:
Je déclare la séance ouverte.
Nous entamons la séance 10 des audiences du Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Nous poursuivons aujourd'hui notre étude sur la sécurité des frontières.
De nouveau, nous souhaitons la bienvenue aux représentants de la Gendarmerie royale du Canada, l'inspecteur Mike Furey, le commissaire adjoint Bob Paulson et le sous-commissaire Raf Souccar.
Nous accueillons, aussi, de l'Agence des services frontaliers du Canada, M. Stephen Rigby, président; Kimber Johnson, vice-présidente, et Mike Jordan, directeur général.
À tous nous souhaitons la bienvenue aux travaux de notre comité. Nous avons hâte d'entendre votre témoignage.
Selon l'usage, vous disposez d'une dizaine de minutes pour présenter un exposé liminaire.
Qui voudrait commencer, l'Agence des services frontaliers du Canada ou la GRC?
:
Merci, monsieur le président, madame et messieurs les membres du comité. Je suis très heureux de me trouver parmi vous aujourd'hui
[Français]
J'apprécie toujours l'occasion de parler de l'importance du rôle de l'Agence des services frontaliers du Canada, spécialement en ce qui a trait à nos buts communs en matière de sécurité et de commerce avec les États-Unis.
[Traduction]
En termes simples, l'ASFC gère l'accès à la frontière des personnes et des marchandises afin de protéger la souveraineté, la sécurité, la santé et la prospérité du Canada. Notre organisme regroupe 14 000 employés et est doté d'un budget de 1,5 milliard de dollars. Tous les ans, nous traitons à la frontière le passage de 95 millions de voyageurs, plus de 10 millions d'envois commerciaux et près de 30 millions de colis expédiés par messagerie.
La plupart de nos activités se déroulent à 20 passages frontaliers importants, 14 aéroports internationaux, trois établissements postaux et trois grands terminaux maritimes pour conteneurs, mais nous devons en même temps assurer le service à 1 200 bureaux au Canada, dont 119 postes frontaliers terrestres et des centaines d'autres terminaux, petits aéroports et postes de déclaration maritimes.
Parmi les rôles que nous jouons, le moins connu de nos interlocuteurs est peut-être l'exécution de la loi en matière d'immigration. Nous traitons plusieurs dizaines de milliers de demandes d'établissement présentées par des réfugiés. Chaque année, nous détenons près de 14 000 personnes considérées comme dangereuses, comme présentant le risque de disparaître ou dont l'identité est inconnue. Nous gérons environ 12 000 renvois du Canada, dont quelque 1 500 concernent habituellement des cas de criminalité. Nous sommes également responsables des cas où une personne est visée par un certificat de sécurité — outil essentiel pour protéger le Canada contre les menaces terroristes — et du contrôle des conditions de libération des personnes en question.
Des pressions de plus en plus grandes s'exercent en ce qui concerne nos responsabilités en matière de propriété intellectuelle et de contrôle des exportations de marchandises stratégiques ou de produits assujettis à des contrôles internationaux, par exemple les produits dangereux pour l'environnement ou les produits soumis à un embargo dans certains pays. Bien sûr, nous devons concilier toutes les préoccupations relatives à l'exécution de la loi et le besoin de faciliter le passage à la frontière des voyageurs et des commerçants légitimes, de même que leurs marchandises.
Le Canada est un pays commerçant, et notre capacité de soutenir et d'améliorer le commerce international est la clé de notre prospérité. Tout particulièrement en cette période de récession, la liberté et la sécurité du commerce transfrontalier sont des éléments essentiels de notre économie. Tout cela nous complique la tâche et nous force plus ou moins à nous éparpiller.
Certes, nous portons une attention particulière aux politiques américaines touchant la frontière, par exemple l'initiative relative aux voyages dans l'hémisphère occidental, pour assurer la circulation à la frontière et maintenir l'accès du commerce au marché américain. La réalité est telle que la position de chaque pays relativement à la frontière a une incidence sur la sécurité nationale de l'autre. Pour ne donner qu'un exemple, disons que sur environ 1,7 million de conteneurs qui arrivent dans les ports canadiens chaque année, plus de la moitié sont en transit vers de grandes villes américaines; et, parmi ceux qui sont destinés au Canada, un nombre important arrive d'abord à des ports américains comme Newark ou Seattle-Tacoma. Nous nous attachons donc beaucoup à la sûreté maritime et nous collaborons avec le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis pour veiller à ce que les cargaisons douteuses soient ciblées et examinées dès que possible, à l'étranger même, sinon tout au moins au premier point d'arrivée en Amérique du Nord.
[Français]
Tout cela pour signifier que la frontière doit jouer un double rôle de facilitation et de sécurité: appuyer l'immigration, le commerce et les voyages légitimes, tout en empêchant l'accès au pays aux criminels, aux armes à feu et aux autres éléments dangereux.
Trouver le bon équilibre entre l'exécution de la loi à la frontière et la facilitation dans un environnement global changeant et dynamique demeure un défi constant.
[Traduction]
Nous devons donc mettre l'accent sur une gestion du risque fondée sur le renseignement et la mobilisation des ressources de partenaires clés tels la GRC, Citoyenneté et Immigration Canada, le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis et d'autres partenaires internationaux.
Pour un exemple de la façon de mieux profiter de ces partenariats, par exemple, songeons au dossier de la contrebande d'armes et de drogues. Tous les organismes d'exécution de la loi se préoccupent de telles questions. Nous devons d'abord et avant tout nous efforcer de bien saisir le problème, puis accroître la collaboration entre nos partenaires et, enfin, maximiser l'utilisation du renseignement et du ciblage pour renforcer nos capacités d'exécution.
D'importants investissements sont faits pour mieux assurer l'équilibre entre les fonctions de sécurité et de facilitation. Nous sommes en train d'armer 4 800 agents travaillant à la frontière et d'autres affectés à des activités spécialisées d'exécution de la loi sur le territoire du Canada. Nous avons aussi comme priorité d'éliminer les situations où les agents travaillent seuls et de déployer une technologie de surveillance pour améliorer la sécurité aux postes frontaliers en région éloignée.
Nous avons mis en oeuvre le programme canado-américain NEXUS pour les voyageurs dignes de confiance dans tous les grands aéroports canadiens et en avons harmonisé l'application aux modes aérien, terrestre et maritime de transport. NEXUS représente toujours un bel exemple de ce que nous pouvons accomplir en travaillant de concert avec les États-Unis à assurer plus efficacement le traitement des voyageurs à faible risque, ce qui nous permet de concentrer nos efforts sur les personnes à risque élevé ou indéterminé.
Nous sommes en train d'élaborer un système de manifeste électronique qui fournira des données avancées sur le transport routier et ferroviaire en guise de complément aux systèmes qui existent déjà pour le transport aérien et maritime. Nous continuons à travailler avec nos partenaires fédéraux, provinciaux et américains à assurer la mise en oeuvre harmonieuse de l'initiative relative aux voyages dans l'hémisphère occidental. Le but est de réduire autant que possible les effets sur la circulation à la frontière.
Un projet de loi présenté récemment au Sénat vise à modifier la Loi sur les douanes pour appuyer certains programmes clés de sécurité frontalière, notamment pour investir nos agents de pouvoirs accrus dans les zones de contrôle des douanes, comme les aires de trafic aéroportuaires, les quais maritimes, les entrepôts, les gares maritimes pour navires de croisière et les cours de triage.
[Français]
Nous reconnaissons également que le coût de l'observation des exigences frontalières est une préoccupation pour les entreprises actuellement; la réduction de la paperasserie et la simplification des interactions entre les entreprises et l'ASFC sont d'importants objectifs pour l'agence.
[Traduction]
L'an dernier, nous avons passé un bon moment avec la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante à essayer d'atteindre notre objectif de réduction de 20 p. 100 de la paperasserie. Nous avons atteint l'objectif en question — nous en sommes à 21 p. 100, et la proportion continue d'augmenter — et nous poursuivons un travail d'étroite collaboration par l'entremise de nos comités consultatifs pour nous assurer que les nouveaux systèmes, comme le manifeste électronique, représentent un bon équilibre entre nos besoins en matière de collecte de données, les coûts que cela suppose pour les entreprises et le besoin d'établir des règles de jeu équitables par rapport aux États-Unis.
Nous en sommes conscients, dans l'environnement économique actuel, l'accès au financement ne peut être tenu pour acquis. Vu les pressions budgétaires qui s'exercent, nous allons devoir faire preuve de créativité avec nos partenaires pour garantir l'affectation optimale des ressources à la frontière, en fonction des priorités établies. De coutume, la frontière représente pour nous la première occasion de stopper de nombreuses menaces; cependant, nous affectons de plus en plus nos ressources d'exécution de la loi au périmètre continental et ailleurs, par exemple en chargeant des agents d'intégrité des mouvements migratoires de l'exécution de la loi de l'immigration à 45 endroits dans le monde.
Nous avons conclu avec l'Afrique du Sud et le Japon des ententes qui nous permettent d'avoir des ressources sur place dans ces pays-là et qui, aussi, facilitent la sécurité des conteneurs sur les cargos destinés au Canada — et nous devons conclure cette semaine même une entente semblable avec le Panama.
Nous devons également suivre le rythme d'évolution de la technologie. Pendant deux décennies, notre administration des douanes a été considérée comme un chef de file mondial pour l'introduction de systèmes de commerce électronique; cette tradition se poursuit avec NEXUS et le manifeste électronique, mais notre application de la technologie s'étend au-delà du commerce électronique. Elle inclut par exemple des technologies de détection comme les systèmes de détection des radiations déployés dans les principaux ports de mer pour balayer pratiquement tous les conteneurs maritimes et des technologies d'identification comme la biométrie.
[Français]
Dans le cadre des défis économiques et sociaux mondiaux, et des demandes continuelles à l'égard de nouveaux services frontaliers, ce type d'innovation est nécessaire pour permettre à l'ASFC de satisfaire à son double mandat.
[Traduction]
Notre réussite repose sur une notion que je désigne par le terme « intégrité de la frontière », qui suppose la gestion des risques et le recours à des partenariats novateurs, de même que l'affectation optimale des ressources et une vision nouvelle du service collectif.
S'occuper correctement de la frontière est un élément capital pour la sécurité et l'économie du Canada. C'est aussi un élément capital de la santé des rapports entre le Canada et les États-Unis. Durant mon exposé, j'ai essayé de vous expliquer grosso modo la façon dont nous abordons les responsabilités liées à la frontière, de manière à exercer correctement cette fonction.
[Français]
Je vous remercie beaucoup de votre attention et je serai heureux de répondre à toutes vos questions.
:
Merci, monsieur le président, et bonjour tout le monde.
[Traduction]
Je suis très heureux de témoigner devant vous aujourd'hui. Afin de répondre le mieux possible à vos questions, je suis accompagné du commissaire adjoint Bob Paulson, responsable des enquêtes criminelles relatives à la sécurité nationale, et de l'inspecteur Mike Furey, de la sous-direction de l'intégrité des frontières.
[Français]
Pour débuter, monsieur le président, permettez-moi de vous dire qu'il est essentiel que la frontière soit sûre et efficace pour protéger les Canadiens ainsi que la prospérité économique et la sécurité du Canada. Dans cette veine, il faut absolument garantir la souveraineté du Canada et maintenir l'intégrité de ses frontières.
[Traduction]
Dans le contexte qui est le nôtre, il faut absolument garantir la souveraineté du Canada et maintenir l'intégrité de ses frontières. Aucun organisme n'a à lui seul le mandat ou la capacité de protéger pleinement la frontière partagée. L'Agence des services frontaliers du Canada et la GRC sont les deux principaux organismes responsables de la frontière. Le mandat de l'ASFC consiste à administrer la Loi sur les douanes et les lois concernant les frontières, y compris certaines dispositions du Code criminel, aux points d'entrée. Pour sa part, il incombe à la GRC de faire les enquêtes majeures aux points d'entrée et de faire appliquer la Loi sur les douanes, le Code criminel et d'autres lois fédérales entre les points d'entrée.
Le genre d'activités criminelles auxquelles nous faisons face de nos jours ainsi que les outils modernes utilisés à cette fin représentent des défis de taille pour les services d'application de la loi. La mondialisation et l'Internet permettent aux criminels d'étendre leurs activités au-delà des frontières. Les services d'application de la loi doivent surmonter, entre autres, les limites géopolitiques, les obstacles législatifs et réglementaires et les préoccupations concernant la souveraineté. Toutefois, ces mêmes défis n'ont aucune incidence sur les réseaux de criminels organisés. Nous réussissons en partie à relever ces défis-là en établissant des partenariats significatifs, au moyen d'évaluations conjointes de la menace, et en mettant au point des idées et des solutions innovatrices.
La protection de la frontière entre le Canada et les États-Unis est une tâche énorme que nous prenons très au sérieux. Compte tenu de la diversité géographique, de l'infrastructure et de la densité de la population, il faudra plusieurs solutions pour contrer toutes les menaces. Nos solutions en matière de sécurité des frontières doivent être adaptées aux lacunes et aux vulnérabilités particulières marquant la frontière très variable qui est la nôtre et suffisamment souples pour permettre de réagir rapidement aux déplacements des éléments criminels.
La GRC le reconnaît, pour avoir une frontière « intelligente » et sécuritaire, il faut des méthodes équilibrées, multidimensionnelles et axées sur le renseignement. L'efficacité de la sécurité dépend des éléments suivants: une compréhension claire de la menace et des risques à la frontière; une utilisation efficace du renseignement; de la technologie et du personnel; une utilisation meilleure des biens mobiles et des ressources; et le recours à des partenariats avec les intervenants canadiens et internationaux.
Le Canada et les États-Unis effectuent régulièrement des évaluations conjointes de la menace et des risques, lesquelles donnent une analyse de l'ampleur de l'activité illégale, de sa gravité et de son incidence sur la sécurité nationale et la sécurité publique. Ces évaluations sont préparées par des partenaires canadiens et américains. C'est une collaboration cruciale, car les risques, les menaces et les vulnérabilités le long de notre frontière partagée sont dégagés, analysés et évalués ainsi dans une perspective internationale, plutôt que nationale ou locale.
Selon les évaluations conjointes en question, le crime organisé représente la menace la plus répandue le long de la frontière entre le Canada et les États-Unis, d'où la nécessité de mobiliser les équipes d'enquêteurs à la frontière et à l'intérieur du territoire même. Les mêmes évaluations de la menace indiquent que les groupes du crime organisé s'adaptent extrêmement bien au renforcement des mesures de répression, ce qui fait ressortir la nécessité d'une stratégie frontalière globale assortie de solutions flexibles pour faire face au transfert des activités criminelles d'une région géographique à une autre. La stratégie nationale de la technologie de l'intégrité des frontières est le complément des évaluations conjointes de la menace. Grâce à elle, la GRC dispose de la technologie poussée nécessaire pour assurer efficacement l'intégrité des frontières. Par exemple, un projet pilote sur l'interopérabilité radio entre le Canada et les États-Unis est actuellement en cours au Montana et en Alberta. Les progrès se sont faits lents au début, mais le projet va maintenant bon train.
En mars 2007, le Congrès des États-Unis a demandé à l'U.S. Customs and Border Protection d'utiliser 20 millions de dollars du crédit destiné à la sécurité des frontières, aux clôtures, à l'infrastructure et à la technologie pour commencer à combler les besoins et les vulnérabilités le long de la frontière du Nord des États-Unis. Par conséquent, CBP met au point pour l'initiative sur la sécurité frontalière un prototype de réseau qui, en une vision commune de la situation opérationnelle, servira à présenter et à mettre à l'essai les éléments techniques liés à l'intégration des biens aériens, terrestres et maritimes le long de la frontière entre le Canada et les États-Unis.
[Français]
La U.S. Border Patrol a officiellement invité la GRC à envoyer des représentants pour participer à la conception du SBI-net. En avril 2008, la GRC a déployé un agent à Washington pour deux ans afin de collaborer à la conception du SBI-net. Ce détachement procurera les occasions suivantes au Canada:
[Traduction]
La collaboration à ce chapitre aura une incidence sur la conception et la mise en oeuvre du projet, qui tiendra donc compte de toute préoccupation canadienne. De même, il s'agira de faire appel au besoin à des équipes intégrées de la police des frontières pour la mise en oeuvre de l'initiative sur la sécurité frontalière et d'encourager, le plus possible, l'interopérabilité des technologies des États-Unis et du Canada.
Comme la frontière sert le plus souvent de point de transit et non pas de base d'opérations au crime organisé, les efforts d'application de la loi doivent être coordonnés à la frontière de même qu'à l'intérieur du pays. Les renseignements recueillis dans un secteur mènent souvent à la découverte d'activités illégales dans un autre. La stratégie de la GRC mise sur l'échange fluide de renseignements en temps utile entre les groupes d'enquête de l'intérieur du pays et les groupes d'application de la loi à la frontière, comme les équipes intégrées de la police des frontières.
Enfin, comme votre comité l'a entendu dire mardi, le programme des équipes intégrées de la police des frontières comprend nombre des éléments requis pour une stratégie frontalière efficace et de vaste portée. Pour en arriver là, il faut identifier les personnes et les organisations qui menacent la sécurité nationale ou qui se livrent à d'autres formes d'activité criminelle en enquêtant sur elles et en les mettant hors d'état de nuire, grâce à des relations plus solides en matière d'application de la loi à notre frontière commune.
Les solutions que nous adoptons sur le plan de la sécurité frontalière doivent continuer d'être conçues expressément pour combler des lacunes et des vulnérabilités précises le long de la frontière diversifiée qui est la nôtre et d'être suffisamment souples pour s'adapter aux déplacements des éléments criminels. Les nouvelles initiatives pour lutter contre la criminalité transfrontalière doivent s'inscrire dans une approche complète et intégrée à plusieurs niveaux face aux menaces transfrontalières. Pour pouvoir cibler efficacement les groupes du crime organisé et contrer la menace que posent le crime organisé et le terrorisme au pays, les services d'application de la loi doivent prendre en considération non seulement la frontière elle-même, mais également le territoire à l'intérieur.
En août 2008, des représentants de l'ASFC et de la GRC ont rencontré leurs homologues américains du U.S. Customs and Border Protection, du U.S. Immigration and Customs Enforcement et de la Garde côtière des États-Unis afin de discuter des moyens d'accroître les efforts en matière de sécurité frontalière du Canada et des États-Unis. Cette rencontre a donné lieu à un projet de déclaration de principe selon lequel, pour avoir une frontière « intelligente » et sécuritaire, il faut une approche équilibrée, polyvalente et axée sur le renseignement qui se manifeste par une intégration améliorée. Il importe de créer des modèles de sécurité intégrée qui viseront les activités illicites transfrontalières ainsi que le déplacement des éléments criminels en cause.
Pour terminer, monsieur le président, je peux vous assurer que nous recherchons toujours des possibilités d'amélioration et que nous examinons sans cesse des initiatives nouvelles et innovatrices pour contrer des menaces en évolution constante. Nous ne pouvons jamais être satisfaits ni relâcher notre vigilance en ce qui concerne la sécurité frontalière. Nous devons toujours rester vigilants et continuer de collaborer avec nos partenaires de l'application de la loi au pays et à l'étranger, afin de trouver des solutions pour surmonter les obstacles à l'application efficace de la loi à la frontière.
Monsieur le président, j'aimerais remercier le comité de nous avoir invités à prendre la parole aujourd'hui. Dans la mesure où vous êtes prêts à poser des questions, nous sommes disposés à y répondre.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus comparaître aujourd'hui.
Certes, je dirais que la sécurité importe, et j'apprécie le travail qui se fait à cet égard. De même, selon moi, on ne se trompe pas en affirmant que, du point de vue de la sécurité, la sécurité continentale est primordiale. Les plus grandes menaces qui pèsent sur nous proviennent non pas de l'intérieur de l'Amérique du Nord, mais plutôt d'en dehors du continent. De fait, je fais toujours valoir auprès des membres du Congrès qu'ils doivent craindre Cleveland à peu près autant qu'ils doivent craindre Toronto. C'est selon moi le message qu'il faut faire passer. Néanmoins, nous observons à la frontière un resserrement de nature à inquiéter, à bien des égards, et qui nuit beaucoup au commerce.
Dans le contexte, je pense particulièrement à l'initiative relative aux voyages dans l'hémisphère occidental et à l'obligation de détenir un passeport à compter de juin. Cela nuira à une bonne part des voyages spontanés que nous observons entre nos deux pays. Il n'y a que 20 p. 100 des Américains qui détiennent un passeport; un peu plus de la moitié des Canadiens ont le leur. Nous allons nous retrouver dans une situation où les autorités vont refuser en grands nombres des gens qui ne faisaient qu'un voyage spontané.
Dans le contexte, je songe d'abord et avant tout aux Olympiques. Il y aura deux milliards de téléspectateurs qui regarderont les Olympiques. Le poste de frontière en question fera l'objet de pressions énormes. Un grand nombre d'Américains s'y présenteront en s'attendant à pouvoir entrer au Canada, pour constater seulement qu'il faut un passeport.
Pour m'être entretenu avec un grand nombre de membres du Congrès, je peux vous dire qu'ils ne se sont pas du tout attardés à la question. De même, ils seraient d'accord pour dire qu'il serait raisonnable de reporter de juin à un moment après les Olympiques la date de mise en oeuvre de cette mesure, au minimum, pour que nous n'ayons au moins pas à composer avec cela pendant les Olympiques. De cette façon, les gens auront plus de temps pour se procurer le permis de conduire amélioré.
Je me demande si vous pourriez nous parler de cela, des Olympiques. Que fait-on pour régler les questions préoccupantes à la frontière? Avez-vous discuté avec vos homologues américains de l'idée d'essayer d'encourager le report de la date en question jusqu'après les Jeux Olympiques?
:
Merci, monsieur Holland.
D'abord, de façon générale, nous travaillons depuis maintenant plus de un an à notre plan pour les Olympiques, aux préparatifs qu'il faut adopter à l'ASFC pour la période menant aux Olympiques et pour la période des Olympiques elle-même. Nous croyons qu'une part importante de l'afflux à ce moment-là passera par les grands aéroports du pays. Nous avons adopté des dispositions importantes pour nous assurer d'avoir en place le bon nombre de travailleurs, la bonne marge en cas de débordement, la technologie la mieux adaptée à la situation dans les aéroports.
Au poste frontalier terrestre, pour le passage vers le Nord, particulièrement dans le corridor du Sud de la Colombie-Britannique, il faut se rappeler d'abord et avant tout que les exigences documentaires du Canada ne changent pas avec l'adoption de l'initiative relative aux voyages dans l'hémisphère occidental. Nous nous sommes surtout appliqués à doter nos points frontaliers du Sud de la Colombie-Britannique de bons plans pour traiter avec un volume de circulation très variable. Nous avons prévu le scénario de la pire éventualité possible et même le scénario catastrophe; nous avons procédé à des essais et élaboré des modèles pour voir comment les points frontaliers en question vont résister suivant les divers scénarios applicables. Aujourd'hui, j'ai bon espoir que les mesures que nous mettons en place et les ressources que nous déployons, que ce soit dans les aéroports ou aux points frontaliers maritimes et terrestres, nous permettront d'être à la hauteur.
Quant à la date où les Américains devront détenir un passeport, je discute constamment avec mes homologues américains des mesures qu'ils doivent prévoir en prévision de la mise en oeuvre en juin. S'ils ont l'intention de s'écarter de cette date-là, je n'en ai aucunement connaissance et je ne saurais en dire plus là-dessus, si ce n'est pour dire — et je suis sûr que vous en êtes conscient — que la secrétaire d'État Clinton et la secrétaire d'État Napolitano ont récemment confirmé qu'elles sont prêtes, du point de vue documentaire et du point de vue des infrastructures, à aller de l'avant en juin.
:
Je suis heureux que vous ayez pris cette mesure pour bien suivre cette question, et vos rapports annuels à venir évalueront peut-être cette mesure.
J'aimerais parler à la GRC et à vous de nos villages frontières et de ce qu'on peut envisager pour l'avenir.
Je comprends tous les problèmes que vous pouvez avoir, mais la population vit depuis plus de 100 ans dans des villages frontières. À Stanstead, par exemple, la frontière passe au milieu de la bibliothèque municipale. À Beebe — c'est le nom de la ville —, où je me suis promené à bicyclette, la rue principale est située sur la frontière, de sorte que quand on se dirige vers l'ouest, on est au Canada, et quand on se dirige vers l'est, on est aux États-Unis.
Aujourd'hui, le principal outil pour contrôler les frontières est l'accumulation de renseignements et la surveillance. Je comprends que vous consacriez tant d'efforts à cette activité.
Cependant, n'y a-t-il pas moyen de concilier cette activité et la vie séculaire de ces habitants? Quel avenir envisagez-vous pour eux? Actuellement, on nous rapporte plusieurs incidents. Par exemple, certaines personnes sont allées acheter de l'essence du côté américain et ont eu des amendes incroyables. D'autres encore se sont trompées de chemin et quand elles sont revenues, on a voulu leur faire verser un certain montant d'argent.
Comment envisagez-vous la patrouille de ces villes frontières?
:
Merci de votre question, monsieur Ménard.
C'est très malheureux, je suis d'accord avec vous.
[Traduction]
Effectivement, il est dommage que notre monde ait changé à ce point-là. Cela fait que nous ne voyons plus du même oeil des localités comme celles de Stanstead, que vous avez mentionnées. Les gens de Stanstead se considèrent comme formant une seule et unique collectivité. Je connais très bien la bibliothèque et le théâtre qui se trouvent dans ce bâtiment-là, un du côté américain et, un autre du côté canadien, et les gens se voient comme faisant partie d'une seule et unique collectivité. Ils ne se voient pas comme étant américains et canadiens. Ils se voient comme formant une seule et unique collectivité. Ils fonctionnent comme cela depuis très longtemps et apprécient les allers-retours qu'ils font entre les pays.
Malheureusement, comme notre monde a changé depuis quelques années, d'autres personnes, n'ayant peut-être pas les mêmes bonnes intentions, pourraient exploiter une collectivité comme celle-là, qui, autrement, formerait un seul et unique ensemble. Comme vous le voyez, on peut entrer d'un côté du bâtiment et sortir de l'autre. Je sais que les États-Unis ont adopté des mesures, c'est-à-dire qu'ils ont mis des obstacles. Ce n'est pas hideux. Je ne les ai pas vus moi-même, mais on m'a dit que ça ne dépare pas.
Nous avons consulté les collectivités à propos de cette question-là, justement. Nous sommes allés consulter les collectivités...
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Merci, monsieur Comartin.
Oui, la collaboration avec les États-Unis, surtout avec l'organisme qui régit l'alcool, le tabac et les armes à feu, se passe très bien. En fait, ils viennent de déployer trois agents qui travaillent à notre ambassade ici dans le but d'assurer un meilleur contact entre les deux pays pour les enquêtes conjointes.
Comme l'a mentionné M. Rigby, la GRC est responsable des enquêtes entre les points d'entrée, et, par conséquent, nous avons l'habitude de détecter les organisations criminelles qui sont impliquées dans la contrebande d'armes à feu. Comme vous le savez sans doute, les organisations criminelles sont très opportunistes, alors elles se dirigent toujours vers toute activité lucrative. Elles ne se cantonnent dans à un marché particulier. Alors cela pourrait être la drogue une journée, et les armes le lendemain, cela pourrait être une cargaison de drogues qui comprend des armes à feu.
Le Forum sur la criminalité transfrontalière comporte un sous-groupe qui, en fait, est très, très actif et était probablement...
:
Merci, messieurs, d'être venu ici aujourd'hui.
J'aimerais poursuivre sur le thème des armes à feu, mais également sur le thème abordé par M. Ménard concernant les villages et les villes avoisinant la frontière. Ces deux thèmes témoignent du fait que notre société a perdu son innocence. Au cours des dernières journées, nous avons entendu des histoires d'horreur épouvantables concernant des morts multiples au sud de la frontière et en l'Europe.
Je me souviens de l'époque, il y a quelques années — ou nombre d'années, plutôt —, où j'étais tout juste assez vieux pour aller à la chasse et porter une arme à feu. J'en garde un vif souvenir: c'était juste au bout de la vallée ici, du temps où je pouvais descendre au sous-sol, ouvrir l'armoire, partir à la chasse aux lapins avec deux ou trois copains, et tout simplement marcher dans la rue, car c'était un petit village. Nous nous dirigions vers le boisé et nous rencontrions des gens, et personne n'en faisait de cas. Si nous étions chanceux, nous ramenions quelques lapins.
Aujourd'hui, si deux ou trois adolescents descendaient au sous-sol et faisaient la même chose, ils seraient vite entourés d'une escouade tactique de la PPO ou de la police locale, alors qu'ils allaient tout simplement faire quelque chose que nous tenions autrefois pour acquis. Notre société perd son innocence, à l'instar de la perte d'innocence d'un village situé près de la frontière de nos deux grands pays, les États-Unis et le Canada, où les gens ne voyaient pas de problème à traverser la rue, même si cela signifiait traverser la frontière. Aujourd'hui, vous pouvez vous retrouver en prison ou recevoir une grosse amende, alors je peux comprendre ce que disait M. Ménard.
Je crois qu'il est important que nous comprenions que, dans notre société, à cause de la peur ou du fait qu'un petit groupe de personnes dans ce monde, comme des terroristes ou des membres du crime organisé, ont considérablement changé nos vies, nous ne pouvons plus faire les choses que nous faisions et qui ne causaient pas de problème. Des personnes innocentes, des gens qui voulaient tout simplement aller à la chasse ou au tir à la cible, sont maintenant traitées comme des criminels et doivent se soumettre à tous ces processus. Pourquoi? Parce que quelqu'un a contrevenu à la loi, et maintenant, tout le monde doit souffrir.
Si je pousse mon raisonnement un peu plus loin, et que je l'applique à la saisie des armes à feu à la frontière, je crois que M. Rigby a mis le doigt sur le problème. La réduction de la saisie des armes à feu n'est-elle pas aussi la conséquence de la réduction du nombre de personnes en provenance des États-Unis vers le Canada qui vont à la chasse et qui négligent tout simplement de produire les bons documents? Est-ce que cela pourrait être causé en partie par la réduction du nombre de ces personnes, ou des activités liées à ce secteur particulier de l'industrie du tourisme, et cela pourrait-il aussi être causé par le fait que les criminels sont de plus en plus astucieux pour ce qui est de dissimuler les armes à feu?
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Peut-être que je pourrais l'expliquer de cette façon. Il faut une intégration transparente de nos frontières et des activités de nos équipes nationales, de nos partenaires internationaux et de nos agents de liaison à l'étranger. Lorsque nous obtenons de l'information et que nous commençons à la confirmer et à creuser un peu plus, nous découvrons très souvent des liens qui n'étaient pas corroborés au début. Par l'entremise de nos agents de liaison internationaux, par l'entremise de nos partenaires — soit nos partenaires au pays ou à l'étranger —, nous avons pu trouver des morceaux qui manquaient.
Si nous parlons des frontières en particulier, les organisations criminelles qui les exploitent ne résident pas aux frontières. On les trouve habituellement dans les grands centres, dans les grandes villes. Elles exploitent les frontières par l'entremise de complices qui les connaissent bien et dont c'est le travail. Ils facilitent les activités de ces grandes organisations criminelles. C'est pourquoi il est très important de réussir à faire ces liens et de pouvoir pousser notre enquête au-delà des frontières.
Nous avons parlé de la saisie des armes à feu, par exemple. Un agent de douane, grâce à sa vigilance et à une conversation qu'il a eue avec une personne qui passait la frontière, découvre du matériel de contrebande dans un véhicule, peu importe ce que c'est — une arme à feu, de la drogue, peu importe. C'est grâce à la vigilance et au bon travail de l'agent de douane, et c'est fantastique, si c'est mineur — comme une arme à feu, par exemple, une infraction ponctuelle.
Lorsqu'ils découvrent d'importantes cargaisons... Et ils l'ont fait, ils ont fait de l'excellent travail à cet égard. Ils ont fait des découvertes fortuites, sans qu'on leur transmette d'information pour leur signaler que quelque chose se dirigeait vers la frontière, et c'est fantastique. Ils l'ont fait grâce à la formation qu'ils ont suivie, notamment. Mais je perçois un tel événement comme un échec, pas de leur part, mais de la part des services de renseignement. Je pose toujours la question: comment cette importante cargaison de matériel de contrebande — de la drogue, des armes à feu, peu importe — s'est-elle rendue à la frontière sans que nous le sachions? Quels sont les renseignements qui nous manquent et qui nous auraient permis de découvrir le pot aux roses?
Le fait d'avoir des agents de liaison qui font des liens avant même que les articles n'arrivent en Amérique du Nord, avant même qu'ils n'arrivent à nos frontières, d'avoir des équipes nationales qui mènent des enquêtes sur ces organisations criminelles au Canada pour aller au cœur de leurs activités et prendre connaissance de leurs intentions, si elles ont l'intention d'importer ou d'exporter à l'échelle internationale, que ce soit... Le Canada est maintenant perçu comme une source de méthamphétamine et d'ecstasy, et nous avons mis au point une stratégie pour nous attaquer à cela. Cette drogue est exportée principalement aux États-Unis.
Qu'il s'agisse d'importation ou d'exportation, nous devons être capables de faire les liens pour pouvoir interrompre l'activité avant qu'elle n'arrive à nos frontières.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'avoir présenté des exposés utiles aujourd'hui.
J'aimerais revenir sur certains sujets qu'a évoqués mon ami M. Comartin. Je dois tout d'abord préciser que son expérience diffère beaucoup de la mienne, je crois. Il habite Windsor, et je vis à Edmonton, loin de la frontière. Il est très rare que je me rende aux États-Unis, et je ne le fais presque jamais par voie terrestre. J'ignore tout sur ce sujet, alors si mes questions vous semblent générales, pardonnez-moi, mais je crois qu'il sera d'autant plus facile pour vous d'y répondre.
Nous entendons toujours dire que la frontière entre les États-Unis et le Canada est la plus longue frontière non défendue au monde. Je connais certains aspects de sa géographie, sa longueur en kilomètres et en milles, et je sais qu'elle comporte de grandes zones peu peuplées. Je pense particulièrement aux Grands Lacs, et dans l'ouest, nous avons des terres montagneuses entre le Montana et l'Alberta et entre Washington et la Colombie-Britannique. En Saskatchewan, où je suis né, il y a des régions où la population est très dispersée au Sud d'Estevan et dans le Sud de la Saskatchewan. Je crois que vous avez fait allusion, monsieur Rigby, à l'installation de barrières au Québec. Quel pourcentage de la frontière comporte des barrières, et quel pourcentage en est dépourvu? Je reconnais que vous l'ignorez peut-être, mais peut-être voudrez-vous vous hasarder à donner une approximation.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous, merci d'être présents.
J'aurais trois questions pour M. Rigby. Tout d'abord j'aimerais revenir sur le sujet soulevé par mon collègue du Parti libéral au sujet des détentions qui sont de votre responsabilité. Il a été porté à mon attention plus d'une fois que, parmi ces personnes détenues, il y aurait des mères avec leurs enfants dans les centres carcéraux.
J'aimerais savoir si c'est vrai ou si c'est une légende urbaine. Et que pensez-vous du fait d'incarcérer des enfants? Je veux bien croire qu'ils attendent d'être déportés, mais on me disait aussi que parfois ils pouvaient être détenus longtemps.
D'autre part, des plaintes de mes commettants ont souvent été portées à mon attention. Ces plaintes portaient sur le traitement à la frontière découlant fortement du profilage racial. Ces personnes-là se faisaient interroger soit parce qu'elles étaient d'origine arabe, soit qu'elles avaient l'air d'être arabes. Elles pouvaient être latino-américaines, mais avaient le visage typé et se faisaient interroger à n'en plus finir, alors qu'il s'agissait de citoyens canadiens qui n'avaient rien à se reprocher et qui partaient simplement en vacances aux États-Unis ou qui en revenaient.
Il y a un dernier sujet. En 2007, on s'est penchés sur la question de l'armement des agents frontaliers. Un argument revenait pour justifier le port d'armes: lorsqu'on recevait de l'information des États-Unis établissant que des véhicules allaient traverser la frontière canadienne avec des armes ou de la drogue, les agents frontaliers ne pouvaient pas intervenir parce qu'ils avaient peur quant à leur sécurité. Par exemple, la GRC ne pouvait intervenir à ce moment-là pour faire des arrestations ou pour agir. Par conséquent, on justifiait le besoin d'avoir des armes afin de pouvoir procéder à des arrestations et de pouvoir intervenir lorsque ce genre d'information était portée à l'attention des agents frontaliers.
Avez-vous des chiffres, avez-vous constaté un changement quant au nombre de saisies ou d'arrestations comparativement à lorsque vos agents — vous en avez maintenant 750 —, n'avaient pas d'armes? Avez-vous des données par rapport à ça?
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Merci de vos questions. Au sujet la question des enfants dans nos centres carcéraux, la réponse est oui.
[Traduction]
Il nous arrive parfois de détenir des enfants dans nos établissements. Notre politique générale est de ne pas séparer les familles. Lorsqu'on détient l'un ou l'autre des parent, de façon générale, nous détenons la famille au même endroit dans le centre de détention.
Ce ne sont pas des prisons. Ce sont des centres où l'on détient les gens pendant qu'on traite leur dossier. Je crois que les conditions dans lesquelles sont détenus les enfants sont plus qu'acceptables. Nous travaillons avec la Croix-Rouge et d'autres organismes afin de nous assurer que les conditions de nos centres de détention sont convenables.
Pour ce qui est des plaintes concernant le profilage racial, certes, de temps à autre, je vois des plaintes assorties d'allégations de profilage racial. Je peux vous dire aujourd'hui que nous ne pratiquons d'aucune façon le profilage racial. Nous réagissons dynamiquement et fréquemment à tout renseignement. Parfois, il y a un lien entre un certain pays d'origine et ces renseignements, mais il n'est pas fondé sur l'ethnicité, la religion ou toute autre forme de profilage; ce n'est pas une pratique que nous préconisons.
Pour ce qui est des saisies, oui, je peux vous fournir des chiffres sur les saisies. Au chapitre des saisies d'armes, par exemple, comme je l'ai dit au moment de corroborer certains commentaires, plus tôt, les chiffres sont demeurés essentiellement les mêmes ou ont légèrement augmenté au fil des dernières années. Nous avons vu une augmentation des saisies de stupéfiants au cours de la dernière année. Parfois, l'augmentation tient au fait qu'on a effectué plusieurs grosses saisies, et c'est habituellement le résultat de bons services de renseignement.
Toutefois, je ne ferais absolument aucun lien entre l'augmentation des saisies et l'armement de nos agents. Cette initiative est conçue pour assurer leur protection et n'a pas été entreprise pour les placer dans une plus grosse position de force au moment de saisies.
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Je ne peux m'empêcher de revenir à l'histoire que racontait M. Oliphant, car quelqu'un a dit que ce genre de situation pourrait constituer un désagrément, mais que, après un jour ou deux, tout était oublié. Lorsque ces personnes m'ont téléphoné au moment où j'approchais de la frontière, ils n'avaient pas l'impression d'être Canadiens. Ils ont attendu pendant neuf heures. Ils étaient entrés sans difficulté aux États-Unis, mais ils ne pouvaient revenir dans leur propre pays. C'est le genre de chose que l'on n'oublie pas de sitôt.
Pour ce qui est des plaintes, j'ai discuté avec bon nombre de mes commettants, et j'ai reçu des tonnes de plaintes au sujet d'incidents qui se sont produits à la frontière. Ces personnes hésitent à signaler ces incidents parce qu'elles font souvent la navette entre le Canada et les États-Unis. Puisqu'elles doivent se plaindre directement à l'ASFC plutôt qu'à un organisme de surveillance indépendant, elles craignent les représailles; elles ont peur d'être catégorisées comme des fauteurs de trouble et d'avoir du mal à repasser la frontière par la suite.
Que les craintes de ces personnes soient fondées ou non, elles sont là. C'est l'une des raisons pour lesquelles je crois que la recommandation du juge O'Connor au sujet de la nécessité de se doter d'un organisme de surveillance indépendant est si importante. Je crois que cette recommandation revêt également de l'importance pour votre agence, car il est très difficile pour une personne de croire que sa plainte sera réglée ou ne lui causera pas de problème si elle écrit directement à l'ASFC et à vous-même.
Je veux simplement faire observer que les gens restent marqués par ce genre d'incident. Si on ne met pas en place un organisme indépendant auquel peuvent s'adresser les gens pour qu'ils aient le sentiment, à tort ou à raison, qu'ils ne s'exposeront pas à des représailles, on n'aura aucun moyen de remédier à ce genre de situation. Le millier de personnes qui se trouvaient dans ces autocars ne se sont jamais plaintes, principalement pour la raison que je viens de mentionner, mais également parce qu'elles s'attendaient à ce que cette question soit soulevée devant le comité lorsque l'occasion se présenterait.
Je ne veux pas que l'on considère cet incident comme un simple désagrément ou comme quelque chose que l'on oublie facilement. Ils n'oublieront jamais ce qui s'est passé. Nous devons leur offrir un mécanisme leur permettant d'obtenir des réponses sans la crainte de représailles.
J'ai mentionné l'importance des équipes intérieures et l'intégration totale des services intérieurs et des services frontaliers. Cet aspect est essentiel si nous voulons être proactifs sur le plan tant international que national. Nous disposons d'un certain nombre d'équipes intégrées qui travaillent à l'intérieur des frontières — des unités mixtes et des groupes spéciaux d'application de la loi qui s'intéressent au crime organisé. Nous avons des Équipes intégrées de la sécurité nationale qui s'occupent des questions liées à la sécurité nationale et des Unités mixtes des produits de la criminalité qui enquêtent sur les activités de blanchiment d'argent et surveillent les mouvements transfrontaliers d'espèces. Cette intégration existe au sein de la plupart de nos équipes.
Mais il ne s'agit que d'une des composantes, une seule des pièces du casse-tête. Nous devons également faire en sorte que les gens qui habitent le long de la frontière soient nos yeux et nos oreilles. Nous ne pouvons aligner 10 000 policiers tout le long de la frontière, car ce serait un gaspillage de ressources. Nous devons fonder nos activités sur le renseignement, être capables de lutter contre la criminalité à distance et nous adapter au crime plutôt que de laisser le crime s'adapter à nous. Je parle ici de la technologie.
Sur le plan de la technologie, j'ai mentionné plus tôt le SBInet, initiative de sécurité frontalière que les États-Unis sont en train de mettre au point. Nous avons déployé une personne à Washington, un inspecteur qui collabore avec eux pour assurer une communication efficace afin que, à mesure que l'initiative progresse, le travail que nous accomplissons au Canada et celui qui est fait aux États-Unis se complètent au lieu de se chevaucher.
Il y a également un autre aspect: les goulots d'étranglement. À la frontière, il y a certains endroits où les gens n'ont d'autre choix que de passer par le même poste frontalier. Nous appelons cela un goulot d'étranglement. Des capteurs installés à proximité du poste frontalier donnent le temps d'attente pour passer le goulot d'étranglement.
La visibilité est importante, la sensibilisation des collectivités est importante, la technologie est importante, les équipes intégrées sont importantes, tout comme les activités sur le plan international qui nous permettent de repousser les frontières. Ce sont autant de composantes importantes.