printemps dernier.
À la page 3, nous expliquons pourquoi le CSC est très important pour le Canada. En bref, il s'agit d'une solution canadienne. Les investissements seront faits dans notre pays, les réductions de dioxyde de carbone auront lieu au Canada et la technologie pourra être développée chez nous. Le Canada est en quelque sorte dans une position privilégiée pour ce qui est d'adopter le CSC, car de vastes sources de dioxyde de carbone se trouvent à proximité de sites géologiques souterrains de captage dans lesquels le CO2 peut être stocké de façon permanente. Nous estimons en outre que le CSC est une technologie qui a fait ses preuves dans une large mesure mais qui progressera encore au fil des années. Le Canada pourrait devenir un chef de file mondial dans la progression de cette technologie et dans son utilisation.
À la page 4, vous voyez les conclusions précises que nous avons tirées des études que nous avons faites l'année dernière. Nous estimons que jusqu'à 20 mégatonnes de CO2 par année pourraient être captées et stockées d'ici 2015. Ce serait l'équivalent du retrait de 4 millions de voitures des routes, soit environ 25 p. 100 du parc canadien de véhicules légers.
Le CSC aurait en outre des retombées bénéfiques considérables à l'échelle nationale. Nous estimons qu'il pourrait être appliqué en Ontario, dans les Maritimes et dans l'ouest du Canada. L'Alberta est probablement la province où le concept de ICON pourrait être d'abord mis en oeuvre. ICON est le « réseau intégré du CO2 ».
La carte de l'Alberta qui se trouve à la page 4 donne une indication de l'aspect que pourrait avoir un réseau de captage du dioxyde de carbone, la collecte du dioxyde de carbone des sources importantes d'émissions qui sont situées à Fort McMurray, dans la région d'Edmonton et dans les installations chimiques de la région de Red Deer, et son transport vers l'ouest de la province en vue de son stockage permanent dans des réservoirs situés à grande profondeur.
Le groupe ICON pense qu'un réseau infrastructurel de ce type sera la clé de la réussite d'un système de CSC. Ce type d'approche axée sur un réseau permettrait de profiter des économies d'échelle qu'un système de grande envergure permet de réaliser. Il optimise l'efficacité et limitera considérablement les incidences environnementales en ne construisant le système qu'une fois et ce, à grande échelle.
Notre étude nous a permis en outre d'en conclure qu'il est très avantageux d'élaborer ce type de système à grande échelle dès le début plutôt que de démarrer à une petite échelle pour passer progressivement ensuite à une plus grande échelle. Pour cela, comme nous l'indiquons à la page 5, il est essentiel de partager la même vision et d'adopter une approche multisectorielle en ayant l'appui coordonné du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux.
Nous ne pensons pas qu'il soit essentiel de faire des démonstrations ou de la R-D. Il faut que nous axions nos efforts sur le déploiement immédiat de cette technologie, mais l'encouragement du captage et du stockage du carbone doit se faire en tenant compte de la compétitivité de nos entreprises pour assurer la continuité des investissements, en particulier en ce qui concerne l'activité de l'usine de traitement des sables bitumineux, qui doit impérativement être concurrentielle avec les raffineries américaines et les autres endroits où pourrait se faire cette valorisation.
La sixième diapositive concerne nos conclusions en ce qui concerne les influences du marché sur ce type d'activité. Nous estimons que si on laisse cela à la seule merci des forces du marché, très peu de captage et stockage du carbone se feront, même si l'on impose des contraintes plus strictes en ce qui concerne les émissions de CO2. Le profil de risque de ces investissements et les facteurs économiques liés à ce type de CSC à grande échelle sont très défavorables. Par conséquent, les gouvernements doivent jouer un rôle de transition en participant à la mise en place d'un système de CSC à grande échelle. Un partenariat triple entre le secteur public et le secteur privé, reposant sur la participation des deux ordres de gouvernement et de l'industrie, est essentiel.
Il faudra qu'un système intégré réunisse trois éléments: le captage à grande échelle fait à partir de nombreuses installations situées là où se trouvent les points d'émission, avec des investissements de plusieurs centaines de millions de dollars, un accès libre à un réseau de pipelines accessibles à tous, pour transporter le dioxyde de carbone, et l'infrastructure de stockage y compris, à court terme, l'utilisation pour la récupération assistée des hydrocarbures comme source de revenus. Cette récupération assistée est à notre avis très importante pour faciliter le démarrage du système. Les revenus de la vente du dioxyde de carbone pourraient compenser le coût du système. En fin de compte, cependant, ce que nous appelons le stockage direct, ou l'injection du CO2 dans des réservoirs souterrains, en l'absence de toute source de recettes, sera la destination finale de la plus grosse proportion du CO2.
La septième diapositive représente les principes directeurs sur lesquels il sera important de se baser pour élaborer le système de captage et de séquestration du carbone. Le premier est que les entreprises devraient avoir l'option d'entreprendre le CSC en même temps que d'autres stratégies de leur choix. Nous ne pensons pas que le CSC soit la seule stratégie dont le Canada ait besoin pour réduire ses émissions de GES. Il est par conséquent essentiel que le CSC soit un des divers choix que les entreprises puissent faire. Nous pensons également que celles qui décident d'adopter le CSC et de mettre en place les installations nécessaires ne devraient pas avoir un fardeau plus lourd à supporter en ce qui concerne la conformité en matière de réduction des émissions de dioxyde de carbone que celles qui n'optent pas pour le CSC.
Nous soulignons le fait que nos entreprises pensent que cela entraînera certains coûts. Nous ne nous engageons pas dans le captage et la séquestration du carbone dans le but de faire des profits. Ce n'est pas un investissement lucratif, mais nos entreprises sont prêtes à payer leur part des coûts.
La question de savoir comment ces entreprises mettront en place des projets dans ce domaine sera dans une large mesure une question d'échelle. Il est fort probable que celles qui décident d'avoir recours au captage et au stockage du carbone soient capables d'obtenir des réductions d'émissions en fait supérieures à leur contribution raisonnable aux objectifs nationaux. Il est par conséquent essentiel de mettre en place un mécanisme encourageant ce type de comportement par l'octroi de subventions ou la vente de crédits ou tout autre mécanisme analogue. Cette façon de procéder allégera le fardeau que représentera cet investissement écologique pour ces entreprises.
En conclusion, j'aimerais signaler que nous estimons que le ICON Group, qui représente un grand nombre d'industries, est le groupe à embaucher pour l'élaboration d'une politique visant à établir un réseau pour le captage et la séquestration du carbone au Canada. Notre groupe a fait de nombreuses études sur les possibilités de fonctionnement d'un tel système. C'est avec plaisir que nous répondrons aux questions que vous avez à nous poser à ce sujet.
Nous encourageons le gouvernement fédéral à confirmer que le captage et la séquestration du carbone est un volet clé de la stratégie environnementale canadienne et que le concept de ICON est une priorité.
L'élaboration d'un réseau intégré du dioxyde de carbone sera une étape environnementale qui entraînera de grands changements et qui sera plus efficace sous la forme d'un partenariat privé-public. Nous avons l'occasion d'entreprendre ensemble le plus vaste déploiement au monde en matière de CSC. Il est essentiel que le gouvernement fédéral élabore avec nous la portée, l'envergure et les options stratégiques qui permettront de réaliser le réseau ICON. La collaboration est essentielle et les entreprises qui font partie de ICON sont prêtes à entamer des discussions sérieuses avec le gouvernement.
[Français]
Je vous remercie de votre attention. J'attends vos questions avec intérêt.
:
Merci beaucoup. J'apprécie cette occasion de faire un exposé.
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de faire des commentaires préliminaires au sujet de l'énorme opportunité que représentent les sables bitumineux pour l'Alberta et pour le Canada, ni sur certains des défis environnementaux entourant la mise en valeur des sables bitumineux. Il est clair que des technologies et des stratégies de gestion innovatrices sont essentielles pour réduire considérablement les incidences environnementales du développement des sables bitumineux et qu'elles permettraient de tirer pleinement parti de cette opportunité.
Le Canada a un avantage vert majeur pour relever certains de ces défis environnementaux, à savoir son vaste capital biologique, et en particulier ses ressources forestières et agricoles. En pensant à faire évoluer, au cours des 45 ou 50 prochaines années, notre système économique vers ce que nous appelons une bioéconomie, nous pourrions réaliser une partie du potentiel qu'a le Canada de tirer parti des avantages qui s'offrent à lui sur les plans environnemental, économique et social. Au Canada, nous avons la possibilité, en faisant un usage durable de nos ressources biologiques, d'obtenir des réductions des émissions de CO2 de 240 millions de tonnes d'ici le milieu du siècle, ce qui représente presque 10 fois les émissions de dioxyde de carbone produites actuellement par le traitement des sables bitumineux.
La bioéconomie durable implique plusieurs étapes. La première consiste à séquestrer le carbone atmosphérique dans les forêts et les sols agricoles. C'est non seulement important parce qu'on élimine le carbone de l'atmosphère, mais c'est en outre une étape essentielle, car elle aide ces écosystèmes à s'adapter aux changements et aux impacts déjà ressentis du changement climatique, par exemple l'infestation de dendroctones du pin en Colombie-Britannique.
La deuxième consiste à réduire les émissions biologiques de gaz à effet de serre associées aux activités actuelles, qu'il s'agisse des émissions agricoles de gaz à effet de serre produites par les systèmes culturaux, la gestion du fumier de ferme et les systèmes de production animale ou les sites d'enfouissement, à l'échelle nationale.
La troisième consiste à compléter nos ressources en énergie fossile avec une énergie biomasse et des biocombustibles renouvelables. Le mouvement vers une bioéconomie durable sera certainement un stimulus majeur pour l'économie rurale au Canada. Il aidera à créer des communautés plus saines, il améliorera la sécurité de l'énergie et accroîtra la productivité et la compétitivité internationales des entreprises canadiennes.
Dans le volet principal de mon exposé, j'aimerais faire des commentaires plus précis sur le mouvement vers une bioéconomie durable et le potentiel que chacune de ces étapes offre au Canada de réduire l'empreinte environnementale, non seulement du développement des sables bitumineux, mais aussi d'une façon générale.
Nous examinerons d'abord la question des compensations biologiques pour les émissions de gaz à effet de serre provenant du développement des sables bitumineux et d'autres activités humaines. Il existe en fait trois types de compensations. Les deux premières sont en quelque sorte les équivalents biologiques de la séquestration géologique importante qui vient d'être évoquée. La gestion des forêts pour le carbone et pour faire face au problème des gaz à effet de serre est une opportunité majeure, surtout dans une perspective de plusieurs dizaines d'années. Ce n'est pas très efficace pour les cinq à dix prochaines années, car la croissance des arbres est lente; il faut par conséquent des années pour que l'impact de ce type d'initiative se fasse ressentir.
Au Canada, nous avons environ 400 millions d'hectares de terres forestières, dont 240 millions d'hectares produisent du bois d'oeuvre. On pratique la récolte du bois sur environ 1 million d'hectares de forêts annuellement. Les compagnies forestières, par le biais d'un aménagement forestier durable, gèrent actuellement environ 230 millions de tonnes d'émissions de dioxyde de carbone dont elles stimulent en fait la croissance par ce type de gestion. Par conséquent, 230 millions de tonnes de dioxyde de carbone vont dans nos forêts, ce qui représente environ un tiers des émissions totales actuelles de gaz à effet de serre au Canada. Nous récoltons naturellement ces 230 millions de tonnes d'émissions de dioxyde de carbone sous forme de biomasse et l'utilisons sous la forme de produits forestiers. Une partie reste sur le sol avec les résidus forestiers ou dans les scieries. Un pourcentage important est déjà transformé en énergie par les compagnies forestières.
Cependant, si l'industrie forestière modifiait sa gestion d'une partie de nos terres forestières et améliorait les technologies d'aménagement, il serait possible d'augmenter la productivité de ces terres de 50 à 100 p. 100, ou plus, au cours des 50 prochaines années. Si on le faisait par exemple sur 50 p. 100 des terres exploitées d'ici 2050, les stocks de carbone des forêts au Canada pourraient séquestrer entre 70 et 100 millions de tonnes de CO2 par année. En outre, quand les arbres auraient finalement atteint leur maturité, la biomasse serait disponible pour les produits du bois ou en tant que ressource énergétique renouvelable.
Il est très important de tenir compte du fait que nous devrons probablement le faire de toute façon. En raison d'impacts tels que l'infestation de dendroctones du pin et d'autres impacts reliés au climat, nous aurons besoin de modifier la gestion de nos écosystèmes forestiers. C'est donc une occasion de s'y mettre immédiatement, en tenant compte du fait que nous pourrions en retirer les avantages correspondants en ce qui concerne les gaz à effet de serre, tout en aidant à préserver ces écosystèmes.
Le deuxième domaine concerne le rôle de l'agriculture, et en particulier des sols agricoles, dans le captage et le stockage du carbone. Au cours des 15 ou 16 dernières années, certaines des meilleures études scientifiques qui ont été faites au Canada ont indiqué que l'adoption d'un mode d'agriculture axé sur le travail minimum du sol a déjà augmenté les quantités de dioxyde de carbone de 10 à 20 millions de tonnes dans les terres d'assolement. Cependant, il y a un potentiel pour que ces sols gardent beaucoup plus de carbone tout en profitant de la fertilité additionnelle apportée par ce carbone.
Un certain nombre de technologies — dont certaines existent depuis des siècles et d'autres sont très récentes — qui accroîtront les quantités de carbone stockées dans les 30 millions d'hectares de terres agricoles au Canada et les dizaines de millions d'hectares de pâturage peuvent être utilisées. On estime qu'au moins 30 millions de tonnes d'équivalents de CO2 pourraient être ainsi stockées d'ici 2050. Quelques documents récents très intéressants indiquent que ce pourrait être une sous-estimation, selon les technologies intégrées.
La réduction des émissions de l'agriculture et des sites d'enfouissement est une troisième étape, et il s'agit en fait d'une réduction des émissions comme telles plutôt que d'une séquestration. Par conséquent, il s'agit d'une réduction à long terme des émissions — appelées de catégorie A. Des quantités considérables — environ 88 millions de tonnes — d'équivalents de CO2 sont produites par l'agriculture, les sites d'enfouissement, les systèmes de production animale, et nos systèmes culturaux. Des pratiques de gestion améliorées, dont la plupart sont déjà connues, pourraient réduire considérablement ces émissions. Des pratiques de gestion améliorées, dont nous connaissons déjà la plupart, peuvent réduire considérablement ces émissions. Il existe des technologies sérieuses qui, si elles sont mises en oeuvre à une grande échelle, avec les mesures incitatives appropriées — des incitatifs économiques — pour les agriculteurs, les exploitants de sites d'enfouissement, les municipalités, etc., devraient permettre de réduire ces émissions de moitié, soit de 40 millions de tonnes par années d'ici 2050.
Il est clair qu'avec des stratégies appropriées de ce type, des stratégies d'investissement et des politiques, nos ressources biologiques ont le potentiel de compenser les émissions produites par les combustibles fossiles.
Les systèmes biologiques peuvent jouer un rôle très important en fournissant une ressource énergétique. Au cours des dernières années, l'énergie de la biomasse a suscité un vif intérêt, surtout à la suite de la récente hausse des prix du pétrole et du gaz. Les prix à la tête du puits sont le double ou le triple du prix de la biomasse à la ferme ou au chemin forestier. Si les prix du pétrole et du gaz continuent d'augmenter, l'écart avec les prix de la biomasse à la ferme et au chemins forestiers augmentera également.
Il est vrai que le coût — le coût économique — de la transformation de la biomasse en un type d'énergie utilisable pour concurrencer le pétrole et le gaz absorbera l'avantage économique du prix à la ferme et au chemin forestier. Cependant, en faisant des investissements nouveaux dans la technologie et l'infrastructure, la biomasse a un potentiel considérable de jouer un rôle majeur.
D'autres pays ont pris conscience du potentiel que présente la biomasse et en ont fait un élément clé de leurs stratégies, qu'elles concernent le changement climatique, comme dans l'Union européenne, ou que ce soit pour assurer la sécurité énergétique, comme aux États-Unis.
Je voudrais faire encore un commentaire à ce sujet. Au cours de l'année dernière, les États-Unis ont pris en matière de bioénergie un engagement pour les 20 prochaines années qui équivaut à plus d'une fois et demie la quantité totale d'énergie, en provenance de toutes les sources, utilisée au Canada. L'Union européenne s'est fixé un objectif bioénergétique qui est à peu près l'équivalent de toute l'énergie consommée au Canada.
En ce qui concerne les sables bitumineux comme tels — et il s'agit d'une opportunité propre à ce secteur —, il est possible de considérer la biomasse comme une source potentielle d'énergie de remplacement du gaz naturel. Elle pourrait jouer un rôle important dans la production des sables bitumineux.
Si nous nous basons sur une demande en gaz naturel de 800 pieds cubes par baril de pétrole, la production d'un million de barils de pétrole par jour nécessiterait environ 15 millions de tonnes de biomasse sèche par année. Cela représente une très grande quantité de biomasse et une ressource très considérable. Il est possible de produire cette quantité de biomasse dans l'ouest du Canada.
D'après des études faites avec le gouvernement de la Colombie-Britannique, BIOCAP estime que cette province a le potentiel de produire plus de 32 millions de tonnes de biomasse par année, dont 11 millions de tonnes au cours des 20 prochaines années provenant du bois attaqué par le dendroctone du pin.
L'Alberta et la Saskatchewan ont aussi un potentiel formidable pour la production durable d'énergie verte. Nous avons estimé que le Canada avait un potentiel de production durable d'énergie de la biomasse de plus de 300 millions de tonnes par année dans tous les domaines, depuis les carburants de transport jusqu'à la production d'électricité, en passant par le chauffage. Cela peut paraître une quantité considérable — elle représente environ un quart de ce que les États-Unis ont déjà produit par le biais des départements de l'énergie et de l'agriculture —, mais c'est moins de la moitié de la quantité prévue dans les estimations qui avaient été faites pour le Canada il y a une vingtaine d'années, quand on a examiné son potentiel bioénergétique. C'est donc une estimation prudente.
L'un des plus grands défis associés à la biomasse comme ressource énergétique est le problème de sa faible densité énergétique et sa dispersion. C'est un défi sur le plan du transport. Alors que cette difficulté n'est pas encore résolue, plusieurs études très intéressantes en cours démontrent que la technologie, alliée à des stratégies de gestion et à une planification efficaces, peuvent contribuer à régler certains de ces problèmes.
Par exemple, un entrepreneur de la Colombie-Britannique avec lequel nous avons collaboré a développé une technologie de fabrication de pastilles de bois qui n'absorbent pas l'eau. On peut donc les placer dans l'eau et maintenir leur énergie thermale jusqu'à ce qu'on les utilise, après les avoir laissées sécher à l'air libre.
Une équipe de chercheurs universitaires avec laquelle nous avons collaboré explore la possibilité d'incorporer cette sorte de pastilles dans une pulpe à base d'eau, en utilisant essentiellement la technologie de la pulpe de charbon, qui est connue et très développée à l'échelle mondiale, de façon à pouvoir pomper de grandes quantités de biomasse par oléoduc sur de grandes distances. Cela permettrait le transport à bon prix vers les sables bitumineux des excès de bois infesté par le dendroctone ou des résidus des forêts de la Colombie-Britannique, ou même des cultures productrices de biomasse dans les Prairies.
Les avantages collatéraux de cette stratégie de bioénergie incluraient des millions de tonnes par année de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de même que la possibilité d'acheminement vers les sables bitumineux, surtout en ce qui concerne la Colombie-Britannique, de millions de mètres cubes d'eau, contribuant ainsi à réduire la demande pour les fournisseurs locaux.
Nous ne sommes certainement pas en ce moment en mesure de recommander l'utilisation à grande échelle de la biomasse pour les sables bitumineux. Les études débutent seulement. Cela démontre toutefois le rôle important de la recherche-développement pour trouver des solutions biologiques à certains des défis qui se posent en matière d'énergie et d'environnement. À plusieurs égards, le domaine de l'énergie de biomasse est aujourd'hui au même niveau que l'était la technologie des sables bitumineux il y a 30 ans. Nous devons investir dans la R-D pour créer une ressource de grande valeur pour l'avenir.
La transformation en une bioéconomie durable représente une opportunité très significative pour le Canada. Elle peut réduire l'empreinte environnementale du Canada, non seulement en ce qui concerne le développement des sables bitumineux, mais aussi d'autres usages énergétiques. Elle peut constituer un stimulus majeur pour l'économie rurale dans le secteur forestier qui est en pleine crise, en raison des défis qui se posent actuellement dans le secteur des pâtes et papiers, et dans le secteur agricole.
Trois facteurs doivent être réunis pour aller de l'avant. Nous avons besoin de données scientifiques fiables et indépendantes qui documenteront les décisions en matière de politique et d'investissement nécessaires pour un système intérieur d'échange de droits d'émission et soutiendront l'application rapide de technologies connues et éprouvées.
Il est essentiel de mobiliser la communauté de la recherche — des chercheurs universitaires et gouvernementaux et ceux d'autres industries novatrices — pour former la main-d'oeuvre compétente et développer les technologies innovatrices ainsi que les stratégies de gestion qui augmenteront la durabilité environnementale, économique et sociale d'une vaste gamme de solutions bioéconomiques, depuis les réductions d'émissions jusqu'à l'adaptation à de nouveaux types d'énergie dans les technologies des transports, en passant par les puits de carbone.
Il est en outre essentiel de procéder au transfert efficace des connaissances existantes et nouvelles entre l'industrie, le gouvernement, les organisations non gouvernementales et les milieux de la recherche.
C'est en fait ce que la Fondation BIOCAP Canada a fait. Nous avons un parcours caractérisé dans ce domaine et nous avons réuni les disciplines et les secteurs essentiels pour trouver des solutions efficaces. Nous serions très heureux de collaborer avec le gouvernement fédéral pour pouvoir poursuivre nos travaux dans ce domaine.
Merci beaucoup.
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Je la lirai pour le compte rendu:
Que le Comité reconnaisse le rôle indispensable que jouent la Fondation BIOCAP Canada et ses partenaires dans la création de programmes novateurs, la collaboration et l'établissement de réseaux de recherche pour faciliter la transition du Canada vers la bioéconomie; et que le Comité demande respectueusement au gouvernement du Canada de fournir immédiatement un financement à court terme à la Fondation BIOCAP Canada afin qu'elle soit en mesure d'honorer ses engagements envers les chercheurs universitaires canadiens et de lancer ses programmes de recherche en bioéconomie pour 2007-2008.
Monsieur le président, je ferai des commentaires très... Je pense que les questions posées par M. Trost soulignent la pertinence en ce qui concerne la transformation dont les Canadiens, et en fait les citoyens du monde entier, ont été témoins — dans notre étude sur les sables bitumineux, par exemple — pour ce qui est d'essayer de tirer parti des occasions technologiques créées par la production de dioxyde de carbone.
Monsieur le président, les exposés qui ont été faits aujourd'hui par les représentants de ICON et de BIOCAP nous démontrent en fait que la recherche est rattachée au développement de ces technologies. Sans ce lien, on se contente de tenir de beaux discours sans agir. Je pense que le comité a perçu la frustration. Quand on visite les installations de traitement des sables bitumineux, on voit qu'on a largement recours à la technologie, mais on ne perçoit aucune volonté réelle — comme l'a signalé M. Angus Bruneau — de faire appel à la capacité innovatrice, par le biais de la commercialisation, pour séquestrer le dioxyde de carbone ou pour l'utiliser dans le processus de gazéification dans le contexte de la production de charbon ou de la production d'énergie biomasse.
Ce sont les défis que le comité a examinés, monsieur le président. On m'a laissé entendre que la Fondation BIOCAP est très frustrée de ne pas avoir reçu la dernière tranche de son financement qui lui permettrait de compléter le programme de recherche en cours.
Ce que je suggère, et j'espère que le comité appuiera ma suggestion, monsieur le président, c'est que nous demandions tout simplement au ministre compétent — je pense qu'il s'agit en l'occurrence du ministre des Ressources naturelles, mais c'est une question qui devra être éclaircie — de fournir les 2 millions de dollars dont BIOCAP a besoin pour compléter le programme de recherche-développement en cours. Dans l'appel d'offres initial, il était entendu — quoiqu'il s'agissait d'un autre gouvernement — que la Fondation pourrait compléter son programme de recherche en cours.
BIOCAP a témoigné quand j'étais membre du comité de l'environnement et nous avions alors été impressionnés d'apprendre que non seulement cette fondation avait reçu des fonds fédéraux, mais qu'elle avait également été capable de récolter des fonds auprès du secteur privé. Elle avait compris qu'elle avait intérêt à financer de la recherche appliquée en vue de faire du développement et était par conséquent disposée à contribuer à ces travaux. Je pense que vous avez vu dans le document remis par BIOCAP qu'avec les 10 millions de dollars d'investissement public, la Fondation a pu recueillir environ 27 millions de dollars supplémentaires pour financer un programme de 37 millions de dollars.
Monsieur le président, j'estime que c'est là plus qu'un acte de foi. Le comité ferait preuve de sagesse en appuyant sa demande provisoire. Je présente donc cette motion pour activer cette demande.
Je vous remercie.