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Merci, monsieur le président. Je suis content d'être de retour.
Je vous remercie de m'avoir invité ici pour parler de cette question très importante, complexe et plutôt frustrante pour un certain nombre de Premières Nations et d'Autochtones.
Pour situer le contexte, je suis membre de la Nation haïda, en Colombie-Britannique. Je suis aussi avocat. Je pratique le droit autochtone depuis 15 ans dans l'Ouest du Canada. Avant cela, j'ai travaillé quatre ans et demi pour ce qui s'appelait le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. J'ai passé six semaines à m'occuper de testaments, avant d'examiner la question des terres durant encore quatre ans et demi. Mais la question des successions surgissait toujours en matière de développement économique dans les réserves, et c'est encore le cas de nos jours. Dans ma pratique, je gère parfois des successions. J'étudie peut-être une demi-douzaine de dossiers complexes qui concernent en général les baux relatifs aux terres des Premières Nations et le développement dans les réserves. Je ne m'occupe pas des successions qui ne portent pas sur les réserves. J'espère que mes connaissances vont vous aider un peu à trouver des façons d'améliorer le système.
Très brièvement, je veux poser une question très générale au comité: quel est le problème à régler? Existe-t-il une meilleure façon de régler la question des testaments et successions des Autochtones qui résident dans les réserves? Je pense que oui, mais la solution n'est pas simple.
En février ou en mars, les autres témoins ici présents et moi avons été invités par le ministère à participer à un groupe de réflexion à Ottawa pour examiner un certain nombre de solutions potentielles. Je ne les ai pas trouvées tout seul. Ces solutions sont le fruit de la réflexion de tout le groupe. C'était un exercice profitable, car il y avait des représentants de la province et du curateur public, ainsi que moi, qui représentait l'Association du Barreau canadien. Mes amis ici de l'ABA étaient présents, de même que des fonctionnaires du ministère qui travaillent à ces questions au quotidien.
Je pense qu'il existe quatre solutions potentielles. La première est le statu quo. Je dis toujours à mes clients qu'ils ont l'option de ne rien faire. Je vais laisser mes amis d'AADNC en parler. La deuxième, c'est de transférer les pouvoirs aux provinces. La troisième, c'est de confier le contrôle aux Premières Nations et d'adopter une loi facultative, comme la récente Loi sur les foyers familiaux situés dans les réserves et les droits ou intérêts matrimoniaux. La quatrième, c'est de modifier la Loi sur les Indiens et le Règlement sur les successions d'Indiens.
Je répète que je ne vais pas parler du statu quo, mais je veux soulever un certain nombre de questions liées au transfert des pouvoirs aux provinces. Comme vous le savez, la loi diffère d'une province à l'autre. Il est très coûteux de retenir les services d'avocats et de présenter des demandes de contrôle judiciaire. Il faudrait établir si le système provincial serait plus efficient. D'après mon expérience, il ne l'est pas. Il convient de savoir comment vont se conjuguer la loi provinciale et les dispositions sur les terres dans la Loi sur les Indiens. J'ai notamment appris du groupe de réflexion que le curateur public facture des honoraires pour gérer les successions. Les Autochtones ou le ministère devront peut-être assumer des frais si nous passons au système provincial.
La section du droit des autochtones de l'ABC a présenté des observations sur le projet de loi qui soulèvent un certain nombre de questions. Je recommande au comité de les examiner.
La deuxième option, c'est de confier le contrôle aux Premières Nations. Mes amis pourront peut-être répondre à cette question: est-ce que les Premières Nations veulent procéder ainsi? Les Premières Nations devraient-elles exercer ces pouvoirs? Contrairement aux terres, les successions sont des questions très personnelles. Il faudrait financer tout processus de manière adéquate, si les Premières Nations décidaient d'assumer ces responsabilités.
La quatrième option qu'il faut envisager sérieusement, c'est de modifier la loi et la réglementation.
Une bonne partie du processus actuel est dicté par les politiques, plutôt que par la loi et le règlement. Les dispositions législatives en la matière sont peu nombreuses, et je dirais qu'il existe un certain nombre de lacunes administratives. Par exemple, il faut savoir si un administrateur doit transférer ses comptes à la fin de l'administration d'une succession. C'est ce qu'exige la Loi provinciale sur le curateur, mais la réponse semble varier lorsqu'on parle aux fonctionnaires d'AADNC.
En Colombie-Britannique, où je réside et effectue la plupart de mon travail, la nouvelle Loi sur les testaments et les successions est en vigueur depuis le 31 mars. Nous pourrions examiner d'autres textes législatifs provinciaux et sélectionner certains éléments parmi les divers régimes pour élaborer un code global.
Enfin, je pense que toutes les recommandations qui visent à modifier le système actuel doivent prendre en compte divers aspects: la responsabilité constitutionnelle du Canada stipulée au point 24 de l'article 91; les coûts liés aux personnes qui passent du système actuel à un système différent; les coûts liés au changement pour le gouvernement du Canada, comme le besoin de conclure un genre de protocole d'entente avec les provinces sur les frais de gestion des successions de faible valeur dont le curateur public serait maintenant responsable; les changements doivent permettre une gestion plus efficiente des successions; enfin, les coûts à long terme des terres pour les familles et les Premières Nations liées aux successions.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Si vous êtes d'accord, je vais commencer, céder ensuite la parole à ma collègue, Mme Richer, puis je vais terminer l'exposé.
Tansi à tous.
Je m'appelle Brock Roe. Je suis associé au cabinet de droit MacPherson Leslie et Tyerman, le MLT. Je travaille pour les bureaux d'Edmonton, en Alberta, même si je vis à Saanich, tout près de Victoria, en Colombie-Britannique. Je me déplace selon les besoins.
Au MLT, je m'occupe d'un certain nombre de domaines juridiques. Je travaille surtout avec nos partenaires du droit autochtone pour soutenir nos clients en matière de gouvernance de bande, de développement corporatif, commercial et économique, de transactions d'affaires, de ressources, de réglementation et de consultation entre les Premières Nations, les secteurs des ressources et les gouvernements. J'appuie aussi nos partenaires pour nos groupes de clients non autochtones.
Grosso modo, j'ai une pratique commerciale générale en matière de droit des sociétés, de financement commercial ainsi que de gouvernance, d'acquisitions et de ventes d'entreprises et j'agis au nom de sociétés à but non lucratif. Autrement dit, je suis un généraliste.
J'ai acquis une certaine expérience pour avoir géré les successions de quelques Autochtones qui résident ordinairement dans les réserves. Je possède aussi un peu d'expérience dans la gestion des successions ordinaires d'Albertains en dehors des réserves.
Je suis également membre de la nation crie de Bigstone, située dans le Nord-Ouest de l'Alberta. J'ai grandi à Fort St. John, dans le Nord-Est de la Colombie-Britannique. Je possède donc une expérience unique en son genre pour avoir grandi en dehors des réserves, mais j'entretiens des liens étroits avec ma famille dans la réserve.
Je suis aussi directeur et trésorier de l'Association du Barreau autochtone au Canada, l'ABA.
Je vous précise que mes commentaires aujourd'hui reflètent la position de l'ABA, pas celle du MLT, du Traité 8 ou de Bigstone.
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Comme ma collègue, je vais faire des remarques générales sur certains problèmes que nous avons constatés et qu'il faut régler.
Étant donné que votre comité discute de la façon de gérer les successions et les possessions des Autochtones, il faut bien sûr consulter activement les Premières Nations sur tous les changements voulus, en gardant à l'esprit les objectifs que Mme Richer vient de mentionner. N'oublions pas que les Premières Nations au Canada possèdent leurs propres ordres juridiques.
Il importe aussi de se rappeler que les Premières Nations gèrent leurs possessions depuis très longtemps. Si nous envisageons de modifier la gestion des possessions d'un Autochtone décédé au Canada, nous devons tenir compte de la façon dont les Autochtones au Canada gèrent leurs possessions, conformément à leurs propres ordres juridiques, et des ressources que le Parlement doit fournir pour bien soutenir ce travail.
Il faut se souvenir que les relations entre l'État et un grand nombre de Premières Nations au Canada se fondent sur les traités. Ne soyez pas surpris si les Premières Nations examinent la question sous cet angle. Concernant les Premières Nations qui n'ont pas de traité avec l'État, il faut être prêt à ce qu'elles fassent valoir les droits autochtones. Ce sont deux points de vue très différents.
Si je comprends bien, le projet de loi d'initiative parlementaire du député a plus ou moins retiré un certain nombre d'articles désuets de la Loi sur les Indiens. Ensuite, certains articles sur les testaments et successions ont été supprimés dans le projet de loi. Nous discutons donc aujourd'hui de ces articles sur les testaments et successions.
Avant d'entamer les discussions, je veux souligner diverses questions à prendre en compte dans l'examen de tout type de modification. J'ai tenté de les organiser de façon raisonnée, mais les testaments et successions constituent des questions complexes qui englobent nombre de lois. J'ai cherché à les trier et à les organiser selon certains critères.
Le concept de résident ordinaire ne s'applique pas qu'aux réserves. Même le Manuel de procédures pour les successions des défunts le reconnaît, mais les fonctionnaires d'AADNC s'appuient sur lui pour gérer les successions. Ce concept fait aussi référence aux Premières Nations qui vivent sur les terres publiques et du ministère de la Défense, dans les parcs provinciaux et nationaux et sur les terres achetées par l'État pour les Premières Nations qui n'ont pas le statut de réserve. N'oublions pas que des Autochtones qui ne résident pas dans les réserves sont aussi visés par ce concept. Par exemple, il y a un groupe d'Autochtones qui vit sur des terres publiques dans le camp Smallboy, situé sur le versant est d'une montagne en Alberta.
Le règlement des différends a été abordé brièvement devant votre comité le 8 avril. Le ministre ou les fonctionnaires d'AADNC ne disposent pas d'un outil administratif pour gérer les successions litigieuses. Si vous voulez apporter des changements, vous devriez parler aux Premières Nations pour trouver des solutions aux différends. Les Premières Nations sont le mieux placées pour connaître leurs communautés et elles auraient une bonne idée de la façon de régler les litiges. Par ailleurs, vous ne pouvez pas simplement transférer un processus administratif aux Premières Nations qui gèrent déjà les successions. Ce genre de processus demande des ressources adéquates.
Les dispositions ab intestat dans les divers régimes provinciaux prévoient des seuils. La première somme est remise au survivant, puis le reste est divisé entre les enfants et lui, ou selon la formule établie. Actuellement, la Loi sur les Indiens stipule que le seuil s'élève à 75 000 $. En Alberta, ce montant est passé récemment de 40 000 à 150 000 $ dans la nouvelle loi. Je ne suis pas certain du seuil en Colombie-Britannique. En Ontario, je crois comprendre que c'est 200 000 $. Nous devons examiner cet écart. On vient de me dire que c'est 300 000 $ en Colombie-Britannique.
Nous devons examiner pourquoi il y a cette importante disparité. De toute évidence, les provinces ne peuvent pas gérer les intérêts possessoires dans les réserves. N'oublions pas que cela excède leurs pouvoirs, aux termes des articles 91 et 92.
C'est aussi une question de clarté. On ne peut pas simplement édicter un régime qui applique la loi fédérale dans un certain contexte de gestion des successions et la loi provinciale dans un autre.
J'essaie de me rappeler si j'ai déjà conseillé un client sur un dossier complexe qui demandait d'effectuer des recherches sur les deux régimes. Je peux vous dire que ce serait très coûteux, plus qu'un dossier qui porte sur un seul régime et qui s'appuie simplement sur la jurisprudence.
M. Gray a signalé le 8 avril qu'environ 20 % des successions sont gérées par les administrateurs d'AADNC et le reste par les administrateurs familiaux.
Nous craignons qu'AADNC se distance des décisions de ces administrateurs familiaux, afin de se soustraire à toute responsabilité éventuelle.
Dans ce contexte, les administrateurs familiaux sont en quelque sorte laissés à eux-mêmes pour prendre les décisions. Ils ont pourtant beaucoup à apprendre, comme les avocats. Nous devons en tenir compte, soutenir leur prise de décisions et leur donner des directives claires. Sinon, les successions ne seront pas gérées ou réglées.
Je ne savais pas qu'il existe des administrateurs dans les gouvernements provinciaux, mais M. Gray ou M. Saranchuk a dit le 8 avril que des contrats lient deux provinces pour la gestion des successions.
C'est assez intéressant. En plus des Premières Nations liées par ces contrats, le comité pourrait inviter ces administrateurs pour connaître leur point de vue sur le processus et pour savoir s'il y a des améliorations à apporter.
On a fait des commentaires sur les disparités régionales à votre dernière séance. Si on répartit les 20 % de successions gérées par AADNC, il existe une grande disparité entre la Colombie-Britannique et l'Alberta, par exemple. Il semble que personne ne comprenait pourquoi, d'après la transcription de la dernière séance. Je vais donc vous donner mon point de vue, fondé sur les discussions de notre groupe de réflexion.
Il faut examiner comment les intérêts possessoires dans les réserves sont reconnus sur le plan juridique au pays. En Colombie-Britannique, beaucoup plus de certificats de possession ou d'occupation sont délivrés, ce que nous appelons des intérêts possessoires légitimes. En Alberta, il y en a beaucoup moins. Lorsqu'une personne décède, bien moins d'intérêts doivent être gérés qu'en Colombie-Britannique.
La Colombie-Britannique a aussi un processus relatif aux traités auquel un certain nombre de Premières Nations participent. Bien des gens doivent examiner toutes les successions en instance et se pencher sur les intérêts échus dans les réserves.
Certaines nations songent également à adopter la Loi sur la gestion des terres des premières nations. Il faut examiner un certain nombre d'intérêts échus dans les réserves.
Si on vend sa maison située sur une terre ordinaire, on doit tenir compte de l'hypothèque et peut-être d'un certificat d'affaire en instance ou d'un genre de bref sur le titre de propriété. Avant de vendre la maison, on doit régler les intérêts en suspens.
C'est le même principe dans les réserves. Avant le transfert de la terre en vertu d'un traité, d'un accord d'autonomie gouvernementale ou de la Loi sur la gestion des terres des premières nations, il faut examiner tous les intérêts échus. En Colombie-Britannique, il y a un grand nombre de certificats de possession qui sont délivrés et de vieilles successions qui prennent beaucoup de temps à régler. Je pense que les processus soulèvent ce genre de questions bien plus souvent en Colombie-Britannique qu'en Alberta, par exemple.
Cela explique sans doute pourquoi il y a une disparité entre les provinces.
Le testament olographe est assez facile à préparer et consiste à rédiger ses intentions sur la gestion de ses possessions après la mort. En général, il n'est pas litigieux si les intentions sur les possessions sont clairement indiquées et que la signature de l'intéressé y figure.
En gros, c'est les critères qu'il faut respecter en vertu des dispositions sur la rédaction testamentaire dans la Loi sur les Indiens. MM. Gray et Saranchuk en ont parlé à votre dernière séance.
Nous craignons qu'en remplacement de ces dispositions sur le testament olographe, l'exigence d'un testament solennel va forcer un Autochtone à consulter un avocat et l'empêcher de rédiger son testament dans la réserve, à l'aide de quelques directives.
Le testament est très différent du testament olographe, et certaines formalités doivent être respectées. Un témoin testamentaire ne peut pas être désigné à titre de bénéficiaire dans le testament. Ce sera difficile, car il faut informer tout le monde. Par exemple, vous avez pleine confiance en votre soeur parce qu'elle s'occupe beaucoup des affaires de votre famille. Or, si vous voulez aussi qu'elle reçoive quelque chose, alors elle ne peut servir de témoin pour votre testament, mais vous voulez qu'elle vous aide à le préparer.
Vous voudrez aussi probablement demander conseil pour savoir si vos legs ou les dispositions testamentaires seraient valides aux termes de votre testament. Pour le transfert de terres de réserves, si vous avez un intérêt légitime en tant que possesseur légal, comme un certificat de possession, vous voudrez en tenir compte dans votre testament et le transférer.
Il existe un concept que l'on appelle le bail au noir, qui est en quelque sorte un intérêt non officiellement reconnu sur les terres de réserve. Beaucoup de membres des Premières Nations vivent dans une roulotte depuis longtemps, et tout le monde sait qu'ils vivent sur une certaine parcelle de terre. Nous pouvons appeler cela un intérêt, mais ce n'est pas reconnu aux termes de la Loi sur les Indiens, et c'est un intérêt légitime non reconnu. Quand la personne qui vit dans la roulotte sur ce terrain rédige un testament, peut-elle vraiment transférer ce terrain à quelqu'un d'autre? C'est une chose que l'on doit aborder dans la Loi sur les Indiens, car il y a beaucoup d'intérêts de ce genre.
Je dirais qu'il vous faut beaucoup consulter les Premières Nations sur la façon de régler cette question, car il ne s'agit pas seulement d'introduire un régime de titres. Il y a de nombreuses questions à ce sujet en raison du caractère collectif des terres de réserve.
En ce qui concerne l'homologation, lorsqu'on veut rédiger un testament, on doit le faire homologuer et approuver par un tribunal. Si on vit dans une réserve à trois heures de route, on devra se rendre à un palais de justice ou ailleurs pour obtenir l'information ou, si on a la chance d'avoir accès à l'Internet, on peut imprimer le document et le remplir. Il faudra payer des frais d'homologation et probablement demander une aide ou des conseils juridiques.
Je ne sais pas si une personne vivant dans une réserve peut demander l'aide juridique et si elle satisfera aux exigences minimales pour l'aide juridique dans les provinces; de plus, comme nous le savons tous, les budgets pour l'aide juridique ont été réduits partout au pays.
De plus, que ferons-nous en ce qui concerne les 8 % de gens qui ont déjà un testament? On en a également discuté. Si 8 % des membres des Premières Nations qui vivent dans les réserves ont rédigé des testaments et que nous prenons de nouvelles mesures, y aura-t-il quelque chose dans une loi ou ailleurs qui tiendra compte de ces testaments existants? Ces anciens testaments olographes seront-ils maintenus, ou exigerons-nous que les personnes obtiennent des conseils juridiques et rédigent un nouveau testament? Il sera difficile de retrouver ces gens. Il faudra leur dire qu'ils doivent reconsidérer tout cela, qu'ils ne peuvent céder cela de cette manière et qu'il est nécessaire d'adopter une nouvelle approche.
Au sujet des tuteurs et curateurs publics, je crois comprendre, d'après la séance de discussions où nous avons entendu trois tuteurs et curateurs publics de la Saskatchewan, de l'Ontario et de la Colombie-Britannique, qu'actuellement, ils n'ont pas les connaissances administratives ni l'expertise nécessaires pour régler les problèmes des Premières Nations dans les réserves. Certains en ont un peu. Il existe des cas de jurisprudence — mais ils sont rares — dont ils peuvent s'inspirer. Ils n'ont pas les connaissances ni le budget pour s'occuper de cela.
Si vous réfléchissez à l'idée de confier aux provinces la responsabilité de s'occuper de ces successions, pensez aux 3 600 dossiers ouverts actuellement et à leur transfert aux provinces. Imaginez l'exercice bureaucratique et administratif nécessaire pour déterminer quel groupe est inclus, ou que quelqu'un doit traiter avec le groupe de Colombie-Britannique parce que les dossiers sont beaucoup plus nombreux et que l'on devra affecter davantage de personnel. En Alberta, en Saskatchewan, dans les territoires et partout au pays, ce serait la même chose.
Voilà quelques éléments à garder à l'esprit, car cela semble être un processus relativement simple, mais il est en fait assez compliqué et il exigera beaucoup d'efforts.
Voilà mes commentaires.
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En 2010, j'ai préparé un document en vue d'une présentation à la sous-section des testaments et fiducies de l'Association du Barreau canadien. Je l'ai passé en revue ce matin. C'est un excellent document...
Des voix: Oh, oh!
M. John Gailus: ... qui établit très bien en des termes que tous pourront comprendre — du moins, je le crois — le cadre dans lequel nous sommes aujourd'hui. Je crois que ce document pourrait être utile au comité. Il est d'ailleurs déjà là.
Une voix: Formidable.
M. John Gailus: Si vous le souhaitez, je peux préparer une liste des 10 principaux changements nécessaires, mais je doute qu'elle soit aussi divertissante que celles de David Letterman.
À titre d'exemple, l'une des choses qui nous viennent à l'esprit est la façon de traiter avec les successions, et surtout avec les successions sans testament. Le problème n'est pas que ces successions soient résolues, mais bien qu'on ne s'en occupe tout simplement pas. Puis, arrive un moment où le petit-fils ou quelqu'un d'autre s'intéresse au certificat de possession de la terre et souhaite mettre la main dessus seulement pour découvrir que son grand-père, son père, sa mère sont décédés et que personne n'a pris soin de leur succession.
On se retrouve donc avec 20 ou 30 héritiers qui vont chacun avoir une fraction des intérêts, des intérêts qui, de surcroît, sont indivis. Alors l'un des problèmes relatifs à ces successions sera d'essayer de convaincre tout le monde de transférer la terre. Cela peut donner lieu à des querelles intestines. Dans les cas où la terre est effectivement transférée et qu'il y a 30 personnes engagées dans le processus, le problème est alors de les convaincre toutes d'exploiter cette terre. Alors, les occasions qui se présenteront disparaîtront l'une après l'autre, puisque chacune de ces 30 personnes détient virtuellement un droit de veto.
L'une des choses qui manquent au régime actuel est la possibilité pour une personne d'aller en cour afin de demander l'ordonnance de partage qui lui permettra de vendre sa partie. Il y aura des offres, de sorte qu'à défaut de conclure un marché, il vous sera quand même possible de faire quelque chose avec la terre. C'est un exemple de ce qui pourrait être modifié sur le plan législatif: les lois pourraient être mises à jour afin de permettre la résolution de ces impasses.
J'ai présentement trois dossiers qui concernent cette question. Certains intérêts fractionnels — dans ce cas-ci, la propriété est divisée en vingt-cinq — tiennent les autres héritiers en otage en bloquant le partage de la terre.
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Je vais essayer de faire le point.
Tout d'abord, il y a ces questions foncières d'une grande complexité qui ne concernent pas les compétences provinciales, comme vous l'avez souligné, monsieur Gailus. J'ai lu votre document et j'ai bien écouté votre témoignage. L'étude sur les terres que nous avons menée avait elle aussi cerné ces questions fort complexes. Nous avons donc cet élément, qu'on ne saurait ignorer.
L'autre aspect qui ne peut être mis de côté est le fait qu'il y a différents statuts dans les réserves. Certains résident habituellement dans les réserves, mais ne peuvent être reconnus comme membres inscrits sur réserve en raison d'inadmissibilité de la deuxième génération ou du non-respect d'autres critères. Les terres de certains pourraient faire l'objet d'une vente en vertu de l'article 50, même s'ils sont des membres de la collectivité. Voilà un autre élément.
Madame Richer, vous avez souligné à bon escient qu'aucun changement majeur ne devrait être fait sans que le devoir de consulter ait été rempli, comme cela s'est fait pour nombre de décisions. D'après ce que je peux comprendre, voilà le type de contexte avec lequel nous devons composer.
Il y a aussi ces deux autres éléments sur lesquels le comité devrait selon moi se pencher.
Tout d'abord, y a-t-il à l'heure actuelle des Premières Nations qui exercent leur compétence à l'égard des testaments et des successions? Je ne crois pas que nous en connaissons une seule, mais il serait probablement utile pour le comité de parler avec des Premières Nations qui ont décidé d'exercer cette compétence.
Ensuite, je crois que M. Roe a dit que le comité aurait avantage à recevoir le témoignage des deux provinces qui ont un contrat avec AADNC et d'entendre le point de vue de certains tuteurs publics.
Pour la suite, je m'aventure peut-être en terrain miné. C'est un peu ma bête noire... mais j'avoue que j'y pense aussi parce que le ministère a fait une évaluation des problèmes relatifs à ses processus internes. Bref, je crois que le ministère devrait préparer un rapport sur ce qu'il fait pour régler ses propres problèmes à l'interne. Ensuite, le ministère pourrait resserrer ses politiques et processus sans qu'il y ait besoin de changer la loi. Peu importe les raisons — absences de formulaires appropriés, mauvaise compréhension des procédures, etc. —, le ministère devrait disposer d'un processus limpide applicable partout au Canada quant au traitement des testaments et des successions.
En ce qui concerne le règlement des différends, la Commission canadienne des droits de la personne a un très bon cadre pour permettre aux collectivités d'arriver à des solutions. Je crois comprendre que Mme Richer ne voit pas de problèmes de ce côté, mais le fait demeure qu'il existe des processus de résolution des différends qui pourraient être adoptés.
En dernier lieu, sans se lancer dans de grandes modifications législatives, il serait opportun d'examiner le processus réglementaire pour voir si certains mécanismes mériteraient d'être dépoussiérés et rajeunis à la lumière de ce que certains gouvernements provinciaux ont mis en oeuvre en matière de modernisation.
C'est bien cela? Ai-je bien résumé certains des éléments clés?
M. Roe a fait un excellent travail en dressant la liste complète des choses que je n'ai même pas abordées, mais j'essaie de voir sur quel prochain sujet le comité devrait mettre le cap. Il y a certes des choses que nous apprendrons de nos futurs témoins, mais il y en a d'autres sur lesquelles nous pourrions formuler des recommandations en attendant une modification en profondeur de la loi — un exercice complexe, s'il en est un — et le déploiement d'un processus global. Entre-temps, nous pouvons assurément faciliter la vie des gens en simplifiant certaines choses.
Avez-vous des observations à formuler à ce sujet? Mon analyse comporte-t-elle des erreurs flagrantes qui m'auraient échappé?
M. Brock A. F. Roe: Excusez-moi, je voulais simplement relire mes notes.
Mme Jean Crowder: Je n'y vois pas d'inconvénient.