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Bienvenue à la 29
e séance du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Conformément à l’ordre de renvoi du mardi 24 mars, le Comité se réunit pour discuter de la réponse du gouvernement à la pandémie de la COVID-19.
Je rappelle à tout le monde que nous sommes sur ParlVU, et donc que les députés doivent utiliser les boutons au bas de l’écran correspondant à la langue qu'ils utiliseront pour l’interprétation. C’est ainsi que les choses se passent. Parlez le plus lentement et le plus clairement possible au bénéfice de nos interprètes.
Nous accueillons cet après-midi notre premier groupe de témoins qui est la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Il s'agit de M. Siddall, président-directeur général, et de Mme Romy Bowers, vice-présidente principale, Solutions clients.
Je vois, monsieur le président, que vous avez des notes d’allocution, alors allez-y; vous avez la parole. Nous passerons ensuite aux questions.
Étant donné qu’il n’y a qu’un seul témoin dans ce groupe, je rappelle à mes collègues l’ordre d’intervention de quatre premiers députés. Ce sera M. Poilievre, M. Fraser, M. Ste-Marie et M. Julian.
Vous avez la parole, monsieur le président.
Au début de la crise, en collaboration avec la Banque du Canada et le ministère des Finances, nous avons relancé le Programme d'achat de prêts hypothécaires assurés. Cet outil permet de s'assurer que les banques ont accès à un financement à terme fiable pour poursuivre leurs activités de prêts et que les marchés du logement demeurent fonctionnels.
Dans le cadre du programme révisé actuel, nous sommes prêts à acheter jusqu'à 150 milliards de dollars de prêts hypothécaires assurés. Nous sommes également prêts à élargir le volume d'émission de nos programmes de titrisation traditionnels, au besoin.
De plus, nous avons agi rapidement pour aider les Canadiens qui ont du mal à rembourser leur prêt hypothécaire ou à payer leur loyer en raison d'une perte de revenus causée par la COVID-19. En collaboration avec les assureurs hypothécaires privés, nous offrons un report temporaire des paiements hypothécaires pour une période maximale de six mois. Nous estimons, jusqu'à maintenant, que 12 % des emprunteurs hypothécaires ont choisi de reporter leurs paiements, et ce chiffre pourrait atteindre près de 20 % d'ici septembre.
Nous offrons le même allégement à nos clients des immeubles collectifs, afin qu'ils puissent offrir de l'aide au loyer à leurs locataires à faible revenu. Nous nous sommes également assurés que les fournisseurs de logements sans but lucratif et les coopératives d'habitation continuent de recevoir des subventions fédérales au loyer pour leurs locataires à faible revenu, même si leur entente avec nous a pris fin. Dans les deux cas, nous avons insisté pour que les groupes qui reçoivent de l'aide fédérale évitent les expulsions pendant la crise.
Plus récemment, le a annoncé que la SCHL administrera l'Aide d'urgence du Canada pour le loyer commercial destinée aux petites entreprises. Ce programme réduira de 75 % les loyers des petites entreprises qui sont touchées par la crise de la COVID-19. Bien que cette aide ne fasse pas partie d'un programme de logement, nous sommes heureux de mettre notre expertise en immobilier au profit des entrepreneurs en difficulté.
[Traduction]
Cependant, comme les membres du Comité le savent, presque tout ce que nous avons fait en réponse à la crise implique des emprunts. Tout comme les gouvernements, qui s’endettent davantage pour financer leurs interventions liées à la COVID-19, l’endettement des ménages, qui avait déjà atteint des niveaux historiques, augmente sous l’effet du report des paiements hypothécaires, et j'ai quelques diapositives à ce sujet. Les Canadiens sont dans le peloton de dette des ménages les plus endettés au monde. Avant la crise de la COVID, le ratio de la dette brute par rapport au PIB était de 99 % au Canada. À cause, en partie, d’une augmentation des emprunts, mais encore plus d’une baisse du PIB, nous estimons qu’il augmentera à plus de 115 % au deuxième trimestre et attendra 130 % au troisième trimestre, avant de reculer. On constate que ces ratios sont bien plus élevés que le seuil de 80 % au-dessus duquel la Banque des règlements internationaux a démontré que la dette nationale accentue le ralentissement de la croissance du PIB. En observant les multiples d’endettement du revenu disponible — que d'autres connaissent mieux que moi — cette mesure augmentera de 176 % à la fin de 2019 à plus de 200 % d’ici la fin de 2021. De plus, la SCHL prévoit maintenant une baisse de 9 à 18 % des prix moyens des logements au cours des 12 prochains mois.
La combinaison de l’augmentation de la dette hypothécaire, de la baisse du prix des maisons et de l’augmentation du chômage est préoccupante pour la stabilité financière à long terme du Canada. Une autre diapositive que je vous ai remise cite Hyman Minsky, qui a dit que la dette engendre la fragilité.
Nous avons donc mis une de nos équipes à l’œuvre pour affronter ce que nous appelons le « gouffre du report des dettes » qui se dessine pour l’automne lorsque des gens sans emploi devront recommencer à payer leur hypothèque, si l’on suppose une reprise de l’économie. Un cinquième de tous les prêts hypothécaires pourrait être en souffrance si notre économie ne s’est pas suffisamment redressée.
Nous estimons que nous devons éviter d’exposer les jeunes — et, par le biais de la SCHL, les contribuables canadiens — aux pertes amplifiées par la baisse de prix de l'immobilier. Si nous n’agissons pas, un accédant à la propriété qui achète une habitation de 300 000 $ avec une mise de fonds de 5 % perdra 45 000 $ sur sa mise de fonds de 15 000 $ si les prix baissent de 10 %. En comparaison, une mise de fonds de 10 % offre un coussin plus grand à l’encontre de pertes potentielles.
En cas de réclamation à l’assurance, la SCHL sera appelée à couvrir les pertes. Nous en sommes donc en train d'évaluer s’il y a lieu de modifier nos politiques de souscription à la lumière de l’évolution des conditions du marché.
Notre appui à l’accession à la propriété ne peut être illimité. L’accession à la propriété est comme la pression artérielle: elle peut être trop élevée. La demande de logements est bien plus facile à stimuler que l’offre. Et le résultat, comme nous l’avons vu, est ce que nous enseigne le cours d’économie 101: des prix en constante augmentation. Donc, si l’abordabilité du logement est notre objectif, ce qui doit certainement être le cas, alors il doit y avoir une limite à la demande que nous contribuons à créer, surtout lorsque l’offre ne suit pas le rythme.
Les gens croient qu’il faut être propriétaire d’un logement en guise d’épargne-retraite. C’est vrai, au cours des 20 dernières années, le propriétaire-occupant moyen au Canada a réalisé un gain non imposable de 340 000 $ sur la valeur de sa propriété. Cela semble formidable, jusqu’à ce que nous ajoutions le fait que 300 000 $ de ce gain ont été créés par une augmentation des emprunts. Les prix des habitations et les niveaux d’endettement sont de plus en plus hors de la portée des jeunes. En fait, l’accession à la propriété tend à être inférieure dans les pays où le revenu est plus élevé.
En plus de resserrer nos pratiques de souscription pour limiter les emprunts excessifs, nous devons aussi prendre des mesures déterminantes et urgentes pour accélérer le développement de l’offre de logements locatifs. La SCHL a déjà pris des mesures pour accélérer le versement du financement prévu par la Stratégie nationale sur le logement, qui est fortement axée sur la création de logements locatifs abordables pour les Canadiens. Le gouvernement fédéral, de concert avec les provinces et les territoires, injecte des milliards de dollars dans le logement. Les municipalités peuvent continuer à donner un coup de main en accélérant l’approbation des permis pour les logements abordables, en offrant des terrains, en renonçant aux frais et taxes afin d’appuyer le développement de logements abordables et en révisant leur régime fiscal foncier de manière à favoriser l’abordabilité du logement.
Je conclurai en disant qu’à la SCHL, Mme Bowers, moi-même et nos 2 000 collaborateurs restons pleinement attachés à notre aspiration, soit que, d’ici 2030, tout le monde au Canada pourra se payer un logement qui réponde à ses besoins. La COVID-19 a mis en évidence toute la valeur d’un logement stable, renforçant du même coup notre détermination.
Merci. Je serai heureux de répondre à vos questions et Mme Bowers me prêtera main-forte pour les plus difficiles.
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Merci, monsieur le président, et merci à M. Siddall et à Mme Bowers d'être ici aujourd'hui.
Nous espérons que vos familles sont en sécurité et en bonne santé.
J'ai deux questions pour commencer, au sujet du Programme d'achat de prêts hypothécaires assurés, PAPHA. L'économiste David Macdonald a estimé qu'au cours de la crise financière précédente, autour de 2009, le PAPHA a fourni un soutien de 69 millions de dollars aux plus grandes banques du Canada. À l'époque, les profits de ces mêmes banques étaient d'environ 27 milliards de dollars. Fait célèbre, M. Edmund Clark, de la Banque TD, s'est accordé une prime de 4 millions de dollars et a reçu une rémunération de 15 millions de dollars.
Le problème se pose, bien sûr, dans ma ville, dans New Westminster—Burnaby, où les gens ont de la difficulté à trouver un logement abordable. Ils voient le taux d'intérêt presque nul de la Banque du Canada. Ils voient aussi que les reports de paiement sont souvent assortis de pénalités et de frais d'intérêt.
J'ai deux questions. Premièrement, quel est le montant assumé jusqu'à maintenant dans le cadre du PAPHA? Deuxièmement, avez-vous insisté dans le cadre de ce programme pour que les banques abaissent leurs taux d'intérêt — nous voyons les coopératives de crédit descendre à zéro — pour que les banques accordent un répit aux gens, éliminent les frais et les pénalités et ne fassent rien de spéculatif, comme le paiement de dividendes ou le rachat d'actions, avec ce soutien public? A-t-on insisté, dans le cadre de ce programme, pour que les banques ne se livrent pas à ce genre de pratiques?
Je voudrais passer à votre exposé. Je comprends la question de la dette des ménages exprimée en pourcentage du PIB, mais je n'adopte pas le même point de vue que M. Poilievre, étant donné que les conservateurs ont l'habitude de fournir beaucoup de soutien au secteur bancaire. Une grande partie de l'endettement des familles vient, en fait, de gens qui n'ont pas les moyens de se payer un logement ou leurs médicaments. Ils doivent emprunter parce qu'ils doivent aussi financer leurs études.
Ce sont des choses qui ne se produisent pas dans beaucoup d'autres pays. Comme vous l'avez souligné à juste titre, l'endettement des familles canadiennes est l'un des plus élevés du monde industrialisé. Par conséquent, en mettant de côté la question du PAPHA, je me demande si la SCHL a évalué quelles seraient les répercussions sur la crise de l'endettement des familles si nous faisions des investissements importants et à grande échelle dans le logement abordable.
Selon une question inscrite au Feuilleton, environ 14 000 logements abordables ont été construits au cours des cinq dernières années. C'est beaucoup moins que ce qui est nécessaire dans notre pays. Environ le tiers des Canadiens sont locataires. Nous n'avons pas assisté à une expansion du secteur coopératif. Quelle incidence cela aurait-il sur le niveau d'endettement des ménages si la SCHL investissait à nouveau à grande échelle dans le logement abordable, comme elle l'a fait lorsque nous avions un programme national de logement, il y a quelques décennies?
Monsieur Siddall, merci d'être ici, et merci également à Mme Bowers d'être venue participer à une discussion très importante.
Je ne vous surprendrai pas en disant que le principal enjeu de la dernière campagne était le logement abordable. Avec cette pandémie, il restera un enjeu de premier plan pour les résidants de ma circonscription, Davenport.
Un certain nombre d'organismes sans but lucratif veulent contribuer à la construction de logements abordables dans la circonscription, mais ils trouvent le processus un peu lourd, un peu long et difficile à suivre.
Vous avez dit qu'on essaiera de créer 125 000 nouvelles unités au cours des 10 prochaines années. Je sais que nos besoins sont beaucoup plus importants que cela.
Nous vivons à l'ère de l'agilité et de la souplesse et nous essayons de faire l'impossible. Que peut faire le gouvernement fédéral à ce stade pour aider la SCHL à accélérer l'offre de logements abordables?
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Pour dire les choses simplement, nous sommes devenus un organisme beaucoup plus axé sur les besoins des clients. Auparavant, nous n'en tenions pas compte; nous tentions d'intégrer les gens dans nos différents programmes.
Il faut d'abord comprendre les besoins des clients, puis essayer de trouver une solution qui leur convienne.
Je présente mes excuses à vos électeurs qui ont eu de la difficulté avec nos programmes. Je peux vous assurer que nous déployons des efforts depuis huit mois pour examiner nos processus de près et y apporter des améliorations importantes, en commençant par des discussions approfondies avec les clients avant même d'entamer le processus de demande.
J'espère que les fruits de cet effort se font progressivement sentir. Nous sommes toujours très heureux de discuter avec vous. Nous avons du personnel dans toutes les régions du Canada et nous sommes très heureux de participer à ce genre de discussions pour nous assurer que l'argent va aux gens qui en ont le plus besoin.
Comme vous le savez probablement, le maire de Toronto vient d'annoncer la construction de logements modulaires en réponse à la pandémie de COVID. C'est un exemple de la façon dont le personnel de la SCHL travaille de façon très constructive avec les dirigeants municipaux pour s'assurer que l'argent est utilisé là où les besoins sont les plus grands.
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C’est une question complexe. Dieu merci, je me suis mis à y penser tout le temps.
Les 12 % de reports dont je vous ai parlé s’appliquent aux prêts hypothécaires assurés et non assurés; ils comprennent donc les chiffres que nous publions et ceux de l’Association des banquiers canadiens. Je n’associerais même pas la moitié de cette proportion à des pertes ou à des saisies. Il s'agit de gens qui font face à l’incertitude et qui conservent de l’argent, tout comme ils ont entassé du papier hygiénique, et ils l'ont fait parce qu’ils le pouvaient et que les banques en offraient la possibilité, tout comme nous. En fait, nous avons proposé un report à tous ceux qui se disaient en difficulté.
C'est de la compassion, et je dois en reconnaître le mérite aux banques. Elles l’ont fait pour les prêts hypothécaires non assurés, en plus des prêts hypothécaires assurés, et nos deux concurrents privés, Canada Guaranty et Genworth Canada, étaient sur la même longueur d’onde que nous.
Ces paiements hypothécaires différés s’ajouteront au principal impayé et feront augmenter notre endettement. C’est l’un des coûts sous-jacents aux chiffres que je vous ai donnés.
Merci, monsieur le président. Voici mes deux autres questions.
Pour les 12 % de créances hypothécaires qui font l'objet d'un report, la SCHL fait-elle un suivi du nombre des reports qui ont été approuvés sans pénalités ni intérêts composés, que nous avons vus bien des fois dans ma circonscription?
Ma dernière question va dans le même sens que celle de Mme Dzerowicz. La Ville de Burnaby a réservé une demi-douzaine de sites pour des logements abordables. Nous avons beaucoup de difficulté à y avoir accès. Lorsqu'on parle d'environ 18 milliards de dollars, je suis stupéfait, parce que l'itinérance, bien sûr, est en progression au pays. C'est un phénomène qui prend de l'ampleur, dans ma région surtout.
La SCHL fait-elle un examen interne quelconque pour déterminer combien il pourrait être compliqué d'accéder au programme actuel et si les fonds dégagés aident effectivement à atténuer le problème?
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Oui, c'est vrai, et le contribuable le garantit.
En conclusion, comme je l'ai mentionné dans ma déclaration d'ouverture, une autre solution serait les obligations sécurisées. Dans ce cas, la garantie de la dette ne vient plus du contribuable, mais d'une sûreté forte, voire excessive, selon la pratique généralisée en Europe. Au Canada, ces obligations ne représentent que 9 % des prêts hypothécaires. Selon un rapport de la Banque du Canada, la raison en est la suivante: « Les banques [préfèrent] se tourner essentiellement vers des solutions de financement hypothécaire garanties par l'État, relativement moins coûteuses. »
Se peut-il que la SCHL, avec l'appui que le gouvernement accorde à Canada Guaranty and Genworth, propose ce mécanisme de marché, qui nous donnerait une forme sûre de garantie de nos prêts hypothécaires sans faire porter la responsabilité aux contribuables?
À titre de présidente du Comité spécial des retombées économiques de la COVID-19 de l'Association des industries aérospatiales du Canada et de présidente et chef de la direction de MHI Canada Aerospace, je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui dans le cadre de votre étude sur la réponse du gouvernement à la COVID-19.
L'AIAC est une association industrielle qui représente plus de 95 % de l'activité aérospatiale au Canada. Nos membres sont situés dans toutes les régions du pays et comptent de très petites à très grandes entreprises dans les trois segments: l'espace, l'aérospatiale et la défense.
MHI Canada Aerospace est une entreprise nord-américaine d'aérostructures lourdes de premier niveau, dont l'énoncé de travail représente le plus grand nombre d'emplois hautement spécialisés dans le secteur de la construction aérospatiale au Canada depuis 40 ans. Nous employons 850 personnes à notre usine de Mississauga, et viabilisons environ 3 000 emplois indirects dans notre chaîne d'approvisionnement, dont 65 % au Canada. Nous sommes fiers de notre approche Équipe Canada, de nos réalisations et de la façon dont nous nous sommes positionnés pour les futures occasions de croissance au sein de l'industrie aérospatiale commerciale et de défense.
Il y a plus de 80 ans, des décideurs comme vous se sont engagés à faire du Canada un chef de file mondial de l'aérospatiale. Ils ont eu la clairvoyance de reconnaître une industrie qui, pour peu qu'elle soit soutenue, allait contribuer à la santé économique d'ensemble du pays. Nous sommes aujourd'hui l'un des cinq principaux centres aérospatiaux au monde. C'est le genre d'engagement et de leadership qu'il faut de nos jours. L'économie canadienne profite aujourd'hui de près de 215 000 emplois canadiens et de 25,5 milliards de dollars par année.
Nous avons dû relever des défis par le passé, mais l'impact de la crise de la COVID-19 est vraiment sans précédent. Étant donné que la demande de vols est faible et que la plupart des flottes aériennes sont clouées au sol pour l'avenir prévisible, le marché secondaire a été durement touché et devrait demeurer modeste. Dans certains cas, les nouvelles commandes ont été bloquées et les compagnies aériennes ont demandé des reports de livraison, ce qui a entraîné une diminution des livraisons d'aéronefs. Les entreprises aérospatiales canadiennes ont des problèmes de disponibilité de fonds, et doivent composer avec des contraintes opérationnelles, les incidences sur la chaîne d'approvisionnement et la sensibilité aux revenus.
En fait, selon les rapports d'Exportation et développement Canada, la construction aérospatiale est au nombre des industries les plus durement touchées. Si un soutien sectoriel a été annoncé pour d'autres industries, il n'y a rien eu pour l'aérospatiale. Le moment est venu. En plus de votre soutien économique global, nous demandons encore une fois au gouvernement de bien vouloir travailler avec nous à une stratégie sectorielle pour l'aérospatiale.
Il y a de nombreux exemples dans le monde de collaboration entre l'industrie et le gouvernement pour permettre aux industries nationales de l'aérospatiale, de la défense et de l'espace de se hisser aux premiers rangs sur le marché mondial, et c'est ce que nous devons faire au Canada. Par exemple, le gouvernement australien investit beaucoup dans le renforcement des capacités de défense. Le Royaume-Uni appuie des programmes dans l'ensemble du secteur spatial pour favoriser l'innovation et la croissance. Il s'est aussi donné une stratégie de défense.
Ce n'est pas une affaire de sauvetages. Il s'agit d'exploiter une occasion de transformation pour nous positionner solidement comme chef de file mondial. Le Canada a déjà été chef de file, et il doit le redevenir. Cette crise renforce ce que l'AIAC dit depuis un certain temps déjà. Il faut une vision, des investissements et des partenariats si nous voulons être des chefs de file sur la scène mondiale.
L'AIAC a publié son rapport « Vision 2025 » l'an dernier parce que le Canada commençait à perdre du terrain et que nous devions nous associer au gouvernement. Bien sûr, personne n'aurait pu prévoir la crise de la COVID-19 et nous savions que notre industrie ne pouvait pas continuer de reculer. Les enjeux sont trop grands. Les recommandations du rapport s'appliquent aujourd'hui plus que jamais, et notre industrie, par l'entremise de l'AIAC, a aussi cerné d'autres priorités pour atténuer ces graves difficultés et positionner le secteur aérospatial du Canada après la COVID.
Premièrement, nous devons collaborer avec le gouvernement à un plan qui permettra de recommencer les voyages aériens en tenant compte de la sécurité, dans le respect des nouvelles normes sociales.
Deuxièmement, nous devons poursuivre la réforme de nos programmes existants en tenant compte des délais différents auxquels notre industrie est confrontée par rapport aux autres.
Troisièmement, en faisant fond sur le travail déjà accompli dans le cadre de Vision 2025, nous devons doter le secteur d'une stratégie à long terme pour assurer notre compétitivité mondiale et contribuer à la croissance économique après la COVID-19.
Quatrièmement, nous devons mettre en œuvre rapidement des technologies vertes et le soutien de la chaîne d'approvisionnement pour les PME, de manière que le secteur puisse s'établir comme leader mondial en durabilité environnementale et veiller à ce que notre chaîne d'approvisionnement puisse s'adapter.
Cinquièmement, nous devons accélérer les marchés publics, et en particulier les projets de défense et d'espace, pour aider à stimuler et à maintenir les emplois de technologie de pointe et les chaînes d'approvisionnement.
Nous avons une carte routière pour aller de l'avant, mais il faut de l'aide gouvernementale non seulement pour faciliter notre sortie de crise, mais encore pour reprendre notre position de force sur le marché mondial. Nous nous réjouissons à la perspective de travailler en partenariat avec le gouvernement pour concrétiser ce projet.
Merci de votre temps et de votre attention.
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Bonjour et merci de m'avoir invité.
L'ACPE représente les sociétés de pipelines de transport du Canada qui exploitent la plupart des pipelines de transport du Canada et un grand nombre des pipelines des États-Unis. Nous sommes heureux d'annoncer que nos systèmes continuent d'assurer ce service essentiel face aux défis sans précédent que nous connaissons. En plus de fournir l'énergie qui permet à nos services essentiels de poursuivre leurs activités, les membres de l'ACPE continuent d'apporter des avantages économiques au Canada. En 2018, l'ACPE a dépensé près de 14 milliards de dollars en taxes, biens, services et projets d'immobilisations dans presque toutes les provinces et tous les territoires et a employé directement plus de 13 500 personnes.
Les membres de l'ACPE ont ressenti les impacts de la COVID-19, eux aussi. Les projets d'opérations, d'entretien et de construction et les chaînes d'approvisionnement des pipelines de transport ont été très tôt désignés infrastructures essentielles, et leurs employés ont été désignés travailleurs des services essentiels. On a mis en place des protocoles spéciaux pour protéger le personnel et les systèmes vitaux de la salle de commande et pour assurer la sécurité du personnel. Nous avons fait la transition à cette nouvelle réalité rapidement et en toute sécurité, mais nous avons hâte de nous remettre pleinement au travail et de contribuer à l'économie et à la relance du Canada.
Il est important de reconnaître les travailleurs de première ligne qui ont protégé la société. Je tiens par ailleurs à remercier le gouvernement fédéral et les provinces, qui veillent à ce que nos membres reçoivent les conseils et le matériel dont ils ont besoin pour demeurer en sécurité, de même que l'aide financière et le soutien de leurs liquidités qui sont essentiels pour préserver notre capacité de relance rapide. Notre industrie est prête pour cela.
La nouvelle décennie a commencé sur une note d'optimisme prudent pour le secteur des pipelines. Nous conservons notre optimisme et ce ne sont pas les possibilités de croissance qui manquent. Nous voyons des progrès dans les grands projets de pipeline, comme Trans Mountain, Coastal Gaslink, Keystone XL, la canalisation 3 d'Enbridge et l'expansion du réseau de NGTL de TC Energy. D'autres grands projets dans les secteurs intermédiaire et pétrochimique, comme le complexe pétrochimique Heartland d'Inter Pipeline et le terminal de GNL de Prince Rupert du pipeline Pembina, créeront de nouvelles infrastructures et une capacité de transformation à valeur ajoutée des liquides de gaz naturel en produits pétrochimiques essentiels.
Récemment, l'ACPE a mené un sondage auprès de ses membres pour déterminer quels projets prêts à démarrer et valables pourraient être lancés rapidement dans des conditions économiques, politiques et réglementaires favorables. Je suis heureux d'annoncer que les membres de l'ACPE ont cerné près de 7,5 milliards de dollars de nouveaux projets, dont bon nombre offrent d'importantes possibilités de croissance et d'emploi pour le Canada.
Il y aura de petits et de grands changements dans la vie des Canadiens et des leçons à tirer de la pandémie. Cependant, notre engagement à être les meilleurs au monde en matière de performance environnementale demeurera. Nos opérations et les produits que nous transportons à l'échelle du continent et du monde entier sont essentiels et respectent les meilleures pratiques environnementales.
Pour l'ACPE, une autre raison d'être optimiste est le statut du Canada en tant que chef de file mondial en matière de normes ESG, c'est-à-dire environnementales, sociales et de gouvernance. Nous savons que les marchés financiers veulent de meilleurs rapports ESG et, en tant que Canadiens, nous savons que nous produisons de l'énergie selon les normes ESG les plus rigoureuses. C'est un avantage concurrentiel dont le Canada devrait tirer parti.
Une autre raison d'être optimistes est l'engagement et le soutien des collectivités autochtones qui bénéficient des ententes sur les retombées, des investissements communautaires, des emplois et des occasions d'approvisionnement local découlant de projets énergétiques qui assureront la sécurité économique et bâtiront des communautés fortes à long terme. En 2018, les membres de l'ACPE ont dépensé 240 millions de dollars en personnel, services, fournitures et équipement venant de fournisseurs autochtones.
Le Canada est un chef de file en développement énergétique responsable, et nous avons la base de ressources nécessaires pour répondre à la demande mondiale d'énergie. Le Canada peut tirer parti de ces avantages au fur et à mesure de la relance mondiale.
J'aimerais dire un mot du gaz naturel liquéfié, le GNL. Le Canada est dépositaire d'immenses ressources naturelles, en particulier de gaz naturel qui, converti en GNL pour approvisionner des clients du monde entier, serait un puissant moteur pour l'économie canadienne. Le GNL peut viabiliser des milliers d'emplois et rapporter des milliards de dollars de revenus au Canada pendant des décennies et aidera le monde à s'affranchir du charbon.
Au-delà du GNL, notre gaz naturel riche en liquides offre le potentiel de développer une importante industrie à valeur ajoutée — le secteur pétrochimique. Encore là, il s'agit de dizaines de milliards de dollars d'investissements potentiels qui pourraient favoriser l'emploi et le développement technologique, et générer des revenus et des produits pour l'ensemble de l'économie.
En tant que Canadiens, nous profitons bien de la sécurité que nous procurent nos ressources, de la sécurité indispensable aux chaînes d'approvisionnement dont dépendent les Canadiens pour leur subsistance, qui permet de produire les engrais pour faire pousser nos aliments, qui assure du chauffage et de l'électricité à nos services essentiels, comme les hôpitaux, les maisons de soins, et sans laquelle nous n'aurions pas les matières premières pour les plastiques nécessaires pour le matériel de protection personnelle dont dépend la sécurité de nos travailleurs de première ligne et qui leur permet de rester au travail.
La demande mondiale d'énergie fiable et abordable ne cesse de croître, et malgré la forte croissance des ressources renouvelables, le pétrole et le gaz naturel demeureront des éléments essentiels du bouquet énergétique pour les décennies à venir. Le gaz naturel sera au cœur des futurs plans énergétiques et de la croissance de l'électricité. Les produits pétrochimiques continueront aussi d'être les ingrédients essentiels des nouvelles installations de production d'énergie renouvelable et des systèmes qui les relient.
La demande mondiale de pétrole et de gaz sera satisfaite d'une façon ou d'une autre. Le Canada devrait être le premier fournisseur de cette énergie, en tant que leader ESG mondial dont l'exploitation et le transport des ressources pétrolières et gazières sont assujettis aux normes environnementales les plus rigoureuses au monde. Le Canada devrait être le pays de provenance de la première molécule de gaz naturel ou du premier baril de pétrole produit et consommé sur tous les marchés, car aucun autre pays ne le produit de manière plus responsable. De fait, le Canada a l'énergie dont le monde aura besoin pendant longtemps. En fournissant au monde l'énergie canadienne produite de manière responsable, nous créerons les emplois et produirons les retombées économiques et sociales dont notre pays aura besoin pour se rétablir et prospérer.
En terminant, je vous demanderais de vous pencher sur ce qui suit.
La crise nous a appris que le Canada doit être en mesure de s'occuper de lui-même en cas de pandémie. Nous avons besoin de chaînes d'approvisionnement plus courtes, et nous devons leur donner les moyens de fonctionner. Heureusement, nous avons les matières premières dont nous avons besoin, les ressources humaines et l'ingéniosité nécessaires, de même que l'énergie qu'il nous faut pour être autosuffisants et aider les autres. Ce qu'il nous faut, c'est la volonté de passer outre à nos légères différences et de travailler ensemble à tirer parti de tous les avantages naturels pour l'avenir de tous les Canadiens.
Notre industrie doit faire partie de notre avenir, que nous allons construire ensemble: plus sûr, plus intelligent.
Merci.
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Je vous remercie de l'occasion de vous parler du rôle des parcs et loisirs municipaux et de ce que nous pouvons faire pour aider les collectivités à se remettre socialement et économiquement de la COVID-19.
L'Association canadienne des parcs et loisirs est le porte-parole national des parcs et loisirs municipaux. Nous sommes les arénas, les piscines, les terrains de sport et les terrains de jeu de votre collectivité, et nous sommes les camps d'été, les cours de yoga, les ligues de sport et les cours de natation auxquels vous participez avec votre famille.
Le secteur des parcs et loisirs municipaux fournit des installations, des services et des programmes pour un rendement social et financier. La fermeture des installations et des programmes pendant la pandémie nous prive de nos revenus et nous fait perdre la valeur que nous apportons aux collectivités et aux particuliers. Le rétablissement complet, sécuritaire et rapide de ces services après la pandémie doit être une priorité pour tous les paliers de gouvernement. Les rôles des secteurs de compétence ne doivent pas être un obstacle en ces temps de crise pour les municipalités et les organismes sans but lucratif.
L'impact financier de la COVID-19 sur le secteur des parcs et loisirs municipaux est de 221 millions de dollars par mois, à cause des coûts fixes d'exploitation des installations pour un rendement financier et social nul. Après la reprise des installations et des programmes, les nouvelles exigences de santé publique en matière d'hygiène, de nettoyage et de distanciation sociale pourraient entraîner une augmentation des coûts d'exploitation de 226 millions de dollars par an. Il faut prévoir une baisse des revenus en raison de la restriction de capacité des installations et des programmes en contexte de distanciation sociale. Le véritable impact de la situation reste à voir.
Comme les municipalités ne sont pas admissibles au Programme canadien de subventions salariales d'urgence, des milliers d'employés des parcs et des loisirs ont été mis à pied, et des milliers d'autres, y compris des étudiants, ne seront pas embauchés pour les programmes d'été.
Je cède maintenant la parole à Mike Roma.
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Je vous remercie, madame Noble.
Dès que les restrictions seront levées, les Canadiens voudront profiter des services de parcs et de loisirs et en auront besoin. Il y aura des défis à relever et Mme Noble en a décrit quelques-uns.
Les coûts de fonctionnement et d'infrastructure augmenteront. Notre capacité de prestation de programmes sera limitée en raison des taux de participation et des exigences relatives aux installations et à la capacité d'accueil, mais les coûts seront les mêmes.
Les coûts liés à l'embauche, la formation et l'augmentation des effectifs seront plus élevés et les municipalités ne sont pas admissibles aux programmes de subventions salariales en vigueur. De plus, les participants devront surmonter la crainte de se retrouver dans des installations et des espaces achalandés. Il nous faudra donc revoir nos procédures de nettoyage et intensifier nos efforts de promotion et de marketing. Il sera également nécessaire d'investir dans les immobilisations pour se conformer aux restrictions de santé publique. Toutes ces dépenses s'ajouteront aux projets d'immobilisations que le secteur avait avant la pandémie pour remplacer l'infrastructure vieillissante.
Tout cela fera grimper les coûts et les frais d'utilisation, de même que les besoins en personnel spécialisé, en fournitures et en équipement. Nous craignons que ces augmentations soient trop élevées pour un certain nombre de municipalités et d'organismes à but non lucratif, qui se verront obligés de réduire leurs services et, dans certains cas, de fermer des installations et des espaces récréatifs.
Nous savons que les loisirs, les parcs et les sports seront essentiels à la relance de notre secteur. Nous savons également que nous pouvons apporter une solide contribution à d'autres programmes fédéraux, notamment en matière de promotion de l'activité physique, de lutte contre les changements climatiques et de réconciliation.
Voilà pourquoi nous demandons au gouvernement fédéral d'offrir deux volets d'aide, le premier étant un fonds de relance des sports et des loisirs communautaires et le deuxième, un investissement dans les infrastructures sportives et récréatives. Nous demandons aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux de mettre en place un programme conjoint de financement à transfert unique auquel les municipalités pourraient avoir immédiatement accès afin de rouvrir les parcs et les services récréatifs et sportifs dans leurs collectivités.
Nous saluons le récent engagement du gouvernement fédéral à investir 72 millions de dollars dans le secteur du sport amateur; cependant, comme nous représentons les endroits où se dérouleront ces activités, nous devons évidemment nous assurer que ces espaces seront à nouveau accessibles.
Nous demandons un investissement dans les infrastructures sportives et récréatives communautaires, non seulement pour combler le déficit préexistant de plusieurs milliards de dollars, mais pour répondre aux nouveaux besoins dans un contexte post-COVID-19. Il est prouvé que, comparativement aux autres infrastructures municipales, les infrastructures récréatives sont celles qui requièrent le plus d'investissements. Je le répète, nous félicitons le gouvernement fédéral d'avoir réaménagé les fonds d'infrastructure déjà prévus en créant un fonds pour la COVID-19, mais ce n'est là qu'une première étape. Il faut aussi investir de l'argent neuf.
Nous espérons que dès qu'ils seront annoncés, ces fonds dédiés aux infrastructures seront versés directement aux municipalités afin que ces dernières puissent les redistribuer directement et rapidement aux collectivités et qu'ils seront affectés aux infrastructures sportives, culturelles et récréatives, de préférence aux installations vieillissantes, comme l'enveloppe spéciale prévue au budget fédéral de 2017.
Je vous remercie pour votre dévouement et votre service public en cette période difficile. Je remercie également le Comité permanent des finances d'avoir invité l'ACPL à comparaître.
Nous serons heureux de répondre à vos questions. Merci.
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Monsieur le président et distingués membres du Comité, je vous remercie de me donner l'occasion d'exprimer notre point de vue dans le cadre de votre examen des enjeux liés à la pandémie de COVID-19. Je m'appelle Denise Allen et je suis présidente-directrice générale de Fabricants de produits alimentaires du Canada.
Depuis plus de 35 ans, Fabricants de produits alimentaires du Canada est le porte-parole national de confiance du secteur canadien de la transformation des aliments et des boissons. Nous sommes aujourd'hui en territoire inconnu. Nous avons accepté le fait que notre avenir sera irréversiblement changé par les effets à long terme de cette crise, ce qui nous a tous obligés, tant dans notre travail que dans notre vie quotidienne, à réfléchir à l'interdépendance de nos systèmes sociétaux, alimentaires et économiques. Nous vous présentons ce mémoire pour vous informer respectueusement des risques imminents que nous observons dans notre chaîne de valeur alimentaire et pour vous suggérer un moyen d'éviter, si le problème des liquidités n'est pas résolu, l'aggravation des pénuries alimentaires et la hausse du prix des aliments.
Depuis le début de mars, la pandémie de COVID-19 exerce une pression énorme sur l'ensemble de la chaîne alimentaire. Au cours de cette période, les entreprises de transformation alimentaire ont continué à fabriquer des produits salubres et de grande qualité dans un contexte rendu difficile en raison, notamment, d'une réduction de leur capacité de production et de leurs ventes, de la hausse de leurs coûts de fonctionnement et des salaires, de l'absentéisme des employés, de l'achat d'équipement de protection individuelle et de la mise en place d'autres mesures pour s'assurer que les usines restent ouvertes, tout en protégeant la santé de leurs employés. De nouvelles façons de travailler doivent être adoptées dans un contexte où les messages de santé publique changent tous les jours et dans une situation d'urgence nationale.
Les perturbations qui secouent le secteur alimentaire au Canada ont eu un effet dévastateur sur certains secteurs de notre économie. Cette situation prolongée est plus grave que n'importe quelle autre dans l'histoire et comporte un ensemble de caractéristiques uniques qui nécessiteront des ajustements afin de garantir un flux ininterrompu de produits alimentaires vers les consommateurs. Notre secteur est toujours aussi déterminé à produire des denrées essentielles pour les Canadiens durant la crise, tout en reconnaissant que les règles de distanciation physique resteront en vigueur dans un avenir prévisible. Cet énorme changement dans notre façon de planifier et de fonctionner au quotidien aura un effet durable sur notre productivité et notre rentabilité; nous avons donc été forcés d'élargir notre analyse et nos plans d'atténuation des risques et d'y inclure les éléments interconnectés de notre système alimentaire.
Pour revenir à une situation économique plus stable, il faudra prendre en compte et pallier les dépenses supplémentaires autres que celles engagées à ce jour pour l'achat d'équipement de protection individuelle. Il faudra également prendre en compte le risque financier futur lié aux liquidités dans un important canal de vente: celui des services alimentaires. Notre gouvernement vient d'annoncer son intention de créer un fonds d'urgence pour les entreprises de transformation alimentaire, une mesure bien accueillie. Ce fonds ne suffira toutefois pas à compenser les dépenses supplémentaires liées non seulement à l'équipement de protection individuelle, mais à d'autres mesures de protection des travailleurs de première ligne, ni à la demande accrue de la part des détaillants.
À partir de données recueillies auprès d'entreprises, nous avons extrapolé que les dépenses de fonctionnement supplémentaires des entreprises de transformation alimentaire s'élèveraient à environ 1 milliard de dollars. Nous nous réjouissons de l'aide et du soutien offerts par le biais du fonds d'urgence pour le secteur de la transformation alimentaire, mais nous vous demandons respectueusement d'envisager l'élargissement de ce fonds afin d'alléger le fardeau financier des entreprises du secteur au lieu de compenser seulement leurs dépenses liées à l'achat d'équipement de protection individuelle.
Le risque de crédit associé aux dommages subis par le secteur des services alimentaires, surtout par les restaurants indépendants, menace gravement le fonctionnement efficace de l'ensemble de la chaîne alimentaire canadienne. Le gouvernement a récemment annoncé un programme d'aide au loyer pour les entreprises indépendantes, ce qui répond à l'un des problèmes les plus aigus des restaurants indépendants. Le secteur fait cependant état d'un faible taux de participation aux avantages de ce programme. Le fonds de roulement nécessaire pour renouveler les stocks, qui dépasse le risque de défaut de paiement des loyers, est encore plus inquiétant.
En comparaison, le secteur de la vente au détail demeure vigoureux et connaît peu ou pas de problèmes de liquidités. Les détaillants disposent de suffisamment de liquidités pour payer les transformateurs d'aliments selon les modalités de paiement préétablies. Le secteur des services alimentaires a connu une importante érosion de ses ventes, ce qui pose un risque de liquidités dans ce canal de vente, le deuxième en importance pour les transformateurs d'aliments et les producteurs primaires. Ce risque est grave et il est exacerbé par le loyer et les autres dettes, les faibles marges et les cycles de trésorerie plus courts. Leur problème de liquidités des entreprises n'est pas seulement ponctuel, mais il est causé par leur incapacité à générer des revenus ou à emprunter suffisamment d'argent pour regarnir leurs stocks en prévision de leur réouverture.
Si nous examinons l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement alimentaire, nous constatons que de nombreuses entreprises indépendantes du secteur n'auront pas les moyens d'honorer leurs commandes antérieures ni de régler leur dette de loyer en empruntant davantage ou par leurs ventes. À moins d'obtenir une aide financière sous forme de subvention ou de financement à long terme, les restaurateurs indépendants se retrouveront avec une dette de loyer qui les empêchera de renouer avec la rentabilité quand ils rouvriront leurs portes.
Pour les distributeurs et les transformateurs d'aliments, ce manque à gagner se traduit par un risque associé aux comptes débiteurs. Sans une aide immédiate, les distributeurs de produits alimentaires n'accorderont pas de crédit supplémentaire à leurs clients restaurateurs à cause de l'insuffisance de leur fonds de roulement.
Les agriculteurs canadiens sont l'épine dorsale de notre chaîne d'approvisionnement alimentaire. Le secteur agricole produit les aliments qui sont écoulés sur les deux canaux de vente. Le problème de liquidités que connaît le secteur des services alimentaires aura des répercussions sur la capacité du secteur agricole d'acheminer ses produits vers les consommateurs.
C'est notre capacité à desservir l'ensemble du système alimentaire et de la chaîne d'approvisionnement qui déterminera s'il y aura des pénuries alimentaires et une forte hausse de l'inflation au Canada, ce qui aura une incidence disproportionnée sur les personnes économiquement les plus vulnérables. Nous demandons l'injection de fonds de roulement pour couvrir le risque de crédit posé par le secteur des services alimentaires et pour garantir le flux constant des produits, tout en protégeant les petites entreprises canadiennes.
En conclusion, monsieur le président, il existe deux moyens immédiats pour protéger et garantir l'approvisionnement alimentaire pour l'ensemble des Canadiens.
Premièrement, il faut élargir la portée et l'ampleur du fonds destiné au secteur de la transformation alimentaire en tenant compte des autres dépenses de fonctionnement; cela permettrait de compenser les augmentations et de soutenir les protocoles de sécurité publique qui devraient s'appliquer encore longtemps.
Deuxièmement, il est nécessaire d'injecter sans délai des fonds de roulement afin de garantir au moins trois à six mois de commandes d'aliments, ce qui réduirait le risque associé aux comptes débiteurs pour les distributeurs, tout en les dissuadant de modifier les modalités de paiement.
Dès que notre système alimentaire aura retrouvé une stabilité relative, nous pourrons alors mettre en place une stratégie de sortie de pandémie.
Je vous remercie.
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[
Le témoin s’exprime en inuktitut ainsi qu’il suit:]
ᐊᑎᓕᔭᐃ, ᐆᓪᓛᒃᑯᑦ, ᑯᕆᔅᑕᕗ ᓴᐳᑦ ᐱᔭᑦ -ᖑᕗᖓ.
[Les propos en inuktitut sont traduits ainsi:]
Bonjour, je m’appelle Christopher Sheppard-Buote.
[Traduction]
Je suis président de l'Association nationale des centres d'amitié.
Je veux souligner que je me trouve aujourd'hui sur le territoire visé par le Traité no 6 et vous remercier de l'accueil qui m'est réservé depuis mon arrivée ici. Je suis accompagné aujourd'hui de Jocelyn Formsma, directrice exécutive de notre association.
Je vous remercie de votre invitation...
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Bonjour à tous les membres du Comité. Je m'appelle Christopher Sheppard-Buote. Je suis président de l'Association nationale des centres d'amitié.
Je veux souligner que je me trouve sur le territoire visé par le Traité no 6. Je suis en compagnie de Jocelyn Formsma, directrice exécutive de notre association. Nous représentons plus d'une centaine de centres d'amitié et d'associations provinciales et territoriales de partout au Canada, à l'exception de l'Île-du-Prince-Édouard.
Les centres d'amitié sont des carrefours communautaires autochtones qui offrent un vaste éventail de programmes et de services aux Autochtones de tous les groupes démographiques, des services prénataux aux services pour les nourrissons, les familles, les jeunes enfants, les adolescents, les adultes et les aînés. Nous offrons aussi des services dans les domaines de la santé, du développement économique, de l'entrepreneuriat, de l'emploi, de la formation, du logement, de l'itinérance, de la garde d'enfants, comme le programme Bon départ, de la prévention de la violence, de l'éducation, de la langue, de la culture, de la justice, des sports et des loisirs.
Collectivement, nous sommes le réseau de prestation de services aux Autochtones des milieux urbains le plus vaste et le plus complet du Canada. L'an dernier, 93 centres ont offert une diversité de services à environ 1,4 million de membres des Premières Nations, d'Inuits, de Métis et de non-Autochtones dans le cadre de plus de 1 200 programmes et services, disséminés à 238 emplacements différents et employant plus de 2 700 personnes. Nous sommes fiers d'être un réseau composé majoritairement d'Autochtones et dirigé par des femmes.
Voici ce que je veux vous dire aujourd'hui: le gouvernement fédéral a besoin de nous dans sa lutte contre la COVID-19 pour venir en aide aux Autochtones vivant en milieu urbain. Il aura besoin de nous pour relancer l'économie canadienne après la pandémie et il doit nous fournir les ressources dont nous avons besoin pour jouer notre rôle. Depuis 70 ans, les centres d'amitié sont en première ligne pour soutenir les Premières Nations, les Inuits et les Métis. La pandémie de COVID-19 est une situation d'urgence parmi d'autres où nous aidons les communautés que nous desservons à se prévaloir des services. Les problèmes et les situations que vivent nos membres dans leur vie de tous les jours seront toujours présents, même après la pandémie.
Parmi les obstacles systémiques qui nous empêchent de faire ce travail essentiel, il y a l'approche fragmentée en matière de financement qui a laissé dans l'oubli de nombreux Autochtones vivant en milieu urbain, les querelles de compétence entre les gouvernements fédéral et provinciaux, le manque chronique de ressources, de formation et d'équipement de protection individuelle et le fait de ne pas mettre en place, à l'échelle du pays, des approches mieux adaptées au milieu urbain.
Tout en nous réjouissant d'avoir obtenu de l'argent par le biais du Fonds de soutien aux communautés autochtones, nous vous signalons que cet argent était déjà dépensé avant même d'arriver dans nos poches. Les 15 millions mis en réserve pour répondre aux besoins des Autochtones vivant en milieu urbain n'ont jamais pu être utilisés à cette fin. Nous avons absolument besoin de voir arriver une deuxième vague de financement. Les Autochtones vivant en milieu urbain ne peuvent continuer à être laissés pour compte.
Il est temps de tirer profit de l'expertise, des réseaux et des programmes des centres d'amitié et de leur fournir le soutien dont ils ont besoin durant et après cette pandémie. L'ANCA est toujours en quête de fonds pour s'assurer que les communautés autochtones urbaines ne soient pas oubliées cette fois-ci. Il faut éviter que des centres d'amitié disparaissent tout simplement parce qu'ils ont répondu à l'appel alors que d'autres ne pouvaient ou ne voulaient pas le faire, parce qu'ils ont dépensé leur argent et offert leurs services sans avoir l'équipement approprié, ou parce qu'ils ont interrompu leurs collectes de fonds ou fermé leurs entreprises sociales. Notre réseau est très efficace, agile et compétent pour partager de l'information et prendre soin les uns des autres.
Au lieu de nous regarder comme une main tendue qui en veut davantage, le gouvernement fédéral devrait nous voir comme un partenaire pour rejoindre cette population prioritaire. Fournir dès maintenant aux centres d'amitié de l'équipement et des ressources dont ils ont besoin et les inviter à participer aux stratégies d'intervention et de relance sont autant de façons d'investir dans la viabilité des communautés et des économies autochtones urbaines.
L'ANCA a déjà offert son point de vue, son expertise et sa connaissance des communautés autochtones urbaines et elle continuera à le faire afin d'éclairer le gouvernement fédéral et de guider la mise en place de mesures efficaces durant et après la pandémie de COVID-19. Nous espérons participer au dialogue et à l'investissement continu dans notre travail.
Je vous remercie.
Au nom du Forum des politiques publiques, je remercie le Comité permanent des finances de nous donner l'occasion de nous exprimer sur cet enjeu crucial que sont les répercussions économiques de la COVID-19 et sur les mesures à prendre.
Mon propos portera sur l'intérêt public général et non sur l'état du secteur des groupes de réflexion.
Le FPP se lance dans une recherche et un projet rassembleur sur l'après-COVID visant à favoriser la relance du Canada. Notre travail part de l'hypothèse que la crise a mis à jour de nouveaux problèmes auxquels nous devons nous attaquer, tout en modifiant la trajectoire de problèmes de longue date que nous n'avons pas encore réussi à régler. Et ils sont nombreux.
J'ai été frappé par les récents chiffres sur l'emploi indiquant que les jeunes, qui représentent 14 % de la population, ont perdu 30 % des emplois. Près de la moitié d'entre eux ont conservé leur emploi, mais ont perdu la totalité ou la majorité de leurs heures normales de travail. Les recherches portant sur des récessions antérieures démontrent que le fait d'entrer sur le marché du travail à un mauvais moment réduit les gains durant au moins une décennie.
Comme c'est le cas pour la dette publique, l'infrastructure numérique, le travail à la demande ou le découplage de la Chine et des États-Unis, les décideurs devront composer avec une foule d'enjeux qui auront d'importantes conséquences. Le projet de relance du Canada réunira des penseurs parmi les plus respectés et les plus prometteurs en matière de politiques et proposera des idées neuves aux décideurs comme vous.
Notre premier choix est de déterminer si nous voulons revenir à la situation prépandémique ou faire de cette catastrophe un catalyseur pour bâtir une économie et une société plus productives, plus résilientes et plus équitables. Dans cet esprit, je vais aborder brièvement deux points que nous allons examiner.
Le premier est le climat et l'énergie. C'est dans les provinces canadiennes productrices de pétrole et de gaz que cette crise frappe le plus fort. L'analyse politique met en évidence trois réalités. Premièrement, les changements climatiques s'intensifient. Deuxièmement, une transition énergétique est déjà en cours, mue par l'opinion publique et les investisseurs étrangers. Troisièmement, l'abandon des carburants fossiles prendra des décennies, et non des années.
À peine 3,8 % des véhicules neufs vendus au Canada aujourd'hui fonctionnent à l'électricité ou à l'hydrogène. Les véhicules à combustion interne représentent encore 99 % de la flotte de voitures et la durée moyenne d'une automobile moderne est d'environ 13 ans. Il est clair que nous roulerons à l'essence encore longtemps. Si les carburants fossiles ne disparaissent pas et si les changements climatiques s'aggravent, il n'y a qu'une seule solution possible. Nous devons emprunter les quatre trajectoires proposées par le Conseil Génération Énergie dans son rapport de 2018, notamment un secteur pétrolier et gazier plus propre.
La Norvège se pose en modèle de propreté climatique sur son territoire, tout en exportant du pétrole à faible teneur en carbone vers l'étranger. La solution de rechange pour emprunter une trajectoire pétrolière et gazière plus propre, compte tenu de la demande constante, consiste à devenir un importateur net et à renoncer aux 76 milliards de dollars que le Canada tire de notre balance des paiements au titre de ses exportations de pétrole.
Pour assainir le secteur, tout en continuant à percevoir cet argent et d'autres revenus, il faut commencer par offrir des incitatifs similaires à ceux offerts par les États-Unis, notamment le crédit d'impôt 45Q. À une époque, le Canada était un chef de file mondial pour le captage du carbone, l'une des nombreuses mesures de réduction des émissions. Aujourd'hui, nos propres technologies sont mises à l'essai chez nos voisins du Sud. Le projet du Forum sur l'avenir énergétique démontre, à mon avis, un vif désir de rétablir le leadership chez nous et de vendre à l'étranger.
Le deuxième point que je veux aborder est la qualité de l'information dans une démocratie. Certains d'entre vous savent que j'ai passé la quasi-totalité de ma carrière au Globe and Mail, notamment à titre de chef du bureau d'Ottawa, de rédacteur fondateur du globeandmail.com et de rédacteur en chef. La pandémie de COVID a deux effets majeurs sur le secteur des médias.
Elle a d'abord fait fondre les recettes des organisations journalistiques au moment où la demande d'informations locales fiables est plus forte que jamais. En publiant ses résultats du premier trimestre il y a trois semaines, la Torstar Corporation a fait savoir que ses recettes publicitaires dans ses quotidiens et ses hebdomadaires avaient chuté de 58 %. Ce phénomène est courant dans l'ensemble du secteur et vient s'ajouter à une décennie de baisses qui ont fait passer les recettes publicitaires des quotidiens de 2,5 milliards de dollars, en 2008, à seulement 600 ou 700 millions de dollars cette année. Les médias sont à l'agonie.
Une presse exsangue n'est pas à son meilleur. Les journaux communautaires sont les plus vulnérables parce que la plupart ne perçoivent pas de recettes d'abonnement. Les éditeurs d'hebdos craignent la disparition de leur activité essentielle de livraison de circulaires, puisque les détaillants annoncent désormais en ligne. Tout le monde sait que le seul secteur de croissance est celui de la publicité numérique et que celui-ci est fortement dominé par Facebook et Google qui n'ont pas de journalistes à leur service pour leur confirmer si les tours de téléphonie cellulaire G5 sont vraiment à l'origine de la COVID ou si ce n'est là qu'une théorie du complot de plus.
Il existe divers moyens de rééquilibrer les finances des médias d'information journalistique et les plateformes mondiales axées sur des algorithmes. Un moyen évident qui aurait dû être mis en place il y a longtemps est d'assujettir les services numériques étrangers aux mêmes obligations fiscales que les médias d'information canadiens. Certains chercheurs croient aussi que nous devrions enfin étendre l'article 19 de la Loi sur l'impôt sur le revenu à Internet.
Comme vous le savez, la France et l'Australie se sont tournées vers le droit de la concurrence pour obliger les géants du Web à négocier avec les médias un montant à verser pour la reprise de leur contenu. Dans son rapport Le miroir éclaté, le FPP recommande l'imposition d'une sorte de redevance, comme pour la câblodistribution, sur les entreprises numériques qui n'investissent pas dans le journalisme canadien.
Nous devons également activer les trois précieux mécanismes de soutien au journalisme proposés dans le budget de 2019 du gouvernement. Je suis fier d'avoir joué un rôle dans la conception du crédit d'impôt pour la main-d'œuvre et dans le maintien du statut d'organisme de bienfaisance pour les agences de presse. Au moment où la pandémie de COVID place les médias d'information devant leur Waterloo, il est temps de délier les cordons de la bourse.
Historiquement, quand la capacité du Canada de transmettre des nouvelles nationales à ses citoyens était menacée, nous avons eu recours à la politique pour créer une agence comme Radio-Canada, un article 19 et une politique sur les périodiques à tirage dédoublé.
Je vous remercie.
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Monsieur le président et membres du Comité, je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner en ces temps difficiles et exceptionnels.
Le YMCA est implanté au cœur des collectivités depuis des décennies. Nous avons toujours été un lieu de rencontre et d'appartenance durant les périodes de prospérité et de célébration, et nous avons toujours été présents durant les périodes de récession, de dépression et de catastrophe pour aider les collectivités à se rétablir. La pandémie de COVID-19 ne fait pas exception.
D'un océan à l'autre, les YMCA n'ont jamais cessé de dispenser leurs services pour s'assurer que les collectivités bénéficient du soutien dont elles ont besoin en temps de crise, que ce soit sous la forme de services en ligne ou de services en présentiel quand ils sont possibles. C'est ainsi que nous avons entrepris de réaménager nos installations pour offrir un toit aux sans-abri et des services de garde aux travailleurs essentiels. Nos services d'emploi et de formation, nos services aux immigrants et nos services d'établissement sont maintenant offerts par téléphone et en ligne. Nous proposons des ateliers virtuels visant à promouvoir le bien-être physique et mental. Nous misons sur la technologie et d'autres moyens pour rejoindre les aînés et les jeunes qui sont isolés.
Ces efforts sont notre façon de contribuer à la lutte contre la COVID-19, en fournissant aux Canadiens ce dont ils ont besoin pour travailler en première ligne, tout en protégeant leur santé et en respectant les règles de distanciation physique.
Les YMCA répondent aux besoins urgents des collectivités, mais au prix de graves difficultés engendrées par les fermetures et les baisses de revenu. Cette situation survient au moment où nos services font face à une demande accrue puisque les collectivités cherchent des soutiens pour composer avec la pandémie et créer des liens.
Nous remercions le gouvernement du Canada d'avoir reconnu les besoins du secteur caritatif en cette période de pandémie. Grâce à la subvention salariale d'urgence du Canada, les YMCA peuvent maintenir leur personnel en poste et rappeler des employés qui avaient été mis à pied et faire en sorte qu'ils maintiennent leur lien avec leur employeur. Le Fonds de soutien communautaire d'urgence permettra aux organismes de bienfaisance de continuer à fournir des services d'urgence aux populations vulnérables.
Ces annonces sont un pas dans la bonne direction, mais l'important gouffre financier que connaît le secteur caritatif est toujours présent, faute d'un fonds de stabilisation de base. Nos projections de trésorerie nous indiquent que les YMCA du Canada auront un déficit de 42 millions de dollars au cours des trois prochains mois et de 84 millions d'ici six mois. Nos établissements ont besoin de cet argent pour demeurer ouverts.
En cette 11e semaine de pandémie, notre situation financière nous préoccupe énormément. C'est pourquoi YMCA Canada appuie l'appel urgent lancé par Imagine Canada visant l'élargissement du fonds de stabilisation du secteur afin de combler ce déficit financier. Un programme de financement immédiat nous assurant une stabilité durant cette période difficile nous permettrait de continuer à offrir les programmes sur lesquels comptent des collectivités et, dès que nous pourrons nous rassembler à nouveau, à ouvrir les portes de nos installations et de nos espaces que les Canadiens nous ont aidés à construire dans ces collectivités.
La fédération des YMCA se compose de 44 associations implantées au sein des collectivités dans l'ensemble du Canada. Nous avons les moyens de distribuer ces fonds rapidement et nous avons mis en place des mesures de reddition de comptes visant à maximiser les retombées de cet investissement au profit des Canadiens.
Outre la stabilisation du secteur, cette pandémie nous obligera à évoluer pour revenir à notre future normalité. Nous devrons moderniser nos locaux et acheter de l'équipement de protection individuelle pour respecter les restrictions sanitaires et sécuritaires, continuer à innover et à offrir des programmes à distance, proposer de nouveaux programmes et élargir nos services actuels afin de répondre à la demande. Nous devrons également mettre à jour notre modèle opérationnel afin d'avoir l'agilité requise pour répondre aux besoins futurs des collectivités. Le soutien financier nécessaire à cette transformation sera essentiel au rétablissement social et financier de notre pays.
Les jeunes auront besoin d'un meilleur accès aux services d'emploi et de formation pour décrocher un emploi satisfaisant. La demande à l'égard des services aux immigrants et des services d'établissement augmentera dès que les restrictions frontalières seront levées et que les gens pourront venir au Canada. Des gens auront besoin d'un soutien en santé mentale pour gérer le stress et l'anxiété générés par la pandémie. Des parents, en particulier des mères, auront besoin de savoir que leurs enfants sont en sécurité et ont accès à des services de garde de qualité afin de pouvoir retourner au travail ou aux études ou chercher un nouvel emploi.
Nous savons que ce sont là des investissements importants. Cependant, le coût de remplacement des infrastructures sociales et communautaires construites au fil des générations est beaucoup plus élevé. Des programmes immédiats de stabilisation et de transformation du secteur contribueraient à garantir notre viabilité durant cette pandémie, tout en contribuant à la relance de la collectivité, comme nous avons réussi à le faire dans le passé.
Autrement dit, le YMCA doit continuer à offrir ses services à plus de 2,28 millions de personnes, avec un personnel de plus 30 000 personnes disséminées dans 1 700 établissements.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous. Le s'est engagé à être présent pour tous les Canadiens, et le secteur caritatif vous dit que nous avons plus que jamais besoin de votre aide aujourd'hui.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'aujourd'hui. Vos exposés étaient très intéressants.
Ma première question s'adresse à l'Association nationale des centres d'amitié. Je suis un membre fondateur du centre d'amitié de ma communauté. Je vis dans une communauté autochtone et je connais les bienfaits des centres d'amitié. Je pense que chaque communauté autochtone devrait avoir le sien, comme d'ailleurs un programme d'aide préscolaire.
Un de nos problèmes dans le Nord est d'obtenir l'information juste. On dirait que nous n'avons pas le même degré de suivi que les provinces du Sud. Les communautés autochtones sont toujours en quête de meilleures données. Pour prendre de bonnes décisions, il faut avoir l'information juste.
Nous sommes chanceux dans les Territoires du Nord-Ouest de ne pas avoir de cas de COVID-19. Cela ne nous empêche cependant pas de chercher à savoir quelle sorte de données seraient utiles, alors je demande à M. Sheppard-Buote s'il pourrait nous dire un peu de quoi il aurait besoin en fait d'information et comment il procéderait.
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Merci, monsieur McLeod.
Mme Formsma et moi-même avons déjà exprimé devant d'autres comités parlementaires notre frustration de voir que les questions de compétence entourant l'information sur la santé et la méthode actuelle d'identification des cas laissent de côté les Autochtones vivant en milieu urbain. Il y a une raison pour laquelle les cas recensés à La Loche, par exemple, dépassent le nombre total de cas déclarés chez les Autochtones. À moins d'être dans une réserve, on n'obtient généralement pas les mêmes données ventilées, pourtant nécessaires pour établir une bonne politique.
J'ajouterais que même lorsque nous avons de bonnes données, les politiques publiques ne concordent pas avec ce que ces données nous disent. Par exemple, la majorité des Autochtones vivent en dehors des réserves, en dehors des territoires gouvernés par les Inuits, en dehors des terres métisses, mais les contributions financières n'ont jamais été à la hauteur de leur nombre.
Nous avons déjà fait des démarches pour recueillir le plus de données possible auprès de nos partenaires — je suis sûr que Mme Formsma pourra vous donner des détails à ce sujet —, mais nous voulons aussi que les données soient communiquées de la bonne façon et recueillies selon les modes de savoir autochtones. Normalement, les Autochtones ne parlent pas de santé mentale. Lorsqu'ils entendent ce mot, ils ne sont pas à l'aise d'en parler, mais si on leur demande: « Comment allez-vous? Comment vous en sortez-vous durant cette période? », ils sont beaucoup plus disposés à vous dire qu'ils ne s'en sortent pas très bien.
Mme Formsma a plus de détails sur les données de santé et le travail que nous essayons d'accomplir dans ce domaine, mais une chose est sûre: nous ne savons pas combien d'Autochtones en milieu urbain sont morts de la COVID-19.
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Je peux intervenir et ajouter un mot sur les données.
Beaucoup de données sont recueillies, à juste titre, par des instances autochtones, comme le Centre de gouvernance de l'information des Premières Nations, les différentes nations métisses et des organismes créés par les Inuits. Or, nous n'avons pas actuellement une instance de la sorte pour recueillir les données en milieu urbain.
En passant, nous savons qu'il y a eu des centaines de cas liés à la COVID dans la population autochtone de Toronto, par exemple, mais nous n'avons aucun moyen de les reconnaître officiellement, pas plus que les décès qui en ont découlé. De plus, bon nombre des Autochtones qui ont attrapé le virus et qui en sont morts sont invisibles aux yeux de la société en général, comme les sans-abri. De nombreux jeunes ont été pris en charge. Cela ne veut pas dire qu'ils ont le virus, mais ils font partie d'une population où, à moins de savoir qui ils sont et où ils se trouvent, il peut être très difficile de leur tendre la main.
Comme notre président l'a dit, nous sommes là depuis le début. Ce n'est qu'une urgence de plus dans la longue liste d'urgences où les centres d'amitié sont intervenus. Qu'il s'agisse d'inondations, d'incendies, de canicules, de froid extrême ou de pandémies antérieures, les centres d'amitié ont toujours été au front. Nous étions là auparavant, à essayer de prévenir la violence, de défendre le logement abordable et de composer avec l'itinérance chez ces gens très... je n'ose pas dire « vulnérables », mais je dirais que c'est une population qui a été marginalisée par des mesures systémiques.
Ce que nous demandons, c'est qu'on nous voie comme une solution. Nous connaissons très bien cette communauté. Nous pensons que les Autochtones qui vivent en milieu urbain seront très importants pour l'économie canadienne, non seulement maintenant, mais à l'avenir. Nous aurons besoin de main-d'œuvre. Nous aurons besoin de leurs idées et de leur leadership. Nous aurons besoin de jeunes ayant les compétences et les connaissances nécessaires pour s'engager sur le marché du travail et y exercer leur esprit d'entreprise. Nous avons besoin de cette population et nous devons nous assurer que l'infrastructure est en place pour l'aider à participer pleinement.
Les besoins d'infrastructure sont réels. Il nous faut des locaux, des endroits plus sûrs, pour les centres d'amitié. Nous devons améliorer nos programmes actuels, afin de pouvoir non seulement maintenir les services déjà offerts, mais innover bien davantage, puisque nous nous sommes mis aussi à l'heure des services virtuels. Bien franchement, il faudrait aussi investir massivement dans les garderies, le développement de la petite enfance et la jeunesse en général.
C'est ce que nous demandons pour relancer les centres d'amitié et pour y faire des placements d'avenir.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je pense que c'est la meilleure façon de procéder. Espérons que la traduction fonctionnera d'ici là.
Ma question s'adresse à M. Sheppard-Buote et à Mme Formsma.
Le NPD a insisté pour que les centres d'amitié soient représentés ici aujourd'hui en raison de l'important témoignage que vous avez livré, et il va de soi que nous sommes tout à fait d'accord sur la question des garderies et de l'expansion des services de garde.
Comme vous l'avez si bien dit, le montant initial de 15 millions de dollars ne suffisait absolument pas aux besoins de l'Association nationale des centres d'amitié et des Autochtones vivant en milieu urbain. S'il y a une demande à faire au gouvernement fédéral, il serait utile d'en connaître le montant exact. Sinon, pouvez-vous nous donner une idée, en dollars, de ce qui permettrait à l'association, qui fait un travail fantastique dans tout le pays, de poursuivre son œuvre et de relever les défis de la COVID-19?
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Notre proposition à elle seule s'élevait à 15 millions de dollars — ou juste un peu moins, environ 14,9 millions — pour couvrir les frais immédiats, c'est-à-dire le personnel, la capacité, l'équipement de protection individuelle, la location d'équipement comme les postes de lavage des mains et les toilettes portatives; il y avait aussi le carburant et les véhicules — parce que nos centres livrent de la nourriture et des provisions —, ainsi que l'aménagement des centres, le matériel de désinfection et les services de nettoyage, la nourriture pour les cuisines des banques alimentaires et la livraison.
Nous avons également soutenu la coordination. Nous avons des travailleurs sociaux, des directeurs généraux et des administrateurs qui doivent maintenant affronter une pandémie sans avoir d'antécédents en santé publique. Nous voulions pouvoir embaucher des experts pour nous aider à déterminer ce qu'il fallait faire ou ne pas faire, puis pouvoir communiquer entre nous pour assurer cette coordination en confiant à un seul employé le soin de coordonner les dons qui arrivaient, les dons alimentaires, les cartes-cadeaux et ce genre de choses.
Nous avions aussi besoin d'aide en technologie, pour mettre à niveau l'équipement, les tablettes et les téléphones, tant pour permettre au personnel de faire du télétravail que pour venir en aide à des membres de la communauté comme les aînés aux prises avec l'isolement social, ou aux jeunes et aux familles.
Nous avons aussi prévu un montant pour l'accès aux services de santé mentale et pour ce que nous appelons l'adaptation de programmes.
Tous ces éléments, établis d'après les coûts réels déjà encourus par les centres d'amitié, s'élevaient à 14,9 millions de dollars. Bien que les centres aient droit à d'autres mesures d'aide du gouvernement fédéral, par exemple les subventions salariales aux petites entreprises, une bonne partie des fonds destinés à la sécurité alimentaire ne leur ont pas été versés, de sorte qu'ils ont dû demander 1 000 $ ici, 5 000 $ là ou 10 000 $ ailleurs. Certains directeurs de centre se sont tout simplement épuisés à force de demander des petites subventions ici et là et d'aider aussi des membres à s'inscrire, de façon sûre, à la PCU et aux autres prestations.
Donc, oui, nous nous sommes beaucoup démenés. Et beaucoup de prestations nous sont tout bonnement passées sous le nez; nous n'avons pas été en mesure d'en saisir une part substantielle, qui nous aiderait à faire notre travail.
Pour commencer, nous venons de produire un rapport sur la désinformation en matière de santé et de sciences, que nous n'avons pas encore publié, mais que nous publierons, et nous tiendrons un webinaire sur cette question le 11 juin.
Je ne pense pas que ces formes de désinformation se distinguent en quoi que ce soit. Qu'on passe par la porte de la santé publique, par la porte de l'atteinte à la démocratie ou par celle de la sécurité publique, on arrive dans la même pièce avec les mêmes problèmes, qui se résument, je suppose, à la responsabilité que les géants du Web devraient ou ne devraient pas endosser pour le contenu qu'ils diffusent.
Il y a deux écoles de pensée. D'une part, si on les voit comme des compagnies de téléphone, on sait que personne ne s'ingère dans les appels téléphoniques ou n'essaie de réglementer la liberté d'expression. D'autre part, on peut les voir comme des éditeurs, et c'est le point de vue auquel j'adhère à coup sûr. Ils font des choses semblables à ce que fait un éditeur, sauf que ce sont des algorithmes qui s'en chargent plutôt que des humains. Ils décident que vous ne verrez pas la même chose que moi, par exemple. C'est une intervention qui ne se fait pas au téléphone.
Lorsque j'étais rédacteur en chef du Globe and Mail, l'éditeur, le propriétaire et moi-même étions légalement responsables de chaque image et de chaque mot qui s'y trouvaient — en cas de diffamation, de discours haineux, de propos obscènes ou d'infraction à toute loi applicable. Je trouverais raisonnable que les géants du Web aient les mêmes responsabilités juridiques à l'égard de ce qu'on trouve sur leurs sites.
De plus, comme je l'ai dit tantôt, nous savons qu'on essaie d'invoquer les lois sur la concurrence pour les forcer à payer le contenu qu'ils utilisent. Nous verrons dans quelle mesure cela fonctionnera. L'Australie et la France s'y essaient de diverses façons.
Dans notre rapport intitulé Le miroir éclaté, que vous semblez bien connaître, nous proposions que, comme dans le cas du câble et de la télévision, vu que l'argent passe du producteur au distributeur, il y ait une politique qui s'applique pour essayer de rétablir un équilibre. Une taxe de 5 % a été imposée sur les revenus des entreprises de distribution par câble et par satellite. Cet argent a servi à financer la production. Il me semble que ce n'est pas un modèle déraisonnable à explorer de nouveau.
Il existe une série de recours, que nous continuons d'explorer, et j'exhorte les parlementaires et les gouvernements à faire de même, parce que, comme vous dites, une société qui... Jim Balsillie me disait il y a quelques années qu'à son avis, la désinformation était encore pire que les changements climatiques, parce qu'on ne peut même pas débattre des changements climatiques si on n'a pas la bonne information au départ. Je pense que c'est le fondement même du débat public et du discours politique, et nous devons éliminer tout ce qui pollue l'information.
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Comme je l'ai dit dans ma déclaration, il est clair qu'une transition énergétique est en cours, et que celles qui se sont produites avant ont mis de nombreuses années à le faire. Il n'y a qu'une direction à prendre, et le gouvernement doit sans doute accélérer le pas dans cette direction. Je pense, par exemple, à la faiblesse des ventes de voitures électriques au Canada. Le gouvernement fédéral a créé une subvention pour cela l'an dernier, et je pense qu'il faut pousser dans ce sens.
Entretemps, si nous voulons vraiment atteindre nos objectifs et qu'il y a toujours une demande pour le pétrole, alors nous devrons nettoyer ce pétrole et former une sorte de partenariat. Les bilans des sociétés pétrolières ont été durement ébranlés au cours des derniers mois, alors elles auront besoin d'aide.
Le gouvernement a bien dit qu'il allait imposer des conditions aux bénéficiaires du programme CUGE évoqué tantôt. Je pense que les sociétés pétrolières et gazières feraient mieux de s'y préparer. D'après ce que j'entends, les plus grandes et les plus réalistes face à l'avenir le font déjà.
Ensuite, il y a une série d'investissements. Ce n'est pas à moi de dire quelles technologies gagnent ou lesquelles sont les meilleures. Je viens de parler du captage du carbone, qui semble être l'évidence même. Il y a beaucoup d'intérêt pour l'hydrogène, pour la séparation des hydrocarbures en leurs éléments hydrogène et carbone. C'est très prometteur.
Si nous voulons exporter, nous devrons exporter du pétrole propre. Si nous ne voulons pas détruire notre balance des paiements, nous allons devoir exporter, alors nous avons des devoirs à faire.
On ne saurait sous-estimer l'importance du secteur des ressources naturelles en général et de l'industrie pétrolière et gazière en particulier dans la relance économique du Canada. Nous devons considérer l'industrie pétrolière et gazière dans une perspective élargie. Outre ses activités extractives, l'industrie produit aussi les carburants nécessaires au transport aérien, maritime, routier, et ainsi de suite. Pour autant qu'on puisse prévoir l'avenir, cela demeurera longtemps le cas. Si nous voulons aller de l'avant, nous aurons besoin de cette énergie.
Le deuxième point à retenir, c'est le gaz naturel. Le gaz naturel est un élément de base pour les économies nationales partout au monde, et le GNL en est une composante de très haute importance. Nous pouvons nous assurer d'une participation considérable dans ce domaine et créer ainsi des milliers d'emplois.
En troisième lieu, il y a la pétrochimie. Des installations pétrochimiques valant des dizaines de milliards de dollars peuvent être construites à partir de produits pétrochimiques en provenance du Canada. Je pense que les États-Unis ont dépensé environ 300 milliards de dollars pour construire des installations pétrochimiques. Nous devons y prendre une part active.
Quant à nous, lorsque nous parlons de l'industrie de l'énergie, c'est l'infrastructure qui transporte le pétrole et le gaz vers les installations de transformation où seront fabriqués les produits utilisés dans les transports et les plastiques qui entrent dans les ventilateurs, les masques et toute la gamme des équipements médicaux.
Nous avons ici une belle occasion à saisir, et nous devons la saisir tout en demeurant conscients de la nécessité de produire de l'énergie durable. L'industrie est résolue à le faire. Nous devons travailler davantage en partenariat pour réaliser ce potentiel et pour le réaliser de la meilleure façon.
On ne saurait en sous-estimer l'importance. Il s'agit de l'un des éléments clés de l'économie de l'avenir. Bien sûr, il nous faut survivre, et l'industrie pétrolière et gazière est l'un des facteurs essentiels qui nous permettront de nous remettre sur pied, de refaire nos forces et de construire et faire tout ce que nous voudrons à l'avenir. Cependant, nous devons d'abord assurer notre survie et nous y mettre sans tarder. Nous avons les ressources et les capacités, de même que les antécédents, qui nous permettent de le faire.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci aux témoins.
Mes questions s'adressent à M. Dinsdale du YMCA.
Monsieur Dinsdale, je vous félicite de défendre sans relâche les intérêts du secteur sans but lucratif. Ces dernières semaines, nous avons entendu des représentants d'Imagine Canada et d'autres organismes sans but lucratif.
En fait, j'aimerais vous poser une question au sujet de la demande d'Imagine Canada. Selon l'estimation que j'utilise, qui est celle précédemment présentée au Comité, le programme de subventions salariales et le programme d'aide au loyer commercial représentent plus de 4 milliards de dollars pour les organismes sans but lucratif et les organismes de bienfaisance. Ce secteur, par l'entremise d'Imagine Canada, a demandé l'affectation de 6 milliards de dollars à un fonds de stabilisation, comme on l'a dit. Je sais que cette demande était beaucoup plus élevée auparavant, mais nous avons entendu dire récemment qu'elle a été réduite à 6 milliards de dollars.
À votre avis, quels autres coûts cela couvrirait-il? S'il ne s'agit pas d'un soutien au loyer et aux salaires, puisque des programmes existants y pourvoient déjà, à quoi servirait un fonds de stabilisation? Pendant combien de temps auriez-vous besoin de ce soutien?
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Nous avons demandé à nos centres YMCA ce dont ils avaient besoin. Imagine Canada a ses propres économistes et fait ses propres calculs, et c'est pourquoi un sous-groupe d'entre nous, y compris le Club des garçons et filles et Centraide, a parlé de ce dont les fédérations nationales ont besoin pour survivre à la pandémie.
Nous avons environ 30 000 employés. Nous en avons licencié 20 000 au début de la pandémie. Avec la subvention salariale, nous avons réembauché environ 40 % d'entre eux. La lenteur de la reprise est attribuable à l'exigence d'attestation. Cela fait que nos directeurs et responsables financiers s'inquiètent du nombre et de la complexité des demandes.
Et puis, les rentrées d'argent se sont asséchées. La plupart de nos garderies sont fermées, comme le sont nos centres de conditionnement physique et nos centres communautaires. Cependant, les frais généraux demeurent, les loyers et autres frais généraux de toutes ces installations. Les mesures de contrôle des loyers ne répondent pas aux besoins des centres YMCA. Ils répondent peut-être à d'autres besoins, mais ils ne répondent pas à nos besoins.
Il y va de la survie des installations à la sortie de la pandémie. Les coûts n'ont pas disparu. Même s'il n'y a pas de recettes, les coûts d'exploitation de l'infrastructure demeurent. C'est ce déficit qu'il faut résorber. C'est pour cela que le secteur a besoin d'un fonds de stabilisation.
Vous avez posé une question sur la durée du soutien. Nous avons demandé à nos centres YMCA quelle est leur situation et ce dont ils ont besoin. Sur une période de trois mois, l'aide nécessaire s'élève à 42 millions de dollars pour le réseau des 1 700 centres; sur six mois, le montant est le double. Les camps d'été ayant été annulés, la situation s'annonce encore plus difficile à l'avenir.
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Oui, ou des soutiens communautaires... Je vais vous donner un exemple concret.
L'an dernier, il y avait un centre YMCA dans l'Ouest canadien — cela n'a rien à voir avec la pandémie, c'est simplement un exemple — qui avait des problèmes avec son modèle de fonctionnement. En fait, nous avons travaillé avec son conseil d'administration pour le fermer. Nous y avons nommé notre propre PDG. Les gens ont travaillé avec le conseil. Ils ont vendu des éléments d'actif et remboursé la dette. Ce centre offrait des services de garde très importants dans cette collectivité. Nous avons conclu un partenariat avec le YMCA voisin pour prendre en charge le programme de garderies et faire en sorte que ces services essentiels soient maintenus.
Le problème, dans une situation de pandémie, c'est que, si nous perdons une installation à cause de difficultés de trésorerie, les services qu'elle offrait seront perdus. Le temps manque pour mettre des gens en place, liquider les actifs sans précipitation et renégocier les contrats. L'installation fera simplement faillite et devra fermer ses portes. C'est justement ce que nous cherchons à éviter. C'est pourquoi une mesure comme la stabilisation du secteur s'impose.
Nos rentrées d'argent, provenant des frais de garde d'enfants et des frais d'inscription dans les centres de santé, de conditionnement physique et de programmes aquatiques, s'élevaient à environ 16 millions de dollars par mois. Elles sont à peu près nulles maintenant, mais tous les frais généraux demeurent. Nous devons donc travailler sans relâche pour éviter de perdre ces installations.
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Si M. Sheppard-Buote est d'accord, je pourrais vous donner un aperçu. Notre président travaille beaucoup plus que moi sur le terrain et pourra donner une meilleure description de ce qui s'y passe réellement.
Je voudrais dire un mot sur le secteur caritatif à l'appui de ce que disait Peter Dinsdale, du YMCA. Les centres d'amitié font aussi partie du secteur caritatif sans but lucratif. Nous appuyons également l'appel d'Imagine Canada en faveur de la stabilisation du secteur et nous voulons certainement nous en assurer pour les organismes autochtones sans but lucratif, qui sont à la frontière du monde autochtone et du monde sans but lucratif et qui ont des besoins uniques. Nous nous considérons aussi comme appartenant à ce secteur.
Il y a quelques mots à dire sur l'examen auquel nous sommes soumis. Il ne fait aucun doute que les 375 millions de dollars font l'objet d'un examen minutieux de la part des organismes autochtones sans but lucratif. On nous pose des questions tous les jours, et j'ai donc très souvent à me pencher là-dessus. Je regarde ce que le gouvernement et les municipalités économisent en soutenant le secteur et en s'assurant ainsi que nous aidions les plus vulnérables. Nous venons en aide aux gens qui, autrement, n'auraient nulle part où aller, ce qui pourrait faire augmenter les coûts ailleurs.
Il y a aussi la question de la confiance des collectivités et de notre obligation redditionnelle envers elles, qui sont notre point d'ancrage. Sans cette confiance et cette obligation, nous ne pourrions avoir la même confiance de la part de nos bailleurs de fonds et la même obligation redditionnelle à leur endroit. Je pense que les défis sont énormes. Notre président, qui travaille dans nos centres d'amitié tous les jours, sera mieux que moi en mesure de parler de ces réalités sur le terrain.
J'ai soulevé quelques points précis dans mes comparutions devant d'autres comités. Je pense qu'à ma première comparution j'étais probablement avec Peter… et beaucoup plus jeune.
À titre d'exemple, en Saskatchewan, notre déficit infrastructurel avant la COVID-19 était de 57 millions de dollars. Quel genre de moteur économique cela pourrait-il représenter pour les 11 différentes collectivités si ce déficit était comblé dans la situation actuelle? À quoi cela pourrait-il ressembler si on planifiait ces moyens d'infrastructure pour empêcher à l'avenir des situations comme celle que nous vivons?
Nous avons déjà dans le nord de la Saskatchewan des centres d'amitié qui sont littéralement des sites d'essai. Si nous faisons des investissements d'infrastructure sur le terrain, en utilisant les réseaux existants, qu'il s'agisse des centres YMCA, des centres d'amitié ou d'autres, nous nous trouvons à investir automatiquement dans 97 collectivités du Canada. La plupart d'entre elles sont déjà propriétaires de leur installation.
Quant à la réalité avec laquelle nous devons composer tous les jours, je vais citer une réponse reçue à l'occasion de l'enquête que nous avons menée auprès des jeunes: « En tant qu'ancien jeune pris en charge, c'est extrêmement difficile pour moi parce que je n'ai pas de famille chez qui retourner. Mes parents d'accueil ne peuvent pas m'héberger, et je suis actuellement coincé dans un refuge pour le reste de cette crise. » Ce n'est là qu'un petit exemple de la réalité dont nous entendons parler 97 fois dans 97 collectivités partout au pays.
Lorsque nous venons ici, ce n'est pas seulement pour parler de l'économie; nous parlons aussi de la façon dont le Canada investit. Nous voyons des gens mourir. Il ne s'agit pas seulement de l'économie future. Il s'agit littéralement de savoir comment nous pouvons aider l'économie tout en gardant les gens en vie.
J'adresse ma dernière question à Mme Noble et à M. Roma. Merci de représenter les secteurs des parcs et des loisirs partout au pays.
Dans mes villes, New Westminster et Burnaby, les installations récréatives ont été cédées pour aider à faire face à la crise croissante de l'itinérance. L'aréna Bill-Copeland à Burnaby est maintenant un refuge pour sans-abri. À New Westminster, juste en face de l'aréna local, nous avons aussi un nouveau refuge pour sans-abri. Nous tâchons d'utiliser ces installations.
Ce qui me frappe, en plus de ce que vous demandez, c'est que l'application de la subvention salariale aux municipalités ferait une grande différence. Si la subvention salariale s'appliquait aux villes et aux villages à des fins de financement des parcs et des installations récréatives, est-ce que cela changerait réellement les choses?
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Bien sûr, et merci beaucoup pour cette question.
À l'heure actuelle, les délais de paiement sont plus courts partout, surtout dans le secteur de la distribution alimentaire. Beaucoup d'entreprises optent pour le paiement à la livraison. Nous savons que la situation est vraiment difficile pour ceux qui ne peuvent faire des rentrées d'argent ou obtenir des prêts en cas de crise.
Ce que nous essayons de faire, c'est d'injecter des fonds de roulement là où nous pensons qu'ils peuvent être les plus utiles dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement. Je ne demande pas, quant aux liquidités, un soutien direct aux transformateurs d'aliments, mais à ceux pour qui un fonds de roulement est grandement nécessaire, c'est-à-dire les restaurateurs indépendants.
Vous avez tout à fait raison de dire qu'en y injectant des fonds de roulement, nous allons aider beaucoup de propriétaires de petites entreprises. Beaucoup de ces entreprises ont une grande importance dans leurs petites collectivités, mais en retour, cela nous permettrait de régler beaucoup de nos comptes débiteurs, si bien que nous n'aurons pas à exiger le paiement à la livraison pour être certains d'être payés.
Encore une fois, nous avons une vue d'ensemble de la chaîne d'approvisionnement. C'est là un maillon important de la chaîne auquel nous pensons apporter un soulagement afin d'éviter les pénuries alimentaires. De plus, nous lançons l'avertissement d'un risque de forte inflation des prix si nous ne commençons pas à remédier à cette situation.
Merci de votre attention.