:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Ce printemps, les Canadiens ont été plongés dans la plus grande crise de notre génération. Encore aujourd'hui, des gens tombent malades et sont hospitalisés et, malheureusement, trop d'entre eux meurent de la COVID-19. Les familles continuent d'être plongées dans le deuil, de perdre leur emploi ou de vivre des moments très difficiles et inquiétants.
Notre gouvernement devait agir. Notre pays devait faire face à un virus contagieux et mortel. Le comportement et les choix de chacun pouvaient protéger ou compromettre la santé de tous. Tous les Canadiens devaient prendre des mesures pour freiner la propagation du virus, mais cela impliquait des sacrifices importants.
Les gens devaient pouvoir compter sur leur gouvernement. On ne pouvait pas leur demander de rester chez eux et d'éviter d'aller travailler sans leur donner l'assurance qu'on allait les aider à payer leur loyer, leur hypothèque ou leur épicerie.
On savait que c'était mieux d'agir rapidement et de façon décisive, quitte à faire des erreurs en cours de route. Agir lentement en essayant d'éviter des erreurs à tout prix aurait été aussi mauvais que de ne rien faire du tout.
Avec la pandémie et une crise économique, le gouvernement devait faire preuve de créativité et de flexibilité. On ne pouvait pas hésiter ou se limiter aux façons de faire habituelles. Évidemment, la pandémie n'est pas terminée, mais les gestes posés par notre gouvernement ont aidé à protéger les Canadiens du pays.
Tout au long de la crise, les Canadiens ont été extraordinaires. Le Canada reprend ses activités. Notre économie se redresse, mais la situation demeure inquiétante, puisqu'on voit le début de ce qui pourrait devenir une deuxième vague. Comme la Dre Tam l'a dit plus tôt cette semaine, on doit donc demeurer vigilant.
La pandémie présente plusieurs défis pour les étudiants. La ministre a discuté de ces enjeux et de ce que notre gouvernement fait pour y remédier avec ce comité.
Nous avons mis de l'avant un plan de 9 milliards de dollars pour aider les étudiants à traverser cette période difficile. Nous avons notamment imposé un moratoire sur le remboursement des prêts étudiants, augmenté le nombre d'emplois d'été et introduit la Prestation d'urgence pour les étudiants, qui donne aux jeunes au moins 1 250 $ par mois. La Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant faisait aussi partie de ce plan. Lorsqu'on a conçu le programme, on avait trois objectifs en tête.
Premièrement, on voulait encourager les étudiants à s'impliquer dans leur communauté en temps de crise. Deuxièmement, on voulait aider les organismes à but non lucratif à remplir leur mission et à appuyer les Canadiens en difficulté. Troisièmement, on voulait offrir aux étudiants qui font du bénévolat une compensation financière en guise de reconnaissance pour leurs services.
[Traduction]
Dès le départ, nous savions que le temps pressait. Après tout, même si...
:
Dès le départ, nous savions que le temps pressait. Après tout, même le meilleur programme envisageable aurait été sans effet s'il n'avait pu être offert cet été. Nous devions mettre rapidement en contact les milliers d'étudiants qui voulaient faire du bénévolat avec les nombreux organismes communautaires qui avaient besoin d'un coup de main supplémentaire à cause de la pandémie.
Au début, nous espérions faire appel à Service jeunesse Canada. Cet organisme a été créé en 2018 pour encourager les jeunes à faire du bénévolat et à profiter des possibilités offertes à cet égard dans toutes les collectivités du pays. En développant des réseaux, en créant des partenariats avec les organismes existants et en offrant des micro-subventions, nous avions toujours espéré pouvoir élargir le programme dans les prochaines années pour faire en sorte que des milliers de jeunes puissent servir leurs milieux et leur pays, année après année.
Quand la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant a été conçue, je m'attendais à ce que Service jeunesse Canada contribue à la mise en œuvre de ce programme. Cet organisme est un élément important et de longue date de notre stratégie nationale pour les jeunes, et je savais qu'en le chargeant de la BCBE, nous accélérerions son développement. En fin de compte, la fonction publique a néanmoins conclu que la mise en œuvre de la BCBE nécessitait la mobilisation d'un partenaire à l'extérieur du gouvernement, et que ce fournisseur de services devrait être l'Organisme UNIS.
J'ai appris, pour la première fois, qu'il était proposé de confier à l'Organisme UNIS l'exécution du programme, le 8 mai, date à laquelle la BCBE devait être présentée au Cabinet en séance plénière. Jusqu'à ce jour, je n'avais jamais parlé de cet organisme avec mon personnel à propos de la BCBE. En fait, le 8 mai, je m'attendais toujours à ce qu'une mouture extra-renforcée de Service jeunesse Canada assure la prestation du programme. De mon point de vue, l'Organisme UNIS n'avait pas été mentionné.
Comme vous le savez, le 8 mai, la fonction publique avait déjà conclu que l'Organisme UNIS était la meilleure option pour offrir ce programme. Elle l'avait officiellement recommandé. Le comité du Cabinet sur le COVID-19 s'était déjà penché, le 5 mai, sur la BCBE, y compris sur la recommandation de recourir à l'Organisme UNIS. Je n'ai participé à aucune de ces étapes.
Le 8 mai, j'ai eu une séance d'information avant la réunion du Cabinet et j'ai appris, pour la première fois, qu'UNIS avait été recommandé comme partenaire et figurait à l'ordre du jour du Cabinet. J'ai demandé pourquoi le plan ne faisait pas intervenir Service jeunesse Canada et l'on m'a répondu que cet organisme n'aurait pas été en mesure d'offrir le programme à temps. C'était décevant, mais, en fin de compte, cela ne m'a pas surpris, compte tenu de ce que je savais du stade de développement de Service jeunesse Canada et des autres exigences auxquelles la fonction publique était confrontée à l'époque.
Bien entendu, le personnel chargé des politiques à mon bureau avait travaillé avec le Bureau du Conseil privé et d'autres ministères. Il savait que le recours à l'Organisme UNIS était à l'étude. Toutefois, je n'ai jamais parlé d'UNIS avec mon personnel ni de sa participation éventuelle à l'administration de ce programme avant le 8 mai. De plus, je n'ai jamais parlé de la BCBE à Craig ou à Marc Kielburger, ni à qui que ce soit au sein de l'Organisme UNIS. Je n'ai parlé à aucune de ces personnes au cours de cette période.
Comme je m'en suis rendu compte, ma chef de cabinet, Katie Telford, ne savait pas non plus, avant la séance d'information du 8 mai, qu'il était proposé de faire appel à UNIS. Ma chef de cabinet et moi-même avons pris connaissance de cet élément important de la proposition quelques heures seulement avant la réunion du Cabinet. Même s'il fallait travailler rapidement pendant la crise, ce n'est pas la façon dont les choses étaient censées se passer.
Nous avons appris que des questions approfondies avaient été posées au sujet de la proposition concernant la BCBE et l'Organisme UNIS au cours de la séance du comité sur le COVID-19, quelques jours plus tôt. Nous avons tous les deux estimé que nous avions besoin de plus de temps avant que ce dossier ne soit soumis au Cabinet, de plus de temps pour examiner et comprendre les raisons qui sous-tendaient la proposition de confier la gestion du programme à UNIS. Nous avions plusieurs questions à ce sujet auxquelles nous voulions obtenir des réponses, surtout compte tenu de mon expertise dans le domaine de la jeunesse.
Pendant la pandémie, le gouvernement a travaillé très fort et très rapidement. C'est encore le cas. Il n'était pas rare que je sois informé de quelque chose peu de temps avant la réunion du Cabinet. Cependant, dans ce cas-ci, compte tenu de l'ampleur du programme, des questions qui avaient été soulevées et de mon propre engagement envers les jeunes, nous avions besoin de plus de temps. De plus, nous savions tous deux que l'Organisme UNIS était connu pour avoir des liens avec des membres de notre gouvernement, dont moi, puisque j'avais pris la parole à ses événements dans le passé. Nous savions que la sélection de cette organisation serait examinée à la loupe. Nous voulions nous assurer que le processus suivi et la décision prise étaient les meilleurs dans les circonstances, et j'ai donc décidé de retirer la proposition concernant la BCBE de l'ordre du jour du Cabinet pour le 8 mai afin que nous puissions examiner cela de plus près.
Ce ne fut pas une décision facile. Nous savions qu'il y avait urgence. À la fin d'avril, de nombreux étudiants d'université avaient terminé leurs examens. La première semaine de mai était déjà passée, mais nous avons retiré cet article de l'ordre du jour afin d'être certains de faire le bon choix.
Ma principale préoccupation était de veiller à ce que la fonction publique puisse justifier pleinement sa recommandation selon laquelle, et sans l'ombre d'un doute, l'Organisme UNIS était le bon, voire le seul partenaire possible pour administrer le programme. J'ai eu une nouvelle séance d'information le 21 mai et la fonction publique m'a dit qu'elle avait fait preuve de la diligence raisonnable que nous avions demandée et qu'elle avait confiance en sa recommandation. En fait, les fonctionnaires ont dit que, si nous voulions que ce programme se concrétise, il ne pouvait être offert qu'en collaboration avec l'Organisme UNIS.
Il ne s'agissait pas de choisir entre plusieurs fournisseurs possibles. C'était entre aller de l'avant avec UNIS ou laisser tomber le programme. Au vu de l'opinion de la fonction publique, j'ai estimé que la BCBE pouvait alors être présentée au Cabinet.
Le 22 mai, la ministre Chagger a présenté le programme au Cabinet, qui l'a approuvé. Cela fait, l'étape suivante a été d'approuver le financement de la BCBE. En l'occurrence, la note d'information du personnel de mon bureau chargé des politiques recommandait d'imposer une mesure de surveillance supplémentaire pour le versement du financement approuvé. J'ai accepté cette recommandation et j'ai demandé à la ministre Chagger d'écrire au pour faire le point sur la BCBE avant que d'autres tranches de financement ne soient débloquées.
Quand le Cabinet a approuvé la BCBE, je savais bien sûr que j'avais pris la parole à divers événements de l'Organisme UNIS Je n'ai jamais été payé pour le faire. Je savais aussi que ma femme avait assumé le rôle, non rémunéré, d'ambassadrice et d'alliée de l'Organisme UNIS. Je savais qu'elle avait participé à des événements de cette organisation et que, lorsqu'elle devait voyager pour s'y rendre, UNIS payait ses dépenses. Je savais également que Sophie avait récemment lancé un balado sur le mieux-être mental en collaboration avec UNIS. Le commissaire à l'éthique avait approuvé ce rôle, y compris le fait que l'Organisme UNIS couvrait ses dépenses.
Je savais aussi que mon frère et ma mère avaient travaillé pour UNIS, ainsi que pour d'autres organismes. Cependant, je ne savais pas quelle quantité de travail ils avaient fait ni combien ils avaient été rémunérés. Je ne l'ai su qu'après le lancement public du programme.
Cela étant posé, il peut arriver que se récuser soit la bonne chose à faire même si ce n'est pas nécessaire. En l'occurrence, la relation de ma mère avec l'Organisme UNIS et les autres liens avec ma famille pouvaient amener certaines personnes à se demander si ces liens avaient joué un certain rôle dans la décision de choisir UNIS. Ce n'était évidemment pas le cas.
L'Organisme UNIS n'a reçu aucun traitement préférentiel, ni de moi, ni de personne d'autre. La fonction publique a recommandé cet organisme, et je n'ai absolument rien fait pour influencer cette recommandation. Je ne savais même pas qu'elle avait été faite avant le 8 mai, et quand j'ai appris que l'Organisme UNIS avait été recommandé, j'ai retardé les choses. Je voulais avoir la certitude que la proposition de confier à UNIS la gestion de la BCBE avait fait l'objet d'un examen rigoureux.
[Français]
Comme je l'ai dit, j'aurais dû me retirer de cette décision pour éviter toute apparence de favoritisme. Je sais que les apparences peuvent nuire à un bon programme et, bien sûr, c'est exactement ce qui est arrivé ici. C'est vraiment dommage, surtout parce que c'est un programme qui aurait pu être très important pour les étudiants et nos communautés.
[Traduction]
Pour conclure, il n'y a jamais eu de directive ni de tentative d'influence de ma part ou de la part de mon personnel pour que la fonction publique recommande l'Organisme UNIS. Amener les jeunes à faire du bénévolat a été un de mes objectifs bien avant que je ne me lance en politique, alors je regrette profondément la façon dont les choses se sont passées.
Nous sommes maintenant le 30 juillet. Notre gouvernement offre aux étudiants un programme d'aide pouvant atteindre 9 milliards de dollars. Malheureusement, il est peu probable que la bourse pour le bénévolat étudiant fasse partie du programme cet été, et c'est une chose que je regrette.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le premier ministre.
Avant de passer aux questions, au sujet de l'intervention de M. Morantz et de la pertinence, je rappelle au Comité la motion originale. Elle dit que le Comité « aux fins de son étude sur la COVID-19, tienne des audiences... afin d'examiner les dépenses engagées par le gouvernement pour attribuer le contrat à fournisseur unique de 912 millions de dollars à l'organisme Mouvement UNIS et de déterminer comment le processus d'externalisation de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant à Mouvement UNIS s'est rendu aussi loin ».
Pour revenir au point que M. Morantz a soulevé, et je pense que vous le savez, monsieur le premier ministre, étant donné la façon dont les questions fonctionnent à la Chambre des communes — j'appelle cela l'expérience COVID-19 en matière de questions —, chaque député dispose d'un certain temps. Nous allons nous en tenir aujourd'hui à six minutes pour le premier tour et à cinq minutes pour le deuxième tour, pour les questions et réponses. En pratique, s'il y a une question de huit secondes, nous nous attendons à ce que la réponse soit de huit secondes. Je vais essayer de suivre cela sur mon iPad, mais j'aurai peut-être un peu de retard de temps à autre. Il y aura sans doute des interruptions du témoin, du premier ministre, du président et probablement aussi des députés pour que nous nous en tenions à ces règles.
Pour la première série de questions, nous entendrons M. Poilievre, puis M. Fragiskatos et Mme Koutrakis, puis MM. Fortin et Angus.
Monsieur Poilievre, vous avez la parole pour six minutes.
:
Tout d'abord, je vous remercie de la question.
Évidemment, en période de pandémie, les choses s'accélèrent, et comme je l'ai dit dès le début, et tout au long de cette pandémie, dans toutes mes conférences de presse, nous avons agi rapidement pour essayer d'aider les gens le plus rapidement possible, avec le plus de souplesse possible, car nous pouvions corriger les erreurs au fur et à mesure. Il était entendu que si nous attendions que tout soit parfait avant de faire quoi que ce soit, beaucoup trop de Canadiens souffriraient et mourraient, à cause de l'urgence sanitaire. Nous devions agir rapidement.
Cela fait certainement partie du contexte, mais je ne pense pas que ce soit la raison pour laquelle je ne me suis pas récusé. Tout au long de ma carrière, je me suis beaucoup intéressé aux questions touchant les jeunes. Je suis profondément attaché à l'idée que les jeunes fassent du bénévolat et qu'ils puissent aider leurs milieux dans le cadre du travail de divers organismes à l'échelle du pays.
Cette proposition était importante pour moi, et au lieu de l'appuyer, comme certains le disent, parce qu'elle était liée d'une façon ou d'une autre à ma famille, je l'ai en fait ralentie et freinée pour m'assurer que tout était fait dans les règles, parce que je savais que cela susciterait des questions en raison des liens avec ma famille.
Ni ma mère ni mon frère n'ont profité de la création d'un programme de subventions qui visaient à amener les étudiants à faire du bénévolat dans les collectivités de tout le pays.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs les membres du Comité des finances. J’aimerais d’abord vous remercier tous de l’important travail que vous faites et de l’occasion que vous m'offrez de répondre à vos questions sur la mise en œuvre de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.
Je tiens tout d’abord à souligner que nous vivons une période hors de l'ordinaire. Depuis le jour où nous avons appris qu’un Canadien avait contracté la COVID-19 jusqu’à ce qui s'est passé pendant la période qui vous intéresse, cette pandémie, que nous combattons encore, posait un défi très particulier à notre pays.
J’ai commencé à travailler pour le premier ministre après mon congé de maternité, et ce fut tout un parcours. J’ai dirigé sa campagne à la direction du parti en 2012-2013, puis celle de 2015, et j'ai été nommée chef de Cabinet. Aussi incroyable que cela puisse paraître, mon fils vient de fêter ses neuf ans.
Certains d’entre vous savent peut-être que je m’intéresse aux données. Les données m’ont toujours aidée à évaluer ce que nous faisons bien et ce que nous devons améliorer. Ces derniers mois, tous les jours, j'ai fait face à des statistiques alarmantes, comme nous tous d'ailleurs. Il ne s’agissait pas que de chiffres: la COVID-19 a emporté des centaines de gens; des centaines de personnes ont présenté une demande de Prestation canadienne d'urgence parce qu’elles avaient perdu leur emploi; des millions de familles traversaient une période extrêmement difficile; les millions de femmes qui occupaient des emplois peu rémunérés en ont particulièrement souffert, ce qui a réduit la participation des femmes à notre économie.
Chaque jour, on nous prédisait, et l'on nous prédit encore, que si nous ne réussissions pas à ralentir la propagation du virus, la situation empirerait terriblement.
[Français]
Le travail du premier ministre consiste à venir en aide aux Canadiens dans le besoin. En tant que chef de cabinet, mon travail est de l'appuyer dans tout ce qu'il fait. Je travaille dans le monde politique depuis un bon moment maintenant, et cette pandémie représente un défi comme nul autre auparavant.
C'est aussi vraiment gratifiant pour moi d'avoir l'occasion de faire une différence dans la vie des gens. Depuis le début de la crise, nous avons annoncé une foule de mesures pour protéger la santé des Canadiens, pour aider ceux qui ont perdu leur emploi et pour préparer la relance de notre économie.
[Traduction]
Nous avons agi le plus rapidement possible, sachant aussi que nous risquions de faire des erreurs en cours de route. Les gens étaient vraiment en difficulté, alors il fallait que nous agissions rapidement. Prenons par exemple de la prestation canadienne d’urgence ou de la subvention salariale d’urgence du Canada. Nous avions déjà annoncé ces programmes quand nous nous sommes rendu compte qu’il fallait les rendre plus accessibles, plus généreux et plus simples. Cependant, il fallait à tout prix que nous les mettions en œuvre, parce que les gens avaient besoin d'aide.
Quand nous nous sommes rendu compte de la nécessité d'apporter des améliorations, nous avons fait des changements. Depuis, la subvention canadienne et la subvention salariale d'urgence ont aidé des millions de Canadiens partout au pays. De plus, en avril dernier, notre gouvernement a annoncé un plan de 9 milliards de dollars pour aider les jeunes à traverser la pandémie. Ce plan comprenait des mesures comme la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, le report des prêts étudiants et, bien sûr, la subvention pour les emplois d’été des étudiants.
Je voudrais revenir à la première discussion que nous avons menée sur un éventuel programme d’aide aux étudiants. Le 5 avril, le premier ministre et le ministre des Finances ont tenu une réunion par téléphone, comme toutes les réunions se déroulaient à l’époque. Nous avons effectué un bilan de l’ensemble de l'intervention économique que notre gouvernement menait continuellement face à la pandémie.
Ce dimanche soir, nous avons pris des décisions sur 15 points de la Subvention salariale d’urgence du Canada, et on l'a annoncée le lendemain. Elle était au centre de cette conversation téléphonique. Nous avons aussi parlé de la conception d’un programme sur les puits orphelins de l’Alberta, de la Saskatchewan et de Terre-Neuve visant à aider les travailleurs du secteur de l’énergie qui ont été particulièrement touchés par la crise.
À la fin de cette conversation, le ministre des Finances a parlé des lacunes qu’il avait relevées dans des programmes existants, comme la Prestation canadienne d'urgence. Nous savions que certaines personnes passaient encore entre les mailles du filet, comme les personnes âgées, les travailleurs saisonniers et, oui, les étudiants.
À ce moment-là, le ministère des Finances envisageait une forme d’aide financière, une augmentation du programme Emplois d’été Canada et un moratoire sur le remboursement des prêts étudiants. Nous avons aussi parlé d’utiliser Service jeunesse Canada pour encourager et soutenir les jeunes qui veulent faire du bénévolat et aider leur collectivité pendant cette pandémie. Ces propos ne constituaient qu'une très brève partie de cette longue conversation, et tous les participants s'entendaient sur le fait que nous avions beaucoup de pain sur la planche.
À peine quelques semaines plus tard, grâce au travail acharné de nombreux fonctionnaires dans tout le gouvernement, le premier ministre a annoncé un programme d’aide aux étudiants de 9 milliards de dollars qui comprenait les éléments que je viens de décrire. Le programme de subvention des emplois d’été pour étudiants représentait le dixième de ce montant.
[Français]
Quand je repense à la période dont il est question, c'est à la fin d'avril que la fonction publique nous a communiqué, dans une note de breffage, la possibilité d'avoir recours à un organisme externe afin de mettre en œuvre le programme de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Des questions avaient été soulevées concernant la capacité du gouvernement à mettre en œuvre un tel programme et concernant la question de savoir si nous pouvions verser directement aux étudiants une compensation financière.
Toutefois, c'est seulement le 8 mai que j'ai vu pour la première fois avec le premier ministre la proposition de la selon laquelle l'organisme UNIS allait mettre en œuvre le programme. La recommandation formulée par la fonction publique avait été examinée et approuvée par le Comité spécial du Cabinet le 5 mai, et nous l'avons vue pour la première fois quelques instants avant la rencontre du Cabinet du 8 mai, au cours de laquelle la recommandation devait être ratifiée.
Comme le premier ministre l'a dit dans sa déclaration, nous avions tous les deux des préoccupations. C'est donc pourquoi, le 8 mai, nous avons retiré la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant de l'ordre du jour de la réunion du Comité. Le premier ministre, dont l'engagement auprès des jeunes précède son entrée en politique, et moi-même avions des questions. Nous voulions plus d'informations concernant l'efficacité d'un tel programme et l'emploi d'un organisme externe pour le mettre en œuvre. En toute honnêteté, nous nous souciions de la perception des gens. Nous travaillons dans l'arène politique et la façon dont nos décisions sont perçues est importante. Nous avons recherché l'assurance de la fonction publique qu'UNIS était bel et bien la seule organisation qui pouvait mettre en œuvre le programme et que, sans l'ombre d'un doute, UNIS était le bon partenaire pour cette initiative.
Lorsque la note de financement a été approuvée, le premier ministre a ajouté un dispositif supplémentaire, en disant que la ministre devrait écrire au président du Conseil du Trésor pour accéder à plus de financement si le programme prenait de l'expansion.
[Traduction]
Cette proposition d'aide aux étudiants venait de la fonction publique. Il ne s’agissait pas de choisir lequel de différents organismes exécuterait ce programme; il s’agissait de décider si nous allions poursuivre ce programme ou l'abandonner.
J’ajouterai que nous avions déjà reçu l’approbation de la commissaire à l’éthique pour le travail que Sophie Grégoire Trudeau effectuait pour UNIS, alors je n’y voyais aucun conflit d'intérêts.
Vous avez entendu le premier ministre affirmer qu’il regrette de ne pas s’être récusé. Je le regrette aussi. De toute évidence, les choses ne se sont pas produites comme nous l’avions prévu, comme nous les avions envisagées, et j'assume pour cela ma part de responsabilité.
Ces dernières semaines, j’ai beaucoup repensé à ce programme. J’ai réfléchi à ce que nous pourrions améliorer et à la façon dont nous pourrions appliquer à l’avenir les leçons apprises. En y repensant, je reconnais que, bien que nous ayons posé de nombreuses questions pour assurer le succès de ce programme, nous aurions pu faire mieux. Nous aurions pu en faire plus. Nous aurions pu effectuer un examen plus approfondi pour éviter toute perception de favoritisme.
Monsieur le président, je travaille avec une équipe de personnes dévouées et diligentes. Nous ne sommes pas parfaits, mais nous sommes déterminés à nous améliorer et à en faire plus et, ce qui est peut-être le plus important à l’heure actuelle, nous demeurons déterminés à servir et à soutenir le plus grand nombre de Canadiens le plus rapidement possible.
Mes parents sont des fonctionnaires à la retraite. J’ai donc le plus grand respect non seulement pour la fonction publique, mais pour les gens qui choisissent d'y faire carrière. Je profite de l’occasion pour les remercier, ainsi que mes collègues, du travail qu’ils continuent de faire dans des circonstances particulièrement difficiles. Je crois que nous nous engageons tous dans la fonction publique pour aider autrui. Eh bien, les circonstances actuelles nous présentent à tous une occasion idéale de le faire. Nous trouvions la renégociation de l’ALENA difficile? En réalité, cette pandémie, j’en suis certaine, est le défi de notre génération et de ma vie. Je considère comme un privilège de travailler pendant cette période avec cette équipe sous la direction de ce premier ministre.
Sur ce, je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Madame Telford, je vous remercie d'être ici et du travail que vous avez fait au cours des derniers mois.
Tout d'abord, monsieur le président, il aurait été bon que M. Poilievre consulte les bleus de la réunion que nous avons eue l'autre jour. Je les ai devant moi. Il a essayé de faire des liens qui, franchement, n'existent pas. Permettez-moi de citer ces bleus.
Mme Dzerowicz a posé une question à Marc Kielburger, et je vais la citer: « Il y a une autre chose que je ne comprends pas très bien. Je vois l'accord de contribution devant moi, » — on parle de l'accord de contribution, monsieur le président — « et il a été signé le 5 mai. A-t-il été signé le 5 mai, ou l'accord a-t-il commencé le 5 mai? Si vous le pouvez, expliquez-nous simplement la logistique entourant tout cela. »
Marc Kielburger a répondu ceci: « Merci d'avoir posé la question. Techniquement, l'entente a commencé le 5 mai. Nous travaillions à l'avance avec EDSC et nous avons affecté des ressources à l'élaboration du programme. Le délai d'exécution était tellement serré et, bien sûr, nous étions tellement déterminés à aider les jeunes que nous nous sommes attelés immédiatement à la tâche en assumant tous les risques et en sachant qu'au cas où l'accord ne serait pas conclu, c'était à nos propres risques sur le plan financier. Nous avons accepté ce risque parce que nous voulions vraiment apporter notre aide. »
C'est tiré directement des bleus, monsieur le président. De toute évidence, l'organisation a décidé de son propre chef d'aller de l'avant le 5 mai. Je voulais tirer cela au clair parce que, comme je l'ai dit, M. Poilievre essaie de faire des pirouettes, comme il le fait souvent.
Cela dit, j'aimerais revenir à la réunion, si vous me le permettez, madame Telford. Je parle de la réunion à laquelle les frères Kielburger ont tous deux assisté. Je vais également citer des extraits de cette réunion.
Ils ont dit dans leurs remarques liminaires... Je crois que c'était Craig Kielburger, et laissez-moi le citer:
Conformément à cette entente, UNIS aurait été remboursé seulement pour les dépenses engagées pour la mise en place et la gestion du programme. Je veux être clair, il n'y avait aucun gain financier à faire pour nous. Le programme de la BCBE n'aurait rapporté aucun gain financier à UNIS...
Il s'agit bien sûr de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.
... et il est tout à fait inexact de prétendre le contraire.
Madame Telford, cela correspond-il à votre interprétation?
:
Merci, chers collègues.
Je tiens simplement à dire, pour les Canadiens qui pourraient avoir du mal à le croire, que les fonctionnaires, les ministres et tout le monde, y compris certains d'entre nous qui participons à cette réunion, ont travaillé 20 heures par jour, sept jours par semaine, au début de la pandémie. Nous pouvons tous en témoigner.
Je ne peux pas ne pas corroborer la remarque que vous avez faite, madame Telford. Vous avez tous travaillé... Vous vous êtes tués au travail pendant cette période, mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas poser de questions.
J'ai du mal à croire que le premier ministre était... Je ne doute pas que cela se soit produit, en fait, mais je veux simplement confirmer. Jusqu'au 8 mai. Il semblait très convaincu que Service jeunesse Canada allait offrir ce programme. Il en avait fait l'annonce le 22 avril. D'après le témoignage des fonctionnaires, y compris Rachel Wernick, nous savions que l'organisme UNIS était envisagé avant l'annonce, au moins une semaine avant celle-ci, et que le 5 mai, comme nous le savons, la ministre Chagger a présenté la proposition au Comité spécial sur la pandémie de la COVID-19, faisant clairement en sorte que l'organisme de bienfaisance UNIS soit considéré comme celui devant la mener à bien.
Pouvez-vous expliquer comment cela est possible...? Est-ce que personne ne voulait avertir le premier ministre, faire éclater sa bulle pour lui dire que l'organisme qui avait sa préférence, Service jeunesse Canada, n'allait tout simplement pas être en mesure de le faire? Pourquoi personne ne lui a dit avant le 8 mai que Service jeunesse Canada n'était plus dans les plans et que l'organisme UNIS se chargerait du programme?