FAIT Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
37e LÉGISLATURE, 1re SESSION
Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mardi 16 avril 2002
¿ | 0910 |
La présidente (Mme Jean Augustine (Etobicoke--Lakeshore, Lib.)) |
M. Peter Harder (sous-ministre, ministère de l'Industrie, Comité consultatif canadien du Groupe de travail du G-8 sur les possibilités du numérique) |
¿ | 0915 |
¿ | 0920 |
La présidente |
¿ | 0925 |
¿ | 0930 |
¿ | 0935 |
La présidente |
M. Martin (Esquimalt--Juan de Fuca) |
M. Peter Harder |
M. Keith Martin |
M. Peter Harder |
La présidente |
M. Keith Martin |
¿ | 0940 |
M. Peter Harder |
La présidente |
Mme Francine Lalonde (Mercier, BQ) |
M. Richard Fuchs |
¿ | 0945 |
M. Peter Harder |
¿ | 0950 |
La présidente |
M. Sarkis Assadourian (Brampton-Centre, Lib.) |
M. Peter Harder |
M. Sarkis Assadourian |
M. Peter Harder |
M. Sarkis Assadourian |
M. Peter Harder |
M. Sarkis Assadourian |
Mr. Harder |
M. Sarkis Assadourian |
M. Richard Fuchs |
¿ | 0955 |
La présidente |
M. Richard Fuchs |
La présidente |
M. Keith Martin |
À | 1000 |
M. Richard Fuchs |
M. Peter Harder |
La présidente |
À | 1005 |
M. John Harvard (Charleswood St. James--Assiniboia, Lib.) |
M. Peter Harder |
M. John Harvard |
M. Peter Harder |
M. Richard Fuchs |
À | 1010 |
M. John Harvard |
La présidente |
M. Richard Fuchs |
La présidente |
M. Yves Rocheleau (Trois-Rivières, BQ) |
M. Richard Fuchs |
La présidente |
Mme Aileen Carroll (Barrie--Simcoe--Bradford, Lib.) |
À | 1015 |
M. Richard Fuchs |
Mme Aileen Carroll |
M. Richard Fuchs |
M. Peter Harder |
La présidente |
Mme Marlene Jennings (Notre-Dame-de-Grâce--Lachine, Lib.) |
M. Richard Fuchs |
À | 1020 |
Mme Marlene Jennings |
M. Richard Fuchs |
M. Peter Harder |
Mme Marlene Jennings |
La présidente |
M. Keith Martin |
À | 1025 |
M. Peter Harder |
M. Keith Martin |
M. Peter Harder |
M. Keith Martin |
À | 1030 |
Mr. Peter Harder |
Mr. Keith Martin |
La présidente |
Mme Francine Lalonde |
M. Peter Harder |
À | 1035 |
Mme Francine Lalonde |
M. Peter Harder |
Mme Francine Lalonde |
M. Peter Harder |
Mme Francine Lalonde |
Mme Francine Lalonde |
M. Peter Harder |
Mme Francine Lalonde |
La présidente |
M. Peter Harder |
La présidente |
CANADA
Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international |
|
l |
|
l |
|
TÉMOIGNAGES
Le mardi 16 avril 2002
[Enregistrement électronique]
¿ (0910)
[Traduction]
La présidente (Mme Jean Augustine (Etobicoke--Lakeshore, Lib.)): Bonjour. Je suis très heureuse d'être de retour au comité après avoir passé quelques jours en Afrique dans le cadre de l'étude du G-8 axée sur l'Afrique. J'espère avoir l'occasion de livrer certaines de mes impressions aux membres du comité, formellement ou informellement.
Aujourd'hui, conformément au paragraphe 198(2) du Règlement, nous poursuivons notre étude de l'ordre du jour du Sommet du G-8 2002. Nous accueillons des témoins qui nous parleront du comité consultatif canadien du Groupe d'experts du G-8 sur l'accès aux nouvelles technologies, le GEANT. Comme la trousse d'information que nous vous avons fait parvenir vous l'aura appris, le mandat du groupe d'experts du G-8, qui découle de la Charte d'Okinawa adoptée par les dirigeants du G-8 lors de leur dernier sommet à Okinawa, au Japon, vise à mettre sur pied le GEANT en vue d'adopter une approche internationale intégrée. Il s'agit d'un groupe de travail de haut niveau qui oeuvre en consultation étroite avec d'autres partenaires, et je suis sûre que nos interlocuteurs d'aujourd'hui nous en parleront.
Nous accueillons le sous-ministre du Ministère de l'Industrie, M. Peter Harder, ainsi que le directeur des technologies de l'information et des communications au service du développement du Centre de recherches pour le développement international, le CRDI, M. Richard Fuchs. En outre, M. Charles Sirois, président et chef de direction de la société Telesystem ltée, est en route, d'après ce qu'on nous dit, et il se joindra à nous dès qu'il arrivera.
Avant de demander aux témoins d'amorcer leurs déclarations liminaires, puisque c'est la première occasion qui se présente, je tiens à souhaiter officiellement la bienvenue à notre comité à Stockwell Day. Nous sommes impatients de collaborer avec vous et avec votre collègue, le Dr Martin, qui est membre du comité depuis longtemps. Cela nous permettra de faire un travail très important pour les Canadiens.
Merci et bienvenue. Nous savons pouvoir compter sur votre contribution.
Monsieur Harder, voulez-vous commencer?
M. Peter Harder (sous-ministre, ministère de l'Industrie, Comité consultatif canadien du Groupe de travail du G-8 sur les possibilités du numérique): Oui, merci, madame la présidente. Je suis très heureux d'être ici avec mon collègue. Comme vous l'avez dit, notre troisième compagnon arrivera sous peu. Il est retardé par le brouillard au départ de Montréal.
Je ne ferai pas de commentaires, mais Charles Sirois, comme vous le savez, est un pionnier du secteur des télécommunications et il a été le principal porte-parole du secteur privé pour ce qui est de sa participation au Groupe d'experts du G-8 sur l'accès aux nouvelles technologies.
Je vais m'inspirer de la trousse qui vous a été remise et lorsque j'aurai fini, je céderai la parole à Richard Fuchs, qui donnera la perspective des représentants de la société civile ainsi qu'un aperçu du travail du CRDI dans le cadre de ce groupe de travail.
Comme nous avons voulu montrer à la page 2, les technologies de l'information et des communications, les TIC, sont considérées non seulement comme un secteur clé de l'économie, mais aussi comme un instrument crucial pour permettre la réalisation d'objectifs de développement social grâce au partage de l'information et du savoir. Il est acquis que les TIC offrent d'énormes possibilités de transformer tous les aspects de la vie, y compris le commerce, l'éducation, les soins de santé et l'administration gouvernementale.
Je suis heureux de vous dire que dans notre travail, le débat ou le dilemme qui existait auparavant, à savoir s'il fallait opter pour les TIC ou pour une forme de développement traditionnel, n'a plus cours. De façon consensuelle, il est acquis qu'il faut inclure les TIC dans tous les aspects du développement et qu'elles offrent des possibilités considérables.
Permettez-moi de citer brièvement le premier ministre du Mozambique, qui a pris la parole à la Conférence de Palerme, la semaine dernière, sur le fossé numérique et le cybergouvernement. Voici ce qu'il a dit:
Le Mozambique sera connu dans un avenir proche et lointain pour avoir souscrit sans réserve à l'utilisation et à la maîtrise des technologies de l'information et des communications pour assurer le développement durable du pays. À cette fin, notre gouvernement vient tout juste d'adopter une politique nationale des TIC car nous voyons clairement que la santé est un indicateur indispensable du développement d'un pays. Dans le monde d'aujourd'hui, la capacité d'employer de façon efficace et efficiente les TIC influe de plus en plus sur le poids et la compétitivité d'un pays sur la scène économique mondiale. |
Comme vous le savez, le gouvernement du Canada a reconnu depuis un certain temps déjà à quel point il est important que les Canadiens aient accès aux technologies de l'information et des communications. Nous nous sommes donnés pour but de faire du Canada le pays le plus branché du monde et grâce à l'initiative «Un Canada branché», on dénombre ici un pourcentage des plus élevés de citoyens branchés dans le monde.
Le Canada a raccordé toutes ses écoles et ses bibliothèques à l'Internet il y a plus de deux ans, et notre programme RESCOL est maintenant connu dans le monde entier pour son approche novatrice et stimulante à l'apprentissage grâce à la technologie.
Notre Programme d'accès communautaire, le PAC, est une initiative qui a été mise sur pied en vue d'offrir aux Canadiens un système d'accès public à l'Internet abordable. Nous sommes en train de créer environ 9 200 sites d'un bout à l'autre du Canada, ce qui représente un modèle en matière d'accès communautaire à l'Internet.
[Français]
Mais malheureusement, l'accès aux incroyables possibilités offertes par les TIC est très limité pour le moment. En fait, le fossé numérique entre les pays riches et les pays pauvres s'est creusé de façon spectaculaire au cours des dernières années. L'inégalité de l'accès aux technologies produit des inégalités au niveau de la participation à l'économie et à la société réseautée, ce qui fait que beaucoup de personnes ne peuvent pas profiter des avantages qui en découlent.
¿ (0915)
[Traduction]
En fait, plus des trois quarts des internautes vivent dans les pays de l'OCDE, où l'on retrouve seulement 14 p. 100 de la population mondiale. La volonté du Canada ne mousser les perspectives numériques ne se limite pas à l'intérieur de ses frontières. Cela est devenu, surtout dernièrement, un véritable engagement mondial. Par le truchement de nombreux canaux, nous partageons notre expertise et notre expérience nationales avec d'autres pays et nous contribuons activement à l'élaboration d'un plan d'action et d'une stratégie internationale exhaustive visant à amener les pays en voie de développement à combler l'écart numérique. La collaboration multilatérale entre les gouvernements, le secteur privé, la société civile ainsi que les organisations régionales et internationales, est essentielle à la mise sur pied de cette stratégie.
Selon le mandat énoncé dans la Charte d'Okinawa sur la Société mondiale de l'information, adopté à la réunion du G-8 à Okinawa en juillet 2000, le GEANT, le Groupe d'experts du G-8 sur l'accès aux nouvelles technologies, a reçu le mandat d'identifier des moyens concrets de combler l'écart numérique qui sépare les pays industrialisés et les pays en développement et de s'assurer que ces derniers participent plus pleinement à la Société mondiale de l'information. Le GEANT comptait parmi ses membres des intervenants de tous les pays du G-8, des gouvernements de pays en développement, d'organismes sans but lucratif, du secteur privé et d'organisations internationales. C'était une première, en ce sens que pour la première fois, le G-8 lançait un exercice qui, d'entrée de jeu, incluait non seulement des représentants de gouvernements, mais aussi du secteur privé et de la société civile pour participer, sur un pied d'égalité aux travaux du GEANT.
Au dernier du Sommet du G-8, à Gênes, les dirigeants ont approuvé le rapport du GEANT ainsi qu'un plan d'action en neuf points devant amener les économies en développement à réaliser des gains durables sur le plan du développement grâce aux TIC. Le GEANT a servi de catalyseur pour ce qui est de coordonner les initiatives de développement fondé sur les TIC parmi les divers intervenants. Son travail a permis de mettre les TIC à l'avant-scène des enjeux du développement international et notamment de l'agenda international portant sur les questions Nord-Sud en général. C'est la première fois que le G-8 fait appel à un groupe d'intervenants multiples, notamment dans le domaine des TIC. Soit dit en passant, ce modèle a été subséquemment adopté par le groupe de travail de l'ONU sur les TIC créé l'automne dernier.
L'acétate 8 illustre le plan d'action du GEANT, dont la responsabilité incombe à neuf équipes de mise en oeuvre correspondant à chacun des domaines de priorité identifiés dans le plan d'action de Gênes. Des mesures détaillées sont prises par les gouvernements nationaux, la communauté internationale, le secteur privé et des organisations sans but lucratif dans des domaines comme l'accès et la connectivité, les applications et contenus locaux, l'entrepreneurship et les stratégies nationales.
Comme vous le savez, le Sommet 2002 de Kananaskis s'articulera autour de trois thèmes principaux: renforcer la croissance économique mondiale; créer un nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique: le plan d'action du G-8 pour le développement de l'Afrique; et lutter contre le terrorisme. En outre, les dirigeants examineront les progrès réalisés depuis leur dernière rencontre dans trois domaines liés à la réduction de la pauvreté dans le monde et aux objectifs de développement du millénaire de l'ONU: le Groupe de travail sur l'éducation pour tous; le processus de mise en oeuvre du GEANT, dont je vous parlerai; et la lutte contre la propagation du VIH/sida et des autres maladies infectieuses.
Au sommet de Gênes, les dirigeants des pays africains étaient également présents. Ils ont soumis aux dirigeants du G-8 le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, le NPDA, et c'est dans ce contexte que depuis un certain temps, nous axons particulièrement nos efforts sur l'écart numérique dans le cadre du nouveau Plan d'action pour l'Afrique. Le GEANT se réunira une dernière fois à Calgary au cours de la première semaine de mai, plus précisément les 6 et 7 mai, afin de faire le point. Les principaux objectifs de la rencontre sont de finaliser le rapport du GEANT qui sera soumis aux leaders du G-8 à Kananaskis et de discuter de l'avenir du groupe de travail. Nous allons aussi mettre la dernière main aux modalités de mise en oeuvre de plusieurs initiatives du GEANT à cette occasion.
¿ (0920)
Comme vous pouvez le voir sur le tableau de l'acétate 12, le Canada est très présent dans les divers groupes de travail. De plus, il préside le travail d'ensemble du G-8 depuis un an environ. Nous assumons un rôle de chef de file à l'égard de l'équipe de mise en oeuvre 1, chargée du dossier des stratégies nationales, outre l'influence que nous exerçons de façon générale. Cette équipe, entre autres, vise à élaborer et à mettre en oeuvre un réseau international pour le cyberdéveloppement (le RIRC), qui élaborera et appuiera les stratégies nationales TIC des pays en développement et des économies émergentes. Le RIRC fournira une politique de réglementation et une expertise stratégique aux décideurs des pays en développement dans des domaines comme le commerce électronique, les télécommunications, l'Internet, la santé, l'apprentissage et le cybergouvernement.
Industrie Canada met également sur pied, de concert avec ses partenaires à l'ACDI, au CRDI, aux Affaires étrangères et au Centre canadien de gestion, ainsi qu'avec la société Télésystème et d'autres partenaires, des initiatives pour le sommet de Kananaskis. Je songe en particulier au Centre canadien de ressources sur les politiques concernant les TIC à l'institut pour la connectivité en Afrique et au fonds de démarrage pour les entrepreneurs dans le domaine des TIC, une passion pour M. Sirois.
Je terminerai en vous renvoyant simplement à la page 13 de la liasse, où vous trouverez l'adresse Internet de notre groupe. D'ailleurs, la plupart des travaux du groupe de travail sont fondés sur les communications Internet. Sur ce site, vous trouverez des renseignements supplémentaires.
Avec votre permission, je demanderais maintenant à M. Fuchs d'expliquer le rôle du CRDI, et j'espère qu'à un moment donné, Charles Sirois pourra se joindre à nous.
La présidente: Apparemment, son avion n'a pas décollé de sorte qu'il n'arrivera sans doute pas d'ici la fin de la séance.
M. Peter Harder: Nous aurions dû communiquer avec lui électroniquement.
La présidente: Monsieur Fuchs, je vous prie.
M. Richard Fuchs (directeur, technologies de l'information et de la communication au service du développement, Centre de recherches pour le développement international (CRDI), Comité consultatif canadien du Groupe de travail du G-8 sur les possibilités du numérique): Merci beaucoup. Je suis ravi d'être parmi vous ce matin.
Je prends la parole au nom de Mme Maureen O'Neil, présidente du Centre de recherches pour le développement international. Elle assume aussi les fonctions de co-présidente de la délégation canadienne du GEANT, avec Peter Harder et Charles Sirois. C'est la première fois que je comparais devant un comité permanent du Parlement, et je vous prie d'excuser ma nervosité. Je suis quand même très heureux d'être ici.
On m'a dit que je ne pouvais pas utiliser de Powerpoint, de sorte que je n'ai pas d'acétates pour vous, mais j'ai la liasse. C'est un autre jeu d'acétates. Veuillez vous assurer de l' avoir en main. Je vais les passer en revue une à une.
Pour ceux d'entre vous que ne le sauraient pas. le CRDI a été créé en 1970. Notre mission consiste à appuyer la création de compétences en recherche dans le monde en développement. La Loi sur le CRDI fait état de notre intérêt particulier pour les sciences de l'information et les réseaux dès 1970. Notre organisation a toujours été présente dans le volet information du développement depuis ses débuts, ce qui en fait un intervenant innovateur et un chef de file dans le domaine des TIC au service du développement.
Il s'agit d'une société de la Couronne fédérale dotée d'un conseil d'administration dont les membres sont nommés par le gouvernement. Notre budget de programmes et de fonctionnement s'élève à 100 millions de dollars par année environ. Nous comptons quelque 380 employés un peu partout dans le monde. Notre conseil d'administration fait rapport au ministre des Affaires étrangères et du commerce international. Nous recevons une somme qui représente un pourcentage de l'aide publique au développement à l'étranger.
L'acétate suivante présente une carte du monde. Je m'excuse si Terre-Neuve et le Labrador sont surlignés sur cette carte. Voyez-vous, je suis originaire de Terre-Neuve et c'est la carte dont je me sers constamment. D'ailleurs, si je peux me permettre d'ajouter cela, j'ai une grande expérience du brouillard.
Ces icônes et ces logos représentent les programmes du CRDI dans le domaine des technologies de l'information et des communications au service du développement. Il y a un programme appelé Acacia, sur le continent africain, qui a vu le jour en 1996. Nous étions pour ainsi dire des pionniers dans le domaine.
Peter Harder a cité les propos du premier ministre du Mozambique. J'ai assisté à une conférence à Maputo, au Mozambique, en octobre dernier. Si le premier ministre du Mozambique utilise un ordinateur et se sert du courrier électronique, c'est grâce à l'initiative Acacia mise en oeuvre par le Canada. Dans l'allocation qu'il a prononcée à cette conférence qui réunissait environ 400 personnes, le Canada est le seul pays qu'il a remercié nommément pour avoir aidé le Mozambique à comprendre l'importance des TIC pour le développement et à se les approprier. Il n'a pas précisé que cet apport était attribuable au CRDI ou à Acacia, mais peu importe, il a mentionné le Canada, et aucun autre pays.
Après des efforts étalés sur six ou sept ans au Mozambique—et nous pourrons peut-être en parler au cours de la période des questions—, ce pays, qui est parmi les plus pauvres au monde, considère maintenant les TIC comme des outils essentiels à son avenir.
Les autres programmes englobent: en Asie, le réseau Pan, Pan@Americas, une initiative annoncée au sommet des Amériques, l'Institut pour la connectivité dans les Amériques; et au haut de l'acétate, BELLANET, un service international accessible aux ONG et aux agences oeuvrant dans le développement.
Parmi les mesures que nous avons prises pour appuyer la participation du Canada au GEANT, mentionnons une consultation civile menée par le truchement de l'Internet. Voici la page d'accueil où tous les documents du GEANT avaient été insérés. Les gens pouvaient les télécharger très facilement, ce qui a donné lieu à une consultation très exhaustive d'un bout à l'autre du pays, grâce à cet outil électronique. Il y a également eu plusieurs réunions à Ottawa auxquelles ont participé les répondants à la consultation.
La prochaine acétate dresse la liste des questions évoquées par les Canadiens dans le cadre de ce processus. Je ne commenterai pas chacune d'elle, mais je précise que l'écart numérique ne s'applique pas uniquement à l'accès à l'Internet, mais à bien d'autres choses, comme les connaissances de base, l'abondabilité et la largeur de la bande.
¿ (0925)
D'après l'opinion exprimée par les Canadiens au cours de la consultation, les politiques doivent comprendre une démarche à la fois favorable aux pauvres et favorable aux marchés; les politiques doivent reposer sur des expériences communautaires réelles; les programmes bilatéraux canadiens doivent refléter la priorité de la question; le rôle des femmes dans les programmes TIC-D est crucial; les connexions entre les régions en développement au Canada et le monde en développement sont jugées nécessaires; l'établissement de liens entre les PME canadiennes et de nouvelles entreprises du monde en développement est jugé important; et, comme Peter Harder l'a mentionné, les expériences du Canada, grand pays peu peuplé, sont particulièrement pertinentes pour une bonne partie du monde en développement, particulièrement l'Afrique.
Avec la prochaine acétate, je veux illustrer le fait que les technologies de l'information et des communications sont de plus en plus—devrais-je employer le terme—orthodoxes. J'oeuvre dans le domaine depuis longtemps et on m'a pris pour un hérétique plus d'une fois lorsque je me faisais le champion de ces technologies. Mais de plus en plus, cette approche en matière de développement est considérée essentielle au développement socio-économique en général. Il y a le GEANT. Il y a aussi le comité de surveillance du fossé numérique du Forum économique mondial. Il y a le groupe de travail TIC de l'ONU et plus près de nous, le Sommet mondial sur la Société de l'information aura lieu à Genève, en 2003,et en Tunisie, en 2005.
Si je vous mentionne cela, c'est simplement pour montrer que de plus en plus, l'approche canadienne—c'est-à-dire l'approche lancée par «un Canada branché»—, devient de plus en plus conventionnelle et normative dans le monde. C'est dans cette perspective que l'on conçoit son rôle dans l'économie de l'information.
Brièvement, cette acétate explique—à un niveau plutôt macro, ce dont je m'excuse—les raisons qui justifient une approche différente en Afrique, en Asie et dans les Amériques. Nous considérons généralement que l'Afrique est au stade préalable au cybermarché. D'après les plus récentes statistiques que j'ai vues au sujet des connexions Internet en Afrique—les données de l'Union internationale des télécommunications remontant à décembre 2000—, il y a 1,3 million d'utilisateurs de l'Internet en Afrique. De ce nombre, 750 000 sont en Afrique du Sud et 300 000 en Afrique du Nord. Le reste du continent ne compte donc qu'environ 250 000 utilisateurs. Ce que l'on constate dans la majeure partie de l'Afrique, c'est que même si les choses évoluent, l'usage de l'Internet est principalement le fait d'institutions étrangères et d'un très petit nombre de sociétés de prestige qui se consacrent à l'exportation.
En Afrique, notre démarche consiste à intervenir en aval et en amont du marché. Autrement dit, comme cela a été le cas au Mozambique, nous oeuvrons au niveau des processus politiques, stratégiques et industriels pour aider nos interlocuteurs à comprendre de quelle façon les TIC sont importants. Parallèlement, nous intervenons concrètement dans les communautés, dans les écoles et dans les bibliothèques en région rurale. De cette façon, à mesure que l'appareil politique se sensibilise à l'importance de cet enjeu, il est aussi à l'écoute d'une population informée capable d'exprimer son avis sur la façon dont cette politique devrait être façonnée. Nous croyons que le Mozambique est un cas spécial où cette démarche a débouché sur un succès considérable.
En Asie, les choses se présentent différemment. Nous constaterons la présence de locomotives de la technologie. Il y a d'une part Taiwan, la Corée et le Japon, mais aussi des pays dont la croissance dans ce domaine est plus faible, le Laos, le Vietnam, le Cambodge et le Sri Lanka. Nous jugeons donc valable d'adopter une approche qui favoriserait les liens entre les leaders industriels et les tigres de la technologie et les pays à plus faible croissance.
En dernier lieu,et je répète qu'il s'agit là d'une vison macro—il y a autant d'exceptions qu'il y a de règles—, nous constatons que dans les Amériques, encore là à certaines exceptions près, il y a un grand nombre de villes dotées d'une forte capacité technologique. Mais de façon générale, dans les régions rurales, l'accès est difficile.
Si j'avais pu utiliser le Powerpoint, cette acétate serait beaucoup plus belle. Je regrette qu'elle ne soit pas en couleur. On y voit un endroit appelé Nakasek, en Ouganda, où je suis allé pour la première fois en 1997. À partir de Kampala, il faut suivre la route en direction nord sur 45 kilomètres puis, un sentier sur 15 kilomètres pour enfin aboutir à cette ville-marché qui compte environ 30 000 habitants. C'est une ville extrêmement pauvre. Le fait d'aller là-bas a changé ma vie, notamment mon échelle de valeurs et la façon dont j'entends poursuivre le reste de ma carrière. C'est un endroit où la population a énormément souffert du génocide en Ouganda, à l'époque d'Idi Amin et après. Cela se voit dans la démarche des habitants et dans la façon dont ils abordent leurs activités quotidiennes. C'est un endroit des plus démunis.
Cet immeuble est un télécentre et c'est là que se trouvent maintenant les ordinateurs. Il y a une seule ligne téléphonique. Lorsque nous sommes arrivés là-bas, il n'y en avait même pas. Un homme d'affaires qui est devenu mon ami, Christopher Senono, devait marcher 16 kilomètres aller-retour pour donner un coup de téléphone en vue de commander des matériaux pour son entreprise de bois et de blocs de ciment.
Devant le télécentre il y a une pompe à eau et si vous pouviez voir l'acétate, vous verriez le soleil éclatant briller sur le bleu métallique de la pompe. Cette dernière fonctionne à l'énergie solaire et en guise d'appoint, avec un pédalier. On peut s'asseoir sur un siège de bicyclette et pédaler pour faire monter l'eau dans la pompe. Lorsque la pompe à eau est arrivée dans cette communauté, tous ont compris de quelle façon elle pourrait leur être utile. Certains en ont tiré davantage parti que d'autres, mais chaque habitant savait que cela serait avantageux. Il n'a pas été nécessaire de négocier longuement avec les habitants pour lrd convaincre que cela était important. Il en a été autrement du télécentre.
¿ (0930)
Lorsque nous nous sommes rendus pour la première fois dans cette petite ville, en 1997, aucun appel téléphonique n'y avait été fait depuis 10 ans. Les gens se servaient des lignes téléphoniques pour attacher leur plantain sur leurs bicyclettes pour aller le vendre au marché. En effet, la télédensité en Ouganda à l'époque était de sept par millier d'habitants. Autrement dit, les circonstances entourant l'implantation des technologies de l'information et des communications au service du développement sont différentes là-bas de celles que l'on retrouve dans diverses régions de notre propre pays, bien qu'il existe de nombreuses similarités.
Je le signale car le télécentre est maintenant ouvert de 8 heures du matin à 20 heures tous les jours. Il fonctionne à pleine capacité. Les infirmières de l'hôpital local s'en servent, les élèves des écoles locales aussi; les professeurs y ont recours pour préparer leurs cours et les gens d'affaires s'en servent pour une myriade de choses, notamment faire des appels téléphoniques et utiliser le courriel.
Il faut plus de temps pour faire accepter les TIC qu'une pompe à eau, mais il convient de se rappeler qu'il s'est produit exactement la même chose au Canada rural. J'insiste sur ce point car si des investissements doivent être faits dans les technologies de l'information et des communications au service du développement, ils doivent être constants. Il faut être patient. Il faut donner aux gens le temps de s'approprier ces technologies et de comprendre comment elles peuvent leur être utiles, pas nécessairement selon nos normes, mais selon ce qui fonctionnera pour eux.
En conclusion, permettez-moi de vous parler de l'une des mesures proposées issues du plan d'action 2, le GEANT sur l'accès et la connectivité. Elle à mettre sur pied un Institut pour la connectivité en Afrique qui mettrait l'accent sur l'innovation et les démonstrations TIC, les perspectives économiques régionales africaines dans le domaine des TIC, la recherche et le développement pour les TIC, ainsi que la convergence et les partenariats. Notre organisation a exprimé sa volonté de prendre ses investissements dans le programme Acacia et de les jumeler avec cette approche.
Merci beaucoup.
¿ (0935)
La présidente: Merci, monsieur Fuchs.
Nous allons maintenant passer aux questions.
Docteur Martin.
M. Keith Martin (Esquimalt--Juan de Fuca, Alliance canadienne): Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous remercie, monsieur Harder et monsieur Fuchs, de vos exposés fascinants. J'ai une ou deux questions à vous poser.
Préconisez-vous que l'on fasse un investissement sélectif dans certains groupes de l'Afrique subsaharienne, comme les représentants élus, la presse libre et l'enseignement primaire?
Deuxièmement—et vous avez fait allusion à cela—, comment assurez-vous la sécurité de votre investissement? Lorsque les gens ont si peu, comment pouvez-vous être sûr que vous ne vous ferez pas voler votre matériel?
Et ma dernière question: quels sont à votre avis les principaux obstacles à l'expansion des TIC dans l'Afrique subsaharienne?
M. Peter Harder: Permettez-moi de commencer, monsieur Martin.
En raison même de la nature de sa composition—secteur privé, société civile et gouvernement, pays industrialisés et en développement et organisations internationales—, le GEANT a tenté de faire sienne une approche la plus inclusive qui soit. Nous n'avons donc pas décidé de cibler telle ou telle strate de la société. En fait, il s'agit d'une technologie porteuse de transformation qui peut s'avérer utile pour le développement social et économique, la santé, l'éducation, etc.
Ce que font certains pays en réaction... La semaine dernière, par exemple, l'Italie a été l'hôte d'une importante conférence sur le cybergouvernement, à Palerme. À cette occasion, l'Italie a annoncé qu'elle avait ciblé cinq pays avec lesquels elle entendait collaborer pour mettre au point des stratégies électroniques de gouvernance, essentiellement de connectivité gouvernementale. On ne visait pas une couche particulière de la société, mais plutôt un certain aspect de la société. L'Italie a choisi un certain nombre de pays importants à ses yeux, et il faut espérer que ces derniers seront en mesure d'acquérir un savoir qu'ils pourront ensuite communiquer à d'autres.
La question des mesures à prendre pour garantir la sécurité des investissements a été au premier plan des discussions, notamment pour assurer la participation du secteur privé qui se dit tout à fait disposé à faire des investissements pourvu qu'il y ait un cadre réglementaire approprié, un cadre juridique approprié,qui soient attrayants pour les investisseurs. Il ne s'agit pas simplement de plaider auprès du secteur privé pour qu'il investisse. Il faut que les cadres de politiques gouvernementales soient acceptables. Voilà pourquoi nous pensons que les efforts que nous déployons pour créer un réseau électronique de ressources en matière de développement peuvent contribuer à favoriser les meilleures pratiques dans certains domaines stratégiques de la politique qui constituent des conditions préalables aux investissements du secteur privé.
Si M. Sirois était ici, il vous expliquerait quà l'échelle internationale, de concert avec d'autres chefs de file du secteur privé, il tente de constituer un fonds de démarrage. En effet, l'entreprenariat et le financement de lancement, qui sont d'une importance cruciale, sont tellement absents—certainement en Afrique en particulier—que son groupe essaie de faire des investissements favorables à l'entrepreneurship lorsque le cadre des politiques s'y prête. Il s'agit là d'une initiative du secteur privé.
M. Keith Martin: Si je peux me permettre d'ajouter une toute petite chose, est-ce que vous suggérez aux pays dans lesquels vous travaillez de mettre en application des mesures législatives visant à protéger les investissements à la fois des investisseurs locaux et des investisseurs étrangers?
M. Peter Harder: Dans le cadre juridique approprié, absolument; reste à savoir comment définir le cadre politique approprié. Il faut également tenir compte de certaines des exigences techniques en la matière de l'Union internationale des télécommunications, l'UIT. Ce que nous visons, c'est que les centres d'excellence de l'UIT dans l;e domaine technique fassent partie de ce réseau de développement électronique.
La présidente: Il vous reste encore quatre secondes, monsieur Martin.
M. Keith Martin: Je vais en profiter pour poser une courte question. J'essaie de soupeser la rentabilité relative d'un investissement dans l'éducation ou dans les soins de santé primaires par rapport à un investissement dans les TIC, et je trouve que c'est un exercice d'équilibre difficile à réaliser; comment arrive-t-on à sortir de ce dilemme?
Je vous remercie tous les deux.
¿ (0940)
M. Peter Harder: Je vais tenter de répondre et ensuite, demandez à M. Richard Fuchs d'en parler.
Ce qui a changé dans le débat depuis qu'il s'est amorcé à Okinawa il y a deux ans, c'est que maintenant, les gens qui se réunissent dans le cadre du G-8, et, de plus en plus, dans le cadre du groupe de travail sur les TIC de l'ONU, ne croient pas que nous devions faire ce genre de compromis; ils croient plutôt que les investissements dans les TIC sont un facteur de transformation et une meilleure façon de mettre en oeuvre certains des programmes traditionnels. Par exemple, vous ne pouvez parler de développement économique au Bangladesh, sans reconnaître la nécessité d'une stratégie, même élémentaire, en matière de technologie.
Je vous donne un exemple. Le programme Village Payphone consiste à mettre des téléphones sans fil à la disposition des femmes dans les villages pour leur permettre d'avoir accès à de l'information sur la météo, la santé, l'éducation; en fait, ce sera le plus grand réseau de téléphone payant sans fil au monde. Il ne s'agit donc pas d'un énorme ordinateur central, mais d'une technologie qui peut changer le cours des choses dans le contexte d'un village, en l'occurrence.
Ainsi, il ne s'agit pas de savoir comment faire ces compromis, mais plutôt comment intégrer la technologie de transformation de la bonne manière dans notre philosophie—en matière de développement économique ou social, d'éducation et de santé. C'est l'exemple que nous citons aux dirigeants politiques des pays en voie de développement et à la société civile.
La présidente: Merci.
Madame Lalonde.
Monsieur Fuch, nous allons vous céder la parole un peu plus tard.
[Français]
Mme Francine Lalonde (Mercier, BQ): Merci beaucoup. C'est très intéressant.
Je vais enchaîner sur la question à laquelle vous avez répondu. Très certainement, il y a un intérêt pour les pays riches, outre la générosité, à participer à ce développement. Il y a un intérêt certain et réel pour les pays en voie de développement aussi. C'est très certainement une question qui vous intéresse aussi, mais quand M. Fuchs nous dit qu'il y a recherche pour lier les intérêts, les politiques doivent comprendre une démarche à la fois favorable aux pauvres et favorable au marché.
J'aimerais savoir comment vous allez articuler cela. Ma crainte, parce que j'étais au Comité de l'industrie, c'est qu'on cherche surtout à avoir des budgets pour développer la technologie satellitaire, par exemple. J'aimerais avoir un peu le portrait des développements technologiques parce que, à ma connaissance, la technologie satellitaire serait celle qui serait la plus efficace là où on n'a pas les réseaux de téléphonie, mais cette technologie-là est encore déficiente, pour l'instant.
Alors, est-ce qu'on va en profiter pour investir massivement dans ces développements technologiques? Auquel cas, est-ce que cela servira seulement les compagnies des pays développés? Je me mets du point de vue de l'aide. Comment le développement économique des divers pays africains sera-t-il associé à cela? C'est ma première question.
M. Richard Fuchs: Je m'excuse, mais mon français est trop mauvais pour répondre tout en français.
[Traduction]
Excellente question, très intéressante. Nous croyons que les deux éléments doivent aller de pair. Nous pensons qu'ensemble, ils produisent une situation où tout le monde est gagnant et que ce serait une erreur que d'y renoncer.
Je vous cite l'exemple de l'Ouganda. La Commission des communications de l'Ouganda voulait créer un fonds de compensation rural. La Commission a autorisé un fournisseur sud-africain de télécommunication par cellulaire à investir dans le pays; pour chaque ligne de communication urbaine installée, le fournisseur devait payer une compensation pour l'accès rural. Notre centre a aidé la Commission des communications de l'Ouganda à faire la recherche nécessaire pour mettre ce système sur pied.
Un an et demi plus tard, le travail a été réalisé et il s'avère que la principale répercussion, comme l'a souligné un professeur de génie de l'Université de Makarere, qui a pris la parole au Wireless Vision Congress de St. John's, Terre-Neuve, en septembre dernier, c'est que les utilisateurs ruraux peuvent maintenant s'acheter des téléphones cellulaires.
Outre les affaires, quelle est la principale utilisation des téléphones cellulaires? Appeler les lignes ouvertes pour parler des événements politiques de l'heure. Tout à coup, il se produit un éveil incroyable; les gens peuvent exprimer leurs opinions à la radio grâce au téléphone cellulaire. C'est l'intégration de la technologie très moderne et peu coûteuse du téléphone cellulaire, d'une part, et, d'autre part, de la technologie très traditionnelle de la radiodiffusion.
Il s'avère également qu'il y a une corrélation intéressante entre ceux qui ont accès aux dernières technologies et ceux qui figurent parmi les plus pauvres. Les technologies les plus récentes ont une architecture évolutive et sont beaucoup moins coûteuses que les technologies plus anciennes.
Je ne peux m'empêcher de penser au premier service téléphonique du monde. Alexander Graham Bell s'est rendu chez Western Union en disant qu'il voulait créer un service téléphonique sur l'île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse. Il s'agissait d'un marché d'un rayon de trois milles et il pensait qu'il était dans l'intérêt de l'entreprise d'investir avec lui dans cette affaire. On lui a répondu que le marché était trop petit et il a alors créé lui-même le service.
Il s'agit d'une histoire vieille d'une centaine d'années qui est encore d'actualité en Afrique et dans d'autres parties du monde en développement. Les technologies à faible encombrement, le sans fil, le satellite, l'accès hertzien, le système vocal sur l'Internet—toutes ces technologies ont une pertinence dans ces pays. De fait, un des grands avantages, c'est que les investissements dans les systèmes terrestres ne nécessitent pas le genre d'appui gouvernemental comme c'est le cas dans d'autres parties du monde. On constate une intéressante convergence d'intérêts entre ceux qui possèdent les technologies les plus récentes et ceux qui ont les moyens les plus modestes.
Même si je n'aime pas le répéter, on en trouve une illustration au Mozambique. Quand j'ai rencontré le vice-recteur de l'université et un de ses collègues en janvier dernier à Ottawa, j'ai constaté que dans ce pays, on aime à se décrire, avec une sorte de fierté pernicieuse, comme le pays le plus pauvre de la planète. J'ignore si c'est exact, mais c'est de cette manière qu'ils se décrivent.
Je dois vous dire comment tout cela a commencé. Le premier ministre du Mozambique a fait ces observations parce que c'était une façon d'approcher l'élite de la société, dont l'industrie. Au même moment, on a noté une conscientisation et un intérêt au sein de la société et des milieux de l'éducation et de la santé. Au fur et à mesure que les politiques se sont développées, on s'est occupé des intérêts des divers milieux.
¿ (0945)
M. Peter Harder: J'aimerais ajouter deux choses, si vous le permettez.
Premièrement, la meilleure pratique à adopter dans un cadre de politique publique est de s'assurer de la neutralité technologique. Dans les efforts que nous investissons dans le réseau des ressources des cadres de politique, nous sommes très conscients du point que M. Fuchs vient de soulever.
Mais votre question est vraiment pertinente. L'une des préoccupations que nous avions lorsque nous avons démarré ce projet, c'était comment procéder pour ne pas donner l'impression que cinq grandes entreprises mondiales de télécommunications se cachent derrière le gouvernement et la société civile pour apporter leurs solutions à ceux qui ne bénéficient pas des technologies de communication.
Il était intéressant de voir comment le groupe a travaillé, lui qui comptait des représentants du gouvernement, de la société civile et du secteur privé. Le groupe du secteur privé a travaillé en autonomie et on a pu constater une saine divergence de vues parmi les différentes entités corporatives. De leur côté, les représentants de la société civile qui désiraient la mise en place du cadre politique approprié ont assuré un équilibre subtil. Et du côté des pays en développement, il y avait non seulement des représentants du gouvernement, mais également des représentants du secteur privé. Ils insistaient pour qu'il y ait du contenu local.
Comment produire des logiciels locaux? Un des groupes d'action--le groupe trois, je crois--examine justement un projet qui s'appelle Open Knowledge, et qui vise expressément à élaborer des logiciels locaux, parce qu'en définitive, nous ne voulons pas d'une solution informatique homogène nord-américaine pour répondre aux besoins d'autres régions du monde.
Nous avons d'excellents exemples d'initiatives nouvelles en ce qui a trait aux logiciels, et j'espère que nous pourrons les faire connaître publiquement après la réunion de Calgary qui aura lieu au début de mai; nous sommes très conscients de la question que vous avez soulevée.
¿ (0950)
La présidente: Merci.
Monsieur Assadourian.
M. Sarkis Assadourian (Brampton-Centre, Lib.): Merci beaucoup. J'ai quelques courtes questions.
Premièrement, pouvez-vous me dire si la Russie est un membre en règle du G-8? Je me souviens qu'il y a quelques années, la Russie participait à certaines rencontres, mais pas à d'autres.
M. Peter Harder: Monsieur Assadourian, chaque fois qu'on utilise l'expression G-8, cela comprend la Russie. Lorsqu'on parle du G-7, cela exclut la Russie. Un sommet est à la fois G-7 et G-8.
Les ministres des finances de Russie ne participent pas aux réunions du G-8 portant sur les questions financières. L'aspect politique relève du G-8. Le travail du GEANT se fait sous les auspices du G-8. Des représentants du secteur public russe, de la société civile russe et du gouvernement russe ont participé à nos travaux.
M. Sarkis Assadourian: Ainsi, M. Poutine participera pleinement...
M. Peter Harder: Dans cette discussion, oui.
M. Sarkis Assadourian: ...à la réunion de juin à Calgary.
M. Peter Harder: Sur ces questions.
M. Sarkis Assadourian: Uniquement?
M. Peter Harder: Eh bien, sur les questions relevant du G-8.
M. Sarkis Assadourian: Très bien.
Vous avez dit que dans les pays africains, il y a 800 000 utilisateurs de l'Internet en Afrique du Sud, de 300 000 à 400 000 dans le nord du continent et très peu entre les deux.
Nous avons Radio-Canada International, par exemple, et la BBC...tous les principaux pays du G-7 ont d'autres moyens de rejoindre l'Afrique ou d'autres continents. Les gens ont besoin d'information maintenant et non dans quatre ou cinq ans. Je n'ai rien vu sur l'utilisation de la technologie—entre guillemets—pour informer les gens des résultats de cette conférence par des moyens autres que l'ordinateur. C'est mon autre question.
Dans l'exposé, il est question d'un investissement de 40 millions de dollars ici, mais on ne dit pas quand l'investissement a débuté. S'agit-il d'un nouveau programme, sommes-nous à mi-chemin ou à la fin du programme ou encore où en sommes-nous rendus à propos du financement de cet institut?
Ma dernière question s'applique non seulement à l'Afrique, mais à tous les pays du tiers-monde où nous apportons notre aide—et il s'agit d'une idée très noble de notre part à laquelle je souscris entièrement. Je crois que si nous apportons notre aide de façon générale—le continent africain servant d'exemple—plutôt que de faire des catégories ou des regroupement de pays, nous gaspillons beaucoup de temps, d'argent et d'énergie.
Je proposerais que l'on envisage la possibilité d'adopter un pays ou un groupe de pays—disons qu'à titre de membre du G-7 ou du G-8, on déciderait d'adopter quatre ou cinq pays et de se concentrer sur les questions qui touchent ces pays. Certaines questions peuvent être universelles, comme le VIH. Tout le monde aura à traiter de cette question, mais certaines préoccupations particulières à un pays donné peuvent être regroupées de sorte que l'on puisse concentrer ses efforts et obtenir un effet maximal de l'investissement. Si chacun des pays du G-7 ou du G-8 le faisait... Je pense que l'Afrique compte 45 ou 46 pays, et que la plupart d'entre eux ont besoin d'aide. Chacun pourrait choisir cinq pays, concentrer ses efforts sur ces derniers et obtenir ainsi de bien meilleurs résultats au cours des quatre ou cinq prochaines années, au lieu de se contenter d'envoyer, au hasard, de l'aide en Afrique.
Peut-être pouvez-vous me dire ce que vous en pensez.
Merci, madame la présidente.
M. Richard Fuchs: Merci beaucoup pour vos questions.
Absolument, les technologies traditionnelles ont encore de la pertinence en ce qui a trait à l'accès à l'information et nous ne demandons pas leur remplacement. En fait, elles continuent de jouer un rôle fondamental dans la façon dont les gens communiquent l'information et la reçoivent.
Les nouvelles technologies ne remplacent pas les anciennes. Elles ne font que leur ajouter de la valeur. Nous ne voulons aucunement laisser entendre qu'il faut soutenir ces investissements ou ces approches au détriment d'autres types de technologies.
La diapositive qui est là représente une proposition du groupe d'action deux du GEANT. Ce programme n'a pas encore été adopté ni appuyé.
Pour ce qui est de la troisième question, vous avez absolument raison. Nous avons appris grâce au programme Acacia que le fait de se concentrer sur un pays donne les résultats escomptés. Vous pouvez établir des relations, prendre racine, créer une assise; nous suggérons de poursuivre dans cette voie.
Ainsi, je peux dire qu'au moins dans notre programmation pour le développement de l'Afrique à l'aide des TIC, nous avons adopté exactement l'approche que vous préconisez et nous constatons que c'est la meilleure façon de procéder en raison surtout de notre petite taille. Cela ne doit pas se faire de manière exclusive, toutefois, parce que certaines mesures doivent se prendre au niveau régional. Mais il reste que l'accent est mis principalement sur un pays; on peut donc voir les résultats et il est possible de tisser avec les participants des relations durables qui s'enrichissent avec le temps.
¿ (0955)
La présidente: Peut-être puis-je poser une question qui me trotte dans la tête depuis un certain temps. Quel est le lien entre infrastructure et connectivité? Il m'a semblé la semaine dernière, lorsque j'étais dans différents pays, qu'il y avait constamment des pannes d'électricité. Je me suis demandé ce qui arrive alors des systèmes informatiques et autres équipements technologiques et comment on faisait pour faire face à ces pannes de courant constantes.
M. Richard Fuchs: Il ne fait aucune doute qu'il est très utile d'avoir de l'électricité, mais dans de nombreux endroits, l'électricité n'est disponible que par intermittence; cependant, l'investissement dans ces technologies demeure tout de même rentable. Laissez-moi vous donner un exemple.
Nous sommes dans le même village en Ouganda; il est 18 h, un vendredi soir. Les élèves sont encore en uniforme et attendent que nous allions visiter leur classe. Le professeur, debout sur un marchepied en avant de la classe, écrit au tableau noir. Aujourd'hui, on parle de longitude et de latitude. Il écrit au tableau la définition de «longitude» et de «latitude». Il n'y a pas de carte géographique dans la classe.
Dans ce cas, vous n'avez pas vraiment besoin des télécommunications. Un ordinateur qui fonctionne, même sporadiquement, sur lequel est installé le logiciel Encarta ou tout autre programme ou base de données capable de produire une carte, serait ici très utile, sans compter que le coût demeure très faible. Encore une fois, même avec un accès intermittent à l'électricité, ces technologies peuvent être utiles et avantageuses.
Quelque chose de très intéressante s'est produit. Il s'agit d'un processus très itératif observé dans de nombreuses régions du monde en développement où l'on a commencé à offrir des services d'Internet; de plus en plus de gens se précipitent maintenant pour utiliser cette technologie, créant ainsi une forte pression sur les fournisseurs de télécommunications dans certains gouvernements, forçant ces derniers à accroître leurs investissements dans les infrastructures.
La relation entre ces deux éléments ressemble à celle qui existe entre l'oeuf et la poule. Au fur et à mesure qu'augmente le nombre de personnes qui demandent des services, on constate qu'ou bien les fournisseurs ou régulateurs des services de télécommunications existants changent leur comportement et répondent à cette nouvelle demande, ou bien l'innovation s'installe et les nouvelles technologies sont adoptées.
Ainsi, le développement de la connectivité, de l'électricité, n'est pas étranger aux sortes de demandes créées par les types d'investissements sociaux dans lesquels notre organisme intervient, ce que préconise également le GEANT, si je ne m'abuse.
La présidente: Merci.
Monsieur Martin.
M. Keith Martin: Merci.
Pour reprendre votre exemple du Mozambique, monsieur Fuchs, on arrachait les fils de téléphone en cuivre parce que c'est la seule chose que les gens pouvaient vendre pour faire un peu d'argent. Ce que vous essayez de faire est pour moi une source d'espoir, et nous pouvons tous voir quels en sont les bienfaits. Mais après avoir vu l'écart énorme qui existe entre ce que nous aimerions pouvoir faire et la réalité que l'on observe sur le terrain en matière d'infrastructures, croyez-vous qu'un investissement dans le domaine des TIC est plus important, pour utiliser votre exemple, qu'un investissement pour s'assurer que les enfants ont des vêtements pour aller à l'école, que les parents ont de l'argent pour payer les frais de scolarité ou que tous disposent d'une eau propre pour éviter les maladies gastro-intestinales transmises par leur système d'approvisionnement en eau contaminé?
La seconde question s'adresse à M. Harder. Quel est l'investissement ciblé le plus efficace que le Canada puisse faire dans les TIC? À combien cet investissement devrait-il s'élever à votre avis?
Dans le tourbillon des activités entourant les TIC, y a-t-il un organisme qui assure la coordination des activités de l'ONU et du bon travail que vous faites ici au Canada et que d'autres organismes font partout ailleurs dans le monde?
À (1000)
M. Richard Fuchs: Il s'agit là de questions très intéressantes et de choix très difficiles. Je ne crois pas qu'il s'agisse de faire un choix entre les technologies de l'information et des communications et des besoins plus fondamentaux. Je crois que ces technologies contribuent à nous rendre plus efficaces et plus productifs, nous permettant ainsi de satisfaire certains de ces autres besoins fondamentaux, comme c'est le cas dans notre société et dans notre économie. Ce n'est pas tout l'un ou tout l'autre, mais évidemment il doit y avoir un équilibre. L'une des raisons pour lesquelles j'ai choisi cette dernière diapositive illustrant la pompe à eau à côté du télécentre, c'est justement pour souligner cette réalité. Les gens ont aussi besoin d'avoir de l'eau parce que l'eau est une condition essentielle à la santé humaine. Mais l'information, la connaissance, la sagesse et les communications font également partie de l'équation.
Ainsi, je ne dis pas qu'il s'agit d'un substitut à autre chose; je dis que cela fait partie intégrante de la programmation du développement.
M. Peter Harder: Je répondrai aux deux dernières parties de votre question. Premièrement, quel serait le meilleur investissement du Canada? Je ne suis pas sûr qu'il n'y en aurait qu'un seul. Nous avons accordé une grande priorité à la création du réseau international pour le cyberdéveloppement car nous estimons que si les ressources humaines et politiques adéquates sont disponibles, cela favorisera la participation du secteur privé et de la société civile, tant à l'échelle locale qu'internationale. Je pense que c'est une grande priorité.
Nous croyons également qu'il est primordial de donner un contenu local au message et qu'il est nécessaire de veiller à ce que les programmes de médecine traditionnelle et d'éducation puissent utiliser les TIC comme un processus de transformation, compte tenu des avantages que cela présente pour l'application normale de ces programmes. Je pense que le mieux n'est pas simplement que ces programmes d'aide gouvernementale contiennent ce message, mais que le secteur privé et la société civile travaillent main dans la main avec les gouvernements canadien et locaux pour adapter les TIC aux réalités locales, afin de promouvoir le développement économique et social.
Pour ce qui est de l'organisme de coordination, je vous ai dit quelles étaient les innombrables organisations internationales prêtes à discuter pour combler le fossé numérique. C'est de bon augure car cela montre que nous avions raison d'affirmer que les TIC permettent d'adopter une approche transformatrice. Ce qui est arrivé, c'est que pour donner un peu plus de cohérence internationale au projet, Kofi Annan a mis sur pied, en novembre dernier, le groupe d'experts de l'ONU sur les TIC. La méthodologie employée ressemble à celle du GEANT, en ce sens qu'on retrouve des représentants des secteurs public et privé, de la société civile et d'autres organisations internationales—comme la LIEN, des organisations onusiennes, bref, toutes sortes d'organismes s'occupant d'alphabétisation.
À ce titre, je vous informe que je suis membre de ce groupe étant donné que je fais partie du GEANT du G-8. Le Canada travaille au sein du secrétariat qui appuie ses travaux. Ce groupe n'est pas représentatif de tous les pays puisqu'il ne compte que 40 personnes en tout. Cependant, il a été créé pour conseiller Kofi Annan le mieux possible sur les régions du monde où nous devrions implanter les TIC. Cette question fera indubitablement partie des deux conférences dont a parlé M. Fuchs, qui se tiendront dans le cadre du Sommet mondial sur la société de l'information, en Suisse, en 2003 et en Tunisie, en 2005.
Je pense que vous vous rendrez compte, de plus en plus, que les questions dont nous parlons aujourd'hui feront l'objet de discussions sur le développement économique, social et international, ainsi que sur la gouvernance, la transparence—la technologie favorise grandement la transparence—et le développement communautaire.
Voilà donc où en sont les travaux. Le GEANT et la LIEN s'intéressent toujours grandement à ces questions. Nous espérons que le groupe d'experts de l'ONU chapeautera toutes les réflexions mondiales sur ce thème.
La présidente: Merci.
Monsieur Harvard.
À (1005)
M. John Harvard (Charleswood St. James--Assiniboia, Lib.): Je vous remercie beaucoup.
Monsieur Harder, je vous ai entendu parler de processus de transformation assez souvent, en voulant dire, peut-être, que les TIC provoqueront une sorte de révolution sociale et économique dans toutes les régions d'Afrique. J'imagine que ce sera pour le meilleur.
Ce que je me demande—lorsque vous parlez de la nécessité de faire des investissements, que ce soit dans les infrastructures ou ailleurs—c'est quelle garantie nous avons que ces investissements, notamment ceux faits par des intervenants étrangers—qu'ils soient publics ou privés—ne seront pas trop intéressés? Vous avez dit, dans vos remarques, et je pense que vous faisiez référence au logiciel, qu'il ne serait pas nécessairement nord-américain, mais adapté ou conçu en fonction des besoins des Africains. C'est là-dessus que porte précisément ma question. Pouvons-nous être sûrs, alors que nous allons de l'avant avec les TIC, que nous faisons vraiment cela pour les Africains et pas uniquement pour nous-mêmes?
Je ne suis pas contre le fait qu'il y ait un bénéfice mutuel, mais nous savons que dans d'autres sphères du développement économique, que ce soit dans l'agriculture ou ailleurs, certaines initiatives n'ont pas été prises pour le bien du tiers-monde, mais plutôt dans l'intérêt des pays industrialisés. Pourriez-vous me donner votre point de vue sur cette question?
M. Peter Harder: Je pense que la seule façon d'en être sûr, c'est de continuer à poser la question et d'écouter les leaders locaux—notamment les représentants gouvernementaux, ceux de la société civile et du secteur privé—et de veiller à ce que, d'une certaine manière, notre conception du cadre de politique gouvernementale fasse avancer les choses dans ce sens.
À la conférence qui s'est tenue la semaine dernière, il y avait un excellent séminaire sur la technologie et la transparence. Transparency International était l'un des participants. Le but du séminaire était de montrer comment la technologie peut conduire à une plus grande transparence dans la gestion des affaires publiques et aider à prévenir la corruption, je crois. Cela ne se fait pas tout seul—il faut que les politiques adéquates soient en place—, mais nous continuons de travailler là-dessus parce que c'est une question tout à fait légitime que nous devons nous poser constamment.
M. John Harvard: Comprenez-vous que les leaders politiques africains insistent sur ce type d'approche pour que leurs populations respectives puissent en tirer des avantages?
M. Peter Harder: Ce qui est certain, c'est que toutes les discussions que j'ai eues avec les leaders politiques et les membres du GEANT étaient bidirectionnelles. En fait, ceux qui nous ont le plus soutenus, en insistant sur la nécessité d'adopter un cadre politique adéquat, tant du point de vue juridique que de la protection des investissements, sont les pays en voie de développement eux-mêmes, parce qu'ils savent que c'est un prérequis, non seulement pour que les acteurs locaux investissent dans le développement, mais aussi pour attirer des capitaux étrangers. Cela ne peut pas se faire en comptant uniquement sur l'aide de gouvernement à gouvernement.
Voulez-vous ajouter quelque chose?
M. Richard Fuchs: Je vous remercie.
Oui, c'est une excellente question. Elle ne cherche pas seulement à savoir ce que nous faisons, mais aussi comment nous le faisons. Wayne Gretzky a dit un jour qu'il fallait anticiper en essayant de deviner où la rondelle est censée atterrir. Cela ne sert à rien de chercher des débouchés dans le monde, particulièrement en Afrique, pour offrir des technologies et des services en fin de cycle de vie en Amérique du Nord et en Europe. Cela ne mène nulle part.
Si nous pouvons les aider à imaginer la technologie du futur et à déterminer quelles sont les technologies qui leur conviennent le mieux, nous contribuerons à ce que les choix faits soient adaptés à l'avenir économique de ces pays et non axés sur notre passé économique.
À (1010)
M. John Harvard: J'aimerais ajouter quelque chose sur ce point, madame la présidente.
En Amérique du Nord et en Europe occidentale, nous connaissons le téléphone et l'électricité depuis des décennies et maintenant, après une succession d'événements, nous commençons à profiter d'Internet. Dans certaines régions du tiers monde, tout est arrivé précipitamment. Comment corriger la situation?
La présidente: Monsieur Fuchs.
M. Richard Fuchs: Il arrive parfois que notre mémoire des faits récents nous fasse défaut. L'Internet a été développé en Amérique du Nord à la fin des années 1960. Il a vu le jour dans les universités et a été utilisé par les gouvernements et les universités pendant près de 25 ans, avant de s'étendre au secteur des affaires, aux institutions et au grand public. Il a connu une période d'incubation d'environ un quart de siècle.
Maintenant, je crois que personne ne dit qu'il faut attendre 25 ans; mais nous devons comprendre qu'il doit y avoir une période adéquate d'incubation, de recherche, de développement et d'adaptation à ces technologies.
La présidente: Merci.
Monsieur Rocheleau.
[Français]
M. Yves Rocheleau (Trois-Rivières, BQ): Merci, madame la présidente.
J'aurais deux questions à l'intention de nos invités. La première porte sur les programmes proposés ici par l'Institut pour la connectivité en Afrique: cinq programmes qui totalisent 40 millions de dollars. Est-ce que ces 40 millions de dollars sont comptabilisés dans les 500 millions de dollars dont parle M. Chrétien, ou si c'est parallèle aux 500 millions de dollars dont on parle? C'est ma première question.
Deuxièmement, en feuilletant le catalogue des publications, à la page 17, je suis tombé par hasard sur un volume proposé qui s'intitule Les enjeux éthiques d'Internet en Afrique de l'Ouest. On dit:
Le livre montre en quoi l'Internet, tant par les contenus qu'il véhicule que par l'usage qui en est fait, engendre un bouleversement dans les modes et pratiques de communication des communautés africaines. |
Je voudrais savoir si, notamment de la part du CRDI, il y a une préoccupation quant à la bonne digestion de l'Internet, par exemple, par les communautés africaines, notamment—c'est ce qui me préoccupe—quant à la protection de la diversité culturelle face au rouleau compresseur américain dont on parle tous. Est-ce qu'il y a une préoccupation de votre part à cet effet?
[Traduction]
M. Richard Fuchs: Encore une fois, vos questions sont très pertinentes.
À propos des 40 millions de dollars dont il est question sur la diapositive; c'est une idée de l'un des membres du GEANT pour voir comment les quelque 500 millions de dollars, si j'ai bien compris—M. Harder pourra expliquer cela mieux que moi—pouvaient être dépensés. Cela ne vient pas s'ajouter à quelque chose d'autre. Cela fait partie des suggestions sur la façon de procéder émanant de l'un des groupes de travail du GEANT.
La question de l'intégrité culturelle est très importante. Par exemple, en Afrique, nous avons fait des investissements considérables pour l'élaboration du contenu dans les langues locales. Actuellement, un projet est en cours, au Cap, avec un professeur d'université qui croit—et apparemment il n'est pas le seul—que toutes les langues africaines sont essentiellement dérivées de 12 dialectes. Nous travaillons avec ce professeur pour créer un contenu éducatif dans ces 12 dialectes.
La langue et la culture locales constituent également un formidable rempart contre l'économie de l'information. Dans un sens, elles protègent les gens contre une homogénéisation excessive. Si vous pouvez contribuer au développement de produits et de services dans les langues locales, les principaux bénéficiaires, que ce soit en termes de services ou de débouchés, sont les populations des régions visées.
La présidente: Merci.
C'est maintenant au tour de Mme Carroll. Posez votre question, s'il vous plaît.
Mme Aileen Carroll (Barrie--Simcoe--Bradford, Lib.): Merci, madame la présidente.
Tout comme mes collègues, j'ai trouvé l'exposé extrêmement formateur et intéressant, et ne soyez pas anxieux la prochaine fois que vous viendrez.
Je penserais que la plus grande réussite aurait été que le président du Mozambique ne considère pas le Canada comme le centre de l'univers, mais plutôt Terre-Neuve et le Labrador.
J'aimerais vous demander, concernant la dernière page de votre exposé—parce que j'ai obtenu réponse à toutes mes autres questions—si vous pouvez me donner des précisions au sujet de ce que vous avez mentionné, juste à la fin, à propos du financement jumelé du CRDI au moyen du programme Acacia? Je vois 8 millions de dollars, 4, 6, 2 et tout d'un coup 20 millions de dollars. Pourriez-vous me fournir quelques explications.
À (1015)
M. Richard Fuchs: Ce que nous disons ici, c'est que notre programme Acacia—qui est maintenant dans sa deuxième phase et vient d'être approuvé par notre conseil des gouverneurs—offrirait un financement équivalent à ceux provenant du NPDA ou du GEANT. Donc, nous devrions commencer à adapter notre programme Acacia pour créer une échelle de magnitude servant à mesurer les impacts.
Mme Aileen Carroll: Excusez-moi, le CRDI dispose de ce type de financement qu'il peut?
M. Richard Fuchs: Avec le programme Acacia, nous avons un budget de 4 millions de dollars par année. En fait, il s'agit d'un total de 4,6 millions de dollars sur quatre ans.
M. Peter Harder: J'ajouterais aussi...
La présidente: Oui.
M. Peter Harder: ...que le travail qu'effectue le CRDI avec son équipe de mise en oeuvre n'est pas seulement canadien. Il y a d'autres participants, comme la Fondation Markle des États-Unis. Ce n'est pas un produit exclusif du CRDI, même si celui-ci en assure le leadership. Lorsque nous parlons d'instruments de financement potentiels, nous ne faisons pas uniquement référence au gouvernement du Canada ou à des organismes comme le CRDI, mais aussi à d'autres intervenants qui ont déjà donné de l'argent pour cette cause parce qu'ils y croient.
La présidente: Je vous remercie.
Madame Jennings.
[Français]
Mme Marlene Jennings (Notre-Dame-de-Grâce--Lachine, Lib.): Merci, madame la présidente, et merci beaucoup de vos présentations.
Je veux enchaîner sur une question que mon collègue M. Harvard a soulevée concernant la transparence et la corruption et sur la façon de s'assurer que l'argent qui est investi est réellement mis où il devrait l'être. J'ai un commentaire: même les pays du G-8 et du G-7, les pays industrialisés, ne sont pas à l'abri de la corruption. J'ai passé quelques semaines en Italie l'été passé. J'ai rencontré la famille et il y a des membres de ma famille qui sont des gens d'affaires. On m'a raconté plusieurs histoires sur l'infrastructure italienne où, au niveau du fisc, on a payé ses comptes et des officiers viennent au bureau pour demander l'argent ouvertement. Ils disent que si on ne leur donne pas l'argent, on aura des problèmes avec le fisc. Donc, c'est quelque chose qui existe toujours.
J'ai moins de préoccupations face à cela que face à la constatation qu'il existe effectivement un problème de corruption. On le sait tous. Même dans le NEPAD, les leaders, les dirigeants africains le reconnaissent. Alors, dans les investissements qu'on fait, est-ce qu'on fait une évaluation du risque? On sait, par exemple, quand on fait un investissement ici, au Canada, qu'une partie sera perdue en vertu des erreurs administratives, des employés qui tombent malades, des délais pour l'obtention des autorisations au niveau du zonage ou quelque chose comme ça. Il y a toujours une évaluation du risque, et l'investisseur, une fois que l'évaluation est faite, s'il y a 80 p. 100 de chances que 5 p. 100 de l'investissement sera perdu pour toutes sortes de raisons aléatoires, dit que c'est quand même valable, et il fait son investissement.
Dans nos investissements, est-ce qu'on fait une évaluation du risque au niveau, par exemple, de la corruption? Combien d'argent sera déversé à d'autres fins qu'aux fins du projet ou de l'investissement? Est-ce que cette évaluation est faite?
[Traduction]
M. Richard Fuchs: Oui, si je puis me permettre, la division chargée de l'évaluation des risques nous pose ces questions, à moi et à tous ceux qui sont impliqués dans la programmation, une fois par an, pour chaque programme. On nous pose cette question pour chaque grand projet, parce que cela révèle la nature du risque, ainsi que la nature des investissements et du suivi qui doit être effectué.
Cela ne veut pas dire que nous ne prenons pas de risques.
Mme Marlene Jennings: Non.
M. Richard Fuchs: Nous travaillons dans la recherche et l'innovation. Nous devons prendre des risques. Mais l'évaluation de ces risques fait partie de notre programmation intégrée.
À (1020)
[Français]
Mme Marlene Jennings: Par exemple, si le risque est élevé mais que, compte tenu de la nature de l'objectif, qui est de chercher, on détermine que ça vaut la peine, comment s'y prend-on pour arriver à déterminer cela?
Je vous donne un exemple très pratico-pratique. Je vais chez le médecin et il me dit que je suis atteinte d'une maladie qui peut causer ma mort, que si je ne subis pas un traitement X, c'est garanti que je vais mourir, mais que le traitement lui-même comporte 50 p. 100 de risques que je meurs sur la table d'opération.
[Traduction]
Si je sais déjà que j'ai 100 p. 100 de chance de mourir et que j'ai 50 p. 100 de chance de survivre à l'opération, je vais probablement choisir l'opération, sauf si j'ai 100 p. 100 de chance de mourir dans 25 ans seulement car si je meurs pendant l'opération, ce sera dès maintenant. Tous ces facteurs doivent donc être pris en considération. Quels sont les facteurs pris en considération pour déterminer si le risque est justifiable même s'il est élevé dans un cas en particulier?
M. Richard Fuchs: Entre la vie et la mort, nous choisissons toujours la vie.
La présidente: Nous pourrions demander à M. Martin de répondre à cette question.
M. Richard Fuchs: Nous ne prenons jamais de risques qui relèvent du droit financier ou de la responsabilité comptable. C'est pour nous une condition indispensable. En son absence, nous préférons nous abstenir.
Évidemment, il y a des risques. Par exemple, au Bénin, il existe un système de télécentres très efficace, le Centre Songhai. C'est un institut de recherche et un service agricole incroyable, durable et qui ne produit aucun gaz à effet de serre. C'est fascinant. Le système compte trois services, trois télécentres, où on utilise la technologie canadienne R/CAL qui envoie des signaux à une vitesse de 2 400 bits par seconde. Pour ceux qui ne savent pas très bien ce que sont les bits par seconde, je vous dirai seulement que c'est le genre de message électronique que nous avions en 1988. Mais c'est un organisme bien établi, transparent et non gouvernemental dont le chef charismatique, un Nigérien qui a étudié à l'Université de la Californie à Los Angeles, possède un doctorat en ingénierie électronique.
Donc, cette technologie de microstation terrienne n'a jamais été utilisée au Bénin et n'a jamais été utilisée par cet organisme. C'est donc une technologie qui n'a pas fait ses preuves. Il se peut que la compagnie de téléphone ne fournisse pas les services de soutien, de maintenance et de soutien technique requis pour maintenir le système en place. Donc, nous ne sommes pas absolument certains qu'il fonctionnera. Nous espérons toutefois démontrer, en réduisant le plus possible les risques, qu'il représente une solution. C'est un organisme transparent, important, de très bonne réputation et influent au Bénin. Si un organisme peut réussir à utiliser cette technologie, c'est bien cet organisme. Lorsqu'il y sera parvenu, de nombreuses portes s'ouvriront. C'est donc un risque que nous sommes prêts à prendre.
M. Peter Harder: J'aimerais que Charles Sirois soit parmi nous parce que le fonds de démarrage pour les entrepreneurs est par définition de la pure gestion de risques. De plus, les stratégies mises en place par ceux qui appuient cette initiative dans le secteur privé sont exactement le genre de stratégie qu'adopterait un bon investisseur providentiel fournissant des fonds de risque, mais ces stratégies n'offrent pas de garanti de succès.
Mme Marlene Jennings: Si vous investissez dans des fonds communs de placement canadiens, vous ne recevez aucune garantie.
J'ai une dernière question, mais elle ne s'adresse ni à M. Harder ni à M. Fuchs. M. Sirois n'a pas pu se présenter, mais s'il a préparé un mémoire, nous pourrions peut-être lui demander de transmettre ce mémoire au greffier pour que celui-ci le distribue à tous les membres du comité parce qu'il serait intéressant de connaître son opinion.
Merci beaucoup.
La présidente: Je vous remercie de votre suggestion, madame Jennings. Je crois que le greffier l'a déjà inscrit dans ses notes.
Monsieur Martin, la parole est à vous.
M. Keith Martin: Merci, madame la présidente.
Je suis tout à fait d'accord avec vous, messieurs Harder et Fuchs, à propos de l'utilisation des TIC en tant qu'outil de prévention des conflits. En ce moment, c'est un problème très concret pour certains d'entre nous au Zimbabwe, où des membres de l'opposition tentent de communiquer avec nous, mais ils n'y parviennent pas parce que les communications sont bloquées. Donc, je me demande une fois de plus s'il y aura investissement dans une certaine classe de la société.
Ma deuxième question s'adresse à monsieur Harder. Votre plan d'action en neuf points suppose clairement un certain niveau de développement dans ce pays. Je me demande si les pays avec lesquels vous traitez s'efforceront d'établir des liens avec un certain nombre d'États où votre investissement peut produire un effet à long terme ou si vous vous concentrerez sur une certaine classe de la société pour laquelle votre investissement peut produire un effet à long terme. Je sais que cette question nous ramène à ma première question, mais je me demande si vous allez mettre l'accent sur un certain nombre d'États, parce que votre investissement est relativement peu élevé compte tenu de la tâche colossale qui vous attend. Vous devrez établir des priorités.
Je me demande aussi quels sont vos partenaires privés en ce qui concerne votre plan d'action en neuf points du GEANT en Afrique subsaharienne.
À (1025)
M. Peter Harder: Je vais essayer de répondre à votre question. De par leur nature, certains projets sont accessibles à tous, et le réseau de ressources en ligne n'est pas ciblé. Plusieurs auraient préféré que nous ne mettions l'accent que sur les pays les moins avancés parce qu'ils ont des besoins spéciaux en ce qui concerne la mise en place d'une capacité de réception. Mais ce ne serait pas réaliste de croire que nos efforts seront seulement consacrés à ces pays.
Pour le programme de connectivité en Afrique, nous voulions mettre l'accent sur les pays moins avancés et y établir cette capacité. Mais, lorsque des projets sont en cours dans d'autres parties du monde en développement—par exemple, le projet de connectivité exécuté par le CRDI à l'Institute of the Americas de concert avec les pays de l'Amérique du Sud—, il existe des composantes différentes. Nous étions très conscients cependant des besoins des pays moins avancés et on nous a demandé d'y consacrer nos efforts. Le NPDA met certainement l'accent sur les PED puisque 38 des 46 PED sont en Afrique.
M. Keith Martin: J'aimerais savoir si cela est vraiment raisonnable étant donné le niveau d'infrastructure et de développement requis sur le terrain pour mettre cette technologie en place? Une des difficultés auxquelles nous devons toujours faire face lorsque nous fournissons de l'aide, comme vous le savez, c'est que les fonds que nous fournissons ne produisent pas les résultats escomptés parce qu'ils sont mal gérés, parce qu'il n'existe aucune protection, comme vous l'avez mentionné, pour les investisseurs nationaux et étrangers et parce qu'on ne peut pas former la masse critique—qui est plutôt vaste dans ce cas particulier—requise pour mettre en place le plan d'action du GEANT.
M. Peter Harder: Je ne crois pas que l'importance garantit une saine gestion publique, la règle de droit et la capacité de réception. Le Mozambique est un exemple plutôt intéressant qui a été cité plusieurs fois. Ce pays est l'un des plus pauvres d'Afrique, si ce n'est le plus pauvre, mais c'est un pays bénéficiaire qui réussit très bien parce qu'il a établi sa capacité de réception. Par conséquent, je ne crois pas que l'on puisse se fier à l'importance ni à la capacité économique; il faut plutôt se fier à la capacité d'établir un cadre convenable et de saisir les possibilités offertes par les TIC afin de transformer les approches existantes en matière de développement économique, de développement social, de transparence, etc.
M. Keith Martin: C'est ce dont je parle. L'importance n'a rien à y voir.
À (1030)
Mr. Peter Harder: Et c'est la priorité. Le NPDA repose sur un processus réciproque, sur la technique du bâton et de la carotte.
Mr. Keith Martin: D'accord. Pourvu que de l'aide soit fournie...
Me reste-t-il quelques minutes?
La présidente: Oui.
M. Keith Martin: Étant donné le comportement d'un certain nombre de membres du NPDA, particulièrement du président Mbeke de l'Afrique du Sud quant à la situation du Zimbabwe, je mets en doute l'engagement réel manifesté par ces pays à l'égard du NPDA. Cela étant dit, je vous encouragerais une fois de plus à maintenir ces exigences en place pour ces pays afin que nos investissements produisent les résultats escomptés.
Merci.
La présidente: Madame Lalonde, la parole est à vous.
[Français]
Mme Francine Lalonde: M. Harder, vous avez présenté, dans cette présentation d'Industrie Canada que je reconnais bien, le plan d'action en neuf points du GEANT. J'aimerais, pour commencer, que vous me disiez... J'ai cherché partout ce qu'était cet acronyme, mais je ne l'ai pas trouvé.
J'aimerais surtout que vous nous expliquiez ce plan que je trouve intéressant. Est-ce un plan d'action qui a de bonnes chances d'être adopté par le G-8?
J'aimerais aussi que vous nous disiez quelques mots de chacun des neufs éléments?
[Traduction]
M. Peter Harder: D'accord. Laissez-moi vous expliquer comment on en est arrivé à ces neuf points.
Mme Francine Lalonde: Mais d'abord...
M. Peter Harder: Oui, le GEANT.
Nous avons établi ce plan d'action en neuf points après Okinawa et après que nous ayons défini une vision en ce qui concerne les TIC et le développement. Le groupe était tellement déterminé qu'il a décidé de ne pas simplement présenter un rapport aux dirigeants soulignant l'importance des TIC. Il a voulu mettre en place un plan d'action avec des priorités clés. Les priorités définies dans le plan d'action en neuf points sont les priorités qui ont été établies par cet organisme international.
Ensuite, nous avons décidé de procéder nous-mêmes à la mise en oeuvre de ces priorités. Nous nous sommes réunis et nous avons identifié les éléments auxquels nous désirions participer. La Markle Foundation a choisi de consacrer ses efforts à un élément en particulier. Le CRDI, Hewlett Packard, la British One World Foundation, les gouvernements et le secteur privé ont tous identifié les éléments auxquels ils désiraient collaborer. Le Canada assumait des responsabilités de coordination globale, parce qu'il présidait le G-8. C'était mon travail.
Le travail de mise en oeuvre s'est alors effectué au sein des comités. Les membres du groupe se sont réunis plusieurs fois, la dernière fois en Italie, à la Conférence de Palerme, mais les échanges se sont principalement faits par communication électronique et virtuelle. Ils ont maintenant élaboré des propositions spécifiques pour chacun des points du plan d'action. La mise en place de certaines de ces propositions est déjà en cours parce que les fonds requis ont été fournis par l'entremise des participants, et d'autres seront présentées sous forme de plans de mise en oeuvre définis à la réunion du GEANT à Calgary.
La réunion de Calgary permettra d'établir notre fiche de rendement: nous pourrons comparer ce que nous avons réellement accompli à ce que nous avions dit que nous ferions à Gênes. J'espère que nous pourrons déterminer les progrès que nous avons faits et le travail qu'il nous reste à accomplir. Certains éléments du programme de connectivité pour l'Afrique en sont toujours au stade de développement plutôt qu'au stade de mise en oeuvre.
Après Calgary, nous ferons donc rapport aux sherpas du G-8. Ceux-ci détermineront comme ils le font habituellement si le rapport doit être directement transmis aux dirigeants ou à quel moment il sera discuté en ce qui concerne la gestion du sommet en tant que tel. J'étais présent à la conférence de la semaine dernière lorsque le premier ministre Berlusconi d'Italie s'est engagé personnellement à voir à ce que les enjeux de l'administration électronique fassent partie de la discussion. Mais cela reste à voir.
J'aimerais maintenant vous donner des renseignements sur quelques initiatives spécifiques. Je vous ai parlé plus tôt du Open Knowledge Network, qui rendra l'information locale largement accessible par l'entremise de points d'accès locaux, régionaux et internationaux. C'est littéralement le logiciel local, et il s'agit du troisième point du plan d'action. Pour sa part, la Markle Foundation a nommé un organe Mobilisation mondiale pour les possibilités numériques, maître d'oeuvre. Il fournira aux pays des ressources et des services d'experts bénévoles afin qu'ils puissent élaborer leurs propres stratégies électroniques. Il a identifié des pays spécifiques avec lesquels il travaille déjà, et il présentera son rapport à Calgary.
Donc, c'est une combinaison de travaux déjà en cours et de nouvelles initiatives qui nécessiteront un intérêt plus marqué de la part des intervenants.
Si M. Sirois était présent, il nous parlerait de son fonds de démarrage des entrepreneurs, auquel participent Accenture, Thompson Multimedia, Hewlett Packard, Toshiba, Microsoft, Siemens et, bien entendu, Télésystème. Ces sociétés sont prêtes à contribuer financièrement au fonds de démarrage, mais elles voudraient aussi que les gouvernements et d'autres organismes y versent des sommes équivalentes.
À (1035)
Il s'agit donc d'un effort combiné.
[Français]
Mme Francine Lalonde: Est-ce que la société civile participe à ce groupe?
M. Peter Harder: Oui.
Mme Francine Lalonde: Et quelle a été sa réaction?
M. Peter Harder: On verra. Jusqu'à maintenant le groupe est vraiment impliqué dans l'implementation team, mais à Calgary, il faudra que tous les groupes soient là. On va discuter de tous les projets et à la fin de la journée, on va créer un rapport pour les gouvernements.
Mme Francine Lalonde: Et ce rapport sera-t-il accessible?
M. Peter Harder: Oui, bien sûr.
Mme Francine Lalonde: Alors, s'il vous plaît, vous nous ferez parvenir la nouvelle.
M. Peter Harder: Avec plaisir.
Mme Francine Lalonde: Merci.
[Traduction]
La présidente: Je crois qu'il vaudrait mieux nous arrêter ici. Je vous remercie de vous être présentés devant nous aujourd'hui et de nous avoir fait un exposé aussi clair. Nous sommes impatients d'apporter la touche finale à nos travaux, ce qui devrait se faire en mai. Nous espérons que vous pourrez alors nous transmettre vos recommandations.
Nous vous remercions de votre exposé, messieurs Harder et Fuchs. J'espère que cette expérience vous a été utile.
Vous saluerez Maureen de notre part. Nous la connaissons tous et nous l'admirons tous beaucoup. Elle nous a rencontrés à plusieurs occasions. Vous pouvez lui dire que vous êtes un excellent représentant, et non pas un excellent remplaçant.
Monsieur Harder, nous vous souhaitons franc succès dans vos travaux.
M. Peter Harder: Nous pouvons vous envoyer notre rapport après Calgary, si vous nous le permettez.
La présidente: Nous vous en serions reconnaissants.
Merci beaucoup.
La séance est levée.