Merci encore de me donner l'occasion de faire rapport aux membres du comité sur les progrès du gouvernement en matière de salubrité des aliments.
J'ai ici avec moi aujourd'hui, de l'Agence de la santé publique du Canada, le Dr Mark Raizenne, directeur général du Centre des maladies infectieuses d'origine alimentaire, environnementale et zoonotique.
J'aimerais d'abord vous donner un peu de contexte, ainsi qu'un bref aperçu de ce que nous avons vu au cours de la dernière année et des prochaines étapes que nous allons entreprendre.
D'abord, le Canada a de longue date l'un des approvisionnements alimentaires les plus sûrs au monde. Mais comme dans tous les secteurs de la santé publique, la responsabilité en matière d'aliments sûrs et d'alimentation sûre s'étend au-delà des gouvernements et de l'industrie et jusqu'à chacun d'entre nous. La majorité des intoxications alimentaires surviennent en raison d'une mauvaise manipulation ou préparation des aliments à la maison, et ce, même quand l'approvisionnement alimentaire est sûr. Il peut se produire, et il se produira, des éclosions de maladies entre la ferme et la cuisine, mais aussi entre la cuisine et la table.
[Français]
De plus, nous savons que la nature est en constante évolution et qu'elle nous réserve toujours des surprises.
[Traduction]
Pour nous assurer d'être prêts à toutes ces menaces, tous les chaînons doivent être forts: la réglementation, l'inspection et la surveillance d'une part, et l'éducation et les bonnes pratiques individuelles de l'autre. Chaque étape du continuum entre la ferme et la fourchette est cruciale. Pour ce qui est du gouvernement, quand une menace nationale à la salubrité des aliments représente un risque pour la population canadienne, comme ce fut le cas en 2008, les ministères et les organismes responsables de la santé et de l'agriculture de tous les ordres de gouvernement doivent collaborer pour intervenir afin de contrer ce risque.
Je parlerai aujourd'hui du rôle propre à l'Agence de la santé publique du Canada. L'Agence offre sur demande du soutien à toute autorité provinciale ou territoriale qui mène sa propre enquête sur une éclosion. Toutefois, quand une éclosion de maladie d'origine alimentaire s'étend au-delà des limites d'une province, d'un territoire ou d'un pays, l'Agence assume la direction de la coordination avec ses partenaires de l'enquête et de l'intervention relatives à l'éclosion. À titre d'exemple, quand le Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg a fait le lien entre des cas de listériose dans d'autres provinces et l'éclosion de la maladie en Ontario, l'Agence a pris les commandes de la coordination de l'enquête et de l'intervention nationales.
[Français]
J'espère que cette mise en contexte vous offre une mesure de la situation. Je ferai maintenant une brève mise à jour des questions relatives à la surveillance.
[Traduction]
De façon générale, en moyenne 1000 cas d'E. coli sont signalés chaque année au Canada. Selon nos données de surveillance, il y a eu une diminution du nombre de cas de cette infection. La plupart des cas sont isolés et ne sont pas liés à une vaste éclosion déclarée. En 2009, l'Agence de la santé publique du Canada a participé à l'enquête menée sur 50 questions liées à des éclosions de maladies d'origine alimentaire et a dirigé neuf enquêtes. Ces éclosions de maladies touchaient de multiples provinces ou étaient d'envergure internationale.
À ce jour en 2010, un total de 12 enquêtes ont été menées. De ce nombre, l'Agence en a dirigé trois. Toutes les éclosions sont des situations complexes qui touchent divers acteurs. Heureusement, la plupart d'entre elles n'entraînent pas autant de décès que l'éclosion de listériose de l'été 2008. Mais cette expérience nous a montré que peu importe la mesure dans laquelle nous appliquons les leçons apprises de notre passé, nous pouvons toujours en faire davantage.
[Français]
Chaque situation offre de nouvelles leçons et présente de nouveaux défis.
[Traduction]
Et bien que les leçons du passé aient permis au Canada d'être l'un des fournisseurs alimentaires les plus sûrs au monde, nous devons tous continuer d'être ouverts à l'apprentissage en allant de l'avant. De cette façon, en collaboration, nous pourrons gérer de manière encore plus efficiente les risques nouveaux et émergents pour la santé humaine liés aux maladies d'origine alimentaire.
Après l'éclosion de 2008, le gouvernement a immédiatement pris un certain nombre de mesures pour prévenir et réduire ces risques, et s'est ensuite inspiré du rapport Weatherill, paru en 2009. En travaillant en collaboration avec nos partenaires à Santé Canada et à l'Agence canadienne d'inspection des aliments, l'Agence de la santé publique du Canada continue d'aller de l'avant par rapport aux recommandations du rapport Weatherill et progresse de façon mesurable. Les plus hauts fonctionnaires des partenaires gouvernementaux responsables collaborent pour aborder l'amélioration du système de salubrité des aliments du Canada.
Pour la structure de gouvernance, le greffier du Conseil privé a donné à M. Knubley, sous-ministre d'Agriculture Canada, la responsabilité de présider un comité d'administrateurs généraux en juillet 2009. Une partie de ce travail inclut un rôle de supervision de la coordination des mesures prises par l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Santé Canada et l'Agence de la santé publique du Canada en lien avec les recommandations du rapport Weatherill. Je suis membre de ce comité, et c'est avec plaisir que je signale que nous nous réunissons régulièrement depuis les six derniers mois. Le comité est soutenu par des comités de sous-ministres adjoints et de directeurs généraux, et par un secrétariat à temps complet à Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Le protocole d'intervention lors de toxi-infection d'origine alimentaire guide la collaboration fédérale, provinciale et territoriale en cas d'éclosion. Il s'agit d'un protocole technique et opérationnel clé qui a fait l'objet d'une révision en profondeur en consultation avec les parties gouvernementales intéressées, notamment l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments à l'échelon fédéral,
[Français]
et tous les ministres provinciaux et territoriaux de la Santé et de l'Agriculture.
[Traduction]
Le protocole a été approuvé par les médecins hygiénistes en chef et les sous-ministres provinciaux et territoriaux de la Santé. L'Agence a récemment mené un examen fédéral, provincial et territorial du protocole, qui a amené la mise à jour et la clarification des rôles et des responsabilités ainsi que des processus de collaboration, et la présentation de directives claires pour tous les acteurs pendant une éclosion associée aux aliments. La version 2010 du protocole permettra aux autorités responsables de la santé publique et de la salubrité des aliments de partout au Canada d'intervenir plus rapidement et de façon plus efficiente et efficace en cas d'éclosion.
[Français]
En plus de la modernisation du protocole, l'agence accomplit des progrès sur d'autres fronts.
[Traduction]
Deux importantes nominations de cadres de direction ont été faites, soit une sous-ministre déléguée et un sous-ministre adjoint, Mesures et interventions d'urgence et services. Ces nominations accroissent la capacité de l'Agence d'intervenir de façon souple et opportune en cas de menace pour la santé publique. Nous travaillons avec des partenaires provinciaux et territoriaux sur un outil national de surveillance de la santé publique, appelé Panorama, pour améliorer notre surveillance et la détection précoce des éclosions. Nous avons étendu notre participation à PulseNet, un réseau national de laboratoires qui fait le lien entre des laboratoires fédéraux et provinciaux. PulseNet permet de trouver l'empreinte d'échantillons bactériens provenant d'humains et d'aliments, facilite la coordination entre les laboratoires alimentaires et cliniques, et améliore notre capacité de détection d'aliments contaminés et d'intervention en ce sens.
L'Agence travaille à la création d'une stratégie complète de communication des risques pour guider la façon dont elle communique avec les Canadiens pendant une éclosion nationale. Nous procédons également à des essais pilotes d'un modèle de capacité d'appoint en intervention rapide qui mobilisera les spécialistes en santé publique en cas d'éclosion de maladie d'origine alimentaire. Tous ces progrès sont possibles grâce à l'attribution à l'Agence d'une somme d'environ 18 millions de dollars, sa tranche de l'investissement triennal du gouvernement en salubrité des aliments d'une valeur de 75 millions de dollars annoncé l'automne dernier.
Ces initiatives tiennent compte des recommandations du rapport Weatherill et des préoccupations du Comité fédéral permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Elles soulignent les travaux de l'Agence, même si, je l'affirme, nous ne sommes qu'un élément d'un très vaste réseau de partenaires qui interviennent ensemble en cas d'éclosion.
Je serai heureux de répondre à vos questions. Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Honorables membres du comité, je vous remercie de me donner l'occasion de vous entretenir au sujet des activités entreprises par Santé Canada.
[Traduction]
Juste avant de commencer, j'aimerais vous présenter le Dr Samuel Godefroy, qui est notre directeur général à la Direction des aliments, la direction responsable du dossier de la listériose, de même que le Dr Jeff Farber, le directeur du Bureau de dangers microbiens; ce dernier a travaillé directement au dossier à l'époque et continue à suivre de près ces enjeux.
Pour enchaîner avec les propos du Dr Butler-Jones, permettez-moi tout d'abord de souligner l'importance capitale que revêtent pour Santé Canada la protection et la promotion de la santé et de la sécurité des Canadiens et des Canadiennes ainsi que de leur famille et de leur communauté. Au palier fédéral, en matière d'aliments, la prévention constitue la principale responsabilité de Santé Canada. Nous établissons des normes et des politiques sur la salubrité et la qualité nutritive de tous les aliments vendus au Canada et nous participons, à plus grande échelle, au réseau mondial d'assurance de la salubrité des aliments. Ce faisant, notre objectif consiste à approfondir notre compréhension des facteurs qui risquent de compromettre la salubrité des aliments ainsi qu'à partager des signaux d'alerte précoces devant des incidents potentiels en matière de salubrité des aliments.
Au cours des éclosions de maladies d'origine alimentaire, comme vous en avez déjà été informés, nous agissons à titre de membres d'une équipe de partenaires fédéraux (avec l'ASPC et l'ACIA), provinciaux, territoriaux et locaux de la santé publique afin de repérer et de confirmer la source de la maladie d'origine alimentaire, d'assurer la prestation de services de laboratoire et de réaliser des évaluations du risque pour la santé, le tout, avec efficacité et rapidité.
[Français]
C'est donc dans ce contexte que j'aimerais décrire les progrès accomplis par Santé Canada dans sa démarche donnant suite aux recommandations formulées dans le rapport de Mme Weatherill.
[Traduction]
Comme le Dr Butler-Jones en a fait mention, nous avons réparti les tâches sous trois thèmes principaux: atténuer les risques d'atteintes à la salubrité des aliments, améliorer la surveillance et favoriser la détection précoce et enfin, réagir plus efficacement en situation d'urgence.
D'abord, sous le thème « atténuer les risques d'atteintes à la salubrité des aliments », nous devons continuellement réexaminer et adapter nos normes, nos politiques, nos méthodes d'exploitation et notre cadre réglementaire pour faire en sorte qu'à l'égard de ces risques, la supervision demeure efficace.
En ce qui concerne la Listeria, Santé Canada a réexaminé et renforcé la politique sur la présence de Listeria, laquelle couvre tous les produits alimentaires prêts à manger. Nous avons organisé des consultations ciblées pour orienter la révision, et la politique modifiée a été publiée sur notre site Web aux fins d'une consultation publique qui s'est déroulée du 22 mars au 3 mai de cette année.
Les commentaires et la rétroaction des intervenants reçus au moyen de cette consultation sont actuellement analysés par le Dr Jeff Farber et son équipe dans le but de raffiner la politique. Nous nous attendons à ce que sa version définitive soit prête à l'automne de cette année.
[Français]
Le rapport Weatherill recommandait que Santé Canada revoie ses processus d'approbation et son mécanisme de traitement accéléré pour les nouveaux additifs et les nouvelles technologies alimentaires dotées du potentiel de contribuer à la salubrité des aliments, en portant une attention particulière à ceux qui ont fait l'objet d'une validation scientifique dans d'autres pays.
[Traduction]
C'est précisément ce que fait Santé Canada. Des lignes directrices destinées à appuyer l'industrie sont en cours d'élaboration. Elles reposent sur des critères établis au moyen desquels nous serons en mesure de déterminer les priorités et de traiter selon un processus accéléré les approbations des interventions en matière de salubrité des aliments dont les bienfaits pour la santé sont éprouvés. Nous prévoyons que la version définitive de ces lignes directrices sera prête à l'automne 2010. Entre-temps, Santé Canada s'emploie déjà à la mise en oeuvre de ces processus à l'interne.
[Français]
Par exemple, Santé Canada a eu recours à ce processus pour autoriser l'utilisation de l'acétate de sodium et du diacétate de sodium comme agents de conservation dans les produits de viande et de volaille, notamment dans les viandes cuites et celles salaisonnées.
[Traduction]
Ce processus nous aidera aussi à nous occuper d'autres enjeux en matière de salubrité des aliments et de nutrition, entre autres, à titre d'exemple, à découvrir des huiles de remplacement qui réduiraient la teneur en gras trans de notre approvisionnement alimentaire et par conséquent, la consommation de cette substance nocive par la population canadienne.
[Français]
Dans son rapport, Mme Weatherill a aussi soulevé les différences de points de vue sur la qualité et la validité des preuves sur lesquelles les décisions de rappel sont fondées.
[Traduction]
Pour répondre à cette question, Santé Canada, en collaboration avec ses partenaires nationaux et internationaux en salubrité des aliments, a élaboré un document d'orientation provisoire sur la force probante de la preuve requise pour appuyer des interventions adéquates et à point nommé dans le but de protéger les consommateurs pendant les enquêtes sur les éclosions de maladie d'origine alimentaire.
La force probante de la preuve tient compte de toute l'Information recueillie au moyen d'analyses d'échantillons d'aliments et de rapports sur la maladie chez les humains, de même que des résultats d'enquêtes réalisées en milieu agricole ou dans d'autres installations de transformation alimentaire. Nos homologues fédéraux, provinciaux et territoriaux ont pris connaissance du document d'orientation provisoire, et le document sera distribué au cours de ce mois-ci à plusieurs homologues internationaux de Santé Canada.
Santé Canada s'emploie aussi à améliorer ses méthodes opérationnelles à l'appui des enquêtes de l'AClA sur la salubrité des aliments. Cela comprend la clarification des échéances dans le processus d'évaluation des risques pour la santé, de même que l'amélioration de la qualité des évaluations des risques en ayant recours à des méthodes plus efficaces. Le ministère continuera à accroître sa capacité avec l'addition d'experts et a amorcé la formation d'un plus grand nombre d'employés à la réalisation des évaluations du risque pour la santé, et ce, afin de continuer à assurer une présence jour et nuit, tous les jours, et d'améliorer l'état de préparation en situation de crise.
Quant au second thème, soit améliorer la surveillance et favoriser la détection précoce, Santé Canada collabore avec l'ACIA dans le but d'améliorer et de valider des méthodes de détection de la Listeria et d'autres menaces d'origine alimentaire et ainsi, de réduire le temps consacré aux analyses et d'accélérer la réaction pendant les enquêtes sur la salubrité des aliments.
Par exemple, une méthode de détection de la Listeria (grâce à laquelle les résultats peuvent nous parvenir en 5 à 7 jours plutôt qu'en 10 jours comme auparavant) a été élaborée par Santé Canada, qui s'emploie actuellement à la valider pour divers produits alimentaires et catégories d'aliments. Santé Canada a aussi amorcé une collaboration avec le National Research Council des États-Unis à un projet pluriannuel pour accélérer encore davantage l'obtention des résultats de laboratoire, ce qui permettra la détection de la Listeria en 48 heures. On s'attend au lancement d'un prototype de première génération au début du second semestre de 2011.
Enfin, en ce qui concerne le dernier thème, soit réagir plus efficacement en situation d'urgence, Mme Weatherill a réclamé des initiatives de communication ciblée à l'intention des segments particulièrement vulnérables de la population. Le gouvernement convient de l'importance d'informer la population canadienne sur la façon d'assurer la salubrité des aliments pour éviter les maladies d'origine alimentaire. Les interventions pour véhiculer cette information sont continues et elles ciblent les populations qui courent le risque le plus élevé de subir des complications par suite de maladies d'origine alimentaire (par exemple, les adultes plus âgés, les femmes enceintes et les personnes dont le système immunitaire est affaibli).
En mars de cette année, Santé Canada a lancé la première étape d'une campagne de marketing social ciblant les populations à risque. Cette campagne comprend la publication et la distribution de livrets. Nous en avons d'ailleurs apporté des copies, que nous serons heureux de vous distribuer.
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente. Je remercie nos témoins d'être présents aujourd'hui.
Au cours de votre allocution, madame Ballantyne, vous nous avez dit que des lignes directrices destinées à appuyer l'industrie étaient en cours d'élaboration et que vous prévoyiez que la version définitive de ces lignes directrices serait prête à l'automne 2010. Vous nous avez aussi dit que le ministère continuerait à accroître sa capacité avec l'ajout d'experts spécialisés et amorcerait la formation d'un plus grand nombre d'employés pour réaliser des évaluations du risque pour la santé, et ce, afin de continuer à assurer une présence jour et nuit et d'améliorer l'état de préparation en situation de crise. Je pense qu'il faut mettre l'accent sur les mots « situation de crise ».
Si je comprends bien, votre problème est l'espèce de partage des responsabilités qu'il y a entre Agriculture Canada et Santé Canada. En fait, vous êtes les répondants seulement en situation de crise. Toute la prévention est problématique. Au milieu des années 1990, il y a eu énormément de mises à pied d'inspecteurs dans le domaine de l'alimentation par Agriculture Canada, ce qui a créé une espèce de déséquilibre.
Il y a beaucoup d'inspecteurs dans ma circonscription. Je me rappelle que ces derniers me disaient qu'auparavant, il y avait des inspections préventives. Des inspecteurs allaient presque tous les jours dans les supermarchés pour faire des vérifications et des inspections surprises. Certaines d'entre elles se faisaient au niveau industriel. Aujourd'hui, il n'y en a presque plus.
Par conséquent, la prévention n'existe presque plus. Vous êtes pris avec ce problème parce que vous n'intervenez qu'en situation de crise. Vous êtes, si je comprends bien, appelés à la rescousse à la dernière minute. On a beau vouloir adopter des lignes directrices et faire des plans d'élaboration, s'il n'y a pas de prévention sur le terrain, s'il n'y a pas d'inspecteurs, si on ne peut pas en engager et faire ces vérifications avant même qu'il y ait un début de crise, on devra toujours gérer la situation de crise en crise plutôt que de faire de la prévention de façon stable pour s'assurer qu'il n'y ait jamais de crise. Est-ce que je me trompe?
L'essentiel de votre question porte sur les inspecteurs locaux et provinciaux qui travaillent en santé publique. Au cours de la dernière décennie, nous avons reconnu la nécessité d'une approche du risque équilibrée. En anglais, on dit:
[Traduction]
« risk-balanced approach ».
[Français]
Les dépanneurs ne représentent pas les mêmes risques que les autres producteurs. Nombre d'inspections se concentrent sur les risques importants et les risques moyens. S'il y a un problème, ils font beaucoup d'inspections, mais pour les autres, ce sera peut-être fait une fois par année.
[Traduction]
Il en va de même, selon moi, pour l'ACIA et d'autres organismes. La pratique reconnue veut que l'on se concentre sur les secteurs problématiques, et que l'on passe un peu moins de temps sur ceux qui posent plus ou moins de problèmes. Il faut s'assurer que les gens comprennent ce qu'ils peuvent faire pour réduire les risques et axer leurs efforts là-dessus, plutôt que de regarder passer le train. C'est un principe de santé publique que nous appliquons depuis une vingtaine d'années, et cela a permis de changer la façon dont se déroulent les inspections.
:
Oui. On parle d'une analyse des causes fondamentales: on prélève par exemple des échantillons dans l'environnement de production pour déterminer où se trouve la bactérie, puis on prend les mesures qui s'imposent pour l'éliminer.
Nous avons apporté différents changements à la politique globale de 2004. Je peux vous donner quelques exemples.
Nous avons resserré les critères de conformité auxquels doivent satisfaire les produits finis en ce qui concerne le nombre acceptable d'organismes présents dans un aliment; nous avons renforcé ce volet de la politique.
Nous avons aussi déclaré, comme je l'ai indiqué, qu'un programme de surveillance de l'environnement devrait être mis en place dans toutes les usines. Nous avons également prévu une analyse des tendances, de façon à ce que les usines ne se contentent pas de laisser dormir les résultats des tests dans un tiroir, et qu'elles prennent soin d'examiner le continuum des résultats obtenus pendant une période donnée, de la même façon qu'on étudie les données d'une analyse des tendances. Les entreprises ont d'ailleurs déjà commencé à le faire.
La politique cite et encourage fortement l'utilisation d'inhibiteurs après la transformation des produits. Si on injecte par exemple un produit chimique pouvant inhiber la croissance de l'organisme, on ramène essentiellement les risques de contamination à près de zéro. Nous incitons les entreprises à se servir de la technologie, comme l'ajout de composés chimiques et l'utilisation de processus comme les applications à ultra haute pression, que certaines usines ont déjà commencé à utiliser. Cette pression peut faire éclater une cellule et rendre inactives les cellules abritant la Listeria monocytogènes.
Aussi, nous insistons davantage sur la collaboration fédérale-provinciale en vue de mieux sensibiliser la population aux risques associés à la listériose d'origine alimentaire. Nous avons par ailleurs travaillé à la politique en étroite collaboration avec l'ACIA, qui nous a fourni une excellente rétroaction. Nous avons également obtenu la précieuse contribution des provinces.
Nous pensons donc avoir présenté une politique améliorée, et l'industrie nous a déjà fait part de commentaires très positifs à l'égard du travail que nous avons fait.
:
Plusieurs intervenants sont concernés. La clarté des éléments est fondamentale. En règle générale, puisqu’il est question des effets des aliments sur la santé humaine, c'est Santé Canada qui travaille en étroite collaboration pour établir des lignes directrices, des normes, etc. L’ACIA gère le processus de la distribution, de la ferme jusqu’au magasin. Quant à nous, nous nous engageons globalement envers tout ce qui a trait à la prévention, mais nous veillons également à ce que toute épidémie ou tout problème lié à la santé humaine soient considérés d’un point de vue de la santé publique.
Plusieurs comités de divers niveaux ont pour mission d’étayer cette vision, en plus de collaborer, de consulter et de discuter tous les jours pour voir à ce que l’ACIA et le ministère de l’Agriculture tiennent compte des questions liées à la santé humaine et de la manière dont le système fonctionne. Ainsi, nous pourrons mieux le comprendre, et tout se déroulera aussi harmonieusement que possible. La clarté des rôles s’est donc révélée très utile et très importante.
Comme je l’ai mentionné, il existe un comité de sous-ministres, dont je fais partie, qui se réunit régulièrement. Il examine le plan de travail dans son ensemble pour garantir que nous progressions sur chacun des éléments. Ce travail est également soutenu par des comités de sous-ministres adjoints et de directeurs généraux, sans oublier les personnes qui réalisent le travail comme tel. Nous nous réunissons donc régulièrement afin de faire le point sur nos progrès, ce que nous avons accompli, ce qu’il nous reste à faire, les autres problèmes qui se présentent à nous, etc.
Il s’agit d’un travail de collaboration très poussé, mais je dois avouer qu’il est très efficace et utile. De manière générale et fort d’une expérience de plusieurs décennies dans le domaine de la santé publique, j’ai pu constater que le degré de collaboration qui existe entre les ministères fédéraux est réellement gratifiant. Il en va de même des autres administrations pour ce qui est de la volonté, de l’intérêt et de la capacité de travailler de concert en vue de résoudre ces problèmes. Aucun d’entre nous ne doit en endosser la responsabilité à lui seul, mais chacun doit apporter sa contribution pour proposer les solutions nécessaires.
Je n’ai jamais connu d’autre système aussi efficace que celui-ci. Nous avons encore beaucoup à apprendre, mais je suis très satisfait.
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Merci, madame la présidente. Bonjour et merci aux témoins d'être avec nous.
Suite à votre présentation, madame Ballantyne, trois questions me viennent à l'esprit. Je vous pose ces trois questions et j'invite quiconque le souhaite à y répondre.
On parle d'une politique sur la présence de la Listeria monocytogenes. On sait très bien qu'il y a plusieurs bactéries et on ne sait pas vraiment laquelle causera la prochaine attaque. Cette politique s'applique-t-elle uniquement à la Listeria monocytogenes? Peut-on déborder du cadre de la Listeria monocytogenes et l'appliquer à plusieurs types de bactéries qui pourraient causer un problème semblable à celui qui est survenu en 2008?
Vous disiez également qu'on pourra, par l'entremise du processus que vous mettez en place, découvrir des huiles de remplacement qui réduiraient la teneur en gras trans, alors qu'on sait que c'est une substance nocive pour la population. C'est ce que vous dites. Je me demande simplement si, avec les travaux que vous êtes en train de préparer et grâce au processus que vous êtes en train de mettre en place, on arrivera vraiment à trouver une solution définitive au problème des gras trans dans l'alimentation.
J'arrive à ma troisième question. Vous dites que Santé Canada s'emploie aussi à améliorer ses méthodes opérationnelles pour appuyer les enquêtes de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. On sait que la vérificatrice générale, dans des rapports successifs, mentionne qu'il existe, au sein de l'agence, des problèmes récurrents en matière de gestion de l'information et des communications internes. Je me demande simplement de quelle façon vous êtes capable, en considérant les problématiques soulevées par la vérificatrice générale, de créer un arrimage pour faire en sorte que la communication entre Santé Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments puisse être vraiment efficace.
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Je vous remercie de la question. En fait, depuis la création de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, des protocoles ont été mis en place de façon à clarifier les rôles et les responsabilités de chacun et de s'assurer qu'on travaille ensemble avec des conditions bien précises. Bien entendu, à la suite de la tragédie qui est survenue, on a considéré ceci comme une occasion de revoir tous les protocoles et renforcer les protocoles de communication.
Il y a une couverture 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Nos spécialistes techniques assurent un suivi des enquêtes sur des incidents alimentaires potentiels. Chacun de ces spécialistes sait qui appeler, où appeler, que ce soit en semaine ou lors du week-end, par exemple.
Les protocoles mis en place ont pour but de renforcer notre capacité de répondre en temps de paix, si je peux utiliser cette expression. En fait, il n'y a pas d'incident, mais on gère les incidents potentiels de façon quotidienne. On veut également renforcer notre capacité de réponse dans le cadre d'une urgence alimentaire ou d'une éclosion alimentaire. Le GIEIAMJ, particulièrement, est un document très précis qui clarifie les rôles et les responsabilités, non seulement entre Santé Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments, mais également avec l'Agence de la santé publique du Canada.
Il y a donc clairement des protocoles et des procédures opérationnelles très stricts qui sont suivis et qui vont au-delà des individus. L'objectif est que les opérations et les procédures puissent être transposables de personne en personne.
:
Vous parlez là d’une variabilité de l’application des principes au plan local qui existera toujours.
En tant que médecin local, j’ai eu la charge d’une unité de santé qui ne permettait pas aux métallurgistes ne bénéficiant pas de congés de maladie de reprendre le travail tant qu’ils étaient porteurs du parasite lamblia… une interprétation très stricte des règles. Autre exemple, les gens n’étaient pas autorisés à se voir servir de la crème dans leur tasse; la crème devait leur être présentée dans de petits pots, même dans un petit restaurant quatre étoiles. Il s’agit là d’une interprétation et d’une application locales des principes.
Nous devons, autant que possible, éduquer, que ce soit par l’intermédiaire de l’Association d’hygiène publique et de son action ou par l’intermédiaire des inspecteurs, et partager l’information en vue d’une application plus homogène des principes. Les exemples abondent. Je me souviens des problèmes posés par les projets de cuisine de muffins de certaines écoles. Pour les réaliser, il fallait avoir trois éviers, ceci et puis cela. C’était absurde. Nous nous sommes accordés, avec les inspecteurs, les conseils d’école et les collectivités, sur des moyens simples d’assurer la salubrité de cet aliment sans avoir à nous débattre avec les règles applicables aux grands restaurants et distributeurs.
L’une des difficultés, c’est de faire comprendre aux gens les règles, nos actions, mais aussi les principes et les approches adoptées et la façon de satisfaire à leurs exigences. C’est un peu comme voir un policier interpréter une loi un tout petit peu différemment d’un autre. Les voies de recours sont là pour y remédier.
Nous espérons qu’un travail d’éducation croissant sera entrepris sur ces problématiques et qu’elles seront mieux comprises également. Les décisions prises localement seront plus cohérentes si les principes, les objectifs, les processus et l’identification des risques importants par rapport aux risques mineurs sont compris de façon plus homogène. La démarche de l’analyse des risques et de la maîtrise des points critiques, qui s’appuie sur une analyse des risques, a facilité ce travail bien plus que l’approche qui a consisté, il y a une vingtaine d’années, à ne voir souvent que ce qu’il ne fallait pas. Il existait ainsi un règlement sur la hauteur des rampes. Elle était trop basse d’un quart de pouce. Personne ne s’inquiétait alors du fait de laisser les aliments à l’extérieur trop longtemps. Le changement passe vraiment par l’éducation et l’engagement.
Pour reprendre très brièvement les propos de M. Malo, nous étudions toutes les formes d’intoxication alimentaire.
[Français]
Je parle ici de tous les virus, bactéries et parasites.
Je dirais que ces 57 recommandations ont leurs propres difficultés quant à la manière d'aller de l'avant, car il s'agit de coordonner les administrations, les entreprises, les gouvernements et les consommateurs. Comme nous l'avons appris, la protection de la santé et de la sécurité est une responsabilité partagée. Nous devons tous faire notre part. Nous parlions tout à l’heure des collectivités locales. Les consommateurs doivent mettre du leur pour faire des choix éclairés. Quant à elles, les entreprises doivent s'assurer, d'abord et avant tout, que leurs produits sont sécuritaires et elles doivent prendre toutes les mesures nécessaires. Le gouvernement doit également y participer en appliquant les règlements, en établissant des normes et en ayant recours à nos politiques et à nos procédures.
Selon moi, nous avons fait de grands progrès relativement à ces recommandations. Nous avons pour objectif de toutes les mettre en oeuvre d'ici septembre 2011. Toutefois, dans l'avenir, il faudra plus de temps pour mettre en oeuvre certaines d’entre elles et pour s’assurer que ces principes feront partie de nos habitudes. Par exemple, nous venons tout juste d’apprendre qu’il ne faut pas laisser à l’air libre un fruit coupé ou une tomate entamée pendant plus de deux heures.
La salubrité des aliments fait de plus en plus partie de notre psyché et, en tant que population, nous assimilons ce que nous pouvons faire comme Canadiens. Il faut du temps pour tout assimiler.
Au cours des consultations au sujet de la révision du PRITIOA, il est apparu clairement, comme on l'a dit, que chaque province gère les éclosions d'origine alimentaire de différentes façons. Dans certains cas, c'est le médecin hygiéniste en chef qui dirige le tout, tandis qu'à d'autres endroits, le côté de l'agriculture et celui de la santé gèrent la situation séparément.
Nous avons identifié clairement que ce que nous voulions faire avec le PRITIOA, c'est conclure des accords bilatéraux province par province.
Nous avons déjà fini l'Ontario. La première tentative a très bien fonctionné.
Nous avons aussi effectué en mai, à Winnipeg, un exercice dans le cadre d'une rencontre avec tous les épidémiologistes et les chefs de laboratoire pour voir ce qu'on en penserait collectivement. À l'automne, nous planifions nous rendre systématiquement dans chaque province où l'on nous demande d'examiner le processus relatif au PRITIOA, après quoi nous réunirons tous les intervenants.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Encore une fois, merci à tous de votre présence.
Après vous avoir écoutés aujourd’hui, je dois dire que je suis très impressionné par la façon dont vous avez employé les investissements que le gouvernement a faits pour mettre les recommandations en oeuvre. Je suis aussi impressionné par les améliorations que vous avez apportées sur le plan de la communication et de la collaboration. Je pense que toutes les personnes ici présentes comprennent, grâce aux leçons apprises, à quel point il est difficile de communiquer à l’échelle municipale, provinciale et fédérale, ainsi qu’avec l’industrie et le public, et aussi, qu’il est parfois très ardu de respecter les défis posés par les différentes compétences au Canada.
Je me demandais donc si vous pouviez nous présenter les étapes du processus, compte tenu de ce que vous avez appris.
Docteur Butler-Jones, vous avez noté un fait intéressant au début de la séance. Je pense que vous avez dit que tous les jours, plus de 20 000 Canadiens peuvent présenter les symptômes d’une maladie comme la listériose ou comme toute autre intoxication qui surviendra dans l'avenir. De façon générale, la Listeria est très commune. Une grande partie de tout cela est gérée à l’échelle municipale.
Je me demandais donc si vous pouviez nous présenter très brièvement ce que vous avez appris et les améliorations qui ont été apportées relativement à la façon de partir d'une situation d'ordre municipal — de quelque chose qui se produit à l'échelle d'un cabinet de médecin — pour ensuite l’envisager sous un angle beaucoup plus vaste.
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La surveillance se fait sans cesse puisque les personnes malades se rendent à l'hôpital ou chez le médecin, où il est possible qu'elles subissent des tests. Si c'est bien le cas, les échantillons finissent par être envoyés au laboratoire. S'ils contiennent l'un des organismes qui nous intéressent, les autorités locales de santé publique reçoivent un rapport. Si elles établissent qu'on n'a pas affaire à un cas unique, tous sont examinés pour déterminer s'il s'agit de quelque chose de familial ou de plus vaste. Lorsque le même microbe est présent dans 30 cas, il y a de quoi s'inquiéter.
Parfois, il en faut encore bien moins. Par exemple, une demi-douzaine de cas de Cryptosporidium a suffi pour qu'on émette un avis d'ébullition de l'eau à North Battleford, car quoi d'autre aurait pu en être la source? Puis, des rumeurs d'autres gens... Au bout du compte, qu'il faille procéder à un rappel d'aliments ou non, une partie de la question est qu'on intervient aussi au début sur le plan de la santé publique, par exemple en donnant des conseils.
Nous obtenons donc des échantillons. La Listeria est omniprésente dans l'environnement. Pour la plupart d'entre nous, elle n'a aucun effet nocif, même si nous l'ingérons par exemple avec notre laitue. Or, pour les personnes vulnérables, la listériose peut être une maladie très grave, comme nous l'avons vu il y a deux étés. Dans ce cas-là, ce qui s'est produit, c'est que nous avons reçu des échantillons de laboratoire. L'Ontario a reconnu qu'il y avait quelques cas de plus que ce à quoi on s'attendrait normalement. Grâce à PulseNet, nous avons été en mesure de déterminer qu'on avait affaire à une seule souche de la bactérie, ce qui veut dire qu'elle provenait d'une même source. À ce moment-là, nous ne savions pas quelle était cette source, mais nous avons été forcés à la chercher, de pair avec l'ACIA. En même temps, il y a eu une éclosion dans une maison de soins infirmiers; quelques cas — pas des douzaines, juste quelques-uns — présentaient les mêmes caractéristiques. En déterminant l'origine des aliments, entre autres, nous avons réussi assez rapidement à établir le lien avec l'usine Maple Leaf concernée.
En fin de compte, nombre de personnes sont tombées malades ou sont décédées. Toutefois, lorsque nous avons identifié la bactérie, seuls quelques cas étaient survenus; or, nous avions reconnu qu'ils avaient les mêmes caractéristiques et la même source. Nous devions donc approfondir la question. Je le répète, puisque la période d'incubation de la listériose est tellement longue, même si nous l'avions identifiée, il y avait déjà de nombreuses semaines que les personnes touchées avaient ingéré la bactérie, ce qui veut dire que d'autres seraient aussi affectées. Or, une fois la bactérie reconnue, on peut réduire le risque que d'autres la consomment et, par conséquent, le nombre de personnes atteintes et de décès.
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Concrètement, je pense que les mesures prises nous permettront d'accélérer la communication, la détermination du problème et la participation des autres parties du système, ce qui avancera du même coup les décisions portant sur les autres choses qu'il faut faire.
En outre, en améliorant les tests et autres, on saura plus rapidement si un problème potentiel est en fait un véritable problème. Ce point est très important, car dans la plupart des cas, les choses ne se passent pas comme dans l'émission CSI; on ne règle pas la question au bout de 30 minutes. En réalité, il faut plusieurs jours et parfois même des semaines.
Ce que j'essaie de dire, c'est que plus cette période est courte... sauf qu'en même temps, on n'attend pas toujours, et c'est important de ne pas attendre. Il y a donc le processus de réglementation, les rappels, etc., mais il y a aussi le processus relatif à la santé publique; ainsi, si nous avons des doutes, nous en parlons et nous rappelons aux gens l'importance d'avoir de bonnes pratiques alimentaires — car dans de nombreux cas, si les aliments sont bien cuits, le problème est éradiqué.
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Je m'en tiendrai aux aspects concernant la santé publique.
Une chose que l'OCDE et d'autres... Quelque 90 p. 100 des Canadiens font confiance au système d'assurance de la salubrité des aliments du Canada. Choses curieuse, toutefois, un peu moins de la moitié d'entre eux pensent qu'on peut reconnaître des aliments insalubres à leur apparence. À moins qu'ils soient vraiment moisis, c'est impossible. Des organismes se forment dans le réfrigérateur. Il y a donc encore beaucoup à faire à l'échelle locale, et également sur le plan de l'éducation, de la compréhension et de l'application.
Quant à notre stratégie, tout est une question de risques relatifs. On peut mourir d'avoir bu trop ou pas assez d'eau. C'est une affaire d'équilibre. Il est clair que la dinde, les coupes de viande maigre, etc., sont généralement meilleures pour la santé. Mais quelqu'un dont le système est immuno-déficient a tout intérêt à s'assurer que les aliments sont bien cuits, à cause du risque. C'est toujours une question d'équilibre des risques. Tout le monde n'est pas sensible à l'infection à Listeria; de fait, peu d'entre nous le sont. Nous sommes tous potentiellement sensibles à la salmonelle. Mieux vaut donc bien cuire le poulet. Pour la viande hachée, la plupart d'entre nous sont sensibles à la bactérie E. coli 0157 ou à d'autres colibacilles toxigènes. Nous avons donc intérêt à bien faire cuire la viande hachée. Ce sont des mesures pratiques.
Mais pour la plupart d'entre nous, notre tolérance, notre système immunitaire peut tout à fait supporter les viandes de charcuterie. Je ne pousserais pas tout le monde à abandonner la viande de dinde en faveur du pepperoni, ne serait-ce que pour l'élément obésogène.
Je vous rends la parole.
Je vais répondre à votre question concernant la politique sur la présence de Listeria. C'est une très bonne question.
Comme je l'ai dit plus tôt, Listeria est un organisme assez unique. En ce qui concerne la politique que nous avons en place, il y a certaines mesures qui entraîneront la réduction de toutes les bactéries — par exemple, l'utilisation des bonnes pratiques de fabrication, surtout la désinfection. Accroître les mesures de désinfection réduira certainement la concentration de toutes les bactéries, et pas spécifiquement de Listeria. De même, l'utilisation de l'approche de l'analyse des risques et maîtrise des points critiques serait également généralisée à toutes les bactéries dans une usine.
Une chose que vous devez comprendre en ce qui concerne cet organisme, c'est qu'étant donné qu'il est très répandu, nous ne pouvons recourir aux analyses d'environnement pour suivre différentes espèces de Listeria dans une usine. Si nous avions affaire à une bactérie comme Salmonella, qui n'est pas aussi répandue, il nous faudrait utiliser des techniques totalement différentes.
Un autre facteur qui est très spécifique, c'est le type d'aliments. Comme nous l'avons dit, les aliments qui constituent une source de préoccupation sont ceux qui ont une longue durée de conservation, qui sont réfrigérés et qui peuvent soutenir la croissance de Listeria. Les épices, par exemple, ne seraient même pas un problème dans le cas de Listeria, alors elles ne sont pas incluses dans la politique. Mais ce serait un problème pour un organisme comme Salmonella qui, nous le savons, a causé des problèmes dans les épices.
Cela est lié, en réalité, à la dose infectieuse pour les humains. Dans le cas de Listeria, nous savons qu'il faut un nombre élevé de cellules pour causer une infection, alors que pour un organisme comme Salmonella ou E. coli 0157, une seule cellule présente dans l'aliment peut parfois suffire pour provoquer la maladie.
Les critères pour vérifier la présence ou l'absence de Listeria font partie des autres mesures spécifiques que nous avons incluses dans la politique. Cela serait très spécifique de Listeria parce que cela concerne la dose infectieuse dont j'ai parlé. Pour vous donner un exemple, dans les normes régissant la présence de Salmonella dans les produits prêts-à-manger comme la viande, nous n'aurions jamais accepté des niveaux de tolérance différents comme nous le faisons pour Listeria où nous acceptons 100 cellules par gramme d'aliment dans le cas de certains aliments. Jamais nous ne ferions cela avec Salmonella ou E. coli 0157 parce que, contrairement à ce qui se passe dans le cas de Listeria, nous savons que de très faibles concentrations de ces organismes peuvent effectivement causer la maladie.
Les autres mesures précises dont nous avons parlé — par exemple, l'addition d'inhibiteurs comme le diacétate de sodium — seraient très spécifiques pour l'inhibition de Listeria et elles n'inhiberaient pas nécessairement les autres agents pathogènes dont nous avons parlé. Pour être encore plus précis sur la distinction entre les virus et les parasites, ils ne croissent même pas dans un aliment — ils ne croissent tout simplement pas.
Il y a des éléments très spécifiques dans la politique sur la présence de Listeria, mais certains des concepts généraux compris dans cette politique pourraient, en fait, réduire les dénombrements totaux de bactéries dans un aliment.
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Du point de vue de Santé Canada, il y avait sept recommandations pour lesquelles nous étions l'organisme responsable et on nous a attribué 10,5 millions de dollars sur trois ans.
Nous avons employé cet argent dans trois domaines. Le premier, c'est la politique de la présence de Listeria sur laquelle travaille M. Farber, ainsi que les additifs, le traitement accéléré des additifs et la réduction de l'arriéré touchant les additifs, et l'accroissements de la capacité d'évaluation du risque pour la santé. Nous avons formé des gens pour qu'ils puissent travailler 24 heures sur 24 et sept jours par semaine et nous faisons de la formation polyvalente également; alors, ils sont en mesure de fournir une évaluation du risque pour la santé non seulement dans le cas de Listeria, mais également dans celui d'E. coli, de Salmonella et d'autres agents pathogènes. C'est un domaine de responsabilité.
L'autre, c'est l'amélioration de nos méthodes de détection de laboratoire, comme nous l'avons dit, faire des tests de manière que nous puissions identifier Listeria en l'espace de cinq à sept jours, plutôt qu'en 10 jours, et travailler avec le CNRC pour trouver une méthode qui permet la détection de Listeria en 48 heures. Nous sommes en train d'améliorer et de valider certaines de ces méthodes pour détecter Listeria plus tôt.
Le troisième domaine, c'est celui de la communication des risques, les dépliants et brochures que vous avez vus, qui est une stratégie de communication ciblée et une campagne de marketing social de trois ans.