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Bienvenue à la séance n
o 16 des travaux du Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
J'aimerais signaler à tous que nous poursuivons notre étude de la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels. Il s'agit de l'examen prévu par la loi du texte de loi en question.
Nous accueillons des témoins du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, soit M. Carman Baggaley et Mme Lisa Campbell; du Conseil canadien des avocats de la défense, Mme Brydie Bethell; et, à titre personnel, Anna et Jim Stephenson. À tous, bienvenue aux travaux de notre comité.
Je crois que vous avez convenu de prendre la parole dans l'ordre que je viens de donner.
Vous pourriez d'abord vous présenter, puis expliquer un peu qui vous êtes.
Monsieur Baggaley, vous pouvez commencer.
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Bonjour. Je m'appelle Carman Baggaley. Je suis conseiller en politiques stratégiques au Commissariat à la protection de la vie privée du Canada. Je suis accompagné de notre avocate générale, Mme Lisa Campbell. Nous sommes heureux d'avoir été invités à formuler des observations à propos de la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels.
La Loi présente un intérêt indéniable pour le Commissariat. Elle exige des délinquants sexuels condamnés qu'ils s'enregistrent auprès de la police et qu'ils la tiennent régulièrement au courant de leurs déplacements après leur libération. De plus, elle exige d'eux qu'ils transmettent des renseignements personnels — numéros de téléphone, adresses secondaires et ainsi de suite — permettant à la police de communiquer avec eux. Ces exigences ne sont pas imposées à d'autres délinquants qui ont purgé leur peine.
Nous comprenons qu'il en est ainsi, étant donné la gravité de ces infractions. Néanmoins, il s'agit d'une atteinte sérieuse à la vie privée des personnes, une atteinte qui ne peut se justifier que si elle donne lieu a un bénéfice en matière de sécurité publique qui soit clair et démontrable, et qui ne puisse pas être obtenu par des moyens moins envahissants.
L'une des façons de déterminer si le caractère foncièrement envahissant de la loi s'avère raisonnable est d'examiner son efficacité. Nous savons que, lorsqu'elle a été proposée, la loi a soulevé des questions quant à l'efficacité potentielle du registre. À notre connaissance, depuis l'entrée en vigueur de la loi, aucune évaluation officielle n'a permis de répondre directement à ces questions-là.
Nous savons aussi que votre comité a entendu des témoignages qui jettent un doute sur l'efficacité du registre. Or, il importe d'examiner l'efficacité du régime: s'il n'est pas efficace, l'intrusion dans la vie privée est inutile. Le fait de sacrifier le droit d'une personne à la vie privée dans l'espoir que cela puisse protéger la société constitue un dangereux précédent.
Nous nous attendons à ce que le comité entende de nombreuses suggestions visant à améliorer le registre et nous prévoyons que beaucoup d'entre elles auront trait à l'élargissement de la portée du régime. Cette expansion pourrait comporter certains changements possibles, comme l'augmentation du nombre d'infractions désignées, l'élimination du pouvoir judiciaire discrétionnaire relatif aux ordonnances ou le fait de permettre une utilisation plus vaste du registre ou encore un plus grand accès à celui-ci.
Nous demandons instamment au comité de ne pas tenter d'améliorer l'efficacité du registre en élargissant les recours qui y sont permis. Le fait d'autoriser la population à le consulter ou de permettre son utilisation à des fins de notification du public pourrait aller à l'encontre du but recherché. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, des membres du public ont attaqué et même tué des gens soupçonnés d'être des délinquants sexuels à la lumière de renseignements publiés dans la presse ou accessibles sur Internet.
En plus du préjudice causé au délinquant, ou dans certains cas à une personne perçue à tort comme tel, cette publicité peut être antiproductive. Elle peut en effet pousser des délinquants à rechercher la clandestinité et faire en sorte qu'ils soient moins susceptibles de respecter les exigences en matière d'enregistrement. La loi a pour objet, en exigeant l'enregistrement de certains renseignements sur les délinquants sexuels, d'aider les services de police à enquêter sur les crimes de nature sexuelle, et l'apport de modifications qui risqueraient de diminuer la probabilité de conformité à son égard et contraire à cet objet.
Un délinquant qui voit son identité publiée peut également être moins susceptible de chercher un traitement et éprouver davantage de difficultés à établir un milieu stable, ce qui accroît ainsi la possibilité de récidive.
Nous ne sommes pas ici pour exhorter le comité à recommander le retrait de la loi. Nous savons bien que cela n'arrivera pas. Nous sommes conscients des pressions considérables qui sont exercées pour que la loi soit modifiée. Nous prions le comité d'étudier soigneusement toutes les propositions, en particulier celles qui augmenteraient la quantité de renseignements recueillis ou élargiraient les utilisations permises.
Il pourrait y avoir des moyens d'accroître l'efficacité du régime, notamment par des ressources accrues ou la modification de procédures qui amélioreraient l'efficacité de la loi et rehausseraient sa valeur, sans pour autant le rendre plus envahissant.
En guise de conclusion, nous vous présentons deux suggestions précises. D'abord et avant tout, selon nous, il devrait y avoir une plus grande transparence et une plus grande ouverture à l'égard du programme. Par exemple, nous n'avons pu trouver de renseignements sur les sites Web de la GRC ou de Sécurité publique à propos du nombre de délinquants enregistrés. Par opposition, on peut consulter la banque nationale de données génétiques, qui publie un rapport annuel. On peut aussi consulter le site Web, qui affiche toutes sortes de renseignements sur le fonctionnement de ce programme-là.
Il y a une autre recommandation que nous ferions, et elle nous paraît revêtir une importance capitale: il devrait y avoir une évaluation officielle de l'efficacité de la loi, évaluation qui serait confiée à un tiers indépendant. Nous recommandons vivement que cette évaluation soit effectuée avant que toute modification importante soit apportée à la loi.
Merci de nous avoir accordé ce temps. Nous serions heureux de répondre à toute question que vous pourriez avoir.
Je m'appelle Brydie Bethell et, au nom du Conseil canadien des avocats de la défense, je tiens d'abord à remercier le comité de nous offrir l'occasion de témoigner. De même, je remercie M. Baggaley et Mme Campbell des observations qu'ils ont formulées. J'aimerais aussi louer le courage dont M. et Mme Stephenson doivent indéniablement faire preuve pour être là ce matin.
Comme vous le savez probablement, le Conseil canadien est un conseil national, ce qui n'est pas le cas de certaines autres organisations au pays. Le conseil compte des représentants partout au pays, dans toutes les régions, y compris les trois territoires du Nord. Nous proposons une tribune nationale non pas tant au nom des avocats de la défense qu'en faveur de l'administration de la justice en tant qu'elle se rapporte au maintien de l'application régulière de la loi.
Nous sommes très reconnaissants d'être présents ici; au conseil, nous espérons pouvoir aider le comité d'une façon ou d'une autre. Nous n'avons pas affaire ici à une question facile. C'est une question qui nous touche directement au coeur, et en tant qu'êtres humains et parents, et bon nombre des personnes présentes dans la salle sont parents. Nous tenons tous à protéger nos enfants et nos collectivités. Il est quasiment impossible d'envisager de ne rien faire dans de tels cas si nous avons la capacité d'agir. Cependant, c'est une question qui touche également l'essentiel de ce que nous sommes en tant que citoyens au pays. Si le Canada fait l'envie du monde à bien des égards, c'est que, en tant que citoyens, nous cherchons à défendre les principes de la démocratie en tant qu'ils s'appliquent aux choix que nous faisons pour nos collectivités. Nous faisons des compromis et nous essayons d'atteindre le juste équilibre. Nous concilions des intérêts contradictoires.
Je suis sûr qu'il n'y en a pas un parmi vous qui va me croire, et j'ai hésité avant de décider de dire précisément ce que je vais dire, mais c'est souvent le cas, et cela vaut pour mes amis aussi: en tant qu'avocate de la défense, je protège les droits des délinquants, mais ce n'est pas pour cette raison que je viens témoigner aujourd'hui. Nous sommes tous réunis ici aujourd'hui en tant que citoyens pour essayer de déterminer ce qu'il faut faire en rapport avec le registre national des délinquants sexuels. Je ne crois pas qu'il y a une personne présente qui me contredirait là-dessus: nous sommes là pour essayer de trouver le juste équilibre entre les éléments en cause, pour prendre du recul et porter un regard détaché sur le régime que nous avons en place, voir ce qui manque, voir ce qu'il faut ajouter, et déterminer pourquoi nous agissons ainsi. Ce n'est pas nous contre eux; c'est plutôt une question qui exige de nous que nous trouvions un juste équilibre entre les droits individuels et les droits collectifs.
Le système de justice pénale est un système vers lequel nous nous tournons dans les cas où un tort a été causé à la société. C'est sa raison d'être. Nous ne réparons pas nous-mêmes les torts causés. Lorsqu'une infraction criminelle de nature sexuelle est commise, par exemple, nous n'allons pas mettre un écriteau dans la cour avant du terrain de la personne que nous croyons être l'auteur de l'acte en question. Nous demandons à un tribunal de régler le problème dans les formes.
Je ne suis pas venue vous dire ce que devrait dire la loi; il vous appartient, en tant que parlementaires, de déterminer ce que devrait dire la loi. Mon rôle, tel que je le conçois aujourd'hui, consiste à vous aider à déterminer quel serait l'équilibre évoqué. Ce faisant, je vous invite vivement à vous pencher sur les questions suivantes et j'espère que l'idée avancée, les deux questions, vous permettra de délimiter votre approche de la solution au problème.
Premièrement, quel est le but, la raison d'être du registre et quel est le but des modifications proposées? Deuxièmement, si les modifications sont apportées, quel en serait l'effet sur les personnes accusées partout au pays, pas seulement ici à Ottawa. Je parle aussi du cultivateur de la Saskatchewan, de l'Autochtone qui piège le gibier dans une localité éloignée au Nunavut?
Je crois savoir qu'il existe de sérieuses réserves à propos de l'efficacité des registres pour prévenir les cas de récidive, et j'insiste sur le terme: « récidive ». Voici deux raisons possibles à cela. Les registres n'aident pas vraiment à mettre la main sur les délinquants dont c'est le premier crime. Les registres permettent d'arrêter les récidivistes. Deuxièmement, la majorité des cas d'agression sexuelle concernent des gens qui se connaissent — des membres d'une famille, des amis. Il faut donc se demander sérieusement si les registres rendent bel et bien la société plus sûre, et à quel prix.
D'un point de vue pratique, il faut se pencher aussi sur la question des ressources. En tant que parlementaires, nous savons tous que les ressources ne sont pas illimitées, alors que les exigences tant financières qu'administratives le sont. Il faut donc faire des choix et investir de manière raisonnable dans nos politiques d'application de la loi. La question qu'il faut se poser, à mes yeux, est la suivante: quelle est la meilleure façon de dépenser les sommes d'argent limitées à notre disposition dans le domaine de l'application de la loi, surtout si nous tenons compte de la question importante de l'efficacité.
Pour savoir si les registres ajoutent vraiment de la valeur au processus, il est pertinent aussi de se demander s'il existe des solutions de rechange qui fonctionnent déjà au sens du système de justice pénale. Par exemple, nous pouvons déclarer un délinquant comme étant désigné ou le déclarer comme étant visé par une surveillance de longue durée. Il existe d'autres possibilités — par exemple, imposer une obligation de ne pas troubler la paix publique en application du paragraphe 810.(1) du Code criminel — et le régime de probation, de manière générale, qui est conçu pour favoriser la réadaptation et la réinsertion sociale du délinquant et peut être adapté précisément en fonction des besoins et des exigences du délinquant aussi bien que de l'infraction.
Pour terminer, je voudrais parler un peu du pouvoir discrétionnaire. À mon avis, c'est là un élément intégral du système de justice pénale. Les juges et les poursuivants doivent pouvoir traiter de manière individualisée avec l'auteur de l'infraction en fonction de l'infraction commise. Cela concorde avec un autre principe inhérent à notre système de justice pénale, soit le respect de l'indépendance de la magistrature. Lorsque nous accordons aux juges et aux poursuivants le pouvoir discrétionnaire nécessaire pour déterminer si le nom de l'auteur d'une infraction peut figurer ou non dans le registre, plutôt que d'exiger que ce soit le cas et de prévoir des exceptions en fonction d'un critère très rigoureux concernant un éventuel effet « nettement démesuré » par rapport à l'intérêt public, les juges et les poursuivants sont privés justement de la possibilité d'user de leur pouvoir discrétionnaire.
C'est un registre national; il faut donc en jauger l'effet en tenant compte de tous les Canadiens. Je vous demande de vous poser la question: serait-il raisonnable d'éliminer la possibilité d'individualiser la décision dans le contexte du registre actuel et de mettre arbitrairement toutes les personnes dans le même sac, en fonction de la catégorie d'infraction dont il est question?
Pour revenir au thème principal que j'évoquais ce matin — celui de l'équilibre —, la difficulté éprouvée à faire un compromis et à concilier droits collectifs et droits individuels, la question pour laquelle nous sommes tous là est la suivante: quelles sont les limites raisonnables que l'on peut imposer aux droits et libertés d'une personne en essayant d'atteindre les objectifs particuliers de cette loi? Nous devons être alertes sur ce plan et trouver en réponse à cette question une solution qui ne repose pas sur des moyens plus larges que ce qui est nécessaire pour atteindre l'objectif en question, principe inhérent à notre Constitution — c'est-à-dire ne pas adopter des mesures trop larges pour atteindre l'objectif. Nous ressentons tous émotionnellement le besoin d'agir pour contrer les tragédies de cette nature, mais il faut réagir aux textes de loi et aux modifications proposées en adoptant une approche motivée.
Voilà les points qui je voulais faire valoir. Merci.
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Bonjour, monsieur le président. Bonjour, mesdames et messieurs les membres du comité et les autres témoins.
Je m'appelle Jim Stephenson. Ma femme, Anna, m'accompagne ce matin. Nous sommes venus faire part de notre point de vue et de nos inquiétudes à propos de la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, ou LERDS, vous entendez probablement plus souvent l'acronyme. Nous sommes venus vous faire part de nos inquiétudes.
Sauf tout le respect que j'ai pour les perspectives et les points de vue présentés cette semaine, comme pour ce que nous avons entendu aujourd'hui dans les déclarations liminaires, je crois que vous allez trouver que nous défendons une position assez unique, unique non seulement parce que nous sommes les parents d'un enfant qui a été enlevé, agressé sexuellement et tué par un inconnu, un délinquant sexuel ayant déjà été condamné comme tel, mais aussi parce que nous sommes déterminés à faire en sorte que les collectivités soient mieux protégées contre de tels délinquants que nous l'avons été nous-mêmes.
Pour y arriver, il a été nécessaire d'apporter des changements structurels importants à la façon dont les autorités gèrent la présence de délinquants sexuels relâchés dans la collectivité. Cette semaine, on a témoigné devant vous au sujet de la loi qui a servi à créer le registre des délinquants sexuels de l'Ontario en 2001. Bien entendu, la loi en question est baptisée loi de Christopher, en mémoire de notre garçon de 11 ans qui est mort de façon très violente et tragique la fin de semaine de la fête des pères en 1988.
Le registre des délinquants sexuels de l'Ontario est proactif. L'inscription du délinquant est automatique, dès qu'il est condamné pour avoir commis une infraction critère. Les agents chargés de l'application de la loi travaillent de manière proactive et vérifient sans cesse les informations renfermées dans la base de données du registre pour s'assurer qu'elles demeurent à jour et tout à fait exactes. Fait encore plus important, les informations sont accessibles aux autres organismes policiers qui font enquête sur des crimes de nature sexuelle. En elles-mêmes, ces caractéristiques-là expliquent le succès du registre provincial.
La LERDS a été promulguée au début de 2004 et est entrée en vigueur plus tard, durant la même année, plus de 10 ans après la publication des résultats de l'enquête menée en 1993 sur la mort de notre fils, qui recommandait que le gouvernement fédéral crée immédiatement un registre national des délinquants sexuels. À l'occasion d'audiences publiques sur le projet de loi il y a cinq ans, nous avons fait valoir de vives inquiétudes concernant toute une série d'éléments de ce texte de loi. Cela nous troublait à l'époque et cela nous trouble encore aujourd'hui: l'enregistrement ne se fait pas automatiquement dès que l'auteur de l'infraction est condamné.
Nous sommes d'autant plus inquiets d'apprendre, comme vous l'avez fait cette semaine, que les tribunaux dispensent de l'obligation d'être inscrites au registre près de la moitié, soit 50 p. 100 des personnes ayant commis une infraction critère sans expliquer pour autant leur décision, ce qui est clairement prévu dans la loi.
Je crois savoir, comme chacune des personnes présentes ici, j'en suis sûr, que les infractions aux lois fédérales sont plus graves que celles qui relèvent des tribunaux provinciaux. Dans ce dernier cas, celui du régime provincial, l'enregistrement se fait automatiquement dès que quelqu'un est condamné pour avoir commis une des infractions nommées dans la loi.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, cela ne me semble simplement pas très logique. Je ferais valoir respectueusement que, dans la mesure où l'appareil judiciaire ne s'acquitte pas comme il se doit des responsabilités prévues dans la loi, il fait défaut et a vraiment besoin d'être réparé. Il faut que les gens de métier s'y mettent et remettent en ordre la maison de la justice.
Dès la première étape de conception de la loi fédérale, nous avons eu des réserves quant à l'efficacité du registre national. Je suis souvent cité disant que c'est un registre tout théorique. Malheureusement, je crois que le public a été amené à croire que des mesures concrètes sont en place pour assurer sa sécurité et sa protection, alors qu'il n'en est rien.
De fait, il existe un parallèle troublant entre l'état actuel de la LERDS et une histoire que nous avons souvent racontée à notre fils et à notre fille durant leur tendre enfance. C'est l'histoire d'un roi qui voulait une nouvelle garde-robe pour impressionner ses sujets pendant ses sorties en ville et dans la campagne avoisinante. Il refusait ce que lui proposait le tailleur de la cour, qui s'occupait de sa garde-robe depuis de nombreuses années, même si, selon ses conseillers, le tailleur lui proposait des habits vraiment exceptionnels. Enfin, après s'être penché sur les vêtements proposés par un grand nombre de bons et loyaux sujets, il charge un modeste garçon d'étable de lui confectionner sa nouvelle garde-robe.
L'ennui, c'est que le garçon d'étable ne savait rien de la confection des vêtements. Convaincu que la suite serait catastrophique pour lui s'il ne trouvait pas un vêtement que le roi accepterait, il se décida enfin à persuader ce dernier du fait qu'il avait créé un tissu invisible supérieur à tout ce qu'on avait pu voir jusque-là. De fait, le garçon d'étable n'avait rien créé; il comptait seulement sur sa capacité de convaincre le roi qu'il portait les plus beaux habits qu'on ait jamais vus.
À la fin, c'est un roi nu comme un ver qui parade devant ses sujets, sûr de porter des habits uniques, des plus merveilleux. Au début, personne n'ose lui dire la vérité. En fait, à la surprise de tous, un garçon s'exclame: « Le roi est nu. » Les villageois éclatent tous de rire, et le roi constate sa folie.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je fais valoir que, sous sa forme actuelle, la loi est nue elle aussi. Elle est dysfonctionnelle et elle n'est pas efficace pour empêcher que les Canadiens deviennent ou redeviennent les victimes d'un délinquant qui a été remis en liberté dans leur collectivité.
Tout à l'heure, j'ai affirmé que notre présence ici pouvait être considérée comme unique et j'en ai donné les raisons. Permettez-moi de clore mon exposé ce matin en ajoutant un argument pour faire voir que nous sommes, ainsi, uniques. Les autres parties qui sont venues comparaître l'ont fait dans le cadre de leur travail, et il est permis de croire qu'elles ont été payées pour le faire. Si nous pouvons vous parler aujourd'hui, Anna et moi, au contraire, c'est que nous l'avons payé, nous, très cher. Sans doute le comité accordera-t-il beaucoup d'attention à cette distinction-là au moment de décider, en définitive, quelle sera l'orientation future du registre nationale des délinquants sexuels.
Nous sommes disposés à répondre aux questions du président et des membres du comité durant le temps qu'il nous reste ici ce matin.
Merci.
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Il y a plusieurs possibilités.
Il y a par exemple le vérificateur général. Je sais que le vérificateur général de l'Ontario a fait rapport sur le registre ontarien en 2007. Selon la conclusion du vérificateur général de l'Ontario, rien ne laisse voir clairement que le registre ontarien serait efficace.
Vous pouvez recourir aux services d'universitaires ayant une expertise en sciences sociales, en criminologie.
C'est une question très complexe. J'ai examiné des études qui ont été faites en rapport avec le registre qu'il y a dans l'État de New York, où il a été conclu que la preuve de l'efficacité du registre de l'État de New York n'est pas faite.
Il faut admettre que c'est là une question très difficile, ce qui est attribuable en partie au fait que, comme vous avez pu en discuter mardi, qu'il s'agit de prouver qu'une chose n'existe pas; c'est là que réside la difficulté, en partie. Tout de même, comme la question de l'efficacité du registre revêt une si grande importance pour vous, je crois qu'une évaluation de son efficacité vous serait extrêmement précieuse. Vous pourriez savoir si ça fonctionne ou si ça ne fonctionne pas, et pourquoi, avant d'apporter des modifications importantes.
Merci.
Monsieur Stephenson, je crois comprendre que vous préférez le système de l'Ontario. Cependant, j'ai compris de votre présentation — qui était peut-être trop courte — que la grande différence, selon vous, c'est qu'en Ontario, l'enregistrement est obligatoire alors que vous croyez qu'il est facultatif.
Par contre, quand je lis les exceptions contenues dans le texte de la loi, je trouve celui-ci, au fond, très restrictif, et je me demande si, en effet, des gens n'ont pas été inscrits dans le registre.
De toute façon, quels sont les autres éléments du régime ontarien qui, à votre avis, devraient être incorporés dans le régime fédéral?
Bien sûr, la question de l'enregistrement obligatoire est primordiale pour toute révision envisagée de la LERDS. Mais en plus, le modèle ontarien comporte d'autres caractéristiques qui valent tout à fait d'être envisagées.
Pendant les témoignages de cette semaine, je crois que vous avez entendu parler de la recommandation selon laquelle le registre ontarien devrait servir de modèle au registre national. Je crois que ça se trouve dans une proposition du commissaire de la police provinciale de l'Ontario, Julian Fantino.
Pour répondre à votre question, en plus de l'obligation d'enregistrement, je crois qu'il faudrait augmenter sensiblement la capacité qu'a la force policière nationale — la GRC, dans le cas qui nous occupe, de faire respecter les exigences en matière d'enregistrement et d'y donner suite.
Il y a eu une affaire très tragique qui s'est produite à Toronto, l'enlèvement et le meurtre de Holly Jones. Une fillette de 10 ans a été enlevée et assassinée, et son corps a été démembré et caché à divers endroits. Une des conclusions ressorties de cette affaire-là, c'est que la police chargée de l'enquête à l'époque devait se pencher sur le cas de toute une série de délinquants; or, le déploiement des ressources revêt une importance capitale dans une telle enquête.
Nous nous demandons si le nombre d'agents de police est suffisant. Il ne l'est probablement pas. Certains parmi nous souhaiteraient qu'il y ait un policier pour chaque citoyen respectueux des lois, ce qui empêcherait tout le monde de commettre à jamais un acte criminel, mais, bien entendu, c'est là une chose qui n'arrivera tout simplement jamais.
Pour parler de l'affaire Holly Jones, permettez-moi de faire valoir un point particulier. En très peu de temps, les policiers ont pu se limiter à une soixantaine de délinquants, 60 délinquants éventuels, qui avaient une adresse enregistrée dans la zone entourant immédiatement celle où Holly Jones a été retrouvée. Les policiers ont pu éliminer ces suspects-là dans les heures suivant la découverte du corps de Holly Jones et affecter immédiatement les ressources à des aspects plus productifs de l'enquête et, au bout du compte, l'enquête a bel et bien débouché sur l'arrestation, l'accusation et la condamnation de celui qui l'avait enlevée et tuée.
C'est le genre d'information dont tous les corps de police devraient pouvoir disposer, qui devrait leur être accessible à tous. Si nous pouvions renforcer le registre national, le muscler comme il faut, élargir la base de données sur les délinquants sexuels condamnés comme tels, ceux dont nous savons qu'ils ont commis des infractions graves, si nous pouvions connaître leurs adresses et avoir la certitude qu'ils résident à l'adresse donnée... Le suivi de l'enregistrement est une caractéristique importante du volet d'exécution de la loi. Les services de police doivent s'acquitter de cette tâche en Ontario. Une fois les renseignements sur un délinquant enregistrés, il y a un suivi qui s'applique. quelqu'un va cogner à la porte pour s'assurer que, oui, c'est bien la bonne adresse et que la personne est là. Une fois les renseignements vérifiés et mis à jour, ils peuvent jouer un rôle extrêmement important dans le cadre d'une enquête sur une infraction quelconque de nature sexuelle.
Des renseignements exacts qui sont à jour et qui ont été vérifiés, voilà un élément qui, selon moi, devrait être transféré du registre provincial à une révision nationale. J'ose croire aussi qu'il faudrait davantage de transparence dans la relation entre les deux. Les responsables du registre ontarien devraient pouvoir échanger librement des renseignements entre leur base de données et la base de données fédérale. C'est une situation qui a donné lieu à de graves problèmes dans le passé.
Je ne suis pas certain d'être la personne qui devrait traiter des modifications qu'il faudrait transférer du modèle ontarien très réussi au modèle fédéral. Je dirais tout de même, si vous le permettez...
J'apprécie au plus haut point la manifestation physique des diverses perspectives auxquelles nous avons droit aujourd'hui. J'ai entendu parler de manière légitime de l'application régulière de la loi, de la protection de la vie privée et des horreurs particulières vécues par les victimes des infractions dont il est question. À mes yeux, ce sont tous des points de vue importants qui viennent alimenter ainsi la discussion, aux côtés du point de vue policier que nous avons entendu mardi.
Au départ, je tiens à adresser mes plus sincères condoléances aux Stephenson.
Je veux commencer en posant une question sur le représentant de la police que nous avons entendu mardi. Si j'ai bien compris, selon les représentants de la police, les infractions de nature sexuelle comportent des aspects précis et uniques. Entre autres, il y a le besoin de procéder rapidement. Selon eux, lorsqu'un enfant est enlevé par un agresseur sexuel, les possibilités qu'il soit tué dans les 24 premières heures sont très élevées. Il y a une urgence particulière qui semble être associée à l'enquête sur ce genre d'infractions. Deuxièmement, très souvent, ont-ils pu dire, que ce soit découvert ou non, ce sont de multiples infractions qui sont en cause. Les représentants de la police semblent donner à entendre que là où ils mettent la main sur un délinquant, même un délinquant dont c'est la première infraction, les probabilités qu'il ait déjà commis l'acte en lui-même de nombreuses fois, mais sans se faire prendre, sont très élevées.
Je me demande ce que vous en pensez. Si vous admettez cela, croyez-vous que les aspects particuliers que je viens d'évoquer justifient que le Parlement adopte une approche plus robuste pour veiller à ce que, pour ces raisons-là, le registre soit renforcé?
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Merci, monsieur le président.
Merci au groupe de témoins d'être là.
J'ai écouté très attentivement ce qui a été dit et je dirais que je partage certaines des idées de M. Oliphant.
J'ai certainement eu affaire à plusieurs délinquants et j'ai aussi eu affaire à plusieurs victimes. À aborder le problème de tous les points de vue possible, je crois que nous avons laissé tomber la société un peu en laissant entendre que nous avons un système efficace. Nous l'avons entendu dire très clairement, et M. Davies a souligné où cela a été dit dans les témoignages.
Madame Bethell, vous avez parlé d'un baiser à une fête de bureau bien arrosée. Cela ne donnerait pas lieu à une condamnation pour une infraction de nature sexuelle. Nous devons nous assurer de comprendre ici que nous avons affaire à des gens qui sont accusés et condamnés pour avoir commis une infraction sexuelle.
J'ai écouté certaines des préoccupations qui ont été soulevées et je comprends ce que vous dites, mais, monsieur Baggaley, je crois que vous devez admettre que quiconque a été condamné pour avoir commis une infraction sexuelle, de manière générale, a déjà vu son nom publié dans la presse et, souvent, le public pouvait utiliser Google pour le rechercher. Que peut-il bien y avoir de mal à ce que les organismes de police aient accès à ces renseignements dans un système centralisé, où ils peuvent les consulter?
Le programme ne sera visiblement inefficace si nous n'y mettons pas les bons renseignements. Par exemple, l'immatriculation du véhicule. Je crois que vous admettez cela. L'immatriculation des véhicules se trouve maintenant dans le système.
Qu'y aurait-il de mal à assembler ces informations-là? Les personnes condamnées pour les infractions sexuelles en question ont vu prendre leurs empreintes digitales et ont été photographiées. Qu'y aurait-il de mal à ajouter certains renseignements au registre pour que la police puisse mieux faire enquête sur les affaires de cette nature?
Et ce sont des affaires graves. Lorsque nous accueillons des gens comme les Stephenson, qui ont vécu une telle expérience, je ne sais pas comment nous pouvons dire aux Canadiens que nous essayons de les protéger en gardant secrètes des informations qui ont déjà été rendues publiques. Je regarde le scénario dans son ensemble et je conclus que, parfois, nous jetons des ponts — je crois que M. Stephenson a donné un exemple particulièrement frappant — nous créons un système où les renseignements ne sont pas suffisants, et ça ne fonctionnera pas.
Je crois que tous les policiers qui sont venus témoigner mardi l'ont affirmé, les systèmes en place ne coûtent pas très cher. Cela ne nous dérange pas, du point de vue fédéral, de consacrer de l'argent à d'autres registres plus ou moins douteux. Pourquoi refuser d'élargir cela et donner au milieu policier des outils efficaces pour aider nos familles, dans de nombreux cas, et en arriver plus rapidement au dénouement?
Pourriez-vous nous expliquer pourquoi, sous le régime de la loi actuelle en matière de vie privée, il ne conviendrait pas d'améliorer le registre en y intégrant des informations qui sont déjà connues?
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Eh bien, permettez-moi de formuler quelques observations.
Premièrement, comme je crois l'avoir donné à entendre, nous ne sommes pas venus préconiser l'élimination du régime; nous ne disons donc pas qu'il faut se défaire de ce registre.
Pour être tout à fait franc, à notre bureau, nous nous soucions aussi de la quantité d'information accessible sur Internet, de la quantité d'information générée par les tribunaux administratifs, de l'information très délicate sur les personnes. Tout de même, il existe une différence entre le fait pour un journal de signaler un acte criminel qui a été commis ou la condamnation d'une personne, avec les gens qui finissent par oublier, et par exemple, le genre de régime qu'il y a aux États-Unis, où les informations sont affichées sur un site Web.
Vous savez, il y a eu ce jeune homme de la Nouvelle-Écosse qui est allé tuer deux personnes dans l'État du Maine.
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Bonjour, monsieur. Merci beaucoup d'avoir formulé ces observations-là. Je m'appelle Lisa Campbell.
Notre point de vue, c'est que le droit à la vie privée est inscrit dans la Constitution, ce dont il faut se rappeler. Même après avoir été condamnés pour une infraction très grave, les gens ont encore certains droits. Il est dans notre intérêt, en tant que société, de nous assurer que leurs droits de par la loi sont protégés aux fins de leur réadaptation.
Je suis d'accord avec vous, et avec les Stephenson soit dit en passant, pour dire que s'il est question d'établir un système comme celui-là, organisons-nous pour que ce soit efficace. Il faut utiliser efficacement les renseignements personnels qui sont rassemblés. Vous soulevez un bon point, soit que la majeure partie des renseignements dont il est question existent déjà dans d'autres bases de données. Notre point principal à nous, dirais-je, et je crois que c'est celui des Stephenson aussi, c'est qu'il faut chercher à voir empiriquement si ça fonctionne bien en ce moment, avant d'apporter d'autres modifications.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens d'abord à remercier les témoins d'avoir abordé de manière intelligente et sensible un sujet qui est très difficile, très délicat. En particulier, je tiens à remercier les Stephenson de tout le travail qu'ils ont accompli. C'est tout un hommage qui est ainsi rendu à votre fils, tout ce que vous faites, et c'est vraiment remarquable. Je vous remercie d'être venus témoigner aujourd'hui.
Je veux soulever un point avant de poser les questions que je souhaite poser, étant donné que nous ne pouvons pas vraiment nous pencher là-dessus aujourd'hui. Il y a une chose qu'il faut souligner entre autres, car je dois dire que je suis tout à fait en faveur de l'idée d'un registre des délinquants sexuels, et voici ce dont il s'agit: à mon avis, il importe de ne pas en faire une panacée, de voir que le registre en lui-même ne va pas régler le problème. Nous parlons souvent d'application de la loi, mais je crois que nous ne passons pas suffisamment de temps à parler de prévention ou de réadaptation. Je crois qu'il y a là un grand échec, dans un domaine où nous devons nous renforcer. Lorsqu'il est question d'application de la loi, je crois qu'il importe de garder cela à l'esprit.
Quant aux données, j'essaie de regarder ce qu'il en est de l'exemple ontarien, où les renseignements s'ajoutent automatiquement, par opposition à une démarche où c'est la magistrature qui décide. Madame Bethell, l'exemple que vous avez donné me fait penser à du harcèlement sexuel et non pas à une infraction sexuelle telle que cette dernière est définie comme exemple en Ontario. L'Ontario s'est donné une définition très précise de l'infraction sexuelle qui n'engloberait certainement pas l'exemple que vous avez donné.
Je me soucie de ce qu'un si grand nombre de personnes soient exclues du système, et ce registre, qui n'est pas diffusé publiquement, est conçu pour les policiers. Je me pose quand même des questions, étant donné qu'il y a, en ce moment, sous le régime fédéral, plusieurs questions épineuses sur lesquelles il est difficile de se fixer. Par exemple, en ce moment, parmi les infractions prévues dans le registre fédéral, il y a l'intrusion de nuit ou l'introduction par effraction. Je présume qu'il est entendu que si vous vous introduisez quelque part par effraction en vue de commettre une infraction sexuelle, vous allez vous retrouver dans le registre. Il n'y a pas cela dans la loi provinciale.
Il me semble que la province a adopté un point de vue très étroit sur la question et que la loi fédérale a une portée beaucoup plus grande. C'est peut-être la raison pour laquelle ce n'est pas automatique. Si je procédais comme on le fait en Ontario, c'est-à-dire que je dresse une liste plus restreinte d'infractions et que je dis que l'enregistrement sera automatique, cela aurait-il pour effet de soulager certaines des préoccupations que vous avez — sinon, y a-t-il une façon d'aborder de tels cas pour nous assurer de « retenir » les bons? Je suis d'accord pour dire que le système passe à côté de bien des cas. Personnellement, je ne crois pas qu'il s'agirait ici du cas de quelqu'un qui embrasse quelqu'un d'autre à une fête de bureau.
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Oui, j'y arrivais. En ce moment, les infractions désignées aux fins du registre national des délinquants sexuels englobent, comme vous le dites, toute une série d'infractions différentes. Je réagissais simplement à votre observation, soit qu'une agression sexuelle fait en sorte que l'agression sexuelle se retrouverait dans le registre national des délinquants sexuels.
Je connais beaucoup moins la loi ontarienne; je crains donc de devoir parler seulement de généralités. C'est peut-être là une façon de concilier les éléments contradictoires, à mes yeux, de ne pas ratisser de façon si large qu'on finit par englober toutes les infractions et toutes les variantes d'agressions. C'est là une possibilité. Par contre, je crois qu'il existe d'autres façons de rendre le registre national des délinquants sexuels plus efficace, sans le rendre obligatoire. Par exemple, certains des membres du conseil, qui se trouvent partout au pays, m'ont dit qu'une façon possible d'améliorer le registre consisterait peut-être à énumérer les facteurs qu'un juge peut prendre en considération au moment de décider d'inscrire un délinquant dans le registre. En ce moment, il n'y a pas de liste. Le juge peut tenir compte de toutes sortes de facteurs. C'est un pouvoir discrétionnaire qu'il exerce, et il lui appartient de décider. C'est peut-être une bonne chose, mais une des critiques formulées à l'égard de la loi, c'est qu'elle n'est pas appliquée de façon uniforme. Dans un cas particulier, un juge peut tenir compte d'un certain nombre de facteurs, alors que, dans un autre, il peut exclure les mêmes facteurs.
Plutôt que de se donner une liste de facteurs dont il faut obligatoirement tenir compte, il serait possible, entre autres, de conserver la liste des infractions désignées, mais d'énumérer les facteurs que le juge peut prendre en considération au moment de déterminer si le délinquant doit se trouver oui ou non dans le registre.
Et merci aux témoins d'être venus comparaître ce matin. Nous avons entendu de très bons témoignages.
Hier soir, tandis que je prenais la deuxième partie de mon souper, à mon appartement, j'ai eu envie d'une gâterie pour l'esprit. Bon, je n'ai rien trouvé à me mettre sous la dent, car, à la télé, il y avait une de ces émissions policières dont les gens raffolent. Le thème en était justement le sujet de notre audience aujourd'hui.
Cette semaine, nous avons entendu le témoignage de policiers, puis, ce matin, bien entendu, nous donnons suite à cela et nous nous attachons à certaines questions. À mon avis, il n'y a personne — qu'il s'agisse d'un policier, d'un avocat de la défense, d'un poursuivant, d'un juge ou même d'une victime, tant qu'à y être — qui voudrait que sa vie personnelle et privée soit exposée au point où elle n'existerait plus. Mais ce n'est pas là le but du registre, autant que je sache.
Nous ne voulons pas non plus limiter la capacité pour les juges d'exercer leur pouvoir discrétionnaire. Par contre, selon bien des gens — et je crois que M. Stephenson fait partie du nombre —, l'exercice de ce pouvoir discrétionnaire en est au point où les besoins de l'accusé l'emportent sur les besoins de la société et de la victime. Nous mettons tant de soucis et tant d'efforts à nous assurer que la personne qui a commis l'acte criminel — et, dans le cas qui nous occupe, il s'agit d'une personne qui vient d'être condamnée; il ne s'agit donc pas de quelqu'un qui n'est qu'accusé, c'est quelqu'un qui a été condamné — que nous finissons par oublier le but de l'exercice.
Ce programme comporte des similitudes avec ce que la police a affirmé. Premièrement, les quelques premières heures de l'enquête revêtent une importance capitale. Il y a le baiser à la fête de bureau et tout cela. Je vais y faire allusion, puis je vais demander aux Stephenson de commenter la question. Tout de même, les quelques premières heures revêtent une importance capitale quand il s'agit de trouver la personne qui a été enlevée et qui sera agressée sexuellement. Les quelques premières heures revêtent une importance capitale, et la raison d'être du registre, c'est de servir d'outil de travail à la police.
Lorsque nous parlons de l'efficacité du registre, il faut penser qu'il n'est pas vraiment conçu pour résoudre les affaires criminelles; il est conçu pour aider la police à retrouver les quelques individus qui sont peut-être à l'origine du crime, puis de résoudre l'affaire. Ce n'est qu'un élément de l'équation. De cette façon-là, j'imagine qu'il est très difficile de quantifier la chose. Il est très difficile d'affirmer dans quelle mesure le registre est utile, si ce n'est en demandant aux gens qui s'en servent et qui se chargent des enquêtes.
Or, leur témoignage nous mène à quelques conclusions: le temps est capital; plus on est renseignés sur les personnes condamnées... sur leurs habitudes, leurs préférences sexuelles, leurs appétits sexuels, mieux l'enquête ira; et, bien entendu, il est très important de savoir où ils vivent, étant donné que c'est lié à l'endroit où l'infraction s'est produite et ainsi de suite. Et puis, bien entendu, il y a les psychologues que vous pouvez charger d'établir un profil criminel.
Ma question aux Stephenson est la suivante. Je ne veux pas que vous abordiez la chose d'une façon qui serait difficile pour vous sur le plan émotif; je voudrais que vous parliez plutôt du système que vous aimeriez voir. Il semble que ce serait un système semblable à celui de l'Ontario, avec quelques éléments améliorés.
D'après votre expérience et d'après les affaires semblables, que vous avez examinées, j'en suis sûr, croyez-vous que le résultat aurait été meilleur si le système avait été meilleur? J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
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Je répondrai tout de suite que oui, selon moi, il y aurait certainement eu un résultat très différent. Dans notre cas à nous, Christopher a été enlevé au centre commercial, où il s'était rendu avec sa mère et sa jeune sœur; le délinquant l'a enlevé au centre commercial pour l'amener chez lui. Il s'est trouvé chez le délinquant contre sa volonté, pendant 36 heures environ, à une adresse, à un endroit qui se trouve probablement à un pâté de maisons de notre résidence à ce moment-là, qui demeure notre résidence à ce jour.
Au bout de la période de 36 heures en question, l'agresseur, l'homme qui l'a tué, a décidé qu'il n'avait pas d'autre choix, s'il ne voulait pas aller en prison, que de mettre fin à la vie de Christopher, pour empêcher Christopher de témoigner contre lui ou de jamais l'identifier même pour qu'il soit arrêté. C'était sa façon de procéder, justement.
Si cela se produisait aujourd'hui, avec le registre des délinquants sexuels qu'il y a en place en Ontario — registre dernier cri pouvant servir de modèle aux autres administrations —, le résultat serait très différent. Le temps est capital pour les enquêtes de ce genre, et les policiers étaient sur les lieux trois minutes environ après l'enlèvement de Christopher. Ils sont intervenus très rapidement, mais ils n'avaient pas beaucoup d'informations à partir desquelles procéder. Ils n'avaient pas d'information sur les délinquants sexuels qui vivaient au sein de la localité, même si, sur l'ordre de l'établissement au moment de sa mise en liberté, Fredericks — qui a enlevé et tué Christopher — avait fait enregistrer son adresse auprès des services policiers, comme il devait le faire. Les policiers n'avaient pas accès à cette information-là. Ça ne se trouvait pas dans une base de données. Ça se trouvait à la station de police locale où il a fait enregistrer ses renseignements, et uniquement là. Essentiellement, c'était noté dans un cahier d'écolier. C'est là que se trouvait l'information.
Aujourd'hui, nous avons une base de données avec soutien informatique qui n'a pas son pareil. Il n'y a pas de comparaison à faire entre les deux situations. Aujourd'hui, les policiers appelés à intervenir au centre commercial auraient accès immédiatement à l'information; quelques minutes plus tard, ils auraient en main une liste des délinquants sexuels connus, des agresseurs d'enfants. Fredericks avait été condamné pour une agression sexuelle sur un jeune garçon dans la même ville, trois ans avant d'avoir enlevé et tué Christopher. Il avait donc un casier judiciaire, et cette information-là aurait été accessible aux policiers.
J'ai dit que Christopher a été gardé prisonnier pendant 36 heures. Certes, l'intervention policière aurait eu lieu bien avant 36 heures, et cela aurait fait une différence incalculable pour sa mère et pour moi.
Ma réponse à cette question-là, c'est que je ne sais pas quelles infractions ou quels actes criminels le registre permettrait de prévenir ou de résoudre. D'après le peu que je sais du registre, et ce n'est pas énorme, il n'y a pas encore de preuves empiriques de son fonctionnement pour une infraction quelconque. Je n'entends pas par là qu'il ne pourrait pas fonctionner; il est très possible qu'il fonctionne, et je suis ouverte à cette idée-là. Simplement, c'est que pour être sûre de nous conformer aux principes de justice fondamentale au moment d'adopter des lois, il faut éviter les objectifs trop larges et comprendre le problème que la loi est censée permettre de régler. A-t-on la preuve qu'une solution particulière permettra de régler ce problème-là? Je n'ai pas vu de telles preuves. Je suis ouverte à l'idée. J'espère que le registre permettra de régler certains problèmes, mais je me demande où trouver des éléments d'information qui permettent de voir qu'il pourrait le faire ou qu'il le fera.
Cela est vrai, si c'est la première infraction que la personne commet, le registre ne permettra pas de la retrouver, étant donné qu'elle n'a pas encore été condamnée. Le registre renferme seulement des renseignements sur les personnes qui ont déjà été condamnées; il s'agit donc de récidive et non pas de l'idée générale de l'infraction.
Bien entendu, comme nous le savons, la grande majorité des infractions sexuelles touche des personnes qui se connaissent. Les cas horribles et tragiques où c'est un étranger qui commet l'infraction, de fait, sont rares. Je n'entends pas du tout par là que nous ne devrions pas être des plus alertes et faire tout ce qu'il faut pour prévenir une telle situation, mais, encore une fois, il faut garder une certaine perspective par rapport à ces choses et songer au taux de fréquence des cas de ce genre, par rapport aux genres de solutions que nous concevons pour régler le problème.
Ce que vous soulevez est très important. Quel est le but de la loi? Comme Mme Bethell l'a dit, un nombre important d'infractions sexuelles mettent souvent en cause des gens qui se connaissent, et ces infractions se produisent dans des situations domestiques. Elles sont souvent commises par de jeunes personnes qui ne commettront pas d'autres infractions au cours de leur vie.
On a entendu dire plus tôt que la loi ontarienne vise un nombre plus restreint d'infractions. Et le but de cette loi est effectivement d'aider la police lorsqu'il y a infraction.
Par contre, la loi fédérale, qui a la discrétion, comprend une gamme plus large d'infractions, des infractions que des gens commettent peut-être avant de commettre des infractions plus sérieuses, comme celle qu'ont connue les Stephenson.
Ça dépend de ce que vous voulez faire: voulez-vous aider la police à prévenir des crimes sérieux ou voulez-vous l'aider à éliminer des suspects lors de l'enquête? Voilà la distinction entre les deux modèles.
L'actuel modèle fédéral pourrait également aider à prévenir des infractions sérieuses, mais tout en respectant les droits privés des personnes impliquées. Cela répond-il un peu à votre question?
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Merci, monsieur le président.
À tous les témoins, je dis: merci beaucoup.
Je tiens à vous remercier particulièrement, vous, monsieur et madame Stephenson, d'êtres venus raconter votre histoire et avec une telle flamme.
Certaines des observations du Commissariat à la protection de la vie privée me troublent quelque peu; je vais donc aborder cette question-là en premier.
Monsieur Baggaley, j'admets la prémisse selon laquelle la société — et nous-mêmes, en tant que parlementaires — doit concilier la question de la vie privée et la valeur que peut apporter pour la société un registre des délinquants sexuels. Je vous inviterais tout de même à songer au fait que, dans la mesure où vous décidez de limiter la portée d'un tel registre, par la définition qui est donnée dans la loi, ça devient en quelque sorte une prophétie qui s'exauce.
Maintenant, certains ont affirmé que le registre ontarien est plus efficace parce qu'il est plus exclusif et que, par définition, le registre national est donc moins efficace parce qu'il est moins restreint. Êtes-vous d'accord avec ma prémisse: si vous limitez à ce point la portée du registre... ou si vous en faites une chose facultative, qui dépend du discernement du juge, par la définition même qui est donnée, vous allez cibler moins de délinquants?
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Avant de traiter de cette question-là, je vais formuler une autre observation. Je suis absolument ahuri devant toute l'attention qui est accordée au scénario du baiser à la fête de bureau. Nous parlons de la Loi nationale sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, qui prévoit une panoplie d'infractions, d'infractions sexuelles, allant de l'homicide au baiser au cours d'une fête de bureau. La majorité des infractions qui donnent lieu à une condamnation s'inscrivent très facilement dans ces limites-là, et il est proprement ahurissant de constater tout le temps que nous avons accordé ce matin à une discussion qui vise à savoir si l'auteur d'un baiser à une fête de bureau devrait se retrouver ou non dans le registre.
Cela dit, tout de même, à l'époque où le registre ontarien en était à l'étape de la conception, on nous a demandé à nous si l'information en question devrait être rendue publique. Le conseil que nous avons donné, c'est: non, il ne faut absolument pas rendre cela public. La dernière chose qu'il faut, c'est de mettre des renseignements sur les délinquants qui ont peut-être, oui ou non, commis une infraction particulière faisant l'objet d'une enquête entre les mains du public, et particulièrement les membres affligés de la famille qui pourraient décider de se faire justice eux-mêmes et poser un acte qu'ils regretteraient et que la société regretterait plus tard.
J'aimerais parler aussi des registres qui existent ailleurs. On dirait que c'est une chose que quelqu'un a lancée comme ça. L'idée qui semblait être restée, c'est que le registre ontarien, par rapport aux autres registres, aux États-Unis, ne donne pas aux forces policières le même pouvoir d'enquête. J'ose croire que le modèle ontarien est le sommet en la matière, comme je l'ai dit pendant mon exposé. Aux États-Unis, les registres des diverses administrations sont variables, allant du simple renseignement noté dans un registre sur papier à différentes stations de police centrale aux modèles informatiques semblables à celui de l'Ontario, en passant par le cahier d'écolier qui finit par disparaître ou que l'agent apporte chez lui.
Il ne faut donc pas comparer des pommes et des oranges et, à mon avis, si nous nous penchons sur le degré de succès ou d'insuccès des modèles appliqués aux États-Unis pour nous évaluer ici au Canada, c'est un peu une erreur que nous faisons. Et nous sous-évaluons ici la capacité d'un modèle qui est fondé sur des connaissances très actuelles en informatique et qui est énergique et proactif. Les administrations en question aux États-Unis ne peuvent affirmer qu'elles ont un modèle semblable pour améliorer leurs enquêtes.
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Premièrement, je voudrais adresser mes plus sincères condoléances aux Stephenson.
Pour aborder le sujet de notre séance aujourd'hui, selon moi, nous devons nous donner le système le plus fort possible, compte tenu des questions relatives à l'équité et à la protection des renseignements personnels, mais, malheureusement, nous nous réunissons sept mois après le moment où les modifications ont été adoptées. La plupart des membres de notre comité en conviendront, je crois, au moment où le projet de loi S-3 a été proposé et adopté sous la direction des Conservateurs, plusieurs difficultés ont été laissées en suspens. J'aimerais traiter de ces difficultés-là et de la meilleure façon pour nous de mettre au point un système qui privilégierait davantage la prévention.
Nous avons discuté de la question de l'inclusion obligatoire, d'un enregistrement d'office, du recours proactif au système, pour que les forces policières puissent essayer de trouver les gens qui ont été enlevés, par exemple.
Pour ce qui est d'identifier les gens, je suis tout à fait étonné de savoir que, suivant les modifications adoptées, il n'y a pas la possibilité d'émettre des mandats ou de publier le nom des personnes dont les renseignements ne sont pas enregistrés, comme on était censé le faire. Je ne comprends pas non plus pourquoi on n'a pas décidé d'utiliser les renseignements qui se trouvent sur les plaques d'immatriculation des véhicules.
J'essaie d'envisager une façon de régler les problèmes qui ont été ainsi laissés en suspens, au moment où les Conservateurs ont adopté les modifications en question il y a sept mois.
Je m'adresserai d'abord aux Stephenson. Vous dites que le système ontarien est ultraperfectionné, et je sais qu'il est nettement meilleur que le système fédéral; je vous demanderai donc en premier lieu si, à votre avis, il existerait des façons d'améliorer le système ontarien, pour que nous puissions en tenir compte au moment d'agir ici.
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J'adresse ma question au commissaire à la protection de la vie privée. Dans votre mémoire, vous faites l'observation suivante: « Il pourrait y avoir des moyens d'accroître l'efficacité du régime, notamment par des ressources accrues ou la modification de procédures qui amélioreraient l'efficacité de la loi et rehausseraient sa valeur, sans pour autant le rendre plus envahissant. » Quand je lis le passage « sans pour autant le rendre plus envahissant », je comprends: ne prévoyez pas l'inscription obligatoire des renseignements et ne remédiez pas à tous ces problèmes différents.
Que ce soit de vive voix aujourd'hui ou par écrit à un moment donné, j'aimerais que vous me disiez ce qu'il faudrait faire pour améliorer le système, pour qu'il soit le plus fort possible, sans violer le droit à la vie privée dont vous êtes responsable. C'est une question que je veux aborder.
Je vais proposer un autre compromis. Si la loi est renforcée, et je ne vais pas proposer ce qu'il faudrait y inclure, mais si elle est renforcée de manière à mieux régler certains des problèmes qui se présentent, qu'en est-il d'un compromis possible? En ce moment, l'article 17 de la loi prévoit des sanctions en cas d'usage abusif de l'information. Une façon qui est proposée pour renforcer peut-être la loi, et j'aimerais savoir ce que vous en pensez, serait de renforcer encore cette mesure-là, pour vraiment dissuader quiconque d'utiliser abusivement les informations, tout en renforçant la loi pour qu'elle soit mieux adaptée au travail de prévention.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Nous ne sommes pas convaincus que ce serait forcément plus efficace, à moins de croire pour une raison ou une autre qu'il y a actuellement un problème d'usage abusif de l'information. De notre point de vue à nous, l'intrusion dans la vie privée tient non pas à l'usage abusif des renseignements qui se trouvent dans le registre, mais plutôt à la collecte de renseignements sur la personne, la surveillance de la personne. C'est pourquoi nous affirmons qu'il faut concilier les éléments contradictoires, et une façon de le faire consiste à évaluer l'efficacité du registre.
Quant à savoir comment le rendre plus efficace, la question des ressources ouvre une possibilité. Je soupçonne que l'une des difficultés que pose le régime réside dans le fait que c'est un régime national et non pas un régime fédéral, qu'une bonne part du travail quotidien relève non pas de la GRC, mais plutôt de forces policières locales. Vraisemblablement, vous aurez de la difficulté à obtenir qu'elles coopèrent ou qu'elles jouent un rôle plus actif à cet égard.
Y a-t-il des façons de modifier le système pour que ce soit plus efficace? Si je comprends bien, un des problèmes survient lorsque l'année se termine et que l'individu n'a peut-être pas refait enregistrer ses renseignements; il n'y a pas alors de façon simple, avec le système, de déterminer qu'il a omis de le faire. Y a-t-il des façons de régler certains des problèmes sans s'immiscer davantage dans la vie privée des gens?
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais dire moi aussi aux Stephenson qu'aucun d'entre nous ne parviendra jamais à saisir ce que vous avez vécu. Le courage et la sagesse dont vous faites preuve en prenant publiquement la parole à ce sujet sont des plus éloquents.
Je tiens à remercier aussi les auteurs des autres exposés: vous avez offert un point de vue très contrasté sur la question et sur la protection des auteurs des actes en question.
À mon avis, la sécurité publique est une question qui a cours chaque jour, chaque seconde, chaque heure. La question du registre des délinquants sexuels me rappelle l'affiche — c'est une photo, en fait — dont se servent les pompiers pour promouvoir l'usage des détecteurs d'incendie en état de fonctionner. Nous l'avons vu, bon nombre d'entre nous. C'est un pompier qui est debout devant une maison brûlée, qui tient le corps brûlé d'un bébé. Il est question d'un détecteur d'incendie qui ne fonctionnait pas — dans lequel il n'y avait pas de piles. On trouve ça bien beau et on se sent en sécurité, mais, de fait, on a l'impression d'être en sécurité sans que ce soit vraiment le cas.
J'adresse ma question à quiconque voudra bien répondre: j'ai été choqué d'apprendre que 50 p. 100 des personnes condamnées, peut-être en raison du pouvoir judiciaire discrétionnaire — et je crois que c'est M. Stephenson qui en a parlé — ne se retrouvent pas dans le registre au bout du compte.
Pourriez-vous nous en parler davantage, monsieur Stephenson? Sinon, quelqu'un d'autre souhaiterait-il expliquer cela?
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Si vous le permettez, j'aime toujours avoir le dernier mot, et comme vous m'avez invité...
Un des soucis qu'il y a, c'est le coût du registre, ce qu'il en coûte pour le maintenir et l'administrer, et de savoir s'il vaut mieux pour la société d'investir l'argent en question dans des programmes de prévention ou de traitement.
J'ai déjà eu cette discussion-là avec des policiers. J'ai eu cette discussion-là avec des délinquants dans des établissements, délinquants qui sont là parce qu'ils ont été condamnés pour une infraction sexuelle et qui comprennent que le registre des délinquants sexuels rappelle aux délinquants sexuels que quelqu'un les surveille. Et si ce n'est pas là une prévention suffisante, je ne saurais quoi proposer d'autre. Certes, des délinquants sexuels condamnés comme tels m'ont confié — et je sais qu'ils peuvent être manipulateurs, mais je crois qu'ils ont été sincères au moment de faire cette confidence-là — qu'ils apprécient beaucoup le fait d'être tenus de s'enregistrer. Ils savent qu'il va y avoir un policier qui va cogner à la porte pour vérifier leur adresse et vérifier qu'ils ne s'installent pas dans un bloc d'appartements plein d'enfants de moins de 8 ans ou de moins de 14 ans. C'est une sorte de dérivé préventif de l'exercice, un dérivé très utile du registre des délinquants sexuels, qui, à mon avis, n'était pas prévu au moment où le régime a été conçu et mis en place.
Voilà pour ma dernière observation.