FAIT Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
37e LÉGISLATURE, 1re SESSION
Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mardi 30 avril 2002
¿ | 0905 |
Mme Patricia Blackstaff (adjointe exécutive du président, Congrès du travail du Canada) |
La présidente |
M. Ken Georgetti (président, Congrès du travail du Canada) |
¿ | 0910 |
¿ | 0915 |
¿ | 0920 |
La présidente |
M. Stockwell Day (Okanagan--Coquihalla, Alliance canadienne) |
¿ | 0925 |
La présidente |
M. Ken Georgetti |
La présidente |
M. Ken Georgetti |
¿ | 0930 |
M. Pierre Paquette (Joliette, BQ) |
M. Ken Georgetti |
¿ | 0935 |
La présidente |
M. Pierre Laliberté (économiste principal, Congrès du travail du Canada) |
La présidente |
M. Sarkis Assadourian (Brampton-Centre, Lib.) |
¿ | 0940 |
M. Steven Benedict (directeur de la section internationale, Congrès du travail du Canada) |
M. Sarkis Assadourian |
M. Steven Benedict |
La présidente |
Mme Anna Nitoslawska (administratrice du programme international, Congrès du travail du Canada) |
¿ | 0945 |
La présidente |
M. Svend Robinson (Burnaby--Douglas, NPD) |
La présidente |
M. Ken Georgetti |
M. Svend Robinson |
M. Ken Georgetti |
M. Steven Benedict |
¿ | 0950 |
M. Ken Georgetti |
Mme Patricia Blackstaff |
La présidente |
M. Keith Martin (Esquimalt—Juan de Fuca, Alliance canadienne) |
¿ | 0955 |
La présidente |
M. Steven Benedict |
Mme Anna Nitoslawska |
M. Keith Martin |
M. Ken Georgetti |
La présidente |
Mme Marlene Jennings (Notre-Dame-de-Grâce--Lachine, Lib.) |
À | 1000 |
La présidente |
Mme Marlene Jennings |
La présidente |
M. Ken Georgetti |
Mme Marlene Jennings |
M. Ken Georgetti |
M. Pierre Laliberté |
À | 1005 |
La présidente |
M. Mac Harb (Ottawa-Centre, Lib.) |
À | 1010 |
La présidente |
M. Pierre Paquette |
M. Mac Harb |
M. Pierre Paquette |
La présidente |
M. Svend Robinson |
La présidente |
M. Pierre Paquette |
La présidente |
M. Mac Harb |
La présidente |
À | 1015 |
M. Svend Robinson |
La présidente |
M. Stockwell Day |
La présidente |
M. Pierre Paquette |
La présidente |
Mme Beth Phinney |
La présidente |
À | 1020 |
Son excellence Sallama Mahmoud Shaker (ambassadrice de la République arabe d'Égypte au Canada) |
À | 1025 |
La présidente |
Son excellence M. Pierre Diouf (ambassadeur de la République du Sénégal au Canada) |
À | 1030 |
La présidente |
Son excellence Philémon Yungi Yang (haut-commisaire de la République du Cameroun au Canada) |
À | 1035 |
À | 1040 |
La présidente |
Son excellence André Jaquet (haut-commissaire de la République d'Afrique du Sud au Canada) |
À | 1045 |
À | 1050 |
La présidente |
Son excellence Berhanu Dibaba (ambassadeur de la République démocratique fédérale d'Éthiopie au Canada) |
À | 1055 |
Á | 1100 |
La présidente |
Son excellence Youcef Yousfi (ambassadeur de la République algérienne démocratique et populaire au Canada) |
Á | 1105 |
La présidente |
M. Nuradeen Aliyu (haut-commissaire adjoint pour la République fédérale du Nigéria) |
Á | 1110 |
La présidente |
M. Pierre Diouf |
La présidente |
Á | 1115 |
M. Stockwell Day |
Á | 1120 |
La présidente |
M. Pierre Diouf |
M. André Jaquet |
La présidente |
M. Yves Rocheleau (Trois-Rivières, BQ) |
Á | 1125 |
M. Pierre Diouf |
Á | 1130 |
La présidente |
M. Sarkis Assadourian |
Á | 1135 |
La présidente |
M. Sarkis Assadourian |
La présidente |
M. Philémon Yunji Yang |
La présidente |
M. Youcef Yousfi |
Á | 1140 |
La présidente |
Mme Sallama Mahmoud Shaker |
La présidente |
M. Stockwell Day |
Á | 1145 |
La présidente |
Mme Marlene Jennings |
La présidente |
M. André Jaquet |
La présidente |
M. Youcef Yousfi |
Á | 1150 |
La présidente |
M. Philémon Yunji Yang |
La présidente |
M. Yves Rocheleau |
La présidente |
Á | 1155 |
M. Pierre Diouf |
La présidente |
CANADA
Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international |
|
l |
|
l |
|
TÉMOIGNAGES
Le mardi 30 avril 2002
[Enregistrement électronique]
¿ (0905)
[Traduction]
La présidente (Mme Jean Augustine (Etobicoke—Lakeshore, Lib.)): Je déclare la séance ouverte.
Selon notre ordre du jour, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous étudions l'intégration nord-américaine et le rôle du Canada face aux nouveaux défis que pose la sécurité.
Nous accueillons aujourd'hui M. Ken Georgetti, président du Congrès du travail du Canada, accompagné de son économiste principal, M. Pierre Laliberté, et de M. Steven Benedict, directeur de la section internationale. Il y a aussi Mme Patricia Blackstock.
Mme Patricia Blackstaff (adjointe exécutive du président, Congrès du travail du Canada): Mme Blackstaff.
La présidente: Quel est votre...? Ici, on dit que vous êtes directrice des communications.
Mme Patricia Blackstaff: Je suis l'adjointe exécutive de M. Georgetti.
La présidente: Très bien. Merci. Bienvenue.
Nous allons commencer par vous donner la parole pour vos remarques d'ouverture. Vous allez pouvoir nous présenter vos collègues officiellement au cas où je n'aurais pas correctement mentionné leur titre. Vous pouvez aussi nous expliquer comment vous allez procéder.
M. Ken Georgetti (président, Congrès du travail du Canada): Oui, merci madame la présidente.
Je voudrais aussi vous présenter Anna Nitoslawska, qui travaille à notre section internationale et qui vient de revenir hier d'une tournée en Afrique.
La présidente: Bienvenue.
M. Ken Georgetti: Nous vous sommes reconnaissants de nous donner l'occasion de discuter avec vous du prochain Sommet du G-8 à Kananaskis, en juin.
Je ne vais pas vous lire le mémoire que nous avons fait distribuer. Je voudrais simplement aborder avec vous les grandes lignes de cet exposé en ajoutant quelques remarques personnelles. Nous allons aborder successivement les trois grands points de l'ordre du jour, à savoir la situation économique mondiale, la sécurité et le terrorisme, et les stratégies nécessaires pour venir en aide aux pays les moins développés, y compris le nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique.
Dans notre document, nous commençons par un aperçu de la situation économique mondiale. Comme tout le monde, nous sommes encouragés par les prévisions révisées de croissance de l'économie canadienne, mais nous croyons qu'il n'est pas encore acquis que le monde a échappé pour de bon à la récession mondiale. On voit encore des signes très inquiétants et, à notre avis, il n'y a pas lieu de se reposer sur ses lauriers. L'économie américaine, qui a été le moteur de la croissance du reste du monde depuis le milieu des années 90, émet des signaux ambivalents.
Les profits des entreprises n'ont pas commencé à remonter. Le taux d'utilisation de la capacité de l'industrie est encore plus bas qu'il ne l'a jamais été, principalement dans certains secteurs de pointe. Mais ce qui est le plus important, c'est que l'économie repose encore sur un très important endettement des entreprises et des ménages. Cela risque de nuire à la capacité de l'économie de passer aux étapes suivantes d'une reprise normale.
Il est clair que l'économie des États-Unis a réussi, pendant des années, à vivre au-dessus de ses moyens et a défié les lois de la gravité économique parce que personne ne semblait se soucier du déficit courant ou de la surévaluation persistante du dollar américain. Ces jours sont révolus.
Le déficit du commerce entre les États-Unis et le reste du monde atteindra probablement un nouveau record cette année, ce qui est de mauvais augure non seulement pour l'économie américaine mais aussi pour le Canada et le reste du globe. Malheureusement, les deux seuls autres moteurs possibles de la croissance mondiale semblent plutôt inopérants pour le moment. Le Japon vit sa quatrième récession en dix ans tandis que la Banque centrale européenne semble résolue à lutter contre une inflation inexistante, au prix d'un ralentissement de la croissance et d'une augmentation du chômage. Le reste du monde semble, à quelques exceptions près, être voué à avoir de bas taux de croissance à cause des conditions économiques déprimées des trois grands centres économiques.
Il n'est pas vraiment paradoxal que ce soit les pays les moins intégrés à l'économie mondiale, la Chine, l'Inde et la Russie, qui aient eu la croissance la plus forte l'année dernière. Il est donc de la plus haute importance que le Sommet du G-8 traite des conditions dans lesquelles la croissance se poursuivra dans l'avenir prévisible.
Nous devons de toute urgence trouver des stratégies qui nous permettront, ainsi que le reste du monde, de réduire notre dépendance à l'égard des importations des États-Unis. Cette recherche doit notamment se dérouler sur le plan international. C'est là que le G-8 peut jouer un rôle important en encourageant une meilleure conjugaison des efforts concourant à une reflation mondiale.
Cela consisterait principalement à relancer les économies nationales, c'est-à-dire à encourager l'adoption de politiques budgétaires et monétaires ne freinant pas la croissance et visant le plein emploi et l'utilisation de la pleine capacité de production plutôt que la réduction de l'inflation. Autrement dit, en l'absence d'un moteur économique mondial de remplacement, il se peut fort bien que toutes les économies doivent compter sur leur propre petit moteur pour aller de l'avant.
¿ (0910)
Il est essentiel pour cette stratégie de donner aux pays en développement la marge de manoeuvre dont ils ont besoin pour définir leur propre progression vers le développement. Il importe aussi d'adopter des politiques destinées à réduire l'instabilité du système financier mondial. Comme les crises des huit dernières années l'ont illustré, ce système est très volatil, ce qui a de graves répercussions non seulement sur les pays qui subissent des crises mais aussi sur la croissance du reste du monde.
Le CTC a officiellement appelé à l'instauration d'une taxe sur les opérations monétaires afin de moduler la circulation des devises. Nous croyons en outre que les pays en développement devraient pouvoir instaurer des contrôles des capitaux s'ils le désirent afin de mieux assurer à leur propre économie un cadre stable et prévisible. En somme, les chefs d'État des pays industrialisés ont la responsabilité, à l'égard de leurs commettants et commettantes et à l'égard des pays en développement, de catalyser la réponse à l'incertitude économique actuelle.
Notre objectif est le plein emploi. Nous voulons répondre aux besoins et aux rêves des familles de travailleurs de Saskatoon, de Montréal, de Toronto ou d'Antigonish, ce qui m'amène à la question de la sécurité mondiale et du terrorisme.
Il est impératif que les discussions des chefs d'État du G-8 sur la sécurité et le terrorisme aillent au-delà des considérations politiques et militaires. Les attentats du 11 septembre nous ont rappelé crûment que nous vivons dans un monde de plus en plus intégré où des conflits survenant dans des pays lointains peuvent avoir des répercussions très tangibles plus près de nous. À vrai dire, les mesures de sécurité ne suffiront jamais à mettre même le pays le plus puissant du monde à l'abri des actes de terrorisme. Malheureusement, les réponses aux événements du 11 septembre ont, jusqu'à présent, surtout porté sur des mesures militaires et de sécurité nationale. Cette réponse unilatérale ne permet pas de s'attaquer aux problèmes fondamentaux et, de surcroît, jette de l'huile sur le feu dans une certaine mesure.
L'une des situations dont la communauté internationale doit s'occuper de toute urgence est l'occupation par Israël du territoire palestinien. Dans cette optique et à la lumière des opérations militaires qu'Israël ne cesse de mener en Cisjordanie, le Canada devrait utiliser tous les moyens diplomatiques possibles pour assurer la mise en oeuvre des résolutions adoptées par l'ONU il y a longtemps au sujet de l'occupation illégale de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.
Puisqu'il entretient des liens d'amitié avec les Israéliens et les Palestiniens, le Canada devrait promouvoir la tenue d'une conférence sur la paix à financement international à laquelle tous les intervenants de la région pourraient participer.
Je crois fermement que les travailleurs du Canada sont convaincus que le Canada doit aborder ces problèmes de sécurité dans l'esprit de notre tradition diplomatique, c'est-à-dire en termes d'espoir, ce qui veut dire aussi de sécurité économique pour les familles. Pour apporter une sécurité économique équitable aux travailleurs d'ici et d'ailleurs, il faut que nos gouvernements sortent des sentiers battus lorsqu'ils élaborent un nouveau programme de développement.
Les problèmes que pose l'augmentation de la pauvreté et de l'inégalité dans le monde entier menacent notre sécurité collective. Le Congrès du travail du Canada souscrit aux objectifs de développement du millénaire établis lors du Sommet mondial pour le développement social qui a eu lieu en 1995 et adoptés par l'OCDE en tant que repères. Ceux-ci comprennent des objectifs clés à atteindre d'ici 2015, notamment réduire de moitié la proportion des personnes vivant dans la pauvreté extrême. Si les opposants à ces objectifs sont rares, on s'entend cependant moins sur le genre et le niveau d'engagement nécessaire pour les atteindre.
Dans ce contexte, les résultats de la récente conférence internationale des Nations Unies sur le financement du développement sont décevants. C'est pourquoi nous rejetons le consensus qui commence à s'établir dans certains cercles sous l'influence des institutions financières internationales, au sujet des solutions à apporter au problème du sous-développement.
En dépit des braves paroles au sujet de la gestion des affaires publiques et de l'appropriation locale, le programme demeure axé sur la libéralisation des marchés. Les sociétés qui ont de faibles infrastructures sociales et matérielles, qui sont très endettées, dont l'État est faible et souvent antidémocratique et corrompu, qui n'ont pas la capacité économique d'affronter la concurrence étrangère et qui échangent des marchandises dont la valeur baisse ont nécessairement une capacité restreinte de profiter de l'accès aux marchés ou d'attirer des capitaux étrangers.
¿ (0915)
La libéralisation financière qui est souvent encouragée, sinon imposée, dans le cadre des programmes d'ajustement structurel, expose ces pays à des mouvements de devises à but spéculatif, à des fuites de capitaux et à une aggravation de leur instabilité monétaire. Comme nous l'avons constaté à maintes reprises depuis quelques années, l'instabilité engendrée par la libéralisation financière frappe de plus en plus souvent et affecte même les plus florissantes des économies émergentes, balayant d'un seul coup les progrès économiques d'une génération.
Bien entendu, ce sont les travailleurs et les travailleuses et leurs familles qui paient les pots cassés. Ce sont toujours eux qui construisent et reconstruisent leur pays, que ce soit après un tremblement de terre, une guerre ou même une crise financière. Les travailleurs et travailleuses, leurs familles et leurs communautés sont la seule constante dynamique de toutes ces tragédies de l'histoire.
C'est pour cela que nous croyons que toute stratégie destinée à aider les pays en développement, et particulièrement les pays les moins développés, doit s'éloigner de l'approche générique des institutions financières internationales et reconnaître que les pays en développement devraient avoir la liberté de s'intégrer à l'économie mondiale à leur propre rythme.
Je vous invite à parcourir la liste de recommandations que nous soumettons dans notre mémoire pour le nouveau programme de développement.
Je dirai maintenant quelques mots sur le nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique.
Le mouvement syndical du Canada est heureux que le Canada insiste pour que l'Afrique occupe une place centrale au Sommet du G-8 cette année. Compte tenu des difficultés qu'éprouvent un grand nombre de pays de ce continent, l'Afrique mérite une attention particulière. Toutefois, l'initiative du NPDA présente bon nombre de lacunes que nous avons signalées au sujet du consensus de Monterey. Par-dessus tout, nous observons qu'il n'y a pratiquement pas eu de participation de la société civile africaine à l'établissement du programme du NPDA.
Les centrales syndicales africaines demandent depuis longtemps un programme de développement, mais elles doutent que le fait de l'axer sur le commerce permette de régler les problèmes de l'Afrique. Les dirigeants syndicaux africains signalent que les pays africains comptent déjà parmi les plus ouverts du monde et que cela a le plus souvent été un inconvénient qu'un avantage.
Les syndicats africains aimeraient que le programme de développement soit axé sur la démocratie, l'allégement de la dette, le développement d'un filet de sécurité sociale et des initiatives de promotion de la paix. Ils jugent très important de favoriser l'intégration sous-régionale et régionale en tant qu'étape intermédiaire d'une intégration progressive avec le reste du monde. Ils font remarquer qu'il y a lieu de donner la priorité à la crise de la santé liée à la propagation du VIH-sida, à l'habilitation des femmes et au développement du capital humain.
En résumé, la clé du succès sera de partir de la base en écoutant les familles des travailleurs et des travailleuses africains et en suivant leur volonté pour leur évolution future. En somme, nous croyons que le projet est bien fondé mais que son succès dépendra de la façon dont il sera réalisé. Nous aimerions poursuivre le débat avec les gouvernements pour que l'initiative favorise l'intérêt des travailleurs et travailleuses au Canada et partout dans le monde.
Merci.
¿ (0920)
La présidente: Merci, monsieur Georgetti.
Quelqu'un d'autre veut-il prendre la parole ou allons-nous passer directement aux questions?
M. Ken Georgetti: Les questions.
La présidente: Nous passons directement aux questions. Commençons.
Monsieur Day, vous êtes prêt?
M. Stockwell Day (Okanagan--Coquihalla, Alliance canadienne): Merci, madame la présidente.
Merci pour cet exposé.
Vous pourrez constater que l'opposition officielle est d'accord avec plusieurs de vos préoccupations. Comme nous l'avons constaté, certaines des exigences imposées par le FMI aux pays en difficulté peuvent dans certains cas nuire au développement ou le freiner. C'est quelque chose qui nous dérange. J'aimerais correspondre de façon plus détaillée avec vous à ce sujet pour vous parler de ces exigences qui ne font qu'aggraver les problèmes.
À propos de l'allégement inconditionnel de la dette que vous suggérez, je voulais dire tout d'abord que, comme vous le savez sans doute, l'une des objections de l'opposition officielle au gouvernement tient au fait qu'il n'y a pas suffisamment de débats ouverts à la Chambre des communes et avec les députés sur notre politique en matière d'affaires étrangères, surtout lorsqu'il pourrait s'agir de voter en l'absence de tout parti-pris politique. Par conséquent, l'une des revendications que mes collègues et moi-même mettons de l'avant en matière de politique des affaires étrangères, c'est qu'on en discute ouvertement à la Chambre des communes pour que nous soyons mieux informés. Dans des réunions comme celle-ci, nous pouvons entendre des témoins comme vous.
Il n'y a jamais eu de discussion ouverte ou de vote à la Chambre des communes sur l'allégement inconditionnel de la dette. C'est notre principale objection. Deuxièmement, si le gouvernement décide simplement de s'orienter vers cet allégement inconditionnel de la dette, on risque de récompenser la mauvaise gestion de certains gouvernements dont on effacera inconditionnellement la dette. En fait, quand on revoit la façon dont les choses se passent historiquement à l'étranger, on constate que les banques veillent à bien récupérer le montant des intérêts qui leur sont dus.
À mon avis, ce dont il faut se préoccuper, c'est le niveau d'endettement. Décréter un allégement inconditionnel et généralisé de la dette, cela risquerait en fait d'aggraver le problème que nous voulons atténuer dans certains pays en développement, c'est-à-dire la mauvaise gestion avec souvent son cortège de corruption incroyable.
Nous serions prêts à envisager avec un peu plus d'espoir et d'optimisme une restructuration des dettes souveraines, mais nous sommes un peu réticents à l'idée d'un allégement inconditionnel et accéléré de la dette.
J'aimerais aussi vous demander plus de précisions sur... Vous parlez de libéralisation des marchés dans votre nouveau programme pour le développement. À la page 6, vous dites: «La libéralisation des marchés peut aider et aide effectivement au développement dans certaines circonstances, mais elle a l'effet contraire la plupart du temps». J'estime personnellement que c'est en contradiction totale avec l'histoire économique: normalement, quand on libéralise les marchés et qu'on invite de plus en plus de pays à commercer librement, non seulement on a un échange de produits et de devises, mais aussi un échange d'idées, ce qui est éminemment important pour promouvoir la cause de la démocratie, de la règle de droit et des démarches constitutionnelles dans chaque pays.
Je crois que nous ne sommes pas d'accord si vous dites que c'est la plupart du temps le contraire qui se produit. En réalité, l'histoire montre que la libéralisation du commerce et des marchés contribue au développement et joue à l'avantage de tous les partenaires, que ce soit de voisins d'un côté ou de l'autre de la rue, de provinces ou de pays. En fait, ce ne sont pas les pays qui ont des échanges commerciaux, mais les gens de ces pays. Et c'est cette libéralisation qui élargit les perspectives des pays qui commercent.
C'était là les remarques générales que je souhaitais faire.
¿ (0925)
Je terminerai en revenant sur ce que vous avez dit à propos du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique. Nous partageons certaines des préoccupations que vous avez exprimées. Vous n'avez pas mentionné les conséquences de la criminalité lorsqu'un pays hésite à s'y attaquer sérieusement. J'ai eu l'occasion de travailler avec une province d'Afrique du Sud à l'instauration d'un ministère des finances et de principes financiers visant à favoriser la création de richesses et j'ai constaté que le problème de la criminalité était le principal obstacle à l'investissement. Les gens ne sont tout simplement pas prêts à investir là où la criminalité crée un climat incertain. Bien entendu, je suis d'accord avec vous pour dire que certains facteurs contribuent à cette criminalité. Nous devons nous pencher sur les besoins dans le domaine de l'éducation et de la santé, mais il semble qu'on n'en ait pas parlé.
Une dernière observation, madame la présidente, après quoi je demanderais...
La présidente: Il n'y aura plus de temps pour la réponse.
M. Stockwell Day: Je partage vos inquiétudes à l'égard du Moyen-Orient. L'Alliance canadienne souhaite qu'à l'issue d'un processus de négociations, le peuple palestinien puisse enfin obtenir son propre pays et qu'Israël puisse vivre sans être menacé par ses voisins. Nous souhaitons également qu'Israël poursuive son engagement à se retirer des territoires occupés.
Vous n'avez pas parlé du terrorisme, des attentats-suicides contre Israël. Vous avez parlé de certains des autres problèmes concernant la situation palestinienne.
Voilà ce que j'avais à dire. Tout ce que vous pourriez ajouter maintenant ou dans une correspondance ultérieure serait apprécié.
La présidente: Monsieur Georgetti, nous essayons de nous en tenir à un maximum de cinq minutes. La question a duré plus de six minutes, ce qui ne laisse pas beaucoup de temps pour la réponse. M. Day a posé certaines questions et peut-être pourrez-vous compléter vos réponses plus tard. Je vais être indulgente en vous accordant une minute et demie pour répondre brièvement. Voyez si vous pouvez fournir une réponse plus complète un peu plus tard. Vous aurez peut-être une deuxième chance.
M. Ken Georgetti: Désolé, mais je ne suis pas certain d'avoir bien compris. Puis-je répondre rapidement ou voulez-vous passer à autre chose?
La présidente: Non, vous pouvez répondre rapidement. Comme je l'ai dit, ne vous croyez pas obligé de répondre maintenant à toutes ces questions. Vous pourrez peut-être le faire plus tard.
M. Ken Georgetti: Je serai très bref.
Je voudrais accepter votre invitation à dialoguer davantage avec vous sur certaines de ces questions importantes. Je voudrais préciser un simple fait.
Depuis l'instauration au niveau mondial de la stratégie de croissance et de libéralisation du commerce, en 1980, tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement, les taux de croissance ont été plus faibles qu'ils ne l'étaient auparavant. Par conséquent, les faits historiques contredisent vos arguments. La libéralisation débridée du commerce à laquelle nous avons assisté depuis les années 80, tant dans les pays du G-8 que dans tous les autres pays du monde, a eu pour effet d'abaisser les taux de croissance.
Les populations et les économies n'ont donc pas bénéficié de cette stratégie de libéralisation. Voilà pourquoi nous estimons nécessaire de trouver d'autres moyens d'élargir le commerce que de simplement laisser les banques ou les investisseurs réaliser d'énormes bénéfices. Le commerce doit être davantage orienté vers le développement et être réglementé de façon à ce que la société bénéficie de cette expansion.
La présidente: Merci.
Monsieur Paquette.
¿ (0930)
[Français]
M. Pierre Paquette (Joliette, BQ): Merci, madame la présidente.
Merci de votre présentation. C'est toujours très agréable de recevoir la délégation du Congrès du travail du Canada. Cela nous permet d'approfondir certains sujets qui, malheureusement, ne sont pas toujours suffisamment abordés à ce comité.
Vous parlez de l'instauration d'une taxe sur les opérations en devises. Évidemment, je suis tout à fait d'accord sur cela. Selon l'évaluation que fait ATTAC France, cette taxe rapporterait à peu près le double de ce qui est déjà dépensé en termes d'aide publique sur toute la planète. Je voudrais savoir si, du côté du Congrès du travail du Canada, vous avez pensé à l'utilisation qu'on pourrait faire de ces sommes d'argent colossales pour le développement. Vous savez que Vicente Fox a lancé l'idée d'un fonds de développement social, idée que nous appuyons. Je voudrais avoir vos commentaires là-dessus.
Sur la question de l'initiative d'accès aux marchés, je trouve très importants les éléments que vous soulevez. Je suis content de voir que l'approche du CTC n'est pas de refuser l'accès au marché canadien aux pays les moins développés. Cependant, vous demandez qu'on adopte des mesures de reconversion et de recyclage pour les industries qui seront touchées. J'aimerais savoir si vous avez identifié des secteurs qui seraient potentiellement en difficulté et des mesures qu'on pourrait adopter. Je crois comprendre que votre appui à cette initiative est conditionnel à la mise en place de telles mesures. Est-ce bien le cas? Il serait important que nous le sachions pour que nous puissions en tenir compte dans le rapport que nous allons faire.
Finalement, vous demandez que l'accès préférentiel aux marchés soit conditionnel au respect des droits fondamentaux du travail. J'aimerais que vous reveniez--j'ai déjà posé cette question à M. Laliberté au Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux--sur l'importance et la faisabilité de l'introduction du respect des droits du travail dans l'ensemble de ces initiatives commerciales. Ici, certains pensent que les accords parallèles comme ceux que nous avons dans le cadre de l'Accord de libre-échange nord-américain sont suffisant pour défendre les droits du travail. J'aimerais que vous élaboriez là-dessus.
On nous dit souvent que les gouvernements de ces pays les moins développés ne veulent pas de ce genre de clauses dites sociales parce que, pour eux, c'est une forme de protectionnisme. J'aimerais avoir vos commentaires là-dessus.
Merci.
[Traduction]
M. Ken Georgetti: Pour ce qui est de votre première question sur l'utilisation du fonds de développement, je vais demander à M. Laliberté d'y répondre. Mais je voudrais vous parler de notre position à l'égard du traitement préférentiel accordé aux pays les moins développés en ce qui concerne l'accès au marché canadien, à la condition qu'ils se conforment aux normes fondamentales du travail de l'OIT.
Nous sommes convaincus que, si vous prenez les économies prospères comme celles du G-8, l'une des caractéristiques qui les rend si fortes c'est qu'elles ont non seulement des capacités, mais une législation du travail raisonnable qui permet aux travailleurs d'obtenir leur part des progrès économiques et de pouvoir améliorer leur niveau de vie et la culture de leur pays.
Nous avons toutefois constaté, lorsque nous avons fait valoir cet argument sur la scène mondiale, que les pays en développement en particulier considéraient qu'il s'agit là d'une forme de protectionnisme. Cela nous inquiète, car la dernière chose que nous voulons faire c'est bien d'empêcher les autres pays à bénéficier du même niveau de vie et de culture que celui que le commerce nous a apporté. Après tout, je dirais que de tous les pays du G-8, le Canada est celui qui dépend le plus du commerce. Pour un pays aussi petit, nous sommes une grande nation commerçante et nous en avons grandement bénéficié. Si nous en avons bénéficié, c'est grâce au droit de nous syndiquer et de négocier collectivement avec les employeurs. Autrement, le Canada ne serait pas un pays aussi prospère.
Il est difficile d'exiger la même chose de pays qui sont aux prises avec une dette énorme et les pressions qui en résultent de la part des institutions financières internationales et des autres gouvernements et qui les obligent à relâcher davantage leurs règles pour pouvoir rembourser leurs dettes avec le fardeau que cela représente.
Cela répond en partie à la question de M. Day. La principale cause de la criminalité, selon moi, c'est la pauvreté. Dans les pays en développement, la pauvreté est endémique et les gens sont poussés par le désespoir à commettre certains actes qu'ils ne commettraient pas autrement. Le Canada jouerait un rôle très utile en ouvrant ses marchés aux pays en développement, à la condition que cela serve les intérêts des populations et pas seulement des institutions financières.
¿ (0935)
La présidente: Monsieur Laliberté.
[Français]
M. Pierre Laliberté (économiste principal, Congrès du travail du Canada): Merci, madame la présidente.
Sur la taxe Tobin, je pense que vous avez bien résumé la chose. On voit deux utilisations possibles à cet outil. D'une part, on pourrait l'utiliser comme un outil qui pourrait, à la limite, être variable. La taxe pourrait changer selon les circonstances. Donc, cet outil pourrait permettre de moduler un peu les flots de capital spéculatif. Également, comme vous l'avez souligné, c'est une taxe qui, à la limite, pourrait assurer l'accumulation de sommes très importantes. Les estimations à cet égard vont de ce qui est déjà dépensé en aide officielle, soit 60 milliards de dollars par année, jusqu'au double, tout dépendant de l'efficacité de la taxe. Si c'est efficace, en principe, les transactions vont baisser. Donc, ce sont des sommes importantes.
Comme beaucoup d'autres, notamment le groupe ATTAC, nous sommes sympathiques à l'idée que cet argent puisse être consacré, par l'entremise d'organisations internationales liées aux Nations Unies en particulier, à l'atteinte d'objectifs très précis comme ceux du Forum, Sommet et Assemblée du millénaire, qui sont de faire en sorte que tout le monde aille à l'école et ait accès à l'enseignement primaire, et de s'attaquer à la crise de la santé qui existe dans plusieurs régions du monde, comme vous le savez très bien.
De ce point de vue-là, on avance. Tout monde peut avoir de très bonnes idées à cet égard. Pour nous, il serait important d'établir le principe dès le départ. D'ailleurs, on sait que le Parlement canadien a déjà voté sur la chose, et cela d'une façon très progressiste. Maintenant que l'idée obtient plus de soutien à l'extérieur du Canada, il serait bien que le gouvernement saisisse cette occasion pour forcer la chose un peu.
En ce qui concerne l'accès aux marchés, vous parliez des secteurs qui seraient probablement affectés. Étant donné l'état des économies les moins avancées, on parle d'industries légères, particulièrement celle du vêtement. Nous savons que ces industries ne sont pas des secteurs où les gens sont bien rémunérés et où il y a les meilleures conditions de travail en dépit de tous nos efforts. Donc, à notre avis, il est clair que le gouvernement devrait... Depuis qu'on signe des traités de libre-échange au Canada, on nous promet des mesures d'ajustement pour les gens qui seront affectés. Brian Mulroney en promettait déjà en 1986, et on n'en a jamais vu. Au contraire, pendant les années 1990, on a vu l'assurance-emploi péricliter et l'assistance sociale disparaître au moment même où on en avait le plus besoin.
Pour nous, c'est le genre de chose qu'on doit faire si on veut que cette ouverture des frontières aux échanges économiques ait de la légitimité.
[Traduction]
La présidente: Merci.
Monsieur Assadourian.
M. Sarkis Assadourian (Brampton-Centre, Lib.): Merci beaucoup, madame la présidente.
Il est souvent question de la corruption et de l'économie parallèle lorsqu'on parle des problèmes du tiers-monde et des pays en développement. Pourriez-vous nous parler de vos relations avec les syndicats du tiers-monde et de leur réaction lorsque vous soulevez la question de l'économie parallèle et de la corruption des autorités gouvernementales de ces pays?
¿ (0940)
M. Steven Benedict (directeur de la section internationale, Congrès du travail du Canada): Le Congrès du travail du Canada fait partie d'un réseau international de syndicats, la Confédération internationale des syndicats libres, qui est divisé en organisations régionales. Nous consacrons donc beaucoup de temps à communiquer avec nos collègues du monde entier.
Le problème de corruption dont vous parlez est relié en partie à l'accès au développement. En réalité, dans les pays les plus pauvres, les gouvernements sont soumis à toutes sortes de pressions, ce qui cause des difficultés pour les syndicats. Cela ne les empêche pas de lutter pour le même respect et les mêmes droits que les travailleurs canadiens. Il y a des lignes directrices. Beaucoup de travail a été fait à l'OCDE au sujet de la gouvernance et de la corruption, et cela commence à avoir des répercussions au niveau de l'OCDE.
M. Sarkis Assadourian: En tant que députés, nous avons voyagé dans de nombreux pays du monde. J'ai fait pas mal de voyages. Chaque fois que nous parlons du problème de la corruption avec les gouvernements étrangers ou leurs représentants, ils nous mentionnent le fait, par exemple, que leurs policiers touchent un très bas salaire. Pour subventionner son salaire, un policier doit vous arrêter sans raison et vous dire: «J'ai une famille et des enfants à faire vivre» pour que vous lui disiez: «D'accord, voici 5,00 $». Comment surmonter ce problème? Vous adressez des reproches à celui qui vous demande de l'argent, mais en même temps vous vous dites qu'étant donné sa situation, il n'a pas vraiment le choix.
Le gouvernement ne rémunère pas suffisamment ses employés et ces derniers doivent s'arranger pour survivre. Comment parvenir à un juste équilibre? Quelle réaction suscitez-vous lorsque vous mentionnez ce genre de problème aux autres syndicats?
M. Steven Benedict: Comme vous l'avez dit, en réalité, si vous faites semblant de rémunérer vos employés, vos employés ont tendance à faire semblant de travailler. C'est bien simple, si vous versez aux travailleurs un salaire qui leur permettra de vivre décemment et d'envoyer leurs enfants à l'école, les travailleurs ont tendance à travailler beaucoup plus fort. C'est ce que faisait valoir M. Georgetti.
L'OCDE a clairement établi que les pays qui respectent les normes fondamentales du travail et qui ont un bon système de relations professionnelles sont ceux dont l'économie est la plus prospère. La disparité des revenus est généralement moins marquée et la corruption dont vous parlez y est donc moins fréquente. La réponse est donc que si les travailleurs sont rémunérés adéquatement, il y a généralement moins de corruption.
M. Sarkis Assadourin: Merci.
La présidente: Merci, monsieur Assadourian.
Madame Nitoslawska.
Mme Anna Nitoslawska (administratrice du programme international, Congrès du travail du Canada): Merci, madame la présidente.
En ce qui concerne la corruption, il y a toujours deux aspects à considérer. Nous parlons des gouvernements corrompus, mais il faut également se pencher sur les rôles que les multinationales et les investisseurs étrangers ont joués en favorisant la corruption dans ces pays. C'est à nous, ici, au Canada, qu'il revient de se demander quels rôles les sociétés canadiennes, les multinationales canadiennes, ont joués également à cet égard. En fait, c'est vrai non seulement pour les sociétés canadiennes, mais aussi pour les autres. Nous devons veiller à ce qu'il y ait davantage de transparence et de reddition de comptes.
Dans les pays en développement, cela ne peut se faire que si la société civile est suffisamment forte. Il faut un mouvement syndical vigoureux qui exigera des comptes et de la transparence à son gouvernement ainsi qu'aux autres gouvernements qu'ils soutiennent et lui accordent leur aide. Il faut également une reddition de comptes à l'égard de l'investissement étranger pour savoir comment il se fait et qui en bénéficie.
¿ (0945)
La présidente: Merci.
Monsieur Robinson.
M. Svend Robinson (Burnaby--Douglas, NPD): Merci beaucoup, madame la présidente.
Je voudrais moi aussi souhaiter la bienvenue à nos témoins de ce matin. Comme nous n'avons que cinq minutes et que mes questions prendraient beaucoup plus de temps, je vais me contenter d'aborder trois domaines en espérant que M. Georgetti et les autres témoins pourront répondre.
Ma première question concerne également l'accès aux marchés et l'initiative à cet égard. C'est un domaine très important. Des ONG comme Partenariat Afrique et plusieurs autres ont souvent fait valoir l'importance de l'accès aux marchés du Canada et des autres pays, surtout pour les produits agricoles et les textiles. Vous dites que cet accès devrait être accordé uniquement si les pays en question respectent les droits fondamentaux du travail.
Dans l'annexe de votre mémoire, vous allez plus loin. Vous dites que l'accès préférentiel aux marchés doit dépendre du respect des droits humains fondamentaux, y compris les normes fondamentales du travail. Vous allez donc encore plus loin. Pourriez-vous nous donner une idée de ce que cela voudrait dire en pratique pour l'Afrique. Combien de pays d'Afrique selon l'OIT, par exemple, respecteraient les normes dont vous demandez l'application? Notre comité devrait savoir ce que cela représente exactement.
Pourriez-vous également nous parler un peu plus...? Je n'ai pas très bien compris si vous demandez le respect des droits humains fondamentaux, comme l'annexe le laisse entendre, ou uniquement des normes fondamentales du travail, comme vous le dites dans votre mémoire. Voilà ma première question.
Deuxièmement, pourriez-vous nous parler un peu de ce que sera la participation du Congrès du travail du Canada au prochain sommet du G-8 à Kananaskis? Le congrès a joué un rôle actif au sommet de Québec et au sommet des peuples. Quel rôle jouerez-vous à Kananaskis?
Je m'arrêterai à ces deux questions.
La présidente: Merci, monsieur Robinson.
Le comité a sans doute hâte d'entendre la réponse à la première question de M. Robinson, car il s'agit là d'une question importante que vous avez soulignée dans votre mémoire.
M. Ken Georgetti: Tout pays membre de l'OIT s'est engagé à respecter les normes fondamentales du travail.
L'un des membres de mon équipe a peut-être la réponse à cette question, mais j'ai l'impression que les pays d'Afrique ne sont pas très nombreux à respecter les normes fondamentales du travail de l'OIT.
Quant à l'octroi d'un accès préférentiel aux marchés à la condition que les droits fondamentaux des travailleurs soient respectés, comme nous le soulignons dans notre mémoire, ces politiques existent déjà, dans une certaine mesure, aux États-Unis et au sein de l'Union européenne dans le cadre du Système généralisé de préférences.
Je ne suis pas certain qu'un seul pays d'Afrique applique déjà les normes fondamentales du travail. Notre propre pays n'est pas non plus exempt de reproches à cet égard.
Nous partons toutefois du principe que les travailleurs bénéficieraient plus directement du développement s'ils avaient la possibilité de négocier dans leurs propres intérêts. La théorie des vases communicants ne semble pas vraiment valide si vous êtes au bas de l'échelle.
M. Svend Robinson: Comprenez bien que si vous dites qu'aucun pays d'Afrique ne respecte actuellement les normes fondamentales du travail, cela revient à dire non à un accès préférentiel aux marchés.
M. Ken Georgetti: Effectivement.
M. Steven Benedict: Non.
M. Svend Robinson: C'est ce que vous semblez dire.
M. Steven Benedict: Non, ce n'est pas ce que nous disons. Nous disons que tous les pays membres de l'OIT ont adopté des normes fondamentales du travail et qu'il s'agit de voir ce que ces normes représentent. Elles représentent des principes fondamentaux qui ne sont pas vraiment contestés. Je ne pense pas que qui que ce soit ici serait pour le travail des enfants. Je ne pense pas que qui que ce soit ici serait pour le travail forcé. Ce sont là des principes assez simples et fondamentaux.
La question est donc de savoir comment s'en servir pour offrir l'accès aux marchés, ce qui devrait contribuer au développement des pays en question? L'OIT offre, par exemple, une assistance technique pour permettre à ces pays de respecter ces principes fondamentaux afin que ceux qui bénéficieront de l'accès aux marchés soient non pas les exportateurs qui font travailler les gens comme des esclaves, mais les entreprises qui ont de bonnes relations industrielles, ce qui conduit à de meilleurs salaires et de meilleures conditions de vie.
Il ne s'agit donc pas tant d'imposer les normes fondamentales du travail comme conditions, mais plutôt de s'en servir pour promouvoir le développement.
¿ (0950)
M. Ken Georgetti: Svend, permettez-moi de résumer en une phrase. Il nous faut certaines garanties en échange de l'accès aux marchés que nous proposons.
Nous devons dire à ces pays que nous devons être certains que les travailleurs bénéficieront de l'élargissement de l'accès aux marchés, ce qui se répercutera sur leurs familles, leurs collectivités et l'assiette d'imposition du pays dans lequel ils vivent. Si cette certitude doit nous être donnée sous la forme d'un accord commercial, nous devrions chercher à accorder un accès préférentiel aux pays qui remplissent cette simple condition de base. Ensuite, nous pourrons nous attaquer aux normes fondamentales du travail.
Nous voulons la certitude que cet argent se retrouvera dans la poche des travailleurs afin qu'ils puissent commencer à développer leur propre économie.
M. Svend Robinson: Et pour ce qui est de Kananaskis...?
Mme Patricia Blackstaff: Le Congrès du travail du Canada s'est chargé de coordonner les préparatifs de ses syndicats affiliés pour le Sommet de Kananaskis. Pour le moment, nous voulons surtout essayer de faire valoir les préoccupations des syndicalistes africains en particulier au plus grand nombre possible de Canadiens.
Au cours des semaines précédant le sommet, un certain nombre de nos collègues syndicalistes d'Afrique viendront au Canada où ils rencontreront les autorités gouvernementales, les dirigeants syndicaux et le grand public à l'occasion de diverses réunions et manifestations publiques que nous organisons.
La semaine précédant le sommet, nous participerons à plusieurs événements qui auront lieu dans la région de Calgary, et plus particulièrement une contre-conférence. Nous ferons venir des syndicalistes d'Afrique pour parler aux Canadiens de leurs préoccupations concernant le nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique et les questions de développement en général.
La contre-conférence portera sur des questions comme l'éducation, la santé et la sécurité, un bon nombre des sujets qui seront abordés au sommet. Nos membres participeront à d'autres activités qui se dérouleront à Calgary, notamment un grand rassemblement et le village de la solidarité, aux côtés d'autres militants canadiens.
La présidente: Merci.
Nous allons maintenant donner la parole à M. Martin.
M. Keith Martin (Esquimalt—Juan de Fuca, Alliance canadienne): Monsieur Georgetti, je vous remercie vous et vos collègues d'être venus ici aujourd'hui.
Que pensez-vous de l'engagement des pays d'Afrique envers le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, qui est un merveilleux document? J'attire votre attention sur le Zimbabwe qui sera pour cette initiative l'occasion de faire ses preuves. Un bon nombre des auteurs du Nouveau partenariat, Mbeki, Museveni, Dos Santos, Obasanjo et d'autres, se sont empressés de féliciter un individu qui, selon moi, devrait être jugé pour crime contre l'humanité.
Ma deuxième question concerne la libéralisation du commerce plus plus, comme je l'appelle. La libéralisation du commerce ne suffit pas. N'avons-nous pas également besoin d'un engagement à adopter et une politique fiscale équitable pour que les recettes fiscales servent à financer la santé, l'éducation et la protection de l'environnement ainsi qu'un engagement véritable à éliminer la corruption aux plus hauts niveaux? Il faut commencer par le haut.
Enfin, quelles sont les réformes essentielles dans lesquelles l'ACDI doit s'engager, à votre avis? Comme vous le savez, nous avons dépensé des milliards et des milliards de dollars sur le continent africain. Ces pays ont d'énormes richesses dans leur sol, mais leurs populations sont parmi les plus pauvres de la planète. Quelle réforme faudrait-il apporter à l'ACDI ou conseiller au gouvernement pour faire en sorte que l'argent de notre aide publique au développement ait le maximum d'effets pour ceux qui en ont le plus besoin?
Merci.
¿ (0955)
La présidente: Monsieur Benedict.
M. Steven Benedict: Premièrement, non seulement nous partageons votre opinion, mais notre homologue, le Congrès des syndicats du Zimbabwe, partage également largement votre opinion au sujet de ce pays. Cela amène à se demander sérieusement dans quelle mesure le Nouveau partenariat reflète la réalité du continent africain.
Mme Anna Nitoslawska: En ce qui concerne l'engagement des pays d'Afrique, comme l'a dit M. Georgetti, nous croyons qu'il faut renforcer le partenariat, mais pas seulement celui qui existe actuellement entre les pays africains et les pays industrialisés dans le cadre du NPDA. Il faudrait un partenariat beaucoup plus fort entre les gouvernements africains et la société civile.
Pour le moment, le NPDA est une initiative africaine qui appartient aux gouvernements africains. À notre avis, ce n'est pas suffisant. Nous sommes également convaincus que le gouvernement canadien a un rôle à jouer pour favoriser ce dialogue. Nous nous réjouissons de la conférence que l'ACDI organise à Montréal les 3 et 4 mai entre la société civile canadienne et africaine.
Nous nous réjouissons également de ce que 11 de nos collègues syndicalistes d'Afrique, dont neuf femmes, seront à cette conférence. J'ajoute que lorsque nous parlons de la société civile, les femmes constituent l'un des groupes les plus marginalisés de ce processus, particulièrement les travailleuses. Nous croyons donc que le Canada a un rôle à jouer, par l'entremise de l'ACDI, en renforçant la capacité de la société civile de participer à ce processus.
M. Keith Martin: J'aurais une chose à ajouter. Je vous exhorte à exercer des pressions sur notre gouvernement et, par l'entremise de vos homologues internationaux, sur les pays du G-8, pour qu'ils s'engagent à créer un registre des petites armes, à réduire les barrières commerciales et à accorder une remise de dette conditionnelle—comme certains d'entre nous le préféreraient—aux pays lourdement endettés, même si je sais que vous accordez la préférence à la remise de dette inconditionnelle.
M. Ken Georgetti: Si vous me permettez d'ajouter une chose, nous voudrions que notre gouvernement nous appuie en insistant pour que la législation sur les pensions et les lois sur les sociétés soient modifiées de façon à ce que les fiduciaires des caisses de retraite, les directeurs des placements et les sociétés divulguent à quelles conditions ils investissent sur le marché international afin de montrer qu'ils ne favorisent pas la corruption dans les pays où ils font des affaires.
La présidente: Merci.
Madame Jennings.
Mme Marlene Jennings (Notre-Dame-de-Grâce--Lachine, Lib.): Vous avez parlé du rôle que les entreprises canadiennes ont peut-être joué en favorisant la corruption dans les pays en développement. Le Congrès du travail du Canada est certainement au courant de la loi que le Canada a adoptée en décembre 2000, je crois, en ratifiant un accord international sur la corruption.
L'industrie canadienne a entrepris une grande campagne de sensibilisation pour faire comprendre aux parlementaires que la corruption est un problème dont elle préférerait se passer lorsqu'elle veut faire des affaires. Je dirais que la majorité des entreprises partagent cette opinion même s'il y a peut-être quelques exceptions. Au Canada, le secteur privé est donc prêt à soutenir toute mesure prise pour réduire et éliminer la corruption sur la scène internationale.
J'ai deux questions à poser. Premièrement, en ce qui concerne la suppression des barrières commerciales ou des quotas qui limitent le commerce avec le Canada, vous avez mentionné le secteur du vêtement. J'ai reçu récemment une lettre de la Fédération canadienne du vêtement, si c'est bien son nom exact. Elle a exprimé certaines préoccupations. Si le Canada ouvre son marché—supprime les quotas qui visent actuellement certains pays en développement—sans prendre d'autres mesures pour leur garantir l'accès, des pays comme la Chine vont tout simplement inonder nos marchés et les supplanter. Cela vous inquiète-t-il? Les recommandations que vous formulez dans votre mémoire portent-elles sur cette question?
Deuxièmement, nous avons parlé du problème de la corruption dans le secteur privé. Vous avez également fait valoir que, dans une certaine mesure, les conditions de vie favorisaient la corruption au sein de la société civile. Le mouvement syndical fait partie de la société civile. Nous savons aussi qu'il y a des syndicats bien connus pour leur corruption, par exemple aux États-Unis. Sans mentionner... Mon privilège parlementaire s'applique-t-il aux réunions de comité?
À (1000)
La présidente: Débrouillez-vous tout seule.
Mme Marlene Jennings: S'il y a de la corruption dans les pays en développement à cause de la pauvreté, etc., il y a sans doute aussi une certaine corruption au sein du mouvement syndical. Je voudrais savoir quels sont les mesures, les projets ou les programmes que le mouvement syndical a mis en place au niveau international pour s'attaquer à ces problèmes?
La présidente: Laissez un peu de temps pour la réponse.
Mme Marlene Jennings: Je suis l'exemple de Stan et de M. Day.
La présidente: Très bien, qui va répondre en ce qui concerne la corruption au sein du mouvement syndical?
M. Ken Georgetti: Je vais demander à Pierre de répondre en partie à cette question.
Vous dites que les entreprises sont irréprochables, mais j'aimerais qu'une chose soit bien claire.
Mme Marlene Jennings: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Ken Georgetti: Même au Canada et aux États-Unis où il y a toutes sortes de freins et de contrepoids, nous avons eu les scandales de Bre-X, d'Enron et des associations d'épargne immobilière ou savings and loans. Tant que les gouvernements ne feront pas un effort concerté, n'insisteront pas pour que certains comportements soient jugés inacceptables et soient même punis, nous n'arrêterons pas la corruption.
En ce qui concerne nos propres syndicats—je peux seulement parler pour le mouvement syndical canadien—je peux vous garantir que nous sommes le mouvement syndical le plus démocratique, le plus ouvert et le plus honnête que j'aie jamais connu.
Mme Marlene Jennings: Me permettez-vous de vous interrompre?
Je ne parlais certainement pas du mouvement syndical canadien. Je parlais de la corruption dans les pays en développement, du fait que le problème est endémique et qu'on pourrait donc en conclure qu'il existe également au sein des syndicats...
M. Ken Georgetti: Je ne pense pas qu'on puisse tirer cette conclusion. Les syndicats avec qui nous faisons affaire et qui sont membres de la Confédération internationale des syndicats libres sont démocratiques, tournés vers l'avenir et représentatifs de leurs membres. Je ne pense vraiment pas que vous puissiez tirer une telle conclusion.
Pierre.
M. Pierre Laliberté: Au sujet du premier point que vous avez soulevé,
[Français]
en ce qui concerne l'accès aux marchés et ses conséquences pour l'industrie du vêtement, comme vous le savez, de 100 000 à 150 000 emplois sont dans la balance. Ce n'est donc pas quelque chose de mineur. C'est le sort de ces travailleurs et travailleuses qui nous importe le plus. C'est notre job.
On voudrait donc que le gouvernement fasse un effort véritable pour mettre sur pied des programmes d'ajustement de la main-d'oeuvre, pour faire en sorte que les gens qui doivent effectuer une transition à la suite de la libéralisation des échanges avec ces pays aient des solutions de rechange véritables. Si on a des programmes de plein emploi et des programmes visant à donner une nouvelle formation aux travailleurs et travailleuses, on aura la possibilité d'avoir une base sur laquelle on puisse s'entendre. Comme notre président l'a dit clairement, nous sommes prêts à nous asseoir pour en parler.
Cela dit, ce ne sont pas les pays les moins avancés économiquement qui posent véritablement des problèmes à notre industrie. Comme vous l'avez vous-même dit, c'est la Chine qui est le problème. Pour nous, cela soulève de graves questions. Il est clair que cette initiative ne s'adresse pas à la Chine, mais la Chine va évidemment en profiter. Quand on regarde la situation des travailleurs là-bas, on voit qu'elle est vraiment abjecte. Encore une fois, on entre dans le coeur du problème du projet de libéralisation des échanges qui n'a aucun égard quant aux normes sociales.
Merci.
À (1005)
[Traduction]
La présidente: Merci.
Vous avez présenté un mémoire très approfondi. Il y a là de nombreuses questions que notre comité voudrait explorer davantage au cours de cette étude que nous allons poursuivre. Nous allons entendre d'autres Canadiens et certains de vos collègues. Vous aurez l'occasion d'y participer de nouveau.
Nous voudrions communiquer votre mémoire à d'autres intéressés. J'ouvre une parenthèse pour dire que nous avons dans la salle un certain nombre de membres du corps diplomatique africain. Nous voudrions leur remettre votre mémoire car vous y avez soulevé d'importantes questions qui pourraient les intéresser.
Nous tenons à vous remercier d'être venus, ainsi que tous vos membres qui prennent la peine de comparaître devant notre comité, car vous avez souligné certaines des questions sur lesquelles nous devons formuler des recommandations.
Merci, monsieur Georgetti, monsieur Benedict, monsieur Laliberté, et madame Nitoslawska.
Avant de poursuivre, nous devons examiner le 11e rapport du Sous-comité du commerce, des différends commerciaux et des investissements internationaux, c'est-à-dire l'OMC. Ce rapport vous a été distribué et un bon nombre d'entre vous l'ont sous les yeux. Je vais demander à M. Mac Harb, le président du Sous-comité du commerce, des différends commerciaux et des investissements internationaux, de faire une brève déclaration à ce sujet et nous réglerons cette question plus tard.
Merci.
M. Mac Harb (Ottawa-Centre, Lib.): Oui, merci beaucoup, madame la présidente.
Ce rapport est le résultat d'une demande que le ministre du Commerce international avait adressée au comité pour qu'il examine les questions entourant les prochaines négociations de l'OMC et formule des suggestions au gouvernement sur certaines questions clés. Le comité a tenu des audiences et rencontré des témoins. Le sous-comité devait présenter aujourd'hui son rapport au comité et c'est ce que nous avons fait.
Sans vous lire les recommandations, comme vous le savez sans doute, madame la présidente, tous les membres du sous-comité ont pu donner leur avis. Nous avons adopté le rapport à l'unanimité lors de notre dernière réunion et nous nous sommes mis d'accord pour permettre aux membres des partis de l'opposition de présenter une opinion dissidente s'ils le souhaitaient.
Je crois qu'un de mes collègues a quelques observations à faire au sujet de deux des recommandations. Je suggère que nous approuvions le rapport étant bien entendu que je consulterai les comptes rendus pour faire en sorte que les changements, les deux recommandations précises mentionnées par mon collègue, soient inclus dans le rapport.
Madame la présidente, je demande que le rapport soit approuvé aujourd'hui afin qu'il puisse être déposé à la Chambre le plus tôt possible, étant bien entendu que mon collègue aura la possibilité de présenter une opinion dissidente.
J'espère également que lorsque nous déposerons ce rapport à la Chambre, nous demanderons au gouvernement de répondre aux recommandations qu'il contient.
À (1010)
La présidente: Monsieur Harb, pouvons-nous passer à M. Paquette?
[Français]
M. Pierre Paquette: Madame la présidente, comme le disait le président de notre sous-comité, on s'était entendus sur l'ensemble des recommandations. Cependant, à mon souvenir, pour les recommandations 28 et 29, on s'était entendus sur un libellé différent de celui qu'on retrouve ici.
À la recommandation 28, on s'était entendus sur le libellé suivant:
Que le gouvernement fédéral propose aux membres de l'OMC que l'Organisation internationale du Travail et le Programme des Nations Unies pour l'environnement soient autorisés à fournir directement leurs avis d'experts pendant les négociations. |
À mon souvenir, tout le monde s'était mis d'accord sur ce libellé.
Pour ce qui est de la recommandation 29, comme je suis un homme de compromis, j'avais accepté qu'on enlève les éléments qui faisaient allusion au travail et à l'environnement parce qu'on s'était entendus pour dire que la démocratie englobait l'ensemble de ces réalités, mais j'avais demandé à ce moment-là que le gouvernement du Canada fasse la promotion de l'introduction de ces éléments dans les accords de l'OMC.
[Traduction]
M. Mac Harb: Madame la présidente, c'est dans la version anglaise. Ce n'est pas dans la version française. Je vais veiller à ce que cela se retrouve dans la version française. Nous l'avons intégré. Je m'excuse pour la traduction.
[Français]
M. Pierre Paquette: Madame la présidente, évidemment, je maintiens mon appui à l'ensemble des recommandations. J'avais annoncé au sous-comité que je ferais un rapport complémentaire sur la dimension de la consultation des provinces, qui n'est pas présente dans le rapport.
[Traduction]
La présidente: Très bien. On est donc d'accord pour que ce rapport soit rectifié afin que nous puissions l'adopter. Je vais donc procéder à la mise aux voix.
Voulez-vous parler du même sujet, monsieur Robinson?
M. Svend Robinson: Oui, c'est sur le même sujet. Je tiens à dire que nous allons déposer un—et j'apprécie l'appui de M. Harb—un rapport dissident très bref. Comme M. Harb le comprendra, notre façon de voir les choses est totalement différente. Ce ne sera pas un long rapport, mais il soulignera un certain nombre de questions sur lesquelles nous avons un point de vue différent. Ce sera donc fait également.
Je veux aussi profiter de l'occasion, madame la présidente, pour dire que la motion dont j'ai donné avis au sujet de la participation de Taiwan à l'Organisation mondiale de la santé à titre d'observateur devait vous être présentée avant la réunion d'aujourd'hui. Néanmoins, après vous avoir consultée, comme je sais que nous recevons un certain nombre d'ambassadeurs africains et que nous voulons pouvoir dialoguer avec eux au maximum, j'ai accepté que ma motion soit soumise au comité jeudi. Je tiens à donner avis que cette motion sera proposée jeudi.
La présidente: Merci. J'apprécie toujours votre coopération, monsieur Robinson.
Je vais maintenant procéder à la mise aux voix.
Monsieur Paquette.
[Français]
M. Pierre Paquette: J'aimerais faire une dernière remarque. Nous nous en sommes parlé, le greffier et moi, mais je veux m'assurer que le titre du rapport en français contienne le sigle OMC puisqu'on qu'on parle en anglais de la WTO. J'espère que la version française est meilleure que l'ébauche qu'on avait eue. J'avais arrêté de faire des corrections à la page 13. Il y avait beaucoup de fautes.
[Traduction]
La présidente: Merci, monsieur Harb.
Le rapport est-il adopté?
Des voix: D'accord.
La présidente: La présidente ou la personne qu'elle désignera doit-elle déposer le rapport à la Chambre?
Des voix: D'accord.
La présidente: Conformément à l'article 109 du Règlement, dois-je demander au gouvernement d'y répondre?
Des voix: D'accord.
M. Mac Harb: Madame la présidente, j'en profite pour remercier tous les membres du comité, y compris ceux de l'opposition, pour l'excellente coopération dont ils ont fait preuve, remercier le personnel du comité qui a fait un travail exceptionnel, remercier nos témoins et remercier le ministère qui s'est mis à notre disposition chaque fois que nous lui avons demandé de comparaître.
Je tiens également à vous remercier.
La présidente: Merci.
Je désire également préciser que les deux opinions dissidentes devraient être autorisées...
Des voix: D'accord.
La présidente: ...et qu'elles devraient être déposées auprès du greffier dans les deux langues officielles avant 14 heures, jeudi...
À (1015)
M. Svend Robinson: Madame la présidente, ce sera déposé et nous nous attendons, bien entendu, à ce que le greffier fasse faire la traduction, comme d'habitude.
La présidente: ...et que la présidente soit autorisée à demander les changements au texte sans que le fond du rapport ne s'en trouve modifié, comme vous l'avez dit.
Merci.
L'opinion dissidente doit être déposée avant 14 heures, jeudi. Est-ce d'accord?
Monsieur Robinson, vous serez prêt et monsieur Paquette, vous serez prêt avant 14 heures jeudi.
Merci. Il est agréable de vous voir d'accord.
Monsieur Day.
M. Stockwell Day: En ce qui concerne l'opinion dissidente, nous n'avons pas encore contacté notre représentant au sujet du rapport et je me réserve simplement le droit de le faire. Je ne sais pas si ce sera nécessaire ou non.
La présidente: Êtes-vous d'accord pour que M. Day ait le droit de présenter une opinion dissidente s'il le désire?
Des voix: D'accord.
La présidente: Monsieur Paquette.
[Français]
M. Pierre Paquette: Je voulais tout simplement souligner, à titre de membre du sous-comité, le travail du président du sous-comité, car on a accompli un travail extraordinaire en deux mois. Il a été notre pilier. De plus, je reconnais en lui un homme de compromis.
[Traduction]
La présidente: Bravo à M. Harb. C'était un bon travail et nous l'apprécions beaucoup. C'est un document très approfondi et le comité vous adresse encore une fois ses félicitations.
Il nous reste une question à régler avant de nous occuper de nos visiteurs à qui nous demandons de faire preuve d'indulgence. Nous devons examiner le deuxième rapport du Sous-comité des droits de la personne et du développement international. C'est un rapport sur le Zimbabwe que le Sous-comité des droits de la personne et du développement international adresse au Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international. Mme Beth Phinney en est la présidente.
Mme Beth Phinney: Madame la présidente, je voudrais déposer ce rapport. Je crois que le comité l'a déjà vu, du moins le comité directeur, et qu'il l'a modifié. Par conséquent, il s'agit seulement d'accepter les changements mineurs qui ont été apportés. Il s'agit de notre rapport sur la situation au Zimbabwe.
La présidente: Merci.
Tous ceux qui sont pour?
Des voix: D'accord.
La présidente: Il n'y a pas d'opposition.
Merci beaucoup et merci pour ce travail. Je sais que le comité a dû réviser son rapport lorsque la situation a évolué au Zimbabwe avant et après les élections.
Mme Beth Phinney: Merci.
La présidente: Le rapport est-il adopté et doit-il être déposé à la Chambre?
Des voix: D'accord.
La présidente: Merci.
Je voudrais souhaiter la bienvenue aux ambassadeurs de pays d'Afrique. C'est un honneur pour nous que d'accueillir d'imminents représentants de pays d'Afrique qui ont été associés de près à la jeunesse et au processus de mise en oeuvre du nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique. Il s'agit de l'initiative prometteuse de leaders africains qui sera au centre des discussions du G-8, en juin, au Sommet de Kananaskis, en Alberta.
Comme notre ministre des Affaires étrangères et ancien président de ce comité, Bill Graham, nous l'a assuré jeudi dernier, un groupe de dirigeants africains ainsi que le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, participeront directement aux réunions qui se pencheront sur le NPDA. La voix de l'Afrique se fera donc clairement entendre au cours du sommet canadien.
J'ai voyagé en Afrique, au début du mois, avec le premier ministre, et je peux témoigner de l'engagement de ce dernier à faire en sorte que les objectifs de l'Afrique énoncés si éloquemment par les Africains eux-mêmes seront au centre du Sommet de Kananaskis. Le Canada veut qu'à l'issu de cette réunion, le G-8 ait un plan d'action efficace pour l'Afrique.
Notre comité a décidé, il y a un certain temps, de se pencher sur nos relations avec l'Afrique dans le contexte des préparatifs du Sommet du G-8. Le premier ministre a, par la suite, renforcé l'objectif de cette étude en demandant personnellement que nous consultions les Canadiens et que nous lui fassions rapport de nos conclusions. Le comité a donc tenu une série d'audiences ici, à Ottawa, et nous sommes allés au Québec et dans la région de l'Atlantique. Nous continuons de recevoir des mémoires qui témoignent d'un vif désir de contribuer plus efficacement au développement de l'Afrique.
La semaine prochaine, nous terminerons nos audiences dans l'Ouest et en Ontario. Le comité veut s'inspirer des meilleures idées formulées des Canadiens des quatre coins du pays pour recommander un plan d'action pour le G-8 dans le rapport qu'il déposera plus tard ce mois-ci.
La réunion d'aujourd'hui est également une excellente occasion de dialoguer avec des représentants africains qui peuvent parler directement des défis que les gouvernements de l'Afrique cherchent à relever dans le cadre du nouveau partenariat. Il est indispensable que nous entendions vos opinions, vos priorités et vos attentes à l'égard de ce sommet qui aura lieu dans deux mois.
Je voudrais donc souhaiter la bienvenue à Son Excellence André Jaquet, au commissaire de la république d'Afrique du Sud au Canada; Son Excellence Berhanu Dibaba, ambassadeur de la république fédérale démocratique d'Éthiopie au Canada; Son Excellence Sallama Mahmoud Shaker, ambassadrice de la République arabe d'Égypte au Canada; Son Excellence Youcef Yousfi, ambassadeur de la république algérienne démocratique et populaire au Canada; Son Excellence Pierre Diouf, ambassadeur de la république du Sénégal; et Son Excellence Philémon Yunji Yang, haut-commissaire de la république du Cameroun.
À (1020)
Soyez les bienvenus. Nous sommes toujours ravis de vous accueillir au Parlement, mais il est particulièrement aimable de votre part d'avoir pris la peine de venir témoigner devant notre comité.
Qui veut commencer?
Le Sénégal, Son Excellence Pierre Diouf.
M. Bernard Patry: Les dames en premier, mes collègues sont d'accord.
La présidente: Très bien.
Son Excellence Shaker.
Son excellence Sallama Mahmoud Shaker (ambassadrice de la République arabe d'Égypte au Canada): Merci beaucoup, honorable Jean Augustine, parlementaires distingués, excellences, ambassadeurs, mesdames et messieurs. C'est un honneur et un privilège pour moi que d'être parmi vous aujourd'hui.
Lors de son discours prononcé à la réunion du sommet tenu à Paris le 9 février 2002, à l'invitation du président Jacques Chirac, le président de l'Égypte, Mohammad Hosni Mubarak, a insisté sur l'importance du NPDA, une initiative mise au point par les chefs d'État africains et qui vise la croissance durable. L'initiative décrit des projets conjoints qui tiennent compte des besoins des régions de l'Afrique et de l'ensemble du continent afin d'éliminer la pauvreté, qui est à l'origine du désespoir et de la frustration qui attisent le terrorisme.
Le président Mubarak a souligné l'importance des échanges commerciaux, et je cite:
«Le commerce est une des priorités des activités du NPDA qui comprennent l'accessibilité des produits africains aux marchés étrangers, la diversification des exportations, et des appuis techniques et financiers pour l'Afrique afin de rehausser les progrès économiques.»
Le président Mubarak a insisté sur l'importance pour les pays développés de respecter les engagements pris lors de la quatrième conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce. Les pays développés se sont engagés à améliorer le statut des pays en voie de développement au sein de l'OMC pour ce qui est de leurs institutions et les négociations. Le président Mubarak a dit que le développement et la modernisation sont essentiels pour améliorer les possibilités d'accès aux marchés internationaux des exportations africaines. Au niveau national, ceci exige la création de nouvelles industries, et la modernisation des industries africaines indigènes, où les pays africains ont certains avantages, comme par exemple les industries agricoles.
L'Égypte recommande le respect des particularités du développement de l'Afrique, surtout dans le secteur agricole, dont le rendement représente 35 p. 100 du PIB de l'Afrique et 40 p. 100 de ses exportations. Le président Mubarak a mentionné que le secteur emploie 70 p. 100 de la population active africaine. Par conséquent, on demande aux pays donateurs tout comme aux agences de développement international de créer un mécanisme pour faire face au problème de l'endettement et à son incidence sur les efforts qui visent à améliorer le développement en Afrique, surtout pendant les crises financières et économiques à l'échelle internationale.
Le président a bien dit qu'il ne fallait pas que ce mécanisme impose des contraintes supplémentaires aux pays en voie de développement qui risqueraient de freiner les programmes de développement. De plus, l'Égypte a exprimé le souhait que cette nouvelle initiative attire davantage de ressources financières pour l'Afrique, soit sous forme d'aide publique, soit sous forme d'investissements de la part du secteur privé. À cet égard, le président a accueilli favorablement la contribution annoncée avec eux par le Canada et les autres pays du G-8. L'Égypte est reconnaissante de ces efforts de la part du G-8 pour l'Afrique et souhaite en voir d'autres.
Pour ce qui est des réformes politiques et démocratiques, il faut tenir compte des identités culturelles et religieuses des pays africains. Après tout, le NPDA, tel qu'il a été créé par les chefs africains, insiste sur la bonne gouvernance pour assurer une plus forte croissance économique durable.
À (1025)
Cependant, l'Égypte et les autres pays africains rejettent qu'on entrave l'aide économique sous prétexte de transparence et de bonne gouvernance. Pour atteindre les objectifs de cette initiative de développement en Afrique, il faut s'entendre sur les priorités et mettre en place les mécanismes voulus pour la mise en oeuvre de l'initiative et son suivi.
Merci beaucoup.
La présidente: Merci, Excellence.
Nous souhaitons la bienvenue à son excellence, Pierre Diouf.
[Français]
Son excellence M. Pierre Diouf (ambassadeur de la République du Sénégal au Canada): Merci beaucoup, madame la présidente.
D'abord, au nom de mes collègues, je voudrais vous dire un grand merci de nous avoir invités à cette réunion de ce matin qui nous permet de vous dire, au nom des pays africains, la raison du NEPAD.
Comme vous le savez, il y a eu deux initiatives principales, celle du président sud-africain, du président algérien et du président du Nigeria, qui avaient fait le Plan du Millénaire, et celle du Sénégal, qui avait fait le Plan Omega. C'est la synthèse de ces deux plans qui a donné naissance au NEPAD. Le NEPAD est donc devenu une initiative africaine.
L'originalité du NEPAD, c'est que, pour la première fois, les bailleurs de fonds et les institutions internationales donnent leur accord de principe pour appuyer ce plan élaboré par les Africains et pour les Africains, pour le développement de l'Afrique. Ce n'est pas le premier plan, mais c'est la première fois que la communauté internationale manifeste son soutien unanime à cette initiative africaine. Les Africains ont dit que c'était eux qui allaient faire le développement de l'Afrique et se prendre en charge. Il est important de souligner cette chose.
Les chefs d'État africains ont pris cette initiative après un constat. Le constat, c'est qu'après près de 40 ans d'indépendance, d'efforts et surtout d'assistance technique à l'Afrique, l'Afrique tarde à prendre son envol pour le développement. Il faudrait donc que nous changions nos fusils d'épaule et que nous fassions des choses autres que celles que nous avons faites jusqu'à présent. Les Africains ont eu le courage de prendre une bonne partie du blâme en disant qu'ils étaient en grande partie responsables du mauvais développement de l'Afrique. Ils se sont dit qu'ils allaient faire autre chose et changer leurs fusils d'épaule.
Pour cela, les Africains ont déterminé un certain nombre de secteurs dont les infrastructures étaient déficientes, parce qu'à ce niveau, le commerce intra-africain était quasiment nul. Les échanges économiques africains se font dans le sens nord-sud, de l'Afrique vers les ex-métropoles.
Deuxièmement, en ce qui concerne l'agriculture, l'Afrique, en dépit de ses richesses, n'arrive pas à se nourrir. Cela est extrêmement grave.
Il y a également le problème de l'éducation. L'Afrique serait le continent le moins éduqué. Il y a à peine 48 p. 100 des enfants africains qui vont à l'école, essentiellement parce qu'on manque d'infrastructures, d'écoles, d'enseignants et de matériel scolaire.
À cela s'ajoute le secteur de la santé. Il n'est pas nécessaire de s'étendre sur les ravages que fait encore le sida. Cependant, on oublie trop souvent la malaria, qui fait plus de ravages que le sida en Afrique, malgré tout ce qu'on dit.
Fondamentalement, il faut souligner que les produits africains ont toutes les peines du monde à pénétrer les marchés des pays développés. Il a été écrit et dit à plusieurs reprises que, si les pays développés admettaient les produits africains, nous n'aurions plus besoin d'aide.
C'est la raison pour laquelle les pays africains se sont regroupés autour du NEPAD et ont proposé cette démarche à la communauté internationale, tout en admettant que l'essentiel sera fait par les Africains eux-mêmes. Les Africains attendent essentiellement des investissements privés de la communauté internationale. Pour cela, les Africains sont disposés à prendre les mesures nécessaires. Ils ont commencé à le faire pour assurer la sécurité de ces investissements privés.
D'abord, au niveau du système judiciaire, ils veulent s'assurer que tous et toutes soient égaux devant la loi.
À (1030)
Ensuite, ils feront en sorte que ceux qui auront investi en Afrique puissent, s'ils le veulent, rapatrier les bénéfices qu'ils auront récoltés en Afrique.
À propos des bénéfices, je dois vous dire qu'il est établi que le rendement des investissements est beaucoup plus important en Afrique qu'il ne l'est partout ailleurs dans le monde. Il est de l'ordre de 30 p. 100 en Afrique. C'est important.
Très souvent, on s'imagine que l'Afrique est aux antipodes du Canada. Par exemple, il vous faut sept heures pour vous rendre de New York à Dakar, en Afrique. L'Afrique est beaucoup plus proche que certains autres coins du monde.
Tous les pays africains portent le NEPAD comme leur propre affaire. Nous vous tendons les bras en disant que nous devons coopérer ensemble parce que le développement de l'Afrique est aussi dans l'intérêt des pays industrialisés. C'est un marché à développer.
Voilà, madame la présidente, ce que je voulais rappeler en guise d'introduction non seulement au nom du Sénégal, mais aussi au nom de tous les pays africains.
Merci beaucoup.
[Traduction]
La présidente: Merci beaucoup, Excellence.
Son excellence Philémon Yungi Yang (haut-commisaire de la République du Cameroun au Canada): Madame la présidente, membres du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international, mesdames et messieurs, nous vous remercions de nous avoir invités à comparaître devant vous.
Mon pays considère que le NPDA, nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, est une occasion importante pour les pays africains d'entretenir des rapports différents avec les pays développés. Nous croyons également que le NPDA va nous permettre de faire beaucoup de choses qu'on ne pouvait pas faire par le passé.
Cependant, d'après nous, le NPDA ne doit pas viser des projets précis pour un pays donné. Les projets de genre ne doivent pas non plus être financés par l'entremise du NPDA. Mon pays s'intéresse beaucoup à des projets qui ciblent l'ensemble du continent, les régions ou les sous-régions. Des projets particuliers à un pays doivent relever du pays en question ou trouver du financement ailleurs.
Nous mettons en tête de liste l'infrastructure du transport. Il serait formidable d'avoir un chemin de fer entre Cape Town et Le Caire, ou entre Dakar et Addis Ababa. Il en résulterait une meilleure intégration économique et politique de l'Afrique.
Nous pensons aussi aux installations hydroélectriques. Apparemment, les investisseurs et les industriels cherchent des endroits où il y a des sources d'énergie abondantes et peu coûteuses. L'industrialisation passe par une source d'énergie abondante. Sans de bonnes sources d'énergie, rien ne sera possible. Pourtant, nous avons la possibilité d'avoir des projets énergétiques auxquels participeront plusieurs pays en même temps, surtout dans le cas d'énergies renouvelables, comme l'hydroélectricité.
La technologie de l'information et des communications est un autre domaine très important. Grâce au NPDA, nous pourrons financer des projets qui visent le continent, les régions ou les sous-régions. Si nous pouvons franchir le fossé numérique, nous pourrons faire beaucoup de choses et ouvrir de nouvelles portes pour les pays africains qui n'ont pas l'occasion de faire grand-chose seuls.
Le NPDA pourrait également être très utile dans les centres de recherche, les centres d'excellence et les universités spécialisées. Si nous pouvions financer quelques universités et faire venir des spécialistes de partout au monde, nous pourrions former des gens qui ne quitteraient pas l'Afrique. À l'heure actuelle, la fuite de cerveaux est telle que beaucoup d'étudiants quittent l'Afrique pour faire leurs études et ne reviennent jamais. D'après moi, il n'y a pas de mal si les Africains habitent un peu partout, mais notre priorité c'est de les garder en Afrique si possible. Les centres d'excellence pourraient faire des recherches dans des domaines qui sont souvent négligés, comme la malaria ou d'autres maladies.
Une autre de nos priorités c'est la protection de l'environnement. Aucun pays ne peut protéger, à lui seul, l'environnement dans une partie du monde. La protection environnementale est devenue un problème international, pour lequel il faut adopter une stratégie continentale ou régionale. Cela comprend la protection de la biodiversité forestière, l'écologie maritime et côtière, et la réduction de la pollution, qui devient de plus en plus un problème pour nous. Les problèmes environnementaux causent sans doute beaucoup de misère et de sous-développement.
Il y a un autre problème qui pourrait être perçu comme un problème national, mais qui est devenu un problème international. Il s'agit de la prévention du VIH-sida. Même si le traitement des malades atteints du sida est peut-être un problème national, nous estimons que la prévention du VIH-sida est devenue un problème international qui ne peut être géré que par l'ensemble du continent ou par les régions ou les sous-régions.
À (1035)
La prévention ne doit jamais être prise à la légère car elle nécessite des investissements énormes.
Nous avons aussi des programmes pour la paix et la sécurité. La paix et la sécurité sont les conditions préalables au commerce et même à la démocratisation, au bon gouvernement, au développement économique et la réduction de la pauvreté.
L'Afrique a besoin de politiques internationales au niveau de l'Afrique pour régler la question du commerce des armes qui est un vrai problème. On pourrait même envisager des traités de non-agression ou de résolution de conflit.
À notre avis, la construction de la paix et de la sécurité dans ce continent sera une entreprise colossale. En fin de compte, il faut que les pays africains assurent leurs forces économiques et leur survie économique, sinon l'Afrique risque de devenir quantité négligeable pour le reste du monde.
Nous vivons dans un monde où l'on ne peut pas réussir si l'on n'est pas viable sur le plan économique. On ne compte pas vraiment. Si le NPDA finance des projets sous-régionaux, régionaux et continentaux, nous devrions pouvoir saisir toutes les occasions qui s'offrent à nous et faire de la nouvelle Union africaine une union qui débouchera sur l'intégration politique et même économique.
Disons que la réduction de la pauvreté, le commerce, le bon gouvernement et toutes les bonnes initiatives se renforcent mutuellement.
Je conclurais en disant qu'un homme affamé, malade et vivant dans l'insécurité aura toutes les chances de mépriser même les plus grandes valeurs démocratiques à long terme.
Merci beaucoup.
À (1040)
La présidente: Merci beaucoup, Excellence.
Nous sommes en train de faire une visite de l'Afrique. Nous sommes passés de l'Égypte au Sénégal et du Cameroon à l'Éthiopie.
Nous allons passer à l'Afrique du sud et à Son Excellence M. André Jaquet.
Son excellence André Jaquet (haut-commissaire de la République d'Afrique du Sud au Canada): Merci beaucoup, madame la présidente. Il est temps que le sud ait aussi la parole.
Je vous remercie, madame la présidente ainsi que bien des gens au Canada de l'appui extraordinaire que le Canada a apporté à la mise sur pied de l'initiative du NPDA et au plan de Gênes pour l'Afrique.
Nous saluons les efforts réalisés par monsieur l'ambassadeur Fowler. Nous nous félicitons aussi de l'engagement personnel du premier ministre et nous saluons le caractère multipartite de cette démarche. Ce n'est pas une démarche isolée.
Mes collègues ont éloquemment parlé de l'Afrique. Je vais m'en tenir à quelques-unes des choses que fait l'Afrique du Sud et aux attentes que nous nourrissons à l'égard de tout ce processus.
L'Afrique du Sud est un des 54 pays de ce continent. Elle ne revendique nullement la propriété du NPDA, comme on l'a parfois dit dans la presse. Si parfois nous prenons la tête du mouvement, c'est parce que nous avons la chance d'avoir plus de ressources que certains autres pays d'Afrique. Nous avons aussi eu la chance de profiter des sacrifices accomplis par d'autres pays africains pour nous permettre de devenir une démocratie.
À propos de sacrifices, les contribuables canadiens en ont fait d'importants pour nous aider dans cette entreprise, et je tiens à les en remercier.
Nous sommes particulièrement responsables de prendre les devants dans certains domaines, surtout dans notre région, car c'est ce que l'Afrique attend de nous. Mais le NPDA n'appartient pas à un pays donné. Il appartient à l'Union africaine, car il est étroitement lié à l'Union africaine qui a remplacé l'Organisation de l'unité africaine.
On ne s'en rend pas bien compte en dehors de l'Afrique, mais l'OUA nous a bien aidés à nous sortir de la colonisation, mais c'était une organisation qui n'était plus en mesure de relever les défis du monde contemporain telle la mondialisation. C'est pourquoi on a créé la nouvelle Union africaine rationalisée. L'Afrique du Sud sera le premier pays à la présider, à partir de juillet, et nous aurons donc une responsabilité spéciale pendant un an.
Le cadre du NPDA est effectivement l'Union africaine. En gros, on peut dire que le NPDA est une sorte de plan d'action pour lancer un certain nombre d'initiatives importantes et urgentes en vue d'établir des liens entre l'Afrique et le monde développé.
Que fait l'Afrique du Sud? Tout d'abord, nous accueillons le secrétariat du NPDA qui apporte son appui à d'autres institutions moins importantes telles que le Comité de mise en oeuvre des chefs d'État et le comité directeur, un échelon plus bas.
Nous avons une responsabilité envers notre région et nous prenons donc l'initiative de coordonner les structures existantes, de restructurer la SADC, la Communauté de développement de l'Afrique australe, pour en faire une organisation plus efficace. Nous travaillons sur toutes sortes de domaines comme les barrières tarifaires et les parcs transfrontaliers, dont un député de cette Chambre s'est occupé de manière intense. Nous améliorons les liens de transport et les réseaux électriques pour renforcer notre région. Nous avons cette responsabilité régionale. Il ne s'agit pas de réinventer la roue avec le NPDA, mais simplement de partir des structures régionales existantes pour les renforcer, une formule qui semble avoir bien réussi ailleurs dans le monde.
La deuxième tâche énorme à laquelle le comité de mise en oeuvre a demandé à l'Afrique du Sud de s'attaquer consiste à élaborer un mécanisme d'examen par les pairs pour assurer le bon gouvernement. Nous sommes censés travailler à l'élaboration de ce mécanisme et le soumettre à l'approbation de nos dirigeants, les chefs d'État.
Le processus a débuté à Abuja, au Nigéria, le 26 mars, où nos universitaires, représentants de la société civile et autres experts ont présenté un mécanisme qui nous a paru, à nous Sud-Africains, de loin supérieur à tout ce qu'on avait pu voir jusque là dans le continent africain. Nous avons été très intéressés, étonnés et peut-être même un peu vexés quand on nous a dit de reprendre notre travail parce que nous n'étions pas allés assez loin.
Ce que les dirigeants africains ont demandé à Abuja, c'était un mécanisme qui devait d'abord appartenir aux Africains et être géré par des Africains, ce qui est très bien. Il devait être crédible, transparent et général. Il devait avoir un poids réel, mais un poids africain. Il devait être distinct du processus politique car sinon les responsables politiques pourraient trop facilement détourner le mécanisme d'examen à l'occasion d'un changement de situation dans un pays. Les chefs d'État ont aussi souligné, et c'est important, que ce mécanisme devait être doté d'une capacité technique infrastructurelle pour accomplir ces objectifs. Ils ont aussi précisé qu'ils souhaitaient qu'un commissaire spécial soit nommé dans le cadre de l'Union africaine pour veiller au bon gouvernement. Et nous devions essayer de mettre tout cela sur pied avant le 16 mai.
À (1045)
Heureusement, comme il y a ce lien organique entre l'Union africaine et le NPDA, l'Union africaine établit des principes clairs d'un bon gouvernement dans les sphères politique, économique et sociale. Si vous examinez les articles 4 et 30 de la loi constituante de l'Union africaine—et j'en ai un exemplaire ici si cela vous intéresse—vous constaterez qu'elle établit les conditions d'appartenance. Un gouvernement qui accède au pouvoir par des moyens antidémocratiques et anticonstitutionnels n'a pas le droit d'en faire partie. D'autres dispositions détaillées précisent la notion de bon gouvernement. C'est utile, car tous les chefs d'État des pays africains ont signé ce document. Ils ont renoncé à leur souveraineté dans cette mesure et se sont engagés à respecter ces règles. Ce mécanisme de gouvernance et d'examen par les pairs est donc fondé en droit.
Le 16 mai à Maputo, nous verrons en quoi consiste ce mécanisme, et il y aura peut-être une déclaration à ce moment-là, ou peut-être aussi juste avant Kananaskis. Il est clair que cela ne va pas marcher. Mais c'est quelque chose qui a intéressé les pays développés, cette idée que nous sommes sérieux en Afrique. Nous n'aimons pas nous faire imposer des conditions de l'extérieur. Nous préférons accepter les conditions que nous nous imposons nous-mêmes, même si elles sont plus dures que celles que nous avions auparavant.
Le second domaine sur lequel nous nous concentrons en Afrique du Sud, car c'est dans notre intérêt et c'est un aspect essentiel du NPDA, c'est la résolution des conflits, car il n'est pas question d'avoir une démocratie si l'on a des conflits, surtout dans notre région. Nous vivons dans une zone dure, et c'est pour cela que nous sommes activement présents. Nous consacrons d'énormes ressources à des questions comme le dialogue intercongolais, une entreprise continue. Notre voisin immédiat, le Zimbabwe, traverse de graves difficultés, et connaît une tragédie humaine colossale qui ne fait qu'empirer.
Nous ne croyons pas à la diplomatie du mégaphone. Certains journalistes ont présenté le Zimbabwe comme une sorte de test décisif du NPDA et concluent que comme cela ne fonctionnait pas, il n' y avait aucun espoir. En réalité, le Zimbabwe nous donne un parfait exemple du travail du NPDA, car jamais on aurait pu imaginer deux chefs d'État africains voter pour la suspension d'un autre pays africain du Commonwealth. C'est donc un processus à long terme, mais nous croyons à la démarche tranquille du Nigéria et de l'Afrique du Sud pour convaincre les partis.
Nous avons des gens sur le terrain. En fait, l'Afrique du Sud a envoyé le secrétaire général du parti dirigeant, l'ANC, accompagné d'une structure permanente, au Zimbabwe, pour essayer d'alléger les souffrances des gens qui sont là en ce moment et qui continuent d'arriver. Nous participons aussi très activement aux discussions avec l'Angola, et je crois qu'elles portent fruit. Évidemment, l'un des plus récents citoyens du Canada, Nelson Mandela, est aussi extrêmement actif au Burundi. Nous faisons cela dans notre intérêt et aussi parce que nous pensons que cela peut être utile à notre région et à notre continent.
Enfin, si vous me le permettez, madame la présidente, j'aimerais vous dire en quelques mots ce que nous, les Sud-Africains, et peut-être même le continent tout entier, attendons de ce processus. Notre principal message sur les résultats que nous espérons voir à la fin du sommet de Kananaskis, c'est que le NPDA, le plan d'action de Gênes, reflète concrètement la nature du nouveau partenariat que nous élaborons.
De même qu'on s'attend à ce que l'Afrique, dans le cadre du NPDA, prenne des engagements détaillés en matière de bonne gestion politique et économique, d'examen par les pairs et de résolution des conflits, de même il faut que nos partenaires du G-8 prennent des engagements tout aussi détaillés. Le Canada, et d'autres pays aussi ont fait de belles déclarations et prononcé de très beaux discours, mais bien souvent ces promesses n'ont pas été suivies d'action. Il faut donc, contrairement au précédents programmes, que le plan d'action du G-8 soit articulé sur un mécanisme réciproque de responsabilités et de contrôle conjoints.
On nous dit toujours d'être réalistes et conscients des ressources disponibles. Nous sommes réalistes. Mais nous disons qu'il faut être réalistes sur ce que l'on peut faire en peu de temps en matière de bon gouvernement. Ce n'est pas une question qui va se résoudre en deux jours, il s'agit d'un processus.
À (1050)
Cela dit, de notre côté en Afrique, nous réalisons notre part de cette entente, quelle que soit l'aide internationale dont nous pouvons bénéficier, car c'est dans notre intérêt.
Il faut que le plan d'action comporte des programmes concrets, mesurables et prévisibles qui permettront à l'Afrique d'atteindre les objectifs de développement international dont elle a convenu. L'appui du G-8 devra être suffisamment mesurable et prévisible pour permettre une mise en oeuvre logique et stratégiquement planifiée, et il devrait être suffisamment concret pour contribuer à l'accomplissement des objectifs de développement international. Il va notamment falloir accroître l'aide financière pour atteindre l'objectif de réduction de moitié de la pauvreté, assurer l'éducation primaire universelle et régler les problèmes de santé. Nous nous sommes engagés à faire tout cela d'ici 2015. C'est une vaste entreprise, mais nous y travaillons de toutes nos forces.
Outre l'aide pour atteindre ces objectifs, il faut aussi aborder dans le plan d'action des engagements concrets d'appui aux efforts des Africains pour éliminer les conflits sur ce continent en faisant intervenir le système international de façon plus opportune et plus appropriée en cas de crise africaine.
Il est aussi important et urgent d'assurer l'équité des systèmes politiques, économiques et commerciaux mondiaux en revoyant, par exemple, l'architecture financière de l'accord de Bretton Woods et en réformant le système des Nations Unies et le Conseil de sécurité pour nous permettre de nous faire aussi entendre à ces tribunes internationales.
L'accès aux marchés est essentiel, et c'est quelque chose qui peut s'accomplir facilement et rapidement.
Il est important de se pencher sur le problème des niveaux d'endettement intolérables. Le Canada a accompli de très bonnes choses dans ce domaine, mais nous pensons que les autres pays du G-8 pourraient nous aider nettement plus qu'ils ne le font.
Les transferts technologiques sont d'une importance énorme pour nous. Quel pays est mieux placé que le Canada pour cela?
Nous savons d'expérience que le Canada est dévoué à notre cause. Nous sommes reconnaissants de tout ce que vous pourrez faire pour encourager vos partenaires du G-8 à vous imiter. Nous espérons que le G-8 débouchera sur l'engagement à maintenir un partenariat avec nous pour lutter contre la pauvreté et la marginalisation. Vous pouvez jouer un rôle immensément précieux en tant qu'agent d'un changement progressiste en encourageant les autres pays du monde développé, pas seulement les pays du G-8 mais d'autres pays bien intentionnés, à s'engager dans la réalisation des objectifs du NPDA.
Merci beaucoup.
La présidente: Merci, monsieur le haut-commissaire.
Nous passons à M. Berhanu Dibaba, l'Éthiopie.
Son excellence Berhanu Dibaba (ambassadeur de la République démocratique fédérale d'Éthiopie au Canada): Merci beaucoup, madame la présidente, de m'avoir invité à représenter mon pays. Je remercie aussi les députés ici présents.
Nous sommes reconnaissants au premier ministre Jean Chrétien et à d'autres députés d'être allés en Afrique. L'Éthiopie lui en est vraiment reconnaissante, et particulièrement notre premier ministre, qui a discuté du NPDA avec Jean Chrétien et son groupe. Comme d'autres pays africains, notre pays a pleinement embrassé les initiatives du NPDA et a commencé à en appliquer certains aspects concernant la paix et la sécurité.
Comme vous le savez, nous avons un conflit avec notre voisin. Les membres de la commission nommée par les Nations Unies ont presque mis fin à ce conflit. C'est une des initiatives que notre pays a entreprises, comme d'autres pays africains. La paix et la sécurité sont des questions essentielles qui doivent être résolues grâce à l'initiative du NPDA.
L'Afrique est un continent multiculturel, et seuls quelques pays africains ont des industries. L'Afrique a donc besoin d'un développement rural qui débouchera sur l'industrialisation et qui permettra à notre pays de se développer. Nous avons besoin d'un libre accès aux marchés car nous ne pouvons pas exporter certains de nos produits. C'est pourquoi on a pris une excellente initiative qui permettra de commercialiser certains produits africains sur les marchés mondiaux, ce qui sera vraiment avantageux pour nous.
Comme vous le savez, en matière de développement des ressources humaines, nous n'avons pas suffisamment d'immigration pour répondre à nos besoins. Nos intellectuels sont la plupart du temps à l'étranger pour aider d'autres pays. Il faudrait que ces intellectuels reviennent dans leurs pays africains respectifs pour pouvoir les aider.
Il faut que le développement urbain et le développement rural soient menés de concert. Si le développement rural n'accompagne pas le développement urbain, il y a un déséquilibre de croissance. Il faut donc que le développement urbain et le développement rural aillent de pair pour permettre un échange de produits, de compétences et d'enseignement.
La plupart des pays africains se préoccupent du bon gouvernement. Dans certains endroits, les choses ont bien démarré. Dans le cas de mon pays, c'est le début d'un système démocratique qui va du niveau fédéral au niveau régional et au niveau des districts. C'est un système que nous avons mis en place. Je suis sûr que c'est un système démocratique qui a aussi été mis en place dans d'autres pays africains, et nous devons donc poursuivre ce processus de démocratisation.
Dans mon pays, nous avons discuté d'une stratégie de réduction de la pauvreté. Cela aidera aussi les gens à tous les niveaux à comprendre les objectifs du NPDA, notamment en matière de réduction de la pauvreté. Ils pourront ainsi continuer à appuyer l'initiative du NPDA.
À (1055)
La plupart des pays d'Afrique ont des zones affectées par la malaria. On a donc lancé, le 25 avril dernier, à Addis Ababa, un programme de lutte contre la malaria, pour juguler la malaria dans toute l'Afrique. C'est une excellente initiative.
Il y a également un excellent programme de lutte contre le VIH/sida. Des personnes très productives meurent actuellement du sida. Nous devons donc trouver le moyen de le contrôler, particulièrement dans le cadre des programmes du CIAF. Cela a commencé dans la plupart des pays d'Afrique. C'est un excellent début et je crois qu'il s'agit là d'un des objectifs les plus importants du document du G-8.
Nous devons nous concentrer sur l'enseignement. La plupart des étudiants africains terminent à peine leurs études secondaires. Dans certains pays, ils ne peuvent pas fréquenter l'université. Il nous faut des écoles de métiers, afin que les décrocheurs puissent y acquérir les connaissances qui permettront de développer divers secteurs de leur pays.
Comme je l'ai déjà dit, l'accès libre aux marchés est de la plus haute importance pour l'Afrique. Notre pays a accepté d'être le centre de l'OUA et nous continuerons de participer aux programmes de l'Union africaine et du NPDA, comme l'a proposé le G-8.
Merci beaucoup.
Á (1100)
La présidente: Merci beaucoup, Excellence.
Nous passons maintenant à Son Excellence Yousef Yousfi, de la République algérienne démocratique et populaire.
[Français]
Son excellence Youcef Yousfi (ambassadeur de la République algérienne démocratique et populaire au Canada): Madame la présidente, distingués membres du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international, je souhaiterais vous adresser tout d'abord mes remerciements les plus vifs et ma profonde appréciation pour l'honneur que vous me faites et que vous nous faites à tous de nous permettre d'assister à cette réunion et d'échanger des points de vue sur notre continent et sur la possibilité d'établir un partenariat entre l'Afrique et les pays les plus industrialisés de la planète.
Avec votre permission, madame la présidente, je souhaiterais également rappeler un certain nombre de faits.
Berceau de l'humanité, siège de civilisations parmi les plus brillantes de l'humanité, l'Afrique a fait l'objet pendant plusieurs siècles d'exploitation et d'agression sous toutes formes, notamment l'esclavage et le colonialisme.
Les luttes souvent sanglantes qui ont conduit le continent à l'indépendance ont également laissé des traces profondes, et l'Afrique est loin d'avoir récupéré de ces périodes noires de son passé. Ces dernières décennies d'indépendance ne lui ont pas encore permis de reprendre place dans la communauté mondiale avec le poids qu'elle représente. Au contraire, elle semble avoir été davantage marginalisée. Elle est confrontée aujourd'hui aux conflits internes, à la maladie, à la misère et à la malnutrition. Au contraire des autres régions du monde, elle n'a pas encore bénéficié des retombées des progrès scientifiques et technologiques, et son niveau de développement humain, social, technique et économique reste très faible.
Conscients de la situation à bien des égards catastrophique, conscients des immenses potentialités qu'offre le continent en ressources naturelles et humaines, des dirigeants africains ont entrepris un vaste processus de résurrection, de ressourcement et de renaissance. Ce processus a été adopté en juin 2001 par l'ensemble des pays africains sous le nom de NEPAD.
Il s'appuie d'abord sur la volonté propre et les forces internes du continent en renforçant les mécanismes qui permettent de ramener la paix et la sécurité sur le continent, en s'organisant au niveau interne de manière à améliorer la gouvernance politique et économique, et à faire participer toute la société et particulièrement les femmes à ce processus, en concentrant les efforts sur l'éradication de la pauvreté, et en créant un environnement favorable à la croissance économique et au développement durable.
Mais nous savons tous que le développement économique et social est un processus long, complexe et très fragile. Des efforts soutenus et permanents sont nécessaires. Cela nécessite certainement des interventions puissantes de la communauté internationale et particulièrement des pays les plus développés. C'est l'idée fondamentale de ce partenariat qui est proposée au G-8.
Cela consiste à aider l'Afrique à accélérer sa marche vers le progrès. Il ne s'agit pas de charité mais, comme l'a souligné si justement M. le premier ministre Jean Chrétien, il s'agit d'un investissement de la part des pays développés. Ce partenariat pourra concerner les fondements mêmes de cette marche vers le progrès qui sont: l'éducation au sens le plus large et la santé; les infrastructures de base; l'investissement, notamment dans l'agriculture, et l'exploitation des matières premières, tout en préservant, bien entendu, l'environnement et en garantissant l'accès au marché; et la renaissance de la culture africaine.
Il y a aujourd'hui, madame la présidente, distingués membres de ce comité, une occasion unique, une occasion historique pour la renaissance de l'Afrique. Cette renaissance ne peut se faire que dans le cadre d'un partenariat fécond avec les pays développés et en particulier avec le Canada. Le Canada, dont les valeurs humaines sont universellement reconnues, peut jouer un rôle fondamental dans la mise en oeuvre de ce partenariat. Accueillant le Sommet du G-8, le Canada peut certainement militer et militer grandement pour l'Afrique. Nous sommes convaincus que le Canada ne ménagera aucun effort pour donner une impulsion décisive à ce partenariat et, par là même, à la renaissance de l'Afrique.
Je vous remercie, madame la présidente.
Á (1105)
[Traduction]
La présidente: Merci, Excellence.
Nous passons maintenant au haut-commissaire adjoint du Nigéria, M. Nuradeen Aliyu. Je vous prie de m'excuser de ne pas vous avoir présenté en même temps que tous les autres participants au début.
M. Nuradeen Aliyu (haut-commissaire adjoint pour la République fédérale du Nigéria): Je tiens à vous remercier, madame la présidente, d'avoir invité les ambassadeurs des pays d'Afrique à vous présenter leurs vues sur le NPDA. Je tiens également à remercier Son Excellence, le Très honorable premier ministre Jean Chrétien, de sa tournée très positive et fructueuse en Afrique et de son important engagement de 500 millions de dollars pour la mise en oeuvre du NPDA.
Permettez-moi de dire quelques mots au sujet du NPDA en général. Comme vous le savez, le Nigéria est un des pays fondateurs du NPDA et il présidait également le Comité des chefs d'État et de gouvernement de mise en oeuvre du NPDA. Le Nigéria estime donc que le NPDA est un gigantesque plan économique dont l'objectif est de faire progresser l'économie de l'Afrique au moyen d'investissements massifs et d'une aide financière provenant de la communauté internationale. Le Nigéria estime que, pour atteindre ces objectifs, les dirigeants africains doivent prouver que leurs pays sont bien gouvernés, que les habitants de ces pays vivent mieux, et que le système judiciaire ainsi que le bilan en matière de respect des droits humains s'améliorent. Il faut également que se règle le problème des conflits armés. Le Nigéria appuie donc entièrement le mécanisme d'examen par les pairs.
Le président du Nigéria, Son Excellence Olusegun Obasanjo, a déclaré que cette initiative constitue la base la plus prometteuse pour une interaction et une coopération productives et viables entre l'Afrique et la communauté internationale. Notre pays s'est engagé à mettre le NPDA en oeuvre parce que ce programme offre à notre continent la meilleure possibilité de progresser de concert avec le reste du monde au cours de ce siècle. Le Nigéria pense également que le NPDA permettra d'éradiquer la pauvreté, le sous-développement et la marginalisation économique et qu'il favorisera la croissance et le développement durables dans le cadre d'une pleine participation au processus de la mondialisation.
Madame la présidente, vous le savez bien, les pays d'Afrique ont beaucoup de grands problèmes en commun. Permettez-moi de signaler les problèmes généraux du développement de l'Afrique et de faire état de nos attentes relativement à la prochaine réunion du G-8. Tout le continent africain est confronté aux problèmes que je vais évoquer. L'éradication de la pauvreté: les pays d'Afrique ont besoin de beaucoup d'investissements et d'une vaste création d'emplois pour améliorer le bien-être des populations. Les soins de santé: il nous faut plus de cliniques, plus d'hôpitaux et plus de médecins accrédités. Cela vaut également pour l'agriculture: il faut faire progresser l'agriculture et la production alimentaire.
Nous nous attendons également que le sommet du G-8 s'intéresse au problème de la paix et de la sécurité. Un de mes collègues ici présents a dit que pour qu'une démocratie fonctionne bien, la sécurité et la paix doivent régner.
Á (1110)
Les pays africains one de l'enseignement. Il faut améliorer la qualité de l'enseignement et le niveau de l'enseignement universitaire au moyen de prêts et de bourses qui permettront d'améliorer le niveau des universités.
Le Nigéria est également heureux que le NPDA bénéficie de l'appui de plusieurs organismes multilatéraux, tels que le Commonwealth, l'Union européenne, l'ONU, le G-8, et les institutions de l'accord de Bretton Woods.
Voilà donc, dans l'ensemble, nos attentes relativement aux prochaines réunions du G-8.
Merci beaucoup.
La présidente: Merci beaucoup, monsieur le haut commissaire adjoint.
Si vous le voulez bien, nous allons maintenant faire un tour de table et poser nos questions de la façon habituelle. Nous commençons par l'opposition officielle, avant de passer au Bloc québécois, puis aux libéraux. Nous poursuivrons ainsi, avec des questions et des réponses, jusqu'à la fin.
Nous commençons par M. Day.
Pardon, Son Excellence, M. Diouf du Sénégal.
[Français]
M. Pierre Diouf: Madame la présidente, excusez-moi de vous interrompre. Je ne sais pas comment ça fonctionne.
Comme doyen du corps diplomatique africain, je voudrais vous faire remarquer que tous les chefs d'État africains sont d'accord sur l'ensemble des principes que chacun de nous a mentionné ici. Mieux encore, ils sont en train de mettre cela en pratique soit au niveau individuel, soit au niveau sous-régional, en Afrique de l'Ouest, en Afrique centrale, en Afrique du Nord et en Afrique australe. Je crois avoir nommé toutes les régions. Vous avez sans doute remarqué que j'ai moi-même fait des remarques d'ordre général, mais je répète que ce que chacun de nous a dit est valable pour chacun de nos pays pris individuellement.
Voilà l'observation que je voulais faire. Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
[Traduction]
La présidente: Merci beaucoup, monsieur Diouf.
Je suis contente que vous ayez précisé cela, et je crois que nous comprenons tous que, lorsque vous parlez et présentez ces problémes, ce sont des problèmes que vous éprouvez tous en commun et au sujet desquels vous avez, en bonne mesure, des vues semblables.
Nous passons maintenant à M. Day.
Á (1115)
[Français]
M. Stockwell Day: Merci, madame la présidente.
Je peux applaudir à l'initiative de notre premier ministre, Jean Chrétien, parce qu'il a identifié non seulement le fait que vos pays d'Afrique ont des besoins, mais aussi quelque chose de plus important encore. Il a identifié le potentiel de vos nations. Je pense que vous l'avez entrevu aussi.
[Traduction]
Si je déclare que l'opposition officielle réagit positivement à la perspective du premier ministre du Canada, c'est en réalité chacun de vos pays que je félicite pour avoir constaté la nécessité d'établir un système d'examen par les pairs pour évaluer l'évolution démocratique, le respect de la loi et de la constitution ainsi que l'ouverture des marchés, comme vous l'avez d'ailleurs généralement dit, mesdames et messieurs les ambassadeurs. Donc, tout d'abord, je tiens à dire que nous félicitons le premier ministre d'avoir reconnu cela et d'avoir accordé tant d'importance à cette question.
Je tiens cependant à rappeler que, dans les rangs de l'opposition officielle, nous ne serons pas toujours prêts à le féliciter pour certaines des initiatives qu'il pourrait proposer et qui mettraient à contribution la bonne volonté des contribuables du Canada. Il faut donc que cela soit bien clair. Cela dit, en général, j'estime qu'il est sur la bonne voie dans ce cas-ci.
Vous avez désespérément besoin d'investissements... Je n'ai pas à vous dire ces choses-là. Vous l' avez déjà dit. Or, il n'y a pas que les gouvernements qui investissent; il y a des gens, des groupes de gens qui investissent. Et les groupes de gens continueront à vouloir investir des capitaux dans tout pays où existent, évidemment, des possibilités de rendement et des avantages pour les deux côtés. Je crois donc qu'il y a là un vaste potentiel.
Les investisseurs de capitaux sont à la recherche de la stabilité, d'une stabilité confortable, à long terme. Je crois que vous nous dites justement des choses positives qui commenceront à attirer les genres d'investissements dont vous avez si désespérément besoin. Je crois que les gouvernements et même les contribuables, si on leur explique comme il faut les choses, ont un rôle approprié à jouer. En qualité de député d'opposition, je peux dire que nous n'expliquons pas les choses assez clairement à nos contribuables. Il est évident qu'il y a des avantages pour les Canadiens à ce que la prospérité, la paix et la stabilité règnent dans vos pays. Il y a là des avantages réciproques.
Cela dit, je vous invite à la prudence, en me basant sur notre expérience, au Canada. Certains gouvernements ont tendance à choisir ou à favoriser les secteurs qui, selon eux, seront appelés à prospérer. Ils y investissent donc des deniers publics. En nous basant sur l'expérience canadienne, nous déclarons fermement que cette pratique n'est pas positive. Vous prendrez vos décisions comme vous l'entendez, mais comme je rentre d'un petit voyage en Afrique du Sud, je ne peux éviter de faire cette mise en garde. Je ne suis peut-être pas un expert, mais m'étant occupé des programmes d'investissement d'une province, je peux dire que les occasions qui se présentent sont excellentes et que nous ferons tout en notre pouvoir pour que votre message et vos intentions soient connus du plus grand nombre.
Il y a une chose qui a été soulevée à deux ou trois reprises, la question de la criminalité. Permettez-moi de poser une question. Bien sûr, dans toute administration, la criminalité est une source d'instabilité et elle représente donc un facteur négatif pour l'investissement. J'étais tout récemment dans une région des États-Unis qui a connu une période d'activité criminelle semblable à celle qui régnait un peu partout, mais qui, depuis dix ans, a vu le niveau de criminalité considérablement régresser. Cette région a remédié à ce problème et les investissements commencent à y revenir. Je ne dirai pas de quelle région il s'agit, parce que je ne veux pas que mes amis américains s'en prennent à moi, mais c'est une chose que nous constatons.
Compte tenu de cela, je suis heureux d'entendre ce que vous avez dit. Certains d'entre vous avez dit que cela concernait le Zimbabwe et la situation particulière des propriétaires fonciers. Évidemment, lorsque les investisseurs de par le monde entendent cela, ils s'inquiètent. Lorsque des investisseurs particuliers ou des gens qui envisagent de s'installer entendent cela, ils s'en inquiètent. Selon vous, quelles répercussions cela pourrait-il avoir sur l'Afrique du Sud, par exemple, ou sur les pays voisins du Zimbabwe? Pensez-vous que l'on entend votre message, lorsque vous dites que vous n'aimez pas ce qui se passe sur le plan des élections et qui est une expression de la situation démocratique et donc du niveau de stabilité? Pensez-vous que cela puisse avoir des conséquences négatives? Y a-t-il des choses que nous puissions dire ou faire pour aider cette région?
Je pose cette question à tous les ambassadeurs.
Á (1120)
La présidente: Je sais également qu'en qualité d'ambassadeurs et de diplomates, nos invités ne peuvent pas faire de déclarations politiques. Ils devront très prudemment répondre à la question si elle a des répercussions politiques. Je leur laisserai donc le soin de réagir comme ils en ont l'habitude.
Ils ont environ une minute et demie pour répondre.
Son excellence, M. Diouf, a la parole.
[Français]
M. Pierre Diouf: Merci, madame la présidente. Quelles que soient les précautions que nous allons prendre, je suis persuadé que vous allez nous comprendre, même à demi-mot.
Pour ce qui concerne le problème du Zimbabwe--je suis de l'Afrique de l'Ouest et le Zimbabwe est un pays africain--, je crois qu'il aurait fallu remettre les choses dans leur contexte. On a diabolisé le Zimbabwe. Il y a des choses qui se sont passées au Zimbabwe sur lesquelles les Africains ne sont pas d'accord. Mais si on remonte à l'origine des problèmes de la terre au Zimbabwe, c'est un problème purement colonial. Ce sont les colons britanniques qui ont arraché les terres aux Africains. Comment voulez-vous que 4 p. 100 de la population détienne 80 p. 100 des terres arables? Que penser des propriétaires terriens au Zimbabwe qui ne résident pas au Zimbabwe, qui sont peut-être au Canada ou en Grande-Bretagne, et qui font travailler les Africains?
Pire encore, au moment de la rébellion de M. Ian Smith, pour mettre fin à cette rébellion, il y a eu ce qu'on a appelé les accords de Lancaster House, accords dans lesquels le gouvernement britannique s'était engagé à indemniser les fermiers blancs pour leur permettre de restituer les terres. Cet engagement n'a jamais été respecté jusqu'à maintenant, et ça, on ne le dit pas. C'est ça qui a fait le terreau de M. Mugabe, parce que les fermiers africains étaient mécontents. Mais ça, on ne le dit pas dans la presse.
Voilà ce que je voulais vous rappeler avant de dire les répercussions que ça peut avoir en Afrique du Sud. Si vous me le permettez, je vais passer la parole à mon collègue d'Afrique du Sud.
M. André Jaquet: Merci, monsieur le doyen.
[Traduction]
En ce qui concerne l'effet sur l'Afrique du Sud, nous aurons bien sûr des problèmes si nous abandonnons la démocratie. Nos agriculteurs ne nous causeront pas de problèmes, parce que notre révolution n'a pas été une révolution des agriculteurs, une révolution axée sur les terres agricoles. Toutefois, si notre gouvernement n'offre pas aux populations ce qu'elles recherchent, si nous ne donnons pas à la population des régions urbaines les logements, l'électricité et l'enseignement dont elle a besoin, cette population aura le droit d'être en colère et d'agir en conséquence.
Donc, du point de vue philosophique, l'Afrique du Sud ne veut pas avoir les problèmes que d'autres pays ont dans la même région. Nous devons donc nous en tenir fermement aux principes démocratiques, et cela nous oblige à nous concentrer sur l'importance des principes démocratiques au sein du gouvernement.
Concrètement, s'il y a une tragédie plus grande encore, nous pouvons effectivement nous attendre à la venue de réfugiés du Zimbabwe. Toutefois, nous nous sommes préparés pour cette éventualité et nous les accueillerons, parce qu'ils ont également fait des sacrifices lorsque nous avions beaucoup de problèmes. Mais nous voulons surtout aider à l'intérieur du pays, en réconciliant les citoyens du Zimbabwe entre eux, et nous faisons cela dans le contexte du Commonwealth et avec l'aide du Nigéria et de l'Australie.
Oui, la bonne gouvernance est importante, et c'est pourquoi le NPDA nous sera utile. Cela permettra d'amener plus de pays autour de la table, d'assurer que d'autres pays comprennent les effets d'une gouvernance axée sur l'indifférence.
La présidente: Merci.
Monsieur Rocheleau, à vous.
[Français]
M. Yves Rocheleau (Trois-Rivières, BQ): Merci, madame la présidente.
Mon intervention à plusieurs volets s'adressera surtout à M. l'ambassadeur du Sénégal, mais si d'autres veulent aussi faire des commentaires, ils seront aussi les bienvenus.
Vous avez un concitoyen africain, M. Mpambara, qui est humoriste et qui fait carrière au Québec présentement. Il est Rwandais ou Congolais et il a un sens de l'humour très spécial. Parlant du développement économique historique, il décrit l'exploitation qui a été faite de l'Afrique par les pays colonisateurs. Dans son développement, il en arrive, plutôt cyniquement et à bon droit, à dire non seulement qu'on a exploité l'Afrique, mais aussi qu'aujourd'hui, sans doute par l'opération du Saint-Esprit, l'Afrique a une dette envers les pays occidentaux qui l'ont exploitée. J'aimerais que vous fassiez une réflexion sur ce genre de raisonnement qui est peut-être propre aux Occidentaux.
Deuxièmement, vous avez dit dans votre exposé qu'il y avait peu d'échanges commerciaux interafricains. Je n'avais jamais entendu cela de cette façon. J'aimerais que vous commentiez davantage les raisons pour lesquelles il en est ainsi.
Vous avez aussi dit que si les pays développés achetaient les produits africains, l'Afrique n'aurait pas besoin d'aide des pays occidentaux. J'aimerais que vous élaboriez là-dessus et que vous commentiez le fait qu'en ce qui concerne l'aide canadienne, notamment celle de l'ACDI, 75 p. 100 de l'aide du Canada est faite en termes de services et non financièrement, et 75 p. 100 de cette aide revient dans l'économie canadienne. Il y a peut-être des choses à corriger de ce côté-là.
Concernant Kananaskis et le sommet, de façon réaliste, je vois deux dangers au fait que plusieurs sujets y seront traités, notamment le développement de l'Afrique. Compte tenu de l'obsession antiterroriste ou de l'obsession de la sécurité qu'il y a actuellement en Occident, notamment chez nos amis américains, je crains que le débat ne soit un peu trop biaisé du côté de la sécurité et qu'on oublie la situation catastrophique que l'on vit en Afrique. C'est un premier frein au vrai débat.
Deuxièmement, quel est le pouvoir réel des États du G-8 quant à l'omniprésence et à l'omnipuissance des multinationales qui contrôlent une bonne partie de l'Afrique? Quel est le poids véritable des gouvernements face aux multinationales quand on sait, par exemple, que depuis 1985, le prix des matières premières qui proviennent de l'Afrique a baissé de 65 p. 100 sur les marchés?
Je suppose qu'on peut voir le rôle des multinationales quant au développement de l'Afrique. Je suis mieux informé sur la Côte d'Ivoire où, en termes de production de cacao, il y a eu une chute. Les prix surtout ont chuté, ce qui fait en sorte que le coût de production est plus élevé que le prix réel que l'on reçoit.
J'aimerais que vous fassiez des commentaires sur ces grands sujets.
Á (1125)
M. Pierre Diouf: C'est vaste. C'est tout un programme. On dit que le Saint-Esprit souffle là où il le veut et comme il le veut, mais on ne le voit pas très souvent en Afrique. En tout cas, on ne sait pas où était le Saint-Esprit quand l'Afrique se faisait exploiter. Il est temps qu'il revienne en Afrique.
Si les gens se félicitent de la dette qu'ont les Africains envers les pays développés, c'est d'abord parce qu'ils ne peuvent pas payer cette dette. Ensuite, il faut voir les structures de la dette et comment les pays africains ont été amenés à s'endetter. On les a plus ou moins forcés à s'endetter. Il y a eu toutes sortes de projets pour lesquels les pays occidentaux et les institutions internationales étaient prêts à financer tout et n'importe quoi, ce qui fait que cette dette n'a servi pratiquement à rien, si ce n'est à enrichir davantage les institutions et les pays créanciers de l'Afrique. Puisque les pays africains paient cette dette, il y a actuellement un plus grand flux financier de l'Afrique vers les pays développés. Vous voyez à quel point cette dette et ce flux financier qui va du Sud vers le Nord entravent le développement de l'Afrique. Donc, il est temps que le Saint-Esprit revienne.
J'ai aussi dit que si les produits africains étaient admis plus facilement dans les marchés des pays développés, nous n'aurions plus besoin de l'aide. On a fait les calculs. Toutes les institutions internationales ont fait les calculs. Encore une fois, nous souhaitons que cet endettement de l'Afrique soit remplacé par un échange, par un partenariat, par un commerce entre les pays africains et les pays développés. On constate que la plupart des produits des pays développés exportés en Afrique sont des produits subventionnés, en particulier les produits agricoles. Que ces produits viennent du Marché commun, des États-Unis ou du Canada--personne ne m'a entendu--, ils sont subventionnés, et nous ne pouvons pas faire concurrence à ces produits.
Ensuite, il y a un certain nombre de barrières qu'on appelle les barrières non tarifaires. Si vous voulez importer des arachides du Sénégal ici, on vous dira que ces arachides ne sont pas conformes aux normes définies par Agriculture Canada, par Santé Canada, par Douanes Canada, par Canada ceci et par Canada cela, si bien que toutes ces barrières font que nous ne pouvons pas commercer avec vous alors que nous avons des choses à vous proposer. Voilà pour les barrières douanières. Il semble que le premier ministre ait donné des instructions pour que ces barrières soient levées graduellement ici, au Canada. C'est aussi ce qu'ont fait les États-Unis par l'AGOA, une loi qui a été votée par le président Clinton peu de temps avant qu'il ne quitte le pouvoir et qui permet aux produits africains de pénétrer plus facilement sur le marché américain. Globalement, ça marche assez bien.
Je pense qu'il serait assez dangereux que le Sommet de Kananaskis oublie les problèmes de l'Afrique au profit des problèmes de sécurité. Le premier ministre et son gouvernement nous ont donné l'assurance que tout serait fait pour que le NEPAD soit à l'ordre du jour, parce qu'on a fait plus d'une fois le lien entre la pauvreté et la sécurité. Très souvent, la pauvreté est le terreau du terrorisme parce que quand les gens ont le dos au mur, ils ne peuvent plus reculer: ils attaquent avec les moyens dont ils disposent, surtout quand c'est pour eux un problème de justice au plan mondial. Donc, nous avons l'assurance que les problèmes de sécurité ne l'emporteront pas sur le NEPAD.
Quel est le pouvoir des gouvernements face aux multinationales? Il se trouve que la plupart des multinationales ont au moins un siège quelque part. Nous voyons ce qui se passe dans les pays quand il y a une rencontre du G-8, du G-20 ou de ceux-ci. Les populations civiles et les contribuables s'opposent à une certaine mondialisation. Donc, nous comptons non seulement sur les gouvernements, mais également sur les contribuables, sur la société civile, parce que si les choses continuent ainsi, non seulement les Africains vont continuer à souffrir, mais certains de vos concitoyens en feront les frais. Certains de vos mandants en feront les frais. Si vos mandants en font les frais, cela ne peut qu'avoir des répercussions sur vous. Voilà le pouvoir qu'auraient les gouvernements sur les multinationales, grosso modo.
Á (1130)
[Traduction]
La présidente: Merci. Nous reviendrons à vous un peu plus tard, monsieur Rocheleau.
Monsieur Assadourian, à vous la parole.
M. Sarkis Assadourian: Merci beaucoup, madame la présidente. À l'instar de mes collègues je voudrais souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous recevons un aréopage très impressionnant de diplomates africains, qui expriment très clairement leur point de vue.
Je voudrais également, madame la présidente, souhaiter la bienvenue à des jeunes qui sont en visite à la Chambre des communes. Mon collègue de la belle province en a amené quelques-uns, bien énergiques, pour suivre nos délibérations. Nous leur souhaitons la bienvenue dans la capitale du pays.
Á (1135)
La présidente: Je crois qu'il s'agit d'un groupe de Richelieu.
M. Sarkis Assadourian: Je souhaite simplement féliciter ces étudiants qui viennent de la belle province, reconnaître leur présence parmi nous, et leur souhaiter la bienvenue dans la capitale du Canada.
La présidente: Merci.
M. Sarkis Assadourian: J'ai trois questions, madame la présidente. La première s'adresse à Son Excellence l'ambassadeur du Cameroon, la seconde s'adresse au groupe, ou à quiconque voudra y répondre, et la troisième s'adresse à l'ambassadeur d' Égypte, M. Shaker, et concerne le libre-échange.
Monsieur l'ambassadeur du Cameroon, vous avez mentionné l'exode des cerveaux avec l'émigration. C'est une question très complexe. Nous aimerions faire venir des gens de partout dans le monde qui, nous pensons, pourrons contribuer à notre économie grâce à leur éducation, leurs diplômes, leur connaissance et autres. Par ailleurs, consciemment ou non, nous prenons des ressources de votre pays pour les amener ici car ces personnes n'ont pas d'emploi là-bas, donc nous les invitons à venir au Canada faire valoir leur compétence en travaillant ici. En outre, vous avez dépensé de l'argent pour éduquer ces gens et voilà que vous perdez cet investissement dans leur avenir. J'aimerais que vous nous disiez comment nous pouvons trouver un juste équilibre.
Ma deuxième question a déjà été soulevée précédemment; il s'agit du rôle des multinationales et du G-8 dans l'économie africaine en développement. Quelqu'un voudra peut-être faire une observation générale à ce sujet, non pas dans un domaine particulier, mais une observation générale, sur le rôle des sociétés multinationales. Certaines sont beaucoup plus grandes que bien des pays du monde. Elles pourraient faire plus de bien que certains pays que nous connaissons.
Ma troisième question s'adresse à l'ambassadeur d'Égypte. Il y a deux semaines, madame la présidente, nous recevions le ministre du Commerce international, M. Pierre Pettigrew. Je lui ai posé une question au sujet du libre-échange entre l'Égypte et le Canada et il a été très positif. Je me demande si l'ambassadeur pourrait nous parler davantage de la situation à l'heure actuelle à cet égard.
Merci beaucoup.
La présidente: Merci, monsieur Assadourian. La première question s'adressait au haut commissaire du Cameroon.
M. Philémon Yunji Yang: Merci beaucoup pour la question au sujet de l'exode des cerveaux.
Je pense que même si le monde était un endroit parfait, il y aurait toujours une exode des cerveaux. Même si l'Afrique était un paradis, les gens voudraient aller ailleurs. Avec la mondialisation, les gens ont la liberté d'aller partout dans le monde. En fait, la mondialisation est une chose merveilleuse, l'immigration est une chose merveilleuse, mais selon notre expérience, bon nombre de gens qui vont à l'étranger dans des pays industrialisés pour prendre des cours, étudier à l'université, ont un très bon rendement mais, très souvent, les salaires qu'on leur offre ici, ou aux États-Unis ou en Europe sont si élevés qu'ils préfèrent rester ici. C'est une chose merveilleuse, car ils peuvent apporter une contribution, mais ils pourraient sans doute apporter une meilleure contribution au développement de l'Afrique s'ils revenaient en Afrique.
Je peux envisager une solution. Si le nouveau partenariat pour l'Afrique fonctionnait très bien, nous devrions sans doute éduquer nos étudiants davantage en Afrique sur place plutôt qu'à l'extérieur de l'Afrique. Je suis presque tenté de croire que si la plupart des jeunes étaient éduqués en Afrique, ils ne se retrouveraient pas à Silicon Valley aux États-Unis ou ailleurs. C'est important pour un jeune pays comme le mien, car si on envoie 50 étudiants—à un moment donné nous en avions environ une cinquantaine en science informatique, en ingénierie et dans d'autres programmes—ils ne sont pas très nombreux à revenir au pays. C'est certainement une perte pour nous.
Donc, une des conséquences de la mondialisation à l'heure actuelle c'est que nous perdons beaucoup de bons travailleurs qui devraient être les porte-paroles de l'Afrique. Je ne crois pas qu'il y ait une panacée, une solution qui résoudrait tout le problème, mais si ces personnes étaient éduquées en Afrique, elles seraient davantage tentées d'y rester.
Merci, monsieur.
La présidente: La deuxième question s'adresse à l'ambassadeur Yousfi d'Algérie.
[Français]
M. Youcef Yousfi: Merci beaucoup, madame la présidente.
Je souhaiterais faire quelques commentaires sur les multinationales. Les pays africains ont, bien entendu, besoin de tous les investissements, y compris ceux des multinationales qui ont les moyens humains, techniques et financiers pour travailler dans des environnements incertains. Bien sûr, le rôle de ces multinationales est de faire le maximum de revenus et de bénéfices. Bien sûr, il y a un impact sur l'économie, mais nous constatons que bien souvent il n'y pas d'impact réel sur l'emploi, sur la formation et sur les infrastructures du pays.
Je vous cite un petit exemple pour vous dire combien souvent les États africains n'ont pas les outils nécessaires pour faire face à ces multinationales. Dans mon pays, nous avons eu l'expérience d'une multinationale qui a construit une usine d'engrais nécessaires à l'agriculture. Cela n'a pas marché; elle a même explosé. Lorsque nous sommes allés devant les tribunaux internationaux, c'est la compagnie qui a gagné sur des vices de forme, et l'Algérie a payé 150 millions de dollars à cette compagnie multinationale.
C'est pour cela que je crois que les pays africains doivent distinguer l'aide et le partenariat entre les États des pays développés et les États africains dans la manière, dans l'éducation, dans la fourniture d'outils pour leur permettre le développement et également, bien entendu, pour créer un environnement favorable aux investissements, mais avec un minimum de contrôle. Souvent, dans nos pays, ce minimum de contrôle n'existe pas.
Je vous remercie.
Á (1140)
[Traduction]
La présidente: Son Excellence, Mme Shaker.
Mme Sallama Mahmoud Shaker: Je vous remercie de m'avoir offert cette occasion d'intervenir.
Je ne crois pas que qui que ce soit ici vient d'un pays qui voulait opter pour le bilatéralisme, mais puisque la question a été abordée, j'aimerais signaler que les échanges commerciaux entre l'Égypte et le Canada, depuis cinq ans, sont, à mon avis, clairement à l'avantage du Canada. Les statistiques officielles révèlent que nos échanges commerciaux s'élèvent à environ 200 millions de dollars. En fait, en 2001-2002, les exportations de l'Égypte vers le Canada ont augmenté de 20 p. 100.
Cela dit, je crois que nos données sur les investissements sont fort encourageantes, parce qu'au cours des deux dernières années, des sociétés canadiennes ont investi quelque 3 milliards de dollars, ce qui indique clairement qu'il existe un climat commercial sain qui permet l'épanouissement des activités commerciales.
Je dois dire que dans le secteur de la technologie, de l'IT et du commerce électronique, nous semblons très bien nous tirer d'affaire. Cependant, l'ambassade ici et l'ambassade du Canada au Caire ne peuvent vraiment nous fournir de données sur les échanges commerciaux avec le secteur privé. Nous n'avons pas ce qu'on pourrait appeler un recensement quant à ces échanges commerciaux, parce qu'il est très difficile de recueillir des données sur ces échanges entre nos deux pays. Je crois que si l'on avait ces données, on pourrait dire que ces échanges représentent quelque 300 millions de dollars.
Si l'on place les choses dans leur contexte, je dois dire que l'Égypte compte 66 millions d'habitants et que son pouvoir d'achat est donc très élevé; je suis convaincue qu'il serait possible de faire plus d'investissements et d'avoir des échanges commerciaux encore plus importants entre le Canada et l'Égypte.
Merci beaucoup.
La présidente: Merci, madame Shaker.
Monsieur Day.
[Français]
M. Stockwell Day: Merci, madame la présidente.
Je veux remercier M. Diouf pour ses commentaires sur le libre-échange. C'est facile pour nous ici, au Canada, de dire que le libre-échange est absolument nécessaire, mais nous avons entendu dire aujourd'hui que le Canada, de temps à autre, a établi des règles et des restrictions qui empêchent les échanges. Nous pouvons empêcher les échanges. Il est important qu'au Canada, on soit conscients qu'un gouvernement peut empêcher l'investissement et la prospérité pour ses citoyens et aussi pour vos citoyens en percevant trop d'impôts et en édictant des règles trop nombreuses et trop lourdes.
Je n'ai pas de questions, madame la présidente, mais je veux remercier l'ambassadeur de nous avons donné aujourd'hui cette leçon d'économie. C'est très important.
Á (1145)
[Traduction]
La présidente: Merci, monsieur Day.
Madame Jennings.
[Français]
Mme Marlene Jennings: Merci, madame la présidente.
Vos excellences, merci pour vos présentations, que j'ai trouvées excellentes. J'ai deux petits commentaires à faire.
Premièrement, j'ai beaucoup apprécié la présentation que vous avez faite, monsieur Yousfi. Vous nous avez décrit le contexte historique qui explique dans une grande mesure la situation dans laquelle le continent africain et tous ses pays se trouvent aujourd'hui. Vous n'avez qu'à me regarder pour voir que je suis le résultat d'une pratique colonialiste qui a existé dans le passé, celle de l'esclavagisme.
Je suis également contente des présentations qu'ont faites M. Jaquet et les autres, dans lesquelles ils ont abordé les politiques et le leadership canadiens sur la question de NEPAD. Vous avez aussi dit que l'Afrique devait être le continent du troisième millénaire.
Vous connaissez tous l'ACDI. J'ai l'honneur d'être la secrétaire parlementaire de la ministre de la Coopération internationale. Je sais que l'ACDI a une longue histoire en Afrique, à plusieurs niveaux, et j'aimerais vous demander si vous croyez que l'ACDI devrait jouer un rôle particulier dans le développement ou dans le NEPAD. C'est vrai que les pays africains seront au volant de ce projet, de cette nouvelle politique, de ce plan d'action et c'est vrai que le Canada, par l'entremise de notre premier ministre, a pris le leadership au niveau du G-8, mais c'est également vrai que nous jouons déjà un rôle en Afrique par le biais de la coopération internationale.
J'aimerais que chacun de vous me dise brièvement comment il voit le rôle de l'ACDI. Doit-on faire appel à l'expertise de l'ACDI en matière de programmes pour le développement et la mise en application du NEPAD, ou si l'ACDI devrait limiter sa contribution au financement? C'est une question assez large, mais j'ai la conviction que vous allez pouvoir nous donner de bonnes idées.
[Traduction]
La présidente: La parole est maintenant à son Excellence, M. Jaquet, de l'Afrique du Sud.
[Français]
M. André Jaquet: Merci, madame la présidente.
Je vais commencer par parler de l'Afrique du Sud. Je souhaiterais beaucoup que l'ACDI fasse pour l'Afrique ce qu'elle fait pour l'Afrique du Sud. Vous nous aidez énormément à construire notre capacité de gouverner. À cause de notre histoire, nous avons maintenant des dirigeants qui n'ont pas eu l'occasion de se former pour gouverner le pays.
Chaque ministère sud-africain a un accord pour construire la gouvernance avec son homologue au Canada, et cela nous aide énormément. Il y a énormément de bonne volonté qui a été exprimée par nos chefs d'État à l'égard du NEPAD, mais on a parfois une capacité insuffisante pour bien faire les choses. Certains pensent qu'il y a un manque d'enthousiasme ou peut-être de la corruption. Cela est attribuable à l'absence d'une capacité de bien gouverner.
Donc, il ne faut rien enlever à ce que vous faites chez nous, en Afrique du Sud, et il faut l'étendre un peu partout en Afrique.
Merci.
[Traduction]
La présidente: Nous passerons maintenant à l'ambassadeur d'Algérie, Son Excellence, M. Youssef Yousfi.
[Français]
M. Youcef Yousfi: Je vous remercie beaucoup, madame la présidente, et je remercie beaucoup la députée Marlene Jennings pour ses commentaires. Je ferai quelques commentaires concernant mon pays, mais je suis persuadé que certains pays ont plus ou moins les mêmes préoccupations.
Je crois qu'il y a des domaines d'excellence au Canada. Il y a des domaines dans lesquels la performance du Canada est parmi les meilleures au monde. Nous avons besoin, par exemple, de réformer notre État et l'administration.
J'ai parlé tout à l'heure, comme M. l'ambassadeur Jaquet l'a aussi fait, de construire des capacités, surtout au niveau de nos administrations et de notre État, afin que nous ayons un État digne de ce millénaire. Le Canada, je crois, est extrêmement performant.
Je parlerai également de la formation professionnelle. Donner une formation professionnelle à un jeune, c'est l'aider à trouver un travail et à se développer. Il y a de plus en plus de jeunes qui sortent du système scolaire sans savoir travailler et qui n'ont aucun avenir sans une formation professionnelle. Je crois que le Canada excelle également dans ce domaine et pourrait faire bénéficier nos pays de cela. Dans le nord de l'Afrique, nous sommes confrontés à un problème dramatique, celui de l'eau. S'il y a un pays qui connaît la question de l'eau, c'est bien le Canada. Il faut trouver où se trouve cette eau, la transporter vers nos populations, la distribuer et la traiter: c'est un problème crucial et fondamental.
Bien entendu, le quatrième problème--je ne les cite pas tous--est celui de l'environnement, pour lequel le Canada a une expérience et un savoir-faire extraordinaires. C'est toute la question de la protection de l'environnement par le traitement des déchets, des résidus.
Je crois que nous pouvons bénéficier énormément de l'appui du Canada dans ces domaines. Je vous remercie.
Á (1150)
[Traduction]
La présidente: Merci.
Le dernier mot revient à Son Excellence M. Yang, du Cameroun.
M. Philémon Yunji Yang: Je vous remercie d'avoir posé cette question.
Je crois que l'ACDI dispose d'une mémoire institutionnelle qu'il ne faudrait pas perdre. Le NPDA permettra d'accomplir beaucoup de choses, mais je crois que ça sera à un niveau différent, peut-être à l'échelle du continent. Mais les projets bien précis auxquels a participé l'ACDI—l'alimentation en eau, les puits dans les villages et autres choses du genre—devraient continuer, parce que si vous pouvez amener l'eau dans un village où il y a beaucoup de sécheresse, vous changez tout, pour ceux qui y vivent.
Le NPDA ne pourra jamais faire ce genre de choses, d'ailleurs il ne faudrait pas s'y attendre. Je pense donc que l'ACDI continuera de jouer un rôle important et de faire des choses qui ne peuvent pas être faites par d'autres intervenants.
Merci.
La présidente: Mon collègue désire faire un bref commentaire.
Monsieur Rocheleau, je vous interromprais si vous prenez trop de temps.
[Français]
M. Yves Rocheleau: Merci, madame la présidente.
Concernant le Sommet de Kananaskis, selon les renseignements qu'on a et ma perception des choses, il y a un danger compte tenu de l'obsession des Américains, notamment, concernant la sécurité. Pour démontrer au monde que l'Afrique existe et que nous en sommes solidaires, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu que les pays africains, à l'unanimité, écrivent au président de l'assemblée, qui est M. Chrétien, pour lui rappeler qu'ils tiennent à ce que le débat se fasse authentiquement et à ce qu'on ne les fasse pas passer en dernier, si on a le temps de parler d'eux, parce que les besoins en matière de sécurité doivent primer? On connaît l'influence des Américains et des Britanniques notamment. Étant donné la situation catastrophique, pour employer le mot de votre collègue nigérien, de l'Afrique, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu qu'un geste d'éclat soit posé?
[Traduction]
La présidente: Merci, monsieur Rocheleau. Je vous remercie de votre observation. Je ne vais pas demander une réponse. Vous avez simplement fait valoir votre point de vue.
Vos Excellences, nous vous remercions d'avoir eu l'amabilité d'accepter de comparaître devant nous aujourd'hui dans le cadre de notre étude du sommet du G-8.
À titre de présidente, je voudrais vous demander deux choses. Le haut-commissaire de l'Afrique du Sud pourrait-il déposer auprès du comité les principes constitutionnels de l'Union africaine mentionnés au début? Cela pourrait nous être utile pour nos recommandations.
Autre chose, quelqu'un a mentionné une réunion pour le 16 mai. Si vous pouviez faire parvenir au comité les conclusions principales de cette réunion, nous vous en saurions gré. Je suis certaine que nous entendrons encore parler de cette réunion.
Alors que je vous remercie, je tiens à préciser que je n'ai pas suivi tous les protocoles d'usage, c'est-à-dire que je ne vous ai pas demandé de prendre la parole dans le bon ordre et que je ne me suis pas nécessairement adressée à vous dans les formes. J'espère que nous nous retrouvons ici entre amis et que nous pourrons poursuivre notre dialogue. Je n'ai certainement pas voulu offenser qui que ce soit en donnant la parole d'abord à quelqu'un. En tant que présidente, je tiens simplement à ce que l'ambiance ici reste amicale.
Votre participation nous a beaucoup appris, et nous vous en remercions ainsi que vos pays. Je ne vais pas mentionner de noms mais certaines des personnes présentes ici ont fait preuve de beaucoup d'hospitalité lors de notre dernière visite en Afrique. Je tiens également à vous en remercier publiquement.
Je voudrais faire l'éloge du travail entrepris par vos pays et la participation de tous vos citoyens à un moment où nous cherchons à unir nos efforts. Nous allons tenir compte de ce que nous avons appris de vous, de vos commentaires et nous espérons que notre rapport publié à la fin de mai sera un reflet fidèle.
Enfin, je vous suis reconnaissante davoir bien voulu attendre pour nous permettre d'exécuter certains de nos travaux, notamment le dépôt de rapports de comité. Je sais que c'est contraire au protocole.Les membres de notre comité passent d'une question à une autre et nous voulons pouvoir avoir l'attention de nos interlocuteurs au moment approprié. Nous nous excusons de vous avoir convoqués, invités distingués et de n'avoir pas observé les règles protocolaires.
Je voudrais vous remercier maintenant dans les formes: son Excellence l'ambassadeur Diouf du Sénégal, son Excellence le haut-commissaire Yang du Cameroon, son Excellence le haut-commissaire Jacquet de l'Afrique du Sud, son Excellence l'ambassadrice Shaker d'Égypte, son Excellence l'ambassadeur Yousfi d'Algérie, son Excellence l'ambassadeur Dibaba d'Éthiopie, le haut-commissaire adjoint Alyu du Nigéria. J'espère avoir tout fait dans les règles.
Des voix: Bravo, bravo!
La présidente: Mission accomplie. Merci encore d'être venus.
Je pense que vous voudriez dire le dernier mot, ambassadeur Diouf.
Á (1155)
[Français]
M. Pierre Diouf: Je n'ose pas conclure la réunion du comité, car cela dépasse mes pouvoirs. Nous voudrions simplement vous recevoir encore plus et mieux le 22 mai prochain, lors d'une soirée africaine que nous organisons. Chaque année, comme Mme la présidente le sait, nous fêtons la Journée de l'Afrique. Cette année, ce sera le 22 mai au Château Cartier, et vous serez tous et toutes les bienvenus. Cela va vous montrer un autre aspect, un autre visage de l'Afrique. Vous savez qu'en Afrique, il n'y a pas seulement le sida, la guerre et la famine. On sait vivre aussi.
Nous voulons que vous veniez vivre avec nous une soirée africaine. Je demanderais au secrétariat de Mme la présidente de bien vouloir nous communiquer la liste des membres du comité. Ce sera pour nous un plaisir et un privilège de les inviter à cette soirée.
Merci beaucoup, madame la présidente.
[Traduction]
La présidente: Je vous remercie beaucoup de l'invitation. Nous allons sûrement faire tous les efforts possibles pour y assister afin de fêter avec vous. Nous avons célébré la Journée de la liberté de l'Afrique du Sud chez les Sud-Africains hier soir, c'était une soirée merveilleuse. Merci encore de votre invitation. Nous l'anticipons avec beaucoup de plaisir. Merci d'être tous venus vous entretenir avec nous.
La séance est levée