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Merci infiniment, monsieur le président. Je suis vraiment contente d'avoir l'occasion de parler à ce comité de certaines des mesures de soutien offertes par le gouvernement aux propriétaires de petites entreprises et aux entrepreneurs du Canada.
Les petites entreprises sont au cœur même de nos collectivités à la grandeur du pays et elles sont véritablement la pierre angulaire de notre économie nationale. Elles emploient 8,3 millions de vaillants travailleurs canadiens, et on leur attribue près de 7 emplois du secteur privé sur 10, dans notre pays.
Par conséquent, quand la pandémie a frappé, nous savions que nous devions faire tout ce qui était possible pour leur venir en aide. Nous demeurons résolus à veiller à ce que ces petites entreprises — les piliers de nos villages, de nos villes et de nos voisinages — obtiennent de l'aide en cette période difficile.
Monsieur le président, au cours des quelques derniers mois, mon équipe et moi avons discuté avec des milliers et des milliers de propriétaires de petites entreprises et d'entrepreneurs, et ce, dans tous les secteurs et toutes les régions du Canada. Ce qu'on nous a dit, c'est que notre réponse à la COVID-19 doit être souple et équilibrée.
Elle doit être souple, car la situation que nous vivons en ce moment est vraiment sans précédent et qu'il n'existe pas de modèle à suivre. Les circonstances et les défis ne cessent d'évoluer, et ce, très rapidement. Notre réponse doit aussi être équilibrée, parce que nous devons répondre aux besoins de tous les propriétaires de petites entreprises, en cette période difficile. Il n'existe pas d'approche universelle, concernant les mesures d'aide.
Souvent, à cause de leur taille, les petites entreprises ont une orientation plus entrepreneuriale, sont plus agiles et ont des rapports très étroits avec leurs clients et leurs collectivités. C'est souvent la clé de leur succès, mais cela les rend aussi vulnérables durant les périodes de turbulences comme celle que nous connaissons en ce moment avec cette pandémie mondiale.
Quand on demande aux Canadiens de rester chez eux et qu'ils ne peuvent pas aller à leur restaurant favori, avoir un traitement en physiothérapie, se faire couper les cheveux ou encore voyager et dormir à l'hôtel ou dans un gîte du passant, cela a des répercussions sur ces entreprises. Si vous êtes entrepreneur et que vous avez tout investi dans un théâtre communautaire, un bistro ou une boulangerie ou encore dans votre technologie, je vous assure que vous ressentez les effets douloureux de la COVID-19. Vous avez probablement été obligé de fermer vos portes, et vos ventes ont probablement durement souffert. En fait, pour beaucoup, les ventes ont disparu complètement.
Les gens auxquels on demande de rester chez eux vont probablement remettre à plus tard les achats. Donc, si votre entreprise vend de la technologie, des meubles ou des bijoux, vous avez aussi subi un dur coup. Puis il y a les fournisseurs de services avec lesquels nous interagissons tous les jours: nos nettoyeurs, nos studios de yoga, nos gymnases, nos garderies et nos salons de coiffure. Ils ressentent les effets de l'obligation de fermer temporairement leur commerce. Si vous êtes dans le domaine du transport de personnes ou de biens, comme nos chauffeurs de taxi et nos livreurs, vos revenus ont également été touchés.
La dure réalité est que la majorité de nos entrepreneurs et de nos propriétaires de petites entreprises font face à de graves difficultés, et tout cela est arrivé du jour au lendemain pour eux.
Pour traverser les épreuves que cette pandémie apporte, une petite entreprise fait vraisemblablement face à trois grandes menaces : garder son équipe, maintenir ses coûts bas et couvrir ses frais d'exploitation. Notre gouvernement a pris des mesures sérieuses et décisives pour contrer chacune de ces menaces.
Monsieur le président, j'ai grandi dans une petite entreprise. Je sais que ces entreprises sont souvent familiales. Soixante-quinze pour cent des petites entreprises canadiennes comptent moins de 10 employés. Souvent, vous connaissez les dates de naissance de vos collègues, ainsi que les noms de leurs enfants et de leurs conjoints ou conjointes. Je sais, de ma propre expérience et pour en avoir parlé avec des propriétaires de petites entreprises, que les employeurs voient souvent les membres de leur équipe comme une famille élargie. Je sais aussi que pour qu'une entreprise demeure résiliente malgré les difficultés et se remette rapidement sur pied par la suite, il faut que l'équipe reste ensemble.
C'est la raison pour laquelle l'une de nos initiatives les plus importantes est la Subvention salariale d'urgence du Canada. Grâce à cette subvention, qui couvre 75 % des salaires, nous allons nous assurer qu'un plus grand nombre de Canadiens maintiennent leurs liens d'emploi. Il s'agit d'une mesure de soutien essentielle pour le redémarrage, et nous prolongeons la subvention salariale de trois mois, c'est-à-dire jusqu'à la fin d'août.
Nous aidons également plus de 3,2 millions d'entreprises et de travailleurs autonomes canadiens à maintenir leurs coûts bas en leur permettant de reporter leurs paiements de TPS, de TVH et de droits de douane. De plus, ils pourront avoir plus d'argent dans leurs poches, pour les quelques semaines et mois à venir, parce que nous reportons l'échéance des déclarations de revenus et permettons aux entreprises de reporter le paiement des montants dus, le cas échéant, jusqu'au 31 août. Comme je l'ai dit, cela les aide à s'assurer que leurs coûts restent bas, ce qui leur donne plus de souplesse dans la gestion des mouvements de trésorerie.
Aux entrepreneurs de partout au pays, nous savons également qu'il vous est incroyablement difficile en ce moment de payer vos frais d'exploitation, comme le loyer et les services publics. Par conséquent, dans le cadre du programme d'Aide d'urgence du Canada pour le loyer commercial, nous nous sommes associés avec les provinces et les territoires afin de réduire les loyers de 75 % pour les entreprises qui font face à de graves problèmes, pour les mois d'avril, mai et juin. À compter de lundi prochain, soit le 25 mai, il sera possible de présenter des demandes au programme d'Aide d'urgence du Canada pour le loyer commercial.
Nous savons que les propriétaires d'entreprises et les propriétaires bailleurs peuvent maintenant examiner les détails du programme en passant par la Société canadienne d'hypothèques et de logement. Les détails sont déjà là, et ils peuvent donc dès maintenant les examiner et se préparer pour quand ils pourront présenter leurs demandes la semaine prochaine.
Naturellement, les loyers ne relèvent pas des compétences fédérales, mais le succès des entreprises nous incombe franchement à tous. C'est pourquoi nous travaillons avec acharnement à veiller à ce que cette aide au loyer soit acheminée le plus rapidement possible. Nous avons également mis en place des mesures diverses de soutien à l'emprunt qui sont accessibles auprès des banques et des coopératives de crédit. Ces mesures aideront les entreprises à gérer leur trésorerie.
L'une de ces mesures est le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes, ou CUEC. Vous êtes nombreux à être au courant de cela. Il s'agit d'un prêt sans intérêt de 40 000 $ pouvant s'accompagner d'une radiation d'une partie du prêt, jusqu'à concurrence de 10 000 $, si le prêt est entièrement remboursé au plus tard à la fin de 2022. À ce jour, cette initiative est venue en aide aux 621 000 entreprises et entrepreneurs qui s'en sont prévalus à l'échelle du pays. Elle aide notre restaurant favori à rester ouvert alors qu'il se convertit en partie à la livraison de repas. Elle aide le magasin de meubles qui mise sur l'achalandage en magasin à rester à flot et à payer le coût de l'entreposage. Grâce à cette mesure, l'entretien du gîte du passant local se fait même si les portes sont fermées temporairement. Mardi dernier, il y a quelques jours seulement, nous avons annoncé que la portée du prêt relevant du CUEC sera étendue et que les entreprises qui n'ont pas des dépenses salariales minimales de 20 000 $ vont pouvoir également s'en prévaloir.
Cela signifie que si vous êtes un propriétaire unique ou une entreprise qui mise sur des contrats ou encore une entreprise familiale qui paie ses employés en dividendes, vous êtes maintenant admissibles. Vous devez avoir un compte bancaire commercial, un numéro de l'ARC pour votre déclaration de revenus de 2018-2019 et des dépenses d'exploitation ne pouvant être reportées qui se situent entre 40 000 $ et 1,5 million de dollars. Les dépenses qui ne peuvent être reportées sont, par exemple, le loyer, les services publics, l'assurance, les salaires et ainsi de suite.
Nous avons manifestement entendu les propriétaires de salon de coiffure et les coiffeuses qui louent des chaises, le chiropraticien qui n'a pas d'employé, l'agriculteur qui se paie en dividendes, mais qui doit payer les dépenses liées à la machinerie et les aliments pour les animaux. L'expansion de la portée du prêt aidera non seulement ces entreprises, mais des milliers d'autres.
Nous savons qu'il y a toujours encore plus à faire. Pour les entreprises qui fonctionnent avec un compte bancaire personnel et qui sont trop nouvelles pour avoir déjà fait une déclaration de revenus, nous travaillons très fort à trouver une solution qui les aidera également à traverser cette période difficile. Quant aux grandes entreprises qui cherchent à obtenir de l'aide en cette période difficile, il y a d'autres mesures de soutien des liquidités, et d'autres prêts qui sont offerts, jusqu'à concurrence de 12,5 millions de dollars, par l'intermédiaire d'institutions financières comme les banques et les coopératives de crédit.
Nous savons que dans l'ensemble du pays, dans toutes les régions, des entreprises ont besoin de soutien. Certaines entreprises ne reçoivent pas d'aide dans le cadre des programmes que je viens de décrire. En raison de cela, nous avons consacré près de 1 milliard de dollars aux entreprises touristiques rurales par l'intermédiaire du Fonds d'aide et de relance régionale, et nous avons également créé des mesures de soutien adaptées aux entreprises qui appartiennent à des Autochtones, aux jeunes entrepreneurs, aux entreprises novatrices et à forte croissance, aux femmes entrepreneures et à bien d'autres catégories.
Monsieur le président, notre gouvernement a agi rapidement. Nous avons adopté de vastes mesures afin d'aider les petites entreprises d'un océan à l'autre. Ces mesures vont permettre aux entreprises d'affronter la tempête, mais nous savons que l'adoption de ces mesures ne représente en fait qu'une première étape et que les entreprises vont continuer d'avoir besoin d'aide afin de passer à travers cette période et de survivre jusqu'à la reprise.
C'est aussi la raison pour laquelle nous avons créé le portail Innovation Canada et l'application Entreprises Canada. Ces deux outils aident les petites entreprises à s'y retrouver parmi les nombreuses mesures de soutien que nous avons mises en place. Nous nous sommes également associés avec la Chambre de commerce du Canada pour créer le Réseau de résilience des entreprises canadiennes, afin que les propriétaires de petites entreprises puissent véritablement obtenir le soutien qu'il leur faut. Il ne suffit pas de donner de l'argent; il faut leur donner le soutien et les outils nécessaires pour qu'ils puissent accéder efficacement à l'aide qui leur fera traverser cette période difficile.
J'aimerais terminer en remerciant les nombreuses petites entreprises qui fournissent des services essentiels à nos collectivités en cette période difficile. Mes collègues et moi avons entendu d'innombrables histoires d'entrepreneurs et de collectivités qui, partout au Canada, font preuve d'un dévouement exceptionnel et redonnent tout simplement aux autres. Je suis plus qu'impressionnée par la résilience de nos incroyables propriétaires d'entreprises et par ce qu'ils ont fait pour s'aider les uns les autres en cette période difficile. Je tiens à dire merci à ces propriétaires d'entreprises qui travaillent avec acharnement.
Monsieur le président, nous sommes tous touchés par la situation. Je remercie le Comité de son soutien aux efforts déployés en ces temps difficiles. Comme je le dis sans arrêt partout au pays lors d'appels sur Zoom comme celui que nous avons en ce moment, nous sommes tous là pour aider nos petites entreprises à survivre à cette pandémie et pour ouvrir la voie au redressement de notre économie. Nous allons continuer de travailler avec acharnement ensemble afin de sauver les petites entreprises de nos vaillants entrepreneurs canadiens, ainsi que les emplois à l'échelle du pays.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous parler à tous aujourd'hui. Je suis impatiente de répondre à vos questions.
[Français]
Je vous remercie beaucoup.
J'aimerais faire un commentaire avant de poser ma prochaine question. Lorsque la situation se sera stabilisée, il sera temps, à mon avis, de présenter un budget assorti d'un aperçu de la relance. Le directeur parlementaire du budget, lorsqu'il est venu témoigner devant ce comité, a dit qu'il était urgent et absolument nécessaire qu'il y ait non pas un budget, mais une mise à jour économique de façon à pouvoir faire le point sur la situation. Il y a déjà plusieurs semaines que nous vivons cette crise. Vos propos, à l'ouverture de cette réunion, en témoignaient. Je vous soumets donc à nouveau cette demande.
Je passe maintenant à ma question. Le 20 mars dernier, le a annoncé un plan visant à mobiliser le secteur industriel pour lutter contre la COVID-19. Le but était d'établir une chaîne d'approvisionnement d'urgence en réaction à la crise. Je parle ici du Plan canadien de mobilisation du secteur industriel pour lutter contre la COVID-19.
Or, à part quelques noms d'entreprises qui y ont participé, nous n'avons reçu à ce comité aucune mise à jour des résultats du plan. La semaine prochaine, nous entamerons une étude sur l'autosuffisance et les chaînes d'approvisionnement. Dans ce contexte, ces informations nous semblent importantes, voire cruciales. Je vais donc vous poser une série de questions en rafale au sujet de ce plan.
Avez-vous une idée du montant total qui a été investi dans ce plan par les divers ministères?
Quelle a été la capacité de production dans le cas des produits ciblés par ce plan?
Ces compagnies pourraient-elles, en temps normal, continuer cette production tout en étant viables financièrement ou, en réalité, ce plan ne comportait-il qu'un seul montant décaissé au début?
Enfin, quel coût supplémentaire représente le fait de fabriquer ces produits ici plutôt qu'ailleurs?
Je vous ai posé beaucoup de questions, mais vous pourrez y répondre selon ce que vous savez. Par la suite, si vous ou vos fonctionnaires pouviez faire parvenir vos réponses au Comité, nous l'apprécierions.
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Merci beaucoup, monsieur Ste-Marie.
C'est vraiment remarquable, et je suis très fier d'être un Canadien à l'heure actuelle, car les entreprises sont intervenues pour contribuer à la lutte contre la COVID-19 en rééquipant leurs ateliers pour produire de l'EPI et le matériel et les fournitures nécessaires dont nous avons besoin durant cette période.
Dans mon autre rôle de ministre du Commerce international, je travaille sans relâche avec nos partenaires du G7 et du G20, des pays aux vues similaires, par l'entremise d'organismes comme l'Organisation mondiale du commerce pour veiller à ce que les chaînes d'approvisionnement demeurent ouvertes, plus particulièrement pour les fournitures médicales et des produits agricoles importants, afin de pouvoir approvisionner nos industries et les Canadiens. C'est très important. Plus de 5 000 entreprises sont intervenues dans le cadre de notre stratégie proprement canadienne pour tous nous aider à traverser cette crise en produisant de l'équipement.
En ce qui concerne la reprise économique, l'expérience de la COVID-19 est différente dans différentes régions du pays, donc comme il fallait s'y attendre, on constate une reprise économique avec une approche graduelle différente dans chacun des territoires et chacune des provinces — les approches sont probablement légèrement différentes. Le gouvernement fédéral travaille avec les provinces et les territoires pour s'assurer que nous adoptons une approche coordonnée afin de relancer l'économie avec prudence, en accordant la priorité à la santé et à la sécurité des Canadiens.
Nous avons demandé aux Canadiens, nous compris, de faire d'énormes sacrifices afin d'aplanir la courbe et de veiller à ce que la santé et la sécurité des Canadiens constituent notre priorité absolue. De nombreux sacrifices ont été consentis, et les entreprises ont certainement été touchées en conséquence. Cette reprise sera effectuée dans un esprit de coordination et de collaboration, et nous allons le faire tout en soutenant nos entreprises qui traversent cette crise.
En ce qui concerne les détails entourant la mobilisation, je ne sais pas si mon sous-ministre veut ajouter quelque chose.
Des juges de la Cour suprême ont soulevé des préoccupations à propos de la tenue des procès en temps opportun quand les tribunaux reprendront leurs activités, en ce qui concerne notamment les procès criminels et civils. Je partage ces préoccupations et m'inquiète des attentes à l'égard des jurés potentiels. Extrêmement réfractaires et peu disposés aux convocations dans la foulée de la pandémie, de nombreux Canadiens ne seront pas équipés pour participer à de longs procès si tôt après la crise; on s'attendra pourtant à ce qu'ils s'exécutent.
Au sortir d'une période de chômage, de mises à pied et d'emploi précaire, de nombreux Canadiens accorderont la priorité à leur travail et aux emplois disponibles. Nombreux sont ceux qui seront aux prises avec des difficultés financières comme on n'en a pas vu depuis des décennies et devront toujours s'acquitter de leur obligation de pourvoir aux besoins de leur famille. S'inquiétant également de leur propre santé, ils craindront de se tenir à proximité d'autres personnes dans les tribunaux et lors du confinement des jurys.
La crainte de l'infection sera particulièrement marquée chez les aînés, qui sont nombreux à faire partie de jurys.
Les milieux de travail canadiens, en raison de leur fragilité économique et de leur désir de relancer leurs activités, seront moins compréhensifs à l'égard des employés et se montreront moins enclins à les soutenir quand ils seront dans les tribunaux, exerçant de plus en plus de pression sur eux pour qu'ils respectent leurs employeurs plutôt que les convocations.
La présente crise ne fera qu'accentuer les préoccupations fondamentales soulevées par la Commission canadienne des jurys quant au devoir de juré lors de sa première comparution devant vous, le 6 février 2020.
Le devoir de juré est le dernier devoir civique obligatoire. Quiconque ne respecte pas une convocation s'expose à une amende ou à une peine d'emprisonnement. Je crains toutefois que les Canadiens soient obligés de faire un choix déchirant entre la sécurité, le devoir et des amendes.
Les jurés constituent un élément essentiel du tribunal. Or, si les juges, les avocats, le personnel judiciaire, la police et les premiers intervenants peuvent se prévaloir d'un nouveau traitement évolutif fondé sur des données probantes, ce n'est pas le cas des jurés.
Pendant la pandémie, des données alarmantes ont mis en lumière la dégradation importante de la santé mentale des Canadiens, semant l'inquiétude parmi les professionnels des soins de santé, qui craignent une crise imminente sur le plan de la santé mentale.
Les investissements substantiels en santé mentale annoncés récemment par le gouvernement fédéral afin de s'attaquer à ce problème doivent s'accompagner de fonds semblables concernant le devoir de juré. La santé mentale des jurés exige une intervention précise composée d'une évaluation et d'un traitement fondés sur des données probantes et d'approches tenant compte du traumatisme. Cette intervention doit recevoir la même priorité et être offerte dans toutes les régions du pays. Voilà en quoi consiste le mandat de la Commission canadienne des jurys.
Compte tenu des graves préoccupations que suscite le devoir de juré, la Commission canadienne des jurys voudrait vous expliquer les services qu'elle est en train d'élaborer afin d'offrir un soutien essentiel aux provinces et aux territoires qui gèrent les jurys, les tribunaux et le soutien aux jurés eux-mêmes. Notre application numérique sera offerte gratuitement à tous les Canadiens et leur fournira des renseignements dont ils ont bien besoin au sujet des procédures relatives au devoir de juré et des solutions au chapitre de la santé mentale, ainsi que des liens vers des professionnels et des programmes. Elle sera offerte dans les deux langues officielles, ainsi que dans des langues autochtones et d'autres langues au besoin.
Notre formation en ligne sur la santé mentale, les premiers soins et la gestion de crise pour les tribunaux, le personnel judiciaire et les agents qui gèrent les jurés sera offerte à l'échelle du pays afin de combler un besoin criant. Alors que les Canadiens commencent à retourner au travail, notre boîte à outils sur le devoir de juré en milieu de travail aidera les employeurs et les gestionnaires à soutenir les employés quand ils accomplissent leur devoir de juré. Notre réseau de soutien des jurés par les pairs, dont on a grand besoin, s'inspire de programmes ayant fait leurs preuves auprès des premiers intervenants, des militaires et des anciens combattants. Des pairs conseillers attendent d'ailleurs de recevoir une formation.
Notre évaluation et nos programmes de traitement clinique fondés sur des données probantes, élaborés en partenariat avec des organisations comme le Centre de toxicomanie et de santé mentale et l'Association canadienne pour la santé mentale, fourniront un soutien tenant compte du traumatisme aux jurés des quatre coins du pays, et ce, conformément aux pratiques cliniques exemplaires.
Distingués membres du Comité, ce sont là des solutions dont nous avons besoin maintenant. Nous pouvons les mettre en œuvre à temps pour combler la demande quand les tribunaux reprendront leurs activités à l'automne.
Nous étions fiers de figurer dans les recommandations du premier rapport de votre comité pour que le ministère des Finances fournisse un financement de 10 millions de dollars sur 10 ans à la Commission canadienne des jurés afin de soutenir la santé mentale des jurés.
La Commission canadienne des jurys demande respectueusement aux membres du Comité permanent des finances de recommander unanimement de fournir 20 millions de dollars sur 10 ans à la Commission pour que lorsque les tribunaux reprendront leurs activités après la crise de la COVID, nos programmes puissent combler les besoins des Canadiens qui agissent à titre de jurés.
Par ailleurs, nous demandons aussi l'ajout du devoir de juré à la liste du gouvernement fédéral des services essentiels à la lutte à la COVID-19 dans le cadre des efforts de rétablissement de l'économie canadienne après la pandémie. Cela enverra un message à tous les Canadiens et renforcera la confiance à l'égard du système.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de témoigner de nouveau devant vous aujourd'hui.
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Je vous remercie beaucoup.
Fish, Food and Allied Workers—Unifor représente 15 000 travailleuses et travailleurs de Terre-Neuve-et-Labrador. La plupart de nos membres sont employés dans l'industrie de la pêche et résident dans plus de 500 communautés de chaque région de la province. Dix milles personnes sont employées dans le secteur de la pêche au poisson et 3 000 le sont dans les usines de transformation de poissons.
La COVID-19 a eu un effet dévastateur sur l'industrie de la pêche de notre province. En raison des préoccupations que suscite la pandémie au chapitre de la sécurité, de nombreuses pêches ont été retardées de plus d'un mois alors que s'annonçait ce qui aurait dû être le début de magnifiques saisons du crabe et du homard. Maintenant que les activités de pêches sont en cours à Terre-Neuve, les défis relatifs au marché ont des répercussions considérables sur les revenus.
Pour mettre les choses en contexte, la pêche a fait l'an dernier une contribution d'une valeur de 1,5 milliard de dollars à l'économie. La pêche au crabe des neiges à elle seule a été évaluée à plus de 350 millions de dollars au quai. Les pertes attribuables à la pandémie pourraient s'élever à des centaines de millions de dollars, ce qui est catastrophique pour les communautés côtières.
Les travailleurs continuent de se préoccuper de la sécurité au travail et des répercussions que la saison écourtée aura sur leurs revenus. Les pêcheurs et les employés d'usine dépendent de l'assurance-emploi pour étoffer leurs revenus pendant la saison morte. Or, pour les pêcheurs, les prestations d'assurance-emploi se fondent sur les revenus et non sur les heures assurables. Comme la plupart des pêcheurs s'attendent à une diminution substantielle de leurs revenus cette année, bon nombre d'entre eux se demandent avec raison s'ils seront admissibles aux prestations à la fin de la saison. Ils ont été soulagés d'entendre le gouvernement fédéral annoncer, la semaine dernière, des modifications au programme d'assurance-emploi dans le secteur des pêches pour que les pêcheurs puissent utiliser les revenus de l'année précédente afin d'être admissibles en 2020. À cela s'ajoutent la nouvelle subvention salariale et la subvention destinée aux propriétaires d'entreprise de pêche.
Il importera de veiller à ce que ces programmes soient mis en oeuvre de manière à ce qu'ils atteignent leurs objectifs et que des pêcheurs ne passent pas entre les mailles du filet. Il faut tenir compte des entreprises de pêche qui sont gravement touchées par la crise ou qui n'ont pas eu l'occasion de vendre toutes leurs prises.
Les employés d'usine sont confrontés à des difficultés semblables. Ils dépendent des prestations d'assurance-emploi, sans toutefois pouvoir se prévaloir des mesures annoncées récemment par le gouvernement fédéral pour les pêcheurs. Or, comme ces derniers, les travailleurs d'usine sont aux premières lignes, travaillant pour approvisionner les marchés intérieurs et extérieurs en produits de la mer frais de grande qualité, nourrissant les communautés côtières et soutenant de nombreuses familles de pêcheurs.
Compte tenu du début tardif de la saison et des difficultés qui se posent sur le marché et qui limitent la quantité de produits de la mer qui seront transformés et exportés, de nombreux employés d'usine pourraient subir des diminutions de travail et de revenus, et ainsi ne pas accumuler suffisamment d'heures pour être admissibles aux prestations d'assurance-emploi afin d'assurer leur subsistance jusqu'à l'année prochaine. Ces travailleurs auront besoin de l'aide du gouvernement, qui pourrait soit élargir la Prestation canadienne d'urgence, soit apporter au programme d'assurance-emploi pour les travailleurs saisonniers des modifications semblables à celle faite récemment pour les pêcheurs pour qu'ils puissent être admissibles en utilisant leurs revenus de l'année dernière.
La pêche côtière constitue le principal moteur économique dans la majorité des communautés du littoral. Les emplois du secteur de la pêche assurent de bons revenus de classe moyenne dans les communautés rurales; voilà pourquoi le soutien à court terme de l'industrie est si essentiel. La protection et la promotion d'une pêche qui sert les communautés, permet de résoudre les problèmes de sécurité alimentaire et fournit de bons salaires et des milieux de travail sécuritaires devraient figurer parmi les priorités de tous les ordres de gouvernement et de toutes les parties prenantes de notre industrie si nous voulons sortir de la pandémie forts de communautés côtières dynamiques et viables et d'une économie où personne n'est laissé pour compte.
Je vous remercie.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie également le Comité de me donner l'occasion de témoigner devant lui aujourd'hui.
Je suis accompagné de mon collègue, le Dr Brad Wouters du Réseau universitaire de santé, qui peut répondre aux questions détaillées que vous pourriez poser au cours de la période de questions et de réponses.
Je voudrais commencer par des observations générales, mais très importantes au sujet de toutes les organisations que je représente. Le gouvernement fédéral considère-il le réseau des hôpitaux de recherches et ses établissements de recherche sur un pied d'égalité avec le secteur privé? Notre réseau constitue un important moteur économique et ses recherches sont extrêmement précieuses pour la santé publique et les Canadiens.
Je vous poserais également la question suivante: sommes-nous réellement prêts à faire un examen de conscience et à revoir les pratiques du réseau de la santé alors qu'on y a observé des faiblesses évidentes, un manque de coordination nationale, une crise financière majeure et des pénuries de ressources humaines?
Quand les Canadiens pensent à leurs établissements de soins de santé, ils pensent aux soins qui sauvent des vies prodigués à ceux et à celles qui en ont besoin quand ils en ont besoin. C'est vrai et c'est important. En fait, c'est essentiel, mais il existe une autre facette au milieu canadien des soins de santé qui est moins bien comprise. Les établissements de soins de santé du Canada sont des centres de recherche, d'innovation et de commercialisation de calibre mondial dans le domaine de la santé. Les établissements de recherche spécialisés en soins de santé apportent des réponses aux grandes questions du jour, travaillant à la fine pointe de disciplines qui couvrent toute la gamme de spécialités, qu'il s'agisse de la génomique de précision ou de la santé de la population.
Les établissements de soins de santé du pays constituent une force économique majeure au Canada, employant plus de 650 000 travailleurs, de 8 000 à 10 000 scientifiques et 60 000 chercheurs et étudiants. Cette main-d'œuvre déploie le talent brut pour l'industrie canadienne de la biotechnologie, dont la valeur s'élève à 7,8 milliards de dollars, et génère des retombées économiques incalculables au Canada.
Le financement que le gouvernement fédéral a annoncé vendredi dernier au chapitre du soutien salarial a été accueilli avec grand soulagement par le milieu de la recherche en santé et a peut-être évité la perte de jusqu'à 15 000 emplois en mai seulement. Nous sommes sincèrement reconnaissants envers le gouvernement pour la considération et la vision d'avenir dont il a fait preuve à cet égard.
Les organisations de soins de santé du Canada ont pris des mesures extraordinaires pour fournir des soins aux Canadiens au cours de la pandémie. Ces mesures ont exigé des investissements substantiels et entraîné des dépenses imprévues. Le gouvernement fédéral a répondu présent aux entreprises canadiennes et n'a pas hésité à intervenir pour atténuer leurs importantes pertes financières.
Le réseau de soins de santé — y compris les installations de soins de longue durée et les services de soins à domicile — devrait et doit recevoir une attention égale de la part du gouvernement fédéral. Le réseau canadien d'hôpitaux doit avoir accès à des programmes d'aide d'urgence. Qui plus est, cette décision doit être vue comme étant une qui sera mise en oeuvre dans l'avenir.
Avec un déficit prévu de 250 milliards de dollars, quel avenir attend le réseau de soins de santé du Canada et tous les chercheurs qui le soutiennent? Nous ne pouvons pas nous permettre de courir de risque avec l'avenir. La santé des Canadiens mérite plus qu'un débat entre gouvernements dans le cadre d'une lutte de pouvoir qui s'avère souvent stérile et inefficace.
Monsieur le président, c'est avec ces faits à l'esprit que je demanderais au Comité de réfléchir au rôle que pourrait jouer le gouvernement fédéral pour trouver un équilibre plus juste entre les sphères de compétences afin de soutenir un réseau de la santé mis à mal par l'épidémie.
Je vous remercie beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
C’est un honneur pour Mme Drever et moi-même de nous adresser au Comité permanent des finances de la Chambre des communes concernant la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19. Malgré les circonstances actuelles, nous sommes ravies de revenir et de revoir des personnes que nous connaissons.
Je vous remercie pour le leadership dont vous continuez à faire preuve. La réaction rapide du gouvernement a été saluée. Les mesures à venir sont tout aussi importantes que celles qui ont déjà été prises. MNP est le premier cabinet national de comptabilité, de fiscalité et de conseil aux entreprises. En tant que plus grand cabinet de services professionnels dont le siège social est au Canada, nous disposons d’un point de vue unique qui nous permet de voir les défis auxquels sont confrontés les Canadiens et les entreprises canadiennes.
En notre qualité de conseillers de confiance auprès de 180 000 entreprises privées et petites entreprises clientes, et de 19 000 exploitations agricoles d’un océan à l’autre, nous avons pu constater à quel point les deux derniers mois et demi ont été éprouvants et le chemin qui nous attend est difficile.
Inspirés par le concept de reprise après une catastrophe qui consiste à « reconstruire en mieux », nous sommes ici aujourd’hui pour discuter de mesures concrètes visant à relancer l’économie canadienne et à remettre les gens au travail. Bien que techniquement, le concept de « reconstruire en mieux » soit évoqué dans le contexte des infrastructures essentielles comme les ponts et les barrages, rien n’est plus essentiel que le bien-être économique et la confiance de chaque Canadien.
Chaque aspect de la vie canadienne a été touché par la COVID-19. Alors que les Canadiens commencent à sortir après les 60 derniers jours passés à respecter les ordonnances de santé publique, ils abordent des actions quotidiennes aussi simples que tourner une poignée de porte avec suspicion et nervosité. Selon un récent sondage, plus de 50 % des Canadiens trouvent stressant de même quitter la maison.
Dans notre proposition, nous présentons un plan d’action pour aujourd’hui et pour demain. La première phase prévoit des mesures qui permettront de s’attaquer à la crise de confiance à laquelle sont confrontées les entreprises canadiennes, tout en veillant à ce que les Canadiens puissent retourner au travail en toute sécurité et à ce qu’ils puissent faire confiance au contexte économique et y croire.
De nombreuses entreprises devront réaménager leurs locaux pour s’adapter à l’évolution des circonstances. De même, les familles devront modifier leur domicile pour s’occuper de leurs parents vieillissants et s’adapter au travail à domicile. L’introduction d’un crédit d’impôt remboursable pour les coûts liés aux modifications commerciales, industrielles et résidentielles contribuera à créer des infrastructures de construction plus sûres et plus efficaces et stimulera également les dépenses des consommateurs.
Les familles qui sont déjà accablées par des dettes personnelles importantes et la réduction des emplois disponibles se demandent si elles peuvent encore se permettre de payer des études postsecondaires à leurs enfants. Nous recommandons que le plafond annuel de transfert des droits de scolarité soit supprimé, ce qui permettrait aux parents qui subviennent aux besoins de leurs enfants de réclamer la totalité des frais de scolarité. Cette mesure permettra d’améliorer l’accès aux études postsecondaires pour les familles à court d’argent.
À mesure que notre économie se stabilise, nous recommandons de créer un système temporaire sur le modèle du plan d’accession à la propriété, dans lequel les Canadiens peuvent accéder à une partie des fonds de leur REER comme s’il s’agissait d’un fonds pour les mauvais jours sans avoir à subir de conséquences fiscales immédiates et punitives.
Les gouvernements de tout le Canada ont agi rapidement pour aider les Canadiens, et nous leur en sommes tous reconnaissants. De la Saint-Patrick au long week-end de mai, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux ont annoncé 300 programmes, subventions, reports, aides, prêts et autres mesures dans le but exprès de stabiliser l’économie face à la crise de la santé publique.
Il reste quelques points à clarifier en ce qui concerne la Subvention salariale d’urgence du Canada. Prenez, par exemple, un fleuriste d’Ottawa qui a décidé d’acheter un deuxième local à Cornwall. Si le magasin d’Ottawa avait acheté les actions de ce second site, cette entreprise serait admissible à la Subvention salariale d’urgence et pourrait conserver ses employés. Si, au contraire, le site d’Ottawa décidait d’acheter les actifs du second site, l’entreprise ne serait pas admissible à cette subvention.
Il est important de se rappeler qu’il s’agit de programmes d’urgence. Ils n’ont pas été conçus comme des programmes de relance économique à long terme. Si elle est réalisée de manière progressive, la suppression des programmes d’urgence actuels, tels que la Subvention salariale d’urgence du Canada et la Prestation canadienne d’urgence du Canada, permettra aux Canadiens de reconstruire une économie solide et en pleine croissance.
La suppression progressive de la Subvention salariale d’urgence du Canada pourrait cibler les entreprises qui sont toujours soumises à des ordonnances de santé publique les obligeant à rester fermées ou qui ont été le plus gravement touchées par la pandémie, ou réduire le pourcentage de subvention de 75 % au fil du temps.
Nous savons que les entreprises disposant d’un fonds pour les mauvais jours ont moins dépendu des programmes d’urgence et ont pu garder leurs employés avec un soutien limité. Les règles fiscales actuelles pénalisent les petites et moyennes entreprises canadiennes qui maintiennent des liquidités et des investissements au-delà d’un certain montant. Il est impératif que cette limite soit relevée pour que les entreprises puissent faire face aux défis futurs.
Enfin, on a beaucoup écrit sur l’endettement du Canada. Nous nous endettons de plus en plus au niveau des ménages et de tous les ordres de gouvernement. Chez MNP, nous avons établi un indice trimestriel de l’endettement des consommateurs. Notre étude de mars 2020 a révélé que près de la moitié des Canadiens craignent de frôler l’insolvabilité.
Nous recommandons que les futurs programmes de relance économique tiennent compte des préoccupations suscitées par l’imminence du report des obligations liées à la dette, et qu’ils encouragent une croissance économique réelle et la création d’emplois. Nous avons besoin d’un fondement et d’un cadre solides pour la reprise.
Merci pour l’important travail que vous faites.
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Merci, monsieur le président, et merci au Comité de nous avoir invitées aujourd’hui.
La directrice exécutive du Festival de Stratford, Anita Gaffney, m’accompagne aujourd’hui et pourra aussi répondre à des questions.
Nous vous demandons toutes les deux de considérer le Festival de Stratford comme une entreprise, car c’est ainsi que nous nous percevons. Notre entreprise, dont le chiffre d’affaires s’élève à 65 millions de dollars, vend son produit au monde entier. Ce produit — sans équivalent en Amérique du Nord, avec des artistes comme Colm Feore, Martha Henry, Maggie Smith et Christopher Plummer — a attiré près de 29 millions de visiteurs dans le Sud-Ouest de l’Ontario au cours des 67 dernières années.
Le Festival de Stratford attire des publics très divers. Bien que les spectateurs viennent du monde entier, il est à noter que 25 % d’entre eux viennent chaque année des États-Unis. Ce sont des gens qui reviennent à Stratford, au Canada, année après année, génération après génération, pour stimuler notre économie touristique et prouver que lorsque vous faites quelque chose de valable, vous avez un impact durable. Dans le cas du Festival de Stratford, cet impact est de 130 millions de dollars par an en activité économique, confirmé par le Conference Board du Canada.
Le Festival de Stratford a été fondé en 1952 pour sauver la ville d’un désastre économique lorsqu’elle a perdu sa principale industrie. Il a fonctionné et il continue de le faire. Le festival est devenu l’événement touristique de référence dans l’industrie touristique du Sud-Ouest de l’Ontario, qui représente plusieurs millions de dollars. C’est le plus grand théâtre à but non lucratif d’Amérique du Nord. Il présente 700 représentations de 15 productions sur quatre scènes. Il attire 500 000 personnes par an. Il emploie 1 000 personnes, crée 2 400 emplois équivalents temps plein supplémentaires et soutient des centaines de petites entreprises dans la région. Il génère 55 millions de dollars d’impôts par an pour les trois ordres de gouvernement et possède le niveau le plus élevé de recettes gagnées, à 94 %, et le niveau le plus bas de soutien gouvernemental, à 6 %, dans l’industrie des arts du spectacle à but non lucratif.
Non seulement le festival est une attraction majeure, mais il fonctionne vraiment comme une entreprise. Il est également bon pour les affaires. C’est une attraction majeure pour le recrutement de médecins et d’entreprises, ainsi que pour les services de développement économique régional.
Lorsque j’étais la doyenne d’Ivey, j’ai beaucoup vanté le festival dans mes efforts pour recruter les meilleurs talents. Je sais que je n’étais certainement pas la seule à le faire. Je peux témoigner du fait que le Festival de Stratford est extrêmement responsable sur le plan financier. Je le dis en tant que chef d’entreprise. Nous sommes tous peinés d’être dans cette position. Ce n’est pas notre façon habituelle de faire, et nous ne nous y habituerons pas. Toutefois, en raison de cette pandémie, un modèle commercial qui a fonctionné pendant des décennies a été renversé. Sans la vente de billets, la capacité unique du festival à s’autofinancer à 94 % devient une vulnérabilité qui nous pousse à nous tourner vers le gouvernement pour assurer sa survie.
La survie du festival est vitale. Sa disparition ne serait pas seulement un coup dur sur le plan culturel. Le maire de Stratford, Dan Mathieson, a déclaré qu’elle aurait des conséquences catastrophiques sur la communauté, entraînant la perte de plus de 3 400 emplois et décimant le centre-ville. Il est essentiel de sauver le festival, et nous avons pris un certain nombre de mesures immédiates pour aider à stabiliser l’organisation.
Nous avons lancé une campagne de dons de billets. Nous avons réduit les frais généraux. Nous avons instauré une réduction de 50 % du salaire de la directrice exécutive et du directeur artistique. Nous avons puisé dans notre fonds de dotation. Nous avons accédé à la Subvention salariale d’urgence du Canada. Nous avons obtenu une marge de crédit de 6 millions de dollars auprès de notre banque et nous avons lancé une campagne de collecte de fonds pour soutenir notre reprise.
Malgré tous ces efforts, il manque 20 millions de dollars. Nous avons besoin de l’aide du gouvernement pour combler ce déficit. Nous nous sommes engagés à recueillir 12 millions de dollars de dons du secteur privé, et nous demandons au gouvernement de contribuer à hauteur de 8 millions de dollars en combinant un don et un prêt.
Avec le soutien du gouvernement, nous pouvons continuer à créer des emplois, de l’activité économique et des recettes fiscales à l’avenir. En échange, nous promettons un énorme rendement des investissements, tant sur le plan culturel qu’économique, et 8 millions de dollars ne représentent après tout que 15 % des 55 millions de dollars d’impôts que nous générons chaque année.
En accédant à cette demande urgente, on protégera 3 400 emplois, on stimulera l’économie régionale d’au moins 135 millions de dollars par an et on préservera le prestige international de ce théâtre canadien de renommée mondiale.
Merci beaucoup. Nous nous réjouissons à la perspective de répondre à vos questions.
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Bonjour. Merci de m’avoir invité à prendre la parole aujourd’hui.
Je suis éditeur, président et directeur général du Globe and Mail depuis 21 ans. Je suis aussi coprésident de la Presse canadienne, si bien que je parle au nom des deux aujourd’hui.
Le Globe est une société privée détenue par Woodbridge, qui est la société de portefeuille de la famille Thomson. Ils possèdent des médias depuis les débuts de Roy Thomson dans les années 1930. J’ai travaillé pour lui et son fils Ken au Royaume-Uni lorsqu’ils possédaient certains des principaux journaux de ce pays. Aujourd’hui, c’est la troisième génération, avec David Thomson comme président, qui est aux commandes.
Un facteur commun à toutes ces décennies est que le principe de l’indépendance éditoriale est respecté. Notre propriétaire ne dicte pas ce que nous publions ou les causes que nous soutenons, et les Thomson sont convaincus de la valeur du journalisme comme facteur de changement. Ils possèdent le Globe and Mail parce qu’ils pensent qu’il peut apporter une contribution au Canada.
La pierre angulaire de notre activité n’est pas la publicité, qui est une source de revenus qui diminue chaque année. Non, le présent et l’avenir du Globe and Mail reposent sur le fait que les lecteurs et les utilisateurs paient pour notre contenu. Plus de 60 % de nos revenus proviennent des abonnements, imprimés et numériques, et les recettes publicitaires ne représentent plus que 33 %.
Pour continuer à augmenter le nombre de nos abonnements, nous investissons dans des rédacteurs de talent. Les meilleurs reporters, chroniqueurs, concepteurs et spécialistes des données soutiennent cet objectif commercial. Dans un moment comme celui-ci, où les commentaires et les analyses d’experts sur la pandémie sont très demandés, nous nous appuyons sur la sagesse de journalistes comme André Picard. Nous avons la meilleure équipe de rédacteurs spécialisés dans la santé et les sciences du pays.
Normalement, nous aurions dû faire en sorte que ces articles restent payants, mais au début de la pandémie, nous avons décidé d’ouvrir notre mur à péage. Nous avons estimé qu’il était important que tous les Canadiens puissent accéder gratuitement à ce contenu. Notre nombre de lecteurs a donc doublé en avril, et nous avons enregistré le plus haut niveau de trafic jamais atteint sur nos sites Web. C’est donc dire que nous avons sacrifié des revenus, mais nous avons établi une relation de confiance avec nos lecteurs. Dans le climat actuel, pouvoir compter sur des informations exactes est une priorité essentielle pour de nombreux Canadiens.
Nous faisons partie du petit nombre d’éditeurs dans le monde qui a réussi à passer à un modèle commercial fondé sur un contenu de qualité. La majorité de nos revenus provient des 120 000 abonnés au numérique et des 110 000 abonnés à la presse écrite qui paient actuellement pour consommer notre journalisme. Comme un tiers seulement de nos revenus provient de la publicité, nous n’avons pas pu bénéficier en mars du nouveau régime de subventions salariales du gouvernement. Les recettes d’avril ont encore diminué et celles de mai seront à peu près les mêmes du côté de la publicité, il reste donc à voir si nous pourrons en bénéficier.
Dans leurs derniers résultats annoncés la semaine dernière, Postmedia a déclaré qu’il s’attend à recevoir entre 20 et 22 millions de dollars de subventions salariales du 15 mars au 6 juin. Torstar, le deuxième groupe en importance, s’attend à collecter 18 millions de dollars au cours de la même période. Pour de nombreux membres de notre industrie, il s’agit d’une aide appréciée et substantielle de la part du gouvernement.
Soyons clairs. Les perspectives à long terme du Globe and Mail et de beaucoup d’autres se sont assombries en raison de la pandémie. Les revenus de la publicité imprimée, qui constituaient autrefois l’épine dorsale des journaux, vont connaître un déclin accéléré. Certaines entreprises ont fait état d’une baisse annuelle de 20 % des recettes publicitaires de la presse écrite, et ce, avant la pandémie. Pour notre nouvel exercice financier qui commence en septembre, le Globe and Mail prévoit une baisse annuelle de 32 % de la publicité imprimée. Ce pourcentage représente plusieurs millions de dollars de revenus à marge élevée, et nous ne serons pas les plus touchés au Canada.
Nous avons réduit les coûts au cours des derniers mois afin de limiter au maximum les mises à pied, et j’ai suggéré des mesures à Patrimoine canadien comme un rabais sur nos coûts d’impression ou une subvention sur les frais que toutes les grandes entreprises de médias paient chaque mois à la Presse canadienne. Le secteur de la radiodiffusion a reçu un soutien supplémentaire, et je considère que des mesures de soutien ciblées pour le secteur de la presse sont également nécessaires afin d’aider les éditeurs à tenir le coup.
L’industrie de la presse est déçue par le peu d’argent dépensé jusqu’à présent par le gouvernement fédéral pour sa campagne de sensibilisation à la COVID-19, d’un montant de 30 millions de dollars. Jusqu’à présent, sur ces 30 millions de dollars, le Globe and Mail n’a reçu que 81 000 $. En revanche, le gouvernement de l’Ontario a dépensé près de 1,5 million de dollars avec le Globe and Mail au cours des deux derniers mois pour sa campagne de sensibilisation à la santé. Ce marché a été conclu dans les 24 heures et mis en œuvre immédiatement.
Vous savez sans doute que tous les grands éditeurs canadiens ont signé une lettre ouverte au début du mois pour demander à Ottawa de remédier à l’injustice inhérente au système par lequel les plateformes mondiales bénéficient d’une exemption de la taxe de vente au Canada, tout en ne payant rien pour le contenu journalistique qu’elles utilisent. L’absence de protection des droits d’auteur de notre bien le plus précieux, notre contenu, est un problème bien connu. Les traités fiscaux et commerciaux avec Washington ne sont pas des obstacles mineurs à la résolution de ces problèmes, mais même aux États-Unis, l’association de l’industrie de l’édition demande au Congrès de permettre aux journaux de négocier avec Google et Facebook dans des conditions équitables.
Si vous appréciez la contribution que des journaux comme le Globe and Mail apportent au débat démocratique et que vous voulez les voir survivre à la crise actuelle et être solides, je crois qu’il est temps que vous accordiez de toute urgence une attention à ces inégalités.
Merci de m’avoir écouté. Je serai ravi de répondre à des questions plus tard.
Je m’appelle Jerry Dias, et je comparais aujourd’hui au nom d’Unifor, le plus important syndicat canadien du secteur privé. Je vous suis reconnaissant de l’occasion qui m’est donnée de m’entretenir avec vous aujourd’hui.
Écoutez, nous vivons une période hors de l’ordinaire. Une crise de santé publique a déjà coûté la vie à 6 000 personnes au Canada, et elle a entraîné un ralentissement économique important et douloureux. À l’heure actuelle, des millions de Canadiens sont sans emploi, et bon nombre d’entre eux craignent de retourner au travail. Il n’y a pas un jour où je n’éprouve pas de la gratitude envers nos travailleurs de première ligne. Je suis reconnaissant à ceux qui travaillent dans le système de santé, dans les établissements de soins de longue durée, dans les commerces de détail et dans nos industries des transports et de la logistique, et qui risquent leur vie pour assurer notre bien-être, malgré les salaires peu élevés qu’ils gagnent et le manque continu d'EPI requis.
Alors que notre pays faisait face plus tôt à une catastrophe économique, Unifor a exhorté le gouvernement fédéral à agir rapidement et audacieusement. Malgré quelques faux pas au début, le gouvernement est intervenu et a rajusté de façon appropriée des programmes stratégiques clés. De nombreux programmes ont été créés, dont la Subvention salariale d’urgence du Canada. De plus, des transferts fédéraux ont aussi incité les employeurs à verser des primes aux bas salariés, ce qui a répondu à un besoin majeur. La Prestation d’urgence du Canada, par exemple, a pris la relève de notre système d’assurance-emploi, qui est manifestement défectueux et qui a désespérément besoin d’être réparé. Je suis heureux que la PCU ait permis de mettre rapidement de l’argent dans les poches des Canadiens. Cela servira d’étude de cas pour l’élaboration d’un meilleur programme d’aide au revenu.
Toutefois, la PCU comporte des lacunes qui ont besoin d’être comblées. Au haut de cette liste de lacunes, il y a la nécessité d’obtenir que les ministres et permettent que la PCU coexiste avec des prestations supplémentaires de chômage, ou PSC, versées par des employeurs ou par Service Canada. Il est absurde que ces ministres privent des centaines de milliers de travailleurs d’une aide au revenu supplémentaire qui, dans certains cas, peut atteindre jusqu’à 500 $ ou 600 $ par semaine et que les employeurs sont disposés et en mesure de payer.
Notre syndicat fredonne la même rengaine au nom des travailleurs d'importants secteurs, comme ceux de l’automobile, de l’aérospatiale, de l’acier, des chemins de fer, des soins de santé et des services publics, entre autres choses. Croyez-le ou non, les employeurs eux-mêmes exercent des pressions sur le gouvernement en demandant en vain de pouvoir verser ces fonds.
Si le gouvernement règle ce problème, cela n’occasionnera aucun coût au Trésor public et, malgré cela, le gouvernement continue de refuser de le faire. Cela n’a aucun sens, et les travailleurs touchés sont indignés par cette décision. Votre comité devrait l’être également. Cette autorisation devrait aller de soi et ne requiert qu’une simple modification de la réglementation, que nous avons proposée il y a plus d’un mois.
Je demande aujourd’hui à votre comité de régler cette question.
Merci.
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Je remercie le président et les membres du Comité de m’avoir donné l’occasion de me joindre à eux aujourd’hui.
La COVID-19 n’a pas frappé tous les Canadiens également du point de vue de ses effets sur leur santé ou de ses effets sur leur situation financière. Les observations que je formulerai aujourd’hui mettront l’accent sur deux formes d’inégalité qui, selon moi, sont particulièrement pertinentes compte tenu des travaux du Comité, c'est-à-dire des inégalités en matière d’information et des inégalités en matière de ressources financières des ménages. Ces inégalités ont importé pendant la crise, et elles continueront d’importer au cours de la reprise économique et de la reconstruction économique éventuelle.
Un nombre trop important de Canadiens trouvent les programmes gouvernementaux déroutants, et ils le sont. Les foires aux questions et les centres d’appels ne remplacent pas les renseignements et les conseils personnalisés. Étant donné que vous êtes députés, je n’ai pas besoin de vous dire à quel point il est important que les Canadiens aient accès à un soutien local, accessible et précis pour les aider à se prévaloir des programmes gouvernementaux. Vous et les équipes de vos circonscriptions jouez un rôle crucial dans l'établissement de liens entre les gens et l'aide dont ils ont besoin, mais vous ne pouvez pas vous occuper de tout. Aucun réseau n'est en mesure de le faire. Nous devons établir un réseau de services sans but lucratif qui disposent de ressources adéquates, un réseau qui répond aux questions, résout les problèmes et défend les intérêts des clients qui ne peuvent pas le faire eux-mêmes. Comme je l’ai indiqué à vos collègues du Comité permanent des ressources humaines, j’encouragerais les membres du Comité à examiner les Citizens Advice Bureaus du Royaume-Uni ou les Financial Empowerment Centers des États-Unis pour obtenir des idées des genres de réseaux que vous pourriez établir.
Un tiers des Canadiens sont entrés dans cette crise sans disposer d'assez d'épargne liquide pour se payer un niveau de vie correspondant au seuil de la pauvreté même pendant un mois, et encore moins pour maintenir leur niveau de consommation habituelle. Quelques liquidités supplémentaires sous forme de reports hypothécaires et d'impôts leur ont probablement apporté une certaine aide, mais une partie de l'étape de la reconstruction devra consister à reconstruire les finances des ménages. J’espère que les membres du Comité travailleront avec des collègues afin de trouver de meilleurs outils pour aider les ménages à réduire leurs dettes et à se constituer un fonds d'épargne d'urgence. Des incitatifs fiscaux passifs ne fonctionneront pas par eux-mêmes, ni des mesures d’austérité. En fait, la prise de mesures d’austérité aura seulement pour effet de réduire davantage la confiance des consommateurs et la demande au sein des ménages ayant la plus grande propension marginale à consommer.
Permettez-moi de conclure en formulant quelques observations au sujet des mesures temporaires d’aide au revenu qui sont mises en œuvre pendant notre entrée dans une nouvelle phase de transition. Votre comité a sûrement déjà entendu les hauts fonctionnaires du gouvernement déclarer qu’il y a beaucoup de choses que nous ne pouvons pas faire aussi rapidement que nous le devrions, ou même du tout, en raison du fait que nos systèmes informatiques ne peuvent pas gérer rapidement des changements ou de petites exceptions aux règles générales. Bon nombre de Canadiens continueront d'avoir besoin d'une aide au revenu pendant un certain temps, car la réouverture sera progressive et inégale selon les régions, selon les secteurs et, en toute franchise, selon le sexe des travailleurs. Nous devons espérer que la subvention salariale d'urgence aura pour effet de rendre temporaire une certaine partie des mises à pied. Toutefois, je suis préoccupée par le fait que, jusqu’à maintenant, moins d’employeurs que prévu ont présenté une demande pour cette subvention, mais je suis heureuse que le gouvernement ait prolongé la période d’admissibilité à ce programme. C’était la bonne chose à faire. Nous voulons inciter les gens à travailler, mais seulement si le travail est sécuritaire.
Il faudra que la PCU soit éliminée de façon progressive et qu’elle soit rajustée en fonction des différences entre les perspectives d’emploi offertes par le marché du travail. Entretemps, les problèmes en matière de couverture et de vitesse de traitement qui ont affligé le système d’assurance-emploi au début de la crise n’ont pas été magiquement résolus. Lorsque je pense à cette prochaine étape de l’aide financière, je crains qu’il nous faille encore choisir entre des versements rapides comportant des fluctuations minimales et des versements plus lents qui sont rajustés pour tenir compte des différences entre les revenus d’emploi.
Toutefois, nous pouvons concilier la rapidité et des variations entre chaque paiement si nous faisons confiance aux Canadiens et que nous acceptons leurs déclarations et leurs attestations en mettant en œuvre des filets de sécurité robustes en matière d’examen des dossiers et de récupération des fonds, au lieu de retenir les paiements jusqu’à la réception des relevés d’emploi et des autres formes traditionnelles de vérification par un tiers. À l’avenir, nous devrions investir dans des systèmes de transmission électronique de données sur la paie ou dans un meilleur accès à des données économiques et financières transmises en temps réel. Cela réduirait le fardeau de déclaration des Canadiens, apaiserait les craintes de fraude et permettrait de mettre en œuvre des programmes publics beaucoup plus souples et adaptés à la situation.
Merci. Je suis impatiente de répondre à vos questions.
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D'abord, le gouvernement affirme que, si vous recevez des prestations supplémentaires de chômage ou PSC, vous n'y avez pas droit au titre de la PCU. Dans le cas des travailleurs de l'automobile, par exemple, j'ai 50 000 membres qui ont droit au supplément aux prestations d'assurance-emploi, y compris des employés de la fonction publique fédérale.
Permettez-moi de vous donner un exemple. En raison de la pandémie, les employés mis à pied se sont prévalus de la PCU plutôt que de s'inscrire à l'assurance-emploi. D'emblée, ils ont accepté une réduction de 73 $ par semaine. Nous comprenons que, dans le contexte de la pandémie, les gens faisaient tout ce qu'ils pouvaient. Mais comme ils ne sont plus admissibles aux PSC, des personnes comme un travailleur de la chaîne de production chez Chrysler, à Brampton, perdent 370 $ par semaine en plus des 73 $ déjà perdus. Si vous exercez un métier spécialisé, la réduction est de 520 $.
Au début, puisqu'il y avait beaucoup d'incertitude, nombre d'employeurs ont versé le supplément aux prestations d'assurance-emploi. Puis, le 8 mai dernier, le gouvernement a déclaré de but en blanc: « Absolument pas. Vous ne pouvez pas verser les PSC. » Tout à coup, des dizaines de milliers de travailleurs au pays, qui recevaient ces prestations et qui avaient déjà du mal à joindre les deux bouts, se voient en situation de trop-payé et dans l'obligation de rembourser des milliers de dollars à la fin de l'exercice. C'est tout bonnement insensé.
Personne ne peut me donner d'explication logique. On affirme qu'on ne veut pas que les employés obtiennent les PSC s'ils reçoivent déjà la PCU parce que cela pourrait inciter les employeurs à faire des mises à pied: les employés pourraient ainsi recevoir la PCU et les employeurs n'auraient plus que le supplément à payer. C'est un argument stupide et qui ne fait aucun sens. Au bout du compte, c'est le travailleur qui se fait rouler. Je représente des dizaines de milliers de membres. J'ai des travailleurs qui viennent tout juste de reprendre le travail dans le secteur automobile et qui se posent de sérieuses questions. Leur employeur leur dit: « Nous sommes prêts à payer. » Les employeurs m'appellent. Ils envoient des lettres au gouvernement pour lui dire: « Nous sommes prêts à payer. C'est quoi votre fichu problème? » Le gouvernement leur répond: « Ce n'est pas possible. »
C'est la première fois que j'ai à gérer une situation dans le contexte d'une pandémie. Nous avons des conventions collectives qui stipulent que l'employeur doit payer le supplément, et le gouvernement dit aux employeurs: « Pas de souci. Vous avez un passe-droit. »
Nous représentons les travailleurs de Marine Atlantique S.C.C., qui est une société de la Couronne. Dans la convention collective que j'ai signée avec le gouvernement fédéral, il y a des PSC. Des centaines de nos membres qui assurent les services de traversier de Sydney, en Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve ont été mis à pied et ne reçoivent pas ces prestations qui ont été négociées avec le gouvernement fédéral.
Si quelqu'un peut comprendre la moindre chose là-dedans, veuillez me l'expliquer, parce que moi, j'y perds mon latin.
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L'une des premières choses que de nombreux gouvernements provinciaux ont faites — le gouvernement Ford et le gouvernement de Jason Kenney — a été d'éliminer un grand nombre des réformes du droit du travail qui avaient été mises en œuvre, dont les congés de maladie payés. Aujourd'hui, je crois qu'ils se disent que c'était assez bête de leur part d'avoir fait cela, car il ne fait aucun doute qu'en privant nos travailleurs de congés de maladie, nous les obligeons à aller travailler alors qu'ils sont malades, ce qui, bien sûr, rend d'autres personnes malades. Je pense que la pandémie est un parfait exemple et une démonstration bien concrète de ce qui se passe quand il n'y a aucune sorte de protection législative pour permettre aux gens de prendre congé lorsqu'ils en ont besoin.
Nous parlons depuis un certain temps déjà de la « prime de courage ». Franchement, lorsque je regarde qui sont les héros de la COVID aujourd'hui, je constate que bon nombre d'entre eux sont des travailleurs qui n'obtiennent pas la reconnaissance qu'ils méritent. Je pense à nos membres qui travaillent dans les centres de soins de longue durée, les maisons de retraite et les maisons de soins infirmiers. Je pense aussi aux gens qui travaillent dans les épiceries, aux travailleurs des compagnies aériennes, aux chauffeurs de camion et aux opérateurs de véhicule de transport en commun. Je pourrais nommer tant d'autres travailleurs qui gagnent si peu. Je pense à ces gens qui travaillent au salaire minimum dans les épiceries et les établissements de soins de longue durée, et je trouve cela scandaleux.
Lorsque nous examinons la crise qui sévit dans les établissements de soins de longue durée, nous pouvons voir que les choses ont beaucoup changé à partir du moment où ils ont opté pour un modèle à but lucratif. Aujourd'hui, nous sommes à même de constater qu'il y a beaucoup plus de décès dans les établissements de soins de longue durée à but lucratif que dans les établissements de propriété publique.
Il y a bien des leçons que les gens pourront tirer de la pandémie, notamment en ce qui concerne les emplois essentiels et ceux qui sont jugés essentiels. Je m'intéresse aussi aux emplois manufacturiers qui, eux non plus, ne reçoivent pas le respect qu'ils méritent. À preuve, lorsque la pandémie a frappé, à qui le et d'autres ont-ils demandé de l'aide? Ils ont demandé à GM, à Ford, à Hiram Walkers, aux entreprises de pièces automobiles et à Bombardier, à Thunder Bay. Le fait que nous avions cette capacité de production nous a permis de réagir. C'est grâce à elle que nous avons pu fabriquer les équipements de protection individuelle dont nous avions besoin.
Je me suis déjà occupé des prestations supplémentaires de chômage, monsieur Julian. En fin de compte, je n'ai pas de réponse logique à donner, mais, monsieur le président, nous avons relayé la lettre que nous avons envoyée à la ministre et au . Vous devriez la recevoir dans les plus brefs délais, si ce n'est pas déjà le cas.
En fin de compte, nous devons changer notre façon de voir les travailleurs et la contribution qu'ils ont apportée durant cette pandémie. Les travailleurs des soins de longue durée ne doivent pas être relégués à des emplois à temps partiel; c'est à cause de cela qu'ils sont obligés de travailler dans deux ou trois foyers différents. Ils devraient avoir un emploi à temps plein et se voir accorder le respect qu'il leur faut. Dans cette pandémie, il y aurait eu beaucoup moins de décès dans les établissements de soins de longue durée et parmi les travailleurs de la santé si les travailleurs de soins de longue durée avaient effectivement eu des emplois à temps plein leur permettant de ne travailler que dans un seul établissement, et s'ils avaient eu des salaires et des avantages appropriés. Je pense que nos personnes âgées méritent beaucoup mieux que ce qu'on leur a donné.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous nos témoins.
Dans le temps limité qui m'est imparti, je vais focaliser mes questions sur Mme Robson.
Je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui et, de façon plus générale, je vous dis merci pour le travail que vous faites pour veiller à ce que le public dispose des informations dont il a besoin — et dans un langage simple, rien de moins — pour accéder à certains des programmes d'urgence qui ont été mis en place. Votre travail a été une ressource formidable pour mon équipe. Je vous remercie également d'avoir reconnu le travail des employés des bureaux de circonscription.
À mon personnel à la maison et à Ottawa, merci de tout le travail que vous avez fait. Grâce à vous, beaucoup de gens ont été nourris et logés au cours des derniers mois.
Une chose qui me rend absolument fou, c'est le fait que mon personnel de circonscription doit faire autant de travail sur les dossiers, alors qu'en fait, il s'agit de quelque chose qui devrait être fourni par la fonction publique, ou peut-être par une sorte de navigateur. Il devrait peut-être y avoir une solution de type non lucratif, comme vous l'avez recommandé.
Lorsque je compare les semaines passées aux années précédentes, une chose qui me saute aux yeux, c'est la simplicité de la conception du PCU, et de celle-là en particulier. Nous nous sommes retrouvés avec tout un groupe de personnes qui n'ont jamais eu à demander quelque aide sociale auparavant — peut-être parce qu'elles avaient un revenu de bonne tenue et qu'elles ne vivaient pas dans la pauvreté —, mais qui ont plus ou moins dû cocher « oui » et qui ont reçu de l'argent sur leur compte bancaire quelques jours plus tard.
Ces dernières années, dans mon bureau de circonscription, nous avons vu des milliers et des milliers de personnes vivant dans la pauvreté essayer de naviguer dans un réseau complexe de programmes provinciaux, fédéraux, municipaux et communautaires. Elles se débrouillent sans vraiment avoir assez pour vivre et être en bonne santé. Souvent, elles sont dans des communautés rurales où il n'y a pas de moyens de transport.
Quelles leçons pouvons-nous tirer de la simplicité de la conception ou peut-être de la conception stratégique du PCU ou d'autres programmes fédéraux? Je pense par exemple à la Prestation fiscale canadienne pour enfants que nous allons pouvoir appliquer en fin de crise pour contribuer à l'éradication définitive de la pauvreté au Canada.
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Merci beaucoup pour cette question et aussi pour les mots aimables sur le petit guide en langage simple que j'ai rédigé. Je suis heureuse qu'il ait été utile. Merci encore à vous, à votre bureau de circonscription, et à tout le personnel de circonscription de tous les membres du Comité. C'est vraiment un service méconnu, mais incroyablement important que les députés fournissent.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, je ne pense pas que les bureaux de circonscription puissent y arriver seuls. Je comprends également votre point de vue lorsque vous affirmez que ce sont les fonctionnaires qui devraient veiller à ce que la population s'y retrouve. Les fonctionnaires qui sont en fait les experts en la matière devraient faire un meilleur travail pour faciliter la navigation. Nous pouvons assurément faire une partie du travail, mais je pense qu'il faut aussi tenir compte de cet autre aspect important qui est la confiance du public. Pour certaines des populations dont vous venez de parler, il faut se poser des questions: vers qui peuvent-elles se tourner et en qui peuvent-elles avoir confiance pour les aider? Il s'agit souvent d'organismes à but non lucratif qui sont directement dans leur communauté et qui offrent une gamme de services. En fin de compte, il va falloir plusieurs points de contact, car les gens qui adhèrent aux programmes ont des vies complexes. Ils ont donc besoin de multiples points d'entrée.
Vous avez également soulevé la question de la simplicité du PCU. Pour que le programme soit possible, il a fallu le simplifier. En temps normal, le système d'assurance-emploi est habitué à traiter — et capable de traiter — environ cinq demandes à la minute. Le PCU devait quant à lui être conçu pour permettre le traitement de 1 000 demandes à la minute, ce qu'il a réussi à faire. Le programme a su miser sur l'intégration de compromis entre le volume et le traitement des petites nuances, des ajustements et des modifications.
À mesure que nous avançons, que nous songeons à amorcer une transition — et comme je l'ai dit, cette transition se produit à des moments différents, selon la communauté, selon le secteur et selon le sexe —, si nous pouvons garder les programmes aussi simples que possible, il sera plus facile pour les utilisateurs de s'y retrouver. Aussi, les administrateurs seront en mesure de les mettre en œuvre plus rapidement et d'atteindre les volumes que nous devrons maintenir au cours des prochains mois.
Je pense que c'est un principe important. Comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, pour concilier le fait que les programmes devront être intrinsèquement plus flexibles tout en étant capables de tenir compte des différences individuelles sans pour autant renoncer à leur simplicité, nous allons devoir continuer à faire confiance aux Canadiens. Au lieu de s'attendre à des fraudes à tous les coins de rue... Aujourd'hui, l'Institut C.D. Howe a publié un document qui laisse entendre que c'est peut-être la façon de concilier les deux: il faut continuer à se fier à des choses comme des attestations plutôt que d'exiger des gens qu'ils s'astreignent à de multiples démarches avant de leur donner un dollar d'aide.
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Je serai heureux de répondre à cette question. M. Cloutier pourra certainement ajouter d’autres observations, s’il le souhaite.
L’institut de recherche de notre hôpital, à l’UHN, sera l’un des bénéficiaires de ces fonds. Les 450 millions de dollars que le gouvernement fédéral a annoncés vendredi dernier visent à offrir un soutien salarial à notre personnel, qui a été touché par la COVID-19. Comme c’est le cas pour de nombreuses entreprises au Canada, la recherche non liée à la COVID a été, en grande partie, suspendue dans le monde entier.
Dans notre établissement, plus de 80 % de nos activités de recherche ont été suspendues afin que nous puissions nous préparer à la COVID-19 et modifier notre façon de dispenser les soins à l’hôpital. Du coup, nous avons perdu nos revenus en provenance de l’ensemble des commanditaires externes, des sociétés pharmaceutiques et des entreprises de biotechnologie qui financent des essais cliniques. Rien que dans notre institut, les revenus découlant des essais cliniques permettent de soutenir plus de 700 emplois.
Nous avons failli procéder à 1 500 mises à pied dans le domaine de la recherche, à l’UHN. C’était, en grande partie, parce que nous ne pouvions pas nous prévaloir du programme de subvention salariale créé par le gouvernement fédéral, et ce, essentiellement à cause d’une formalité. Il se trouve que nous faisons partie d’un hôpital public qui n’est pas admissible au financement, même si aucune de nos activités de recherche n’est financée par le gouvernement provincial ou le ministère de la Santé. Nous n’avons pas le droit d’utiliser ces fonds pour la recherche.
Bref, nous étions en quelque sorte dans une impasse, et notre seule option consistait à licencier des employés afin qu’ils puissent bénéficier de la Prestation canadienne d’urgence, ce dont il a été question ici. Toutefois, grâce au financement qui nous a été accordé à la dernière minute, nous pourrons préserver ces emplois et nous préparer à la reprise de nos activités de recherche, tout en appuyant les travaux de recherche essentiels liés à la COVID, qui se poursuivent encore de façon très active au sein de notre établissement et dans de nombreux autres établissements semblables partout au pays.
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Ce sont d’excellentes questions.
Permettez-moi d’abord de parler du transport en commun. Des mises à pied massives ont été annoncées dans certaines des grandes villes du Canada en raison de la COVID-19. Distanciation physique oblige, les autobus ne sont évidemment pas utilisés à pleine capacité. Par conséquent, les revenus ont chuté de façon spectaculaire et, dans bien des cas, aucun tarif n’est exigé.
Les chauffeurs d’autobus disent passer devant des arrêts d’autobus où se trouvent, figurez-vous, des travailleurs essentiels qui portent souvent un équipement de protection individuelle et des vêtements d’hôpital.
La réalité est toute simple: le nombre de passagers a diminué, les revenus se sont effondrés de manière considérable, et des mises à pied ont déjà été annoncées.
Vous ne pouvez pas, d’une part, dire que nous avons besoin de travailleurs essentiels — et les travailleurs du transport en commun sont essentiels — et, d’autre part, annoncer d’énormes mises à pied, notamment ici même, dans la ville de Toronto. On ne peut pas affirmer que ce sont des travailleurs essentiels et, du même souffle, procéder à leur licenciement.
L’autre l’argument, monsieur Julian, c’est que 75 % de tous les préposés aux services de soutien à la personne — tous ceux qui travaillent dans des établissements de soins de longue durée — utilisent le transport en commun. Il en va de même pour environ 75 à 80 % des travailleurs des épiceries. Pourtant, à un moment où nous avons le plus besoin du transport en commun, il y aura des mises à pied massives. Force est de constater que le gouvernement se doit d’intervenir.
Voici un exemple parfait: le secteur du transport en commun n’est pas admissible aux subventions salariales. En fait, si le réseau de transport en commun pouvait au moins bénéficier de subventions salariales, cela contribuerait grandement à compenser certains des coûts importants.
Quant au secteur des médias, M. Crawley a expliqué l’enjeu. Pour dire les choses simplement, environ 250 journaux locaux ont cessé de paraître depuis 10 ans. Au cours des dernières semaines seulement, le National Post a annoncé des fermetures importantes au Manitoba. De toute évidence, le problème, c’est que Google et Facebook ont des passe-droits depuis des années.
M. Crawley a raison. L’Australie a durci le ton, à l’instar de la France et du Royaume-Uni. D’autres pays du monde entier expriment leur ras-le-bol. Franchement, dans l’état actuel des choses, Google et Facebook volent le contenu payé et écrit par le Globe and Mail, le Star ou le National Post. Ces deux plateformes prennent ce qui est écrit dans d’autres journaux — des médias conventionnels — et le publient sans rien payer en échange. Si Google et Facebook respectaient les mêmes règles que Phillip Crawley et le Globe and Mail, la situation serait différente.
Ces plateformes ne paient pas d’impôt. Elles ont des passe-droits. Il y a forcément quelque chose qui cloche dans le système quand nous savons que l’industrie sera anéantie si nous n’agissons pas. La présence d’un secteur des médias solide est le gage d’une démocratie florissante, ce dont nous sommes très fiers au Canada. Toutefois, nous avons encore beaucoup à faire dans ce domaine.
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Je vous remercie de m'avoir invité à vous adresser la parole aujourd'hui.
Comme vous venez de l'indiquer, je suis accompagné de mon collègue Ben Gully, surintendant auxiliaire du Secteur de la réglementation au Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF).
Le BSIF est l'instance de réglementation et de surveillance prudentielles du Canada. Il contribue à la stabilité financière du pays en surveillant de près la solvabilité, la liquidité, la sûreté et la solidité des entités financières sous réglementation fédérale. Nos deux fonctions essentielles sont la réglementation, qui consiste à élaborer des règles et des lignes directrices à l'intention des institutions financières, et la surveillance, qui nous permet d'évaluer la mesure dans laquelle elles suivent les règles et de les contraindre à rectifier la situation lorsque nous décelons des dérogations. Nous réglementons et surveillons quelque 400 institutions financières — pour la plupart des banques et des sociétés d'assurance et de fiducie — et plus de 1 200 régimes de retraite privés.
[Français]
Le BSIF travaille en étroite collaboration avec ses homologues fédéraux, à savoir le ministère des Finances, la Banque du Canada, la Société d'assurance-dépôts du Canada, l'Agence de la consommation en matière financière du Canada, la Société canadienne d'hypothèques et de logement, ainsi que ses homologues provinciaux.
Il échange aussi des renseignements avec les organismes internationaux dont il fait partie, tels que le Conseil de stabilité financière, le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire et l'Association internationale des contrôleurs d'assurance.
[Traduction]
Est-il besoin de dire que la situation est exceptionnelle? La COVID-19 a provoqué des drames et de grandes perturbations; elle nous a forcés à revoir notre mode de vie, tant au travail qu'à la maison.
En ces temps sans précédent, les Canadiens peuvent avoir confiance en notre système financier parce qu'il est résilient et bien préparé. Notre rôle a toujours été de réfléchir aux mesures à prendre pour se préparer et réagir adéquatement aux événements les plus graves, qu'ils n'affectent qu'une seule institution ou le système financier à grande échelle.
Ainsi, s'il est vrai que ce que nous vivons actuellement est de toute évidence sans précédent, il faut aussi savoir que ce n'est pas d'hier que le BSIF se prépare à relever les défis auxquels le système financier est confronté aujourd'hui.
C'est en ce sens que nous avons resserré la réglementation et la surveillance des institutions financières au cours de la décennie qui a suivi la crise financière mondiale, et ce, malgré le bon rendement du système financier canadien pendant cette période. Nous avons ainsi instauré de nouvelles exigences touchant des aspects comme les normes de fonds propres, soit la capacité d'absorber des pertes importantes sans pour autant devoir interrompre ses activités; les normes de liquidité, soit la capacité d'honorer ses engagements financiers dans les délais prévus, même lorsque les marchés des capitaux sont tendus; et la résilience opérationnelle, soit la capacité de poursuivre ses activités même lors de grands bouleversements.
Non seulement le BSIF a-t-il rehaussé les normes minimales en matière de fonds propres et de liquidité, mais il a aussi exigé des banques et des sociétés d'assurance qu'elles fassent encore mieux lorsque les conditions sont normales, les amenant ainsi à constituer des réserves encore plus considérables dans lesquelles elles peuvent puiser des fonds au besoin.
Dans les circonstances actuelles, un des outils les plus précieux dont dispose le BSIF est la capacité d'établir les niveaux de fonds propres. Les fonds propres font en quelque sorte office d'autoassurance en constituant à la fois une réserve contre les pertes imprévues et un incitatif à la gestion des risques. Une institution financière bien capitalisée peut poursuivre ses activités normalement même lorsqu'elle enregistre des pertes.
La réserve pour stabilité intérieure est l'un des éléments de notre régime de fonds. Elle exige des grandes banques canadiennes qu'elles mettent des fonds additionnels de côté en période de prospérité, et leur permet d'y puiser dans des circonstances comme celles que nous vivons maintenant. Les banques sont ainsi en mesure de continuer à soutenir l'économie en période de ralentissement, et ce, même si elles sont confrontées à la possibilité que certains des prêts octroyés se transforment en pertes.
Le 13 mars, nous avons réduit le coefficient de la réserve pour stabilité intérieure de 1,25 point de pourcentage. Les grandes banques canadiennes ont ainsi vu leur capacité de prêt augmenter de plus de 300 milliards de dollars. Le BSIF garde l'économie à l'œil et serait disposé, si la situation l'exigeait, à renoncer au solde de cette réserve qui se situe désormais à 1 %.
Dans la même annonce effectuée à la mi-mars, le BSIF a donné instruction aux banques de suspendre la bonification des dividendes et le rachat d'actions afin de s'assurer que les fonds mis à leur disposition sont utilisés comme prévu.
Au début du mois d'avril, j'ai publié un autre communiqué au sujet des fonds propres et des dividendes des banques dans le but d'aider les gens à mieux comprendre le régime de fonds propres canadien et les facteurs de résilience déjà intégrés au système avant que d'autres mesures ne deviennent nécessaires.
[Français]
Si les mesures que nous prenons en prévision d'un repli de l'économie ont leur importance, il faut aussi réagir à ce repli en adaptant notre surveillance des institutions financières et des régimes de retraite et en ajustant nos consignes et nos exigences réglementaires en fonction des circonstances.
[Traduction]
Depuis le début de cette pandémie, le BSIF suit de près la situation financière des banques et des sociétés d'assurance; il étudie leurs réactions et échange avec elles en permanence.
Mon collègue, M. Gully, va maintenant faire le point sur les mesures réglementaires que nous avons prises récemment.
Mais avant de lui céder la parole, je veux insister sur le fait que les Canadiens peuvent avoir la certitude que le BSIF prend toutes les mesures qui s'imposent pour s'acquitter de sa mission, c'est-à-dire protéger les déposants, les titulaires de police d'assurance, les créanciers des institutions financières et les bénéficiaires des régimes de retraite en cette période sans précédent.
C'est ici que mon intervention se termine. Mon collègue va maintenant vous dire quelques mots, puis nous répondrons à vos questions.
Comme l'indiquait le surintendant, le BSIF doit notamment être prêt à faire face aux menaces qui guettent le système financier. Nos consignes et nos attentes à l'endroit des institutions financières et des régimes de retraite privés que nous encadrons ont pour but de favoriser la résilience.
Les efforts soutenus que le BSIF investit dans l'élaboration et la révision de ses lignes directrices ont permis d'en arriver à un régime de surveillance et de réglementation qui protège efficacement les déposants, les titulaires de police d'assurance, les créanciers et les bénéficiaires des régimes de retraite privés, tout en permettant aux institutions de prendre des risques calculés et de rester concurrentielles. Dans les circonstances exceptionnelles que nous vivons, le BSIF a dû veiller, plus que jamais, à ce que ses consignes soient plausibles, cohérentes, pertinentes et adaptées aux circonstances et au contexte canadien.
Le BSIF a fait sa première annonce d'ordre réglementaire concernant la COVID-19 le 13 mars, en présence du et du gouverneur de la Banque du Canada. Dans cette annonce, il a communiqué sa décision de suspendre les exercices de consultation prévus dans le cadre de l'élaboration et de la révision de ses politiques en plus d'apporter des assouplissements réglementaires mesurés relativement aux exigences de fonds propres et de liquidité. Il s'entretient fréquemment avec les institutions financières et ses vis-à-vis du secteur de la réglementation pour revoir au besoin les axes d'intervention.
Comme l'a mentionné le surintendant, nous continuons également de collaborer avec nos vis-à-vis canadiens et internationaux. La concertation sur la scène nationale est primordiale, étant donné que chaque organisme a son propre mandat et que d'autres pouvoirs publics y sont allés de diverses mesures. La coopération internationale nous est bénéfique, car elle permet d'observer nos homologues, de diffuser le fruit de nos réflexions et de prendre des décisions qui tiennent compte du contexte international en ayant à l'esprit la résilience des institutions canadiennes. Ces contacts fréquents avec les institutions, de même que nos travaux de surveillance habituels, ont mené à la rédaction d'annonces et de lettres à l'intention des secteurs d'activité que nous encadrons. Vous les trouverez sur notre site Web. De plus, nous avons convié les analystes, le secteur financier et les administrateurs de régime de retraite à des séances d'information, notamment pour clarifier nos attentes.
Ces séances d'information et nos communications ont servi de tremplin à la production de documents de questions et réponses sur les mesures réglementaires prises récemment en réaction à la COVID-19. Nous avons publié ces documents sur notre site Web et les mettons à jour à mesure que la situation évolue et au fil de nos interventions. Le BSIF veille ainsi à ce que ses attentes soient bien comprises de tous et à lever les ambiguïtés susceptibles de donner lieu à des conjectures.
Bien qu'il reste une part d'incertitude quant aux conséquences qu'aura la pandémie sur les institutions financières, l'économie du pays et le quotidien des Canadiennes et des Canadiens, ceux-ci peuvent avoir la certitude que le BSIF met tout en œuvre pour s'acquitter de son mandat. Il poursuivra sa réflexion sur les remaniements réglementaires qui pourraient se révéler nécessaires en cette période exceptionnelle, en veillant à ce qu'ils soient plausibles, cohérents, pertinents et adaptés aux circonstances. Il continuera enfin d'énoncer publiquement ses attentes envers les institutions financières. Le surintendant et moi allons maintenant répondre à vos questions avec plaisir.
Merci.
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Nous avons dépassé le temps prévu. Je suis désolé.
Monsieur Rudin et monsieur Gully, au nom du Comité, je tiens à vous remercier sincèrement pour votre témoignage, et, par-dessus tout, je vous remercie, ainsi que votre équipe, pour le travail que vous effectuez pour vous assurer que nos institutions financières soient solides. C'est important pour les habitants de mon village, Hunter River, et c'est important pour les gens du centre-ville de Toronto. Vous avez une très grande responsabilité, et nous vous remercions pour le travail que vous accomplissez.
Je vous remercie d'avoir comparu devant le Comité aujourd'hui.
Je vais mentionner, à l'intention des membres du Comité, les témoins que nous recevrons la semaine prochaine. Nous avons besoin d'obtenir les listes des témoins de tous les partis, préférablement d'ici minuit aujourd'hui, mais nous pouvons repousser ce délai à 10 heures demain matin. Le greffier pourrait peut-être envoyer un courriel à cet effet.
Pourriez-vous réfléchir aux témoins que vous souhaitez inviter et transmettre au greffier votre liste de témoins le plus tôt possible pour que lui et son équipe puissent s'occuper de convoquer les témoins et d'organiser leur comparution?
Le mardi 26 mai, nous allons accueillir, dans un premier temps, des représentants du secteur du transport public, et, dans un deuxième temps, des témoins qui nous entretiendront de l'autosuffisance et des chaînes d'approvisionnement. Jeudi, nous recevrons, durant la première partie de la réunion, des représentants de l'industrie pétrolière et gazière et, durant la seconde partie de la réunion, le et des fonctionnaires du ministère des Finances et d'autres ministères présenteront le rapport bimensuel.
Monsieur Gagnon, pouvez-vous, immédiatement après la réunion, envoyer également un courriel concernant les sujets sur lesquels le comité de direction s'est entendu lors de sa réunion la semaine dernière?
Je vois Peter, et je sais que Pierre est à l'écoute. Nous devrions probablement essayer de tenir une réunion du comité de direction lundi.
Cela étant dit, je remercie encore une fois nos témoins et je remercie tous les membres du Comité. Nous avons obtenu beaucoup d'information cet après-midi, alors je vous remercie tous pour votre endurance.
Je tiens à remercier également les interprètes et le personnel.
La séance est levée.