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Merci de me donner l'occasion de comparaître devant le comité aujourd'hui.
Je veux traiter du rôle et des défis afférents à la mise en oeuvre de l'énergie solaire comme source renouvelable d'énergie thermique, parfois appelée « chaleur verte ».
Au Canada, la consommation d'énergie des secteurs résidentiels et commerciaux constitue environ le tiers de la consommation d'énergie nationale et produit environ le même pourcentage d'émissions de gaz à effet de serre. Approximativement 70 p. 100 de cette consommation d'énergie sert au chauffage des bâtiments et de l'eau. En 2010, cela représentait 20 p. 100 de la consommation d'énergie secondaire totale du pays.
Au Canada, la chaleur résiduaire servant au chauffage des édifices et de l'eau est toujours provenue de sources d'énergie traditionnelles. Cependant, les technologies de la thermie solaire conviennent particulièrement bien pour fournir une partie de cette charge.
Il est également reconnu que les sources d'énergie traditionnelles renouvelables ou non renouvelables ont un coût substantiel pour l'environnement et la santé, notamment en raison des émissions de gaz à effet de serre. Le recourt à l'énergie solaire réduira la consommation de combustibles fossiles traditionnels et, par voie de conséquence, les émissions de CO2. Par exemple, une seule installation solaire domestique alimentant une unifamiliale en eau chaude permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre d'environ une tonne de CO2 par année. Pour le tiers des 7,3 millions d'unifamiliales que compte le Canada, cela permettrait d'éliminer quelque 2,4 mégatonnes d'émissions de CO2 chaque année, voire davantage si une partie de la charge de chauffage des édifices était déplacée.
De nombreuses régions du Canada bénéficient de niveaux de rayonnement solaire supérieurs à une grande partie de l'Europe centrale, où l'énergie solaire est couramment utilisée. Par exemple, en Allemagne, la thermie solaire sert au chauffage de l'eau domestique, alors qu'en Autriche, on l'utilise pour le chauffage de l'eau et des bâtiments. Au Danemark, elle permet de chauffer des communautés grâce à des systèmes de chauffage collectifs.
Elle sert de plus en plus à la climatisation et au refroidissement. Plus de 200 millions de foyers utilisent des collecteurs d'eau chaude solaires dans le monde.
La thermie solaire est utilisée dans pratiquement toutes les régions du Canada depuis 30 ans et est devenue une technologie bien développée et éprouvée. La technologie canadienne est de calibre mondial et a donné lieu à de nombreuses réalisations, notamment une technologie solaire intégrée de chauffage à air des édifices à faible coût utilisée à l'échelle mondiale; des installations domestiques monoblocs d'alimentation en eau chaude solaires utilisables au Canada; et la communauté à énergie solaire Drake Landing, située au sud de Calgary, qui accumule l'énergie solaire pendant l'été pour l'utiliser pendant l'hiver. L'an dernier, la technologie de la thermie solaire canadienne a fourni 97 p. 100 de l'énergie requise pour chauffer les bâtiments et l'eau de cette communauté. En 2011, ce projet a été retenu parmi plus de 6 000 initiatives proposées par 161 pays et a reçu le prestigieux prix international Energy Globe Award. En outre, des normes nationales et des homologations de produit de chauffage solaire ont été mises en place.
La mise en oeuvre de ces technologie se butte toutefois à des difficultés importantes sur le marché. Par le passé, l'industrie solaire a subi de fréquents revers en raison de l'instabilité des prix sur le marché de l'énergie traditionnelle et de l'absence de politique cohérente sur l'utilisation de l'énergie solaire au Canada. D'autres pays ont établi des objectifs pour la mise en oeuvre de l'énergie solaire. Par exemple, l'Union européenne, par l'entremise de la directive sur l'énergie renouvelable, a fixé des objectifs nationaux obligatoires pour que la part d'énergie renouvelable atteigne 20 p. 100 d'ici 2020.
Par le passé, les programmes incitatifs du Canada étaient temporaires et ont souvent laissé l'industrie à la merci des soubresauts du marché de l'énergie traditionnelle. Récemment, en janvier 2012, le programme de subventions des installations d'alimentation en eau chaude solaires du gouvernement fédéral offert dans le cadre du programme de rénovations résidentielles ecoENERGY, qui fournissait un financement de contrepartie aux subventions provinciales, a pris fin. À cela s'ajoute l'excédent soudain de gaz naturel à bas prix et le ralentissement économique; de nombreux fabricants et fournisseurs n'ont pu affronter la concurrence et ont vu leur marché diminuer dans bien des régions du pays.
La viabilité économique des systèmes d'énergie renouvelable est particulièrement à la merci du coût des sources d'énergie concurrentes. Si les prix ne sont pas stables sur le marché, il est extrêmement difficile d'appuyer une décision d'investir dans l'énergie renouvelable.
Quand on envisage une source d'énergie, il importe de prendre en compte tous les coûts associés à son extraction et à sa distribution, ainsi que ses coûts environnementaux et sociaux. Par exemple, la technologie de fractionnement a permis de réduire énormément les prix du gaz naturel, mais sa viabilité et ses effets sur l'environnement ont été remis en question dernièrement. Une surabondance de gaz naturel à bas prix peut avoir un effet dévastateur sur l'industrie du chauffage solaire, freiner le développement d'un secteur viable d'énergie renouvelable, et décourager l'économie et l'efficacité énergétiques.
Le Canada a, selon moi, démontré qu'il a le potentiel d'être un chef de file mondial dans le domaine des technologies d'énergie renouvelable et qu'une solide industrie solaire peut s'établir s'il fixe des objectifs sérieux pour l'utilisation de l'énergie renouvelable.
Je proposerais donc que le Canada établisse des objectifs pour l'utilisation des ressources d'énergie renouvelable qu'offre l'éventail de sources d'énergie, encourage cette utilisation en instaurant des programmes incitatifs contribuant à réduire les coûts pour les adopteurs pionniers et en assurant la croissance soutenue du marché pour favoriser la réduction du coût, et quantifie les coûts et les impacts environnementaux des diverses sources d'énergie utilisées par les Canadiens pour établir une structure de prix en conséquence.
Enfin, l'énergie de thermie solaire assure la diversité de l'approvisionnement, la sécurité de l'énergie et la durabilité de l'environnement. Les Canadiens ont investi dans l'infrastructure nécessaire pour l'utiliser. Par contre, si les tendances du marché actuelles se maintiennent, la thermie solaire disparaîtra probablement du Canada, exposant les Canadiens à des augmentations de l'énergie dans l'avenir. La perte de cette industrie et de son savoir-faire technique empêchera en outre les Canadiens de prendre part à l'économie mondiale de technologie verte.
Merci de votre attention.
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Merci beaucoup, monsieur le président, de m'accorder du temps, littéralement.
Je remercie les membres du comité de me donner l'occasion de m'adresser à eux cet après-midi.
Pendant une bonne partie des 25 dernières années, j'ai prodigué des conseils au gouvernement et à l'industrie sur les questions relatives à l'énergie et aux ressources naturelles dans le Canada atlantique. Depuis que j'ai pris ma retraite de la fonction publique en 2010, je suis demeuré actif dans les domaines des ressources naturelles et de l'énergie, formulant des conseils en matière de politiques et de développement des affaires aux secteurs public et privé. Je témoigne aujourd'hui à titre personnel, et les opinions que j'exprime sont les miennes.
Si le temps me le permet, je vous exposerai mon point de vue sur la situation du Canada, en mettant l'accent sur les combustibles fossiles à base de pétrole. J'indiquerai ce qui menace notre position d'exportateur d'énergie, prodiguerai quelques conseils sur la manière dont nous devrions exploiter les avantages découlant de la diversification des exportations et préciserai ce que nous devons faire pour faciliter l'intégration de nos marchés intérieurs et l'accroissement de nos exportations.
À l'automne 1957, Ernest Manning est venu à Ottawa pour obtenir l'aide du premier ministre Diefenbaker afin de résoudre le problème d'excédent de pétrole en Alberta. Le problème était essentiellement le même que celui auquel nous sommes confrontés aujourd'hui. L'infrastructure de transport en place était submergée par la nouvelle production de Leduc, alors que l'Est était déjà un importateur net de pétrole étranger. Il y a 56 ans, le Canada aurait pu adopter une vision nationale prévoyant des couloirs de transport d'énergie allant d'un bout à l'autre du pays. Ces structures auraient pu favoriser l'intégration des marchés de toutes les formes d'énergie.
Au lieu d'intégrer le marché intérieur, nous avons opté pour une série de projets axés sur l'exportation qui, exception faite du gazoduc de TransCanada, ont eu pour effet de créer des infrastructures orientées du Nord au Sud. Si elles ont été utiles pour d'importants projets et des zones de production, ces infrastructures n'ont pas beaucoup contribué à la création d'un marché intérieur.
Au Canada, les développements d'énergie ont principalement été stimulés par la demande du plus important marché de l'énergie du monde, dont ils ont largement profité. Mais les indicateurs de base du marché américain évoluent, et le Canada en paie le prix. Selon un rapport commandé par le gouvernement américain, les goulots d'étranglement dans le transport aux États-Unis coûteront aux producteurs de l'Alberta jusqu'à 65 milliards de dollars d'ici 2030 si on ne résout pas la situation.
Les nouvelles technologies, à l'origine de la production qui a créé ces goulots d'étranglement, ainsi que les politiques climatiques qui exigent une réduction de la demande ne se trouvent pas qu'aux États-Unis. Elles s'inscrivent dans une tendance mondiale à laquelle nous ne pourrons peut-être pas échapper en nous tournant simplement vers d'autres marchés, même si nous ciblons les économies en croissance de la Chine et de l'Inde. Même si l'économie est au centre des préoccupations de bien des gens, d'autres se soucient davantage des répercussions des changements climatiques. Les dirigeants de l'Agence internationale de l'énergie, du FMI et de la Banque mondiale ont tous indiqué récemment qu'il faut prendre de nouvelles mesures pour réduire les émissions.
Pas plus tard que le mois dernier, les États-Unis et la Chine ont mis sur pied un groupe de travail pour favoriser la croissance économique à faibles émissions de carbone. De plus, dans son dernier plan quinquennal, la Chine a aussi indiqué son intention de plafonner son utilisation de charbon. Et bien entendu, cette semaine, le est de nouveau à Bruxelles pour s'opposer à l'Europe qui compte imposer une norme relative aux carburants à faibles émissions de carbone.
Mais alors que le risque lié aux politiques est omniprésent, la révolution technologique offre de nouvelles sources d'approvisionnement partout dans le monde. L'Energy Information Administration des États-Unis estime que grâce à cette nouvelle technologie, les ressources en gaz de schiste extractibles de la Chine pourraient être de 50 p. 100 supérieures à celles des États-Unis. Si la Chine peut mettre fin à son inertie interne, elle disposera d'un approvisionnement substantiel en gaz qui lui permettra de concurrencer les importations de pays comme le Canada, même si elle deviendra le plus important importateur de pétrole du monde d'ici 2030.
Selon l'AIE, les nouvelles sources d'approvisionnement, associées au ralentissement des marchés émergents et à la croissance généralement réduite de la demande, laissent entrevoir la possibilité d'un meilleur équilibre entre l'offre et la demande à moyen terme. Voilà qui ne me semble guère propice à une augmentation des prix.
Comment pouvons-nous demeurer concurrentiels, alors, si la tranche supérieure de notre coût de production de nouveau brut tiré des sables bitumineux et la tranche inférieure des prévisions des prix sur les marchés mondiaux se chevauchent, particulièrement en tenant compte des nouvelles sources d'approvisionnement et des risques liés aux politiques?
La diversification des marchés fait partie de la solution à court terme, car elle peut nous permettre de gagner du temps en réglant les problèmes relatifs à la structure de coût élevé et à l'environnement, mais nous devons également nous positionner en faisant contrepoids avec des sources d'approvisionnement. Il y a les sables bitumineux, oui, mais nous devons également investir dans la frontière au large des côtes. La production de Terre-Neuve-et-Labrador peut concurrencer la meilleure du monde, mais nous devons favoriser l'augmentation des taux d'exportation afin de remplacer les réserves qui diminuent. Le gouvernement fédéral, qui est propriétaire des ressources et qui gère conjointement nos régions extracôtières, doit intervenir et déployer des efforts égaux à ceux des provinces.
On peut trouver sur les marchés intérieurs une nouvelle clientèle pour le brut de l'Ouest et l'électricité produite au Canada à partir de sources d'énergie renouvelables. Bien entendu, cela ne sera possible qu'avec le soutien et la collaboration des provinces et la volonté de l'industrie d'investir dans l'infrastructure nécessaire. Nous avons besoin d'un couloir de transport d'énergie national qui peut réunir nos multiples marchés intérieurs en un tout plus fort, assurer la sécurité de l'approvisionnement grâce à la diversification des sources, permettre le transport du bitume jusqu'aux côtes et permettre aux Canadiens de profiter des sources d'énergie renouvelables qui ne peuvent pour l'instant atteindre les grands centres de demande.
Les investisseurs ont besoin de la certitude qu'assure un processus réglementaire. Ils veulent savoir ce qu'il faut faire et quand le faire, et avoir des résultats prévisibles. Mais nous ne devons pas décourager l'implication des Canadiens ordinaires de la société civile. Ces projets doivent recevoir l'aval de la population. Tout cela serait évidemment favorisé par un consensus national sur l'énergie, lequel nous permettrait d'être concurrentiels à titre de producteur d'énergie et d'exportateur de biens fabriqués qui sont concurrentiels parce que nous disposons d'un approvisionnement en énergie abordable et durable au pays.
Merci.
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Mesdames et messieurs, honorables membres de la Chambre des communes, bonjour et merci de me recevoir.
Je suis le représentant national du SCEP pour les syndicats locaux à la raffinerie Suncor Énergie de Montréal, à la raffinerie Ultramar-Valero de Lévis, aux terminaux canadiens Canterm, au terminal Shell, à l'usine pétrochimique ParaChem ainsi qu'à plusieurs autres. Je travaille quotidiennement avec eux, les soutenant dans l'ensemble des défis auxquels ils sont confrontés et, parmi ceux-ci, le maintien et le développement des emplois.
Au Canada, le SCEP est le syndicat le plus important dans le secteur pétrolier et pétrochimique. Il représente les travailleurs de cette industrie dans pratiquement toutes les provinces.
Avant d'aller plus avant sur la situation de la raffinerie Suncor Énergie de Montréal et sans reprendre l'ensemble des commentaires et des propositions faits par le SCEP national lors de sa comparution — commentaires et propositions que je fais également miens —, je réitère que les travailleurs membres du SCEP au Québec, plus particulièrement ceux de Suncor, d'Ultramar, de Shell, de Parachem et de Canterm, appuient le projet de renversement de la ligne 9 afin d'acheminer du pétrole brut de l'Alberta vers le Québec. Les travailleurs membres du SCEP au Québec appuient le renversement dans la mesure où les plus hautes normes environnementales seront respectées, tant sur le plan de l'entretien que sur le plan de la surveillance et de l'inspection, et dans la mesure où le brut qui transitera par ce pipeline sera traité en sol canadien profitant ainsi au développement de l'industrie québécoise et canadienne et créant de la richesse pour le pays.
Pour ce qui est de la question du maintien et de la création d'emplois, revenons à la situation de Suncor à Montréal.
La raffinerie de Montréal est une raffinerie fiable, productive et diversifiée. Elle emploie environ 500 personnes, la moitié étant des travailleurs syndiqués. Elle utilise également, bon an mal an, des centaines de sous-traitants pour l'assister notamment dans ses travaux d'entretien et lors des arrêts de l'usine. Le nombre d'emplois indirects découlant de la raffinerie est également très élevé. Lors de la fermeture de la raffinerie Shell en 2010-2011, il avait été déterminé que le nombre d'emplois indirects était de trois ou quatre pour un. Nous pensons que le même ratio s'applique ici.
Ce sont donc des milliers de canadiens qui tirent, en tout ou en partie, leur subsistance de cette entreprise. Il s'agit d'un bon employeur fournissant de bonnes conditions de travail et qui occupe une place de choix parmi les employeurs de l'est de Montréal.
Par ailleurs, cette raffinerie n'a aucunement à rougir de la comparaison avec ses concurrentes si ce n'est sur un point, la rentabilité. En effet, bien que sur plusieurs aspects elle affiche des résultats comparables, voire supérieurs aux raffineries nord-américaines, elle est loin de réussir à afficher une rentabilité comparable. La différence s'explique par le prix de la matière première, soit le pétrole brut.
En effet, comment soutenir la concurrence avec des raffineries dont le coût d'approvisionnent par baril est 25 $ moins cher? Parfois, la différence est encore plus importante. À 130 000 barils de capacité par jour, c'est une charge supplémentaire de plus de 3,2 millions quotidiennement en comparaison avec les autres raffineries. Imaginez la pression de soutenir la course avec un tel désavantage. Il est facile de comprendre que, dans un tel environnement, la capacité à générer les investissements nécessaires à sa croissance, voire à son maintien, devient de plus en plus difficile.
Nous avons tous en mémoire la fermeture récente de la raffinerie Shell. Nous avons vu nos collègues perdre leur emploi. Nous les avons vus s'expatrier, incapables de se maintenir dans leur domaine et de maintenir des conditions d'emploi comparables. Nous avons vu aussi l'impact sur tous les autres, soit les fournisseurs de toutes sortes, les sous-traitants, les commerçants, etc. Tout cela est attribuable, en grande partie, au fait que la raffinerie Shell est devenue dans ce contexte — que je décrivais plus tôt — moins rentable et donc moins intéressante pour les investisseurs.
Le cas de Shell est d'ailleurs un très bon exemple. La compagnie a trouvé plus rentable de faire sa production sur un autre continent et d'apporter ici par bateau le produit fini, alors que la même raffinerie, en se servant du brut de l'Ouest, aurait été rentable au point de justifier sa croissance et des investissements importants. Cette situation guette également la raffinerie Suncor et même celle d'Ultramar.
Nous croyons donc que pour assurer la viabilité future des raffineries Suncor de Montréal et d'Ultramar de Québec, nous avons besoin d'un approvisionnement pétrolier sûr et abordable nous permettant de jouer à armes égales. Le maintien des raffineries est également indispensable au développement de l'industrie pétrochimique. Les usines Parachem et CEPSA dans Montréal-Est, par exemple, dépendent beaucoup du maintien de la raffinerie Suncor. Perdre la raffinerie Suncor de Montréal serait donc susceptible de créer une réaction en chaîne affectant plusieurs autres employeurs et serait susceptible également de mener à une fermeture.
Le projet de renversement de la ligne 9 crée actuellement une effervescence qui n'a pas été vue dans l'est de Montréal depuis plusieurs années, voire une décennie. Nous voyons actuellement la préparation de plusieurs projets et le positionnement de tous les joueurs. Nous savons d'ores et déjà que le renversement entraînera des investissements dans les raffineries québécoises. Celles-ci devront, entre autres, construire des unités pour valoriser le pétrole brut canadien. Cela créera des emplois dans un secteur qui en a perdu beaucoup avec la fermeture de la raffinerie Shell.
Il va sans dire que, pour nous, ces nouvelles unités devront avoir la meilleure technologie possible quant aux respect de l'environnement. Elles représentent néanmoins de la croissance et des occasions nouvelles pour tous. Non seulement ces projets assurent l'avenir des installations actuelles, mais ils permettront également de créer un environnement propice pour attirer de nouveaux joueurs.
Il s'agit d'emplois de qualité, stables et rémunérateurs qui contribueront sans nul doute à l'accroissement de la richesse collective.
Pour ce qui est de la sécurité énergétique, les raffineries du Québec reçoivent seulement 13,5 % de leur pétrole brut du Canada. Le reste est importé de sources étrangères, principalement de l'Algérie, de la mer du Nord, du Kazakhstan et de l'Angola. Or certains de ces pays ont connu des perturbations politiques et même des guerres civiles au cours des récentes années.
En 2012, les raffineries des provinces atlantiques importaient également presque tout leur pétrole de l'étranger. Au Québec, nous devons, année après année, importer autant du brut que du produit fini pour satisfaire la demande des consommateurs. En outre, la situation s'est aggravée depuis la fermeture de la raffinerie Shell. C'est donc dire que nous dépendons de l'étranger pour assurer notre sécurité énergétique. La situation est semblable en Ontario. En effet, malgré que 80 % du pétrole raffiné provienne du Canada, la sécurité énergétique de cette province demeure incertaine en raison de sa capacité de raffinage inadéquate qui la force à dépendre de l'étranger pour le raffinage de ces produits.
À la suite de la fermeture de la raffinerie d'Oakville en 2005, le Québec, qui avait un surplus de production à l'époque, pouvait néanmoins suppléer en grande partie au déficit ontarien créé par cette fermeture. Cependant, depuis la fermeture de la raffinerie Shell, le Québec n'arrive même plus à assurer l'entièreté de ses besoins. Dans ce contexte, fermer de nouvelles raffineries augmente considérablement le risque encouru par les Canadiens.
D'ailleurs, selon une étude récente du Conference Board du Canada, nous pouvons estimer que la fermeture de ces deux raffineries, soit celle d'Oakville et celle de Shell, a réduit la capacité de raffinage canadienne de 6,5 %, réduisant de ce fait le PIB de 2,6 milliards de dollars et réduisant les impôts sur le revenu de 330 millions de dollars.
Nous croyons qu'il est primordial de développer une sécurité énergétique pour l'ensemble du pays. Pour y arriver, nous croyons qu'il est important, au Québec, de conserver et de développer notre indépendance à l'égard des produits pétroliers raffinés. Nous croyons également que nous devons veiller à l'indépendance énergétique et à la sécurité complète du Canada en s'assurant que le pétrole transite d'ouest en est, et ce, dans le respect des plus grandes normes environnementales ainsi que des compétences des provinces et des territoires autochtones.
Nous croyons qu'il est important de réduire notre dépendance à l'égard du pétrole étranger. C'est ce que permettrait le projet d'inversion de la ligne 9 d'Enbridge en imposant toutefois la condition que le pétrole brut de l'Ouest canadien remplace le pétrole importé. Il faut savoir que la capacité nominale combinée des deux raffineries québécoises est d'environ 400 000 barils par jour, ce qui est 100 000 barils de plus que ce que la ligne 9 actuelle peut transporter.
En conclusion, le projet de renversement de la ligne 9 entre Sarnia et Montréal est primordial pour le maintien et le développement de l'industrie pétrochimique québécoise. Non seulement ce renversement assurera-t-il l'avenir des raffineries actuelles, mais il favorisera également leur croissance. Le renversement positionnera le Québec d'une façon telle qu'il favorisera également l'intégration de nouveaux joueurs dans cette industrie. Cette croissance favorisera aussi l'emploi et tous les revenus fiscaux qui en découleront. Il s'agit donc d'une bonne chose, tant pour l'État que pour les travailleurs.
Finalement, ce renversement contribuera certainement à réduire la dépendance du Québec et de l'est du Canada face à l'étranger et contribuera à accroître la sécurité énergétique de tous les Canadiens. Il s'agit donc d'un projet majeur dont le Québec et le reste du Canada ne peuvent se passer.
Je vous remercie de votre écoute.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Cela montre bien le travail qu'il nous reste à faire pour que les gens connaissent bien notre nom.
Le comité a une tâche énorme à accomplir. Je ne vous envie pas. Il y a de nombreux enjeux à traiter.
Au cours des six minutes et demie qui vont suivre, je vais vous dire qui nous sommes, vous parler de l'industrie du propane au Canada, vous expliquer certains changements dans l'offre et la demande de propane, dernièrement, puis m'attaquer au sujet dont on nous a demandé de parler, soit la diversification des sources d'énergie et les nouveautés qui se produisent dans l'industrie et dont vous n'êtes peut-être pas au fait.
L'ACP compte plus de 370 membres, répartis dans tous les aspects de l'industrie: producteurs, grossistes, détaillants, négociants et petits fournisseurs d'un océan à l'autre. Les entreprises de l'industrie du propane, de la plus grande à la plus petite, sont toutes membres de l'Association canadienne du propane.
Le Canada arrive au 6e rang des pays producteurs de propane dans le monde, et au 9e rang des pays consommateurs de propane dans le monde. La contribution annuelle de l'industrie du propane à l'économie canadienne est d'environ 10 milliards de dollars. Elle donne lieu à un tout petit peu moins de 1 milliard de dollars par année en taxes et en redevances, et assure un gagne-pain à plus de 30 000 Canadiens.
Le propane est produit au Canada. C'est un bien échangé sur le marché libre. Les exportations de propane représentent environ 43 p. 100 de notre demande totale. C'est en réalité une baisse par rapport à 65 p. 100, il y a trois ans. Je vais revenir là-dessus dans quelques minutes.
Brièvement, en ce qui concerne la capacité de stockage et ce qui arrive sur ce plan, par exemple, dans le sud-ouest de l'Ontario, la capacité de stockage est d'environ 7,5 millions de barils, ce qui répond à la demande dans cette partie du pays. L'offre canadienne globale est d'environ 11 milliards de litres de propane. Au Canada, 82 p. 100 du propane vient de la prospection de gaz naturel; le reste est produit dans des raffineries; une petite proportion — environ 2 p. 100 — est importée.
Nos exportations, de 43 p. 100, ont diminué de plus de 20 p. 100, en grande partie à cause de l'exploration des gaz de schiste aux États-Unis, qui a fait gonfler l'offre américaine. C'est beaucoup. C'est un gros changement. Il y a donc une offre excédentaire de propane sur le marché en ce moment, ce qui a exercé une pression à la baisse sur le prix.
Cependant, au Canada, 27 p. 100 du propane est utilisé dans le secteur minier et le secteur de l'extraction de pétrole et de gaz; 20 p. 100 sert dans le secteur commercial; 20 p. 100 va à l'industrie pétrochimique; 10 p. 100 est destiné au secteur manufacturier; 9 p. 100 sert au secteur résidentiel; 7 p. 100 sert au transport; 5 p. 100 sert à l'agriculture; enfin, 2 p. 100 sert à la construction.
Nous estimons que le propane est une solution énergétique. Il est sûr, propre, abondant, rentable, et transportable. En ce moment, comme je l'ai dit, les trois grands secteurs où il sert sont le secteur industriel, le secteur commercial et le secteur résidentiel.
En ce qui concerne la diversification des sources d'approvisionnement et la diversification de l'utilisation à l'échelle du pays, l'industrie attire beaucoup d'attention en ce qui concerne les techniques d'exploration, notamment, la fracturation hydraulique. On entend beaucoup parler de fracturation hydraulique, mais pas de la fracturation à l'aide du propane. En réalité, une seule entreprise au Canada le fait, au nord de Red Deer. Elle fait de la fracturation pour l'extraction de ce que les clients veulent — pétrole ou gaz naturel — au moyen du propane. On gélifie le propane pour l'utiliser, puis il est récupéré à 100 p. 100. On n'utilise pas d'eau du tout, et l'entreprise affirme utiliser à près de 100 p. 100 l'espace de forage.
De plus, il y a l'exploitation minière. On pense généralement que le propane est utilisé pour chauffer les puits de mine et pour des usages liés aux campements, entre autres pour la cuisine. Il peut aussi servir à la production d'énergie électrique. Des entreprises partout dans le monde envisagent d'utiliser davantage le propane pour produire de l'énergie électrique, plutôt que le diesel.
Récemment, en Alberta, l'une de nos plus grandes entreprises membres, Williams, a annoncé une nouvelle installation de déshydrogénation du propane, la première du genre au Canada. Dans cette installation, on convertira le propane en polypropylène, un produit de valeur supérieure qui sert dans l'industrie pétrochimique à la production de matières plastiques.
La transition du diesel au propane est sur toutes les lèvres, de ces temps-ci. Les gens sont à la recherche d'une technologie moins coûteuse et plus écologique. En ce moment, l'Association canadienne du propane travaille avec les gouvernements de la Colombie-Britannique et du Manitoba à la transition du diesel au propane dans les communautés éloignées du Nord.
Le secteur du transport où les possibilités sont les plus grandes est sans doute celui des parcs de véhicules. Les parcs de véhicules au propane sont très présents dans l'esprit de nos membres de partout au Canada. Il existe des technologies DieselFlex s'appliquant aux véhicules automobiles de poids léger et moyen. Les émissions de gaz à effet de serre du propane sont de 26 p. 100 inférieures à celles de l'essence. Plus de 21 millions de véhicules au propane roulent sur les routes à l'échelle du monde, dont 40 000 au Canada. Et nous comptons au Canada plus de 2 000 postes de ravitaillement en propane.
Les politiques gouvernementales offrent aussi des occasions de diversification. Nous en avons un exemple ici même en Ontario, avec le Cercle de feu. Il s'agit d'une importante zone d'exploitation minière potentielle pour laquelle je sais que le gouvernement a désigné un ministre responsable. Nous pensons que les gouvernements doivent profiter de l'examen de l'infrastructure énergétique qu'ils réalisent en collaboration pour donner au propane une chance égale de compter parmi les ressources énergétiques de l'infrastructure gouvernementale.
Nous discutons aussi avec le gouvernement du Nouveau-Brunswick pour l'amener à envisager le propane comme solution aux enjeux qui accompagnent la croissance du gaz naturel dans cette province. Nous pensons que le propane peut donner aux gens du Nouveau-Brunswick une technologie verte, une source d'énergie magnifique qui leur permettrait d'avoir la même chose que dans le reste du Canada.
Monsieur le président, pour terminer, je vais vous présenter deux demandes bien simples — rien n'est jamais simple, je l'admets. Nous demandons qu'à compter d'aujourd'hui, le gouvernement et le comité reconnaissent le propane comme étant une solution énergétique. Nous ne disons pas que c'est la seule solution, mais nous voulons que le propane fasse partie de l'ensemble. Notre demande suivante est simple: il faut traiter le propane et l'industrie comme un partenaire égal aux autres, dans l'élaboration de la politique énergétique du gouvernement, quelle qu'elle soit.
Monsieur le président, merci beaucoup de l'occasion que vous m'avez donnée aujourd'hui. Je serai ravi de répondre à vos questions.
Je suis ravie d'être là avec vous aujourd'hui. Je suis désolée de ne pas y être en personne, mais c'est pour moi un plaisir de comparaître et de vous faire part des points de vue de l'Association canadienne de pipelines d'énergie sur votre étude visant la diversification.
L'industrie des pipelines, que l'ACPE représente, sert les Canadiens en transportant en toute sécurité environ 97 p. 100 de la totalité du pétrole et du gaz naturel produit et utilisé au Canada. Il s'agit essentiellement d'autoroutes de l'énergie qui sillonnent le Canada. Nous exploitons en ce moment plus de 100 000 kilomètres de pipelines qui servent au transport de 3,2 millions de barils de pétrole, et de 14,6 milliards de pieds cubes de gaz par jour.
Nous employons plus de 8 000 personnes à temps plein dans nos entreprises. Ce nombre semble bien petit, par rapport aux centaines de milliers d'emplois qui découlent du déplacement des ressources énergétiques d'un bout à l'autre du pays.
Nous sommes une partie intégrante d'un système énergétique fiable qui assure aux Canadiens la qualité de vie dont ils jouissent et qui relie le pays. L'industrie est à l'origine de services dont nous profitons au quotidien, comme le chauffage des maisons, le remplissage des véhicules, l'alimentation des usines, etc.
De toute évidence, notre contribution est importante et se situe au coeur de la question de la diversification de l'offre, de la croissance économique du Canada et de la réponse à ses besoins. Nous avons des plans d'investissements: des projets de portée nationale d'une valeur de plus de 20 milliards de dollars, et ces investissements ouvrent la voie à d'autres investissements, encore plus gros, concernant la chaîne de valeur énergétique.
Ceci étant dit, on vous a déjà un peu parlé aujourd'hui de la tension entre le marché intérieur et le marché d'exportation. Nous ne pensons pas du tout qu'il faut faire un choix. Le quart de la valeur marchande canadienne aujourd'hui se déplace dans des pipelines, ce qui représente 1 dollar sur 4 en argent additionnel qui aboutit dans nos poches.
En même temps, bien entendu, l'industrie reçoit beaucoup d'attention du public. Il y a en ce moment des débats très médiatisés, très utiles et très importants qui touchent l'énergie, l'environnement et l'économie. Nous avons été loin des regards et des pensées pendant 60 ans, et nous sommes contents de pouvoir intervenir et communiquer davantage.
Il faut dire, toutefois, que notre première responsabilité est notre rendement en matière de sécurité. C'est notre tout premier devoir envers les Canadiens. Nous nous soumettons de bon gré à l'examen attentif du public et allons de l'avant dans la prise de mesures de sécurité qui dépassent nettement le respect de la réglementation, en plus d'améliorer notre transparence. Je vous invite à aller voir notre site Web pipelines.com pour obtenir de l'information supplémentaire.
Je vais maintenant passer plus précisément à la question de la diversification des marchés. Les pipelines forment aujourd'hui le réseau de base du transport des ressources énergétiques d'un bout à l'autre du pays. Après plus de 60 ans de pratique et de croissance, nous couvrons pratiquement tous les genres de terrains imaginables dans ce formidable pays.
Chaque avancée a tenu compte aussi bien du marché que de l'intérêt du public, à commencer par le pipeline Trans Mountain, qui relie Edmonton au Lower Mainland depuis la fin des années 1940 et qui apporte aux citoyens de cette région importante du Canada le combustible qu'il leur faut pour la vie de tous les jours. Le pipeline de la côte Ouest a été construit à peu près à la même époque pour le transport du gaz naturel.
Bien entendu, le réseau d'Enbridge s'est étendu de manière à passer au sud des Grands Lacs, pour ensuite remonter vers Sarnia, profitant ainsi de diverses autres possibilités d'interconnexion, ce qui contribue à améliorer l'offre énergétique au Canada.
Bien sûr, le pipeline TransCanada initial a suscité des débats dans les années 1950, ce qui a mené à des décisions déterminantes au Canada. En fait, nous nous tournons vers le développement de pipelines et d'infrastructures en recourant à des capitaux privés dans un contexte bien réglementé. En ce qui concerne ce pipeline servant au transport de gaz naturel, on a préféré qu'il se trouve en territoire canadien.
La ligne 9 a déjà été mentionnée aujourd'hui, et c'est un autre exemple des politiques canadiennes qui ont mené à la création de pipelines. N'oublions pas l'histoire de cette ligne que l'on construisait dans les années 1970 sur l'ordre du gouvernement fédéral, dans la foulée des embargos sur le pétrole et des inquiétudes très légitimes concernant la sécurité énergétique. Le gouvernement fédéral s'est adressé à une grande entreprise de pipelines — à l'époque, Interprovincial, qui est maintenant Enbridge — pour lui demander de construire un lien vers Montréal. Le lien a servi pendant 20 ans, pour ensuite être inversé quand on a reconnu que la sécurité énergétique dans un marché mondial actif n'était plus si importante que des interconnexions flexibles.
Les interconnexions flexibles et la démarche axée sur le marché ont encore une fois mené à la conclusion très logique que, quand l'offre de pétrole augmente au Canada et que les prix sont en baisse, il est judicieux et efficace de revenir à l'intention initiale de la ligne 9: faire circuler la ressource d'ouest en est.
Il y a quelques autres exemples d'interconnexions régionales. Le pipeline Norman Wells, à mi-chemin le long de la vallée du Mackenzie, est là depuis le milieu des années 1980. Le pipeline gazier de la vallée du Mackenzie est approuvé. Malheureusement, la conjoncture en fait une proposition incertaine, mais cela pourrait se réaliser ultérieurement. Naturellement, il y a aussi les connexions de l'île de Sable, qui passent par les Maritimes et le nord-est.
En conclusion, j'aimerais simplement signaler que l'industrie du pipeline est, et continuera d'être capable de lier toute région du Canada en toute sécurité conformément à des normes de niveau international, mises à l'épreuve sur des décennies à répondre aux besoins des Canadiens. Nous pouvons modifier le service, étendre les systèmes existants, construire de nouveaux liens. Nos pipelines sont enfouis à un mètre dans le sol et fonctionnent jour et nuit, et ils représentent manifestement un élément important de ce dont est fait le Canada. Nous continuons de répondre aux besoins changeants, alors que l'approvisionnement énergétique et la diversification demeurent des marques de l'édification de notre pays.
Je vous remercie.
Comme nous sommes aux tables de négociations, tant avec Suncor qu'avec Valero, je peux vous dire que composer avec cette situation est un défi de tous les instants. Pour arriver à faire des profits, ce que nous réussissons à faire, il faut être meilleur, et de beaucoup, à plusieurs égards. Or malgré cela, les investisseurs choisissent la plupart du temps les endroits où le rendement est beaucoup plus important. Dans l'entreprise, on discute constamment de la façon dont on pourrait faire mieux et plus. On a l'impression de ne jamais pouvoir faire une pause, ne serait-ce que pour quelques minutes, parce que le coût du brut est un facteur très critique.
Pour vous donner un exemple, Ultramar a été classé dans le quartile 1 pendant des années, selon les indices Solomon. Or sa position commence maintenant à fléchir, non pas parce que la technologie est moins bonne ou que l'entretien est moins efficace, mais parce que le coût du brut affecte la rentabilité, ce qui influence à son tour l'investissement. Si rien ne change, il n'est pas garanti que même Suncor existera encore dans 10 ans.
Quant aux nouvelles unités, elles vont avoir comme effet de consolider des emplois. En outre, il va falloir du personnel pour les construire et les faire fonctionner. Pour Canterm, cela implique du stockage de brut supplémentaire pour alimenter Ultramar, ce qui représente aussi des emplois. Irving va aussi vouloir un accès. Des réservoirs vont donc être créés, ce qui implique aussi des emplois.
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Merci beaucoup pour la question sur la fracturation au propane. Je ferai de mon mieux pour y répondre, au risque de sembler faire de la publicité pour GASFRAC, la seule société au Canada à appliquer le procédé. Son marché potentiel serait le monde entier, d'après le rapport que GASFRAC a publié cette semaine pour les investisseurs. Je pense que la société a établi sept bureaux dans le monde. À ma connaissance, elle aurait mené 1 500 opérations de fracturation depuis qu'elle s'est lancée dans les affaires, vers 2008. Au Canada, elle est surtout active dans le nord-ouest de l'Alberta, où elle s'affaire pour un client important.
Il s'agit d'une technique brevetée qu'elle a mise elle-même au point et qui lui permet de récupérer la totalité du propane utilisé. Elle cherche un moyen de réutiliser elle-même ce propane pour plus d'opérations de fracturation. Ce propane est mélangé à un sable synthétique importé du Japon, je crois. C'est un produit plus pur, plus homogène, qui permet une meilleure fracturation.
En ce qui concerne l'utilisation possible du procédé au Canada, je ne sais pas trop, quand il est question de fracturation, si on parle de fracturation hydraulique ou de fracturation en général ou si, tout simplement, on ne veut pas que le procédé soit utilisé. Est-il scientifique? Je n'en suis pas toujours absolument convaincu. Quand on examine scientifiquement les mécanismes de la fracturation, qu'elle soit hydraulique ou autre, la science permettrait de déterminer s'il y a lieu d'appliquer le procédé ou non.
En ce qui concerne le Canada atlantique, GASFRAC a effectué une expérience de fracturation dans la région de Moncton, il y a quelque temps, qui, à ma connaissance, s'est exceptionnellement bien déroulée. L'opération utilise beaucoup de propane. La fracturation à pleine échelle peut utiliser jusqu'à 500 millions de litres de propane. Les coûts, au départ, d'après ce que j'ai compris, sont un peu plus élevés que ceux de la fracturation traditionnelle. Alors, selon la société qui applique la méthode, je risque de préférer la fracturation traditionnelle à celle au propane. Mais je pense que, même dans le seul rapport sur les fusions et acquisitions du directeur général aux marchés, cette semaine, on lit qu'une partie du défi consistait à se faire entendre, que se faire accepter de l'industrie même posait un défi. On veut y réfléchir un peu plus.
Quelques sociétés aux États-Unis ont commencé à s'engager elles aussi dans cette voie. Les publications de l'industrie et ces milieux y portent beaucoup d'attention. Ils sont peut-être les seuls. Il existe donc une possibilité réelle de diversification des marchés. Je sais que cette société, en particulier, a proposé à divers pays d'Europe qui ont interdit la fracturation hydraulique, en raison de la pollution de l'eau, d'examiner la méthode au propane et ses possibilités.
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Permettez-moi de parler du pipeline transportant les produits vers l'est et de la réaction qu'il risque d'entraîner au Nouveau-Brunswick.
Déjà, à l'échelon provincial, le projet a l'appui de tous les partis, à la condition que l'environnement et les règlements soient respectés. Manifestement, le public n'est pas moins inquiet pour l'environnement qu'il ne l'est ailleurs, mais, dès le départ, il souscrit au principe selon lequel les provinces devraient pouvoir transporter leurs produits dans d'autres provinces, sans entraves excessives.
Cela ne veut pas dire qu'on ne s'opposerait pas à un projet. Le pipeline n'a pas encore de tracé. S'il passe au Nouveau-Brunswick, nous devons manifestement examiner le bassin de la rivière Saint-Jean. Ajoutons les enjeux à considérer avec les Premières Nations, les enjeux pour l'environnement marin. Dans la baie de Fundy, on trouve plusieurs pêcheries industrielles. La baleine noire d'Amérique du Nord est en voie de disparition.
Visiblement, tout promoteur qui arrive dans notre région doit se rapprocher des communautés, de toutes les communautés, dès le début, et s'occuper de ces enjeux locaux.
Je dirais, en ce qui concerne la transparence, que nous tendons à faire accepter ces projets en faisant miroiter les nombreux emplois qui seront créés, l'ensemble merveilleux de possibilités et d'avantages qui rejailliront sur nous. Je pense que nous ferions bien de parler d'abord de certains des risques et, en même temps, d'expliquer ce qu'on propose pour les atténuer.
Je pense que ce type de transparence est indispensable dès le départ. D'abord, modérons les attentes d'avantages qui, peut-être, ne se matérialiseront pas, mais, surtout, attaquons-nous aux autres problèmes.
Je pense que la nécessité de répondre aux exigences de l'Alberta en matière d'exportation justifie suffisamment le pipeline, sur le plan commercial. Je pense simplement qu'on risque d'être hypnotisé par les avantages et d'oublier les risques.
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Merci, monsieur le président. Je ferai de mon mieux. J'espère que ma voix tiendra. Je poserai mes questions d'abord, pendant que j'en suis capable, et j'espère employer tout le temps qui m'est accordé.
Monsieur Facette, j'ai des questions pour vous. D'abord, une question d'intérêt personnel. Beaucoup de mes électeurs ne sont pas reliés au réseau de distribution du gaz naturel et utilisent le propane, ainsi de suite, pour le chauffage de leurs maisons. Je n'ai jamais compris pourquoi le prix du propane, qui provient du gaz naturel, que ce soit de l'éthane, du méthane, du butane, peu importe, est lié à celui du pétrole plutôt qu'à celui du gaz naturel. La différence de prix entre les deux cause de véritables maux de tête aux consommateurs qui se chauffent au propane. Le consommateur profite de toutes les baisses du prix du gaz naturel, mais pas celui du propane. J'aimerais qu'on m'éclaire à ce sujet, parce que je crains de ne pas pouvoir comprendre.
Mon autre question pour vous porte sur les chemins de fer. Vous avez parlé d'une pénurie de wagons, mais, en ma qualité de député de l'Alberta, je sais que si nous augmentons le nombre de wagons pour le transport du pétrole, du gaz naturel ou du propane, nous ne pouvons pas transporter le blé ou les sciages de nos producteurs dans des pipelines. Mais nous pouvons acheminer par pipeline toute la production du secteur pétrolier et gazier. C'est très inquiétant. Qu'en pense votre organisation?
Brenda Kenny, là-bas, chez nous, en Alberta, pouvez-vous simplement nous expliquer l'importance de chacun des projets de pipeline pour la diversification. Que ce soit le flux est-ouest, la ligne 9, le projet TransCanada ou Gateway et Kinder Morgan, vers la côte Ouest, ou Keystone, vers le sud, qu'est-ce que chacun d'eux signifie vraiment pour la diversification des marchés de l'énergie de l'Alberta ou du Canada en général?
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Voilà deux excellentes questions. D'abord, vous avez raison, le prix du propane a traditionnellement suivi celui du brut, jusqu'à il y a trois ans. Actuellement, celui que paie le consommateur est plus accordé à celui du gaz naturel. C'est comme autre chose. Je vous encourage, si vous y tenez, à vous adresser à votre fournisseur de propane et à négocier des conditions un peu différentes. C'est une première possibilité. Et on peut en fait le constater chez le producteur: le prix à la production a beaucoup baissé.
En ce qui concerne le transport ferroviaire et la capacité d'expédier le propane par pipeline par rapport à d'autres produits de consommation, en déshabillant Pierre pour habiller Paul, les producteurs de blé ou les autres, tant qu'à faire, je dirai ceci. L'industrie serait certainement heureuse, absolument, de pouvoir transporter le propane ou tout liquide du gaz naturel par pipeline. Le problème est de disposer maintenant des pipelines voulus pour acheminer le produit où nous le souhaitons, par exemple dans le Cercle de feu, ce qui n'est pas le cas. Ça serait super que quelqu'un construise ces pipelines.
Il a déjà été dit que le pipeline est le mode de transport le plus sûr. Nous sommes entièrement d'accord. Ça serait merveilleux de pouvoir transporter plus de propane, plus de liquides du gaz naturel par pipeline.
Merci, monsieur le président.
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Oui, il y a quelques projets de pipeline vers l'est, quelques-uns pour l'ouest, à partir de l'Alberta et, bien sûr, vers le sud.
Je pense que cela montre que tout vendeur — de céréales, de potasse, de pétrole, de pommes ou de sirop d'érable — gagne à diversifier sa clientèle. C'est toujours vrai. C'est une loi du marché. C'est aussi une façon de se brancher à divers réseaux qui répondent à divers besoins des consommateurs et qui leur offrent ainsi des possibilités.
Pour situer les choses dans leur contexte, d'après moi, d'abord, la question de la valeur ajoutée ou non par un tube d'acier enfoui un mètre dans le sol, c'est vraiment important pour l'éventail des emplois offerts, mais pas beaucoup pour la planification des infrastructures. On aura toujours besoin de déplacer l'énergie, et ce sera plus économique si l'infrastructure est en place. Elle offre des possibilités et des choix pour le changement de service ou pour le changement de direction des flux, comme nous avons vu, dans le cas de la ligne 9.
Quant à l'échelle, rappelez-vous que si le Canada parvient au niveau de production auquel il aspire, il aura essentiellement besoin de six pipelines Northern Gateway sur tout son territoire ou vers différents débouchés pour répondre à cette augmentation graduelle de la production au cours des 20 prochaines années. Ces tracés ou ces débouchés n'offrent pas seulement deux possibilités. L'éventail est certainement très large sur divers marchés, et le tracé vers l'Est a de merveilleuses conséquences directes pour le raffinage, les consommateurs et les emplois en aval. À l'échelle mondiale — et M. Cloutier le sait mieux que moi —, on trouve des raffineries très concurrentielles, capables de produire à grande échelle, à grand débit. Les exigences en matières d'environnement sont aussi très rigoureuses. Si nous, au Canada, pouvons fournir des solutions de rechange dans le traitement des matières premières pour les rendre plus concurrentielles et plus sûres, c'est bon pour les Canadiens.
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Votre question comporte deux aspects.
Premièrement, revenons au triste épisode du Programme énergétique national. Y était alors associé ce qu'on appelait le Programme d'encouragement du secteur pétrolier, qui était responsable, je crois, de... Aujourd'hui, cela a débouché sur 275 000 barils par jour et sur le projet Hebron qui sera mis en valeur. Tout cela était assujetti au partage des risques dans le Programme d'encouragement du secteur pétrolier.
Lorsque ce dernier programme a été supprimé au début des années 1980 dans le cadre de notre lutte aux déficits, l'exploration sur la côte Est a également pris fin. Les travaux d'exploration ont diminué d'une façon spectaculaire également dans le Nord.
Cette année, nous en sommes rendus au point où il y a cinq puits d'exploration au large de Terre-Neuve. C'est une différence spectaculaire par rapport à il y a quelques années alors que nous pouvions nous estimer chanceux d'avoir un puits ou un puits et demi en 12 mois.
Le coût de ces projets est faramineux. Sans le partage des risques, la mise en valeur se ferait à un rythme beaucoup plus lent, et j'ignore si nous pourrions reconstituer les réserves que nous utilisons. Une stratégie nationale plus exhaustive se justifie au moins pour le partage des risques.
L'autre exemple porte sur les corridors de circulation de l'énergie. Je reprends ce qu'a fait valoir notre témoin de Calgary qui disait ne pas vouloir être dans l'incertitude et ne pas compter que sur un corridor. À certains égards, j'estime qu'il faut définir les modalités de fonctionnement de ces corridors.
Rappelons-nous le projet de la Haute Churchill du début des années 1960. Terre-Neuve avait alors dû vendre son électricité à la frontière. Des années 1960 jusqu'à 2006, Terre-Neuve a récolté des recettes de l'ordre de 1 milliard de dollars contre 19 milliards de dollars pour son voisin en raison de l'entente intervenue entre les deux.
Je pense qu'il faut tenir compte de ces facteurs lorsqu'on songe à élaborer une stratégie générale. Il faut du moins prendre en considération ces deux aspects.