:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je me réjouis de cette occasion de discuter avec vous du programme de dépenses du gouvernement pour le portefeuille de la sécurité publique tel qu'il a été présenté au Parlement dans le Budget principal des dépenses.
Je suis accompagné aujourd'hui de toute une pléiade de hauts fonctionnaires rattachés au portefeuille de la sécurité publique. Il s'agit de Mario Dion, le président de la Commission nationale des libérations conditionnelles; Marc-Arthur Hyppolite, qui est sous-commissaire principal de Service correctionnel Canada; Stephen Rigby, président de l'Agence des services frontaliers du Canada; Myles Kirvan, sous-ministre délégué de la Sécurité publique; James Judd, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité et William Sweeney, sous-commissaire principal de la Gendarmerie royale du Canada.
Je dois partir à 10 h 30 ainsi que le sous-ministre délégué mais, sauf erreur de ma part, je crois que les autres personnes pourront rester pour répondre à vos questions pendant la dernière demi-heure.
[Français]
Le Budget principal des dépenses 2009-2010 pour le portefeuille de la sécurité publique est de 7,3 milliards de dollars, ce qui représente une augmentation modeste de 0,5 p. 100 par rapport au budget de l'exercice précédent. Sous réserve de l'approbation du Parlement, le gouvernement du Canada utilisera ces fonds pour financer des programmes visant à protéger la sécurité des Canadiens et pour poursuivre les efforts mis en branle, il y a trois ans, pour accroître la sécurité dans les rues et les collectivités pour l'ensemble des Canadiens et des Canadiennes.
Vous pouvez d'ailleurs obtenir plus de renseignements au sujet de nos priorités dans les rapports sur les plans et priorités présentés au Parlement le 26 mars dernier.
[Traduction]
Ce budget principal des dépenses reflète la décision que le gouvernement a prise d'investir cette année dans des nouvelles mesures pour améliorer la sécurité publique. Il s'agit notamment du renouvellement de la Stratégie nationale pour la prévention du crime, des responsabilités fédérales à l'égard de la sécurité des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010, de la poursuite de la transformation des services correctionnels et de ressources supplémentaires pour permettre à la GRC de s'occuper de priorités comme la drogue et la sécurité aux frontières.
[Français]
Le Budget principal des dépenses tient également compte des investissements du gouvernement dans la sécurité publique depuis 2006.
Depuis son entrée au pouvoir, le gouvernement a versé des montants considérables pour améliorer la sécurité frontalière, la préparation aux urgences et la prévention du crime chez les jeunes, ainsi que pour l'embauche de 1 500 nouveaux agents de la GRC et la réforme du Service correctionnel.
[Traduction]
Depuis 2006, les budgets ont investi dans des programmes visant à protéger les enfants contre leur exploitation sexuelle sur Internet, financé la Stratégie nationale antidrogue et établi des fonds pour permettre aux provinces d'embaucher davantage de policiers. L'effet cumulatif de ces investissements est qu'il y a davantage de policiers dans les rues, que la prévention de la criminalité reçoit plus d'attention, que nous sommes plus sévères contre les bandes criminalisées et les crimes reliés à la drogue ou perpétrés avec des armes à feu et que nous venons de légiférer pour renforcer les peines punissant un grand nombre de ces infractions.
[Français]
On est en train de transformer le système correctionnel fédéral et de renforcer les capacités du Canada en matière de sécurité nationale. On a également renforcer la frontière en la rendant plus efficace et plus sécuritaire. Il y a de quoi être fier de toutes ces réalisations.
[Traduction]
La sécurité et l'intégrité des frontières du Canada demeurent une priorité importante pour le gouvernement. Ce budget des dépenses accorde un financement supplémentaire à l'Agence des services frontaliers du Canada pour ses activités de base, la sécurité aux frontières et la sécurité aux Jeux olympiques. En fait, le gouvernement va investir 345 millions de dollars au cours des quatre prochaines années pour que l'Agence des services frontaliers du Canada ait tout ce dont elle a besoin pour s'acquitter de son mandat. Cette semaine, j'ai eu le plaisir d'annoncer l'expansion des services financés par l'État offerts par l'Agence des services frontaliers du Canada dans les aéroports du pays.
[Français]
En ce qui concerne la GRC, le Budget principal des dépenses prévoit une augmentation de 48 millions de dollars du pouvoir de dépenser en 2009-2010. Plus encore, par l'entremise du Budget supplémentaire des dépenses (A), le gouvernement demandera un montant supplémentaire de 130 millions de dollars pour assumer la part fédérale des coûts liés aux Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 ainsi que pour prévoir d'autres affectations budgétaires pour les activités policières.
[Traduction]
Pour résumer, nous faisons une gestion prudente. Nous tenons nos engagements et nous veillons à ce que nos organismes aient les ressources voulues pour remplir leur mission.
Je crois que le comité a étudié la sécurité aux frontières depuis ma dernière comparution. Je voudrais vous parler de ma récente visite à Washington où j'ai rencontré des membres importants de l'administration Obama et du Congrès, notamment la secrétaire du Département de la sécurité intérieure des États-Unis, Mme Janet Napolitano et le procureur général, Eric Holder. Je leur ai rappelé que le Canada est l'ami le plus proche des États-Unis, leur allié le plus fiable et leur principal partenaire commercial.
[Français]
Dans le cadre de ma discussion avec la secrétaire Napolitano, nous avons convenu de rechercher les occasions de coopérer et de travailler ensemble en vue d'atteindre nos objectifs communs, soit de renforcer la sécurité et de développer le commerce. Nous avons également décider de nous rencontrer deux fois par année de manière officielle pour gérer les enjeux frontaliers.
[Traduction]
Ces réunions nous aideront à mettre des mesures en place ensemble. Elles augmentent notre sécurité et facilitent le commerce. Nous allons travailler à la mise au point d'initiatives permettant au Canada et aux États-Unis de mieux coopérer à l'égard des questions frontalières. Une de ces initiatives est le programme Shiprider. Nous avons parlé de la nécessité de conclure une entente cadre qui permettra aux deux pays de mettre en oeuvre ce programme sur une base nationale. Nous avons également convenu, une fois de plus, d'explorer la possibilité de mettre en place le précontrôle à la frontière terrestre.
[Français]
Plus tard ce mois-ci, je rencontrerai à nouveau la secrétaire Napolitano. Les discussions positives et constructives que j'ai eues avec mes homologues américains sont encourageantes. Selon moi, nous avons la possibilité de travailler avec le nouveau gouvernement américain pour faire bouger les choses et mettre au point des approches efficaces pour régler des problèmes communs.
[Traduction]
La sécurité nationale constitue une préoccupation importante pour notre gouvernement. Le terrorisme continue de causer des pertes dans les rangs des troupes canadiennes en Afghanistan. L'extrémisme et le terrorisme constituent une menace persistante dans le monde.
Le Canada a travaillé en collaboration étroite avec ses alliés pour combattre les menaces potentielles contre notre sécurité. Toutefois, je crois que les efforts concertés que nous avons déployés depuis 2001 ont été payants. Le risque reste réel et les incidents demeurent fréquents, mais je crois que le monde est un endroit plus sûr aujourd'hui. Les efforts collectifs du Canada et de ses alliés contre le terrorisme ont amélioré la situation.
Ici, au Canada, des poursuites ont été, pour la première fois, intentées avec succès contre un groupe de 18 extrémistes à Toronto. La condamnation récente ici, à Ottawa, de Momin Khawaja, est la première que nous ayons obtenue en vertu de la Loi antiterroriste du Canada. Cela témoigne des efforts fructueux de nos organismes de renseignement et d'application de la loi, mais nous rappelle également que la menace extrémiste et terroriste est bien réelle et que nous devons rester vigilants.
Un autre problème de sécurité nationale important est la sécurité cybernétique. Des attaques cybernétiques ont récemment été lancées contre l'Estonie et la Géorgie. Le récent rapport du Centre Munk de l'Université de Toronto n'est pas une surprise pour le gouvernement. Il ne se passe pas une seule journée sans que quelqu'un, quelque part dans le monde, n'essaie de s'introduire dans nos systèmes.
Notre gouvernement va continuer à travailler dans ce domaine. Nous allons unir nos efforts à ceux de nos alliés pour relever ce défi, un défi qui se transforme et grossit de jour en jour. Nous allons également inciter le secteur privé à s'attaquer sérieusement à ce problème, car cela représente une menace potentielle pour notre économie, notre sécurité et notre stabilité.
Avant de passer aux questions, en me préparant pour ma comparution ici aujourd'hui, je me suis rendu compte que lorsque je suis venu la dernière fois, j'ai donné une réponse que je dois rectifier. Une question m'a été posée, par M. Harris, je crois, au sujet d'une dépense de 1,142 millions de dollars dans le Budget supplémentaire des dépenses, pour le Partenariat pour la sécurité et la prospérité. J'ai répondu que c'était relié à la priorité sécurité qui fait partie des cinq priorités du Partenariat pour la sécurité et la prospérité et qui s'appelle Frontières intelligentes et sécuritaires. J'ai ensuite consulté les fonctionnaires et je vous ai dit que je m'étais trompé et que c'était, en réalité, pour le sommet de Montebello. Ma réponse initiale était, en fait, la bonne. Comme je m'en suis rendu compte hier soir, en examinant ces notes, je tenais à le préciser au comité afin que vous sachiez exactement ce qu'il en est.
Je sais que le comité a un emploi du temps très chargé et a beaucoup de dossiers à examiner. Je sais à quel point le mandat du comité touche un grand nombre de domaines. J'apprécie vos efforts. Mes collaborateurs et moi-même nous faisons un plaisir d'appuyer votre travail en comparaissant devant vous. J'apprécie les efforts considérables que le comité consacre à un vaste éventail de questions très importantes pour la sécurité des Canadiens.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions. Encore une fois, veuillez m'excuser d'avoir à partir à 10 h 30. J'espère que nous pourrons couvrir beaucoup de terrain d'ici là.
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Bien entendu, au gouvernement, nous choisissons toujours parmi nos priorités et nous le faisons notamment dans le cadre du processus d'examen stratégique. Nous cherchons à réaliser des économies là où c'est possible et à utiliser les ressources là où on en a le plus besoin. Les Services correctionnels ont fait un examen stratégique de ce genre l'année dernière et cela se reflète dans les chiffres actuels. C'est une des raisons pour lesquelles une augmentation qui semble relativement modeste est en réalité beaucoup plus importante dans les secteurs prioritaires que vous avez mentionnés. Des économies ont été réalisées dans d'autres domaines dans lesquels il y avait un manque d'efficience, ou les programmes ne fonctionnaient pas bien, afin de rediriger les ressources vers les secteurs beaucoup plus prioritaires.
Par exemple, sur le plan de la santé mentale, nous allons maintenant procéder à une évaluation de tous les détenus au cours des 90 premiers jours suivant leur entrée dans un pénitencier fédéral. Par le passé, nous ne soumettions tous les détenus à une évaluation psychiatrique à leur arrivée. C'est un nouveau programme qui sera mis en place. Je crois qu'il entrera en vigueur ce mois-ci dans l'ensemble du système carcéral. Par exemple, aucun programme n'était offert pendant cette première période de 90 jours, ce qui veut dire qu'en raison du raccourcissement général des peines de prison, les détenus bénéficiaient moins des programmes de traitement et de réinsertion.
Cet examen stratégique a permis de trouver de l'argent pour la mise en place de ce programme au cours des premiers 90 jours. La pertinence des programmes a également été réexaminée. Une attention particulière a été portée à la fermeture des fermes prisons. Ces six fermes entraînaient une perte nette de 4 millions de dollars par année. Nous avons jugé préférable de rediriger cet argent vers des programmes qui permettent aux détenus d'acquérir des compétences pour augmenter leur employabilité, car pratiquement aucun des détenus qui sont passé par ces fermes prisons ne s'est retrouvé avec des compétences utilisables étant donné qu'elles se basaient sur les modes de production agricole d'il y a 50 ans, à l'époque où l'agriculture était travaillistique plutôt que capitalistique comme aujourd'hui. C'était peut-être très bien lorsqu'ils étaient en prison, mais cela ne leur a pas apporté des compétences professionnelles utilisables. Nous redirigeons cet argent vers des programmes qui sont plus susceptibles d'augmenter leur employabilité.
Une des difficultés, surtout en ce qui concerne la santé mentale, est que nous y consacrons plus d'argent et plus de ressources, mais qu'il faut pouvoir embaucher du personnel qualifié. Nous avons besoin de psychiatres et de psychologues. Même si nous donnons à ces services tout l'argent qu'ils veulent, il est difficile de trouver suffisamment de personnel prêt à travailler dans notre système pénitentiaire. Comme il y a un manque de personnel, Service correctionnel Canada accorde davantage d'importance et d'attention au recrutement et au maintien en poste des travailleurs de la santé mentale, c'est-à-dire les infirmières, les psychologues ou les psychiatres. Il faudra du temps pour que ces efforts donnent des résultats.
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Premièrement, en ce qui concerne le privilège parlementaire, je pourrais m'en prévaloir si je voulais simplement me mettre moi-même à l'abri des poursuites. Toutefois, je peux vous dire que j'ai passé une bonne partie de la soirée de samedi à lire une décision des tribunaux qui faisait largement allusion à des remarques du Parlement qui ont eu une influence sur le processus décisionnel. Nous devons être conscients du fait que nos paroles ont des conséquences. Ce que je dis en tant que solliciteur général peut avoir une influence.
Quant aux redressements qui semblent diminuer le budget de l'Agence des services frontaliers du Canada, la différence que vous constatez correspond, en grande partie, à un réalignement du financement d'un exercice à l'autre. Certaines dépenses qui devaient figurer dans le budget de cette année, par exemple pour le Manifeste électronique, seront reportées à des années ultérieures, quand aura lieu la phase de mise en oeuvre, ce qui veut dire que le budget de fonctionnement de l'Agence n'a pas vraiment diminué. L'argent est, en fait, redistribué entre les années.
Également, ce qui semble être une diminution nette du budget de la GRC vient du fait qu'on a décidé d'inclure plus tard, dans le Budget supplémentaire des dépenses, une bonne partie du financement se rapportant aux revenus provenant de la police contractuelle. Ce sont des questions de comptabilité plutôt ennuyeuses, mais dans l'ensemble, le fait est que la GRC dispose de plus d'argent pour s'acquitter de ses importantes responsabilités.
Comme je l'ai dit, le crédit total ne comprend pas les 80 à 90 millions de dollars qui représentent la part fédérale de la police contractuelle. Cela figurera dans le Budget supplémentaire des dépenses en plus d'un financement supplémentaire pour les Jeux olympiques. Dans l'ensemble, vous constaterez qu'un financement supplémentaire est prévu pour tenir compte d'une augmentation de 50 millions de dollars des revenus qui pourront être dépensés. Cela donne un montant de 79,2 millions de dollars, moins une diminution de 20 millions de dollars. Par conséquent, la GRC dispose de ressources supplémentaires pour s'acquitter de sa mission.
Monsieur le ministre, je vous remercie, vous et vos fonctionnaires, d'être venus ici ce matin. Je voudrais aborder une question qui me préoccupe. Le rapport du Centre Munk sur le cyber espionnage est, comme le dit le rapport, un problème très actuel. Je vais simplement vous lire quelques extraits du deuxième rapport publiés dans Information Warfare Monitor. Peut-être que vous-même ou vos collaborateurs pourront nous dire ensuite ce qu'ils en pensent et comment nous sommes prêts à faire face à ce problème.
L'enquête a fini par découvrir un réseau de 1 300 ordinateurs infectés dans 103 pays. Jusqu'à 30 p. 100 des hôtes infectés sont des cibles de grande valeur et comprennent des ordinateurs situés dans des ministères des affaires étrangères, des ambassades, des organismes internationaux, des médias et des ONG.
Les auteurs du rapport disent, et je pense qu'ils ont raison, que cette découverte nous apporte plus de questions que de réponses. Cela soulève une question qui me préoccupe ainsi que beaucoup d'autres gens dans le monde. Il faut préciser que ce sont uniquement des allégations, mais qu'elles ont un certain poids. Selon le rapport, certains pourraient conclure que la Chine est le coupable, et on parle, bien sûr, des domaines stratégiques du cyber espace qui redressent le déséquilibre militaire entre la Chine et le reste du monde, plus particulièrement les États-Unis. Les auteurs quantifient ensuite le problème en disant que la Chine a, bien entendu, le plus grand nombre d'internautes au monde et que, comme nous devons tous en être conscients, l'Internet n'a jamais été construit en donnant la priorité à la sécurité.
Je vais juste mentionner quelques problèmes. On peut lire:
Ce rapport lance un signal d'alerte. Le fait qu'une forte proportion de cibles de grande valeur ont été compromises par ce réseau démontre la facilité avec laquelle il est facile de s'emparer d'un système d'une technicité peu complexe pour créer un réseau d'espionnage très efficace.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez, vous-même ou les personnes qui vous accompagnent.
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La cybersécurité et les cyberconflits représentent une nouvelle frontière. C'est une nouvelle frontière pour la sécurité nationale, pour la défense et pour les questions militaires. Les gouvernements vont devoir y prêter attention de plus en plus. C'est également une nouvelle course aux armements. Chaque fois que vous trouvez une solution ou un moyen de défense, l'adversaire s'efforce de le neutraliser.
On peut dire, je pense, que le rapport du Centre Munk ne représente que la pointe de l'iceberg. Il y a de très sérieux problème dans le secteur privé comme dans le secteur public. Le Canada s'est penché sur la question par l'entremise du Centre de la sécurité des télécommunications et je pense que nous avons travaillé avec beaucoup de diligence en collaboration avec les ministères pour que des mesures soient prises afin d'assurer une protection optimale.
Je m'inquiète davantage pour le secteur privé. Certaines de nos grandes institutions, les banques, ont fait du bon travail. Mais les autres entreprises n'ont pas toutes pris suffisamment conscience du problème. Quand la situation économique est difficile, et même quand tout va bien, il n'est pas toujours évident, pour une entreprise qui essaie de se lancer, de consacrer des ressources importantes à des mesures de protection. Je pense donc que le gouvernement a pour rôle de les aider et de les convaincre d'être plus prudentes sur ce front.
Nous avons travaillé à l'élaboration d'une stratégie nationale de cybersécurité qui devrait être mise en oeuvre l'année prochaine. Cette stratégie inclura une série de mesures y compris celles qui sont déjà mises en place. Nous sommes déjà très actifs sur ce plan. Je crois toutefois qu'il y aura des nouvelles initiatives et que nous allons devoir nous orienter dans des nouvelles directions. C'est un sérieux problème qui nous préoccupe, nous et nos alliés. Les Américains sont en train de prendre des mesures parallèles presque identiques, comme bien d'autres pays dans le monde. C'est une question dont nous allons devoir nous occuper pendant des années, car comme chacun sait, la technologie ne cesse d'évoluer.
Hier, nous avons vu ce virus — en fait, nous ne l'avons peut-être pas vu s'il est dormant, pour des raisons évidentes. L'architecture de ce virus montre ce qu'il est possible de faire et ce qui est fait actuellement sur Internet. Nous devons en être conscients, d'autant plus que le monde des affaires et l'économie comptent davantage sur Internet pour leurs systèmes commerciaux et financiers et même pour notre infrastructure essentielle.
Cette question concerne le Service correctionnel du Canada. Le ministre ou le sous-ministre peuvent donc y répondre.
J'ai, dans ma circonscription, le plus grand pénitencier fédéral du pays, celui de Warkworth. J'y suis allé plusieurs fois et j'ai longuement visité ses installations. Je dois dire que nous entendons beaucoup de commentaires négatifs. Bien entendu, certains sont justifiés, mais nous n'entendons pas parler des choses positives. J'aimerais que vous nous en parliez.
Une des choses positives est que la réparation de certains de nos gros véhicules militaires a lieu dans cet établissement. Bien entendu, il y a CORCAN. Les détenus fabriquent des meubles, ce qui aide à lever des fonds, et qui permet surtout de dispenser une formation professionnelle. Pendant ma visite, j'ai vu qu'on enseignait notamment la technique de sablage au jet. L'instructeur m'a dit que tous les hommes — car c'est une prison pour hommes — qui ont obtenu un certificat en sablage, à l'exception d'un seul, ont trouvé un emploi, souvent avant d'être libérés de prison et qu'ils ne sont jamais revenus. Je me demande si vous pourriez nous en parlez et nous dire ce que le gouvernement fait pour élargir ces programmes afin d'aider les gens, d'abord à recevoir une éducation, car nous savons qu'un dénominateur commun de la criminalité est, bien sûr, l'analphabétisme et ensuite, à obtenir une formation professionnelle afin qu'ils ne soient pas poussés à se comporter de façon asociale.
Je me demande si vous pourriez nous en parler.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous remercie vous et toutes les personnes qui vous accompagnent d'être venus ici aujourd'hui. Et je vous remercie pour les rôles que jouent vos organismes respectifs pour assurer la sécurité des Canadiens.
J'ai quelques questions concernant le Budget principal des dépenses pour 2009-2010.
La première, monsieur le ministre, concerne le crédit à l'égard de la durée de la détention préventive et ce que le ministre de la Justice appelle fort justement le principe des peines réelles. Comme vous le savez, le projet de loi C-25 a été présenté à la Chambre des communes vendredi dernier. Il va largement limiter le pouvoir discrétionnaire dont disposent les juges pour allouer le double ou parfois même le triple du temps passé en détention avant le procès, sous prétexte que les établissements de détention provisoire des provinces sont surpeuplés. C'est un projet de loi et un objectif que j'appuie énergiquement et dont je me réjouis.
Cela aura certaines ramifications étant donné que les gens vont sortir plus rapidement du système de détention provisoire et que s'ils reçoivent des peines plus longues, cela va exercer certaines pressions sur le système pénitentiaire fédéral.
Pourriez-vous, monsieur le ministre, ou monsieur Hyppolite, que nous n'avons pas encore entendu aujourd'hui, nous dire si le gouvernement fédéral a un plan et des ressources pour faire face aux changements qui se produiront suite à l'adoption et à la mise en oeuvre du projet de loi C-25?
Monsieur le ministre, merci pour votre présence ici aujourd'hui. Nous apprécions vivement que vous ayez pris le temps de venir.
Comme mon ami, M. Rathgeber, je me réjouis de voir le gouvernement centrer son attention sur les crimes graves et les projets de loi comme celui que nous avons présenté pour nous attaquer à la drogue et aux bandes criminalisées et, bien entendu, l'important projet de loi sur les peines réelles. Lorsque nous avons rendu visite, lui et moi, au solliciteur général de l'Alberta, je sais qu'il tenait particulièrement à ce projet de loi de même que d'autres ministres des provinces. C'est donc une excellente chose que ce soit fait. J'espère que l'opposition cessera de bloquer, de retarder et d'arrêter les lois qui s'attaquent aux crimes graves et qu'elle nous aidera à adopter ces projets de loi importants.
Je me réjouis également d'apprendre que l'on examine la façon dont cela se répercutera sur nos prisons fédérales.
La dernière fois que vous avez comparu devant le comité, en réponse à une de mes questions, vous avez également mentionné notre stratégie de santé mentale dans les prisons. Je suis content d'apprendre qu'on a réfléchi au problème de la santé mentale et que certaines méthodes nouvelles sont mises en place pour améliorer le dépistage des troubles psychiatriques dans les prisons.
Mes questions concernent les prisons et la santé mentale car, comme vous le savez, le comité va faire une étude du problème de la santé mentale dans les prisons. J'aimerais savoir quels sont les domaines que vous aimeriez que nous abordions dans le cadre de cette étude en ce qui concerne la santé mentale. Peut-être pourriez-vous, en même temps, nous parler un peu de la transformation continue à laquelle nous assistons dans le Service correctionnel du Canada et de certaines des mesures qui sont prises et qui seront prises.
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Je pourrais en parler toute la journée. Je vais seulement aborder la question de la santé mentale, car je la crois importante.
Ce ne sont pas des questions particulières que je vous demanderais d'étudier, car je pense que Service correctionnel Canada fait de son mieux pour faire face à la situation au niveau des programmes, en ce qui concerne les ressources qui se trouvent dans les prisons pour les détenus souffrant de troubles psychiatriques. De nombreux changements ont été apportés. Nous allons devoir les évaluer, voir s'ils ont des effets positifs, si les ressources sont suffisantes, etc.
C'est la dimension plus générale du problème qui m'intéresse davantage. Comment se fait-il que nous devons transformer notre système carcéral en un réseau d'hôpitaux psychiatriques? Pourquoi des gens se retrouvent-ils en prison alors qu'ils ne devraient pas être là? Voilà le problème fondamental. Pourquoi ces personnes ne reçoivent-elles pas les soins de santé dont elles ont besoin? Pourquoi n'obtiennent-elles toujours pas de soins de santé adéquats après s'être retrouvées devant les tribunaux?
La façon dont le problème est abordé varie beaucoup d'une région à l'autre du pays. Dans certaines provinces, il y a une bonne intervention au niveau des tribunaux qui permet de diriger ces personnes vers le système de soins psychiatriques. Dans d'autres, il n'y en a pas. Le cas d'Ashley Smith illustre bien cette situation problématique.
Il est important de comprendre comment une personne en est arrivée là, car lorsque la gravité de ses actes l'a déjà conduite dans le système pénitentiaire fédéral, il est assez difficile de faire marche arrière. Nous voulons trouver des moyens de régler la situation avant que cela n'ait lieu, ce qui est préférable pour la société. C'est préférable pour l'intéressé; c'est préférable pour les contribuables, c'est préférable pour notre système carcéral. Je voudrais que notre système correctionnel soit bien un système correctionnel et non pas un système de soins psychiatriques.
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Je crois que c'est tous les quatre ans. Tous les organismes et ministères en font l'objet tous les quatre ans. Dans notre cas, l'examen de la Commission nationale des libérations conditionnelles, du Service correctionnel du Canada et de la GRC a eu lieu l'année dernière. Il y aura une nouvelle série d'examens cette année au sein du ministère.
Ce n'est pas à moi qu'il faut attribuer le mérite de l'efficacité de ces examens stratégiques. Nous la devons aux organismes qui se chargent de leur propre examen interne et qui ont fait, je pense, un excellent travail.
Ils ont fait preuve de créativité. L'amélioration de l'efficience qui a été obtenue reflète la décision de ne plus continuer à procéder comme par le passé simplement parce qu'on a toujours procédé ainsi. Par exemple, à la Commission des libérations conditionnelles, il y avait un certain type d'audiences où la décision rendue était toujours la même. La décision pouvait être prise sur papier. Pourquoi tenir une audience alors que la décision est toujours exactement la même? La Commission a décidé de procéder seulement à un examen sur papier. Le personnel peut examiner le dossier, ce qui permettra d'économiser beaucoup d'argent. Ce genre de créativité est parfaitement logique.
D'autre part, la Commission tenait toujours des audiences avec un groupe de trois commissaires. Au niveau provincial, les organismes et les tribunaux que je connais sont passés depuis longtemps à des comités de deux personnes ou une seule. La Commission s'est dit que la présence d'un troisième commissaire ne changeait pas grand-chose, si bien qu'il valait mieux d'utiliser ses ressources plus efficacement, car un comité de deux commissaires n'allait pas prendre des décisions moins bonnes. Du point de vue statistique, si vous examinez les décisions prises par le passé, elles auraient été exactement les mêmes s'il y avait eu deux commissaires au lieu de trois. La Commission a donc décidé d'améliorer son efficience, de mieux répartir ses ressources et d'en obtenir plus pour son argent. Voilà le genre de choses qui ont permis de réinvestir dans des domaines prioritaires.
Je peux vous dire que tous les organismes du portefeuille de la sécurité publique sont des domaines prioritaires pour le gouvernement, car nous croyons que la sécurité nationale et la sécurité publique sont des priorités très importantes.
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Ma question s'adresse à M. Sweeney, de la GRC.
Je note que, cette année, votre budget est encore diminué de quelque 30 millions de dollars ou même plus. Or, certains des services confiés à la GRC pourraient très bien être confiés à un autre organisme, par exemple le service d'analyse d'ADN. Seulement 1 p. 100 des cas sont jugés urgents. Le traitement de toutes les autres demandes prend un temps considérable, bien au-delà des délais visés.
Par ailleurs, on vous soumet des demandes très simples, par exemple celles visant à savoir si quelqu'un possède un dossier judiciaire. Une personne peut avoir besoin de ce renseignement pour prouver qu'il n'a pas de dossier judiciaire, en vue d'obtenir un emploi ou encore de voyager à l'étranger. Or, on met environ un an à répondre à ces demandes.
Essaierez-vous de diminuer ces délais ou continuerez-vous à tenter de me convaincre qu'un organisme comme un laboratoire judiciaire gagnerait en crédibilité et en efficacité s'il était détaché des forces policières? S'il ne gagne pas en efficacité, nous pourrions à tout le moins lui donner les budgets qui permettront d'en augmenter l'efficacité.
Compte tenu de cette réduction de votre budget, le fait de confier à d'autres organismes toutes ces autres fonctions ne constituerait-il pas une meilleure solution?
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J'ai deux choses à dire à ce sujet, monsieur.
D'abord, M. O'Brian n'est pas notre conseiller juridique. Il s'occupe des questions législatives. Nos conseils juridiques nous sont fournis par le ministère de la Justice qui a un important bureau d'avocats travaillant dans notre service.
Pour ce qui est de nous faire confiance, voici ce que je vais vous dire. Il n'y a pas d'autre agence de renseignement dans le monde qui fait l'objet d'autant d'examens que le SCRS. C'est sans doute l'organisme du gouvernement canadien le plus examiné. Nous avons deux organismes d'examen indépendants établis par la loi: l'Inspecteur général, qui relève du ministre, et le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité. Ils se livrent tous les deux à un examen annuel de nos opérations et présentent tous les deux un rapport de leurs conclusions et de tout cas de non-conformité à la loi ou aux politiques.
Par-dessus le marché, depuis un peu plus de quatre ans que je suis au SCRS, nous avons participé à quatre grandes commissions d'enquête, dont l'une n'a pas encore présenté son rapport. Elles ont été dirigées par le juge O'Connor, le juge Iacobucci, le juge Major et la quatrième, par M. Bob Rae, sur la tragédie d'Air India. Nous avons donc des mesures internes, des politiques, etc., pour nous occuper de ces dossiers. Nous avons un grand nombre d'avocats du ministère de la Justice qui nous servent de conseillers juridiques pour pratiquement toutes nos opérations. Et chaque année, deux organismes d'examen externes, en plus des commissions d'enquête indépendantes, examinent tout ce que nous faisons et en font rapport.