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Je déclare ouverte la 36
e séance du Comité permanent des comptes publics.
Chers collègues, vous vous rappelez sans doute que nous passons en revue dans l'ordre les chapitres que nous avons choisis à la suite du dépôt du rapport du printemps 2014. Aujourd'hui, nous nous penchons sur le chapitre choisi par le NPD pour l'audience publique, le chapitre 8, intitulé « Répondre aux besoins en données statistiques clés — Statistique Canada » du rapport du printemps 2014 du vérificateur général du Canada.
Je suis heureux de vous annoncer que nous comptons bien évidemment parmi nous le vérificateur général, M. Michael Ferguson.
Je vous souhaite la bienvenue, monsieur. Nous sommes heureux de vous revoir.
Les fonctionnaires concernés sont également ici pour témoigner et répondre aux questions.
Je vous prierais de vous présenter et de présenter les gens qui vous accompagnent lorsque je vous demanderai de faire votre déclaration préliminaire.
Si mes collègues n'ont pas d'interventions à faire et qu'il n'y a pas de questions ni de raisons d'attendre avant de commencer — et je n'entends rien — nous allons procéder. Nous allons commencer par la déclaration préliminaire du vérificateur général.
Je vous cède la parole, monsieur Ferguson.
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Je vous remercie, monsieur le président, de nous donner cette occasion de discuter du chapitre 8 de notre rapport du printemps 2014, intitulé « Répondre aux besoins en données statistiques clés ».
Je suis accompagné des personnes qui étaient responsables de cet audit, John Affleck, directeur principal, et Colin Meredith, directeur.
En tant qu'organisme national chargé de la statistique au pays, Statistique Canada joue un rôle fondamental dans la production d'information sur les conditions socioéconomiques du Canada. Cette information est utilisée par les gouvernements, les chercheurs, les universitaires, les entreprises et les organisations non gouvernementales.
Nous avons examiné si Statistique Canada assurait la qualité de l'information socioéconomique clé qu'il produit et s'il générait cette information de manière efficiente et en tenant compte des besoins prioritaires des usagers. Notre examen de la qualité de l'information et de l'utilisation efficiente des ressources a porté sur quatre produits de données qui fournissent des renseignements importants sur la structure économique et sociale du Canada: l'indice des prix à la consommation; l'Enquête sur la population active; l'Enquête nationale auprès des ménages; et l'Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail.
[Français]
Nous avons constaté que, dans l'ensemble, Statistique Canada respectait son cadre d'assurance de la qualité pour garantir celle des programmes de statistiques que nous avons examinés. Cependant, il y aurait lieu d'apporter certaines améliorations pour mieux répondre aux besoins des usagers.
Nous avons constaté que Statistique Canada consultait surtout les usagers des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux et qu'il accordait une moins grande attention aux usagers du secteur privé, aux municipalités et aux organisations non gouvernementales.
En l'absence d'un mécanisme permettant de consulter toute la gamme des usagers et de recueillir leur rétroaction de façon continue, les données de l'organisme pourraient perdre de leur pertinence. Par exemple, les chercheurs d'emploi et les décideurs pourraient être mieux renseignés sur les professions en demande et les régions où des emplois sont disponibles si l'organisme recueillait des renseignements sur les postes vacants par profession et par région. Les décideurs pourraient utiliser cette information pour élaborer et gérer des politiques et des programmes.
Cependant, comme l'information sur les postes vacants n'est pas présentée à une échelle plus petite que celle des provinces, il n'est pas possible de savoir, par exemple, si les postes offerts en Alberta sont à Fort McMurray, à Medicine Hat ou ailleurs. Les usagers nous ont dit qu'à cause de ces lacunes, cette information sur les postes vacants leur était peu utile.
[Traduction]
Nous avons constaté que l'organisme avait bien géré la mise en oeuvre de l'Enquête nationale auprès des ménages. Cependant, l'introduction de cette enquête à participation volontaire, en remplacement du long questionnaire obligatoire qui faisait partie de l'ancien recensement de la population, a eu des répercussions pour les usagers. Statistique Canada s'attendait à ce que le passage d'une participation obligatoire à une participation volontaire fasse baisser le taux de réponse. Il a pris certaines mesures pour atténuer le risque qu'entraînait ce changement. Il a notamment augmenté de 3 à 4,5 millions le nombre de ménages de l'échantillon initial et a concentré ses efforts afin d'encourager les ménages à répondre. Malgré ces mesures, le taux de réponse a chuté par rapport au recensement de 2006, passant de 94 % à 69 %. Bien que le nombre de réponses au recensement de 2006 et de 2011 soit similaire, c'est le taux de réponse qui détermine la façon d'utiliser les données.
Statistique Canada a donc pris des mesures supplémentaires conformes à son Cadre d'assurance de la qualité. Il a décidé de ne pas publier les données portant surtout sur certaines régions éloignées peu peuplées ou certaines collectivités rurales peu peuplées en raison des faibles taux de réponse. L'organisme estime qu'il y avait un manque de données nationales fiables pour 3 % de la population du Canada, comparativement à 1 % pour le recensement de 2006. L'organisme a aussi informé les usagers qu'ils devaient faire preuve de prudence en comparant les données de l'Enquête nationale auprès des ménages avec celles des recensements précédents.
[Français]
Nous avons également cherché à savoir si l'organisme avait généré les données des quatre produits examinés d'une manière efficiente pendant la période de l'audit. Nous avons constaté que Statistique Canada avait élaboré et mis en oeuvre un certain nombre d'approches lui permettant d'utiliser les ressources de manière plus efficiente. Il a notamment utilisé les services ministériels communs et trouvé d'autres sources de données.
Pour que son travail reste pertinent, il est important que Statistique Canada puisse déterminer les besoins nouveaux et y répondre. Nous avons examiné comment Statistique Canada évaluait et comblait les lacunes relevées et s'assurait de la mise en oeuvre des priorités approuvées.
[Traduction]
Nous avons constaté que Statistique Canada disposait d'un processus adéquat pour définir et réaliser les priorités, y compris les besoins nouveaux. Cependant, il n'a pas vérifié de manière systématique s'il convenait de poursuivre les travaux à recouvrement de coûts lorsque le financement extérieur cessait. Par exemple, une fois que Statistique Canada avait terminé les travaux de l'Enquête sur les travailleurs âgés, qui était financée par le client, il n'a pas évalué s'il devait continuer de financer ce genre d'enquête à même ses ressources.
[Français]
Statistique Canada a accepté nos cinq recommandations et a établi des échéances pour leur mise en oeuvre allant d'avril 2014 à janvier 2015.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Je souhaite un bon après-midi aux membres du comité.
[Traduction]
Je suis accompagné de Stéphane Dufour, statisticien en chef adjoint, Services intégrés à Statistique Canada.
À titre de statisticien en chef du Canada, j'ai le plaisir de vous entretenir du rapport du vérificateur général du Canada, qui porte sur son évaluation de l'efficacité avec laquelle Statistique Canada répond aux besoins en données statistiques clés des Canadiens et de leurs institutions. Je me réjouis du fait que le chapitre consacré à Statistique Canada démontre que, dans l'ensemble, l'organisme utilise ses ressources de manière efficiente pour produire en temps opportun des données pertinentes et de bonne qualité. Statistique Canada accepte les recommandations du vérificateur général, et nous avons déjà commencé à mettre en oeuvre notre plan d'action.
Aujourd'hui, j'aimerais m'attarder à quelques-unes des questions clés soulevées dans le rapport; des questions essentiellement axées sur la difficile tâche de répondre aux besoins statistiques variés d'une multitude d'utilisateurs, tout en assurant un niveau de qualité élevé. Comme principe fondamental, puisque nous définissons la qualité comme l'adéquation des données à leur utilisation, Statistique Canada ne sacrifierait jamais la qualité pour répondre à des contraintes budgétaires. Au besoin, Statistique Canada limite la portée de son programme statistique plutôt que de compromettre la qualité des renseignements qui sont produits.
[Français]
En plus des recensements de la population et de l’agriculture, qui sont menés tous les cinq ans, l’organisme compte 350 enquêtes actives et utilise environ 500 sources de données administratives pour informer les Canadiens sur la situation économique, sociale et environnementale de leur pays. Statistique Canada est tenu en haute estime à l’échelle internationale pour la qualité de ses données, ses méthodes et son efficience.
[Traduction]
Comme l'organisme ne peut combler tous les besoins d'information au moyen de son budget de base, nous entreprenons les travaux statistiques à recouvrement des coûts pour le compte de clients externes, principalement des ministères fédéraux et provinciaux. Cette façon de procéder nous permet de répondre aux nouveaux besoins au profit de l'ensemble des Canadiens. De nombreuses enquêtes ont été menées de cette façon depuis plusieurs décennies. Généralement, ces travaux prennent fin lorsque le client ne souhaite plus les financer. À l'occasion, Statistique Canada se charge de financer un programme s'il juge celui-ci d'une trop grande importance stratégique pour être abandonné. La capacité de l'organisme d'autofinancer de tels programmes est, bien entendu, extrêmement limitée.
Le vérificateur général a noté que le processus visant à déterminer si un ancien programme à recouvrement des coûts doit être autofinancé n'a pas été officialisé. L'organisme a maintenant intégré à son processus de planification annuel un mécanisme d'examen officiel des programmes à recouvrement des coûts dont le financement est appelé à disparaître, afin de déterminer s'il est nécessaire d'y allouer des fonds ou d'essayer d'obtenir un financement permanent. En l'absence de nouveaux financements externes, il va sans dire que le maintien d'un ancien programme à recouvrement des coûts au moyen de fonds existants nous obligerait à abandonner d'autres programmes.
Notre monde en évolution rapide se caractérise par une soif d'information insatiable. Statistique Canada reçoit non seulement les demandes de nouvelles données sur un vaste éventail de sujets, mais de plus en plus de demandes de données au niveau local et pour de petites populations. Satisfaire à cette soif de données nécessiterait plusieurs fois notre budget actuel. Même si nous disposions de fonds illimités, le problème du fardeau de réponse demeurerait. Nous devons concilier le fardeau imposé aux Canadiens et aux entreprises lorsque nous leur demandons de participer à nos enquêtes et la valeur de l'information qui peut en découler.
Pour répondre au besoin grandissant de données régionales et de données sur les petites populations, je suis heureux de signaler que Statistique Canada réalise d'importants progrès en mettant au point et en exploitant des techniques de pointe comme la simulation de microdonnées et l'estimation sur de petits domaines pour tirer le maximum des ensembles de données existants. Notre utilisation croissante de données administratives augmente aussi notre capacité de fournir des données sur de petites régions et populations. Ces techniques nous permettent de produire, à un coût abordable, des estimations plus détaillées que ce qu'une enquête à elle seule peut produire, sans imposer un fardeau de réponse supplémentaire aux Canadiens et à leurs entreprises.
[Français]
Le Rapport du vérificateur général du Canada met un certain accent sur l’Enquête nationale auprès des ménages et sur la décision de l’organisme de ne pas publier des estimations locales pour plus de 1 100 collectivités, qui représentent 3 % de la population, en raison de considérations de qualité. Les taux de réponse plus faibles que ceux obtenus au moyen du questionnaire complet du recensement de 2006, attribuables à la nature volontaire de l’enquête, étaient le principal facteur à l’origine de la décision.
Bien que les taux plus faibles aient entraîné une certaine érosion de la qualité des données, l’Enquête nationale auprès des ménages a tout de même produit une base de données robuste pour tous les niveaux de géographie et pour de nombreuses petites régions et populations. C’est rendre un bien mauvais service aux Canadiens que de chercher, comme certains l’ont fait, à les dissuader d’utiliser cette riche et précieuse source de données.
[Traduction]
L'excellence d'un organisme statistique national repose notamment sur la pertinence de ses programmes. Statistique Canada cherche à aligner ses programmes statistiques et analytiques sur les besoins d'information les plus prioritaires du pays. À cette fin, nous avons toujours consulté un large éventail de partenaires, d'utilisateurs et d'intervenants afin de comprendre leurs besoins changeants d'information et de fonder nos statistiques sur une véritable compréhension des phénomènes que nous cherchons à mesurer.
Comme recommandé par le vérificateur général, à l'avenir, Statistique Canada documentera ce processus de sensibilisation de manière systématique et démontrera clairement la manière dont le processus est pris en considération dans la planification des programmes de l'organisme.
Dans le cadre des efforts que mène l'organisme pour élargir sa base de consultation, le Conseil national de la statistique a récemment vu modifier sa composition pour qu'un plus grand nombre de voix se fassent entendre à la table. Ce conseil, qui chapeaute un système de comités consultatifs, réunit d'éminents Canadiens qui possèdent de solides connaissances du système statistique national du Canada et qui souhaitent vivement contribuer à son développement.
De plus, nous avons entrepris d'officialiser le processus de renouvellement des divers comités consultatifs de l'organisme pour veiller à ce qu'ils soient dûment constitués compte tenu de leur mandat respectif, de façon à aider l'organisme à rester au fait des besoins et des méthodes statistiques en évolution et de s'y adapter.
Permettez-moi de conclure en disant que notre système statistique national est un bien national de grande valeur, qui offre aux Canadiens des rendements nettement supérieurs à leur investissement en leur fournissant des renseignements de grande qualité sur l'économie, la société et l'environnement du pays dont ils ont besoin pour fonctionner efficacement comme citoyens et décideurs dans un monde en évolution rapide.
La qualité des programmes de Statistique Canada, le moral de ses employés et sa réputation internationale d'excellence demeurent tout à fait intacts.
Merci.
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Pour nous, Statistique Canada est un bureau national de la statistique, et nous tentons donc de répondre aux besoins de l'ensemble du pays, de l'ensemble des Canadiens, mais le fait est que, compte tenu de notre budget, nous nous concentrons surtout sur l'administration publique, et principalement sur les deux ordres supérieurs. Il est clair que beaucoup de nos programmes répondent aux besoins des ministères fédéraux, ainsi que des gouvernements provinciaux et territoriaux. Le recensement, lui, répond aux besoins des administrations municipales.
Le reste de notre programme est utilisé autrement, la plupart du temps par d'autres organisations qui utilisent l'information que nous avons obtenue pour répondre aux besoins des gouvernements. Des organisations non gouvernementales utilisent par exemple nos données pour élaborer leurs positions sur les politiques gouvernementales, et les entreprises le font aussi. Celles-ci utilisent beaucoup de nos données — par exemple les données du recensement — dans le cadre de leurs initiatives de marketing. Les institutions financières utilisent beaucoup nos données pour analyser les marchés financiers et rajuster leurs stratégies en conséquence.
Nous rencontrons régulièrement les représentants du secteur privé. Récemment, j'ai rencontré un groupe représentant les secteurs de service pour parler de notre programme et de la façon dont il répond à leurs besoins, ainsi que des lacunes à combler selon eux.
J'ai aussi participé récemment à une table ronde d'affaires pour parler de la façon dont nos données sont utilisées en conjonction avec d'autres sources de données importantes, par exemple pour répondre aux besoins du secteur privé.
Chaque fois que nous publions les comptes publics — le produit intérieur brut, par exemple — nous rencontrons un groupe d'économistes principaux du secteur privé pour parler de ce qu'ils pensent des données que nous venons de publier et pour aborder toutes leurs préoccupations.
Notre Conseil national de la statistique compte trois ou quatre membres de plus qu'avant, qui viennent du milieu des affaires et qui nous font part de leurs opinions.
Le secteur privé et les associations d'entreprises sont représentés au sein de nos programmes de la statistique économique et de nos comités consultatifs. Nous faisons toutes sortes de choses pour joindre le secteur privé.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos invités de cet après-midi.
Si je puis commencer par vous, monsieur Smith, je vous renvoie au paragraphe 8.52 du rapport du vérificateur général, qui se trouve à la page 15 et qui concerne essentiellement le taux de réponse que vous avez obtenu en 2006. Ce taux était de 94 %, et c'était essentiellement la dernière fois ou à peu près que nous avons fait un recensement à l'aide du questionnaire détaillé obligatoire, puis il était de 69 % en 2011, lorsque la participation est devenue facultative.
Est-ce que cette diminution du nombre de participants vous inquiète? Vous qui travaillez avec des données, est-ce que cela vous inquiète un tant soit peu?
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Il ne fait absolument aucun doute que j'aurais préféré que le taux de réponse soit de 94 % ou qu'il soit tout le moins supérieur à 69 %, mais le fait que le taux de réponse ait été de 69 % n'est pas en soi une raison suffisante pour rejeter les données.
Le taux de réponse a en réalité une incidence double lorsqu'on commence à parler de données. La première, c'est une incidence sur la variabilité statistique des estimations, dont il est question dans les sondages lorsqu'on parle d'une incertitude de plus ou moins 2 %, 95 fois sur 100. C'est là que le taux de réponse de 69 % joue. Si nous n'avions pas rajusté la taille de l'échantillon, les estimations auraient été de bien moins bonne qualité à ce point de vue. Comme nous avons rajusté la taille de l'échantillon et sommes passés d'un taux d'échantillonnage de 20 % à un taux de 30 %, comme le vérificateur général l'a fait remarquer, nous avons obtenu le même nombre de réponses de la part des ménages et des Canadiens — en fait, le nombre était un peu plus élevé — et c'est ainsi que nous avons réglé ce problème. Pour ce qui est de la variabilité d'échantillonnage, les estimations tirées de l'Enquête auprès des ménages de 2011 étaient grosso modo aussi bonnes que celles que nous avons pu faire à partir du recensement de 2006, comme nous l'avons démontré dans certains documents que nous avons publiés au sujet des coefficients de variation.
Le second problème tient au biais de non-réponse. Comme la proportion des gens ayant répondu au recensement était plus faible et différait significativement de 100 %, il était possible qu'il y ait une différence significative entre la population en général et les gens ayant répondu, sur le plan de leurs caractéristiques. On a affirmé beaucoup de choses. Beaucoup de gens ont soulevé des préoccupations au sujet de cette possibilité. Nous avons consacré énormément de temps à cette question avant de publier les données et pendant la publication.
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Je crois que cela est attribuable au fait qu'il s'agit de subdivisions plutôt rurales, ce qui fait que le nombre de personnes ne change pas beaucoup lorsqu'on additionne les deux proportions. Je comprends cela. Cependant, lorsque nous essayons de brosser un portrait du Canada à partir des données, la proportion élevée des subdivisions inutilisables, qui, si on additionne les deux chiffres, est de 40 % des subdivisions du Canada rural, ne portent-elles pas à croire que l'image que nous obtenons n'est pas très claire?
Je comprendrais que vous ne souhaitiez pas répondre à cette question précise, monsieur Ferguson, mais est-ce que ce n'est pas le cas?
Je vois M. Smith faire non de la tête, et je vais lui permettre de répondre s'il souhaite le faire.
Mais la question qui s'impose, c'est: sans données, sur quoi peut-on fonder les décisions? Les données servent à aider les gens à prendre des décisions. C'est pour cette raison que vous nous en fournissez. Si nous n'avons pas de données, comment pouvons-nous prendre des décisions éclairées, qui que nous soyons et quelle que soit l'utilisation que nous en faisons?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins de comparaître devant notre comité.
J'ai une question importante qui porte sur les postes vacants. Il en est question au point 8.50.
En raison de l'incapacité, si je puis dire, de Statistique Canada de répondre à cette question, les gouvernements sont incapables de déterminer si une requête pour faire venir au pays des travailleurs étrangers est justifiée ou non. À l'heure actuelle, plus de 100 000 travailleurs étrangers occupent des emplois qui pourraient être occupés par des Canadiens. La question est plutôt préoccupante. Dans votre réponse au point 8.55, vous semblez indiquer que c'est une raison budgétaire qui vous empêche de corriger le problème relatif aux postes vacants.
Une augmentation de votre budget vous permettrait-elle de régler ce problème et, ainsi, de nous permettre de clore de façon satisfaisante la question relative aux travailleurs étrangers?
Depuis les tout débuts de l'Enquête sur la population active, à savoir lors des années 1940, les réserves ne sont pas incluses dans cette étude qui génère des chiffres sur l'emploi. C'est principalement pour des raisons de coûts. Compte tenu de l'échantillon dont nous disposons à l'heure actuelle, nous ne pourrions pas publier des données relatives aux réserves. La population concernée est de 300 000 à 400 000 personnes pour l'ensemble du Canada. Même si nous incluions ces personnes, cela ne modifierait pas du tout nos estimations de façon significative.
Toutefois, le nombre de réserves et leur isolement géographique feraient que les coûts seraient majeurs pour Statistique Canada. Il nous serait également très difficile de publier des données aussi à jour que celles que nous publions à l'heure actuelle. Dans le passé, nous mesurions le taux d'emploi dans les réserves par l'entremise du recensement. Nous le faisons maintenant au moyen de l'Enquête nationale auprès des ménages, et ce, tous les cinq ans. Cela permet aux analystes du marché du travail d'évaluer assez précisément le décalage entre les réserves et les divisions de recensement environnantes pour ce qui est de l'activité sur le marché du travail.
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Content d'être de retour. Messieurs dames, je suis content de vous revoir aussi.
Je me lance. Certains des mots que j'ai lus au paragraphe 8.53 du chapitre 8 m'ont inquiété:
les utilisateurs potentiels ne disposaient pas de données fiables provenant de l’Enquête nationale auprès des ménages pour environ 25 % des régions géographiques.
Cela fait partie du processus de passage à une enquête à participation facultative, évidemment, lorsqu'on parle d'une diminution de 94 à 69 %, ce dont nous avons déjà parlé.
L'une des choses que je trouve alarmantes, c'est que, lorsqu'on examine des politiques comme celle du programme des travailleurs étrangers temporaires, par exemple, il faut produire un avis sur le marché du travail pour le faire. Je vais prendre un exemple qu'utilise la personne que je remplace, Mme Yvonne Jones, du Labrador. Le taux de chômage dans sa région est autour de 5 ou 6 %, mais, dans l'ouest de Terre-Neuve, il est beaucoup plus élevé que cela. Il tourne autour de 13 à 15 %. Si l'on regroupe tous ces chiffres, des entreprises ferment leurs portes au Labrador parce qu'elles ne trouvent pas d'employés. Cela pose problème, car nous n'avons pas un portrait exact de la situation là-bas.
Monsieur Ferguson, je pense que c'est ce que vous précisez dans l'enquête. Est-ce exact?
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Statistique Canada participe très activement, à l'étranger, à la définition de toutes ces normes et les définit de manière à s'assurer que les programmes statistiques qui en découlent répondent aux besoins des Canadiens.
La classification des industries que nous utilisons dans l'Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail, par exemple, en est une que nous avons négociée avec les Américains et les Mexicains pour nous assurer qu'elle est bien adaptée à la structure de l'industrie canadienne et que, par conséquent, elle répond aux besoins des utilisateurs des données.
La norme de classification que nous utilisons pour les marchandises destinées au commerce international est également un produit que nous négocions avec les États-Unis et le Mexique afin de nous assurer qu'elle répond efficacement aux besoins des Canadiens.
Nous faisons partie des pays les plus avant-gardistes en ce qui concerne l'élaboration de normes et de lignes directrices internationales relatives aux indices des prix à la consommation, et nous avons un investissement très important — un investissement sur cinq ans — dans l'amélioration de l'indice des prix à la consommation en raison de son importance par rapport aux politiques monétaires, aux paiements de transfert, à la gestion des seuils de revenu imposable, au Régime de pensions du Canada, et ainsi de suite.
Dans le cas de la population active, nous participons grandement, à l'étranger, à la définition de normes, de lignes directrices et de méthodes. Nos collègues australiens ont un peu de difficulté avec leur enquête sur la population active. Ils nous ont demandé de leur donner des conseils et de les aider à régler les problèmes qu'ils tentent actuellement de résoudre, puisque, à leur avis, nous sommes le pays le plus avant-gardiste dans ce domaine.
L'autre chose, c'est que, dans le cadre de tout exercice de réduction budgétaire, nous les protégeons tous. Nous comprenons l'importance que cela revêt. Nous comprenons les répercussions sur les Canadiens si nous faisons bien les choses. Par conséquent, nous protégeons ces programmes contre les conséquences de toutes réductions budgétaires que Statistique Canada doit effectuer.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Smith, je vais revenir sur certains éléments du calcul du taux de chômage chez les communautés des Premières Nations, car les informations que vous m'avez données sont un peu contradictoires par rapport à d'autres sources d'information qui viennent de vos services.
Je peux comprendre que 400 000 personnes au Canada ne peuvent pas influer grandement sur le taux de chômage national, mais pour ces 400 000 personnes, cela s'avère drôlement important.
Sur les 1 128 subdivisions de recensement non diffusées, il y avait seulement 36 communautés autochtones. Sur les 608 subdivisions de recensement comprenant des communautés autochtones, seulement 36 n'étaient pas viables et n'ont pas été diffusées.
Vous me dites qu'un problème financier vous empêche d'obtenir ces renseignements, mais comment se fait-il que tous les autres renseignements soient bons, sauf ceux sur le taux de chômage? Il ne faudrait pas qu'on se retrouve avec une espèce de ségrégation par le silence. Même si cela remonte à 1944, à l'heure actuelle, ces informations sont nécessaires pour régler de façon urgente les problèmes sociaux, économiques et politiques que vivent ces communautés.
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Je pense que nous parlons de deux choses différentes.
Dans le cadre de l'Enquête nationale auprès des ménages, qui a coûté finalement quelque 650 millions de dollars, nous sommes allés systématiquement dans toutes les réserves au Canada qui nous permettaient d'y entrer, parce qu'elles ne nous permettent pas toutes de le faire. Il est aussi arrivé que des feux de forêt ou des inondations nous aient empêchés d'entrer dans des réserves.
Dans les réserves où nous avons pu entrer, aux fins de l'Enquête nationale auprès des ménages, nous avons recueilli des données non pas sur un échantillon de la population, mais sur 100 % de la population. Ce sont de bonnes données qui incluent également des chiffres sur la population active et le taux de chômage en mai 2011.
Quant à l'Enquête sur la population active, elle porte sur 56 000 ménages dans tout le pays. Cela représente donc une petite fraction de l'ensemble des ménages. Cette enquête ne touche pas les réserves. Si nous allions dans les réserves aux fins de cette enquête, les données ne concerneraient pas tous les ménages des réserves, mais seulement quelques-uns. Par conséquent, nous ne publierions jamais de données sur ces réserves. C'est la même chose quand nous nous rendons à Calgary, par exemple. Aux fins de l'Enquête sur la population active, nous n'allons pas dans tous les ménages de la ville, mais seulement chez quelques-uns pour représenter la totalité des ménages.
Alors, même si nous nous rendions dans les réserves aux fins de l'Enquête sur la population active, il n'y aurait pas de données sur chaque réserve. L'incidence de ces données sur le taux de chômage national, provincial ou en général sur les régions économiques serait donc mineur et presque imperceptible.
Quoi qu'il en soit, je suis tout à fait d'accord avec vous. Si nous pouvions produire des données mensuelles sur les réserves, ce serait extrêmement utile et souhaitable, mais il faudrait y consacrer 650 millions de dollars chaque année, ce qui n'est pas réaliste.
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C'est bien le chiffre que j'ai en ma possession.
Si jamais on veut trouver des solutions à ces problèmes, on aura besoin de chiffres exacts. Votre participation est souhaitable à cet égard.
En ce qui a trait à la composition de vos comités, et plus particulièrement celle de vos comités de soutien, le vérificateur général a indiqué qu'ils étaient trop souvent formés exclusivement d'universitaires ou exclusivement de fonctionnaires fédéraux, provinciaux et municipaux.
Monsieur le vérificateur général, serait-il pertinent de s'assurer non seulement qu'ils proviennent de différents niveaux, mais aussi, en ce qui a trait l'indice des prix à la consommation, que ces gens ne soient pas orientés économiquement à satisfaire un marché en particulier, à savoir les milieux patronaux vis-à-vis les milieux syndicaux.
Au paragraphe 8.50 de son rapport, le vérificateur général a parlé des données sur les postes vacants et du fait que les utilisateurs l'avaient informé que, à cause de « lacunes, l'information disponible sur les postes vacants leur est peu utile. »
Au paragraphe 8.55, le vérificateur général a formulé une recommandation selon laquelle vous devriez « évaluer s'il est possible de mieux répondre aux besoins des utilisateurs en matière de données sur les petites régions et sous-populations. »
Puis j'ai lu que, en fait, vous aviez commencé à travailler sur une enquête trimestrielle portant sur les postes vacants.
J'aimerais pouvoir faire le lien. Cette enquête trimestrielle sur les postes vacants vise-t-elle à régler ce problème? Le cas échéant, comment? Je sais qu'elle est axée sur la participation d'un plus grand nombre d'employeurs ainsi que sur les données par région économique. Pourriez-vous expliquer plus en détail comment elle permettra de régler le problème soulevé par le vérificateur général?
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Les données que nous avions au moment de l'examen du vérificateur général présentaient simplement le nombre de postes vacants à l'échelon national et, dans une certaine mesure, à l'échelon provincial, mais ne donnaient aucun détail en fonction de la profession, et certainement pas pour des régions géographiques plus petites; par conséquent, elles ne répondaient vraiment pas aux besoins qui étaient soulevés.
Toutefois, pour être en mesure de recueillir et de publier des données relatives à des professions détaillées pour les petites régions locales, il faut une enquête de très grande envergure.
Le personnel du ministre de l'Emploi et du Développement social du Canada, le ministre Kenney, nous a abordés pour nous dire qu'il aimerait combler ce besoin en information et nous demander si nous pourrions concevoir une enquête et lui dire combien cela coûterait si on pouvait le faire.
Nous avons conçu une enquête qui nous permettra de publier des données par profession, avec les salaires, à un échelon géographique assez détaillé. Cette enquête pourrait répondre en grande partie aux genres de besoins qui ont été soulignés en ce qui a trait à l'information. Elle représente, comme le ministre Kenney l'a indiqué dans une déclaration publique, un investissement d'environ 14 millions de dollars; c'est pourquoi Statistique Canada n'aurait jamais pu l'entreprendre seul.
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Eh bien, ils jouent deux rôles, ou plus de deux rôles, en fait. Certains des comités consultatifs sont en réalité des comités d'experts qui s'y connaissent au sujet de choses comme les indices des prix à la consommation ou les méthodes d'enquête. Nous avons un comité consultatif sur les méthodes statistiques constitué de statisticiens éminents de partout dans le monde, surtout des États-Unis et du Canada. Ce comité n'est pas conçu pour être représentatif de quoi que ce soit, sauf des experts qui peuvent nous donner des conseils sur nos méthodes.
Nous avons un autre comité sur les indices des prix à la consommation, qui est vraiment de la même nature. Son but principal est de donner des conseils sur les méthodes, et il est composé d'experts.
Les autres comités consultatifs sur, par exemple, les enjeux sociaux, ne sont là, en réalité que pour nous donner des conseils sur la conception de nos programmes, sur la conception d'enquêtes particulières et sur les lacunes au chapitre des données. C'est un cas où, comme l'a souligné le vérificateur général, nous devrions avoir un grand nombre de représentants, pas seulement des universités, mais aussi de tout l'éventail des utilisateurs, y compris des organisations non gouvernementales. Même les entreprises ont un certain degré d'intérêt, tout comme les administrations municipales, encore une fois.
C'est un commentaire juste; ils ne sont pas bien représentés au sein de nos comités consultatifs.
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Merci, monsieur le président.
Je veux ramener M. Smith au paragraphe 8.53, à la page 15. Mon ami à l'autre bout, M. Woodworth, a parlé des subdivisions et indiqué leur définition avec assez d'exactitude. Cependant, à l'intérieur de ce paragraphe, le vérificateur général a indiqué que certaines étaient « peu peuplées ».
Je ne veux pas en tirer de déductions; je vais donc devoir demander à M. Ferguson ce qu'il veut dire quand il dit « peu ». Je ne pense pas qu'il veuille dire « inhabitées ». Si on dit « peu peuplées », je présume qu'il y a des gens là-bas.
Est-ce exact, monsieur Ferguson?
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Désolé, monsieur Woodworth, le temps est écoulé. Merci.
Chers collègues, c'est ainsi que s'achève la série de questions que nous avons.
Je remercie nos invités de leur présence. Je ne crois pas qu'il y ait de questions en suspens exigeant un suivi. À ce que je sache, nous n'avons négligé aucun détail. Je pense que le comité a ce dont il a besoin pour rédiger une ébauche de rapport.
Monsieur Ferguson et monsieur Smith, nous vous remercions, vous et votre personnel, de votre présence. Vous avez donné des réponses entières et complètes, et nous vous en sommes très reconnaissants.
Sur ce, je vais vous donner votre congé et vous dire que nous avons hâte de vous voir la prochaine fois.
Chers collègues, je propose que nous suspendions la séance pour un instant, que nous nous réunissions à huis clos, puis que nous nous occupions de certaines affaires du comité. Si nous nous entendons là-dessus, la séance est maintenant suspendue.
[La séance se poursuit à huis clos.]