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Monsieur le président, honorables députés, bonjour.
Je suis ici pour faire le point avec vous sur les opérations des Forces canadiennes en Afghanistan. Mon exposé vise à vous informer de ce qui s'est passé en matière de sécurité ces dernières semaines, et je serai heureux une fois l'exposé terminé de vous donner des précisions, si cela est possible.
Comme vous me l'avez demandé la dernière fois que j'ai comparu devant ce comité, je vais vous présenter des renseignements supplémentaires sur les efforts de reconstruction. J'ai fourni au greffier un CD qui contient un certain nombre de photos sur les travaux effectués, et vous n'avez qu'à contacter le greffier si vous souhaitez voir de vos propres yeux certains des efforts de reconstruction canadiens.
Étant donné que ma comparution sera suivie par celle du général Henault, président du comité militaire de l'OTAN, qui vous fournira des informations plus générales du point de vue de l'OTAN, permettez-moi de passer directement au commandement régional sud. Au cours des dernières semaines, notre objectif principal est resté le même, à savoir sécuriser la région afin de créer des conditions propices au développement, particulièrement dans la ville de Kandahar et dans la zone de développement afghane de Kandahar. Cela est crucial non seulement pour les Afghans, mais également pour les Canadiens. C'est dans cette zone que nous opérons.
De manière générale, les talibans ont eu du mal à organiser des opérations d'envergure dans le sud. Ils continuent d'intimider les civils afghans, et dans certains cas ils les blessent ou les tuent, et ils utilisent aveuglément des mines terrestres, des engins explosifs improvisés et des tirs de roquettes pour s'en prendre aux forces de sécurité nationale afghanes.
La mission de la FIAS dans la région sud se concentre sur la protection des Afghans et de ceux qui leur viennent en aide en essayant de perturber les actions talibanes, en confisquant leurs armes, etc. Malgré l'arrivée d'un temps printanier plus doux et la fin de la récolte du pavot, il n'y a pas eu une résurgence importante des activités talibanes. C'est encourageant pour la région sud, surtout lorsqu'on compare cela à la situation dans laquelle on se trouvait l'année dernière, ou même par rapport aux années précédentes. On constate une réduction considérable des activités.
Dans la province de Helmand, les opérations menées par le Royaume-Uni aux alentours de Sangin se sont terminées et ont été couronnées de succès. Je vous en ai parlé la dernière fois dans le cadre de l'opération Achilles — vous vous rappellerez que cette mission visait notamment à créer les conditions nécessaires pour que la communauté internationale puisse rénover le barrage de Kajaki. Le Royaume-Uni et les forces de sécurité nationale afghanes maintiennent leur présence et poursuivent leurs opérations de sécurité autour du barrage de Kajaki pour permettre sa rénovation.
Comme vous le savez, un hélicoptère Chinook s'est écrasé hier dans cette région. Un membre des Forces canadiennes, le caporal chef Priede était à bord de cet aéronef. Je suis en mesure de confirmer le décès du caporal chef Priede. Toutefois, nous ne connaissons pas encore tous les détails de l'incident. Nous ne pourrons établir ce qui s'est passé qu'après une enquête approfondie qui se fera dans les jours et dans les semaines à venir.
Aujourd'hui, toutes mes pensées vont à la famille du caporal chef Priede. Ce qu'il a réalisé en prenant part à la mission de la FIAS et en aidant les civils afghans fait de lui un héros.
Le soutien d'artillerie canadien qui avait été fourni à la Force opérationnelle Helmand dans le cadre de l'opération Achilles est maintenant terminé, et les deux canons, des howitzers, sont de retour dans la province de Kandahar.
La principale tâche de la Force opérationnelle Helmand est désormais de sécuriser la capitale provinciale et la zone de développement afghane de Lashkar Gah ainsi que la zone au sud de l'autoroute 1. Ces efforts visent à garantir la sécurité pour permettre aux projets de reconstruction et de développement de se poursuivre.
Dans les provinces d'Orouzgan et de Zaboul, l'objectif n'a pas beaucoup changé au cours de ces derniers mois. Les efforts continuent de se concentrer sur les centres provinciaux de Tarin Kowt et de Zaboul. La FIAS souhaite y renforcer les zones de développement afghanes et maintenir la sécurité le long de l'autoroute 1.
La Force opérationnelle de Kandahar, constituée principalement de la Force opérationnelle canadienne en Afghanistan , continue de centrer ses efforts sur la sécurité, la reconstruction et le développement dans la zone d'opération de Panjwai-Zhari. Il n'y a eu aucun changement depuis la dernière fois que je me suis présenté devant vous.
L'ovale vert que vous voyez à gauche sur la carte indique la zone de Zhari-Panjwai. C'est là que se concentre le gros des efforts de notre groupement tactique. Notre objectif dans la région est très simple — garantir la sécurité.
Les tendances positives dont je vous ai parlé lors de ma dernière comparution se poursuivent; plus de familles sont de retour. Environ 30 000 personnes sont revenues s'installer dans la région au cours des derniers mois, et ce chiffre est à la hausse. De plus, la reprise économique, même si elle se fait lentement, est visible dans la région.
Notre engagement envers les Afghans dans cette région est très solide. Des centaines de soldats afghans et canadiens participent à diverses activités visant notamment à veiller à la sécurité de routes principales, telles que la route Summit, et organisent des patrouilles pour protéger les résidents afghans face aux actions talibanes. Par exemple, vous avez pu suivre l'opération Hoover telle que relatée dans les médias. Cette opération qui a duré une journée a été menée dans le cadre des efforts continus visant à aider les résidents afghans à sécuriser la région de Zhari-Panjwai. C'était une opération de soutien à l'armée nationale afghane pour débusquer les éléments talibans dans la région et confisquer leurs armes. Des centaines de membres des forces de sécurité nationale afghanes ont participé à l'opération Hoover, ce qui dénote une tendance très positive. Désormais, des centaines d'Afghans dans cette région prennent part aux efforts en matière de sécurité. C'est une tendance remarquable et encourageante.
Il y a peu d'accrochages avec les insurgés au cours de cette opération, mais les forces de sécurité nationale afghanes et la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan ont atteint leur objectif, à savoir affirmer le principe de liberté de circulation et perturber toute tentative talibane visant à consolider leurs forces dans la région. Malheureusement, au cours de cette opération, le caporal Matthew McCully, membre de l'équipe de liaison et de mentorat opérationnelle de la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan, affectueusement appelé « ELMO » parmi les soldats, a été tué. Au nom de tous les membres des FC, j'exprime mes condoléances à la famille du caporal McCully. Tous les jours, nos soldats risquent leur vie pour aider les Afghans à avoir un avenir meilleur. Nous pouvons tous être fiers de leurs réalisations désintéressées et leurs sacrifices nous donnent une leçon d'humilité.
Permettez-moi maintenant d'attirer votre attention sur l'ovale vert qui se trouve en bas à droite de la carte. L'escadron de reconnaissance du groupement tactique a été déployé en dehors de la zone de Zhari-Panjwai à la base d'opérations avancée de Spin Buldak. Spin Buldak est une ville située à la frontière afghano-pakistanaise. À partir de là, l'escadron tente de cerner les comportements et les mouvements habituels dans le district de Spin Buldak, de déterminer l'efficacité et la distribution des forces de sécurité nationale afghanes et de localiser les lignes de communication talibanes. Cette opération fait partie des efforts visant à améliorer la sécurité à la frontière et à faciliter l'expansion de la zone de développement afghane de Kandahar. Nous avons beaucoup progressé dans notre compréhension de cette région, et je pense que cet escadron restera là encore de nombreuses semaines.
On ne peut pas s'arrêter à la frontière afghane si on veut créer un climat de confiance, et j'aimerais souligner ici une autre initiative canadienne importante au sein de la FIAS dans ce domaine. Le brigadier général Grant et le brigadier général Niazi — le général Niazi est le commandant du secteur nord de l'armée pakistanaise — ont coprésidé la cinquième réunion de drapeaux frontaliers à Chaman, au Pakistan, le 9 mai. Les réunions de drapeaux frontaliers sont une initiative de la FIAS conduite à divers emplacements frontaliers afghano-pakistanais. Elles ont été conçues pour rassembler les officiers pakistanais et afghans des zones frontalières afin qu'ils discutent des questions régionales touchant les deux pays sous la coordination de la FIAS.
[Français]
Il s'agit de la première rencontre coordonnée par la FOI, la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan, et de la deuxième présidée par le brigadier général Grant. L'activité rassemble des figures importantes de la sécurité des deux côtés de la frontière afghane et pakistanaise. Il y a eu des progrès importants dans l'établissement de communications radio entre les frontières pour aider à désamorcer des situations incendiaires et à coordonner les opérations dans le voisinage de la frontière.
Le brigadier général Niazi a noté que cette réunion de drapeaux frontaliers était une occasion de se faire de nouveaux amis et il a loué la FOI pour ses activités en Afghanistan, dont il a dit qu'elles avaient contribué à la sécurité du Pakistan. Le brigadier général Grant a insisté pour dire que les questions de sécurité devaient être abordées ensemble et que les solutions mutuellement acceptables devaient être décidées des deux côtés de la frontière.
[Traduction]
Ce n'est pas d'hier que les relations transfrontalières sont tendues dans cette région. Ces discussions bilatérales continues sont une réalisation importante. Bien sûr, elles peuvent vous paraître très modestes, mais c'est une bonne initiative canadienne qui, à mon avis, permet d'asseoir tout le monde autour de la table et de négocier. C'est une excellente initiative qui, bien entendu, va se poursuivre.
La FIAS, dans son rôle de facilitateur, appuie ce processus visant à renforcer et à maintenir ce dialogue essentiel au niveau régional. La prochaine réunion se tiendra plus tard cet été.
Je vais maintenant passer aux efforts de reconstruction et vous en dire un peu plus que d'habitude au sujet de ces activités essentielles. Comme je vous l'ai déjà indiqué, j'ai remis au greffier un CD incluant de nombreuses autres photos qui illustrent nos efforts de reconstruction. Vous pourrez donc les consulter quand vous voudrez.
Le Canada a fourni beaucoup d'aide dans les domaines de l'agriculture, de l'irrigation et du développement rural dans la province de Kandahar. Par exemple, plus de 10 kilomètres de canaux ont été construits et 14 kilomètres de systèmes de drainage ont été réparés. Cela peut paraître modeste, mais lorsque vous vivez dans un désert, chaque centimètre compte.
En outre plus de 1 000 puits ont été creusés et 800 pompes manuelles ont été fournies. Quatre grands réservoirs d'eau peuvent désormais être utilisés, et des réseaux d'approvisionnement en eau de plusieurs kilomètres ont été mis sur pied dans la province.
[Français]
Une opération de déminage du Centre d'action contre les mines des Nations Unies pour l'Afghanistan a débuté ce mois-ci dans le district de Panjwayi. L'ACDI finance ce projet de 3,8 millions de dollars. Il impliquera jusqu'à 300 démineurs et 100 gardes de sécurité armés provenant de quatre entrepreneurs différents.
Le projet de neuf mois déminera près de 300 hectares de terres dans les districts de Panjwayi et de Zhari. La coordination régulière entre le service et la FOI en Afghanistan se poursuivra pendant l'opération. Le commandant de la FOI (Afghanistan), le brigadier général Grant, a signé une lettre d'entente détaillant le soutien aux activités du centre d'action, incluant la prestation d'une opération visant à établir les conditions pour l'arrivée des autres organisations internationales et non gouvernementales dans la région.
[Traduction]
Les efforts de développement de la Force opérationnelle interarmées de l'Afghanistan commencent à se faire sentir et à porter leurs fruits. Le programme de solidarité nationale (PSN), principalement financé par le Canada dans la province de Kandahar, existe dans la majorité des districts. Créé par le gouvernement de l'Afghanistan, le PSN permet aux Afghans des milieux ruraux d'avoir leur mot à dire dans le développement de leur pays grâce à l'élection de leaders communautaires qui siègent au sein de conseils de développement communautaire, ou CDC. Ce programme appuie les CDC qui aident leurs communautés, via différents processus, à identifier, planifier, gérer et surveiller leurs propres projets de développement.
Comme je vous l'ai déjà dit, ce n'est pas aux Canadiens d'être sur le terrain pour mener ces efforts de développement, mais aux résidents afghans eux-mêmes. Notre EPR travaille sans relâche avec tous les niveaux de gouvernement pour créer ces conseils de développement. Grâce à ces conseils, les communautés sont habilitées à prendre les décisions et contrôler les ressources tout au long du cycle de vie du projet. L'EPR encourage la création des CDC dans les communautés, ainsi que les efforts de développement en collaborant avec les aînés locaux, grâce à la shura.
Il existe désormais 500 conseils de développement communautaire enregistrés dans la province qui ont accès aux fonds visant à financer les projets, fonds affectés par le ministère de la Réhabilitation et du Développement rural. L'argent international sera distribué par le truchement de ce ministère. Dans la province de Kandahar, les choses bougent pas mal.
La participation active du gouverneur de Kandahar dans ce processus est un autre signe positif. Cela ne veut pas dire que la gouvernance se soit améliorée. Mais le gouverneur, même s'il n'a pas l'administration nécessaire pour l'appuyer, travaille avec les aînés locaux en utilisant son téléphone cellulaire. Certes, il s'en sortirait beaucoup mieux s'il avait de nombreux fonctionnaires à son service, mais cela arrivera en son temps. Il s'emploie à trouver des solutions qui permettent aux Afghans d'améliorer leur vie quotidienne — et les Afghans sont en mesure de constater les progrès.
[Français]
Finalement, faciliter la croissance et l'autonomie des forces de sécurité nationales afghanes par l'instruction, la fourniture d'équipement, la construction ou l'équipement des postes de police et des points de contrôle des véhicules est un élément clé des efforts des Forces canadiennes dans la province de Kandahar. Nous avons été impliqués dans la facilitation de la construction et de l'équipement desdits postes de police et de quelque 15 points de contrôle temporaires et permanents de véhicules dans la province.
[Traduction]
Je n'ai pu aborder ici que quelques exemples de nos efforts de reconstruction. Le CD en contient beaucoup plus. Je serais heureux de fournir des renseignements supplémentaires si le comité me le demande.
La prochaine diapositive se concentre sur les activités de l'EPR au cours des dernières semaines. Ses principaux efforts étaient dirigés vers le district de Zhari. Nous y menons non seulement des opérations visant à rassurer la population locale sur le fait que nous allons maintenir notre présence pour nous assurer que leurs forces de sécurité soient en mesure de nous relever à terme, mais c'est également là que l'EPR appuie des activités de développement pour faciliter la reconstruction. C'est dans ce district que nous souhaitons voir la communauté internationale nous rejoindre et nous aider.
Cette diapositive illustre un certain nombre d'activités qui ont été menées à terme ou sont en cours. Je n'ai pas le temps de vous parler de toutes ces activités, mais permettez-moi de vous donner quelques exemples.
Le directeur provincial de l'éducation a organisé une activité pour honorer les professeurs dans la province de Kandahar. L'EPR a participé en fournissant des radios — en plus de celles déjà reçues par le directeur — dans le cadre d'un projet visant à ce que tous les enseignants travaillant pour le directeur aient accès à des médias, même s'ils vivent dans des régions très éloignées des zones urbaines densément peuplées.
Cette journée des enseignants a eu lieu le 24 mai. Une cérémonie a été organisée au cours de laquelle le directeur de l'éducation et le gouverneur de Kandahar ont prononcé des discours. Des choeurs d'élèves ont chanté, des prix ont été distribués, et un repas a été organisé, autant de choses que nous tenons pour acquises ici.
Les soldats et les civils qui travaillent au sein de l'EPR permettent l'organisation de nombreuses activités semblables, mais il s'agit ici de celle tenue le 24 mai.
[Français]
Un autre exemple sont les 20 camions de la police nationale afghane nouvellement identifiés, qui sont arrivés au centre d'instruction régional et attendent leur distribution. Ils doivent être distribués dans la province de Kandahar pour remplacer les véhicules actuels ou en augmenter le nombre.
De plus, les conseillers de la police civile ont facilité l'émission des uniformes d'été pour la police nationale afghane, au quartier général provincial, pour distribution aux sous-stations et aux postes de contrôle dans la province. Un système informatique a été fourni aux directeurs techniques par les conseillers de la police civile, pour les aider à la distribution et à l'inventaire des uniformes.
[Traduction]
Enfin, le 15 mai, l'équipe provinciale de reconstruction et la Commission indépendante des droits de l'homme en Afghanistan (CIDHA) ont organisé une réunion sur les droits de la personne à laquelle ont participé les forces de sécurité nationale afghanes de Kandahar et d'autres intervenants importants des domaines de la sécurité et de la justice. Il semblerait que cet atelier, très constructif, ait été la première étape d'un processus de dialogue continu entre les forces de sécurité et la CIDHA. À la fin de la réunion, les participants ont apposé leur signature au bas d'une brève déclaration où ils s'engageaient à respecter les droits de la personne et l'état de droit, en mettant l'accent sur les personnes détenues, faisant l'objet d'une enquête ou en instance de jugement. Là encore, c'est un petit pas en avant, mais je pense qu'il est très encourageant et nous continuerons d'aider les Afghans à réformer leur système judiciaire et leurs forces de sécurité.
Sur la prochaine diapositive, vous pouvez voir que l'équipe consultative stratégique reste à la tête de nombreuses initiatives importantes. Là encore, je pourrais passer des heures à vous parler de toutes ces initiatives, mais je vais m'en tenir à deux en particulier.
[Français]
La commission indépendante sur la réforme administrative et la fonction publique est la principale agence en Afghanistan pour le processus de réforme de l'administration publique en général. Les Nations Unies soutiennent l'établissement d'un cadre national d'instruction et de développement des fonctionnaires afghans. Au sein de la commission, l'ECS, l'Équipe consultative stratégique, a aidé à la soumission de quatre rapports d'évaluation au service de reconstruction et de développement afghan pour des projets de la Banque mondiale. L'aide de l'ECS a été fournie dans divers domaines, mais a servi essentiellement à fournir de l'aide pour l'anglais écrit.
[Traduction]
Il s'agit encore d'avancées modestes, mais les Afghans ont besoin de ce soutien pour pouvoir planifier et réaliser certaines de leurs activités clés.
L'ECS participe à deux grandes initiatives au côté du ministère des Transports et de l'Aviation civile. Dans le cadre de la première de ces initiatives, l'équipe est chargée d'annoncer les offres d'emploi et effectuer les embauches nécessaires à la création d'une unité de mise en oeuvre des projets qui permettra au ministère d'avoir un département de génie dont il a grandement besoin pour faire avancer les projets de réhabilitation en attente. L'ECS poursuit également ses efforts de renforcement des capacités pour que le ministère soit capable d'assumer lui-même cette tâche d'ici trois ans.
La seconde initiative concerne un contrat de formation à l'étranger pour les aspirants pompiers du ministère. Cette formation en matière de lutte contre le feu aux aéroports, conforme aux normes internationales, est essentielle pour que le ministère soit en mesure de remplir les exigences civiles internationales et relever la FIAS dans ce domaine. Ces mesures importantes pourraient avoir des effets durables sur le secteur de l'aviation civile en Afghanistan. Donc, l'ECS continue d'aider les fonctionnaires à élaborer des plans stratégiques. Il est crucial d'ouvrir des têtes de pont aériennes. Il ne s'agit pas seulement d'une activité canadienne, cela doit se faire partout dans le pays. Ce genre d'activité permet de progresser en ce sens.
Je ne veux pas me montrer trop optimiste et faire fi des défis qu'il nous reste, mais vous pouvez voir les activités auxquelles votre ECS participe.
L'équipe de liaison et de mentorat opérationnel, ou ELMO, était chargée du mentorat de l'un des bataillons, ou Kandak comme on les appelle, de l'armée nationale afghane de la province de Kandahar.
Je me rappelle la première fois où j'ai comparu devant ce comité; le nombre de soldats de l'ANA était de l'ordre de quelques dizaines à l'époque. Puis, c'est passé à quelques centaines, et aujourd'hui, il y a plusieurs centaines de soldats de l'ANA. Cela s'est fait très graduellement dans la province de Kandahar. Lorsque nous sommes arrivés, l'Armée nationale afghane était pratiquement inexistante. Aujourd'hui, nous avons réussi à mettre sur pied un bataillon de l'Armée nationale afghane, et nos troupes y ont participé. D'ailleurs, le caporal McCully travaillait avec ce bataillon afghan lorsqu'il a été tué.
La présence de l'Armée nationale afghane dans la province de Kandahar se renforcera au fur et à mesure que le nombre de soldats augmentera. Le 15 mai, les Forces canadiennes ont pris le relais de l'équipe de formation intégrée américaine pour ce qui est du mentorat au sein du quartier général de la brigade de l'Armée nationale afghane responsable de la province de Kandahar. C'est un jalon important puisqu'il symbolise une tendance continue vers la prise en charge par les Afghans de leur propre sécurité dans le sud. Nous prévoyons le déploiement de deux Kandaks supplémentaires dans la province de Kandahar au cours des mois à venir, ainsi que des éléments d'appui tactique et de soutien logistique au combat.
[Français]
L'ajout de cette capacité de l'Armée nationale afghane complétera la capacité de mise sur pied de l'Armée nationale afghane recréée pour soutenir deux kandaks opérationnels et un quartier général de brigade —
:
Merci beaucoup pour ce chaleureux accueil et merci beaucoup au comité de m'avoir invité à faire une présentation aujourd'hui et à présenter les vues de l'OTAN.
J'ai à mes côtés le lieutenant-colonel Anthony White, un membre de mon personnel d'état-major à Bruxelles.
[Traduction]
Tony est ici ce matin pour m'aider s'il y a des commentaires supplémentaires ou des questions de suivi auxquelles vous aimeriez avoir des réponses par écrit.
Sur ce, bonjour. Je suis certainement heureux de comparaître devant votre comité ce matin et d'avoir été invité ici à titre de président du comité militaire de l'OTAN, soit un poste très différent de celui que j'occupais lors de mes comparutions antérieures devant le comité.
Sincèrement, j'ai eu l'occasion d'échanger avec de nombreux membres du Groupe parlementaire de l'OTAN ces dernières années. Encore une fois, je suis heureux de cette occasion de revenir au Canada et de m'adresser à vous, plus particulièrement, et de donner suite aux nombreuses discussions que nous avons tenues dans le cadre du forum de l'OTAN.
[Français]
Je fais cela en sachant que vous connaissez les objectifs de l'OTAN et nos priorités au sein de l'alliance, en particulier compte tenu de l'accent qui a été mis récemment sur les opérations en Afghanistan.
[Traduction]
Je vais vous parler de l'Afghanistan un peu plus tard, mais d'abord laissez-moi vous exposer la perspective d'ensemble de l'OTAN.
Comme vous le savez probablement tous, je suis le président du Comité militaire de l'OTAN. J'ai été élu à ce poste par la majorité des 26 chefs de la défense de l'OTAN en novembre 2004. J'ai aussi le plein appui du gouvernement du Canada.
Je suis en poste depuis le 16 juin 2005, soit depuis presque deux ans. Ma principale responsabilité consiste à parler au nom des 26 chefs de la Défense de l'OTAN et de présider les réunions hebdomadaires du Comité militaire de l'OTAN, une composante très importante du processus décisionnel à Bruxelles. Lors de ces réunions, nous cherchons à nous entendre sur les conseils militaires à prodiguer au Conseil en vue des décisions qu'il prend au nom de tous les pays, et évidemment, au nom de l'Alliance. Je participe également à ce processus, mais à titre de conseiller militaire principal du Conseil et d'officier supérieur de l'OTAN.
À titre de président de l'OTAN, j'ai eu l'occasion de me rendre à divers endroits pour examiner de façon très honnête les activités de l'Alliance dans leur ensemble. Je me suis surtout rendu dans des pays membres de l'OTAN, mais aussi dans des nations partenaires et dans nombre de pays avec lesquels nous entretenons des contacts. J'ai également visité, à de nombreuses reprises, nos théâtres d'opérations, qu'il s'agisse de l'Afghanistan, du Kosovo ou de l'Iraq. Plus récemment, j'ai visité l'opération Active Endeavour, soit les navires qui participent à notre opération maritime de lutte contre le terrorisme dans la Méditerranée.
Je vous rappelle que l'opération Active Endeavour est actuellement la seule opération de l'OTAN entreprise au titre de l'article 5. Il s'agit d'une flotte de navires, composée surtout de vaisseaux du groupe naval permanent de l'OTAN, qui, il faut le souligner, vient tout juste d'accueillir un vaisseau ukrainien dans ses rangs. L'Ukraine n'est que le deuxième pays non membre de l'OTAN à contribuer à cette opération. L'Ukraine suit l'exemple de la Russie, qui est mise à contribution depuis l'automne dernier.
Ainsi, j'ai eu le privilège de voir directement ce que font vos hommes et vos femmes ainsi que les hommes et les femmes de l'alliance et de ses partenaires dans le cadre des opérations. Je puis vous garantir que leurs voix sont entendues au niveau que je représente au quartier général de l'OTAN. Je voyage aussi souvent avec le Conseil de l'Atlantique nord. J'entends donc différents points de vue, et je peux vous assurer que nous sommes au courant des préoccupations et des problèmes sur le terrain. J'espère que nous pourrons offrir à ces gens le meilleur soutien possible dans le cadre des activités entreprises au nom de votre nation, mais aussi au nom de l'alliance.
Bien que, comme je l'ai dit tout à l'heure, je vais vous parler de l'Afghanistan — il s'agit de notre priorité opérationnelle — j'aimerais vous entretenir de nos autres domaines d'activité.
Laissez-moi vous parler brièvement du contexte du travail de l'ONU.
[Français]
Environ 50 500 aviateurs, marins et soldats de l'OTAN et de nos pays partenaires participent à des opérations sur des continents très lointains dans bien des cas, mais également sur trois continents et en Méditerranée. À part nos opérations militaires en Afghanistan, nous avons une grande force qui est renommée, soit plus de 16 000 soldats, aviateurs et marins dans une opération au Kosovo, qui est une mission très importante, surtout à ce stade-ci des pourparlers sur le statut du Kosovo à long terme.
[Traduction]
Nous avons aussi une mission de formation en Iraq, qui contribue à la professionnalisation de quelque 600 membres irakiens —étudiants, officiers militaires et militaires du rang — annuellement.
Nous avons une mission de soutien auprès de l'Union africaine. Il s'agit d'une mission très modeste, de petite taille, mais qui a tout de même transporté par avion quelque 8 000 soldats au Soudan au nom de l'Union africaine ou pour appuyer celle-ci. Nous avons aidé l'Union africaine à développer ses capacités et à professionnaliser ses forces. Nous lui avons aussi enseigné comment tirer des leçons, entre autres choses importantes. Mais encore une fois, il s'agit d'une mission très modeste, déployée à la demande de l'ONU et du pays.
Nous menons aussi les opérations dont je vous ai parlé dans la Méditerranée. Il s'agit d'une mission à long terme, mais qui donne des résultats considérables, à mon avis, pour ce qui est de réduire le trafic illégal d'armes, l'immigration légale, l'introduction clandestine de migrants et d'armes, etc., et ce, dans le cadre d'opérations de lutte contre le terrorisme dans le contexte méditerranéen.
Toutes ces opérations — qui contribuent à la dispersion de nos forces dans une assez grande région — font appel à des forces nationales limitées. Les pays ont des ressources restreintes, mais font appel aux pays membres de l'OTAN, aux partenaires de l'OTAN et aux nations avec qui l'OTAN entretient des contacts. Lorsque je parle de nations avec qui l'OTAN entretient des contacts, je parle précisément des nations qui nous appuient dans diverses régions, y compris l'Australie, le Japon, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande, et d'autres avec lesquelles nous entretenons des liens.
Nombre des nations dont je viens de parler, surtout les nations membres de l'OTAN et les nations partenaires, fournissent des troupes non seulement aux opérations de l'OTAN, mais aussi ailleurs, pour appuyer l'Union européenne, d'autres opérations de l'ONU ou des opérations de coalition, à divers endroits.
Ceci dit, je vous signale que la capacité de ces nations à affecter des forces ou des ressources à l'OTAN, et surtout de respecter ses engagements, dépend en grande partie de leurs responsabilités ailleurs, y compris chez eux, et nous devons en tenir compte dans ce contexte.
[Français]
Un autre facteur très important pour l'alliance est le besoin de soutenir l'efficacité opérationnelle de l'OTAN dans un contexte de changement continuel, de transformation. Vous avez sans doute eu des discussions à cet égard avec les Forces canadiennes.
[Traduction]
L'OTAN a donc entrepris ce très important processus de transformation généralisé qui vise à ce que nos forces, de même que les mécanismes de commandement et de contrôle qui en assurent la surveillance, soient capables de réagir avec une capacité de beaucoup plus grande portée qu'auparavant et davantage de flexibilité que durant la Guerre froide, une capacité qui puisse aussi s'adapter aux nombreux changements que nous constatons partout dans le monde. Il ne s'agit pas de l'OTAN de nos pères ou de nos grands-pères; il s'agit d'une OTAN très différente. En fait, dans l'ensemble, ce qui est arrivé, c'est que l'environnement concurrentiel de l'OTAN, à défaut de trouver un meilleur terme, a changé de façon très considérable.
L'OTAN s'est adaptée à ces changements de façon importante et très visible non seulement grâce à la réforme de la défense effectuée par ses divers pays membres ou partenaires, mais aussi grâce à la création de la force de réaction de l'OTAN, dont vous avez entendu parler. Cette force est composée de 20 000 à 25 000 membres de l'aviation, de l'armée de terre, de la marine et des forces spéciales, prêts à être déployés rapidement — il s'agit d'une force à très haut niveau de préparation qui peut en fait être déployée dans un théâtre d'opération dans cinq à trente jours d'avis.
Je pourrai vous donner plus de détails plus tard, si vous le voulez, mais nous avons certainement été témoins de la capacité de la force, avant même l'atteinte de sa pleine capacité opérationnelle, au sommet de Riga en novembre dernier, au Pakistan, par exemple, et dans le cadre de l'exercice de validation effectué l'an dernier au Cap-Vert, sur la côte Ouest africaine.
Dans l'ensemble, les pays veulent améliorer l'ensemble de la capacité de leurs forces et leur capacité interopérationnelle avec l'OTAN, grâce, entre autres, à l'adaptabilité de la logistique, à l'interopérabilité des systèmes de commandement et de contrôle, qui est essentielle, à une capacité langagière et à une capacité de transport additionnelle, qu'il s'agisse de transport aérien ou maritime.
Aussi, la relation politico-militaire doit évoluer pour permettre aux nations de déployer leurs troupes très rapidement, au besoin, et d'être suffisamment flexibles pour s'adapter à cet environnement changeant — qui souvent exige des décisions très rapides.
Je viens donc de vous donner le contexte de nos activités en Afghanistan, dont j'aimerais maintenant parler un peu plus en détail.
Le général Howard vous a donné un très bon aperçu de ce qui se passe dans la région qui vous intéresse davantage, soit le Sud. C'est évidemment là que les insurgés sont actuellement davantage concentrés, mais croyez-moi, ce phénomène touche l'ensemble de l'Afghanistan. Il est donc important que vous compreniez la portée de nos activités, non seulement du point de vue militaire, mais également du point de vue civil grâce à une approche ou une perspective globale, si vous voulez.
Il n'y a pas si longtemps, soit il y a environ six ans, l'Afghanistan était un pays très différent. La notion de la règle de droit n'y n'existait pas. Le pays avaient des relations diplomatiques et politiques très ambiguës avec un très petit nombre de pays, soit deux ou trois tout au plus, et l'environnement était à toutes fins pratiques aucunement contrôlé, ce qui, très franchement, favorisait le terrorisme. Des terroristes ont d'ailleurs lancé des attaques à partir de ce pays, y compris celles du 11 septembre.
Ce n'est pas tout. Les filles ne pouvaient pas aller à l'école. Les femmes ne pouvaient pas jouir des droits fondamentaux de la personne — pas seulement les femmes, mais aussi les hommes, dans de nombreux cas; il leur était interdit de prendre part à de nombreuses activités dont nous profitons. Il s'agissait, à toutes fins pratiques, de ce que nous pourrions considérer comme étant un pays non gouverné. Et c'est toujours de le cas de certaines régions en Afghanistan.
C'est en se fondant sur cette prémisse que les Talibans, surtout, violaient les droits fondamentaux de la personne. Je vous ai évidemment aussi parlé du fait que c'était un terreau fertile pour le terrorisme international, et il est dans notre intérêt de voir à ce que ces activités cessent.
[Français]
Notre approche des opérations en Afghanistan a été de ce fait très mesurée, délibérée et progressive. Vous le savez, car vous suivez depuis le début ce qui se passe en Afghanistan. Il ne fait aucun doute que les 26 nations de l'alliance et ses partenaires considèrent que la mission en Afghanistan est notre priorité opérationnelle absolue.
[Traduction]
Nous n'avons d'autre choix que de l'emporter. Il s'agit d'une évolution très importante de l'alliance et de ce qu'elle représente.
Dans ce contexte, toutefois, je peux vous assurer que l'alliance est très unie relativement à l'objectif visé. J'ai eu l'occasion d'assister au dîner des chefs d'État et de gouvernement à Riga en novembre; il n'y avait aucun doute quant à l'engagement de tous les chefs d'État envers l'OTAN et ce qu'elle représente. Ils sont catégoriquement engagés à voir à ce que ce qui doit être fait soit fait de la part de tous les pays.
Peu à peu, avec le temps, le manque de capacité et de matériel, de même que les mises en garde nationales — que vous connaissez bien — ont miné l'efficacité et la flexibilité de notre mission militaire. Mais ces lacunes sont en voie d'être comblées. Encore une fois, je peux en parler davantage si vous voulez.
Vous avez également reconnu le fait que la communauté internationale doit collaborer avec les forces militaires pour trouver les solutions en Afghanistan. Bien que la composante militaire demeure l'élément essentiel qui permettra d'assurer la sécurité en Afghanistan, de même que la stabilité, qui est essentielle au succès, nous tentons continuellement de trouver des façons d'harmoniser cette composante avec les efforts importants de reconstruction et de développement.
Essentiellement, nous reconnaissons sans réserve que le succès en Afghanistan ne peut être assuré par des moyens militaires uniquement — et c'est parfaitement clair pour nous tous à l'OTAN, je peux vous en assurer.
Monsieur le président, la séance sera-t-elle écourtée, en raison du timbre?
Ceci dit, je crois qu'il convient d'examiner le chemin parcouru par les pays depuis que nous avons entrepris les opérations en Afghanistan. Il y a maintenant un gouvernement élu démocratiquement, et nombre d'entre vous avez rencontré certains de ces députés. Le gouvernement est établi dans un environnement relativement sécuritaire et stable, si l'on pense à ce qu'il était auparavant. Il y a de nombreux projets de reconstruction et de développement en cours, qui donnent très bon espoir au peuple afghan. Il y a plus de 17 000 projets en cours partout en Afghanistan, ce qui est considérable.
Quatre-vingt-trois pour cent de la population a maintenant accès à des installations militaires, ce qui est de loin supérieur au taux de 9 p. 100 en 2004. La croissance du PIB pour cette année est estimée au niveau très considérable de 12 à 14 p. 100. Plus de 4 000 kilomètres de routes ont été construits. Autant de cliniques médicales ont été établies. Plus de 7 millions d'enfants vont à l'école, et j'en passe. Ne voilà que quelques exemples des progrès réalisés en Afghanistan depuis que nous avons entrepris notre mission collective.
J'ai pu me rendre en Afghanistan à de nombreuses occasions, et je vous dirais que les gens ressentent les avantages de la présence internationale; ils en sentent les effets positifs, quoiqu'il y ait des éléments négatifs également. Cela dit, les succès sont quelque peu fragiles. Ils sont fragiles parce que les forces militantes d'opposition, comme je les appelle — qui comprennent non seulement les Talibans, mais aussi les gros trafiquants, les criminels, des groupes extrémistes, si vous voulez, les combattants de la liberté et ainsi de suite — préféreraient revenir à l'anarchie dans laquelle ils avaient l'habitude de fonctionner et dans laquelle, comme vous le savez, ils pouvaient intimider, tuer des gens et forcer les gens à appuyer toute une gamme d'activités illicites.
[Français]
Néanmoins, ces forces opposées ont découvert, après une expérience assez difficile, qu'elles ne pouvaient pas défaire l'OTAN ni les forces internationales de façon conventionnelle. Tant que ces forces opposées représenteront une menace pour le succès de notre mission, elles continueront à menacer également les objectifs futurs de l'Afghanistan.
[Traduction]
Je peux vous dire, de la perspective de l'OTAN, que nous connaissons un certain succès en Afghanistan. Je le crois sincèrement.
L'erre d'aller que nous avons connu ce printemps, qui est bien différent de celui de l'automne dernier, avec les forces supplémentaires et l'engagement assumé pour engager le combat avec les forces militantes d'opposition, a montré non seulement aux pays de l'OTAN mais aussi au peuple afghan que ses chances de réussir sont meilleures. C'est important, selon nous. Les Afghans ont de bien meilleures chances de prospérer avec l'OTAN qu'avec les Talibans. Je crois que c'est un fait reconnu maintenant.
Nous voyons en fait que les Afghans rejettent les éléments extrémistes et chassent, si l'on peut dire, les insurgés de leurs villes et de leurs collectivités. Nous voyons aussi que les forces militantes d'opposition sont en train de changer de façon significative leur stratégie. Ce changement s'effectue en réaction directe à nos succès opérationnels, et le Canada a joué un rôle clé dans ces succès très importants l'automne dernier.
Avec les responsables de la reconstruction et du développement — et j'y reviens parce qu'il s'agit d'un élément important selon nous — nous améliorons le pays et le mode de vie de ses habitants. Selon nous, il est important non seulement de véhiculer une perception d'amélioration, mais d'assurer des améliorations réelles et tangibles pour les Afghans sur le terrain. Voilà une façon importante de conquérir le coeur et l'esprit des Afghans.
[Français]
Depuis novembre 2006, on a pris plusieurs engagements à Riga. À la suite des engagements pris par tous les chefs d'État que j'ai mentionnés plus tôt, nos effectifs en Afghanistan ont augmenté de plus de 7 000 soldats. Même s'il y a encore place pour l'amélioration, les caveats ou les restrictions imposées aux troupes en opération ont diminué.
[Traduction]
Dans l'ensemble, nous avons fait passer le nombre de militaires en Afghanistan à approximativement 37 000 — je sais que vous connaissez ces chiffres, mais il est bon de les répéter — provenant de 37 pays différents, en comparaison aux 5 000 soldats qui étaient à Kaboul quand s'est amorcée notre mission en Afghanistan. La situation a donc beaucoup évolué. Ajoutez à cela les quelque 11 000 membres de la coalition qui sont encore en Afghanistan et vous avez près de 50 000 soldats dans ce pays.
Cela a amélioré nos capacités opérationnelles. Néanmoins, je m'empresse d'ajouter, comme je l'ai dit sur bien des tribunes, surtout au niveau des ministres et des chefs d'État, que l'énoncé des besoins présente encore des lacunes, l'énoncé interarmées multinational des besoins que nous nous efforçons constamment de combler. La plupart sont des besoins cruciaux, comme l'évacuation sanitaire, le transport par hélicoptère dans le théâtre des opérations, la surveillance des communications et ainsi de suite. Lentement mais sûrement, nous comblons ces besoins grâce à la contribution de chacun des pays de l'OTAN et des pays partenaires dont l'apport, aussi petit soit-il, est toujours bienvenu. Nous continuons d'insister sur la nécessité de combler tous les besoins et de réduire les restrictions nationales.
Toutefois, pour garder notre élan, nous devons tabler sur nos capacités et celles des Afghans pour poursuivre leur édification. J'en ai peu parlé, mais les Afghans eux-mêmes s'améliorent de plus en plus et sont des combattants intrépides. Ils sont déterminés à établir et à maintenir la sécurité et la stabilité de leur pays afin de pouvoir un jour en prendre le contrôle. Ils sont très sincères à cet égard; tous ceux à qui j'ai parlé, surtout le ministre de la Défense et le président, sont très sincères à cet égard.
À mon sens, tous les pays qui ont une présence militaire en Afghanistan contribuent au succès de l'opération à leur façon. Chaque pays a un mandat précis, mais tous se conforment aux mêmes plans opérationnels et visent le même grand objectif. En conséquence, l'OTAN continue de demander à ses membres et partenaires, qui qu'ils soient, d'accroître leur contribution quand ils le peuvent, et je continuerai moi-même à le faire.
Cela dit, surtout en ce qui a trait aux restrictions nationales, il nous est évident que certaines de ces restrictions sont nécessaires. C'est la loi; elle limite certaines libertés, mais ce qui compte surtout pour nous, c'est que les mouvements des troupes en Afghanistan soient limités le moins possible.
Sur un autre front tout aussi important, peut-être, l'alliance continue d'insister sur les aspects de coopération civile et militaire de ces opérations et leur importance — j'en suis fermement convaincu — pour le succès d'ensemble et la stratégie de retrait. Comme on vous l'a souligné ce matin, cette coopération se manifeste surtout dans les équipes provinciales de reconstruction et leurs réalisations. Nous en comptons 25 à l'échelle de l'Afghanistan à l'heure actuelle. Ces équipes s'efforcent constamment d'améliorer leurs pratiques. Nous tenons des ateliers sur les pratiques exemplaires, lesquelles sont ensuite appliquées ailleurs, dans le cadre de la coordination des EPR en Afghanistan. Je ne veux toutefois pas laisser entendre que ces solutions sont universelles, mais il est bon d'harmoniser nos efforts afin de les rendre plus efficaces dans l'ensemble.
La coopération entre les civils et les militaires est donc absolument cruciale. Nous, les militaires, surtout dans le contexte de l'OTAN, ne voulons pas contrôler les EPR ni la communauté civile internationale, mais nous voulons harmoniser ou, à tout le moins, coordonner nos efforts aux leurs; c'est une dimension importante de notre approche globale. C'est une approche qui cible l'ensemble du gouvernement. À l'OTAN, c'est ce que nous appelons l'approche globale. Elle rassemble tous les éléments : le militaire, le politique, le social et l'économique de ce que nous devons accomplir sur le théâtre des opérations.
En bref, la reconstruction et le développement en Afghanistan doivent être vus comme une progression homogène et comme le besoin ultime qu'il faut combler pour que les Afghans puissent, au moment de notre départ, être autonomes à long terme.
[Français]
Au cours des mois qui viennent de s'écouler, l'alliance a également amélioré son appui direct à l'armée afghane de plusieurs façons, notamment grâce aux équipes de mentoring et de liaison dont le général Howard a parlé plus tôt.
Ces équipes sont très importantes pour la formation de l'armée afghane et pour sa capacité de déployer et d'opérer avec les forces de l'OTAN en théâtre opérationnel.
[Traduction]
Il y a quelques semaines, les chefs de la Défense se sont réunis pour examiner la situation en Afghanistan et nos engagements dans ce pays; comme moi, ils ont convenu que nous devons absolument maintenir et soutenir nos efforts en Afghanistan au niveau des opérations, du mentorat et de la liaison. La formation et l'équipement de l'armée afghane — on pourrait même aller jusqu'à dire de la police nationale afghane et des gardes frontaliers aussi — constituent pour nous un élément critique à l'heure actuelle, un élément qui est au coeur de ce que nous faisons pour poursuivre sur notre lancée.
Dans les mois à venir, il nous faudra davantage de ces équipes d'observation, de mentorat et de liaison.
À l'heure actuelle, nous estimons qu'il nous en faut 46. Vingt de ces équipes sont constituées de membres de l'OTAN et les 26 autres, de membres de la coalition. On les appelle les équipes d'entraînement intégrées. Quand les bataillons afghans ont dit avoir besoin d'aide, j'ai été très heureux de voir ce que comptait faire le Canada, qui a offert des équipes de liaison régionales pour contribuer aux travaux des équipes d'observation, de mentorat et de liaison.
Au fur et à mesure que nous créerons et intégrerons ces équipes, elles pourront prendre la relève des équipes d'entraînement intégrées américaines. Celles-ci forment la police nationale afghane, qui est tout aussi importante et qui comptera parmi le multiplicateur de force dont nous avons besoin en Afghanistan.
Il nous faudra au final une centaine d'équipes d'observation, de mentorat et de liaison pour assurer la professionnalisation et l'indépendance de l'armée nationale afghane et de tout ce qu'elle représente. Ces équipes sont donc importantes, surtout dans notre stratégie de retrait d'ensemble à laquelle nous devons réfléchir sérieusement.
Je fais encore une fois mention de l'approche globale, car c'est un élément crucial de tout ce que nous faisons. C'est ce qui nous permet de coordonner toutes les activités que nous menons sur le front international en Afghanistan. Si l'approche globale et ce qu'elle signifie pour l'harmonisation de nos efforts ne font pas l'unanimité, nous aurons de la difficulté à atteindre le succès d'ensemble que nous visons.
[Français]
Il y a également des acteurs régionaux très importants, qui sont absolument cruciaux pour la réussite de nos activités. Le Pakistan, par exemple — et vous savez ce que le Pakistan représente —, a manifesté, surtout dernièrement, un désir très sincère de nous aider à mener nos opérations.
[Traduction]
Je suis allé au Pakistan il y a quelques semaines. Depuis déjà un certain temps, je discute avec les autorités pakistanaises de l'importance de bien contrôler la frontière, en particulier. Les Pakistanais jugent qu'un Afghanistan stable et démocratique est tout aussi important pour eux que pour les pays qui appuient la mission car les deux pays sont voisins et ils souhaitent la stabilité dans la région.
À cet égard, le Pakistan a déployé quelque 80 000 militaires le long de sa frontière avec l'Afghanistan. Comme il faut assurer la rotation de ces troupes, tout comme nous le faisons, il faut un rapport de trois pour un, autrement dit, le Pakistan a engagé environ un quart de million d'hommes pour surveiller la frontière afghane. Il a mis sur pied environ un millier de postes de son côté de la frontière alors qu'il n'y en a qu'une centaine du côté afghan.
Le Pakistan est aussi membre avec nous de la Commission tripartite constituée d'Afghans et surtout du chef de la défense afghan; du commandant de la Force internationale d'assistance à la sécurité et du commandant des forces pakistanaises.
Tout cela témoigne de la coopération qui existe dans cette région et nous a permis de bien coordonner les activités le long de la frontière afin de limiter au besoin les activités des insurgés de part et d'autre de la frontière. Les Pakistanais sont aussi présents au centre d'opération interarmées à Kaboul. Ce sont des officiers très compétents. Je reste informé de ce qu'ils font dans le but de mieux coordonner nos efforts des deux côtés de la frontière.
Enfin, on dit souvent que ce qui se passe en Afghanistan relève uniquement de l'OTAN et, du coup, de la FIAS. Cette impression résulte certainement de différents facteurs, notamment du fait qu'on fait grand état des activités sur la ligne de front et beaucoup moins du reste.
Mais l'OTAN n'est pas seule en Afghanistan, comme vous le savez très bien. Je sais ce que vous ont dit James Appathurai, Chris Alexander et d'autres, et nul doute que le chef de l'état-major de la Défense vous l'a aussi souligné. Il y a d'autres acteurs très importants en Afghanistan : la coalition américaine, à coup sûr, les Nations Unies, le G8, l'Union européenne, la Banque mondiale et, sous peu, la mission de formation de la police de l'Union européenne, qui nous donnera un coup de main dans tout ce que je viens de vous décrire.
Nous avons encore des défis considérables à relever, mais grâce à notre approche globale, j'estime qu'à long terme, notre mission sera un succès.
J'aimerais aborder encore quelques points avant de répondre à vos questions, notamment la question des détenus qui a fréquemment fait l'objet de discussions ici au Canada et surtout au Parlement.
Je note d'abord que l'OTAN n'a pas de politique sur les détenus. Toutefois, les forces de l'OTAN doivent respecter le plan opérationnel qui a été recommandé par le comité militaire et approuvé par le Conseil de l'Atlantique Nord.
Le commandant de la FIAS, par l'entremise du commandant suprême des Forces alliées en Europe, a reçu l'ordre d'élaborer des lignes directrices et des procédures régissant le traitement des détenus. Ces lignes directrices et ces procédures sont claires, je les ai vues. Elles ont été présentées au Conseil de l'Atlantique Nord, qui s'est dit satisfait. Elles guident clairement les militaires sur le traitement des détenus.
Vous avez déjà entendu parler des critères. Normalement, nous devons remettre les détenus aux autorités afghanes dans les 96 heures suivant l'arrestation ou la première détention. À la fin de cette période, nous devons libérer le détenu ou le remettre aux autorités afghanes. Les autorités afghanes sont souveraines; elles prennent leurs propres décisions concernant les questions de sécurité interne. Mais, car il y a un mais, l'OTAN a été très claire dans ses directives : un détenu ne doit pas être remis aux mains de quiconque dont on croit qu'il pourrait blesser le détenu ou lui porter atteinte de quelque façon que ce soit.
Bref, nous avons donné comme directive à nos militaires sur le terrain de faire preuve de diligence extrême, tout d'abord, lors de l'arrestation et de la détention et, ensuite, lors de la remise des prisonniers.
C'est ce que nous appelons une instruction permanente d'opération. Les instructions permanentes d'opération font partie du plan opérationnel dont j'ai déjà fait mention. Elles nous ont été très utiles jusqu'à présent. À cela s'ajoutent divers accords bilatéraux que le gouvernement afghan a signés avec le Canada et d'autres pays.
Voilà ce que nous encourageons et, à l'OTAN, nous apprécions cette attention du Canada.
[Français]
Pour conclure, monsieur le président, je voudrais rappeler la route que nous avons empruntée pour établir la paix et l'indépendance en Afghanistan, dans le contexte de notre mission. Il est clair que notre mission n'est pas uniquement militaire : c'est une mission globale qui assurera le succès à long terme.
[Traduction]
Nous jugeons tout aussi cruciales les mesures positives que prennent les autres membres de la communauté internationale, dont bon nombre sont en cours. J'ai regardé les chiffres il y a quelques jours et j'ai noté que 26 milliards de dollars environ ont été accordés à l'Afghanistan depuis l'établissement du mandat de l'ONU en 2001 en plus des milliers de troupes qui y ont été envoyées, comme vous le savez. Les forces militaires de l'OTAN et leurs homologues civils créent de meilleures conditions en Afghanistan ce qui, selon nous, créera une paix durable.
Chacun fait sa part, à mon avis. Certains pays sont très petits, mais je peux vous dire que leur engagement à l'égard de l'Afghanistan est tout aussi sérieux et qu'ils aimeraient apporter une contribution plus importante que celle à laquelle leur petite taille les limite. Pour l'OTAN, aucune contribution n'est négligeable. Nous accueillons avec plaisir toutes les offres d'aide.
Nous continuerons de mettre à contribution ce que nous apportent les différents pays, y compris le Canada, de la façon la plus efficace possible, mais il nous faudra plus de ressources pour nous acquitter de la tâche globale, et j'en ai déjà touché quelques mots. Nous continuons de préciser ces besoins, et le commandant suprême des Forces alliées, le général Craddock, a énoncé nos besoins précis très récemment.
L'Afghanistan est clairement un pays fragile, et ceux d'entre vous qui y sont allés le savent. Il a son propre gouvernement, que sous-tendent toutefois différents groupes tribaux, ruraux et culturels. Les changements ne se feront pas du jour au lendemain, comme l'a souligné le général Howard, et nous en sommes bien conscients. Le changement prend du temps et ne peut être précipité. Nous ne voulons certainement pas nous retirer de l'Afghanistan trop tôt pour vouloir y retourner peu de temps après.
Pour cette raison, l'OTAN estime, et j'abonde dans le même sens, qu'il est simplement trop tôt pour permettre le retrait de forces, car cela pourrait permettre aux forces auxquelles nous nous opposons et à celles que nous avons réussi à maîtriser de retrouver leur emprise brutale et oppressive sur le peuple afghan. Nous nous attendons donc à maintenir notre présence encore un certain temps, jusqu'à ce que nous ayons accompli notre tâche.
En terminant, je tiens à dire qu'en ma qualité d'officier canadien à l'OTAN, je suis fier de pouvoir montrer le drapeau canadien chaque jour au Conseil de l'Atlantique Nord et lors de mes nombreuses visites dans différents pays. Le Canada a joué un rôle central dans ce processus, un rôle crucial, et jouit du respect des autres pays.
Permettez-moi de vous parler encore une fois du sommet de Riga et de la réception des chefs d'État à laquelle j'ai participé. La contribution du Canada a été soulignée pendant ce dîner. De nombreux chefs d'État ont félicité le premier ministre pour le courage, l'engagement et le sacrifice des Canadiens grâce auxquels cette mission est ce qu'elle est et ce qui doit être fait est fait.
La contribution du Canada se traduit malheureusement par des pertes de vies que nous regretterons toujours. Nous soulignons ces pertes chaque fois qu'elles se produisent, au comité militaire ou au Conseil de l'Atlantique Nord. Nous savons que les Canadiens, autant les militaires que les civils, font preuve de beaucoup de courage. Ils risquent leur vie chaque jour pour mener à bien leur mission.
Le Canada fait toute une différence en Afghanistan, et c'est le message que je veux vous laisser. Grâce au Canada, les choses changent pour le mieux. Le Canada est vu comme étant un pays des plus compétents pouvant faire preuve de leadership en Afghanistan.
Enfin, je souligne que tous les alliés font leur part et que la mission est très complexe, mais que nous sommes convaincus de l'emporter. Pour ma part, chaque fois que je vais en Afghanistan, je suis encouragé par les améliorations que j'y constate. Ce ne sont pas toujours de grandes améliorations. L'Afghanistan ne ressemblera jamais à Nepean ou au centre-ville d'Ottawa, mais ce n'est pas là notre but. Nous voulons créer un environnement stable permettant aux Afghans de prospérer, et à long terme, nous y arriverons.
[Français]
Merci beaucoup. Il me fait plaisir d'être parmi vous.
Monsieur le président, je vous redonne la parole. Merci.