Je m'appelle Marc André Boivin. Je travaille pour un groupe de recherche qui s'appelle le Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix, basé à l'Université de Montréal.
Mon exposé se fera en deux parties, tout d'abord je ferai un état de la situation, puis je terminerai avec des recommandations générales sur la politique canadienne en Afghanistan.
Permettez-moi de commencer avec l'état de la situation.
[Français]
Dès la chute du régime taliban à la fin de 2001, la communauté internationale a engagé un processus de stabilisation et de reconstruction en Afghanistan inscrit dans le long terme. Depuis, nombre de jalons ont été posés. Une véritable course à la gouvernance a été entamée entre ce projet politique cautionné par la communauté internationale et les forces afghanes qui ont présidé à la dislocation du pays pendant plus de deux décennies. L'évolution récente donne malheureusement à penser que la communauté internationale est en train de perdre cette course à la gouvernance.
Parlons des difficultés. Le Canada a été parmi les premiers partenaires et les partenaires les plus fiables du nouveau gouvernement afghan, et l'Afghanistan occupe une part enviable de sa politique étrangère. Il convient aujourd'hui de bien comprendre les difficultés se dressant devant le processus de stabilisation et de reconstruction en cours et de bien situer l'impact possible des actions canadiennes dans ce cadre.
La première difficulté est la résurgence des éléments extrémistes, le retour en force des talibans et autres éléments qui s'opposent à l'affirmation de l'autorité du gouvernement de Kaboul. La hausse spectaculaire des violences, notamment dans le secteur sud où les soldats canadiens ont été redéployés, est aussi le symptôme d'une perte de contrôle du gouvernement central de régions entières. Un rapport publié récemment par le Conseil de Senlis de Londres affirme, suite à une étude de terrain dans les régions de Helmand, Kandahar et Nangarhar, que l'autorité gouvernementale ne dépasse pas les limites des principaux centres où sont déployées les troupes étrangères. Le pouvoir effectif des autorités de Kaboul en région a toujours été largement en-deçà de ses ambitions. Cependant, le problème est que l'évolution va dans le sens contraire de ces ambitions et que l'initiative appartient maintenant aux insurgés dans des régions entières, principalement dans le sud et dans l'est du pays.
La deuxième difficulté est la croissance marquée de la production et du commerce illicite de la drogue. Le retour en force des talibans s'explique en partie par les revenus illégaux considérables engendrés par un accroissement spectaculaire de la production et du commerce illicite de la drogue. Cet accroissement touche notamment la région de Helmand et de Kandahar, où sont déployés des contingents britanniques et canadiens et où, ce qui ne doit rien au hasard, les insurgés sont parmi les mieux organisés. Une alliance naturelle s'est créée entre producteurs, trafiquants et insurgés, tous résolument opposés à l'affirmation d'un État de droit. Cette dynamique a été aggravée de façon significative par la politique d'éradication des champs de pavot favorisée, entre autres, par le gouvernement américain. Celle-ci a aliéné les populations locales en les privant de leur moyen de subsistance et offert aux talibans l'occasion de se faire valoir politiquement. De plus, les éradications ont eu tendance à toucher tout spécialement les paysans les plus pauvres, renforçant un sentiment d'injustice et d'aliénation face au pouvoir de Kaboul. Toute solution passera nécessairement par une stratégie à long terme permettant de restituer progressivement une économie licite par une combinaison de mesures ciblées de développement, d'incitatifs et de répression.
La troisième difficulté provient des bases fragiles du gouvernement afghan. Cette approche pondérée pour la lutte à la drogue fait partie intégrante du Pacte de l'Afghanistan, lui-même inspiré par une stratégie afghane de développement national soumise par le gouvernement Karzaï. Celle-ci vise notamment à développer les capacités du gouvernement afghan pour qu'il devienne un jour autonome et responsable. À ce jour, l'essentiel de son budget est assuré par des donations internationales, ce qui est non seulement insoutenable à long terme, mais aussi contraire à l'exercice de sa souveraineté et dommageable d'un point de vue intérieur. Les efforts internationaux ont été insuffisants en ce qui a trait à la formation des services de police afghans, pires encore en ce qui concerne l'établissement d'un système judiciaire. De plus, les pays continuent de favoriser les investissements directs plutôt qu'une aide passant par le gouvernement afghan, une approche plus efficace à court terme mais qui nuit au développement des capacités administratives afghanes à long terme. Le monde prodigue à l'Afghanistan des soins intensifs plutôt que de lui fournir un remède, disent certains officiels afghans.
La quatrième difficulté est le manque de cohérence des efforts internationaux. L'action du Canada fait partie d'efforts internationaux qui se sont montrés inconstants et disparates. Trois missions sont actives en Afghanistan: une de l'ONU affectée au développement et à la coordination de l'aide au développement, une de l'OTAN avec un mandat de maintien de la paix, et une opération de guerre américaine chargée de la chasse aux terroristes.
Les discussions pour fusionner les deux missions militaires, Enduring Freedom et la FIAS, se sont heurtées à des querelles entre Américains et Européens, qui ne s'entendent pas sur l'inclusion d'aspects plus offensifs dans le cadre d'une opération unifiée. Pourtant, la plupart des pays participent à la fois aux deux missions. Il faut également ajouter que l'OTAN a eu beaucoup de difficulté à convaincre ses membres de consentir à des déploiements substantiels. Les pays imposent par ailleurs des restrictions diverses qui limitent sévèrement l'action des forces sur le terrain.
La cinquième difficulté découle de l'action trop axée sur les dimensions militaires. La sécurité a été placée au centre de l'intervention internationale en Afghanistan. Cela fait écho aux événements dramatiques qui en ont précipité l'instigation. Pourtant, les bases d'une pacification durable de l'Afghanistan passent par un développement économique et une stabilisation politique. Le Canada ne fait pas exception à cette tendance avec une présence sur le terrain essentiellement de nature militaire. Je le répète, une course à la gouvernance se joue présentement en Afghanistan. Une solution strictement militaire est contre-productive à plus long terme. J'en veux pour preuve la détérioration récente de la situation sécuritaire après cinq ans d'efforts.
La sixième difficulté est la dimension régionale du conflit. L'Afghanistan est l'épicentre d'une région très instable. Ses deux principaux partenaires économiques, l'Iran et le Pakistan, sont aussi ses deux principales sources potentielles de problèmes politiques et militaires. Ainsi, l'Afghanistan pourrait subir les contrecoups de la confrontation actuelle entre l'Iran et les États-Unis. Plus grave encore, le Pakistan est intimement lié aux décennies de guerres civiles qui ont ravagé le pays. Les régions tribales, notamment à la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, servent de zones refuges aux talibans et autres éléments extrémistes, et ont tenu un rôle non négligeable dans leur résurgence récente. La hausse des violences a eu un impact négatif direct sur les relations entre Islamabad et Kaboul. Cette situation est d'autant plus complexe qu'elle est liée à la rivalité entre le Pakistan et l'Inde. De plus, la dictature militaire pakistanaise s'appuie en partie sur les courants de pensée islamistes radicaux, ce qui limite ses capacités d'action.
[Traduction]
J'en arrive maintenant aux recommandations.
Depuis le début, le Canada joue un rôle actif en Afghanistan, et le Canada devrait mener sa mission à terme. Néanmoins, nous ne devons pas sous-estimer les obstacles considérables qui entraveront notre mission. Comme je l'ai dit, la situation s'est sérieusement détériorée ces derniers mois, retardant ainsi la reconstruction de l'Afghanistan et soulevant des questions sur le processus actuel de stabilisation et de reconstruction.
La première recommandation est la suivante: maintenir le cap tout en gardant un débat ouvert.
L'engagement du Canada se fonde sur une exigence humanitaire et sur l'accent mis par le Canada sur les États en déroute. C'est également un geste nécessaire envers notre partenaire américain et il correspond à notre dernier énoncé de politique internationale. Cependant, l'appui des Canadiens diminue, et le gouvernement canadien se doit d'expliquer ses choix en matière de politique étrangère.
Étant donné la situation politique actuelle, la question de la participation du Canada en Afghanistan ne peut pas relever seulement de la prérogative du Cabinet du premier ministre. Toute tentative de maintenir cette situation irait à l'encontre du but recherché. Au cours du débat d'avril dernier sur l'Afghanistan, les quatre partis avaient exprimé leur soutien à la mission. Comment se peut-il que seulement trois semaines plus tard, le vote sur la prolongation de la mission ait été aussi difficile?
Le Canada devrait prendre exemple sur d'autres démocraties, notamment européennes, et débattre de la prolongation de ses principaux déploiements internationaux au Parlement et voter sur ces questions à l'avance et régulièrement. Certes, cette approche peut mener à des incohérences, mais le Cabinet du premier ministre n'est pas à l'abri de cela non plus. De plus, cela permettrait de mieux comprendre la politique étrangère du Canada, et cela rendrait les débats plus accessibles aux citoyens canadiens.
Ma deuxième recommandation est la suivante: mettre l'accent sur les volets politique et développement de la mission.
La résurgence des talibans dans le sud et l'est du pays peut être attribuée en partie à la nature strictement militaire de l'opération Enduring Freedom. Il aura fallu deux ans au commandement américain avant de se rendre compte qu'il fallait inclure un élément de construction de nation pour réussir. Malgré cela, les équipes provinciales de reconstruction qui ont été créées étaient composées principalement de militaires et répondaient à des considérations surtout militaires.
Récemment, le président Karzai a critiqué certaines des méthodes musclées utilisées par les Américains et par les partenaires de la coalition, à savoir les fouilles de domicile et les bombardements aériens. Le Canada a une longue tradition en matière de stabilisation de sociétés qui sortent d'un conflit, pourtant notre engagement en Afghanistan se fait principalement à travers la Défense nationale.
L'approche 3D préconisée dans l'énoncé de politique internationale est raisonnable. Il est temps maintenant de mettre davantage l'accent sur la diplomatie et le développement si nous souhaitons aider les Afghans à maintenir seuls la paix à long terme. Le pacte de l'Afghanistan est une occasion unique à saisir, c'est également le cas des programmes établis par le PNUD et l'ONU en général.
L'extension de la FIAS vers le sud, à laquelle participent les Forces canadiennes, permettra probablement d'avoir une approche plus équilibrée, avec un concept de sécurité compris au sens large du terme, plutôt que de mettre l'accent sur la soi-disant guerre contre le terrorisme et la chasse aux terroristes qui est menée en son nom. Je ne dis pas ici que l'armée ne devrait pas mener des actions offensives. Simplement, elle ne devrait pas se concentrer uniquement sur ces actions, et c'est particulièrement vrai au vu de la situation critique qui domine dans la région de Kandahar.
Pour ce qui est de la troisième série de recommandations, il faut se rendre compte que le Canada participe à un effort international. Le Canada devrait essayer d'avoir une influence positive sur ses partenaires en Afghanistan. Le Canada devrait faire remarquer aux États-Unis que la mission en Afghanistan n'a pas encore été menée à terme et qu'ils ne devraient pas se détourner de leurs responsabilités à cause de l'Irak.
Ces questions d'engagement s'appliquent également à nos partenaires européens qui, lorsqu'ils envoient des troupes, le font assorti de conditions très strictes. De plus, le Canada se trouve dans une position idéale pour être le médiateur entre les Européens et les Américains, et encourager une entente qui permettrait d'unifier les deux missions militaires en Afghanistan. Les États-Unis sont probablement conscients maintenant des avantages d'une mission multilatérale plus légitime de l'OTAN sous l'égide de laquelle ils pourraient opérer, même si leur marge de manoeuvre est plus restreinte.
Enfin, il faut tenir compte de la géopolitique de la région. L'Afghanistan est entouré de puissances régionales qui ont des intérêts directs dans ce pays. On ne pourra maintenir la paix sans leur consentement et leur appui. L'acteur le plus important de la région est sans aucun doute le Pakistan. Le Canada devrait surveiller de près les actions et les inactions du gouvernement pakistanais. Les questions de démocratisation et de décentralisation, le Cachemire et le militantisme islamiste auront une incidence directe sur l'Afghanistan.
Si nous voulons que nos efforts soient récompensés, nous devons ternir compte de ces réalités complexes et faire bon usage de nos atouts diplomatiques.
En conclusion, le Canada ne peut pas résoudre seul tous les problèmes de l'Afghanistan, mais en déployant un contingent conséquent, en maintenant un niveau élevé d'aide au développement, et en proposant son appui politique, le Canada a mérité sa place autour de la table. Le Canada devrait profiter de cette situation afin d'encourager une approche globale à long terme visant à établir la paix en Afghanistan, seule issue acceptable.
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Bonjour. Je m'appelle Justin Massie et je suis de la Chaire de recherche du Canada en politiques étrangère et de défense canadiennes de l'Université du Québec à Montréal.
Je souhaite vous entretenir aujourd'hui d'une dimension interne et politique de la question du rôle des Forces canadiennes en Afghanistan. Il s'agit de la confusion et de la division actuelles au sein de la population canadienne quant au bien-fondé, à la pertinence et à la nature de cette mission.
Cette division apparaît persister, malgré plusieurs tentatives des députés et des médias d'expliquer la mission du Canada en Afghanistan. Ces efforts semblent vains. Les plus récents sondages, datant du 8 juin dernier, attestent que 44 p. 100 des Canadiens s’opposent à la mission. Considérés par rapport à l’opposition de 62 p. 100 et de 45 p. 100 en mars, puis de 54 p. 100 en mai dernier, ces chiffres montrent qu’une partie significative de la population canadienne réprouve l’engagement canadien en Afghanistan et ce, essentiellement depuis la prise en charge du commandement dans le sud de l'Afghanistan.
En règle générale, une telle division ne devrait pas troubler. L’opinion publique demeure volatile, et il n’y a pas lieu de gouverner en fonction de ses humeurs. Le rôle des Forces canadiennes à l’étranger doit répondre à d’autres impératifs afin de gagner en cohérence. Il est à noter, par exemple, qu’une majorité de Canadiens s’opposaient à la participation canadienne à la guerre du Golfe en 1991, avant son déclenchement, et qu’une majorité l’approuva a posteriori.
Mais ce qui demeure significatif et notable dans la présente situation en Afghanistan est la confusion qui règne quant à la nature et au bien-fondé de la participation canadienne, confusion qui est à la source de la division populaire que l’on constate. Je crois qu’un des critères de réussite d’une mission de cette envergure réside dans la conviction collective d’agir de manière juste et nécessaire. Pour ce faire, le gouvernement ne peut ignorer le fait qu’une frange importante des Canadiens ne comprennent pas pourquoi les Forces canadiennes sont déployées de façon aussi significative à Kandahar et ce qui justifie la mort de soldats canadiens.
L’ambiguïté qui persiste tant chez les députés et dans les médias qu’au sein de l’opinion publique, de façon générale, est, à mon avis, le résultat d’un écart de plus en plus important entre ce qui est perçu par la population canadienne et les opérations véritablement effectuées par les Forces canadiennes.
Entre les années 1956 et 1960, un attachement significatif s’est rapidement forgé autour du rôle de Casques bleus des Forces canadiennes, à un point tel, d’ailleurs, que le casque bleu s'est établi comme mythe davantage que comme réalité. À peine 10 p. 100 des troupes canadiennes étaient affectées aux opérations de maintien de la paix au cours de la guerre froide. C’est néanmoins de ce symbole et de cette marque de commerce qu’ont hérité les Forces canadiennes, au Canada comme à l’étranger. Le Canada est désormais inévitablement associé à l’emblématique casque bleu des Nations Unies.
Malgré la nature évolutive des conflits dont, par exemple, l’accroissement de conflits intra-étatiques plutôt qu'interétatiques, les gouvernements canadiens ont persisté à justifier l’engagement des Forces canadiennes à l’étranger en fonction de l’image du peacekeeper. Favorables à une telle image, les Canadiens ont développé l’idée que le Canada est un pays pacifique, promoteur de la paix. L’idée sous-jacente à cette perception, qui est dominante au sein de la population canadienne, est que la guerre est une situation aberrante et évitable et que, par la coopération et la négociation, il est possible de la prévenir.
Au cours des années 1990, il s'est ensuivi une prolifération exponentielle du nombre d’opérations de paix autorisées par le Conseil de sécurité, une tendance de plusieurs pays occidentaux à privilégier l’OTAN à l’ONU, ainsi qu’une participation de plus en plus importante des pays en voie de développement aux opérations de paix de l’ONU. En regard de cette situation, le Canada a considérablement réduit sa contribution d’effectifs aux Nations Unies pour les concentrer dans les missions sous l’égide de l’OTAN.
Cependant, cette évolution du rôle des Forces canadiennes n’a pas été marquée par un attachement populaire significatif autour d’un rôle particulier. De fait, devant l’évolution de la nature des opérations, les gouvernements canadiens ont justifié les interventions militaires en fonction de nouveaux concepts, dont ceux de sécurité humaine et de consolidation de la paix, qui reflètent les idéaux sous-jacents à l'image du peacekeeper des années précédentes. Durant cette période, les Canadiens tentaient de trouver un nouveau rôle pour les Forces canadiennes respectant leur conception de la guerre.
C'est à la suite des attentats du 11 septembre 2001, et surtout en réaction à la réponse des États-Unis en termes de politiques étrangère et de défense, que le Canada s’est vu obligé de déterminer avec plus de précision son rôle sur la scène internationale. Le nouveau contexte international ou la lutte contre le terrorisme est déterminé comme le principal, voire l'unique impératif de la politique étrangère aux États-Unis. De plus, la résurgence de nouvelles menaces transnationales imposa au Canada, d'abord de modifier le rôle traditionnel des Forces canadiennes en cours durant la guerre froide, puis de préciser l’ambiguïté régnante au cours des années 1990. Seul le premier objectif a été atteint.
Ce que l'on peut constater aujourd'hui, c'est que les Forces canadiennes sont résolument engagées dans la lutte contre le terrorisme aux côtés de leurs alliés traditionnels et ce, au détriment de leur ancien rôle de gardien de la paix profondément ancré dans la psyché nationale. C'est que les opérations de combat qu'implique l'engagement canadien à Kandahar, afin de contrer les insurgés, contraste drastiquement avec l'image entretenue depuis 50 ans quant au rôle des Forces canadiennes. Certes, des soldats canadiens sont affectés à des tâches humanitaires en Afghanistan. Ce rôle est d'ailleurs très médiatisé comparativement à son ampleur sur le terrain. Il reste que la tâche principale des militaires canadiens demeure celle de chasser, par la force si nécessaire, les insurgés afghans et autres.
Afin de reconstruire efficacement l'Afghanistan, il est nécessaire d'abord de mettre en place un gouvernement légitimement élu, deuxièmement, d'assurer le contrôle et la sécurité du territoire et, troisièmement, de mettre en place les infrastructures nécessaires à un développement socioéconomique durable. Nous en sommes actuellement à la deuxième étape que l'on doit atteindre avant de passer à la troisième.
La mission canadienne en Afghanistan, qui assure la transition de l'opération Enduring Freedom vers celle de la FIAS, agit dans le cadre de cette seconde étape. Les opérations de combat sont ainsi beaucoup plus significatives que les avancées en matière de reconstruction.
Je crois que cette mission sous-tend une conception différente de la guerre que celle qui prédomine dans la société canadienne. Pour lutter efficacement contre le terrorisme, il est nécessaire d'en prévenir l'émergence et, parfois, de le contrer par l'offensive. L'idée derrière un tel raisonnement est que l'affrontement est inévitable et, donc, que les efforts militaires sont nécessaires à l'atteinte de la paix.
Ainsi, il en résulte une grande confusion, à l'heure actuelle, au sein de la société canadienne. Pensons au retrait des Forces canadiennes du plateau du Golan, au peu d'effectifs engagés en Haïti et au peu de troupes disponibles pour intervenir de manière significative au Darfour. Ces trois missions correspondent précisément à l'image de gardien de la paix traditionnel qu'on se fait du Canada. Étant donné l'ampleur du présent engagement à Kandahar, la situation actuelle implique d'abord une réduction significative de la capacité des Forces canadiennes d'intervenir dans d'autres missions et, deuxièmement, atteste d'une volonté de se départir du rôle d'antan pour adopter un rôle plus potentiellement dangereux et belliqueux. D'importantes conséquences politiques et militaires sont donc à prévoir, dont la difficulté à opérationnaliser de façon cohérente les exigences militaires et les nécessités humanitaires.
L'explication de la confusion et de la division actuelles au sein de la société canadienne réside, à mon avis, dans l'écart entre la volonté politique d'établir un nouveau rôle militaire pour les Forces canadiennes, qui découle de nouveaux impératifs géostratégiques, et la perception populaire du rôle que devraient jouer les Forces canadiennes sur la scène internationale.
Pour réduire cet écart et gagner l'appui populaire des Canadiens en faveur d'un nouveau rôle pour les Forces canadiennes, les sources des symboles et des mythes passés devront être adaptées au nouvel engagement du Canada en Afghanistan ou, encore, cet engagement devra être adapté aux valeurs et aux principes qui animent la population canadienne.
Ce difficile mariage entre idéaux et impératifs stratégiques découle de la relation unique qu'entretient le Canada avec les États-Unis. Pour qualifier ce dilemme, l'image de l'élastique est souvent employée. Il s'agit, pour le Canada, d'étirer au maximum l'élastique de ses relations avec les États-Unis sans le rompre. D'un côté, on reconnaît l'obligation d'accepter la puissance des États-Unis et sa prédominance internationale, qu'elle soit politique, économique ou militaire, et de s'y adapter. De l'autre, il est nécessaire de préserver l'indépendance du Canada en utilisant des images et des symboles, dont celui de gardien de la paix, qui valorisent la distinction canadienne.
Le dilemme entre le nécessaire rapprochement avec les États-Unis et le besoin d'élaborer une politique étrangère distincte peut être résolu. Il s'agit de manoeuvrer pour que la puissance américaine puisse contribuer au maximum à l'avancement et au développement des intérêts canadiens, tout en réussissant à assurer les États-Unis de la concordance de nos intérêts avec les leurs.
Le rôle de gardien de la paix des Forces canadiennes, combiné à un engagement ferme auprès de l'OTAN durant la guerre froide, a su répondre à ce dilemme. Aujourd'hui, à l'engagement ferme dans la lutte contre le terrorisme doit correspondre une nouvelle marque de commerce proprement canadienne.
Merci.
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J'aimerais apporter une réponse aux questions précédentes.
[Français]
En ce qui concerne l'opium ou la production de drogues en Afghanistan, il est effectivement important de contrer les seigneurs de la guerre et la production de drogues. Toutefois, je crois que l'impératif pour le Canada, l'OTAN ou pour la mission Enduring Freedom est d'abord d'assurer le contrôle et la sécurité du territoire, quitte à mettre progressivement de côté les seigneurs de la guerre. Autrement dit, pour assurer une certaine stabilité politique, on ne peut pas mettre de côté les personnages clés en Afghanistan qui détiennent un certain pouvoir ou qui ont une influence dans certaines régions. Il faut d'abord essayer de stabiliser la situation avec les acteurs en présence, et ensuite procéder à une démilitarisation et un désarmement progressif des personnes en place.
La résurgence d'activités des insurgés en Afghanistan est liée à une présence plus importante de la communauté internationale dans certaines régions et, dans le cas du Canada, à sa présence à Kandahar, dans le sud du pays. Avec la médiatisation de ces événements et un accroissement des soldats de la coalition qui, d'ailleurs, augmentera progressivement au cours des mois qui suivent, on peut s'attendre à une hausse des activités.
On doit composer avec une population qui vit dans un État en faillite, comme on dit en Afghanistan, tout en sachant que la cause du terrorisme est davantage la haine que la pauvreté. Il y a plusieurs pays dans le monde où les populations vivent dans des conditions tout à fait inhumaines, mais on n'y constate pas d'activités terroristes. Il y a manipulation idéologique de la part de certains individus, ce qui amène des gens à haïr les principes et les valeurs de plusieurs sociétés internationales.
J'entretiens les mêmes doutes que M. Boivin à l'égard des entreprises militaires privées, à savoir qu'en raison du caractère imputable de leurs actes, leur intervention doit demeurer au niveau de l'appui logistique aux Forces canadiennes ou à toute autre force de la coalition en Afghanistan.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre présentation. Je trouve que ce que vous avez dit se rapproche grandement de la position du Bloc québécois.
En fait, j'ai eu l'occasion de me rendre en Afghanistan il y a quelques semaines à l'invitation de l'OTAN. On nous a amenés à Kaboul, au quartier général de la Force internationale d'assistance à la sécurité et nous avons visité une équipe provinciale de reconstruction à Faizabad, dans le nord de l'Afghanistan, pour avoir une petite idée de la façon dont les troupes travaillent. Toutefois, les militaires étaient allemands. On nous a dit que les équipes provinciales de reconstruction ne vivaient pas toutes des situations semblables et qu'on ne voulait pas nous envoyer à Kandahar, notamment, parce que la situation y était très instable.
J'ai quand même essayé de m'y rendre lorsqu'une officière canadienne a été tuée, mais on m'a dit que ce n'était pas possible. J'ai l'impression que c'était un refus poli, tout simplement.
Pendant notre séjour là-bas, il y a eu des briefings très intéressants. J'aimerais vous entendre à ce propos, car il me semble que cela rejoint un peu vos préoccupations.
Le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan s'appelle le général Richards. Actuellement, on a stabilisé, dit-on, le nord du pays. On est maintenant à l'ouest et on ira au sud d'ici quelque temps.
En fait, le général Richards a dit des choses intéressantes sur les soldats canadiens. Il a dit qu'il faudrait changer un peu la formule actuelle de chasse aux talibans. Les Forces canadiennes devraient se concentrer sur la sécurité pour que la population et les gens sur le terrain constatent une avancée: plus d'écoles, plus de services de santé, plus de services d'infrastructure, comme les routes, plus d'eau potable, etc.
J'ai l'impression, pour avoir dit la même chose à d'autres témoins, que cela doit être de la musique à vos oreilles.
On voudrait donc que les soldats canadiens modèrent un peu leurs ardeurs. Plutôt que de faire des intrusions dans le but de déloger les talibans, ils devraient se contenter de tâcher d'établir un périmètre de sécurité pour permettre à l'ensemble des forces civiles de faire plus de reconstruction. J'aimerais entendre vos commentaires sur ce sujet.
Mon autre question porte sur la transformation de l'agriculture. J'ai entendu deux choses et j'aimerais avoir votre avis.
Parlons d'abord du pavot. On sait, comme l'ont souligné des gens, que le pavot sert à produire de la morphine qui est utilisée dans les hôpitaux en général, bref pour les soins de santé. On a proposé que les pays occidentaux fassent une petite place à l'Afghanistan, qu'on s'assure qu'une partie de l'approvisionnement provienne de l'Afghanistan.
Le plus important demeure qu'il faut modifier l'agriculture et garantir aux Afghans que les pays de la Communauté économique européenne ou de l'OTAN vont acheter la nouvelle production. Il est facile de dire à un agriculteur qu'on va brûler son champ de pavot et qu'on le laisse se débrouiller tout seul. Il demandera qui va acheter les patates qu'il va produire.
Plusieurs personnes de l'Union européenne disent qu'il faut envisager d'acheter une partie de leur production pour s'assurer que la transformation de l'agriculture soit un succès.
Ce sont mes deux questions.
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Tout d'abord, il existe une différence essentielle entre les deux. J'ai été très agacé par la couverture médiatique et par certains commentaires que j'ai pu entendre au cours du débat parlementaire. Dès le début, les Forces canadiennes ont été envoyées dans le sud dans le cadre de l'étape trois de la FIAS. Il y a eu certains malentendus concernant le rôle précis de nos troupes là-bas, et on n'a pas assez mis l'accent sur le fait que cela faisait partie de l'extension de la FIAS, et non pas de l'opération Enduring Freedom. C'est la première chose.
Deuxièmement, la FIAS a été créée par l'ONU. Elle est sous mandat onusien, appuyée par des résolutions de l'ONU. Et les Britanniques... La FIAS ne relève pas directement des Nations Unies car elle n'a pas été gérée dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l'ONU, mais les Britanniques ont assumé le commandement d'abord, puis la Turquie, et enfin c'est l'OTAN qui en a assumé le commandement. Toutefois, contrairement au Kosovo, cette mission est mandatée et appuyée par l'ONU.
Il est important de souligner cela à la population canadienne. La FIAS, dès le départ, a principalement eu une orientation de maintien de la paix et de sécurité globale plutôt qu'une orientation « chasse aux terroristes », comme c'est le cas pour l'opération Enduring Freedom. Je ne dis pas que l'opération Enduring Freedom n'a pas son utilité. Certaines régions de l'Afghanistan abritent des éléments violents, qui ont énormément perturbé le fonctionnement de l'Afghanistan et la vie quotidienne des Afghans. Cependant, les forces de Enduring Freedom devraient plutôt être une réserve stratégique utilisée pour des actions ponctuelles plutôt que d'être au centre de l'action comme c'est le cas actuellement. Il vaut donc mieux que ce soit la FIAS qui soit au centre de l'action, et c'est ce qui va se passer.
Je trouve rassurante l'entrevue qu'a eue M. Bachand avec le commandant Richards disant qu'il était nécessaire de percevoir le concept de sécurité de façon plus globale.
Pour en revenir à votre observation concernant l'achat des drogues... Je m'excuse si j'ai empiété sur votre temps de parole.
[Français]
Alain Labrousse, un spécialiste des drogues, m'a dit que les limites de ces programmes étaient atteintes et qu'il était impossible d'obtenir tout ce que l'Afghanistan produisait. Il y a donc des limites à ce dont vous parlez.
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Merci, monsieur le président.
L'exposé est des plus intéressants.
[Note de la rédaction : Difficultés techniques ]
J'ai aussi de la difficulté à comprendre ce qui se passe avec nos efforts en Afghanistan. Bien entendu, nous parlons également de notre politique étrangère, nous parlons de notre politique en matière de défense ainsi que des efforts en termes de politique nationale, non seulement au Canada, mais également pour que nos alliés puissent... [Note de la rédaction : Difficultés techniques]
La situation semble plutôt difficile; en termes de défense, nous avons plus de 60 000 soldats dans ce pays, et les efforts déployés en Afghanistan paralysent complètement notre politique en matière de défense pour ce qui est du maintien de la paix dans d'autres régions du monde. [Note de la rédaction : Difficultés techniques]...par notre ministère de la Défense. Ce point de vue est difficile à comprendre.
L'histoire de l'Afghanistan est plus difficile à comprendre. J'aimerais poser une question pour ce qui est des Russes, qui ont été là avant nous, de l'attitude des Afghans vis-à-vis de l'intervention étrangère. Peut-être pouvez-vous nous donner des exemples des efforts déployés par les Russes. Ils ont passé beaucoup de temps en Afghanistan et ont déployé des efforts immenses afin de tenter de soumettre l'Afghanistan, et ils y ont perdu des milliers de soldats. Que faisons-nous différemment pour mériter le respect, l'espoir, l'amour et le réconfort dont nous aurions besoin pour établir de meilleures relations, afin de faire de l'Afghanistan un État conforme aux valeurs de l'Occident qui aimera la démocratie et acceptera le principe de la primauté du droit et la règle du gouvernement que nous, comme Canadiens, percevons comme faisant partie de notre effort?
Ma question est longue, mais que faisons-nous de différent par rapport aux Russes qui pourrait nous permettre de sortir de l'Afghanistan en étant amis du peuple afghan et en ayant remporté une victoire du point de vue de nos efforts pour tenter de transmettre les valeurs de l'Occident et de la démocratie à l'État afghan?
:
Premièrement, je crois qu'il faut souligner que le Canada a fait preuve d'initiative et a été à la hauteur en Afghanistan. Cependant, si nous voulons comparer notre participation et notre engagement à ceux de nos partenaires en Afghanistan, ils feraient piètre figure.
Le Canada doit-il envoyer d'autres soldats en Afghanistan? Je crois que nous avons assez bien répondu à l'appel et affecté des effectifs considérables en Afghanistan. Nous devons être soucieux et garder une certaine marge de manoeuvre pour d'autres engagements internationaux.
Combien de soldats? Pour ce qui est du Canada, je crois que nous avons atteint les niveaux voulus. On ne peut pas en dire autant des partenaires du Canada, qui devraient certainement, à tout le moins, redoubler d'efforts.
Ceci m'amène à une autre question, parce qu'il y a un nombre important de forces militaires qui participent actuellement à l'opération Enduring Freedom, qui est distincte de la mission de la FIAS. Sur le terrain, cette distinction a causé toutes sortes de difficultés. On se retrouve, par exemple, avec deux séries de règles d'engagement; certains soldats français font partie de la FIAS, tandis que d'autres participent à l'opération Enduring Freedom. Les gens ne savent plus qui fait quoi, quelles troupes participent à quoi. Le Canada devrait tenter de promouvoir une entente visant la fusion des deux missions, et c'est ce qu'il devrait faire. Ainsi, les gens auraient une vision commune quant à la façon d'assurer la sécurité en Afghanistan.
Il y a eu des développements inquiétants concernant l'armée nationale afghane. Ce programme, un pilier pour la reconstruction, est toujours supervisé par les États-Unis. Les États-Unis ont une armée professionnelle et avancée au plan technique. Qu'est-ce que ça veut dire? Cela veut dire que, pour chaque soldat, ça coûte beaucoup d'argent. Il s'agit de l'Afghanistan ici; le gouvernement ne peut pas se permettre de payer ses soldats comme les Américains paient les leurs.
À l'origine, 70 000 soldats afghans devaient être formés. Dans son dernier rapport, le secrétaire général a indiqué que nous en avions formé 30 000 jusqu'à maintenant. Les Américains viennent d'annoncer qu'ils veulent faire passer ce nombre à 50 000, parce qu'il est devenu difficile et coûteux de former ces soldats, qui doivent ensuite être soutenus par le gouvernement afghan.
Si on examinait les données régionales, l'Afghanistan devrait pouvoir compter sur une armée de 140 000 soldats. Donc, je crois que nous devons tenir compte des circonstances et des conditions locales. Si la plupart des pays présents dans la région ont fait appel à des armées qui coûtent moins cher, mais que nos troupes sur le terrain sont présentes et assurent la sécurité, alors le temps est peut-être venu de trouver des solutions afghanes aux problèmes afghans.
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Merci, monsieur le président.
Il y a une différence entre ce qui se passe aujourd'hui et la guerre d'occupation que les Russes avaient conduite, une guerre un peu impérialiste. Ils étaient perçus dans tout le pays comme des gens qui venaient dominer, prendre les ressources naturelles, etc. J'ai constaté là-bas que les Afghans donnent encore le bénéfice du doute à la communauté internationale. Ils saisissent qu'il ne s'agit pas d'une guerre d'occupation. Par contre, je me suis rendu compte qu'ils voulaient qu'il y ait des changements rapides à leur régime de vie actuel, qui est intolérable. Les émeutes de Kaboul me portent à croire que c'est le problème. Les Afghans sentent que des gens veulent les aider, mais ils ne voient aucun changement dans leur régime de vie. C'est aussi délabré qu'auparavant, ils ne sont pas mieux nourris qu'auparavant, ils ont toujours des problèmes d'eau, et ils se demandent ce que fait la communauté internationale fait pour eux.
Je me rends également compte qu'en ce qui concerne la sécurité, cela se joue au moment où on se parle. Ces gens veulent vivre la vie paisible qu'ils n'ont jamais connue. Dans certains villages, ils se demandent s'ils doivent s'en aller avec les talibans pour être assurés de leur protection, ou avec les forces de la coalition pour assurer leur sécurité. Des résultats probants devront être livrés le plus rapidement possible.
C'est l'état lamentable du gouvernement actuel qui m'inquiète le plus. On dit de Karzaï qu'il est le maire de Kaboul, et c'est tout. Il n'a aucune crédibilité à Kandahar ou ailleurs. À l'OTAN, où on suit la situation du pays, on semble se tourner vers l'idée d'une espèce de tutorat pour les élus. Leur parlement est très rudimentaire, et j'en ai été très surpris. Remarquez que j'ai été très impressionné — madame Black, vous serez heureuse de l'apprendre — par les femmes. Parmi les députés là-bas, il y a 27 p. 100 de femmes. J'ai eu l'occasion d'en rencontrer deux ou trois. Je tiens à vous dire qu'elles savent où elles s'en vont. Elles auront cependant besoin du troisième D, soit la diplomatie, et aussi du tutorat.
J'ai été surpris quand M. Karzaï m'a dit que, quand il voulait écrire une lettre à un chef d'État, il devait le faire lui-même, parce que personne autour de lui n'était capable de le faire. C'est grave. Il commence à y avoir des discussions sur le tutorat. Il ne s'agit pas de leur imposer quoi que ce soit. Je fais partie de ceux qui prendraient contact avec l'un des députés du parlement de ce pays et qui lui offriraient leurs conseils. Il s'agit d'une belle veine à explorer pour le gouvernement canadien. Il pourrait s'assurer que l'ensemble des députés de ce pays puissent accomplir leur tâche et ainsi sauver la crédibilité du gouvernement. Ces gens viennent d'être élus démocratiquement. Si tous perdent confiance en leur gouvernement, on va devoir recommencer à zéro. Que pensez-vous de l'idée d'un tutorat, dont on entend parler par les temps qui courent en Europe ou ailleurs?