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Je déclare la séance ouverte.
C'est la sixième séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale depuis le début de la deuxième session. Merci d'être venus.
Nous recevons aujourd'hui quelques invités de marque. Nous poursuivons notre examen de la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques conformément à l'article 13 de cette loi.
Nous allons souhaiter la bienvenue à nos témoins d'aujourd'hui que je vais vous présenter.
Tout d'abord, je m'appelle Jack Harris. Je suis le vice-président et je remplace Gary Breitkreuz, qui viendra tout à l'heure assumer les fonctions qui sont normalement les siennes.
Nous recevons le représentant de l'Association canadienne des chefs de police, le chef Derek Egan. Merci d'être venu, monsieur.
Nous accueillons également Vincenzo Rondinelli, avocat de la défense, de la Criminal Lawyers' Association. Merci d'être venu, monsieur.
Et nous recevons également les représentantes du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, Chantal Bernier, commissaire adjointe à la Protection de la vie privée et Lisa Campbell, avocate générale intérimaire, Services juridiques.
Merci à tous d'être venus.
Nous avons pour habitude d'accorder 10 minutes aux témoins pour nous faire un exposé. Aujourd'hui, nous avons trois groupes différents et je suppose que les représentantes du Commissariat à la protection de la vie privée se partageront le temps qui leur est alloué. Nous ne sommes pas d'une rigueur extrême, mais nous n'aimons pas trop nous éloigner de ces paramètres et j'espère donc que vous nous aiderez à cet égard. Les membres du comité vous poseront ensuite des questions.
Nous allons commencer sans plus tarder en suivant l'ordre prévu ici et je vais donc demander au chef Derek Egan, de l'Association canadienne des chefs de police, de nous faire son exposé.
Nous vous souhaitons la bienvenue, monsieur.
Bonjour, monsieur le président et membres du comité.
L'Association canadienne des chefs de police se réjouit d'avoir été invitée à témoigner devant le comité au sujet de l'examen, prévu par la loi, de la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques. L'analyse des empreintes génétiques est devenu un instrument indispensable pour la lutte contre la criminalité et nous sommes déterminés à participer à tout processus qui peut le rendre plus efficace.
L'ACCP part du principe que l'efficacité de cet instrument dépend de la taille de la banque de données et de la brièveté des délais de traitement. Plus le nombre d'échantillons que reçoit la banque est important et plus l'enregistrement des empreintes est rapide, meilleures sont les chances de trouver une correspondance pour résoudre ou prévenir un crime ou pour écarter un suspect innocent. Nous sommes convaincus que la loi devrait aller dans ce sens, dans toute la mesure du possible, en prévoyant des limites raisonnables et des garanties respectant la vie privée.
Nous remarquons que la banque de données génétiques compte environ 153 000 profils d'ADN dans le fichier des condamnés, ce qui représente moins de 0,5 p. 100 de la population du Canada alors qu'au Royaume-Uni, il s'agit d'environ 7 p. 100. Le fichier de criminalistique, qui regroupe actuellement à peu près 47 000 profils, est également incomplet. C'est en grande partie attribuable à la capacité d'analyse de l'ADN dont je parlerai tout à l'heure.
L'application de la science à l'identification par les empreintes génétiques est certainement ce qui a le plus contribué, jusqu'ici, à faciliter les enquêtes policières. C'est ce qui permet le mieux d'identifier les victimes et les suspects et fournit aux tribunaux une preuve d'identité irréfutable pour les aider à condamner les coupables et à disculper les innocents.
L'Association canadienne des chefs de police a été fondée en 1905 et est constituée en organisme sans but lucratif. Notre association a pour but d'appuyer et de promouvoir une application efficace de la loi et la sécurité de la population canadienne. L'ACCP est une association nationale. Ses intérêts et ses préoccupations concernent la police à tous les niveaux, aussi bien municipal que régional, provincial ou fédéral. Notre conseil d'administration comprend des chefs, des commissaires et des directeurs de services de police qui représentent les diverses régions du pays et qui sont élus par les membres.
Notre association préconise depuis longtemps une utilisation efficace de l'ADN pour identifier les suspects et disculper les innocents. Au cours des années 1990, l'Association a réclamé énergiquement la création d'une banque nationale d'empreintes génétiques et elle a appuyé le gouvernement dans ce sens. Depuis, nous avons saisi toutes les occasions qui nous ont été offertes de participer pleinement à tout processus susceptible d'améliorer le système et d'accroître la sécurité du public.
En août 2000, l'ACCP a adopté la résolution 2000-04 dans laquelle elle déplorait que, si aucun agent de la paix n'est disponible pour escorter la personne déclarée coupable et que cette personne décide de s'en aller, rien ne l'oblige à revenir pour fournir un échantillon. Le gouvernement a reconnu cette omission et l'a corrigée dans le projet de loi C-13.
En octobre 2002, dans un mémoire relatif au document de consultation de 2002 sur la banque de données génétiques, nous avons préconisé d'inclure certaines infractions connues comme étant des délits précurseurs de crimes plus graves dans la liste des infractions désignées dans le Code criminel. Par exemple, les auteurs de meurtres en série ou d'agressions sexuelles en série ne débutent leur carrière criminelle en commettant des crimes aussi graves, mais plutôt des infractions comme l'intrusion de nuit dans une propriété privée et le harcèlement criminel. Nous avons été satisfaits de voir qu'on en a tenu compte dans le projet de loi C-13.
Nous croyons toutefois que le gouvernement aurait dû aussi inclure d'autres délits précurseurs comme le maraudage ou l'intrusion de nuit dans une propriété privée, ainsi que les infractions reliées à la possession d'armes prohibées ou à autorisation restreinte. Il nous serait certainement très utile, en Colombie-Britannique, de pouvoir prélever des échantillons d'ADN suite au port d'armes prohibé pour enquêter sur les activités des bandes criminalisées.
Nous avons également fait valoir qu'il faudrait prélever des échantillons d'ADN sur les personnes qui ne sont pas jugées responsables de l'infraction lorsqu'elle a été commise. Cela peut vouloir dire qu'elles ont effectivement commis l'infraction, mais qu'elles n'étaient pas conscientes de sa nature ou des circonstances l'entourant. De toute évidence, il est possible qu'elles aient commis des infractions antérieurement et qu'elles puissent récidiver si elles sont libérées. Là encore, nous avons été contents de voir que le projet de loi C-13 en a tenu compte.
Enfin, le projet de loi C-13 a également inclus dans la liste tous les meurtres et toutes les agressions sexuelles, dès la première infraction, au lieu d'attendre qu'il y ait eu au moins deux précédents comme c'était le cas avant. Cela nous permet d'enregistrer dans la banque de données des gens qui ont manifesté une propension à commettre un acte criminel et qui en ont peut-être commis d'autres avant.
Pour résumer, l'ACCP est reconnaissante et honorée d'avoir pu donner son point de vue et travailler avec le gouvernement pour trouver des moyens d'utiliser l'ADN de façon à accroître la sécurité du public.
Si vous le permettez, je voudrais maintenant aborder plusieurs questions reliées à la loi qui préoccupent les membres de notre association et l'ensemble des policiers. Mes observations seront assez générales et ne porteront pas sur des amendements législatifs particuliers. Je laisse aux experts et aux rédacteurs législatifs le soin d'en discuter.
En général, la police considère l'ADN comme une sorte d'empreinte digitale biologique et cherche naturellement une concordance avec la Loi sur l'identification des criminels. Les modifications apportées à la loi au cours des années ont largement contribué à cette concordance, mais il y a encore des lacunes. C'est dans ce contexte et dans le but d'améliorer la concordance que je vais formuler mes observations.
Le premier principe énoncé à l'article 4 de la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques est le suivant:
La protection de la société et l'administration de la justice sont bien servies par la découverte, l'arrestation et la condamnation rapides des contrevenants, lesquelles peuvent être facilitées par l'utilisation de profils d'identification génétique.
L'ACCP considère que plus le prélèvement de l'échantillon a lieu tôt et plus la banque de données comprend un grand nombre de profils d'ADN, plus il est possible d'identifier rapidement les criminels et de prévenir les crimes. Les limitations à l'égard des infractions désignées, des processus d'autorisation, du moment auquel un échantillon est prélevé et des règles de rétention nuisent à cet objectif. Nous croyons que l'alignement de la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques sur la Loi sur l'identification des criminels remédierait à ces lacunes et apporterait les garanties nécessaires.
Nous estimons que la conservation des profils génétiques des condamnés et le prélèvement buccal d'ADN sont un peu plus invasifs que les empreintes digitales et que les règles régissant la prise et la rétention des empreintes digitales peuvent être facilement transposées aux échantillons d'ADN. Avec les progrès de la science et de la technologie, il semble tout à fait possible qu'on puisse obtenir un échantillon d'ADN d'une personne dont on prend les empreintes digitales sans encre.
La concordance avec la Loi sur l'identification des criminels élargirait la liste des infractions désignées en y incluant les infractions poursuivies par mise en accusation ou par procédure sommaire, ce qui comprend les délits précurseurs tels que l'intrusion de nuit dans une propriété privée, le harcèlement et les autres infractions actuellement exclues pour lesquelles l'ADN faciliterait l'identification et la poursuite, telles que la conduite dangereuse.
Ce qui est tout aussi important, c'est le moment où a lieu la prise d'échantillon et un grand nombre de pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie procèdent au prélèvement lors de l'arrestation. Cette formule augmente nettement le volume de profils génétiques enregistrés dans la banque de données, ce qui améliore la détection et la prévention d'infractions ultérieures. Le prélèvement d'échantillons lors de l'arrestation est conforme à la Loi sur l'identification des criminels.
La concordance avec la Loi sur l'identification des criminels permettrait aussi de prélever des échantillons d'ADN sur des personnes décédées. Cela faciliterait également l'identification des personnes disparues, la résolution des crimes et permettrait de clore des affaires criminelles.
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La rétention joue également un rôle dans la banque de données. À l'heure actuelle, il n'est pas possible d'avoir accès à un profil ADN lorsqu'une condamnation est annulée suite à un appel. La concordance entre les deux lois permettrait également de maintenir cet accès. Au Royaume-Uni, on a constaté que 15 p. 100 des correspondances se situaient dans cette catégorie.
La concordance avec la Loi sur l'identification des criminels permettrait aussi de passer d'un processus judiciaire à un processus administratif, ce qui augmenterait le taux de prélèvement et réduirait le taux d'erreur.
D'autre part, nous recommandons énergiquement de créer d'autres fichiers. Nous croyons qu'un fichier des restes humains aiderait à identifier les personnes disparues, qu'un fichier des contrevenants décédés aiderait à résoudre des crimes et qu'un fichier volontaire des victimes vivantes permettrait d'établir un lien avec d'autres victimes, restes humains, crimes et délinquants.
C'est peut-être en dehors du cadre de l'examen du comité, mais il faut parler de la capacité étant donné notre désir de voir grossir la banque de données. Nous estimons que même si la capacité et l'expansion sont liées, il faudrait aborder ces questions séparément. La capacité continuera de poser un problème au fur et à mesure que la science évoluera et qu'on sera mieux en mesure de détecter et de récupérer des empreintes génétiques, que la liste des infractions désignées et les règles de rétention soient élargies ou non.
En 2007, l'ACCP a adopté la résolution 2703 qui demandait au gouvernement fédéral de financer entièrement l'analyse de l'ADN pour répondre à la demande et nous continuons à travailler dans ce sens. Nous croyons que la loi devrait soutenir la croissance de la capacité au lieu de la limiter.
J'ai deux dernières choses à ajouter. Il y a d'abord les limitations concernant les recherches. À l'heure actuelle, la loi ne permet pas de rechercher dans la banque le profil de restes humains que nous croyons être ceux d'une personne condamnée qui est inscrite dans le fichier. Il est donc nécessaire d'obtenir une ordonnance de production pour avoir ces renseignements. La loi ne permet pas non plus de faire des recherches axées sur les liens de parenté alors que cela aiderait à orienter l'enquête et à écarter des personnes non impliquées.
Enfin, je voudrais parler du fardeau administratif qu'entraîne la procédure de visa de l'ordonnance pour les récidivistes. À l'heure actuelle, il faut prendre des empreintes digitales chaque fois qu'une personne figurant dans le fichier est arrêtée pour une infraction désignée, ce qui impose un lourd fardeau administratif dans le cas de récidivistes particulièrement prolifiques. Nous recommandons de prendre seulement un échantillon complet d'empreintes digitales. Cela allégerait ce fardeau.
Pour conclure, l'ACCP a profité de toutes les occasions pour participer à la réforme de la législation, aux améliorations des politiques et à l'élaboration de solutions novatrices. En ce qui concerne l'utilisation de l'ADN pour aider à identifier les criminels et à disculper les personnes condamnées injustement, nous avons appuyé énergiquement le gouvernement lorsqu'il a proposé de créer une banque de données nationales dans les années 1990. Nous avons été consultés et nous avons donné notre opinion en 2002 en ce qui concerne la loi. Pour ce qui est du , nous avons suggéré un certain nombre d'amendements qui ont ensuite été adoptés.
Nous sommes très reconnaissants au gouvernement pour la façon dont il a répondu à nos appels. Nous continuons de recommander l'élargissement de la loi dans le but de la rendre conforme et parallèle à la Loi sur l'identification des criminels. Nous demandons au gouvernement de tenir compte des questions que j'ai soulevées.
Merci, monsieur le président.
Je suis ici, ce matin, au nom de la Criminal Lawyers Association. Je vais vous parler un peu de nous. Notre organisme regroupe un millier d'avocats de la défense des quatre coins du pays. Une de nos fonctions consiste à comparaître devant des comités comme le vôtre et aussi à jouer un rôle consultatif auprès de la magistrature et des procureurs de la Couronne. D'autre part, comme les procureurs de la Couronne de tout le pays, nos membres travaillent en première ligne du système de justice pénale et, bien entendu, ce genre de loi a d'importantes répercussions pour nos membres.
Avant de commencer, je voudrais simplement mentionner qu'en raison du court préavis qui m'a été donné pour ma comparution d'aujourd'hui, il m'était difficile de vous remettre mon texte à temps pour qu'il soit traduit. Je crois que le mémoire que j'ai fourni est en cours de traduction et que vous devriez le recevoir prochainement. Pour ce qui est de mon exposé, je veillerai à être bref compte tenu des dix minutes dont je dispose ce matin.
Une de nos principales préoccupations, et cela depuis la création de la banque de données, est la dérive de la loi que nous dénonçons depuis longtemps. Si nous examinons l'historique de la législation canadienne sur les empreintes génétiques, nous constatons que la catégorie très limitée de personnes ou de contrevenants que nous envisagions d'inscrire dans la banque de données s'est beaucoup élargie. Quand la première loi sur les mandats autorisant les prélèvements pour analyse génétique a été mise en place en 1995, elle ne visait que les criminels les plus violents et les délinquants sexuels.
Ensuite, quand la banque de données a été créée en 2000, la portée de la loi s'est encore élargies pour inclure non seulement les infractions primaires et secondaires désignées, telles qu'on les appelait, mais aussi les infractions de conduite dangereuse ou avec facultés affaiblies ayant causé des lésions corporelles.
Nous avons ensuite assisté à un glissement encore plus important, selon moi, quand le a été présenté l'année dernière. Non seulement il énumérait un certain nombre de nouvelles infractions, mais il permettait d'enregistrer des profils génétique dans la banque de données pour une catégorie encore plus large d'infractions poursuivies par mise en accusation et passibles d'une peine d'au moins cinq ans. En fait, l'ADN d'un autre type de délinquant et celui des personnes déclarées non responsables criminellement pour cause de troubles mentaux peut aussi être inclut dans la banque de données.
Encore une fois, nous constatons que la loi a d'abord eu une portée très limitée. Compte tenu des préoccupations évidentes que nous avions, dès le départ, sur le plan du respect de la vie privée et des libertés civiles, notre société est partie du principe que si nous prélevons ce qu'on a appelé le schéma directeur de la vie, ce doit être seulement pour les membres de la société qui ont moins droit au respect de leur vie privée à cause de ce qu'ils ont fait et de ce qu'ils sont capables de faire à l'avenir. Nous nous étions entendus pour limiter cela aux meurtriers et aux délinquants sexuels mais, comme je l'ai mentionné, ces dispositions semblent avoir pris beaucoup plus d'amplitude.
Je laisserai de côté les libertés civiles ou les arguments fondamentaux qui ont été invoqués depuis le début en ce qui concerne la vie privée et les renseignements qu'un échantillon d'ADN permet d'obtenir pour me concentrer sur l'aspect pratique.
Nous avons de la chance, car le Royaume-Uni est très en avance dans ce domaine, comme on vous l'a dit. Sa banque de données compte maintenant près de cinq millions d'empreintes et, de toute évidence, un pourcentage important de la population y est enregistré. Les États-Unis ont également une longue expérience des banques d'empreintes génétiques. Nous pouvons profiter de leur expérience pour savoir ce qui donné ou n'a pas donné des bons résultats.
Une chose à laquelle il faudrait prêter attention est que la dérive de la loi n'est pas une particularité du Canada. Bien entendu, vous avez vu qu'aux États-Unis, et surtout au Royaume-Uni, l'échantillon d'ADN est prélevé non seulement lors de l'arrestation, mais chaque fois qu'une infraction peut faire l'objet d'une condamnation ou d'une arrestation . Cette empreinte peut être conservée dans la banque de données moyennant certaines restrictions.
Si j'en ai le temps, je parlerai de la décision que l'Union européenne a prise en décembre et qui a porté un sérieux coup à la base de données actuelle du Royaume-Uni.
D'après certaines données empiriques et dans les deux domaines pratiques dont je voudrais parler brièvement, nous constatons ce qui suit. Un élargissement est-il possible? À première vue, il semble souhaitable d'inclure tous ces nouveaux contrevenants dans la base de données, mais sur le plan pratique, technique et financier, pouvons-nous faire face à cet élargissement? Deuxièmement, un élargissement est-il vraiment utile? Les bases de données plus importantes donnent-elles de meilleurs résultats?
Pour répondre à la première question, vous êtes sans doute tous au courant du rapport de 2007 de la vérificatrice générale qui a constaté certains problèmes relativement à l'arriéré de notre base de données. Les échantillons qui ne sont pas traités à temps ont créé certains arriérés.
Là encore, ce n'est pas une situation particulière au Canada. Les États-Unis ont un sérieux problème d'engorgement de leur base de donnée, à tel point qu'ils ont adopté une loi fédérale, la DNA Analysis Backlog Elimination Act. Je ne me souviens pas des critères, mais les États peuvent demander un financement fédéral pour les aider à liquider l'arriéré qu'ils ont accumulé en élargissant leur banque d'empreintes génétiques pour y inclure davantage de catégories de contrevenants. Il est certain que cela va créer plus de travail, plus de contraintes budgétaires et tout ce qu'entraîne ce genre de décision.
Le Royaume-Uni n'échappe pas non plus au problème d'arriéré. La banque de données du Royaume-Uni compte près de cinq millions d'empreintes, celle des États-Unis sans doute près de quatre millions, mais si j'ai bien compris, la nôtre en compte à peu près 155 000.
Cela m'amène à la deuxième question quant à savoir si un élargissement peut vraiment donner des résultats. Là encore, il est utile d'examiner certaines des études britanniques et américaines. Un bon nombre des questions que j'ai mentionnées sont abordées dans mon mémoire et vous pourrez donc obtenir plus tard la référence de ces études.
Selon une étude récente, même si la base de données du Royaume-Uni s'est élargie d'environ 650 000 profils par année, le taux de résolution des crimes n'est que de 1 sur 800. Autrement dit, la base de données n'a plus vraiment autant de valeur qu'au début lorsqu'elle était limitée aux contrevenants les plus violents ou aux délinquants sexuels.
À notre avis, cela n'a rien d'étonnant. Lorsque vous examinez à quel moment la base de données arrive à un plateau et n'est plus aussi efficace pour résoudre les crimes, cela dépend du type de délinquants. Par le passé, les statistiques ont toujours démontré que ce sont les criminels les plus violents ou les délinquants sexuels qui récidivent le plus souvent, si bien que s'ils sont déjà dans la banque de données…
Un bon nombre d'initiatives positives ont été prises pour améliorer la banque de données, même de façon rétroactive, comme nous l'avons entendu dire ce matin. Avant, il fallait que quelqu'un commette deux meurtres ou plus, mais maintenant il suffit d'un et c'est une bonne chose. Quiconque commet un meurtre devrait figurer dans la banque de données. Bien entendu, c'est justifié dans le contexte de la Charte. Toutefois, lorsqu'on commence à inclure toutes sortes d'autres délinquants, il ne faut pas s'étonner que ce soit sans résultat étant donné que les récidivistes ont toujours été, comme je l'ai dit, les criminels les plus violents ou les délinquants sexuels.
Au Canada, il nous est difficile de voir, lorsque nous examinons les statistiques, ou du moins celles que nous avons pour le moment, quelle est la valeur que nous obtenons. Je peux seulement me fier à ce qui figure dans le site Web de la Banque nationale de données génétiques ou, plus précisément, dans les « Enquêtes aidées par la DNDG ». Il y en avait au total 11 126 le 13 février 2009. Ce chiffre est réparti entre les infractions pour lesquelles les enquêtes auraient été aidées.
En général, il faut se demander ce que cela signifie vraiment? Nous n'avons pas pu trouver de statistiques au sujet des empreintes qui ont mené à une condamnation. Les statistiques ont une signification différente selon la façon dont on les utilise. Quelles sont, parmi ces enquêtes, celles qui ont donné lieu à des plaidoyers de culpabilité? Ont-elles même entraîné des condamnations? D'autres preuves ont-elles été utilisées avant le prélèvement d'ADN? Voilà le genre de questions qui se posent. Rien dans ces statistiques ne démontre vraiment l'utilité d'élargir davantage cette base de données si l'on tient compte de son but qui est de détecter les crimes et de les résoudre. Je pense donc qu'il faudrait examiner davantage les véritables statistiques.
Je vois qu'il ne me reste plus beaucoup de temps. Je vais terminer. Je l'explique plus en détail, par écrit, dans mon mémoire.
Pour ce qui est de retracer les criminels et de résoudre des affaires classées, il est évident que la possibilité d'accéder à la banque de données pour innocenter des gens n'existe pas vraiment. Quant à ce qu'on peut faire ou non avec le fichier criminalistique et le fichier des condamnés, il n'y a rien dans la loi qui permette de s'en servir pour un projet visant à innocenter des condamnés en cherchant certaines correspondances dans la banque de données. La situation est différente dans certains États américains. Comme je l'indique dans mon mémoire, le New Jersey a une base de données. Il est bien précisé qu'un projet visant à innocenter doit pouvoir y accéder. Compte tenu de ce que nous attendons de la banque de données génétiques — et la résolution des crimes est certainement dans l'intérêt de tous — il faudrait au moins qu'elle permette d'innocenter les personnes condamnées à tort. Heureusement, nous n'avons pas les mêmes antécédents que les États-Unis à cet égard, mais cela ne veut pas dire qu'on ne condamne jamais d'innocents au Canada. C'est malheureusement arrivé.
Quand j'en ai parlé avec Alan Young, le directeur du « Innocence Project » à la Faculté de droit Osgoode Hall, de Toronto, il m'a dit qu'il s'attend à un problème. Il va être saisi de certains dossiers pour lesquels il pense avoir besoin d'accéder à la banque de données génétiques. Pour le moment, cet accès n'existe pas.
Telles sont nos principales préoccupations. Merci.
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Merci. Je m'appelle Chantal Bernier. Je suis commissaire adjointe à la protection de la vie privée.
Aujourd'hui, notre présentation sera donnée par Me Campbell, notre avocate générale par intérim. À notre grande chance, elle est une experte dans le domaine de la technologie biométrique et l'auteure de nombreux articles sur ce sujet. C'est donc elle qui vous donnera les détails de notre position.
Quant à moi, j'aimerais rappeler à cette assemblée les principes qui doivent sous-tendre la discussion.
[Traduction]
Avant de céder le micro à ma collègue, je voudrais énoncer certains principes généraux sur lesquels repose notre position.
Je crois d'abord important de souligner qu'en principe, une banque de données génétiques représente une sérieuse atteinte à la vie privée. Cela ne veut pas dire qu'elle doit être interdite. Cela signifie qu'il faudrait la gérer en s'efforçant au maximum de respecter un juste équilibre entre la sécurité et la vie privée. Dans la législation canadienne, cet équilibre est régi par quelques principes que j'aimerais rappeler.
D'abord, le droit canadien reconnaît que la sécurité peut l'emporter sur le droit à la vie privée. Il y a toutefois certaines conditions rigoureuses à respecter. La première est que l'atteinte à la vie privée doit être proportionnée au besoin de sécurité auquel elle répond. Le deuxième est que la nécessité de cette atteinte doit être prouvée, établie et vérifiable, dans le contexte d'une société libre et démocratique.
Il ne faut pas oublier non plus que les renseignements obtenus grâce à cette atteinte à la vie privée doivent être utilisés, recueillis et conservés de façon à protéger de façon constante leur proportionnalité par rapport à l'objectif que l'atteinte à la vie privée visait au départ.
[Français]
À partir de ces critères que je viens de nommer, la position du Commissariat à la vie privée du Canada est que la loi actuelle est justifiée et que la gestion par la GRC de la loi satisfait aux critères d'équilibre entre la sécurité et la vie privée. En somme, nous privilégions le statu quo.
Je laisse à ma collègue le soin de vous donner les détails de notre position.
La Cour suprême du Canada a reconnu à de nombreuses reprises que la vie privée mérite d'être protégée en vertu de la Charte et que la Loi sur la protection des renseignements personnels a un statut quasi constitutionnel. Le respect de la vie privée des citoyens est à la base même d'un État démocratique et est essentiel au bien-être de l'individu. Il nous permet également d'exercer un grand nombre de nos autres droits et libertés fondamentaux. Comme l'a dit ma collègue, les données génétiques humaines sont fondamentalement différentes des autres données.
Depuis que la science qui étudie l'hérédité et les variations dans les organismes vivants a permis de découvrir que certaines séquences nucléotidiques correspondent à des caractères héréditaires, nous avons mieux compris que nos codes génétiques sont des renseignements personnels très importants et très précieux qui doivent être protégés.
Les données génétiques soulèvent des inquiétudes sur le plan de la protection de la vie privée en raison de la quantité d'information illimitée qu'elles permettent d'obtenir, du délai de conservation illimité des échantillons et de l'utilisation probable de l'information pour en tirer un avantage économique ainsi que des répercussions potentielles sur les personnes, les tiers et les collectivités. Par conséquent, une ordonnance de prélèvement d'ADN doit clairement tenir compte de deux aspects de la vie privée qui sont protégés par la Charte canadienne des droits et libertés. Le premier concerne la personne, mais le deuxième se rapporte à ce qu'on a appelé le contexte informationnel.
Par exemple, notre Cour suprême a mentionné que l'ADN contient des renseignements extrêmement confidentiels étant donné qu'il peut révéler les détails les plus intimes de la composition biologique d'une personne. Par conséquent, le prélèvement et la conservation d'un échantillon d'ADN est considéré comme une grave intrusion dans la vie privée d'une personne. C'est la première chose que je voulais dire.
Je parlerai ensuite de ce que notre bureau pense de la banque de données génétiques actuelle et de la façon dont elle est gérée. Depuis l'adoption de la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques, il y a eu un élargissement de la portée de cette loi, d'abord avec le projet de loi C-36, la Loi anti-terroriste et ensuite, le projet de loi C-13. L'ajout des infractions terroristes et des infractions du projet de loi C-13 semble avoir modifié la logique du programme et je crois donc important d'en prendre conscience. Au lieu de servir principalement à relier l'ADN des contrevenants qui ont commis de graves crimes violents ou des infractions sexuelles avec l'ADN trouvé sur les lieux du crime, la banque de données reçoit les échantillons d'ADN de contrevenants qui ont commis une gamme d'infractions beaucoup plus vaste.
Nous savons que des pressions sont exercées sur le comité pour qu'il recommande d'élargir la base de données afin d'y inclure davantage d'infractions, de permettre des recherches par liens parentaux et d'élargir le partage de l'information. Nous vous mettons en garde contre ces mesures étant donné qu'elles portent atteinte à la vie privée et qu'elles risquent de compromettre la viabilité globale de la base de données génétiques.
Des recherches par liens parentaux permettraient à la banque de données de chercher des correspondances avec des parents proches qui ont probablement des profils similaires. Il faut toutefois être prudent. Les recherches par liens parentaux produisent des résultats faussement positifs ou négatifs, des profils qui semblent apparentés, mais qui ne le sont pas et inversement. Pour ces raisons, ainsi que pour la protection de la vie privée des personnes touchées, nous nous sommes prononcés contre les recherches par liens parentaux.
Le Council for Responsible Genetics a également fait remarquer que la conservation de l'ADN d'une personne arrêtée peut menacer la présomption d'innocence lors d'enquêtes ultérieures. Il souligne le nombre disproportionné d'arrestations de personnes qui font partie des minorités visibles aux États-Unis et au Royaume-Uni et dont un bon nombre sont libérées faute de preuve. Par conséquent, si l'on conserve l'empreinte de toutes les personnes arrêtées, cela aurait un effet disproportionné sur la vie privée des minorités raciales. Nous savons qu'au Canada le taux d'arrestation des membres des minorités visibles et des Autochtones est plusieurs fois supérieur à celui des autres Canadiens, de même que leur taux d'incarcération.
Notre loi permet d'échanger des renseignements provenant de la banque de données génétiques, au cas par cas, avec des pays étrangers, à la condition qu'un accord ait été conclu avec ce pays conformément à la Loi sur la protection des renseignements personnels. Nous vous mettons en garde contre une comparaison systématique des profils de la banque de données génétiques canadienne avec ceux des banques de données internationales. Il ne serait pas non plus souhaitable de relier la base de données canadienne à un système central qui permettrait aux États étrangers de faire régulièrement des recherches.
Cela m'amène au troisième et dernier objet de mon propos: le contexte international. Il est important d'examiner ce que nous faisons ici dans le contexte international.
Le Canada est signataire de plusieurs instruments internationaux qui soulignent l'importance primordiale de la protection de la vie privée. La Déclaration universelle des droits de l'homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques reconnaissent tous les deux le droit à la protection de la loi contre les immixtions dans la vie privée. Nous aspirons à vivre dans une société libre et démocratique qui respecte les droits humains fondamentaux, mais de plus en plus, étant donné l'environnement très interrelié dans lequel nous vivons, nous devons veiller à ce que la vie privée et les autres droits constitutionnels des Canadiens soient protégés lors de nos interactions avec d'autres pays.
Lorsque les institutions du gouvernement fédéral recueillent, utilisent et divulguent des renseignements personnels sur les gens, il est important de ne pas oublier les répercussions que cela peut entraîner pour ces derniers. Nous avons tendance à considérer que les actions du gouvernement sont simplement de nature administrative, mais ces actions administratives peuvent avoir de profonds effets. Nous en avons eu récemment l'exemple avec ce qui est arrivé à M. Arar ainsi qu'aux hommes dont l'enquête Iacobucci a examiné le cas.
[Français]
Or, la collaboration internationale dépend en partie des négociations visant à fixer des standards de gouvernance dans l'information sur lesquels toutes les parties s'entendent. Toutefois, les standards de gouvernance dans l'information dans le cas des biobanques sont, dans l'ensemble, loin d'être uniformes.
L'extension progressive du fichage génétique des criminels sexuels à tous les criminels, des criminels aux délinquants et des délinquants aux suspects est plus que préoccupante. Elle fait partie du faisceau de mesures adoptées par la plupart des pays occidentaux, à commencer par les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui ont permis de porter atteinte à un certain nombre de droits inscrits dans la législation internationale et dans les textes fondamentaux des pays concernés. Cependant, cette évolution n'est pas inéluctable et uniforme. Au Canada, malgré notre proximité avec les États-Unis, on a décidé de limiter le fichage génétique aux criminels condamnés.
[Traduction]
Bientôt, les Canadiens soupçonnés d'avoir commis une infraction devront fournir un échantillon d'ADN à la frontière américaine. La nouvelle politique des États-Unis exigera que toute personne arrêtée aux États-Unis ou les étrangers détenus à la frontière qui ne sont pas légalement résidents des États-Unis fournissent des échantillons d'ADN. Les détracteurs des bases de données américaines ont souligné que même si tous les États ont une base de données génétiques, la façon dont les échantillons sont prélevés et les raisons pour lesquelles ils le sont varient beaucoup. La majorité des États autorisent la conservation des échantillons après l'analyse génétique et plusieurs d'entre eux permettent également de recueillir l'ADN de personnes simplement arrêtées pour une infraction. Les autorités policières des États-Unis ont également procédé à de véritables balayages génétiques en demandant un prélèvement buccal aux membres de la famille, aux voisins et aux amis de la victime d'un crime violent. Devant cette situation, de nombreux observateurs ont conclu que les variations dans les normes techniques et les critères de prélèvement compromettent la validité des résultats.
Les inquiétudes que suscite l'élargissement de la fonction initiale sont particulièrement pertinentes dans le contexte des banques de données génétiques, surtout avec l'expansion des catégories de participants. L'inclusion probable des personnes mises en arrestation dans un plus grand nombre d'États jette nécessairement le doute sur le but de ces banques de données. D'autre part, un grand nombre de dispositions législatives des États américains présentent de sérieuses lacunes. Les bases de données génétiques n'offrent pas les mêmes garanties de confidentialité que celles qui s'appliquent aux échantillons prélevés dans d'autres situations comme lors d'un examen médical. Plusieurs États permettent également que des profils ADN qui se trouvent dans leurs bases de données servent à d'autres fins.
Je vous parle de la situation internationale afin que vous puissiez situer le Canada par rapport aux autres pays. Si vous prenez l'Angleterre et le pays de Galles, toute personne arrêtée pour une infraction prévue au code doit fournir un échantillon d'ADN dont le profil est conservé dans la base de données génétiques. L'Angleterre vient d'être sévèrement critiquée pour cette politique dans la décision que la Cour européenne des droits de l'homme a rendue en décembre 2008. La Cour a rendu une décision importante sur la confidentialité des données génétiques d'une personne. La Cour européenne s'est également référée à une décision de la Cour suprême du Canada et a jugé que la conservation de l'échantillon d'ADN d'une personne qui n'a pas fait l'objet de condamnations antérieures viole les droits de cette personne. Elle a cité la décision que la Cour suprême du Canada a rendue dans la Reine c. R.C., en 2005 en déclarant que la conservation des données génétiques d'une personne aurait des répercussions négatives disproportionnées sur son droit à la vie privée par rapport aux avantages qu'en tirerait la justice pénale.
Je crois que vous avez déjà entendu parler du cas européen. Il s'agissait de deux suspects britanniques. La police locale avait conservé leurs échantillons d'ADN après leur arrestation même s'ils avaient été acquittés. La Cour a fait valoir que la police avait conservé l'échantillon sans tenir compte de la gravité de l'infraction pendant une période indéfinie sans que son processus décisionnel ne soit soumis à un examen indépendant. La Cour européenne est parvenue à peu près à la même conclusion que les tribunaux canadiens en disant que le caractère général et indifférencié du pouvoir de conservation des empreintes digitales, des échantillons biologiques et des profils ADN des personnes soupçonnées d'avoir commis des infractions, mais non condamnées ne traduit pas un juste équilibre entre les intérêts publics et privés concurrents en jeu, et que l'État défendeur a outrepassé toute marge d'appréciation acceptable en la matière.
L'influence des autres tribunaux a lourdement pesé sur la décision de la Cour européenne. En plus du Canada, cette dernière a cité plusieurs pays membres du Conseil de l'Europe contrastant avec les pratiques britanniques. À notre avis, cela démontre la responsabilité que les pays démocratiques ont les uns envers les autres lorsqu'on établit des politiques dans un domaine nouveau et controversé comme celui du prélèvement et de la conservation des échantillons d'ADN.
Pour conclure, nous appuyons une bonne gestion et une bonne supervision de la banque de données. Elle ne devrait servir qu'aux fins criminalistiques pour lesquelles l'ADN a été prélevé et nous exhortons le comité à veiller à ce que la conservation et l'utilisation des profils ADN de la banque de données protègent le droit primordial à la vie privée.
Je vous remercie de votre attention.
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Premièrement, il ne fait aucun doute que l'ADN a énormément contribué à innocenter des gens. Aux États-Unis, il y a maintenant plus de 200 personnes condamnées à tort que l'ADN a permis d'innocenter, en plus des autres cas non reliés à l'ADN. Plus de 200 condamnés ont été innocentés, seulement grâce aux empreintes génétiques.
Au Canada, bien entendu, dans le cas de Guy Paul Morin, c'est surtout l'ADN qui a permis de l'innocenter. Mais même dans ce cas et d'autres cas où l'ADN a été déterminant, ce n'est pas l'utilisation de la banque de données qui a permis de disculper ces personnes. C'est l'utilisation de l'ADN, le rôle qu'il a joué dans le dossier, la façon dont il a finalement été découvert et la façon dont l'analyse a été faite, etc. Ce n'était pas avec l'aide de la banque de données.
Bien entendu, la Loi actuelle prévoit des contrôles très rigoureux. En ce qui concerne la proportionnalité, le droit à la vie privée et tout cela, quand la loi a été adoptée, nous devions exercer un contrôle très rigoureux sur la banque de données. Il était seulement possible de comparer les échantillons prélevés sur la scène du crime avec les échantillons fournis par les condamnés. Par conséquent, en principe, il y a dans la banque de données deux éléments distincts que l'on compare l'un avec l'autre.
Pour ce qui est de l'accès, aucune disposition dans la loi ne permet à la Couronne ou à la défense d'avoir accès aux données. Si vous êtes condamné pour une infraction, les empreintes sont envoyées à Ottawa. Elles sont enregistrées dans le fichier des condamnés et on se livre périodiquement, que ce soit tous les jours ou un jour sur deux, à une comparaison avec le fichier criminalistique. Personne n'a accès au profil ADN, à part l'échantillon enregistré dans la base de données.