:
Je vous remercie. C'est vraiment un plaisir d'être ici parmi vous aujourd'hui.
Comme vous, nous nous intéressons beaucoup au rôle que nous jouons dans le secteur des minéraux et des métaux ainsi qu'à l'égard du développement des ressources dans le Nord. Je vais vous faire un bref exposé sur notre rôle dans ce secteur et, plus spécifiquement, dans le Nord canadien.
[Traduction]
Je pense que vous avez tous reçu une copie des diapositives. Je vais consacrer de 10 à 12 minutes à l’exposé en tant que tel et, ensuite, comme le président l’a mentionné, nous entamerons un dialogue qui, à mon avis, vous sera utile.
Passons à la première diapositive pour commencer. Le mandat de Ressources naturelles Canada consiste à appuyer les pratiques en matière de développement durable à l’aide des sciences et des technologies, de la collecte et de la diffusion d’analyses et d’information tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale et de la collaboration avec nos partenaires externes comme l’industrie, les organisations non gouvernementales, les Autochtones, les universitaires et les gouvernements internes et étrangers. En outre, nous travaillons étroitement avec les ministères fédéraux qui s’intéressent au développement du Nord et des ressources naturelles, comme Environnement Canada, Transports Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le MAECI.
Pour ce qui est de mon rôle à titre de sous-ministre adjoint du secteur de Ressources naturelles Canada responsable des minéraux et des métaux et du rôle de mes employés, nous sommes les principaux experts fédéraux dans divers domaines, qu’il s’agisse de politiques, de sciences ou de technologies liées à la prospection et à la mise en valeur des minéraux et des métaux. Je vais maintenant passer à la diapositive suivante.
[Français]
Comme vous le savez peut-être, nous partageons les responsabilités avec nos partenaires des provinces, au sud du 60e parallèle.
[Traduction]
Les provinces sont les propriétaires des ressources, et le rôle du gouvernement fédéral se limite à des pouvoirs législatifs précis, comme les pêches, la navigation ou le commerce transfrontalier. Nous partageons la responsabilité de certains enjeux, comme la protection environnementale, la santé et la sécurité et le développement économique. La principale différence entre les ressources naturelles qui se trouvent au sud du 60e parallèle et celles qui se trouvent au nord de celui-ci, c’est que le gouvernement fédéral s’occupe du développement de celles qui se trouvent au nord de celui-ci, à l’exception des ressources du Yukon, puisque cette responsabilité a été transférée au territoire en 2003.
Le est principalement responsable des enjeux qui touchent le Nord et travaille étroitement avec des ministères comme le nôtre, le MPO, Environnement Canada, Transports Canada, etc.
Au ministère des Ressources naturelles, notre rôle consiste à promouvoir le développement durable, et nous participons activement aux évaluations environnementales des projets d’exploitation des ressources naturelles que mènent les commissions d’examen du Nord. Nous leur apportons nos connaissances géoscientifiques. Je crois comprendre que mon collègue, Brian Gray, comparaîtra également devant vous dans un avenir rapproché afin de répondre à certaines de vos questions concernant son rôle exact.
Encore une fois, en ce qui concerne les membres de mon secteur, ils passent en revue des documents techniques et apportent leurs compétences scientifiques et techniques liées aux sciences des minerais et des métaux, notamment leurs connaissances dans des domaines tels que l’exhaure de roches acides, la gestion des déchets, les effluents des mines et la lixiviation des métaux.
Nous visons à garantir un développement responsable qui réduit les impacts environnementaux et maximise les avantages dont bénéficient les collectivités et l’ensemble des Canadiens.
Sur la diapositive suivante, vous pouvez constater que le graphique qui se trouve dans le coin supérieur droit montre la façon dont les dépenses de prospection dans le Nord fluctuent d’une année à l’autre. Toutefois, nous prévoyons que le Nord canadien qui est riche en ressources naturelles deviendra une nouvelle frontière pour notre pays. Par exemple, en 2010, les sommes dépensées par les trois territoires pour la prospection minérale et la mise en valeur des gisements miniers s’élevaient à 498,1 millions de dollars et représentaient presque un cinquième ou un quart de tous les dollars consacrés à l’exploration minière au Canada. En 2010, la production des trois territoires représentait 6,3 p. 100 de la valeur de la production minérale canadienne.
L’extraction de diamants représente 88 p. 100 de la valeur de la production minérale du Nord, et il est clair que l’industrie aura l’occasion de se diversifier et de croître en exploitant d’autres matières premières. Je suis certain que c’est l’un des sujets que nous aborderons brièvement.
Nous remarquons que de 2006 à 2010 les gens ont manifesté de l’intérêt à l’égard du Nord, puisque nous avons observé une augmentation de 53 p. 100 de la production minérale totale. Compte tenu de cet intérêt récent, nous pensons que cette tendance pourrait se poursuivre. Encore une fois, nous pourrions probablement discuter de certains des facteurs qui contribuent en général à cette augmentation.
La prochaine diapositive est celle où figure la jolie photographie des mines d’Agnico-Eagle. Pour donner suite à ce dont je viens de parler, l’exploitation minière est le principal moteur de l’activité économique du Nord du Canada. Cela s’applique non seulement aux territoires qui se trouvent au nord du 60e parallèle, mais aussi aux régions situées dans le Nord de nombreuses provinces. Par conséquent, ce n’est pas seulement les régions au nord du 60e parallèle qui sont concernées. Le Plan Nord du Québec, le cercle de feu de l’Ontario et les régions du Nord de la Colombie-Britannique sont autant d’exemples où l’on considère que les exploitations minières sont des moteurs clés de la croissance économique de diverses collectivités situées dans le Nord de ces provinces.
Les régions au nord du 60e parallèle ont également bénéficié d’avantages socioéconomiques. Par exemple, les mines de diamants contribuent de 36 à 41 p. 100 au PIB des Territoires du Nord-Ouest et fournissent des emplois directs ou indirects à quelque 8 000 personnes, dont bon nombre sont des Autochtones qui offrent des services à ces exploitations minières.
Au Nunavut, la mine d’or Meadowbank — qui est photographiée ici — illustre les avantages socioéconomiques que les exploitations minières peuvent apporter à la région. Comme bon nombre d’entre vous le savent peut-être, le en a été lui-même témoin lors de son récent voyage dans le Nord.
Les exploitations minières apportent donc des contributions importantes qui vont plus loin que les mines elles-mêmes. Par exemple, à Sudbury, en Ontario, on constate les avantages socioéconomiques qu’une agglomération peut tirer des exploitations minières. Ces avantages peuvent comprendre la construction d’infrastructures comme des routes, des chemins de fer, des écoles, des centres communautaires, des centres de santé, etc. Les exploitations minières offrent également quelques-uns des emplois les plus lucratifs qui soient et créent des perspectives d’emploi indirectes et induites.
La diapositive suivante comporte seulement une carte. Elle illustre certaines des possibilités de développement économique qui existent dans le Nord.
Comme je l’ai mentionné précédemment, il est possible de diversifier les activités du Nord liées aux minerais et aux métaux. À l’heure actuelle, quelque 48 projets d’exploitation minière font l’objet d’une évaluation environnementale au Canada et 14 d’entre eux se dérouleraient dans les territoires et engendreraient des investissements de l’ordre de 7,5 à 8,5 milliards de dollars.
Si ces projets sont mis en oeuvre, ils doubleront le nombre d’emplois à temps plein qu’offrent les territoires et, comme vous pouvez le constater sur la carte, ils entraîneront une diversification des ressources naturelles exploitées qui comprendront d’autres matières premières que les diamants, dont j’ai déjà parlé. Par exemple, on pourra extraire de l’or, du minerai de fer, du zinc, du plomb, des éléments des terres rares, etc. Si des infrastructures, comme la ligne de transmission du Nord de la Colombie-Britannique, étaient bâties dans le cadre de ces activités, les agglomérations affichées sur la carte bénéficieraient évidemment de ces exploitations minières.
[Français]
Bien sûr, avec ces possibilités viennent aussi des défis.
[Traduction]
Comme je l’ai indiqué, les exploitations minières sont l’un des moteurs clés de la croissance économique des collectivités du Nord, mais elles s’accompagnent de certaines difficultés. Pour avoir accès au potentiel lié à ces ressources, il est essentiel de régler ces problèmes. Ces projets se déroulent souvent dans des lieux reculés où l’accès à des ressources, comme la main-d’oeuvre, l’électricité, les routes, les chemins de fer et les ports, est limité. Si l’on investit dans certains aspects de l’infrastructure, comme l’éducation, l’acquisition de compétences, la formation et l’amélioration des régimes réglementaires, on facilitera les exploitations minières et favorisera également d’autres activités économiques.
De plus, les revendications territoriales non encore réglées — j’aborde de nouveau certaines des difficultés — contribuent à l’incertitude et rendent les investissements plus risqués. Ces risques, de même que les terres déclarées inaliénables à des fins de conservation, inquiètent l’industrie. Le gouvernement fédéral effectue en ce moment des travaux liés aux revendications territoriales et l’aménagement du territoire qui devraient améliorer la situation actuelle.
Le manque de main-d’oeuvre qualifiée n’est manifestement pas un problème qui s’applique uniquement au développement dans le Nord, mais compte tenu du petit nombre d’habitants de cette région et de leur faible niveau de scolarité, cette pénurie est plutôt préoccupante, en particulier si l’on souhaite que ces collectivités bénéficient des possibilités de croissance économique qu’offrent ces projets.
La complexité des processus réglementaires varie énormément et, parfois, l’industrie a tendance à considérer ceux-ci comme imprévisibles et coûteux en temps et en argent. En outre, le gouvernement fédéral prend des mesures pour transférer ces responsabilités. Ce processus engendre également un certain degré d’incertitude. Toutefois, dans le cadre de la création de CanNor et du Bureau de gestion des projets nordiques, on s’emploie à améliorer le régime réglementaire.
Enfin, pour réussir à long terme, il est important qu’on investisse dans les sciences de la terre.
[Français]
Le Nord du Canada est une ressource riche de possibilités importantes. Le potentiel du Nord attirera des investissements étrangers directs. Ressources naturelles Canada collabore étroitement avec les gouvernements fédéral et territoriaux ainsi qu'avec d'autres intervenants. Nous avons plusieurs programmes centrés sur le Nord: Sciences de la Terre; Sciences et technologies liées à la mise en valeur des minéraux; Améliorations de la réglementation environnementale. La réalisation du potentiel du Nord exigera des efforts centrés sur la gestion des risques.
[Traduction]
C’est avec plaisir qu’avec l’aide de mes collègues, je m’efforcerai de répondre à toutes vos questions.
Premièrement, je suis heureux d’apprendre que votre expérience personnelle vous permet de comprendre l’importance de ce projet. Encore une fois, cela témoigne un peu de l’histoire qui rattache tous les Canadiens au secteur des ressources naturelles et aux mines. On n’a pas besoin de passer très longtemps en revue ses connaissances avant de penser à quelqu’un qui travaille dans l’industrie. Selon moi, c’est un excellent signe.
Vous avez absolument raison. Les gens mentionnent souvent que le régime réglementaire canadien est l’un des plus gros obstacles à surmonter, en particulier lorsqu’on interroge les investisseurs étrangers. Et lorsqu’on examine la situation dans le Nord, on constate qu’elle est encore plus compliquée parce qu’on est en train de transférer les responsabilités afin qu’au nord du 60e parallèle, elles relèvent essentiellement des mêmes instances qu’au sud du 60e parallèle.
Je vais donc parler précisément de la situation au nord du 60e parallèle. Si l’on passe en revue les trois territoires, on remarque qu’en 2003, ces responsabilités ont été confiées au Yukon. Par conséquent, lorsque les investisseurs veulent obtenir les approbations nécessaires, il leur suffit essentiellement de s’adresser à une seule instance. Étant donné que les revendications territoriales sont bien prises en charge au Nunavut, les choses fonctionnent de façon semblable là-bas, et les entreprises peuvent s’adresser à une seule instance pour obtenir, si l’on veut, les approbations, etc. Je vais demander à Ginny d’expliquer un peu plus en détail les divers éléments.
Dans les Territoires du Nord-Ouest, quelque 13 commissions participent aux diverses facettes du processus, des droits de superficie à l’aménagement du territoire, en passant par l’utilisation des ressources hydriques et du sol ainsi que d’autres aspects. Par conséquent, les choses sont manifestement un peu plus compliquées, et compte tenu du transfert des responsabilités, trouver un équilibre entre la protection environnementale et les droits issus de traités, le cas échéant, afin de permettre aux Autochtones de participer au développement, d’en tirer profit et de bénéficier du potentiel économique, exige un peu plus de temps.
Sur ce, si vous me le permettez, monsieur le président, je vais demander à ma collègue Ginny de vous donner quelques détails supplémentaires sur chacun des trois territoires.
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Merci, monsieur le président.
C'est très intéressant. Je viens d'arriver dans ce comité, mais j'ai longtemps fait partie de ceux des pêches et de l'environnement; j'aimerais donc aborder quelques sujets.
Je suis originaire de l'Alberta, et je suis heureux que nous ayons en main la gestion de nos propres ressources naturelles. Je ne m'engagerai pas sur cette voie, mais je comprends une bonne partie des problèmes qui se posent au chapitre du développement économique, du développement durable ou de l'exploitation. Pendant mon long mandat au sein du comité de l'environnement, j'ai constamment entendu les observations des divers représentants. Qu'il s'agisse d'un projet d'infrastructure ou d'une initiative d'exploitation minière dans ma circonscription, que l'objectif soit la production d'électricité à partir du charbon ou autre chose, je comprends que le processus réglementaire d'évaluation des impacts environnementaux est parfois ce qui retarde la réalisation des projets.
Dans votre allocution, vous avez indiqué qu'il est crucial d'agir en temps opportun dans le Nord. Il y a deux saisons au Canada: l'hiver et la saison de la construction. Je vous demanderai donc sans détour combien de temps durent ces processus réglementaires. Par exemple, si l'on envisage d'ouvrir une nouvelle mine de diamants dans le Nord, combien de temps faudra-t-il, du début à la fin du processus, pour obtenir tous les permis et lancer le projet pour que les investisseurs puissent observer des résultats? Quel rôle votre ministère joue-t-il dans ce processus?
Je ne vous demanderai pas d'évaluer les capacités de votre ministère, car je ne crois pas que ce soit juste. Mais estimez-vous que l'on peut simplifier ou améliorer ces processus pour que nous atteignions les deux objectifs visés: la protection de l'environnement et les occasions économiques découlant de l'exploitation et de la prospection minières?
Je vous demanderai également ceci: comme je l'ai indiqué, j'ai grandi sur une ferme en Alberta. Je ne peux vous dire combien de fois des sociétés pétrolières et gazières sont venues effectuer des tests sismiques sur notre terre. Elles ne diffusent évidemment pas ces renseignements aux quatre vents. Comme il s'agit d'information exclusive, elles ne s'échangent pas les renseignements. Elles peuvent étudier le sol à diverses profondeurs, etc.
Même si une somme de 100 millions de dollars peut sembler colossale, ce n'est rien au regard de la vaste étendue du Nord canadien. Comment cette somme nous permettra-t-elle de savoir où se situent les zones propices à l'exploitation des métaux et des mines? Dans quelle mesure nous permettra-t-elle de parfaire nos connaissances et, particulièrement, de combler les lacunes actuelles à cet égard?
Et que nous donne l'industrie en échange? Paie-t-elle pour obtenir cette information? Ces renseignements sont-ils accessibles au public? Quand l'industrie recueille de l'information pour étayer celle que lui fournit le gouvernement du Canada, lui en donne-t-elle en échange? Existe-t-il des ententes en matière d'échange de renseignements, ou est-ce que nous rendons simplement service à l'industrie qui, elle, poursuit son petit bonhomme de chemin sans nous rendre la faveur?
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Je vous remercie de me poser cette question.
Nous y réfléchissons effectivement, et dès l'instant où nous cessons d'y penser, l'industrie et les intervenants, avec lesquels nous entretenons d'excellents rapports, ne manquent pas de nous rappeler nos devoirs. Il se passe donc rarement un jour sans que nous y réfléchissions ou que l'on nous rappelle les défis à relever pour exploiter cet énorme potentiel afin que la population canadienne puisse profiter de sa réelle valeur.
Vous en avez déjà fait ressortir quelques-uns. Nous considérons que le manque d'infrastructure constitue le principal problème propre à la région du Nord. Par exemple, les projets ont énormément besoin d'énergie aux diverses étapes de mise en oeuvre. Or, cette énergie n'est pas exactement disponible en un claquement de doigt. Le coût du transport routier ou aérien du diesel dans le Nord est faramineux. La saison est brève, ce qui a des répercussions considérables sur les coûts des projets. Nous cherchons donc à voir comment nous pourrions diversifier les sources d'énergie, en recourant par exemple à l'énergie géothermique ou éolienne. Mais ici encore, dans les conditions dont il est question ici, les mêmes règles ne s'appliquent peut-être pas; et les connaissances qu'il nous faut et les difficultés auxquelles nous sommes confrontés sont nouvelles pour nous.
J'ajouterai rapidement que le temps qu'exige le processus réglementaire pose également un problème. Comme on l'a mentionné plus tôt, il n'y a que deux saisons. Si l'on arrive avec un mois ou deux de retard, on peut perdre toute une année parce que l'on ne peut plus expédier le matériel dans le Nord par la suite.
Les infrastructures font également défaut. Dans le cas des diamants, il suffit de les mettre dans une valise et hop! c'est parti. C'est un peu plus difficile pour le minerai de fer ou le zinc; s'il n'y a pas de route, de chemin de fer ou d'autres voies de communication, alors on a un vrai problème. Au bout du compte, il ne suffit pas de savoir qui va payer ces infrastructures: il faut également assurer leur entretien dans le climat et les conditions particuliers qui sévissent dans le Nord.
Vous avez soulevé le problème de la main-d'oeuvre. Les avis sont partagés pour savoir s'il vaut mieux que l'exploitant fasse venir son personnel par avion et crée un camp, ou emploie la main-d'oeuvre locale.