:
La séance est ouverte. Nous sommes toujours visés par l'ordre de renvoi du 29 novembre, qui a trait à une question de privilège concernant la divulgation prématurée d'un projet de rapport confidentiel sur les consultations prébudgétaires du comité des finances.
Nous allons passer la majeure partie de la première heure de la séance d'aujourd'hui en compagnie de Mme Karen Shepherd, commissaire au lobbying. Merci d'être venue discuter avec nous aujourd'hui et merci de nous avoir fait parvenir une bonne présentation PowerPoint. Grâce à celle-ci, j'ai une excellente idée de votre travail et de la façon dont les choses fonctionnent. Nous allons peut-être pouvoir gagner du temps aujourd'hui grâce au fait que nous avons un document entre les mains.
Mesdames et messieurs les membres du comité, au cours de la deuxième heure de la séance, nous allons recevoir Louis Bard, dirigeant principal de l'information. Nous allons discuter avec lui de certaines questions de nature technologique. Par ailleurs, si nous avons le temps, j'aimerais garder 15 minutes à la fin de la séance pour les travaux du comité. Je vais vous proposer de passer un peu moins d'une heure avec chaque groupe de témoins pour qu'il nous reste du temps à la fin.
Madame Shepherd, d'après ce que je comprends, vous avez une déclaration préliminaire à faire. J'aimerais que vous fassiez cette déclaration, le plus brièvement possible, et que vous présentiez la personne qui vous accompagne, après quoi il va y avoir une série de questions.
:
Bonjour, monsieur le président et les membres du comité.
Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui pour discuter du processus d'enquête que nous utilisons. Je suis accompagnée de Me. Bruce Bergen, avocat-conseil principal.
En tant que commissaire au lobbying, mon mandat est de maintenir un registre, d'éduquer et d'assurer la conformité.
[Français]
Mes pouvoirs d'enquête sont énumérés dans la Loi sur le lobbying. J'ai l'autorité de procéder à une enquête si j'ai une raison de croire qu'une enquête est nécessaire pour assurer la conformité à la loi ou au Code de déontologie des lobbyistes.
Je prends au sérieux toute allégation d'infraction à la Loi sur le lobbying et au Code de déontologie des lobbyistes. Je peux examiner tout ce qui est porté à mon attention au moyen d'une plainte. Je peux aussi faire un examen de mon propre chef.
[Traduction]
Les infractions à la Loi sur le lobbying ont principalement trait à l'enregistrement. Elles peuvent résulter, par exemple, d'une omission de s'enregistrer comme lobbyiste ou d'une omission de s'enregistrer à l'intérieur du délai prescrit. La communication de renseignements faux ou trompeurs dans un enregistrement constitue aussi une infraction à la loi.
Le Code de déontologie des lobbyistes est entré en vigueur en 1997 pour rassurer le public canadien quant au fait que les lobbyistes sont tenus de respecter des normes d'éthique élevées. Les lobbyistes peuvent se trouver en situation de contravention au code s'il y a un manquement à un principe ou à une règle.
Lorsqu'une allégation d'infraction à la loi ou au code est portée à mon attention, je dois déterminer les faits. J'entreprends un examen administratif, qui représente le volet de collecte des faits de notre processus d'enquête. Ce processus a pour objet de me fournir suffisamment de renseignements pour déterminer s'il y a matière à entamer une enquête en bonne et due forme ou si une autre mesure est préférable.
Un examen administratif peut donner lieu à l'un des quatre résultats.
L'examen est abandonné parce que l'allégation est dénuée de fondement. Les motifs selon lesquels une allégation est dénuée de fondement peuvent être liés au fait qu'il ne s'agissait pas d'une activité devant être déclarée ou que l'activité n'a pas été entreprise contre rémunération. Dans ces cas, j'avise alors la personne concernée et le plaignant par écrit de ce résultat.
Il m'est également possible de mettre fin à un examen administratif même si l'allégation est bien fondée. Dans ces cas, les mesures appropriées peuvent être d'éduquer la personne en question ou de demander une correction du Registre des lobbyistes. Ces affaires font également l'objet d'un suivi par la suite.
Je peux entamer une enquête en bonne et due forme si j'ai des raisons de croire qu'une enquête est nécessaire pour assurer la conformité avec la loi ou le code. Une fois l'enquête commencée, je peux assigner à comparaître des personnes et je peux exiger la production de documents. Jusqu'à maintenant, selon mon expérience, les témoins coopèrent et répondent à nos demandes, et je n'ai jamais eu recours à ces pouvoirs. Depuis juillet 2008, j'ai entamé huit enquêtes.
Enfin, si j'ai des motifs raisonnables de penser qu'une personne a commis une infraction à la Loi sur le lobbying ou à toute autre loi du Parlement, je dois en aviser un agent de la paix. Depuis juillet 2008, j'ai envoyé six dossiers à la GRC. Lorsque j'envoie un dossier à la GRC, la loi m'oblige à suspendre mon enquête jusqu'à ce que l'affaire soit réglée.
[Français]
La Loi sur le lobbying prévoit des sanctions pouvant aller jusqu'à 200 000 $ et deux ans de prison. Si une personne est condamnée pour une infraction, je peux également lui interdire d'exercer des activités de lobbying pendant une période allant jusqu'à deux ans.
Toutefois, à ce jour, aucune accusation n'a été portée en application de la Loi sur le lobbying.
[Traduction]
Si la GRC me renvoie un dossier, suivant des consultations avec le procureur fédéral, je peux reprendre l'enquête pour déterminer si une infraction au Code de déontologie des lobbyistes a été commise, si j'ai des motifs suffisants. La loi m'oblige, avant de déposer un rapport d'enquête, à donner aux personnes concernées par une enquête la possibilité de présenter leurs points de vue. Pour assurer l'application régulière de la loi, j'ai adopté la pratique de donner une copie du rapport de la direction des enquêtes à la personne concernée. Celle-ci a 30 jours pour répondre.
En ce qui concerne le Code de déontologie des lobbyistes, il est important de remarquer qu'il ne s'agit pas d'un texte réglementaire. Les infractions au Code ne comportent ni amende ni peine d'emprisonnement. La loi m'oblige cependant à déposer un rapport d'enquête devant les deux chambres du Parlement, dans lequel je dois présenter mes conclusions et les raisons à l'appui, lorsque je termine une enquête relativement à une infraction au Code.
J'ai indiqué récemment que j'entends déposer au Parlement un certain nombre de rapports d'enquête d'ici la fin du présent exercice financier.
À ma comparution devant le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique le 14 décembre, j'ai indiqué que j'entendais examiner le cas de cinq lobbyistes qui ont reçu un document confidentiel d'un employé d'une députée. Je souhaite confirmer aujourd'hui que je suis à examiner le cas pour déterminer s'il y a effectivement eu infraction au Code de déontologie des lobbyistes.
La Loi sur le lobbying exige que je mène les enquêtes en secret. Je ne peux donc discuter des cas que j'examine.
[Français]
Monsieur le président, cela met fin à mon allocution. Je me ferai maintenant un plaisir de répondre à vos questions et à celles des membres du comité.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, madame Shepherd, et merci.
[Traduction]
Nous nous penchons sur le problème posé par la divulgation non autorisée d'un rapport, l'ébauche d'un rapport du comité des finances, par l'assistant d'une députée à un lobbyiste, bien entendu. Andy Gibbons, ancien membre du personnel conservateur au Parlement — et aujourd'hui lobbyiste —, a témoigné que, après avoir reçu la copie non autorisée de l'ébauche du rapport du comité des finances, il en a communiqué les parties pertinentes à son client, Merck Frosst. Je cite le courriel qu'il a envoyé à son client: voici un extrait de l'ébauche du rapport confidentiel qui résume ce que les témoins ont dit au sujet des vaccins.
À votre avis, s'agit-il à première vue, d'une infraction au Code de déontologie des lobbyistes?
En ce qui concerne un autre membre du personnel conservateur qui joue le rôle de lobbyiste, Lynne Hamilton, le registre de ses communications montre que, même si elle fait partie des 100 principaux lobbyistes à Ottawa depuis trois ans et qu'elle a une liste importante de clients très connus, elle n'a communiqué qu'une fois avec un titulaire de charge publique désigné en 2010. En 2009, elle n'a eu que quatre contacts avec des titulaires de charge publique, et en 2008, trois.
Madame la commissaire, est-ce que vous vérifiez si les déclarations mensuelles de communications se comparent en quoi que ce soit à celles des autres lobbyistes?
:
Il y a deux raisons pour lesquelles une personne peut être visée par une interdiction de cinq ans. Cette question m'a déjà été posée par un comité en rapport avec la protection des renseignements, mais je peux peut-être répondre à la question d'une autre manière.
Pour les gens qui sont visés par l’interdiction de cinq ans, si elles ont été désignées dans le cadre du code régissant les conflits d’intérêts et l’après-mandat — si elles faisaient partie du personnel exempté du cabinet d’un ministre — et si elles ont quitté leur poste avant l’entrée en vigueur de la Loi sur le lobbying, elles étaient visées par cette interdiction de cinq ans, qui ne permettait aucune exemption. Ainsi, en fonction du moment où une personne a quitté son poste, elle peut ne pas avoir accès à une exemption. Ce que cela signifie, c’est que cette personne ne peut exercer des activités de lobbying à partir de la date où elle a quitté son poste, c’est-à-dire qu’elle ne peut être un lobbyiste-conseil, un lobbyiste d’organisation ou un lobbyiste salarié d’entreprise.
Lorsque la Loi sur le lobbying est entrée en vigueur en juillet 2008, un certain nombre de personnes ont été désignées, et il s’agit des employés des cabinets de ministres et des membres de leur personnel nommés en vertu de l’article 128 de la Loi sur l’emploi dans la fonction publique. Ces personnes peuvent demander une exemption, et, comme je l’ai déjà dit, j'ai adopté un point de vue très strict là-dessus. Je n’en ai accordé que quatre, et la loi exige que j’affiche sans retard indu les raisons qui justifient ces quatre exemptions dans le site Web. Ainsi, si vous vérifiez, vous constaterez que le nom de la personne en question ne figure pas dans le site Web.
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Merci, madame Shepherd, d'être ici.
Je comprends très bien qu'en raison des enquêtes en cours, il y a certains renseignements au sujet du lobbyiste en question que vous ne pouvez pas communiquer. Je comprends cela, alors je vais essayer de formuler des commentaires généraux qui vous permettront, je l'espère, de répondre aux questions.
Si un lobbyiste reçoit de l'information confidentielle, d'après les dispositions selon lesquelles les lobbyistes doivent déclarer les contacts qu'ils ont avec des titulaires de charge publique, sont-ils obligés de déclarer qu'ils ont reçu de l'information confidentielle? Autrement dit, je sais que les lobbyistes, lorsqu'ils entrent en contact avec un titulaire de charge publique, doivent le déclarer.
:
Comme je l'ai dit, et le problème, je crois... J'essaie d'être aussi franche que je peux avec le comité...
M. Tom Lukiwski: Je comprends.
Mme Karen Shepherd: ... mais j'essaie aussi de ne pas tirer de conclusion trop vite relativement à l'affaire que je dois examiner. Je ne peux pas dire... Contrairement à la règle concernant les conflits d'intérêts, par exemple, à l'égard de laquelle non seulement il y a eu de nombreuses plaintes qui ont été déposées au fil des ans, mais qui fait l'objet d'une jurisprudence, depuis 2009, il n'y a encore rien dans ce domaine.
J'essaie donc de déterminer quel sera le principe ou quelle sera la règle à partir des faits de l'affaire. Les allégations que vous soulevez, ou que le comité soulève et examine, sont à mon avis suffisamment graves pour que j'aie lancé un examen administratif sans hésitation, parce que je pensais qu'il fallait que je me penche sur ce problème particulier.
:
J'ai deux autres questions brèves.
Combien de temps me reste-t-il, monsieur le président?
Le président: Il vous reste 40 ou 45 secondes.
M. Tom Lukiwski: M. Ullyatt était un membre du personnel d'une simple députée, alors il n'était pas désigné... pas considéré du moins, comme un titulaire de charge publique.
Me Bruce Bergen: Un titulaire désigné...
M. Tom Lukiwski: Pas un titulaire de charge publique désigné.
Me Bruce Berger: Oui.
M. Tom Lukiwski: Est-ce que cette situation a une incidence sur le fait qu'un lobbyiste doive déclarer ou non ses contacts avec M. Ullyatt? Il ne s'agit pas d'un titulaire de charge publique désigné, alors, si les lobbyistes entrent en contact avec une personne comme M. Ullyatt, doivent-ils le déclarer? Doivent-ils aviser votre commissariat du fait qu'ils communiquent avec lui?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup, madame Shepherd, d'être ici.
Selon les réponses que vous avez données à mes collègues, le sujet sur lequel vous enquêtez présentement est un précédent. Ça ne s'est jamais fait. Vous cherchez une façon de traiter ça avec les outils que vous possédez, entre autres l'application de la loi.
Sauf erreur, dans un autre comité, on va revoir la Loi sur le lobbying.
Pourriez-vous nous dire si, présentement, vous prévoyez des amendements ou des changements à la loi qui vous permettraient d'intervenir dans un cas comme celui qu'on a devant les yeux aujourd'hui, de mieux le cerner et de mieux l'analyser?
:
Merci, monsieur le président.
Madame Shepherd, maître Bergen, bonjour et bienvenue. C'est un plaisir de vous revoir.
Je voudrais commencer là où mon collègue M. Proulx a terminé. Je vous invite à nous expliquer plus en détail votre approche par rapport aux coups de sonde que vous pouvez donner. Je comparerais un aspect de votre travail à celui d'un vérificateur comptable, c'est-à-dire quelqu'un qui doit faire preuve d'une certaine expertise pour voir si les chiffres présentés sont plausibles ou non.
Je vais reprendre l'exemple de M. Proulx. Mme Hamilton travaillait comme lobbyiste à temps complet et gagnait très bien sa vie. Or, elle dit qu'il lui arrive une ou deux fois par année de faire une activité de lobbying. Un vérificateur comptable utiliserait une technique de sondage. C'est n'est pas un sondage comme le font les maisons CROP ou Léger, mais un sondage au sens comptable, un coup de sonde. C'est pour voir si les informations données sont plausibles.
Je vous soumets respectueusement, puisque c'est votre métier et non le mien, que ce n'est pas plausible qu'une personne puisse bien gagner sa vie comme lobbyiste à temps complet, qu'elle soit considérée comme l'une des meilleures et l'une des plus actives lobbyistes et qu'elle ne déclare que quelques activités de lobbying par année.
Quelles techniques d'enquête avez-vous pour faire ces coups de sonde, un audit? Comment faites-vous la surveillance à cet égard?
Pour ma part, je reste bouche bée devant de telles statistiques.
L'un de mes collègues — je pense que c'était M. Lukiwski, a parlé des témoignages devant d'autres comités. J'aimerais aborder cette question.
Vous avez dit devant un autre comité que la Couronne semble avoir établi un « seuil très élevé » lorsqu'il s'agit de porter des accusations dans le cadre de la loi sur les lobbyistes et que, en conséquence, il n'y a pas eu de poursuites dans 10 des 11 cas renvoyés à la GRC depuis 2005. Il y a un cas qui est encore examiné par la GRC, et, d'après votre témoignage, aucun lobbyiste n'a été déclaré coupable d'une infraction à la loi jusqu'à maintenant.
Est-ce que, selon votre avis d'experte, cela permet de conclure que les dispositions d'application de la loi sont inadéquates? Croyez-vous plutôt que les dispositions d'application de la loi sont adéquates, malgré le témoignage que vous avez livré selon lequel il n'y a pas eu de poursuites jusqu'à maintenant?
Merci, madame Shepherd, d'être venue ici aujourd'hui.
J'ai travaillé comme lobbyiste en Ontario pendant plusieurs années lorsque j'ai quitté le parlement provincial. À l'occasion, j'ai eu à faire certaines choses pour un client qui pouvait avoir un intérêt à l'échelon fédéral, même si c'était rare, et, lorsque j'ai pris connaissance de la nouvelle loi en 2006, j'ai été agréablement surpris, en fait, de la sévérité de la Loi sur le lobbying. J'ai dû former des gens qui se disaient lobbyistes et qui voulaient exercer leurs activités à Ottawa, à l'égard de ce qu'ils devaient faire.
Le meilleur exemple, pour moi, c'est que quiconque a rencontré un titulaire de charge publique désigné et ne le déclare pas avant le 15 du mois suivant devrait être passible d'une amende maximale de 200 000 $ et de six mois d'emprisonnement, ce qui est très sévère à mon avis, et adéquat.
Comparativement aux lois des provinces et, en fait, à des lois semblables ailleurs dans le monde — aux États-Unis, au Royaume-Uni ou en France — où se situe notre Loi sur le lobbying sur le plan de la sévérité et des mesures concernant les agissements des lobbyistes?
J'ai deux ou trois questions. Je vais commencer par la dernière.
Encore une fois, ce ne sont que des suppositions, mais vous êtes en train de mener une enquête concernant un cas qui est essentiellement sans précédent. Vous avez mentionné le fait que vous n'avez jamais vraiment examiné un cas où des renseignements confidentiels ont été transmis à un lobbyiste. Nous allons évidemment tous attendre les résultats de votre enquête. Il est normal, lorsqu'on mène une enquête... ou, dans ce cas-ci, envisagez-vous de formuler des recommandations concernant d'éventuelles modifications du code de déontologie, son renforcement au besoin et autre chose du genre?
Si vous avancez essentiellement en terrain inconnu, quels que soient les résultats, seriez-vous prête à revenir, que ce soit devant le comité ou le Parlement, et à formuler des recommandations sur ce qui doit être fait pour empêcher ce genre de choses de se reproduire ou à tout le moins prévoir d'autres sanctions si des choses du genre se produisaient à nouveau?
:
Merci, monsieur le président.
Merci de votre présence.
Je vais synthétiser ce que j'ai compris de vos réponses aux différentes questions.
Vous êtes en train de mener une enquête sur la situation où des documents confidentiels ont été transmis par un employé d'une députée à des lobbyistes, qui ont pu les utiliser. En fait, ils nous ont même avoué, dans certains cas, les avoir utilisés. Dans l'enquête que vous menez présentement, vous cherchez à déterminer s'il y a un lien entre ce qui s'est passé et le Code de déontologie des lobbyistes.
Donc, vous n'êtes pas encore à l'étape où vous cherchez à établir les faits pour voir si on a contrevenu au code. Vous essayez plutôt de comprendre si, dans le code, il y aurait des éléments pour une prise, pour une enquête plus approfondie.
Ai-je bien compris?
Par ailleurs, vous faites votre travail auprès de nous, les parlementaires, en nous faisant l'honneur de votre présence ici et en nous donnant quelques explications sur vos fonctions. Lorsque vous avez rencontré le caucus du Nouveau Parti démocratique, vous avez utilisé le terme « pratiques exemplaires » pour décrire la meilleure façon d'aborder la loi du point de vue des pratiques. Or ça cadre très bien avec le travail que nous faisons ici aujourd'hui. Au-delà de notre intérêt pour vos fonctions, nous devons déterminer, compte tenu de la transmission par M. Ullyatt d'une information prébudgétaire confidentielle qu'il n'avait pas le droit de transmettre, faute qui a été reconnue, si son travail faisait l'objet d'un contrôle raisonnablement prudent.
Nous devons maintenant examiner la jurisprudence dans les Parlements d'inspiration britannique, soit celui d'Australie, celui de Nouvelle-Zélande et, bien sûr, celui d'Angleterre. M. Lukiwski dit, avec raison, qu'on attend les résultats de votre enquête, dans le sens qu'on a hâte de les connaître, mais il reste que le travail de ce comité n'est pas tributaire de votre étude. À proprement parler, nous n'avons pas besoin d'attendre votre travail pour pouvoir faire le nôtre.
Pour ce qui est des meilleures pratiques ou, pour reprendre votre terme, des pratiques exemplaires, y a-t-il des choses qu'un parlementaire raisonnablement prudent doive faire à l'égard de son personnel en matière de communications avec les lobbyistes? J'aimerais savoir quels moyens vous nous recommandez pour nous assurer que la communication, par courriel ou autrement, est enregistrée. Nous, comme élus, n'avons pas l'obligation de dénoncer. Par contre, vous nous avez déjà dit qu'il y avait des meilleures pratiques à cet égard. Auriez-vous la gentillesse d'en faire part à ce comité?
Quelqu'un d'autre a une dernière question? Sinon, nous allons libérer nos témoins en les remerciant.
Vous avez fait du bon travail aujourd'hui. Merci d'être venu discuter avec nous. Je me sens mieux. Je comprends un peu mieux ce que vous faites, et, lorsque vous pourrez parler de l'affaire en des termes précis, je vais avoir hâte de lire le rapport.
Madame Shepherd, il a également été demandé au comité de chercher des façons de protéger les documents. Je sais que cela ne fait pas partie de vos responsabilités, mais si vous tombez sur des choses du genre dans le cadre de vos travaux de recherche, si, au bout du compte, vous trouvez aussi d'autres méthodes qui nous permettraient de faire en sorte que les documents secrets le restent, j'aimerais beaucoup que vous en fassiez part au comité.
:
La séance est ouverte. Le deuxième groupe de gens qui sont venus nous aider est arrivé.
Madame O'Brien, c'est toujours un plaisir de vous accueillir.
Monsieur Bard, c'est toujours un plaisir de vous accueillir aussi.
Comme vous le savez, nous nous penchons sur l'ordre de renvoi relatif à une question de privilège concernant la divulgation prématurée d'un document confidentiel.
Monsieur Bard, nous espérons que vous puissiez nous aider aujourd'hui à trouver des méthodes pour empêcher que ce genre de choses ne se reproduise — des solutions, si vous voulez.
Je ne sais pas si l'un de vous deux a une déclaration préliminaire à faire ou si vous préférez passer tout de suite à la période de questions.
:
Merci, monsieur le président.
Nous sommes très heureux d'être ici aujourd'hui pour répondre aux questions du comité sur un sujet très important. Je n'ai pas de déclaration préliminaire officielle à faire, mais je veux simplement insister sur le fait que l'environnement dans lequel nous travaillons, sur le plan technologique, est pratiquement une application d'entreprise. Essentiellement, la principale compétence d'un député, c'est la communication, ce qui fait que toutes nos activités visent à faciliter la communication plutôt qu'à empêcher l'accès à l'information en quelque sorte. Voilà donc une considération importante.
La dernière fois que nous avons comparu devant vous, le DPI, Louis Bard, a expliqué qu'il y a en réalité trois éléments lorsqu'on envisage ce genre de situation. Il y a la technologie. Il y a les procédures d'utilisation de la technologie en tant que telles. Et puis il y a les gens. Comme je l'ai dit, l'outil technologique dont nous disposons, c'est une application d'entreprise, alors ce n'est pas le genre de choses qui permet le cryptage et les renseignements « très secrets » et ainsi de suite, mais nous avons des procédures dans cet environnement qui, selon moi, répondent adéquatement au besoin de confidentialité et de soins attentifs lorsqu'on manipule des documents de nature délicate.
Le problème auquel nous faisons face, et M. Bard l'a souligné...
[Français]
quand nous avons comparu devant le comité la dernière fois, c'est que certaines personnes ne se préoccupent pas des procédures établies. Si, sur une page couverture, il est clairement indiqué « confidentiel » et qu'on choisit de ne pas faire de cas de cet avertissement et de ne pas se préoccuper de la confidentialité du document en question, on est vraiment mal pris.
[Traduction]
Nous avons vu dans le cas de WikiLeaks, à une échelle beaucoup plus importante et dans une situation passablement différente, que les gens arrivent à déjouer les technologies et les procédures les plus perfectionnées. Toute la question des gens est donc très importante, et Louis va pouvoir répondre, je crois, aux questions que vous avez au sujet de certaines caractéristiques de notre façon de traiter les documents qui seraient utiles aux comités.
Je pense que l'une des choses essentielles dont nous espérons qu'elles ressortiront de la discussion d'aujourd'hui avec le comité, c'est que nous recommanderions à tous les comités de prendre le temps, lorsque vient le moment d'envisager la rédaction d'un rapport, de réfléchir aux risques que poserait la diffusion non autorisée de ce rapport. Ces risques varient d'une étude à l'autre. Il y a des choses qui sont de nature très délicate. Dans d'autres cas, par exemple l'étude d'un projet de loi, toutes les séances au cours desquelles on a entendu des témoins et ainsi de suite ont été publiques, alors, techniquement, le rapport peut demeurer confidentiel jusqu'à ce qu'il soit présenté à la Chambre, mais, en même temps, les gens savent très bien comment le débat évolue.
Dans les cas comme celui des consultations prébudgétaires, où l'information est de nature délicate comme je le disais, il peut être utile que le comité réfléchisse à ce qu'il va faire. Je ne dis pas que le comité concerné n'a pas fait les choses adéquatement; il faisait face à une situation d'un autre genre. Toutefois, s'il avait pris le temps d'examiner le degré de sécurité ou la quantité de caractéristiques de sécurité dont il voulait doter le rapport tout en permettant quand même d'accéder au rapport facilement, et ainsi de suite, selon nous, ça aurait été extrêmement utile.
[Français]
C'est plutôt une question de conscientisation, mais on reste toujours vulnérable face à la décision des personnes de ne pas se préoccuper, comme je le disais, de la volonté des comités avec lesquels elles traitent.
Cela complète ce que j'avais à dire. Nous sommes à votre disposition pour répondre aux questions.
:
Nous avons tenu des réunions là-dessus et fourni une bonne explication au sujet de la communication par courriel, de tous les moyens de communication, et de ce qui est protégé et de ce qui ne l'est pas. Je serais très heureux de faire parvenir ça au comité, cette documentation précise, mais, en même temps — et Mme O'Brien l'a mentionné —, il y a la question de la responsabilité et de ce qu'on a l'intention de faire et à quelle fin.
Si on veut utiliser ces outils technologiques pour ses activités quotidiennes, dans ce cas, on évite complètement les mesures de sécurité qui sont en place à la Chambre des communes. C'est la raison pour laquelle les comités et les députés doivent savoir ce qui est offert, ce qui ne l'est pas et comment ils souhaitent utiliser les outils technologiques.
Lorsqu'on utilise la messagerie PIN, on utilise l'environnement de la téléphonie cellulaire. Combien d'entre vous nous téléphonez et dites: « Eh bien, je vous appelle de mon téléphone cellulaire, alors faites attention à ce que vous me dites ou aux sujets que nous abordons »? La messagerie PIN, c'est exactement la même chose. Si vous croyez que cette technologie est celle qu'il vous faut, alors c'est à ce moment-là que vous devez évaluer le risque que posent les technologies de transmission de données, mais que je vous dise que l'utilisation de la messagerie PIN avec un quelconque logiciel sera très sûre, ce ne sera pas le cas... Je ne peux pas vous dire ça. Ce n'est pas sûr.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux, monsieur Bard, madame O'Brien, d'être ici.
L'une des choses que nous essayons de faire ou à tout le moins dont je pense qu'elle fait partie des principaux objectifs de l'étude du comité, c'est de voir si nous pouvons nous assurer que nous sommes en mesure de mettre au point des protocoles pour empêcher que le même genre de situation ne se reproduise dans l'avenir. Les questions que je veux vous poser vont dans ce sens.
Est-ce que la Chambre dispose actuellement de la capacité technologique de bloquer l'accès à des rapports confidentiels? Je veux dire par là de prévenir la transmission d'un rapport confidentiel à quelqu'un d'autre ou son impression.
:
Oui, assurément. Certains comités ont déjà utilisé cette technologie. Il y a beaucoup de choses en place à l'heure actuelle qui peuvent vraiment faciliter une bonne partie de cette démarche.
J'expliquais tout à l'heure à Mme O'Brien que, à l'étape de la planification préliminaire d'un rapport, le greffier du comité, avec le président, et les membres du comité aussi, je suppose, décident du format, de la préparation et ainsi de suite, d'accord? Je pense que c'est un très bon outil, parce que le comité a une emprise sur son rapport. Je pense que nous devrions vraiment travailler avec la direction des comités à l'élaboration de procédures supplémentaires, par exemple une série de questions auxquelles il faudrait répondre ou qu'il faudrait poser à cette étape-là au sujet des caractéristiques de sécurité du rapport.
Si le rapport est de nature très confidentielle, eh bien, vous pourriez décider de ne pas le diffuser en format électronique, mais de préparer des copies papier et d'utiliser la technique des filigranes — vous inscririez un numéro d'identification unique pour chaque député qui reçoit une copie du rapport.
Vous pourriez aussi décider de protéger le document par mot de passe. Il est possible d'ajouter des propriétés, par exemple l'impossibilité de copier ou de faire imprimer le document, pour que personne ne puisse le modifier.
Vous pourriez aussi décider, par exemple, de conserver le document dans un répertoire quelque part, où vous n'y avez accès qu'à partir de votre environnement. Ensuite, vous pourriez y appliquer toutes sortes de mécanismes de protection et de sécurité et éviter d'utiliser le système de courriel pour diffuser le document.
Il y a plusieurs moyens qui sont à votre disposition en ce moment, à mes yeux, pour l'adoption de l'approche consistant à prévoir une étape de plus au moment de la planification préliminaire d'un rapport pour répondre à beaucoup de ces questions, et, en plus, au moment de prendre les décisions en question, les rappels à faire aux députés. Parce que, au bout du compte, si vous faites des copies vous-même dans votre bureau, ou encore si vous envoyez le rapport par l'intermédiaire d'un compte Hotmail ou à l'aide d'un appareil PIN ou d'un autre mécanisme, les députés ont eux aussi un rôle très important à jouer sur le plan de leur participation à la protection de l'environnement en question. Il y a beaucoup de choses qui sont déjà en place et qui n'exigent aucun investissement.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos invités d'être présents. C'est toujours un plaisir que de tenir pareille rencontre. Après, on est toujours plus instruits qu'auparavant, surtout après avoir reçu un expert en informatique.
M. Pierre Paquette: Il se prend pour James Bond.
Des voix: Ah, ah!
Mme Claude DeBellefeuille: La question de privilège à l'étude à ce comité est très importante, comme vous le savez. En ce qui me concerne, elle suscite beaucoup de questions. À la lueur des témoignages qu'on a entendus, on comprend qu'un adjoint incompétent — permettez-moi d'utiliser ce mot un peu cru —, volontairement, n'a pas respecté la loi et les règles du jeu et a envoyé cette information à des lobbyistes. Ceux-ci doivent aujourd'hui se mordre les doigts d'avoir entretenu avec lui des liens d'amitié, d'affection, d'avoir pris un verre avec lui au Rideau Club ou d'avoir fréquenté la même église. Ils se retrouvent aujourd'hui dans l'embarras pour avoir eu des liens avec cette personne.
Quand il arrive quelque chose d'aussi grave, la première réaction est toujours de se demander ce qu'on pourrait faire pour éviter qu'une telle chose ne se reproduise. Par ailleurs, va-t-on rendre le travail des parlementaires plus contraignant, par des moyens électroniques et technologiques, parce qu'il s'est produit un événement grave?
Je crois qu'il ne faut pas oublier, dans le cadre de notre analyse, que les recommandations que nous allons faire, par exemple au chapitre des outils technologiques, ne doivent pas avoir pour conséquence de freiner ou d'alourdir notre travail. Nous ne devons pas tout à coup transformer nos pratiques seulement parce qu'un adjoint ambitieux et incompétent a fait une gaffe magistrale. C'est ma première réflexion.
Par ailleurs, je sais qu'il existe des techniques informatiques assez simples. Par exemple, dernièrement, j'ai reçu un rapport transmis par une députée du Bloc québécois à un autre comité parlementaire avec un mot de passe. Il était donc impossible d'effacer ou de modifier le document. Elle l'a envoyé à la greffière. Cette dernière a pu l'ouvrir. Elle l'a fait traduire. La traduction anglaise s'est retrouvée en format DOC, alors tous les anglophones avaient facilement accès au texte. Moi qui suis whip, je n'étais même pas capable d'ouvrir le dossier que la greffière m'avait envoyé, parce que je n'avais pas le mot de passe.
Cela m'a fait réfléchir et me dire qu'il faut faire attention de ne pas prendre une chire technologique, comme on dit en bon québécois, qui rendra notre travail plus difficile et plus contraignant. Si c'est le cas, on n'atteindra probablement pas les résultats visés, parce qu'il y aura toujours moyen de tricher. Nous, les parlementaires, avons prêté serment de respecter nos règles. Nos adjoints sont censés le savoir. Il y aura toujours des gens malhonnêtes.
À la lueur de ça, monsieur Bard, croyez-vous vraiment que le comité doive faire des recommandations très contraignantes sur les procédures technologiques, pour éviter que de tels événements ne se reproduisent? Diriez-vous plutôt que ça a été une malchance et qu'on ne devrait pas imposer de règles et outils trop contraignants à l'ensemble du personnel de la Chambre et des députés?
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Vos commentaires sont excellents.Vous comprenez très bien l'enjeu et ce que cela veut dire.
L'approche que je préconise mise sur la prévention et sur la sensibilisation. On se préoccupe déjà beaucoup du format du rapport, de sa composition, de qui va y participer, mais on s'est aussi demandé comment le protéger et comment le distribuer. Il est certain qu'à la direction des Publications parlementaires, on se doit d'avoir toutes sortes de processus par lesquels s'entendre sur l'organisation du travail, afin de pouvoir fournir le rapport de la bonne manière. Il y a une très belle collaboration entre tous les comités, les présidents, les greffiers, etc. Je crois que vous pourriez faire de grands pas en vous sensibilisant à la question de la délicatesse de l'information. À partir de là, on pourrait décider si on veut se donner des règles. Peut-être que oui, peut-être que non. Les règles peuvent être très simples; il y a des outils qui sont très simples. Je ne crois pas qu'on doive rendre la vie des parlementaires difficile en installant toutes sortes de technologies qui vont les empêcher de fonctionner et leur enlever beaucoup de flexibilité.
Il y a un autre élément dont je vais oser parler. Il faut que nous, à l'administration de la Chambre des communes, soyons assujettis à des règles, à des codes d'éthique, à ce qu'on appelle la Politique d'utilisation acceptable. Quand on utilise les ressources de la Chambre, on doit être responsabilisé. On doit s'entendre aussi sur la manière dont on sécurise l'information et sur nos pouvoirs en matière d'utilisation de cette information.
Certainement, on a des politiques de sécurité en matière de technologie de l'information. Je comprends que ce ne soit pas le rôle de votre comité, mais il faudrait peut-être, un jour ou l'autre, que les employés des députés soient aussi responsabilisés vis-à-vis de toutes ces pratiques. C'est un autre domaine, beaucoup plus vaste. Vous avez raison, il faut agir avec prudence, et ce ne sont pas tous les comités, toutes les situations, qui demandent une intervention. Il faut vraiment prendre le temps d'aborder le sujet à l'étape de la planification et je suis sûr que, selon les besoins, on peut mettre en place beaucoup de mesures.
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Merci, monsieur le président.
Je vais poursuivre sur la lancé de Mme DeBellefeuille, car mes questions vont dans ce sens. En effet, elle évoque les responsabilités d'un député de la Chambre des communes raisonnablement diligent. C'est de cela que ce comité doit juger, finalement. Il doit déterminer si on a pris les précautions nécessaires. Une partie de notre discussion aujourd'hui est d'un intérêt pour l'avenir. Il y a un aspect rétrospectif et aussi un aspect rétroactif qui nous interpelle, c'est-à-dire ce qui s'est passé dans le cas de Kelly Block.
J'ai une question pour vous, monsieur Bard. Est-ce qu'il existe des techniques qui permettent de savoir si, oui ou non, un fichier a été ouvert après qu'on l'a envoyé? Est-ce que ces techniques sont appliquées ici?
Madame O'Brien, j'ai une question pour vous. J'ai été élu lors d'une élection partielle. J'ai donc reçu une version condensée du cours donné aux nouveaux députés, parce que je suis arrivé alors que la machine était déjà en marche.
M. Pierre Paquette: Vous partiez de loin.
M. Thomas Mulcair: Je partais de loin après avoir pris toutes sortes de mauvais plis dans un autre parlement.
Par contre, je sais que des journées d'orientation sont organisées pour les nouveaux députés. Dans le cadre de ces journées, des documents sont-ils remis à propos de la confidentialité de l'information? Est-ce qu'il y a des instructions, des façons de faire, des choses que vous partagez avec les nouveaux élus?
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Encore une fois, c'est beaucoup plus complexe que l'appareil en tant que tel et ses caractéristiques. C'est l'ensemble de l'environnement. Mme O'Brien a expliqué au début qu'il y a un environnement pour la conduite des activités quotidiennes habituelles des députés.
S'il s'agissait d'une organisation comme le MDN, à titre d'exemple d'organisations où l'on souhaite que tout soit parfaitement sûr et confidentiel et où on veut tout contrôler, dans ce cas, il y a un environnement distinct. On n'utilise pas le réseau. On n'utilise pas le courriel. On n'utilise pas bon nombre de ces choses, et on peut même aller jusqu'à... il ne s'agit pas que d'une couche. Il faut envisager la sécurité comme les pelures d'un oignon. Il y a beaucoup, beaucoup de couches, et le fait de sécuriser l'appareil ne m'aide pas si je ne sécurise pas le reste de l'infrastructure, si je ne sécurise pas le réseau sans fil. Dans le cas de la messagerie PIN d'un appareil à l'autre, c'est comme investir beaucoup d'argent dans quelque chose qui n'est pas une technologie sûre. Le SCRS, le MDN et le reste du monde vont vous dire qu'il faut éviter de faire ça. Il faut éviter d'utiliser le téléphone cellulaire si ce qu'on a à dire est vraiment confidentiel. C'est pour ça qu'il faut évaluer les risques et l'investissement et également gérer l'environnement.
Mon objectif depuis de très nombreuses années, c'est d'essayer d'offrir aux députés le plus de marge de manœuvre possible et de ne pas établir trop de contraintes. Je suis d'avis que chaque député est unique. Vous êtes en concurrence les uns avec les autres, et je dois donc vous offrir cette marge de manœuvre qui vous permet d'être qui vous êtes et de servir vos électeurs. Ainsi, lorsque vous travaillez à Ottawa au sein de l'organisation, il y a déjà beaucoup de restrictions. Il s'agit de trouver l'équilibre.
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Oui, mais je veux seulement poser une petite question. Une question un peu tordue vient de me venir à l'esprit. Je ne veux pas donner l'impression que je pense que nous devrions instaurer une nouvelle bureaucratie de la police électronique, parce qu'il y a un certain facteur de confiance à l'égard des députés et de leur personnel dans le cadre duquel nous devons tous travailler, dans notre environnement, et je comprends cela.
Je suis sûr que, à l'occasion, certains comités vont produire des documents hautement confidentiels. C'est une chose que de prévoir des procédures et des protocoles pour peut-être — du moins je l'espère — empêcher que ces documents soient transmis ou communiqués à des personnes qui ne devraient pas les voir, mais ça n'empêche pas vraiment les gens qui veulent... Mme DeBellefeuille a dit que, si les gens veulent tricher, s'ils veulent enfreindre les lois, ils trouvent toujours un moyen.
L'un de ces moyens, bien sûr, c'est d'examiner un document d'assez près, sans le transmettre en copie papier ou électronique, pour informer quelqu'un de son contenu. À l'heure actuelle, d'après ce que je comprends, il n'y a vraiment aucune façon d'empêcher que cela ne se produise.
Serait-il nécessaire — ou peut-être y aurait-il la capacité, à la Chambre — dans le cas de documents de nature très délicate, de mettre au point un site sécurisé où les documents pourraient être envoyés? Dans ce cas, lorsqu'une personne souhaiterait examiner les documents, son nom et le moment où elle les examinerait seraient consignés. C'est peut-être une mesure vraiment superflue. Je suis le premier à admettre que c'est peut-être farfelu. Toutefois, est-ce que c'est quelque chose qui pourrait se produire?
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Oui, je pense que ça pourrait être une combinaison de choses différentes. Oui, nous pouvons isoler le document dans un endroit particulier. J'appelle cela un site de collaboration. Nous pouvons prévoir toutes sortes de restrictions pour ce site de façon à être assurés de savoir qui accède au site. On peut prévoir l'interdiction de modifier le document ou de le copier. Toutes sortes de choses du genre peuvent être faites.
En même temps, il y a des procédures très bien établies qui sont en place au sein du gouvernement à l'égard des documents protégés et de ce qu'on peut faire. Il y a toutes sortes de règles et de décisions qu'il faut prendre quant au fait qu'on souhaite ou non qu'il y ait des versions du document, que le document soit numéroté ou que les gens doivent signer pour le consulter. Il y a toutes sortes d'informations qui existent.
Je pense que la meilleure solution pour moi... Je veux dire, nous pouvons rendre ces choses accessibles, mais, en même temps, vous avez vraiment la solution entre les mains, et cette solution, c'est celle de l'étape de la planification préliminaire du rapport, au moment où toutes ces questions se posent. Portez tout ça à l'attention du greffier du comité, et ce sera très clair à ce moment-là, et, au besoin, rencontrez toutes les personnes concernées et présentez-leur l'approche proposée pour le rapport en particulier.
Monsieur Paquette, vous n'avez pas de questions?
Monsieur Mulcair, quelque chose d'autre?
Quelqu'un d'autre a une question?
Ça a été très utile, et la dernière question de M. Young résume bien la situation: c'est à la fois le moyen le plus sûr et le moins sûr, tout ça avec le même appareil. Merci beaucoup. Je ne toucherai peut-être plus jamais au mien.
Merci beaucoup d'avoir participé à la séance d'aujourd'hui. Si vous pouviez nous fournir ce dont vous avez parlé au sujet des différents niveaux... Je pense cependant que ce que vous nous avez dit aujourd'hui, c'est que les comités doivent se demander à quel point tel ou tel document doit être sécurisé. À ce moment-là, vous auriez une belle petite liste de mécanismes de sécurité que vous pourriez fournir aux greffiers et présidents de comité.
Il est certain que beaucoup de choses sont une question de confiance. Un document provenant d'un comité directeur n'est toujours pas... mais quel doit être le niveau de sécurité? Lorsqu'il s'agira de comités qui ont besoin d'un niveau plus important de sécurité, il faudra en faire la demande, alors je dirais que nos excellents greffiers vont également devoir jouer un rôle en sachant ce qui leur est offert. Si vous pouviez nous fournir ce rapport, je pense que ça nous aiderait beaucoup à trouver des solutions au problème auquel nous faisons face à l'heure actuelle.
Merci encore une fois d'être venus ici aujourd'hui et de nous avoir aidés.
Je vous suspendre la séance pendant deux ou trois minutes, puis nous allons poursuivre à huis clos.
[La séance se poursuit à huis clos.]