:
Merci, monsieur le président. Merci, membres du comité, de me donner l'occasion de vous parler cet après-midi.
[Traduction]
Maintenant, vous savez pourquoi la plupart de mes remarques seront en anglais cet après-midi.
Je vous remercie de me donner l'occasion de participer à cette importante discussion sur le rôle des Forces canadiennes dans les efforts du Canada en Afghanistan. Je vais essayer, dans cette déclaration, de vous fournir des renseignements sur une contribution militaire unique canadienne à Kaboul, c'est-à-dire l'Équipe consultative stratégique. J'espère aussi vous donner un aperçu de l'objectif stratégique majeur de cette équipe, ce qui nous occupe le plus, c'est-à-dire le Pacte pour l'Afghanistan et la stratégie de développement nationale pour l'Afghanistan.
Je concluerai par mon évaluation de certaines questions nationales importantes qui se posent au gouvernement afghan élu et qui doivent être réglées dans le cadre de l'effort international pour l'édification de l'État.
En juin 2005, j'ai été chargé par le Chef d'état-major de la défense de former et de diriger une équipe consultative stratégique qui serait déployée à Kaboul afin de fournir au gouvernement de l'Afghanistan une aide à la planification stratégique. Ce concept se fondait sur l'expérience vécue par le général Hillier au poste de commandant de la Force internationale d'assistance à la sécurité. Au cours de cette mission, il avait affecté des planificateurs militaires auprès du ministre des Finances de l'époque, M. Ashraf Ghani, à la demande de celui-ci, pour aider à l'élaboration d'un plan stratégique pour la reconstruction de l'Afghanistan.
L'idée étant que les officiers militaires apporteraient de la rigueur à un processus de planification stratégique militaire bien élaboré pour résoudre les problèmes civils et sociaux. L'équipe que je dirigeais compter 15 personnes. Il y avait sept planificateurs stratégiques employés dans deux sous-équipes, un civil du MDN, un analyste stratégique, un officier militaire spécialisé dans l'élaboration des communications stratégiques et des plans d'information et un spécialiste de l'ACDI en développement des capacités employé à contrat. J'avais aussi trois sous-officiers spécialistes du soutien et un petit groupe de commandement composé d'un chef d'état-major et de moi-même.
À l'arrivée à Kaboul au mois d'août 2005, l'ambassadeur canadien de l'époque, Chris Alexander, ainsi que la responsable de l'ACDI chargé de l'aide, Nipa Banerjee, ont collaboré très étroitement avec moi afin de déterminer où nous serions le plus efficace. Très vite, les bureaux du groupe de travail de la stratégie de développement nationale de l'Afghanistan et de la Commission indépendante sur la réforme administrative et la fonction publique furent identifiés comme de bons lieux de travail. Dès le début septembre, nous nous rendions chaque jour dans ces bureaux pour travailler.
Dans les deux cas, nous avons travaillé très étroitement avec nos homologues afghans afin de fournir les outils nécessaires à l'élaboration des plans dont ils avaient besoin pour développer leur pays. Le groupe de travail de la stratégie de développement nationale de l'Afghanistan est un bon exemple. Notre équipe a partagé ce bureau -- imaginez une salle à peu près deux fois plus grande que celle-ci -- avec de jeunes employés afghans chargés de mettre au point la stratégie.
Le groupe recevait des idées et des programmes provenaient de différentes sources : dirigeants afghans, ministres, organismes internationaux et universitaires. Nous avons aidé les Afghans à incorporer ces idées et programmes dans un cadre stratégique qui établirait les priorités, coordonnerait les projets et affecterait les ressources. En gros, nous avons été les mécaniciens qui ont aidé les Afghans à assembler leur invention.
Nous avons utilisé essentiellement la même méthode pour la Commission de la fonction publique, et après les avoir aidés à préparer une stratégie, nous avons redéployé une équipe au ministère du Relèvement et du Développement rural pour élaborer en plan d'action les objectifs de ce ministère.
Après avoir pris connaissance de la stratégie de développement nationale de l'Afghanistan, nous nous sommes rendus compte que nous pourrions aider la Force internationale d'assistance à aligner ses activités sur la stratégie nationale. À cette fin, nous avons élaboré un concept permettant au commandant, le général Richards, de façonner un plan de campagne dans le sens de la stratégie de développement nationale de l'Afghanistan et aider à mener des actions tactiques au niveau des équipes provinciales de reconstruction de façon à ce qu'elles soient conformes aux priorités nationales et plus cohérentes à l'échelon national.
Le général Richards et son personnel n'ont ménagé aucun effort dans cette entreprise. En fait, nous lui avons fournit le chapitre approprié sur la stratégie de développement nationale de l'Afghanistan pour son manuel de l'équipe provinciale de reconstruction, sa direction des équipes provinciales de reconstruction. Voilà ce qu'était l'équipe et ce que nous avons accompli.
J'aimerais consacrer un peu de temps pour vous parlez de ce qu'à fait l'Afghanistan en très peu d'années et décrire brièvement le plan pour l'avenir.
En dépit du ton pessimiste de beaucoup de commentaires, l'Afghanistan a fait des progrès remarquables au cours des quatre dernières années. Dans le cadre du processus de Bonn, qui était la feuille de route visant l'établissement d'un cadre politique fondamental nécessaire à une bonne gouvernance, les Afghans se sont mis d'accord sur une constitution. Ils ont eu des élections présidentielles très réussies en octobre 2004. Le 18 septembre 2005, ils ont tenu des élections parlementaires très bien organisées et qui ont enregistré un fort taux de participation.
J'ai eu l'honneur d'accompagner l'ambassadeur canadien et d'observer les bureaux de vote, j'ai ressenti quelque chose de sentiment remarquable, comme si j'assistais au déroulement de l'histoire.
Ces réalisations ne doivent pas être sous-estimées. Les trente années de guerre n'ont pas seulement détruit les structures fondamentales de l'État et la majorité des infrastructures physiques, elles ont aussi beaucoup endommagé le tissu social du pays. Ce genre de dégâts est pratiquement impossible à voir, mais il est probablement plus important que le genre de dégâts qui peut être photographié et quantifié.
Les mouvements massifs de populations ont anéanti beaucoup de méthodes traditionnelles de règlements au niveau social et de solution de conflits, les combats incessants ont plongé la population dans un état collectif de perturbation psychologique -- les gens sont vraiment fatigués des conflits et des combats. Le succès du processus de Bonn a prouvé l'engagement collectif du peuple de l'Afghanistan pour remplacer le pouvoir du fusil par un processus démocratique.
En plus de cet impressionnant processus politique, les Afghans et la communauté internationale ont établi une sécurité fondamentale dans près des trois-quarts du pays. Des centaines de milliers -- je pense qu'il y en a des millions aujourd'hui -- d'enfants, y compris des filles, sont retournés à l'école. Des cliniques, des routes, des systèmes d'irrigation et d'innombrables autres projets de développement ont été terminés et un nombre encore plus grand ont commencé. La plupart de ces travaux se sont faits sans publicité ni attention des médias.
Les dirigeants canadiens, les médias et nos citoyens se sont surtout intéressés, et cela se comprend, aux opérations de combat dans la province de Kandahar. C'est dans cette région que les Forces canadiennes ont connu les combats les plus violents depuis la guerre de Corée et cela attire évidemment l'attention des Canadiens. Cela dit, croire qu'il n'y a que des combats en Afghanistan est une erreur, c'est ignorer l'ensemble de la situation.
À la fin du processus de Bonn, le gouvernement élu et la communauté internationale ont entrepris l'élaboration d'un plan global et robuste pour l'avenir. Ce plan est décrit dans deux documents importants qui ont été présentés à la Conférence de Londres sur l'Afghanistan en février 2006 : le Pacte pour l'Afghanistan et la stratégie de développement nationale de l'Afghanistan. Cette vision, c'est-à-dire le Pacte et le plan, la stratégie de développement nationale, déterminera l'avenir du pays. Le Pacte est un engagement politique mutuel entre la communauté internationale, y compris le Canada, et le gouvernement de l'Afghanistan. Il s'agit d'une déclaration claire du soutien international et de l'engagement réciproque du gouvernement à obtenir des résultats. La stratégie de développement nationale de l'Afghanistan est une stratégie visant à concrétiser cet engagement.
Le 15 février 2006, le Conseil de sécurité des Nations Unies a approuvé le Pacte et a accueilli favorablement la stratégie de développement nationale de l'Afghanistan. Cette résolution est à la fois une déclaration unanime du soutien international pour le gouvernement élu de la République islamique d'Afghanistan et un engagement mutuel pour l'avenir du pays. Les deux documents abordent les problèmes de l'Afghanistan en utilisant un cadre stratégique qui inclut trois piliers ou cheminements critiques d'opération : la sécurité; la gouvernance, la primauté du droit et les droits de la personne; et le développement économique et social.
À cette étape, j'aimerais soulever de deux points importants. Le premier, c'est que le Pacte et la stratégie de développement nationale de l'Afghanistan forment ensemble le plan pour l'Afghanistan. Il s'agit d'un plan mis en oeuvre par les Afghans et son exécution est contrôlée par le gouvernement afghan et la communauté internationale sous la direction de la mission d'aide des Nations Unies en Afghanistan. Deuxièmement, tous les secteurs de la contribution officielle du Canada à cette mission -- militaire, diplomatique et développement --collaborent dans les trois piliers en vue d'atteindre l'objectif commun. Le manque de temps m'empêche de vous décrire en détail la façon dont l'ensemble du gouvernement ou le concept des trois D fonctionne sur le terrain, mais l'équipe provinciale de reconstruction à Kandahar et l'Équipe consultative stratégique pour l'Afghanistan à Kaboul sont deux des exemples les plus évidents.
Bien que des progrès remarquables aient été accomplis dans les trois piliers, et il reste encore beaucoup de travail à faire. L'Afghanistan enregistre le dernier ou presque le dernier de tous les indices du développement humain faits par les Nations Unies. L'extrême pauvreté, l'analphabétisme, les taux de mortalité infantile très élevés, la malnutrition chronique et le chômage général ne sont que quelques-uns des problèmes quotidiens des Afghans. La stratégie de développement nationale de l'Afghanistan aborde ces problèmes et les autres qui doivent être résolus pour voir l'émergence d'un État islamique stable, Prosper église en sécurité. Même si le plan est global et robuste, l'engagement international soutenu, les ressources, du temps et de la patience sont nécessaires pour réaliser ses objectifs ambitieux.
Je vais me servir maintenant du cadre stratégique du Pacte pour conclure par quelques remarques sur certaines des plus pressantes questions nationales devant être abordées à court terme.
L'insurrection au sud est évidemment le plus gros problème au niveau de la sécurité. Elle a retardé le développement dans cette région et menace les progrès accomplis dans le reste du pays. Le gouvernement afghan et l'OTAN ont répondu par des initiatives telles que le Groupe d'action des politiques, un organisme mixte afghan-international qui dirige maintenant tous les aspects de la stratégie nationale au sud. D'autres initiatives, comme le concept afghan de développement régional, visent à établir des liens étroits entre la sécurité et le développement. C'est la seule formule qui stabilisera cette partie du pays.
Le développement de la force de sécurité nationale afghane est aussi un problème important qui est crucial pour l'avenir. La réforme de l'armée nationale afghane enregistre de bons progrès, mais elle doit être accélérée. La réforme de la police nationale afghane a été plus problématique et cette institution n'a pas gagné la confiance de la population pour un certain nombre de raisons, y compris la corruption généralisée et un manque de professionnalisme au niveau du fonctionnement de la police. La communauté internationale a récemment amélioré ce programme, mais il reste encore beaucoup d'efforts à faire, et cela prendra du temps.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, de grands progrès ont été accomplis au niveau de la gouvernance, de la primauté du droit et des droits de la personne. Cela dit, la corruption et le manque général d'un système judiciaire efficace posent d'énormes problèmes. Le gouvernement de l'Afghanistan a récemment pris d'importantes mesures de lutte contre la corruption et à aussi procéder à d'importantes arrestations en vue d'enrayer la corruption.
Les changements récents apportés à la Cour suprême sont prometteurs quant à une réforme judiciaire, mais le manque d'une magistrature efficace aux niveaux inférieurs est grave. Les Afghans n'ont essentiellement pas confiance envers le système, en raison de choses comme les arrestations et les détentions arbitraires et l'incapacité à avoir recours aux tribunaux pour régler des problèmes sociaux fondamentaux. Encore une fois, ce n'est pas quelque chose qui peut être remédié du jour au lendemain et des efforts sont faits pour cela.
Finalement, dans ce secteur, la réforme de la fonction publique et l'aide gouvernementale ont été très lentes et n'ont pas été très bien coordonnées. La réforme de l'administration publique exige un effort important comme celui fait pour l'armée.
Dans le secteur du développement économique et social, un effort important pour établir une cohérence et répondre aux urgences est nécessaire. Plusieurs grands organismes officiels de développement étrangers n'utilisent pas le Fonds d'affectation spéciale pour la reconstruction de l'Afghanistan ni le ministère des finances pour transférer des fonds à des programmes et des projets. D'autres n'utilisent que les entrepreneurs de leur propre pays avec pour résultat des frais généraux et des coûts de la sécurité excessifs
Finalement, des universitaires pourraient juger que le programme de développement dans son ensemble manque de ressources. Carl Robichaud de Century Foundation a calculé que l'aide accordée par habitant au début de l'intervention en Bosnie s'élevait à 649 dollars américains par personne, alors qu'en Afghanistan, dont la situation après le conflit est bien pire, le montant ne s'élève qu'à environ 57 dollars américains par habitant.
Il est évident, que la coordination et l'alignement de l'effort de développement sur la stratégie de développement nationale de l'Afghanistan nécessitent un leadership international soutenu. Le projet d'édification de l'État afghan est complexe et compliqué et les problèmes sont graves. Mais les problèmes peuvent être résolus par l'effort international concerté qui a été annoncé à la Conférence de Londres. La patience, la fermeté et la persévérance sont essentielles si l'on veut que les Afghans voient les résultats des promesses faites au cours des quatre dernières années.
Personnellement, après avoir passé un an à Kaboul, je suis optimiste quant à l'aboutissement, mais réaliste sur la difficulté des problèmes. Ne nous faisons pas d'illusions, il reste beaucoup à faire en Afghanistan et l'avenir du pays est loin d'être assuré.
Finalement, encore une fois personnellement, je suis fier des efforts entrepris par le Canada, les forces canadiennes et chaque marin, soldat, aviateur et civil pour tenir les promesses que la communauté internationale et d'autres pays ont fait au peuple afghan. Je suis fier d'avoir servi avec des Canadiens exceptionnels et les éléments réguliers de l'armée, la marine et l'aviation et les civils avec lesquels j'ai eu l'honneur et le privilège de commander à Kaboul et qui font honneur à notre pays.
Nous sommes tous allés là-bas en ayant foi en notre mission et nous en sommes revenus avec à l'esprit des images forte de gens déterminés à ce que leurs enfants aient une vie meilleure que la leur.
Je vous remercie de votre temps et de l'intérêt que vous portez à la mission et au travail remarquable qu'accomplissent chaque jour vos compatriotes en Afghanistan au nom de notre nation.
Si le président le veut bien, je suis prêt à recevoir vos questions et vos commentaires.
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D'accord, monsieur, je vais essayer d'y répondre. Je vais commencer par la première.
Évidemment, je ne répondrai pas de manière objective. Cette équipe a été formée à partir d'une idée. Ce que je pense de l'affectation des planificateurs militaires? Un plan, c'est un plan. Nous avons un système de perfectionnement professionnel très rigoureux, de sorte qu'à partir du moment où vous êtes recruté, que ce soit dans l'Armée de terre, l'Aviation ou la Marine, vous apprenez à planifier. Notre principale fonction, c'est la planification.
Pourquoi faire appel à des officiers militaires? Je vous dirais qu'une partie du problème réside dans le fait que — je ne sais pas s'il s'agit d'un problème, mais la réalité est que — la plupart des ministères ont juste assez de personnel pour combler leurs postes à l'administration centrale. Nous coûtons beaucoup moins cher que des consultants internationaux. Je vais vous paraître un peu cynique en vous disant qu'un consultant touche entre 1 000 et 2 000 $ américains nets par jour pour se promener dans Kaboul, sans rien apporter de très concret. Si vous étiez allés à Kaboul, vous les auriez vus.
Nos militaires sont là pour travailler. Ils ont une capacité unique de s'adapter et de mettre en confiance la population afghane. Nous sommes le seul ministère qui peut affecter le nombre de personnes requis de façon continue et rotative. Si vous demandez à un autre ministère d'envoyer 15 personnes à Kaboul qui ne sont pas nécessairement formées ni qualifiées, je pense que ce ne sera pas beau à voir!
Pour répondre à votre deuxième question, sachez que l'arrangement bilatéral a été conclu entre le Canada et l'Afghanistan. J'entretiens une relation de collaboration avec la FIAS et la coalition américaine. J'ai reçu comme instruction du général Hillier de fournir tout le soutien possible.
Cela étant dit, le fait que nous étions une opération purement canado-afghane nous a ouvert des portes et nous a permis de créer rapidement un climat de confiance. Je pense que c'est attribuable à plusieurs facteurs, notamment au fait qu'à Kaboul, le Canada a une réputation enviable dans la communauté internationale et ce, en partie grâce aux Canadiens qui nous ont représentés là-bas: je fais référence à notre ambassadeur de l'époque, qui est maintenant représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l'ONU à Kaboul, Chris Alexander; à Nipa Banerjee, de l'ACDI; ainsi qu'aux généraux Leslie et Hillier, à titre de commandant adjoint et commandant de la FIAS respectivement.
Et je suis sur le point de prendre ma retraite, alors je ne dis pas cela de manière intéressée.
En vérité, ces derniers ont ouvert des portes partout à Kaboul. Ils ont compris que je n'étais pas là pour exercer des pressions au nom de l'une ou l'autre de ces deux administrations centrales. Je tiens à préciser une chose. La FIAS n'est pas en charge de l'Afghanistan, pas plus que l'OTAN; le gouvernement démocratiquement élu de la République islamique d'Afghanistan est le seul responsable de ce pays.
Mon collègue, M. Hawn, a abordé avec vous la question du reste de la mission, un point qu'il avait déjà soulevé.
C'est une façon intrigante de concevoir le reste de la mission. J'étais à la table du Cabinet quand la décision a été prise de faire de la mission de Kandahar une mission tridimensionnelle. D'après ce que j'avais compris, elle comportait presque à parts égales des travaux de reconstruction et des travaux humanitaires, des efforts diplomatiques et la défense.
Vous avez mentionné l'intensité des combats qui se déroulent, et depuis quelques mois, nous livrons essentiellement une guerre. Voilà que nous en sommes réduits à voir le reste de la mission comme des opérations militaires, avec quelques travaux de reconstruction et des travaux humanitaires, mais en laissant à d'autres le soin de faire les travaux de reconstruction et les travaux humanitaires que nous devrions être en train de faire. C'est inacceptable. Ce n'est pas là la mission. Si c'est ce qui est prévu, c'est que la mission a été changée, ce que la plupart d'entre nous affirment depuis quelques mois.
Je ne vous pose pas une question. Je tenais simplement à vous transmettre la réflexion, mais vous êtes libre d'y répondre ou de la commenter.
Ma véritable question concerne l'éradication de la culture du pavot. Dans le numéro d'hier du Ottawa Citizen, il y avait une entrevue avec Norine MacDonald. Voici ce qu'elle dit dans l'entrevue. Je vous soumets ses propos, et vous pouvez les commenter.
À la question de savoir si elle a été confrontée à de la violence, elle répond, et je cite :
Dans le sud de l'Afghanistan, la violence fait partie du quotidien . Il y a des bombardements toutes les nuits. On s'endort au son des bombes américaines qui pleuvent sur Panjwaii. Il y a constamment des combats sur cette route. Nous avons rencontré des personnes qui ont été embusquées par des talibans. Beaucoup d'Afghans sont obligés de quitter leur village pour se réfugier ailleurs, puis de se déplacer encore et à nouveau pour éviter les combats et les bombardements.
Un peu plus loin, elle ajoute :
Avec la sécheresse, la destruction des cultures (de pavot), les bombardements et les combats dans les villages, ils sont actuellement désespérés.
On lui pose ensuite la question : « Comment décririez-vous la sécurité dans le sud de l'Afghanistan? ».
C'est une zone de guerre. La situation s'est dramatiquement détériorée au cours de la dernière année. La destruction des cultures a certes fait le jeu des talibans. Quels qu'aient été les appuis locaux dont jouissait la communauté internationale dans le sud de l'Afghanistan, ils ont été lourdement hyopthéqués par ce plan de destruction. Les talibans y ont vu l'occasion de faire des gains sur le plan politique et l'ont saisie.
Je ne suis pas sûr que ce soit vrai, mais d'après tout ce que j'ai entendu et tout ce que j'ai lu, Norine MacDonald du Senlis Council dit exactement le contraire de M. Karzai. Il a en effet déclaré à la Chambre des communes : « ...si nous ne détruisons pas le pavot, c'est le pavot qui nous détruira », quelque chose dans ce sens. C'est là tout à fait à l'opposé de la politique des Nations Unies d'éradication du pavot et aux recommandations du Senlis Council.
Ce que j'aimerais savoir, c'est s'ils ont raison de dire que nous perdons des appuis à cause de la destruction du pavot? Ou avez-vous raison de dire « presque pas »?