:
Merci. Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui pour appuyer votre étude du processus d'acquisition militaire et des processus associés.
Je suis actuellement conseiller principal pour le Center for Defense Information, une division à but non lucratif du World Security Institute, un centre d'études sur la sécurité nationale établi à Washington, D.C. Afin d'assurer notre indépendance, le World Security Institute et le Center for Defense Information n'acceptent aucun financement du gouvernement fédéral ni des entrepreneurs de la défense.
Dans mes fonctions actuelles, je suis parfois appelé à fournir une expertise indépendante sur diverses questions de défense. Je cumule une trentaine d'années d'expérience dans les systèmes et équipements de défense américains. Mes observations d'aujourd'hui reposent sur cette expérience; il est possible qu'elle ne s'applique pas à la situation du Canada, qui peut être passablement différente de celle des États-Unis.
J'aimerais tout d'abord signaler qu'aux États-Unis, beaucoup de programmes d'acquisition de matériel militaire fonctionnent très bien. Vous n'en entendez jamais parler dans les journaux. Ces programmes offrent à l'utilisateur les capacités voulues et ils sont performants. On constate toutefois quelques tendances troublantes depuis quelques années. Au cours des dernières années par exemple, 80 p. 100 des systèmes de l'armée de terre n'ont pas atteint la moitié de leur fiabilité requise au cours des essais opérationnels. Il n'y a pas si longtemps, deux tiers des systèmes des forces aériennes ont dû interrompre leurs essais opérationnels parce qu'ils n'étaient pas prêts. Depuis un peu plus longtemps, la marine a aussi connu son lot de problèmes. En 1992, elle a traversé une période au cours de laquelle seulement 58 p. 100 de ses systèmes soumis à des essais opérationnels pour appuyer une décision à l'étape III ont passé l'épreuve avec succès. La marine a apporté plusieurs modifications et, quelques années plus tard, son taux de succès a grimpé à environ 92 p. 100.
De manière générale, on cherche aujourd'hui à trouver des façons de réduire les risques technologiques liés aux programmes d'acquisition de matériel de défense américains qui, trop souvent subissent des dépassements de coûts et des retards.
Ces problèmes surviennent habituellement en raison d'un manque général de réalisme, un manque de réalisme qui se manifeste de quatre façons, la première étant des exigences irréalistes. Bien que nous voulions tous que nos soldats, marins, aviateurs et marines disposent du meilleur équipement possible, et eux aussi veulent des systèmes plus performants, qui peuvent être utilisés pour de multiples missions. Cela donne donc des systèmes multifonctionnels plus complexes, souvent dotés d'ordinateurs et de détecteurs fonctionnant en tandem pour fusionner l'information. De nos jours, pratiquement n'importe quel objet est doté d'un ordinateur, comme nous pouvons le constater dans la vie de tous les jours.
Par exemple, le programme d'obusier Crusader, qui a été annulé, renfermait grosso modo un millions de lignes de code dans son ordinateur. Certains ont été surpris qu'un obusier puisse nécessiter une telle puissance de calcul, qui approche de celle d'un chasseur à réaction moderne.
Par conséquent, aux États-Unis, il est fréquent que les défis techniques qu'il faut relever en vue de réaliser des systèmes multifonctionnels efficaces soient sous-estimés.
Il n'est pas rare non plus que le DoD ait des attentes irréalistes en ce qui concerne les coûts, les échéances et même le rendement. Parfois, cela découle des propositions présentées dès le départ par l'industrie. Pour rendre les nouvelles propositions intéressantes, il arrive que le secteur de la défense américain surestime sa capacité de livrer un produit et en sous-estime le prix.
Cependant, que cette proposition soit présentée par un entrepreneur ou par le gouvernement lui-même, cela amène le soumissionnaire à y adhérer pour être concurrentiel. Cette situation est souvent causée par l'incapacité du gouvernement et de l'entrepreneur de bien comprendre et relever les défis techniques dès le début d'un programme. Si ces défis techniques n'ont pas été franchement cernés, les efforts investis pour les surmonter peuvent entraîner des dépassements de coûts se chiffrant en milliards de dollars et des retards de plusieurs années.
Par ailleurs, dans le but d'épargner temps et argent, les ministères et entrepreneurs de la défense se tournent parfois vers des articles « disponibles dans le commerce » ou qui n'ont pas été développés, appelés COTS/NDI. En général, il ne s'agit pas vraiment d'articles « prêts à utiliser » au sens courant, qu'ils soient commerciaux ou non, et si c'est le cas, souvent le concepteur n'a jamais songé que le produit commercial serait utilisé à des fins militaires dans des conditions difficiles.
Un troisième domaine dans lequel on fait preuve d'un manque de réalisme est que trop souvent, le DoD se lance dans des programmes extrêmement techniques et complexes en croyant que les entrepreneurs livreront le produit selon un marché à prix ferme. Et même s'ils ne sont pas à prix ferme, bien des contrats sont structurés de sorte à ne pas encourager ou à peu encourager la poursuite du développement afin d'améliorer le système, mais plutôt à favoriser le lancement de la production le plus rapidement possible. De plus, les conditions contractuelles obligent souvent les entreprises de la défense à présenter des offres irréalistes simplement pour demeurer concurrentielles. Vous avez déjà entendu l'expression « vous pouvez vous rattraper à l'étape de la production ». Mais lorsque la production est réduite, ce qui arrive souvent, les perspectives de profit s'amenuisent encore plus.
Enfin, pour ce qui est de se préparer à des environnements opérationnels réalistes, parfois les programmes d'acquisition de matériel de défense sous-estiment l'environnement opérationnel comme de mauvaises conditions météorologiques, le stress lié au combat ou au chargement. Quelquefois, les programmes d'acquisition ne prévoient pas une préparation suffisante pour les essais opérationnels qui, par définition, seront réalistes sur le plan opérationnel. Des systèmes complexes ayant obtenu de bons résultats en laboratoire ne fonctionnent pas toujours bien lors d'essais opérationnels réalistes.
Compte tenu de ces problèmes, j'ai exposé à votre intention dix solutions que vous examinez peut-être déjà ou pourriez examiner. Il n'est pas nécessaire que je les énumère une à une. Elles sont suffisamment explicites. Elles consistent notamment en une surveillance et un examen parlementaires accrus, à maintenir la concurrence dans l'attribution des contrats et à veiller à prêter attention aux détails techniques. Je ne passerai pas ces dix solutions en revue, mais je répondrai volontiers aux questions le moment venu.
Comme je l'ai signalé au début de mon exposé, ces suggestions ne seront peut-être pas toutes utiles au gouvernement canadien. D'abord, la plupart des achats militaires réalisés au Canada n'ont pas la même envergure qu'aux États-Unis. Cependant, on observe que la tendance mondiale en matière d'acquisition militaire semble s'orienter vers des systèmes plus gros, plus complexes et plus coûteux, qui font appel à des technologies, à des ordinateurs et à des logiciels avancés, et que ces gros systèmes sont difficiles à gérer.
Je vous remercie, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de m'avoir invité à participer à votre examen du processus de passation des marchés publics du gouvernement.
[Français]
Comme certains d'entre vous le savent, avant de prendre ma retraite de la fonction publique en 1999, j'ai occupé pendant presque 3 ans et demi le poste de sous-ministre adjoint (Matériel) au ministère de la Défense nationale. Ce poste est actuellement occupé par M. Dan Ross, qui a comparu devant vous le 8 février dernier.
Au cours des 30 années précédant ce mandat, j'ai été officier dans les Forces armées canadiennes et gestionnaire civil principal au ministère de la Défense nationale. J'ai travaillé presque exclusivement dans le domaine de la logistique, de la gestion du matériel et de l'approvisionnement.
Je me suis présenté devant ce comité ou l'une de ses versions précédentes à plusieurs reprises pour répondre à des questions concernant l'approvisionnement de la Défense nationale. Ma dernière comparution devant ce qui était à l'époque le Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants remonte à un peu plus de 8 ans; pour être exact, c'était le 2 mars 1999, juste avant mon départ à la retraite.
J'avais alors fait un survol détaillé du processus d'approvisionnement de la Défense nationale et des mesures que nous prenions dans le but de le réformer. Les membres du comité souhaitent peut-être examiner cette présentation d'il y a 8 ans, puisque de nombreux projets de réforme abordés à l'époque sont semblables à ceux dont il est encore question aujourd'hui.
[Traduction]
Par exemple, plusieurs des témoins précédents ont affirmé avoir acheté une quantité supplémentaire d'équipement disponible sur le marché dans le but de raccourcir le processus d'acquisition. Il ne s'agit pas d'un nouveau concept. Dans sa déposition d'avril 1992 sur la Politique de défense du Canada, le gouvernement conservateur avait déclaré que lors des futures acquisitions de la Défense, il:
- éviterait les solutions canadiennes seulement qui exigent de procéder à des travaux coûteux et risqués de recherche et de développement ou de modifier du matériel existant.
Peu de temps après, en avril 1994, dans une déclaration sur les incidences du budget sur la Défense nationale, le gouvernement libéral de l'époque avait affirmé que le MDN:
... favoriserait l'achat d'équipement « disponible sur le marché », l'emploi de technologies commerciales standard et, à moins que ce ne soit absolument nécessaire, qu'il éviterait les spécifications militaires...
Dans ma présentation de mars 1999, en soulignant ce que nous avions fait pour réformer le processus d'acquisition, j'avais attiré l'attention sur notre décision d'acquérir davantage de produits commerciaux standard, citant notamment l'achat des hélicoptères Bell 412 en exemple. Par conséquent, l'achat d'équipement du commerce a été préconisé et mis en oeuvre avec beaucoup de succès par le MDN depuis de nombreuses années déjà.
[Français]
Malgré l'existence de tels concepts, on a encore la forte impression que quelque chose ne va pas dans le processus d'approvisionnement du ministère de la Défense nationale, bref, qu'il nécessite des corrections sérieuses.
Cette remarque ne s'applique pas seulement au Canada. Vous pouvez lire des documents sur les tentatives de réforme des acquisitions des ministères de la défense aux États-Unis, au Royaume-Uni ou en Australie, autrement dit, dans la plupart des grands ministères occidentaux de la défense. Et à en juger par tout ce qui a été dit et écrit, il est évident que la réforme de l'approvisionnement est hautement prioritaire dans les ministères de la défense et qu'elle l'a été depuis de très nombreuses années.
[Traduction]
Comment se fait-il que nous n'ayons pas encore trouvé la solution? Comme je l'ai signalé, le problème n'existe pas qu'au Canada. Par exemple, un article publié dans l'hebdomadaire Jane's Defence Weekly en octobre 2005 au sujet de la réforme des acquisitions au Royaume-Uni avait pour titre Smart Acquisition still not working, says committee (l'acquisition intelligente toujours au point mort, affirme le comité). Cette année, un titre de la BBC News de février disait ceci: « Armoured vehicle delays condemned » (les délais touchant les véhicules blindés sont critiqués). Il y était question de la condamnation par le Commons Defence Select Committee du Royaume-Uni des délais touchant les véhicules blindés qui, neuf ans après la détermination du besoin, n'étaient encore rien d'autre qu'un simple concept.
[Français]
Malgré le fait qu'il y a eu quelques progrès au cours des dernières années, tout le monde semble encore vouloir réformer totalement le système.
[Traduction]
Selon moi, le système n'est pas vraiment défectueux. Contrairement à l'un de vos précédents témoins, M. Alan Williams, je ne crois pas qu'il soit nécessaire de créer une organisation radicalement nouvelle. Le système d'acquisition actuel peut néanmoins être amélioré de manière appréciable et, à moins de prendre des mesures décisives dès maintenant, l'achat d'une quantité supplémentaire d'équipement du commerce risque d'être encore le nec plus ultra en matière de réforme dans dix ans.
[Français]
L'an dernier, l'Institut de la Conférence des associations de la défense a publié un mémoire intitulé « La création d’un modèle d’acquisition qui donne des résultats ».
[Traduction]
En anglais, c'est « Creating an acquisition model that delivers ».
[Français]
De fait, le président de l'institut, le général Manson, a été l'un de vos précédents témoins.
Le chapitre 2 du mémoire, que j'ai moi-même écrit, présente quelques suggestions sur la manière de modifier le processus d'acquisition de façon à le rendre plus conséquent, plus opportun et moins coûteux qu'auparavant. Ce chapitre ne comporte que six pages. Bien sûr, j'en recommande la lecture aux membres de votre comité.
[Traduction]
Pour le moment, laissez-moi simplement reprendre les principaux attributs de mon plan en dix points.
Tout d'abord, aucune acquisition ne devrait démarrer sans un énoncé clair, compris et accepté de l'insuffisance de capacités à corriger. Ce qui est aussi important, c'est que chacune d'entre elles devrait être strictement limitée à ce pour quoi elle est prévue. La « déformation » de l'énoncé des besoins (EBO) contribue énormément à la prolongation et à la complication de l'acquisition.
Ensuite, le secteur industriel doit participer aux premières phases de la détermination des solutions éventuelles à l'insuffisance des capacités. Dans de nombreux cas, la solution à l'insuffisance des capacités peut, ultimement, ne pas résider dans l'achat d'un équipement.
Dès que le besoin est bien défini, le processus doit employer des équipes de projet interministérielles intégrées, bien formées, averties et expérimentées.
Les stratégies d'approvisionnement ne doivent pas se contenter de cerner le risque, mais il faut adopter des stratégies qui réduisent ce risque.
Il faut encourager des processus de passation des marchés qui appuient une utilisation accrue des spécifications de rendement plutôt que ceux qui exigent des spécifications beaucoup trop détaillées. Toutefois, les occasions où il sera nécessaire d'avoir des spécifications techniques détaillées seront quand même fréquentes.
Au moment de l'octroi des contrats, le rendement passé des fournisseurs éventuels doit être pris en considération.
Les stratégies d'acquisition varieront d'un projet à l'autre, mais le motif justifiant l'adoption d'une stratégie particulière, qu'elle soit concurrentielle, de source unique ou axée sur le recours à un préavis d'adjudication de contrat, doit être conséquent et clairement compris. Le processus doit en outre reconnaître que le secteur industriel est partenaire du processus et a des attentes et des coûts légitimes. Le secteur industriel est trop souvent perçu comme un adversaire.
Il est primordial que le gouvernement prévoie une infrastructure industrielle de défense canadienne semblable à celle récemment publiée par le Royaume-Uni et l'Australie, parce qu'elle sous-tendrait la totalité des acquisitions de la Défense.
Il est nécessaire d'offrir davantage d'incitatifs positifs aux entrepreneurs, et pas seulement des pénalités.
Enfin, le MDN doit se doter d'une marge réelle de financement stable pour le futur. Avant d'être autorisé, un projet doit présenter un profil des dépenses et recettes réaliste. Les projets doivent être « limités » en vertu de cibles financières et d'échéances précises et faire l'objet d'une annulation lorsque les « limites » établies ne sont pas respectées.
Je serai le premier à admettre qu'il n'y a rien de particulièrement unique ou de radical dans ces recommandations. Je ne suggère aucune réorganisation majeure. Je préconise plutôt un processus d'acquisition plus cohérent et plus prévisible qu'auparavant.
Comme je l'ai dit dans la conclusion du chapitre, il arrive trop souvent qu'on traite les acquisitions complexes d'une manière qui peut être considérée comme improvisée. On fait des compromis pour veiller à ce que le projet continue d'avancer, avec peu de considération pour les risques en aval ou avec des conséquences au chapitre des délais et des coûts.
[Français]
Monsieur le président, comme la vérificatrice générale l'a dit il y a quelques semaines, le processus d'acquisition de la Défense nationale est complexe et il le sera toujours. Par ailleurs, je suis d'avis que le contexte politique au sein duquel il évolue le rend encore plus compliqué. Par contre, nous devrions être en mesure de faire mieux.
[Traduction]
Monsieur le président, je serais très heureux de répondre à toute question que les membres du comité voudraient poser.
Monsieur Langueux, je vous remercie pour votre exposé. Vous avez fait dix recommandations.
En ce qui concerne ma conception et celle des Canadiens du rôle des députés, je pense que celui-ci consiste à s'assurer de l'imputabilité du gouvernement au pouvoir, à poser des questions et à veiller à ce que les contribuables obtiennent le meilleur rapport qualité-coût, comme l'a signalé mon collègue M. Bachand.
Lorsqu'il apparaît qu'une acquisition de matériel de la défense est faite dans le cadre d'un contrat à fournisseur unique, les députés et les Canadiens deviennent, naturellement, nerveux, et avec raison.
Vous avez mentionné que vous n'étiez pas d'accord avec ce qu'a dit M. Alan Williams, qui a comparu devant notre comité et qui a écrit un ouvrage intitulé Reinventing Canadian Defence Procurement. À propos d'une des recommandations que M. Williams a faites, vous avez signalé que vous n'approuviez pas qu'il recommande un processus différent ou un type différent de ministère. Une des recommandations que M. Williams a faites est qu'il faudrait désigner un ministre principal en matière d'acquisition du matériel de défense.
Il n'y a pas très longtemps que je suis membre du comité. Je le suis depuis un an seulement. Ce que je trouve délirant, c'est que divers ministres et sous-ministres viennent témoigner et lorsque moi et d'autres membres leur posons des questions précises sur le processus d'acquisition, ils nous répondent qu'il faudrait poser la question à l'autre ministre qui vient la semaine suivante ou que cela ne relève pas de la responsabilité... Nous avons beaucoup de difficulté à déterminer quel ministre est responsable de ce processus, et c'est très irritant.
Je vous pose la question suivante: pourquoi seriez-vous ou êtes-vous opposé à la recommandation à l'effet qu'un seul ministre devrait avoir la responsabilité finale du processus?
:
Je vous remercie pour cette question.
Je suis sûr que est heureux de savoir qu'on reverra bientôt la Camaro sur les routes.
Il existe une grosse différence — et M. Coyle l'a mentionné dans ses commentaires — entre ce que les forces armées américaines achètent ou la façon dont elles font les acquisitions et nos façons de procéder.
Compte tenu du volume et de l'argent que cela représente et de la technologie, l'approche américaine consiste à élaborer de nouveaux systèmes de A à Z — qu'il s'agisse d'un avion de chasse ou d'un nouveau système d'artillerie —, à investir beaucoup dans la recherche-développement et, naturellement, à faire des tests et une évaluation opérationnels très stricts de ces systèmes.
Au Canada, nous ne disposons pas de budgets aussi importants que ceux dont bénéficient les forces armées américaines. Par exemple, leur budget de la défense est supérieur au budget total du gouvernement du Canada. En outre, nos forces armées ont un tiers de la taille du Corps des Marines des États-Unis. C'est donc une échelle très différente sur le plan financier.
Nous n'avons pas les moyens financiers de développer des systèmes d'armement semblables de A à Z et, par conséquent, il est raisonnable dans notre cas d'acheter du matériel commercial. Cet équipement a déjà fait ses preuves, après avoir été développé par les forces armées américaines ou par d'autres pays alliés.
Par conséquent, nous n'avons pas tendance à élaborer des systèmes canadiens spécifiques qui sont très coûteux, pour toutes les raisons exposées par M. Coyle, et qui ne donnent de toute façon aucune garantie que l'on obtient ce que l'on veut en fin de compte, à moins d'avoir beaucoup de temps, beaucoup d'argent et beaucoup de ressources.
Étant donné notre taille et notre échelle, l'achat d'équipement dans le commerce, qu'il s'agisse de C-130J ou de C-17 ou d'hélicoptères, est très raisonnable dans notre cas. Il est toutefois essentiel de s'assurer que ces diverses plates-formes et que les systèmes correspondants s'intègrent aux systèmes et plates-formes existants.
Une participation canadienne est donc essentielle à ce niveau-là, car si l'on choisit une série de systèmes différents pour les combiner, il faut s'assurer qu'ils puissent communiquer entre eux, qu'ils soient fonctionnels et performants ensemble. Ce n'est pas un aspect qui a nécessairement fait l'objet d'essais de la part de nos alliés, car ceux-ci font peut-être des combinaisons différentes.
C'est donc à ce niveau-là que le Canada a un rôle à jouer dans ces systèmes. Il est essentiel que nous ayons la capacité d'élaborer et d'adapter ces systèmes à nos exigences, surtout lorsqu'il s'agit d'intégration des systèmes et en particulier des équipements de mission.
:
Je voudrais tout d'abord présenter les excuses de Mme Dabrowski, directrice générale de l'AQA, qui n'a pas pu se présenter aujourd'hui.
[Français]
Monsieur le président et honorables membres du comité, c'est un grand privilège de me trouver devant vous aujourd'hui pour vous faire part des intérêts et des préoccupations de plus de 200 PME faisant partie de l'industrie de l'aérospatiale du Québec que représente l'Association québécoise de l'aérospatiale, l'AQA. Merci de votre accueil.
L'AQA invite instamment le gouvernement à travailler dans un esprit de plus grande collaboration avec l'industrie et avec tous les intervenants bien avant la mise en branle du processus d'acquisition et tout au long de la période d'utilisation des aéronefs, de manière à appuyer l'industrie aérospatiale canadienne existante et établie et à aider à faire entrer l'armée canadienne avec bravoure et confiance dans le XXIe siècle.
L'Association québécoise de l'aérospatiale et ses membres sont heureux des intentions du gouvernement fédéral d'investir dans de nouveaux équipements en aérospatiale afin de répondre aux besoins fondamentaux et croissants des Forces canadiennes à l'intérieur de nos frontières et à l'étranger. Nous applaudissons cet effort énergique qui vise à faire entrer nos forces armées de plain-pied dans le XXIe siècle.
Les membres de l'AQA ont leur siège dans la région de Montréal et les environs, où se trouve le troisième regroupement en aérospatiale en importance au monde. C'est le seul regroupement aérospatial en Amérique du Nord comprenant tous les éléments nécessaires pour construire un aéronef complet et l'entretenir tout au long de sa période d'utilisation. Il s'agit d'un atout précieux pour le Canada, méritant d'être respecté et encouragé pour le bénéfice de tous les Canadiens travaillant dans l'industrie de la haute technologie. Ce centre d'excellence fait également l'envie de nos compétiteurs internationaux, et si le gouvernement canadien n'agit pas d'une manière stratégique appropriée pour la répartition des contrats découlant de ces approvisionnements militaires importants, approvisionnements qui définiront pour l'essentiel le profil de l'industrie aérospatiale canadienne pour les 20 à 30 prochaines années, alors le Canada risque de perdre ses acquis durement gagnés sur le marché, ainsi que les 40 000 emplois qui y sont rattachés.
Il ne faudrait jamais faire l'erreur de croire que la défense des intérêts des PME qui fournissent la main-d'oeuvre essentielle à ce regroupement remarquable s'apparente à un privilège historique. Plutôt, il a fallu de nombreuses années et des investissements importants de fonds publics provenant des contribuables canadiens pour créer et maintenir ce centre. Le Canada a raison d'être fier de cette réalisation et doit soutenir une politique en matière d'acquisitions d'ordre militaire qui appuie ses compétences et qui contribue au maintien de notre position sur le marché et sur le plan technique.
L'aérospatiale est un élément stratégique de l'industrie canadienne toute entière. Cette industrie doit être soutenue adéquatement, sinon le Canada risque de perdre sa position de leader sur le marché mondial de l'aérospatiale. Il est inacceptable de permettre à un seul soumissionnaire de décider arbitrairement à qui le travail doit être octroyé, selon son calendrier des tâches. Le programme du Canada en aérospatiale doit être respecté et défendu par le gouvernement fédéral. Les RIC issus de ces approvisionnements militaires sont vus comme des opportunités stratégiques essentielles pouvant servir de levier à nos investissements en R et D et nous permettant de faire progresser, sans limite aucune, le savoir-faire et l'expertise du Canada afin de maintenir un avantage compétitif vis-à-vis nos concurrents américains, européens et asiatiques. Nos compétiteurs internationaux font tout ce qui est en leur pouvoir afin de développer leurs propres centres d'excellence. Le Canada doit faire de même, sinon il risque de perdre sa position privilégiée sur le marché, ses parts de marché et des emplois. Il est inconcevable que le gouvernement tourne le dos à ces investissements et risque ainsi de perdre sa position actuelle en tant que l'un des centres en aérospatiale le plus important et peut-être le plus dynamique au monde.
Plus précisément au sujet des RIC, la notion selon laquelle l'industrie aérospatiale canadienne est en compétition pour des marchés en aval, après que des soumissionnaires se sont vu octroyer des contrats de plusieurs milliards de dollars sans compétition aucune, est paradoxale. En réalité, dans les conditions actuelles, l'industrie aérospatiale canadienne dans son ensemble, et notamment les PME du Québec, ont peu ou pas de visibilité ou de contrôle sur la façon dont un soumissionnaire exclusif décidera qui se verra octroyer les contrats, puisque rien n'indique qu'un véritable processus compétitif est mis en oeuvre afin de décider de quelle façon les contrats seront accordés. Les seules règles régissant l'attribution de ces contrats sont les lignes de conduite émises dans l'entente sur les RIC qui imposent aux soumissionnaires certaines façons de distribuer les éventuelles charges de travail.
Sans un plan RIC fort et ciblé, le soumissionnaire unique détient essentiellement un pouvoir décisionnel complet quant à la façon dont l'industrie canadienne participera. Cette situation est totalement inacceptable, puisqu'elle met en danger la totalité de l'industrie de l'aérospatiale au Québec, laquelle pourrait en ressentir les conséquences pendant les 20 à 30 prochaines années, un héritage que l'AQA croit fermement qu'elle doit protéger et défendre.
De l’avis de l’AQA, il existe un partenariat inhérent, en temps de paix comme en temps de guerre, entre l’armée canadienne et l’industrie que la soutient par le truchement de l’innovation, au moyen d’investissements et grâce à sa persévérance. L’AQA est en faveur d’une approche uniforme et collaboratrice en matière d’approvisionnement qui tient compte des bénéfices pour tous les intervenants lorsque des décisions concernant des acquisitions importantes sont prises. Les intervenants comprennent, sans toutefois s’y limiter, le ministère de la Défense et nos braves soldats qui comptent sur de l’équipement à la fine pointe, le ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux du Canada, les membres de l’industrie de l'aérospatiale et les associations qui représentent leurs intérêts à tous les niveaux, les établissements qui travaillent en collaboration avec l’industrie dans le cadre de la R et D, de même qu’Industrie Canada, qui joue un rôle d’importance critique pour ce qui est de comprendre et de préserver le tissu de notre grande industrie aérospatiale. Il y a eu un sérieux manque de transparence tout au long du récent processus d’approvisionnement d’ordre militaire au nom du gouvernement fédéral. La décision de recourir à un seul fournisseur exclusif, le plan RIC fragmenté et le manque de soutien de la part du gouvernement fédéral envers une distribution stratégique des RIC font courir des risques sérieux à notre industrie aérospatiale et à nos PME au Québec.
L’AQA recommande donc que le gouvernement du Canada prévoie un montant affecté aux petites entreprises identifiable correspondant à au moins 20 p. 100 de chaque contrat attribué à une entreprise étrangère pour assurer le maintien des PME oeuvrant dans l’industrie aérospatiale au Québec. Des programmes similaires existent déjà ailleurs, notamment aux États-Unis. Grâce à une telle initiative, on s’assure que les bases de notre industrie participent au succès des projets d’acquisition canadiens.
[Traduction]
L'AQA croit fermement que la seule façon d'assurer les meilleurs marchés pour les intervenants canadiens, dans le domaine des acquisitions d'ordre militaire, est la mise en place d'un processus ouvert et compétitif qui commence bien avant la date d'acquisition cible, avec des consultations transparentes auxquelles participent tous les intervenants pour l'examen de chaque volet important, dans le but d'assurer la fourniture du meilleur matériel possible à nos forces armées. Ce processus devrait être conçu de manière à satisfaire aux exigences des missions canadiennes dans leur ensemble tout en tenant compte de la façon dont le processus d'acquisition peut se révéler profitable au niveau de l'expertise canadienne au chapitre de la fourniture de solutions à la fine pointe aux utilisateurs finaux.
L'objectif sera de fournir un soutien de la meilleure qualité possible aux Forces armées canadiennes et d'offrir des incitatifs essentiels à l'industrie aérospatiale canadienne, de manière à relever le défi que pose la satisfaction de ces besoins. Ce processus constitue une étape essentielle et nécessaire qu'il faut franchir si nous voulons que le Canada bénéficie pleinement des acquisitions d'ordre militaire importantes. Pour cela, il faudra des efforts considérables, un examen attentif et une planification soigneuse, autrement on se retrouvera avec une stratégie divisée et fragmentée qui laissera les intervenants de l'industrie largement à l'écart du processus d'acquisition d'ordre militaire et avec une politique d'approvisionnement qui nuit au maintien des vastes acquis de l'industrie aérospatiale canadienne sur la scène mondiale.
Les PME que représente l'AQA ne sont pas seulement des joueurs dans l'industrie de l'aérospatiale. Ce sont des entreprises familiales qui se sont développées grâce aux sacrifices et à la volonté de ceux qui croyaient en un produit ou qui étaient des visionnaires désireux de contribuer au succès du Canada. La seule façon de protéger ces visionnaires et ces personnes dévouées consiste à adopter rapidement une stratégie d'acquisition d'ordre militaire plus compétitive et transparente qui prévoit la collaboration de tous les intervenants pour assurer que le Canada soit bien défendu et demeure un chef de file de la technologie aérospatiale. L'union fait la force.
Merci beaucoup.
Vous avez la parole.
M. Peter Simmons: Bonjour, mesdames et messieurs.
Monsieur le président, merci pour cette occasion de faire un exposé devant le Comité permanent de la défense nationale.
Je m'excuse d'être légèrement enroué. Je ferai mon possible pour parler à voix haute et clairement.
La société Lockheed Martin est fière d'apporter à nouveau son soutien au Canada et aux Forces canadiennes; elle a été choisie cette fois-ci pour fournir une nouvelle flotte d'aéronefs de transport tactique par le biais d'un processus de qualification précis et exigeant. Le C-130J est un appareil arrivé à maturité et qui a fait ses preuves sur le plan opérationnel. C'est un excellent choix pour remplacer la flotte canadienne de C-130 qui prend de l'âge. Les vieux C-130 ont été pendant des années l'avion utilitaire tactique du Canada et de la plupart des pays alliés.
Le nouvel avion utilitaire a déjà fait la preuve de ses capacités opérationnelles. À propos de ces capacités, au cours de son récent témoignage à Washington, le secrétaire de l'Armée de l'air américaine, Michael Wynne, a fait le commentaire suivant:
Si vous me donniez plus d'argent, je saurais exactement comment le dépenser... j'achèterais des C-130J. L'utilisation de C-130J Hercules pour transporter l'équipement et les fournitures permet de réduire les convois routiers des forces terrestres... cet appareil est par conséquent devenu l'appareil utilitaire par excellence dans la guerre au terrorisme.
Avec un marché aussi important que celui-ci, Lockheed Martin reconnaît qu'il est essentiel de fournir la meilleure valeur et le meilleur rendement sur l'investissement de l'État. Conformément aux conditions canadiennes en matière d'acquisition, le prix de l'appareil peut être aisément considéré comme juste et raisonnable. En outre, nous sommes conscients du fait qu'il est primordial de générer de vigoureuses retombées industrielles régionales, sujet que j'aborderai plus tard.
Durant les quelques minutes dont je dispose aujourd'hui, j'aimerais décrire l'évolution du C-130J et la réussite de ses exploitants.
Comme souvent en ce qui concerne des systèmes d'arme perfectionnés qui évoluent, certains détracteurs continuent de signaler des problèmes de développement résolus depuis longtemps. Je ferai aujourd'hui un compte rendu juste et équilibré sur l'état réel du C-130J.
Comme pour tout système d'armement de pointe, il a fallu des années pour développer, améliorer et, finalement, déployer le C-130J. Aucun nouvel aéronef n'est à l'abri des risques liés au développement. L'optimisme, même s'il est présenté avec beaucoup de professionnalisme, ne remplace pas la réalité. À Lockheed Martin, nous concevons et construisons des aéronefs de transport militaire depuis plus de 50 ans, et nous sommes fiers de notre capacité de surmonter les difficultés techniques et les problèmes de performance.
Le C-130J a fait son premier vol en 1996. Cet appareil a reçu l'accréditation de la Federal Aviation Administration en 1998 et son déploiement opérationnel à la Royal Air Force a eu lieu en 2000. Tous les problèmes du début ont été réglés et le Canada peut être assuré de recevoir un aéronef entièrement certifié éprouvé au combat, l'avion de transport le plus perfectionné au monde.
C'est le Royaume-Uni qui a été le premier client pour les C-130J. Nous avons ensuite livré des appareils à l'Armée de l'air américaine, à la Garde nationale aérienne, à l'Air Force Reserve Command, au Corps des Marines des États-Unis, à la Garde côtière américaine, à l'Armée de l'air italienne, à la Royal Australian Air Force et aux forces aériennes danoises. Les livraisons représentent jusqu'à présent au total 149 appareils.
Notre expérience opérationnelle s'améliore continuellement. L'Armée de l'air aérienne et le Corps des Marines des États-Unis viennent de clore les deux premières années de déploiement de C-130J en Asie du Sud-Ouest. Au cours de cette période, quatre C-130J de l'Armée de l'air américaine ont fait 5 444 sorties représentant 10 750 heures de vol; ils ont livré 12 681 tonnes de fret et transporté 70 350 passagers. Les avions-citernes de ravitaillement en vol KC-130J du Corps des Marines ont fait 6 659 sorties, totalisant 13 082 heures de vol; ils ont transporté plus de 11 millions de livres de fret, plus de 32 000 personnes et leur consommation de carburant a atteint le volume impressionnant de 83,9 millions de livres.
Au cours de ces déploiements, le C-130J a atteint un des taux de fiabilité les plus élevés jamais atteints par un aéronef sur le théâtre des opérations. Il a maintenu de façon générale un taux de 93 p. 100 d'aptitude de mission, ce qui est pratiquement du jamais vu pour un aéronef militaire déployé sur un théâtre des opérations. En outre, le C-130J peut exécuter en une mission le travail de deux C-130. Il réalise cette performance grâce à une charge utile et à une autonomie de vol accrues — qui réduisent le nombre d'arrêts nécessaires pour faire le plein — qui, alliées à une puissance et à une vitesse accrues, raccourcissent la durée totale de la mission.
Les avantages supplémentaires du C-130J sont innombrables. Par exemple, le C-130J n'a, contrairement aux vieux C-130, aucun handicap de performance dû à l'altitude et à la chaleur. Le C-130J est souvent le seul appareil qui peut se rendre dans des aérodromes en haute altitude situés dans des endroits rudes comme dans l'est de l'Afghanistan. Une piste de terre battue de 2 000 pieds, à 6 000 d'altitude, par une journée où la température atteint 95 degrés, avec une charge de 20 000 livres, ne présente aucune difficulté pour cet aéronef. Ce n'est pas écrit dans une brochure; c'est une réalité de la vie opérationnelle du C-130J.
Des niveaux de réussite semblables ont également été atteints par la Royal Air Force, qui a mené la toute première mission de combat avec des C-130J en 2002, et par la flotte de C-130J italienne, qui a actuellement plus de 50 000 heures de vol à son actif, surtout en Iraq, en Afghanistan et en Afrique du Nord. Les Danois ont déployé l'appareil en Afghanistan et les Australiens l'ont déployé en Iraq et en Afghanistan. Ces clients utilisent l'appareil pour accomplir les tâches pour lesquelles il a été conçu, dans un milieu très hostile et sur le théâtre des opérations, dans le cadre de missions aussi variées que des missions d'aide humanitaire et des missions de combat.
La flotte mondiale de C-130J a maintenant plus de 350 000 heures de vol à son actif. L'appareil est confronté tous les jours à des opérations de combat réelles et à un système d'armement moderne qui a fait ses preuves.
Avec le C-130J, le Canada a choisi un appareil de qualité et ayant fait ses preuves pour l'aider à remplir ses engagements à travers le monde. Ce choix a été fait selon des critères de sélection parmi les plus stricts auxquels on nous ai jamais demandé de répondre.
En évaluant leurs besoins, de nombreux pays ont constaté que le C-130J fait partie d'une classe à part. C'est le seul appareil qui ait la capacité d'assurer le soutien dont ont besoin les forces armées dans le transport tactique: la capacité de transporter une charge considérable sur de longues distances alliée à la capacité de performer de façon fiable dans des conditions rudes et dans des environnements exigeants.
Des pays comme le Royaume-Uni, l'Italie, l'Australie et le Danemark avaient des flottes de C-130 qui prenaient de l'âge et ont adopté une approche semblable à celle du Canada. Ils ont cherché des solutions, ont évalué leurs options et décidé que le C-130J était le seul aéronef au monde ayant la capacité de moderniser les flottes de transport aérien tactique.
Des entretiens sont en cours entre les autorités norvégiennes et américaines pour obtenir — d'urgence — de nouveaux C-130J. D'autres pays sont en train de prendre des décisions semblables.
Le Canada a fait ce que de nombreux autres pays ont fait et ce que de nombreux autres feront. Le C-130J est le seul aéronef de transport disponible qui soit abordable et ait fait ses preuves. Nous l'avons conçu et construit de façon à répondre à des besoins opérationnels très précis, en nous basant sur nos nombreuses années d'expérience dans la construction d'aéronefs militaires tactiques et stratégiques.
En ce qui concerne les retombées industrielles et régionales (RIB), Lockheed Martin tient compte du fait qu'il est indispensable pour l'industrie canadienne de profiter des retombées d'un vigoureux programme de retombées industrielles et régionales. Par conséquent, nous avons collaboré avec diligence avec des entreprises canadiennes. Notre plan est déjà bien avancé et contient des programmes à long terme à valeur ajoutée pour l'industrie canadienne, dans toutes les régions. À titre de preuve de son engagement antérieur et constant envers le Canada, je signale que Lockheed Martin a investi plus de 3 milliards de dollars au Canada au cours des 20 dernières années. En outre, la société a répondu aux exigences de plans de retombées industrielles et régionales d'une valeur de 200 millions de dollars depuis le début des années 90. De nombreux fournisseurs canadiens de confiance très compétents ont déjà bénéficié des obligations de Lockheed Martin en matière de RIB et de son noyau de fournisseurs à l'échelle internationale. L'acquisition d'une nouvelle flotte de transport aérien tactique pour le Canada marquera une prolongation de cette fière collaboration pendant plusieurs générations, grâce au respect constant des exigences en matière de RIB.
En outre, nous répondrons à l'exigence liée à une opération de soutien en service d'une durée de 20 ans qui sera exécutée par une équipe industrielle canadienne. Lockheed Martin a, depuis des années, des contacts avec de nombreuses entreprises canadiennes dans le cadre de la maintenance et du soutien pour ses produits à l'échelle mondiale. Nous avons confiance dans notre capacité de faciliter une entente très intéressante — exécutée au Canada par des Canadiens.
Comme pour les actuels CC-130, Lockheed Martin répondra aux exigences précises du Canada en vertu desquelles l'industrie canadienne exercera le soutien souverain en ce qui concerne la nouvelle flotte.
Je pourrais encore faire de nombreux commentaires sur cet appareil étonnant. Je pourrais faire aussi d'autres observations concernant les retombées pour le Canada. Ce serait toutefois beaucoup trop pour ma voix, que je suis en train de perdre. Pour ceux qui aimeraient entendre les commentaires d'un opérateur de C-130J sur la performance de cet appareil, j'ai passé au greffier des exemplaires d'un CD contenant l'enregistrement d'une séance d'information donnée à Ottawa par le colonel Larry Gallogly, de l'Armée de l'air américaine. C'est une description basée sur des faits faite par un aviateur de grade supérieur qui a de l'expérience avec cet aéronef.
Je suis disposé à répondre à vos questions le moment venu.
Merci, monsieur le président.
Bonjour. C'est un privilège et un honneur d'être ici et de m'adresser aux membres de ce comité important. Merci beaucoup, monsieur le président.
Je m'appelle Antonio Rodriguez-Barberán. Je m'excuse, mais j'ai un nom espagnol long et terrible. J'ai en outre un terrible accent espagnol. Vous devriez entendre mon accent en français. Par conséquent, si ça ne vous fait rien, je continuerai de faire mon exposé en anglais. Je suis vice-président des ventes pour EADS CASA, une société dont le siège se trouve à Madrid, en Espagne.
Comme vous le savez, EADS est une des plus grosses entreprises aérospatiales de défense au monde. Dans notre famille, nous avons des entreprises comme Airbus et Eurocopter. EADS a des relations d'affaires solides avec l'industrie canadienne depuis des années; elle fait des achats annuels de produits de haute technologie canadiens pour une valeur d'environ 700 millions de dollars.
Mes responsabilités peuvent être interprétées en bref comme des responsabilités concernant le volet espagnol du groupe EADS qui englobe essentiellement les ventes dans notre division des aéronefs de transport militaire, y compris les ventes de C-295, que nous proposons pour le programme de remplacement des avions de recherche et de sauvetage à voilure fixe. C'est précisément la raison pour laquelle je suis ici aujourd'hui.
Je ne suis toutefois pas seul. J'ai le plaisir d'avoir à côté de moi M. Richard Bertrand, de Pratt & Whitney Canada, qui représente son entreprise, mais aussi toute notre équipe canadienne, composée de CAE, Thales Canada et Raytheon Canada. Toutes ces entreprises font partie de notre équipe et sont des partenaires dans notre stratégie mondiale de marketing.
Conçu en fonction des exigences de la clientèle militaire mondiale, le C-295 est un aéronef polyvalent qui a été mis au point pour le transport tactique, pour la recherche et le sauvetage, pour les patrouilles maritimes et pour la surveillance. Il est actuellement opérationnel dans toutes les conditions géographiques et environnementales, dans des zones de guerre comme en Afghanistan et en Iraq et dans le cadre de missions de paix, à travers le monde. Par conséquent, le C-295 est opérationnel; il a fait ses preuves et est économique.
Sa performance et son efficience opérationnelles en ont fait le chef de file mondial parmi les aéronefs moyens de transport militaire. Nous détenons environ deux tiers du marché mondial et, par conséquent, nos partenaires stratégiques canadiens détiennent également deux tiers du marché mondial et y ont accès.
La famille des produits C-295 a vendu plus de 300 appareils dans 30 pays, y compris des appareils pour la recherche et le sauvetage pour la Garde côtière américaine. Le C-295 a notamment été livré et est opérationnel dans des pays comme l'Espagne, le Portugal, le Brésil, la Finlande, la Pologne, l'Algérie et la Jordanie. Il est opérationnel dans des zones de guerre, notamment en Afghanistan et en Iraq.
Au cours de ma carrière, j'ai constaté que la plupart des forces armées et des gouvernements préféraient des solutions économiques lorsqu'il s'agit de faire des acquisitions à grande échelle. C'est vrai en ce qui concerne l'acquisition comme telle et le soutien en service, qui représente le plus gros des coûts.
Le C-295 a été conçu tout particulièrement pour offrir les meilleurs niveaux de disponibilité et de fiabilité, à des coûts opérationnels et d'acquisition extrêmement concurrentiels. Dans le contexte de la conception et de la fabrication du C-295, nous sommes fiers d'avoir pour partenaires des entreprises canadiennes telles que Pratt & Whitney Canada, CAE, Thales Canada et Raytheon Canada. Tous les C-295 vendus dans le monde créent de la valeur et des emplois au Canada. L'équipe du C-295 est impatiente de mettre l'appareil en vedette au Canada dans le cadre d'une compétition ayant pour objet de trouver la meilleure valeur en ce qui concerne les aéronefs de recherche et de sauvetage à voilure fixe. C'est la combinaison idéale entre les capacités opérationnelles et l'efficience, en grande partie grâce à son contenu canadien de classe mondiale.
J'aimerais vous passer le micro, monsieur Bertrand, pour que vous continuiez l'exposé.
:
Merci au comité pour cette occasion.
[Traduction]
Comme l'a signalé M. Rodriguez-Barberán, je suis ici au nom des fabricants canadiens, qui se joignent à moi et me soutiennent, à savoir CAE, Raytheon et Thales.
Nous sommes ici pour mettre l'accent sur le fait que cet aéronef contient de la technologie de classe mondiale faite au Canada. En fait, nous sommes des chefs de file mondiaux dans ce domaine.
[Français]
Les composantes clés de l'appareil C-295, incluant ses turboréacteurs et son avionique, sont fabriquées au Québec et au Canada, portant le montant total de contenu canadien direct de l'appareil à environ 50 p. 100. Le simulateur de vol pour l'appareil est aussi fabriqué au Canada.
Les composantes canadiennes du C-295 sont largement responsables du succès obtenu par cet appareil. Depuis le début de 2001, le C-295 est devenu un chef de file mondial dans sa catégorie, avec plus de 50 unités vendues.
[Traduction]
À cela s'ajoute le soutien en service à Calgary, qui représente un pourcentage important de la valeur du contrat, ainsi que les détecteurs et senseurs, outre l'avionique faite à Toronto. Le soutien qu'offre notre entreprise, s'il est important au Québec, comprend une participation majeure de nos usines de Halifax, de Mississauga et de Lethbridge. Sans vouloir froisser mon collègue espagnol, j'estime que c'est une solution véritablement canadienne.
Lorsqu'elle a témoigné devant le comité, notre association, c'est-à-dire l'Association des industries aérospatiales du Canada, était en train de chercher des investissements assurant un meilleur rapport qualité-prix et un soutien direct à notre industrie. C'est un des exemples typiques les plus exceptionnels. Les fonds qui ont été alloués pour ce projet étaient largement suffisants.
Une question primordiale à l'heure actuelle est qu'aucun programme n'est probablement en place actuellement, bien qu'il existe un besoin. La recherche et le sauvetage pour le Canada et à proximité de ses frontières ont un aspect militaire mais nécessite la coopération et le travail d'équipe de civils et de militaires. Les opérations dans ce domaine nécessitent un effort maximum des meilleures ressources disponibles de notre pays. Les services de recherche et de sauvetage sont là pour protéger les citoyens canadiens et nous pensons qu'il serait approprié d'utiliser une solution canadienne mondialement acceptée et qui pourrait en fait être livrée en moins d'un an.
Les entreprises qui sont nos partenaires représentent deux tiers des solutions de recherche et de sauvetage à l'échelle mondiale et ce, depuis la création du C-295.
[Français]
Alors que les discussions concernant le processus d'acquisition d'aéronefs de recherche se poursuivent, il sera important de garder à l'esprit qu'une solution canadienne existe.
[Traduction]
Nous voulons une concurrence équitable et ouverte. Nous sommes capables d'être compétitifs et d'être vainqueurs à l'échelle mondiale. Nous demandons tout simplement qu'on donne une chance à des entreprises d'ici.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, messieurs.
Monsieur Bain, on ne se chicanera pas beaucoup, parce qu'on est tout à fait d'accord. Le Bloc québécois vous dira sûrement qu'il a présenté une motion à la Chambre et que le Parti libéral l'a appuyée. Quand il était au pouvoir — et il y retournera —, le Parti libéral croyait aux régions et a investi massivement dans l'industrie aéronautique.
Mon ami a la grippe; il devrait prendre de l'eau. Je suis content qu'il croie maintenant aux régions, car il devra parler à l'employé du mois de Boeing, qui s'appelle Maxime Bernier.
J'ai peut-être un reproche à faire à votre association. Il y a un an et demi, on vous a dit que quelque chose se produirait et qu'il y avait des problèmes. À l'époque, notre critique de l'industrie, M. Jean Lapierre, avait rencontré Mme Dabrowski. Nous aurions apprécié que votre association fasse preuve de plus de fermeté, car elle a réagi un peu trop tard. Les contrats sont déjà signés, et nous sommes à la merci d'entreprises étrangères.
Il y a aussi un problème en Ontario. J'ai rencontré les gens de l'association de l'Ontario, et on est tout à fait d'accord sur l'ensemble de vos propos. Je n'ai pas de questions, mais je voulais faire ce commentaire. Le Parti libéral, qui peut former le prochain gouvernement, est en mesure de livrer la marchandise.
[Traduction]
Merci d'être ici, messieurs Simmons et Crisler. Vous comprendrez, naturellement, que j'ai plusieurs questions à poser, car vous avez votre contrat et c'était en quelque sorte un cadeau puisqu'il n'y a pas eu de concurrence.
Je suis un peu intrigué. Il s'agit peut-être du meilleur équipement. Le rôle de l'opposition est, bien entendu, de fournir le meilleur équipement à nos forces armées, mais lorsqu'on entend des commentaires comme ceux de M. Coyle ou comme ceux du Pentagone... Vous dites que c'est basé sur des faits, mais c'est votre travail de le dire. J'ai toutefois un exemplaire du programme de la force aérienne indiquant que cet appareil n'est pas efficace, que vous avez quelques problèmes majeurs et, qu'au début, l'équipement fonctionne peut-être assez bien, mais que la maintenance pose peut-être quelques problèmes. La balle est maintenant dans votre camp, car le gouvernement actuel ne veut pas faire son travail et c'est vous qui fournirez les contrats aux autres entreprises canadiennes. J'espère que vous mettrez l'accent sur la recherche-développement et sur les Canadiens.
Quels commentaires avez-vous à faire au sujet des observations du Pentagone concernant votre avion? M. Schmitz, l'inspecteur général des États-Unis, a fait le même type de commentaires.
Nous avons entendu exactement le même son de cloche du côté de M. Rumsfeld. Je pense que c'est un ami des forces armées et qu'il tenait à fournir l'équipement à l'Armée de l'air. Il a lui-même écrit une lettre indiquant que nous devrions laisser tomber votre entreprise.
Pourriez-vous par conséquent expliquer ce qui se passe? Vous dites que c'est la meilleure invention au monde depuis celle du pain tranché, mais quelles sont les raisons de tous ces commentaires? Pourquoi indiquent-ils que certains problèmes se posent?
Il y a au ministère des personnes qui, au lieu d'établir des critères, préféreraient tracer une ligne dans le sable et signaler qu'on se base sur quatre ou cinq principes, un point c'est tout, et à la grâce de Dieu. Pourriez-vous dire exactement ce qui se passe? Tous ces commentaires sont-ils inexacts? Voulez-vous dire que ces commentaires ne sont pas justes? Le dernier date de janvier 2007.
[Français]
C'est donc pas mal tôt.
[Traduction]
Je ne comprends pas pourquoi nous avons autant de problèmes avec ça.
Ne pensez-vous pas, monsieur le président, que la meilleure solution aurait probablement été de faire un appel d'offres, pour que les deux entreprises intéressées puissent faire une présentation et que les contribuables obtiennent un meilleur rapport qualité-coût pour leur argent.
Qu'avez-vous à dire au sujet de tous ces commentaires?
:
Merci, monsieur le président. Je veux aussi souhaiter la bienvenue à tout le monde.
D'abord, j'ai une question pour M. Bain, mais auparavant, j'aimerais faire une entrée en matière aussi. La motion que le Bloc québécois a présentée à la Chambre mentionnait que 60 p. 100, ou certainement 55 p. 100 — on peut discuter du pourcentage —, de l'industrie aérospatiale canadienne est établie au Québec. Quand le ministre de l'Industrie est venu ici, il avait déjà signé le contrat avec Boeing pour les C-17. Je lui ai demandé si ses mains et celles de son collègue Michael Fortier, de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, avaient tremblé avant de signer ce contrat, parce qu'ils savaient très bien qu'en signant ce contrat, il n'y aurait pas 60 p. 100 ou 55 p. 100 de retombées économiques au Québec. Contrairement à mon collègue libéral, je trouve que l'AQA a fait quand même un bout de chemin dans ce dossier.
Mais il y a un autre groupe aussi, au Québec, dont j'aimerais que vous m'entreteniez, afin de savoir si vous avez une relation particulière avec lui. C'est la fameuse Grappe aérospatiale, où on retrouve tous les gros joueurs. Je pense que Pratt & Whitney en fait partie, d'ailleurs, et je les trouve un peu silencieux. C'est sûr que je comprends qu'on ne peut pas trop mordre la main qui nous nourrit, mais le problème, en ce moment, c'est que la main ne nourrit pas l'industrie. Il serait peut-être temps de la mordre.
Pouvez-vous nous expliquer s'il y a une relation entre l'AQA et la Grappe aérospatiale? Je sais que vous représentez les petites et moyennes entreprises, alors que la Grappe aérospatiale, c'est la grande industrie. N'y a-t-il pas moyen de former une coalition et de manifester votre mécontentement? Dans votre présentation, on le sent un peu, mais il me semble que vous pourriez mordre plus fort. Est-ce possible pour vous de faire cela?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos représentants de l'industrie. J'a bien aimé vos propos et le rôle proactif que les entreprises canadiennes jouent dans l'industrie aérospatiale. J'ai aussi entendu le chant des sirènes de M. Coderre auprès de cette industrie. Je voudrais lui rappeler que des témoins sont venus ici nous rappeler justement qu'on sortait d'une décennie de noirceur; ces propos sortaient de la bouche même du plus haut gradé de l'armée canadienne et concernaient l'acquisition d'équipement militaire. Je voudrais également lui rappeler que les libéraux n'ont pas l'intention d'acheter des C-17, mais de les louer. Ce sont tous des éléments dont nous devrions tenir compte.
J'ai écouté les propos de M. Bain, le représentant de l'Association québécoise de l'aérospatiale. Je suis sensible à vos préoccupations. Par contre, je relève certains paradoxes dans votre présentation. Vous y parlez de compétitivité tout en disant que le gouvernement devrait intervenir. J'y vois là un certain paradoxe et j'aimerais que vous m'éclairiez là-dessus.
La politique canadienne a été très claire. Notre nouveau gouvernement demande que chaque dollar investi dans les équipements militaires le soit au Canada. M. Bernier, le ministre de l'Industrie, est venu nous indiquer clairement qu'il y aurait des retombées pour toutes les régions, dont plusieurs centaines de millions de dollars au Québec, pour ce qui est des C-17.
D'un côté, il y a les libéraux qui louent des avions et, de l'autre, les bloquistes qui n'ont pas de plan d'acquisition. Le gouvernement actuel, lui, s'engage à l'égard de quatre avions, ce qui constitue une stratégie d'acquisition d'équipement beaucoup plus vaste et globale.
J'aimerais également que vous m'expliquiez le rôle proactif que votre association a joué. Ce matin, par exemple, des gens de Pratt & Whitney, qui fait déjà partie d'un consortium, nous offrent un avion espagnol en guise de solution, en nous disant que c'est une solution canadienne. On doit intervenir en amont plutôt qu'en aval. Je reste cependant extrêmement confiant que les C-17 auront des retombées très importantes pour le Québec.
:
En premier lieu, en ce qui concerne la concurrence, je pense qu'au niveau politique et au niveau du ministère, de nombreux programmes doivent être pris en considération lorsqu'on décide de faire une acquisition importante. Le principal message de notre exposé est que lorsqu'on prend ce type de décisions, il soit nécessaire de le faire par le biais d'un processus concurrentiel qui soit garant de l'achat du meilleur équipement présentant le meilleur rapport qualité-coût, pour nos militaires.
L'autre partie du message, au sujet de laquelle vous avez, je pense, posé une question, concerne la justification du fait qu'une partie du travail soit nécessairement associée ou attribuée au Québec. Comme avons tenté de l'expliquer dans notre exposé, comme pour toute organisation, entreprise ou tout produit, certains avantages et éléments stratégiques font partie de tout ce qu'il y a dans l'industrie.
Au Canada, il est un fait que l'industrie aérospatiale est centrée au Québec. Il est un fait que, pour obtenir ce résultat, il a fallu investir beaucoup de temps, d'effort, d'énergie, de fonds, de sang, de sueur et de larmes. Par conséquent, je n'ai pas l'impression qu'il s'agisse d'un cadeau de considérer que c'est une région stratégique de notre pays, tout comme la Colombie-Britannique est une autre région stratégique et au même titre que Terre-Neuve et Labrador et toutes les autres régions offrent des avantages stratégiques. Lorsque le Canada aborde le sujet de l'aérospatiale, on pense au Québec, au même titre qu'on pense à d'autres industries dans diverses régions, sans que l'on s'en mêle et que l'on tente de déterminer leur appartenance.
Au Canada, l'industrie aérospatiale a un centre très vigoureux au Québec, et c'est une situation qui mérite d'être défendue sur le plan stratégique. Comme lorsqu'il s'agit de faire de la défense stratégique dans le cadre d'une mission militaire ou de faire un transport aérien stratégique ou d'examiner de l'équipement stratégique, on essaie de déterminer où se trouvent les meilleurs éléments. Les éléments pour fabriquer l'avion se trouvent au Québec. C'est un facteur qui mérite d'être pris en considération. Ce n'est pas un facteur à négliger en laissant le Québec livré à lui-même. Ce n'est pas ainsi qu'on traite un avantage stratégique. Ce n'est pas ainsi qu'on donne des incitatifs à l'industrie.
L'industrie ne veut pas savoir qu'après avoir été appuyée, on la laissera livrée à elle-même. Mme Black a utilisé le terme «orphelin». Nous ne voulons pas que l'industrie aérospatiale devienne une orpheline parce qu'on ne tiendrait pas compte du fait qu'il lui a fallu des années et des investissements considérables pour atteindre son niveau actuel.
Vous avez également fait des commentaires sur notre relation avec les équipementiers. J'aimerais prendre un peu de recul. L'AQA représente les PME. Les petites et moyennes entreprises sont, comme je l'ai précisé dans mon exposé, des entreprises familiales. Elles n'ont pas de lobbyistes. Elles n'ont pas de consultants grassement rémunérés. Elles n'ont pas recours à des poids lourds qui peuvent venir frapper à votre porte tous les jours sur la Colline. Elles ont l'Association québécoise de l'aérospatiale. Nous sommes leur porte-parole. Nous voudrions que, lorsque vous pensez à un approvisionnement militaire important, vous pensiez à ces organisations qui, dans une large mesure, sont les rêveurs et la moelle épinière de l'industrie aérospatiale québécoise.
Je ne peux pas employer d'argument plus convaincant que de signaler que nous comptons sur les équipementiers pour avoir cette vision. Il y a des équipementiers très importants dans la région du Québec et nous en sommes très fiers. Nous voulons tout simplement que le Canada prenne tout en considération.