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Monsieur le président, merci de nous avoir invités à témoigner devant vous aujourd’hui. Je m’appelle Tim Johnston et je suis le gestionnaire de la North Central Community Futures Development Corporation Inc. Je suis accompagné de notre présidente, Frances McIvor, entrepreneuse de Wabowden, au Manitoba, et membre de la Première Nation de Peguis, et du chef Marcel Moody de la Nation crie de Nisichawayasihk à Nelson House, qui préside notre Comité d’expansion des affaires. Nous vous savons gré de nous permettre de vous faire part de nos commentaires concernant l’accès aux capitaux.
La CFNCD a été formée en 1997, avec l’aide de Diversification de l’économie de l’Ouest Canada, en tant qu’agence de développement économique communautaire régionale. Notre région couvre la partie septentrionale centrale du Manitoba et se rend jusqu’à Norway House au sud et à Churchill au nord. La population est d’environ 35 000 habitants et compte sept premières nations, sept collectivités des Affaires du Nord et trois communautés industrielles urbaines. Entre autres aspects uniques, les cinq Premières Nations du Nord qui sont signataires des projets de développement hydroélectrique actuels au Manitoba, ainsi que la ville canadienne qui compte le pourcentage le plus élevé de résidents des Premières Nations, se trouvent dans la région et sont membres de la CFNCD.
La CFNCD est une institution financière autochtone membre de l’Association nationale des sociétés autochtones de financement.
Les programmes de la CFNCD misent, entre autres, sur l’expansion des affaires en offrant des prêts, des services consultatifs et du soutien, ainsi que sur le développement communautaire en appuyant les initiatives qui améliorent la qualité de vie et la viabilité des collectivités. Le conseil d’administration de la CFNCD estime que ces deux options sont nécessaires à la réussite. Comme il a été mentionné dans « Partager la prospérité du Canada – Un coup de main, pas la charité », rapport final du Comité sénatorial permanent des peuples autochtones, publié en 2007:
Un développement économique réussi dépend de la capacité de la collectivité de gérer et d’exploiter ces ressources à son avantage économique. Si cette capacité n’existe pas, les terres et les ressources n’auront qu’une valeur économique limitée.
Cependant, aujourd’hui la CFNCD parlera de l’expansion des affaires et des défis, obstacles et possibilités relatifs à l’accès aux capitaux auxquels doivent faire face les entrepreneurs et les collectivités autochtones dans notre région.
Entre le moment de sa création en 1997 et le 31 mars 2014, la CFNCD a versé un total de 6 625 221 $ en fonds d’emprunt en vue d’aider les entrepreneurs à démarrer, à acheter ou à agrandir une entreprise. La CFNCD a été constituée en 1997 avec 900 000 $ et a reçu 100 000 $ en 1998 selon les besoins attestés, mais elle n’a reçu aucune capitalisation supplémentaire depuis. Sa dette irrécouvrable se chiffre à 576 000 $, dont elle a pu recouvrer 120 000 $ au total, ce qui représente un taux de pertes sur prêts de 8,7 % assorti d’un taux de recouvrement de 20,9 %, ce qui porte donc à 6,9 % le total des pertes sur prêts. À titre d’organisme qui accorde des prêts de développement, le conseil de la CFNCD est fier de cette réalisation.
Au cours des deux derniers exercices, du 1er avril 2012 au 31 mars 2014, la CFNCD a accordé à des nouvelles entreprises 13 prêts totalisant 404 000 $; elle a consenti à des entreprises existantes 14 prêts totalisant 633 000 $; elle a remanié quatre prêts d’une valeur de 122 000 $; elle a augmenté le ratio d’endettement de 900 557 $; et elle a créé un total de 58 emplois à temps plein et 39 à temps partiel.
La question est de savoir comment un fonds d’emprunt de 1 million de dollars peut obtenir ces résultats. La réponse est qu’il ne peut pas. La CFNCD a trouvé des capitaux supplémentaires de l’ordre de 1 075 000 $ par l’intermédiaire de cinq prêts provenant d’autres sources: quatre du Community Futures Investment Funds au Manitoba, et le prêt initial d’une autre institution financière autochtone, la Northwest Manitoba Community Futures Development Corporation à Lynn Lake.
La capacité d’accéder à des capitaux a été primordiale, mais elle a aussi entraîné des difficultés. Le taux d’intérêt débiteur doit tenir compte du coût d’emprunt. En outre, au fur et à mesure que des emprunts sont consentis, on a tendance à contrôler plus rigoureusement les prêts, qui deviennent stratégiques. Ces mesures empêchent certains emprunteurs d’avoir accès à des capitaux. Ces défis ne devraient pas nécessairement être perçus comme étant négatifs, mais ils influent sur la disponibilité et le coût du capital pour les entrepreneurs.
La CFNCD a servi d’organisme de prestation externe aux programmes à l’intention des entreprises autochtones de septembre 1998 au 31 mars 2013, de concert avec Industrie Canada, Affaires indiennes et du Nord Canada et Affaires autochtones et Développement du Nord canadien. La CFNCD a ensuite offert des programmes au First Peoples Economic Growth Fund et à la Louis Riel Capital Corporation jusqu’au 31 mars, date à laquelle elle a dû mettre fin au financement en raison de contraintes financières.
Malheureusement, au fil des ans, la cession du programme a réduit le rôle de la CFNCD, et notre organisme n’offre plus ce service. La CFNCD était l’un des meilleurs organismes de prestation externe au Canada, car son bureau se trouvait dans notre région, dans le Nord du Manitoba, et qu’il était doté d’un employé à temps plein pour aider les collectivités et les entrepreneurs des Premières Nations. En conséquence, on a fait des investissements stratégiques considérables à l’échelon local dans les grands projets d’infrastructure et du secteur des ressources.
À titre d’exemple, en 2005, grâce à une contribution de 500 000 $, la Nation crie de Nisichawayasihk a agrandi la propriété du Mystery Lake Motor Hotel à Thompson — projet qui a coûté 2,8 millions de dollars. Il s’agissait d’un investissement stratégique puisque le gouvernement fédéral envisage actuellement de l’ajouter à la réserve, ce qui permettra à la Première Nation de générer des revenus qui seront réinvestis.
Un autre exemple est la contribution de 500 000 $ que le Nisichawaysihk Construction Limited Partnership a reçue en 2009 pour acheter de l’équipement de construction d’une valeur de 5,8 millions de dollars dans le cadre du projet hydroélectrique de Wuskwatim. Malheureusement, la cession a provoqué un certain nombre de changements, notamment celui de réduire les formules des contributions ainsi que de faire en sorte que le programme soit offert à partir de Winnipeg, qui se trouve à environ 750 kilomètres de Thompson. Ce changement a malheureusement réduit l’accès aux capitaux en raison du manque de visibilité et de présence du programme dans la région. Par conséquent, le rôle en matière de prêts de développement et le renforcement des capacités est amoindri.
La capacité de construire et de favoriser les relations à long terme avec les collectivités autochtones et non autochtones ainsi que l’industrie est essentielle et permet de régler la question des entraves à l’accès aux capitaux. Le conseil de la CFNCD a pour objectif de créer de la richesse dans notre région en encourageant un changement dans notre économie fondée surtout sur les transferts sociaux. Cette optique de création de la richesse nécessitera la participation de tous les intervenants. Le gouvernement fédéral a besoin d’envisager des changements au plan législatif ainsi qu’au plan du ministère, des programmes et des politiques.
Il est primordial de permettre aux Premières Nations de créer et de conserver de la richesse pour pouvoir faire des investissements en capitaux. L’industrie et le secteur des ressources doivent accroître la participation des Premières Nations et leur offrir un surcroît de possibilités d’investissement dans les grands projets et développements. Il faudra, pour ce faire, un temps considérable et une stratégie qui allie le renforcement des capacités avec la créativité et un meilleur soutien.
Il est primordial d’améliorer les relations entre les intervenants. Notre région a prouvé que des relations solides conjuguées avec des actions réelles peuvent faire une différence. La signature d’un accord autochtone entre notre plus grand centre urbain et les intervenants de la région a été un début. J’ai apporté des copies du rapport. Je m’excuse de n’avoir que la version anglaise, mais je peux vous la laisser à titre indicatif, si vous voulez.
Depuis la signature de l’accord autochtone en 2009, le groupe de travail sur la diversification économique de Thompson a reconnu que le développement économique de notre région dépend des partenariats avec les collectivités, des intérêts autochtones et de l’industrie. On a entrepris des travaux pour conclure un accord économique pour le Nord du Manitoba, dans l’optique de dégager des valeurs, des croyances et des principes communs parmi les Premières Nations et les collectivités autochtones, l’industrie, les organismes de conservation de l’environnement ainsi que d’autres organismes gouvernementaux et non gouvernementaux.
En conclusion, afin d’améliorer l’accès aux capitaux, il serait bon de tenir compte des points qui suivent.
De nombreuses institutions financières autochtones ont besoin de capitaux supplémentaires, dont la CFNCD, pour répondre aux besoins avérés, mais il devrait leur être accordé en fonction de leur rendement. Elles doivent toutes avoir accès à des capitaux d’emprunt supplémentaires. Les institutions financières autochtones d’aide au développement des collectivités comme la nôtre n’ont pas toujours eu le sentiment d’être traitées comme des partenaires à part entière ou égaux dans le cadre de négociations avec l’ANSAF ou le gouvernement fédéral.
Un programme d’achat de réduction d’intérêt est nécessaire et doit combler l’écart entre les coûts relatifs aux emprunts et aux prêts. Toute cession de programme doit tenir compte de l’incidence sur l’entrepreneur et les collectivités desservies. Pour centraliser les opérations, il faut mettre en place des plans pour assurer l’accessibilité au programme ainsi que sa présence et sa visibilité, ce qui pourrait se faire par le truchement de sous-contrats avec des organismes comme le nôtre.
Le gouvernement fédéral doit coordonner les politiques et programmes ministériels afin de maximiser les retombées pour les Premières Nations. La Nation crie de Nisichawayasihk et la ville de Thompson ont conclu un accord sur les services municipaux en 2005, qui a été modifié en 2010, mais les deux parties attendent impatiemment la désignation du gouvernement fédéral. À une époque où l’accès aux capitaux est problématique, la dernière chose que le gouvernement fédéral devrait faire est d’empêcher les Premières Nations de créer leur propre richesse.
Pendant la rédaction de cette présentation, le maire de la ville de Thompson, Dennis Fenske, et le chef de la Nation crie de Nisichawayasihk, Marcel Moody, m’ont tous les deux demandé d’encourager le gouvernement à faire avancer ce processus. Les contributions au programme et le financement devraient s’attacher à offrir aux collectivités des Premières Nations la possibilité de participer à des projets économiques uniques et opportuns sur leurs territoires. Dans notre cas, il s’agit du développement hydroélectrique. Cette question a été soulevée dans le rapport auquel j’ai déjà fait allusion, qui disait:
En outre, parce que les options financières sont souvent limitées, elles sont incapables d’investir dans des améliorations d’infrastructure ou de participer à des projets d’exploitation des ressources à grande échelle.
Enfin, il est nécessaire d’encourager et de favoriser de meilleures relations entre les collectivités autochtones, les collectivités non autochtones et l’industrie pour maximiser les débouchés économiques des Premières Nations.
Nous vous remercions de nous avoir donné l’occasion de témoigner devant vous. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Richards, mesdames et messieurs les députés, chef Moody et madame et messieurs les témoins, merci de me donner l’occasion de parler de l’accès aux capitaux et de certaines solutions que nous avons trouvées au fil du temps.
Si vous me le permettez, je continuerai en français afin d’être plus efficace compte tenu du temps dont je dispose.
[Français]
J'aimerais vous entretenir du problème d'accès au capital des Premières Nations. Mes collègues ici présents, qui sont membres de l'Association nationale des sociétés autochtones de financement, ou l'ANSAF, ont bien expliqué ce problème. Mon organisation fait également partie de l'ANSAF depuis 1992.
Parmi les facteurs en cause dans le problème d'accès au capital des Premières Nations, il y a d'abord l'article 89 de la Loi sur les Indiens, qui prévoit que les biens d'un Indien dans une communauté sont insaisissables. Il y a également le facteur de l'éloignement des communautés des grands centres financiers. Évidemment, il y a les différences culturelles qui caractérisent les communautés autochtones. En règle générale, un banquier traditionnel qui ne connaît pas très bien un environnement hésitera à accorder du financement.
En général, les Autochtones ont de la difficulté à avoir accès à du capital. Les entrepreneurs autochtones n'échappent pas à cette réalité. C'est la raison pour laquelle le gouvernement fédéral a lancé en 1985, avec les Premières Nations, la Stratégie canadienne de développement économique des Autochtones en injectant 345 millions de dollars dans les Premières Nations. Cette somme comprenait notamment 200 millions de dollars pour créer des sociétés de financement autochtones à travers le Canada, dont la Société de crédit commercial autochtone — la SOCCA. Je suis le président-directeur général de la SOCCA, qui a été créée en 1992 avec une capitalisation initiale de 5 millions de dollars, plus une somme supplémentaire de 3 millions de dollars qui est venue du gouvernement fédéral, pour une capitalisation totale de 8 millions de dollars.
De 1992 jusqu'à aujourd'hui, nous avons consenti pour 60 millions de dollars de prêts. Nous avons investi dans plus de 500 projets d'entreprise, ce qui représente 650 prêts d'entreprise en tout. Le capital de 8 millions de dollars est rendu maintenant à 11 millions de dollars. Nous avons fait fructifier le capital. En ce qui concerne la SOCCA, je dirais que le meilleur est à venir.
Un autre fait d'armes de la SOCCA est que nous avons ouvert la voie à la mise en place de partenariats. Nous avons notamment travaillé pendant plusieurs années avec le Mouvement Desjardins, au Québec, de même qu'avec la Banque Royale du Canada. Nous nous sommes aperçus que la SOCCA a agi un peu comme une pionnière. Elle a ouvert des portes et fait connaître le marché autochtone aux grandes institutions financières. Avec le temps, nous avons constaté que les grandes banques et les caisses populaires qui étaient réfractaires à accorder du financement aux communautés autochtones se sont impliquées davantage, ayant reconnu qu'il y avait là de bonnes occasions d'affaires.
La SOCCA a fait de l'éducation et du développement. Elle a ainsi préparé le marché, en quelque sorte. Au départ, nous avons financé des petites entreprises, et ces petites entreprises, avec l'expérience de crédit qui était bonne, ont migré tranquillement vers les grandes institutions financières. En 2005, dans le cours de ses activités, la SOCCA s'est aperçue que les communautés avaient d'autres sortes de besoins, notamment en matière d'habitation, qui était un problème très grave.
Je vous fais grâce des détails, mais vous savez que le retard des communautés autochtones dans tout le Canada au chapitre de l'habitation se mesure en milliards de dollars. Il faut donc trouver des solutions. En 2005, la SOCCA a créé une autre société: la Société d'épargne des Autochtones du Canada. Au départ, c'était un projet pilote. Cette société n'avait pas de capitalisation et reposait sur la capacité financière de la SOCCA.
Ce projet pilote consistait à tester le marché et à émettre des obligations à hauteur de 1 million de dollars qu'on voulait vendre à des Autochtones, à des membres des Premières Nations qui avaient le goût de faire de l'épargne. La première émission d'obligations était de l'ordre de 1 million de dollars, mais notre objectif était quand même modeste.
On s'était dit que si on en vendait pour 500 000 $, ce serait un succès. Le jour précédent l'émission d'obligations, on avait déjà atteint le million de dollars. Le projet pilote ayant été concluant, on a continué à émettre des obligations. Depuis 2005, on a procédé à 18 émissions d'obligations représentant un capital de 22,3 millions de dollars. Ces obligations ont été vendues essentiellement à des membres issus de huit différentes Premières Nations.
En 2012, on a également ouvert le marché avec les grandes institutions; Il y en a trois qui ont acheté des obligations de la Société d'épargne des Autochtones du Canada. dont le Régime des bénéfices autochtone, qui est le fonds de pension pour les Autochtones au Québec. Il s'agit d'un fonds d'un demi-milliard de dollars, aujourd'hui.
À qui prêtons-nous? Essentiellement, l'argent recueilli par l'émission d'obligations est prêté pour des fins d'habitation dans les communautés. Jusqu'à présent, nous avons 57 emprunteurs et nous avons accordé des prêts pour une somme de 24 millions de dollars. Le marché que nous visons est d'abord et avant tout celui des individus solvables qui veulent être propriétaires de leur maison. Nous travaillons également avec les conseils de bande des Premières Nations qui ont des fonds d'habitation. Lorsque le fonds a besoin de capital, nous pouvons prêter au fonds. Nous prêtons également pour des projets de logement communautaire.
Les prêts que nous accordons, selon l'avancement des communautés que nous servons, sont associés à des programmes de formation adaptés à la réalité de ces communautés.
Un des objectifs que la Société d'épargne des Autochtones du Canada et nous poursuivons est de changer les façons de faire, de changer les mentalités et de passer d'un système de dépendance dans les communautés à un système de responsabilité.
Quand on parle de dépendance dans les communautés, pour les locataires, les logements sont d'abord et avant tout trop souvent perçus comme étant une obligation du conseil de bande à leur égard. Le logement est vu comme un dû, mais ce n'est pas vu comme une possibilité d'investir dans le patrimoine pour le futur.
Essentiellement, les locataires dépendent des conseils de bande. Les conseils de bande, quant à eux, dépendent des gouvernements pour les garanties ministérielles et, également, pour les contributions financières. À cet égard, avouons-le, dans un contexte d'austérité — un mot bien populaire au Québec actuellement —, l'argent n'est évidemment pas toujours au rendez-vous et pas toujours disponible.
Les prêteurs, quant à eux, engrangent tous les profits et ne prennent à peu près aucun risque. En fait, ils consentent des prêts, ils font de l'argent et ils bénéficient de garanties ministérielles. En bout de ligne, les grands perdants sont les conseil de bande qui paient la facture sachant qu'une garantie ministérielle, ultimement, fait en sorte que le conseil de bande voit ses budgets de fonctionnement diminuer.
Il faut changer ce système et responsabiliser tous les acteurs, à la fois les prêteurs, qui vont évidemment vouloir continuer à faire des profits, puisque en utilisant leur capital ils veulent obtenir un rendement. Cependant, nous devrons les éduquer pour que les emprunteurs prennent des risques — les emprunteurs et les conseils de bande —, mais aussi les membres des Premières Nations qui ont une maison ou un logement. Il faudra également les responsabiliser.
Plutôt que d'en faire des locataires, notre objectif est d'en faire des propriétaires. Quand on est propriétaire de sa maison, on a le goût d'en prendre soin. On a le goût de l'entretenir parce que cela peut devenir un des actifs importants du patrimoine ainsi qu'au moment de la retraite.
Par contre, il ne faut pas s'illusionner. Pour passer d'un système de dépendance à un système de responsabilisation, cela ne se fera pas en un clin d'oeil, cela va prendre du temps.
Il faut des projets pilotes, des pionniers et des organisations dont la mission est le développement et qui, tranquillement, vont créer un marché de l'habitation dans les communautés. C'est un peu ce que nous avons fait avec les entrepreneurs dans le cadre de la Société de crédit commercial autochtone, et c'est ce que nous avons l'intention de faire avec la Société d'épargne des Autochtones du Canada. Le changement va s'opérer graduellement. Il va falloir être patient, mais il va aussi falloir obtenir l'engagement et le soutien du gouvernement pour permettre à ces changements de se faire.
Plutôt que d'opter pour un système de garanties ministérielles, le gouvernement devrait considérer la possibilité de fournir les moyens nécessaires pour que les produits d'investissement offerts aux investisseurs et à ceux qui ont de l'argent puissent fonctionner. Il faut donc garantir les sources de capitaux plutôt que les prêts consentis. Il faut laisser la gestion des risques et des prêts aux organisations qui connaissent bien le marché et qui se spécialisent dans ce domaine.
Je vous remercie.
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Pour répondre à votre question, j'aimerais soulever deux points. Si nous prenons notre propre fonds d'emprunt, qui avait un capital d'un million de dollars, nous prêtons environ 600 000 $ par année. Nous prêtons sur des périodes allant de un à cinq ans. Selon nos calculs, c'est impossible de le faire. Nous aurions besoin d'un fonds de 2,5 millions de dollars pour répondre à la demande actuelle que nous voyons dans la région.
Fait intéressant, une des difficultés qu'ont rapportées les institutions financières autochtones est que leurs taux d'intérêt ne sont pas viables dans le marché actuel. En fait, avec le taux de pertes sur prêts de 6,9 %, nous sommes viables même avec ces taux d'intérêts bas.
Encore une fois, je pense que le rendement et la demande sont essentiels, mais qu'il faudrait un fonds d'emprunt de 2,5 millions de dollars dans notre région, si l'on se fonde sur le montant d'un million de dollars. Nous avons emprunté 1 million de dollars de ce montant. Nous continuons de chercher des façons uniques d'accroître notre fonds d'emprunt. C'est notre fonds désigné.
Pour ce qui est du financement d'Entreprise autochtone Canada, nous avions l'habitude de verser approximativement entre 500 000 $ et 1 million de dollars par année en contributions. Elles sont cruciales car, comme on l'a fait remarquer, pendant la transition au cours des 20 dernières années dans le Nord du Manitoba, nous avons délaissé le financement des petits projets — qui, bien honnêtement, comportaient des risques plus élevés que les autres — pour étudier de manière stratégique les investissements importants qui ont des rendements à long terme, comme la participation de la NCN au projet hydroélectrique de Wuskwatim. Ce projet générera des rendements au profit des partenaires aussi longtemps que le barrage sera en opérations, mais il aura fallu 4 millions de dollars de contributions provenant d'autres fonds privés pour y arriver. Nous devons commencer à penser de façon plus stratégique. Honnêtement, cela signifie que les contributions devront être plus importantes si nous voulons minimiser les risques à long terme.
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Nous avons participé à de nombreux projets de développement économique d'envergure dans notre collectivité. Nous avons établi un partenariat avec Manitoba Hydro dans le cadre d'un projet hydroélectrique. Nous sommes les propriétaires du tiers d'un projet de 1,6 milliard de dollars et nous avons dû débourser 20 millions de dollars pour être partenaire dans un projet de développement hydroélectrique dans notre collectivité.
Nous avons également une épicerie à Thompson, qui a ouvert ses portes il y a environ un an et demi. Nous avons la propriété à Mystery Lake, qui est située à Thompson. C'est une propriété qui, je pense, peut fonctionner à Thompson. Nous construisons également un nouveau commerce dans notre collectivité pour remplacer celui qui s'y trouvait déjà.
Il est très frustrant de ne pas pouvoir accéder à des capitaux parce que la propriété n'est pas convertie. Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour la convertir. Même avec les droits fonciers issus de traités qui donnent l'obligation légale de convertir la propriété ou les terres dans des réserves, le processus est également complexe et lent.
Donc, pour ce qui est de faire des recommandations, je ne sais pas comment on peut accélérer le processus. Je pense que les régions doivent être plus réceptives. Il y a des modèles qui changent au fil du temps. Nous n'obtenons même pas l'information sur les politiques et les changements qu'on y apporte. Les gens de la région ne comprennent pas ce qui se passe dans les administrations centrales, si bien qu'il y a un fossé entre les administrations centrales et les régions.
Je ne connais pas tous les détails de ce qui s'est passé. Même les gens de la région ne comprennent pas quels sont les changements lorsqu'ils surviennent. Ils doivent donc attendre pour entendre ce que les administrations centrales ont à dire. Il y a parfois un manque de communication entre le ministère et notre Première Nation. Par exemple, lorsqu'on téléphone à la région, on n'a pas de réponse. Les gens ne nous rappellent pas. Il faut donc tout refaire, dont les études environnementales toutes les deux ans.
On dirait que l'on doit refaire toujours la même chose. C'est très frustrant pour nous, et nous devons être très patients. Nous avons toujours eu pour principe de voir à nos propres besoins en tant que collectivité et d'être autonomes et forts sur le plan économique. Nous savons que le gouvernement ne nous accordera pas le financement dont nous avons besoin. À l'heure actuelle, nous avons besoin de 60 millions de dollars pour l'infrastructure afin de rebâtir notre Première Nation. Nous avons dépensé 20 millions de dollars en capitaux pour Wuskwatim.
Ce financement a vraiment une incidence sur le développement de notre collectivité, mais nous savons que pour rebâtir notre communauté, nous devons investir, et c'est très frustrant, surtout pour d'autres Premières Nations. Au Manitoba, 75 % de nos Premières Nations sont gérées par un tiers et il leur est très difficile d'accéder à des capitaux dans les banques conventionnelles. Même quand nous empruntons de l'argent dans des banques pour mener un projet de développement économique, le gouvernement doit garantir ces prêts, et si quelque chose arrive avec le montant minimal dont nous disposons, nous pouvons faire faillite.
Heureusement, nous avons été en mesure de le faire nous-mêmes. Il y a d'autres Premières Nations de plus petite taille qui n'ont pas cette capacité et doivent accéder à des capitaux pour pouvoir participer à l'économie courante. Il y a tellement de stations-service que l'on pourrait construire dans leurs réserves. Ces Premières Nations doivent participer à notre économie et au développement des ressources. C'est vraiment important.
Pour ce qui est des recommandations sur la façon d'accélérer le processus, je pense que le gouvernement doit avoir la volonté de le faire, car nous ne pourrons pas fournir tout le financement nécessaire pour les Premières Nations. Même notre Première Nation, par exemple, a besoin de 60 millions de dollars en ce moment. Nous avons besoin d'une nouvelle école, de nouvelles usines de traitement des eaux et de maisons. Il nous manque 400 maisons dans notre collectivité et nous avons toujours pour principe d'investir dans l'économie pour pouvoir rebâtir notre collectivité.
Nous attendons depuis 100 ans d'obtenir le financement adéquat dont nous avons besoin du gouvernement. Ce financement n'est pas là, mais nous nous débrouillons seuls. Je pense que c'est la bonne façon de faire, mais nous devons accéder à des capitaux, et c'est ce qui pose problème.
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Je vous remercie de votre question.
Nous nous inspirons du modèle de la Première Nation huronne-wendat, à Wendake, située à proximité de la ville de Québec. Nous nous inspirons de ce modèle parce que, dans les années 1970, la communauté de Wendake était assez pauvre, avec de petites maisons. Les gens prenaient deux ou trois ans pour construire leur maison, à mesure qu'ils recevaient des subventions gouvernementales. La communauté de Wendake n'était pas différente de la plupart des autres communautés du Canada.
Dans les années 1970, le conseil des élus en place a décidé de créer un fonds d'habitation et de consentir des prêts aux individus plutôt que de leur donner à la miette les subventions gouvernementales. Aujourd'hui, ce fonds a une valeur de 30 millions de dollars. Je vous dirais que les maisons de Wendake sont comparables à celles des municipalités voisines de la communauté.
J'ai parlé de casser le cycle de dépendance et d'amener la communauté dans un contexte plutôt de responsabilité. C'est exactement ce qui s'est passé à Wendake sur une période d'à peu près 40 ans. Au fur et à mesure que le fonds d'habitation grossissait, la communauté était en mesure de consentir des prêts de plus en plus importants, ce qui permettait aux gens d'avoir davantage accès au capital et ainsi de construire des maisons plus confortables et mieux adaptées à leurs besoins. Ces maisons, au lieu d'être toutes semblables, présentaient des caractéristiques correspondant aux goûts des gens.
Les gens sont devenus graduellement propriétaires. En étant propriétaires, ils ont continué à entretenir leurs biens, de sorte qu'aujourd'hui la communauté de Wendake est belle avec de belles maisons dont la plupart des gens en sont les propriétaires. À leur retraite, ils bénéficieront d'un actif quand même important.
La communauté de Wendake a travaillé également avec des institutions financières, au tout début avec la caisse populaire de Wendake, et par la suite avec la Société de crédit commercial autochtone, qui est une société de financement autochtone au même titre que le Community Futures North Central Development, que représentent les autres témoins à ce comité. Depuis 2005, le fonds d'habitation travaille en coordination avec la Société d'épargne des Autochtones du Canada.
On s'inspire du modèle de Wendake et on le réplique dans d'autres communautés qui sont prêtes à passer de la dépendance à davantage de responsabilité. Au début, on veut travailler avec des modèles, donc avec des individus solvables ayant de bons emplois. Nous pensons que, tranquillement, ces individus feront exemple dans la communauté et inciteront de plus en plus de membres de leur communauté à les imiter et à faire ce virage.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Vincent.
Comme je l'ai mentionné lors de notre discussion préalable, j'ai pris connaissance de votre biographie, qui date tout de même de 2009. Elle indique que votre organisation consent du financement à des conditions commerciales pour le démarrage ou l'expansion d'entreprises sous contrôle majoritairement autochtone. J'imagine que c'est toujours le cas aujourd'hui.
J'ai étudié au deuxième cycle en droit de l'entreprise. Je suis donc en mesure de déchiffrer et de lire un capital-actions. Cela requiert tout de même une formation spécialisée et c'est la raison pour laquelle la plupart de mes concitoyens ne sont pas en mesure de jeter un oeil sur la division au sein d'une entreprise donnée.
Dans ma circonscription, un des éléments clés de mon mandat au cours des quatre dernières années a été de devoir traiter avec la criminalité en col blanc. Il faut dire les choses comme elles le sont. En raison du Plan Nord et du boom économique, plusieurs entreprises ont été créées dans mon comté au cours des quatre dernières années. En vérité, ce sont des entreprises frauduleuses, c'est-à-dire des sociétés-écrans. Elles utilisent les Indiens à des fins de taxation et d'imposition. Vous êtes conscient des règles particulières qui s'appliquent à une entité qui revendique son statut autochtone.
Des entreprises clé en main ont été mises sur pied dans la région de Manicouagan. Ces entreprises travaillent notamment dans l'extraction des ressources naturelles et la construction. Je pense, entre autres, au chantier de la Romaine. Plusieurs entités corporatives sont apparues du jour au lendemain. Lorsqu'on jette un oeil à leur capital-actions, on constate que la direction ou le volant n'est pas réellement dans les mains de communautés ou de membres des Premières Nations.
Une autre situation a été portée à mon attention par des agents du développement économique dans la région de Manicouagan. Selon eux, la participation des Autochtones se limite souvent à l'émission de jetons — je ne connais pas ce concept — qui leur permettent d'assister aux réunions du conseil d'administration et, incidemment, aux matchs des Canadiens de Montréal. Là se termine leur participation. Lorsque les sociétés-écrans n'ont plus besoin des Indiens dans l'équation, si vous me permettez l'expression, elles les mettent simplement de côté. C'en est ainsi fait de l'entité qui se voulait autochtone au départ.
Monsieur Vincent, quelles sont les mesures de protection mises en place par votre organisation afin d'exclure ce genre de malversation ou de société-écran de vos activités?
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Je vous remercie, monsieur Genest-Jourdain.
En matière de prêts commerciaux, nous travaillons chez nous avec la Société de crédit commercial autochtone, qui existe depuis 1992. À ce jour, nous avons accordé pour 60 millions de dollars de prêts. Or notre taux de perte sur prêt est inférieur à 1 %. Nous avons une équipe compétente ainsi que des politiques en matière d'investissement et de crédit. Cela dit, nous filtrons dès le départ la capacité des entrepreneurs, leur réputation et leur compétence. Peu importe qu'ils soient entièrement autochtones ou associés à des non-autochtones, un filtrage assez important se fait.
Pour ce qui est du problème dont vous parlez, c'est-à-dire la criminalité, il y a malheureusement ce qu'on peut appeler des bandits. À mon avis, ceux-ci profitent de la pauvreté et de l'ignorance des Autochtones. Comme on le sait, il y a, de façon générale, un problème de formation chez les Premières Nations, et malheureusement, même certains leaders n'ont pas la compétence et l'expertise que vous possédez, monsieur Genest-Jourdain, et qui leur permettrait de comprendre la façon dont les deals sont organisés, de déchiffrer les états financiers et le capital-actions, en l'occurrence qui sont les actionnaires et comment fonctionne ce système. Il y a des actions avec droit de vote et des actions sans droit de vote, et ainsi de suite.
Des bandits flairent l'ignorance et la pauvreté au sein de certaines communautés. Ils achètent alors les leaders, les gâtent, les font se promener en jet ou en hélicoptère, les invitent à des matchs de hockey, et ainsi de suite. Malheureusement, ce ne sont que certains leaders de la communauté qui en profitent alors que la population en général souffre. Cela mène à des situations comme celle que vous décrivez.
À mon avis, la solution serait d'investir davantage dans la formation des leaders. Évidemment, il faudrait aussi être en mesure d'encourager l'essor économique au sein des Premières Nations, sortir celles-ci de la pauvreté, stimuler l'économie et créer de l'emploi. Il est clair qu'on réglerait alors en bonne partie le genre de problème que vous décrivez.
On parle notamment des compagnies de construction, dans votre région, mais je peux vous dire que d'autres initiatives fonctionnent très bien, par exemple Wendake Construction. Cette compagnie s'est associée à Hamel Construction, une firme en construction dont la réputation est exemplaire, qui passe tous les tests de l'Autorité des marchés financiers.
Avant de concrétiser cette association, la compagnie Wendake Construction a bien analysé son partenaire. Elle s'est assurée que l'association était fondée sur de bonnes raisons. Elle s'est aussi assurée que de la formation serait offerte aux membres de Wendake, que celle-ci ne serait pas un Indien de service, mais qu'elle jouerait vraiment un rôle dans la gestion de l'entreprise.
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Pour répondre à la question au sujet de l'Autorité financière des Premières Nations, je tiens à indiquer que nous ne faisons pas partie de cet organisme, mais que nous examinons la possibilité d'y adhérer afin d'aller chercher plus de capitaux pour notre collectivité.
En ce qui concerne la question de l'éducation dans notre collectivité, présentement, malheureusement... La fin de semaine dernière, des enfants ont essayé de mettre le feu à notre école. Je ne sais pas encore comment nous allons réagir à cela. C'est malheureux, mais c'est parfois la réalité. Les gens ne font rien, alors ils cherchent d'autres façons de passer le temps.
Nous avons besoin d'une école toute neuve pour éduquer nos gens, notre collectivité. Notre école a environ 30 ans, et elle n'est pas du tout fonctionnelle. Nous avons dû bâtir une école secondaire temporaire avec nos propres sous parce que la collectivité en avait besoin d'une. Pour éduquer nos enfants de façon convenable, il va nous falloir plus d'argent.
Le financement n'est pas à la hauteur. Je crois que nous recevons 5 600 $ par enfant alors que les autres commissions scolaires du Manitoba reçoivent environ 12 000 $. Il y a un écart à ce chapitre. Nos enfants ont besoin d'être éduqués.
Même avec notre projet Wuskwatim, nous disposions de plus de 12 millions de dollars pour mettre nos gens « à niveau » et ainsi leur permettre de se qualifier pour les emplois créés dans le cadre du projet. La majeure partie de cet argent a été utilisée pour mettre nos jeunes et nos gens à niveau afin qu'ils puissent être embauchés. Pendant tout le processus, notre objectif était d'embaucher le plus de gens possible pour ce projet, mais, malheureusement, étant donné les niveaux scolaires qu'ils devaient d'abord rattraper, nous n'avons pas été en mesure de les former suffisamment. Beaucoup d'entre eux avaient besoin de formation, mais, avant tout, d'une mise à niveau. Cela vous donne une idée des grands besoins que nous avons en matière d'éducation. Nous devons éduquer nos gens pour qu'ils aient au moins leur 12e année.
De plus, dans notre système scolaire, les personnes qui obtiennent leur diplôme de 12e année n'auront que l'éducation d'une personne qui terminerait sa 8e année dans le système ordinaire. Cela vous en dit long sur le système lui-même.
Lorsque l'on regarde le portrait d'ensemble dans la perspective d'acquérir une éducation, est-il possible de croire qu'il y a de l'espoir pour nos gens? Ils ne voient pas la lumière au bout du tunnel. C'est peut-être la raison pour laquelle ils ne veulent rien faire; il n'y a tout simplement rien à faire pour eux de toute manière. Il n'y a pas d'emplois. Il n'y a aucune industrie à laquelle les gens de notre collectivité pourraient se raccrocher.
Nous travaillons très fort pour régler ce problème, mais il nous faut des débouchés. Nous avons besoin d'espoir. Nous avons besoin d'être indépendants sur le plan financier, et c'est la raison pour laquelle nous participons à de si nombreux projets de développement économique. Nous voulons donner de l'espoir aux gens afin qu'ils aient le goût d'aller à l'école et d'acquérir la formation qu'il leur faut.
Comme vous le savez, l'éducation est primordiale, et c'est quelque chose que l'on a répété tant et plus d'un bout à l'autre du pays. Mais au final, il n'y a pas d'espoir. Il n'y a pas d'emplois pour nos gens. Sans formation ou sans éducation, il se peut qu'ils se retrouvent dans un cul-de-sac. L'éducation est effectivement primordiale.
Comme je l'ai dit, il nous faut des installations appropriées où nos gens pourront acquérir une éducation, une formation. L'amélioration de l'accès aux capitaux signifie aussi un meilleur accès à des ressources financières pour la formation, pour le développement économique [Note de la rédaction: inaudible].
Notre collectivité reçoit environ 200 000 $ pour le développement économique, mais cela n'est pas assez. Les gens veulent démarrer leur propre entreprise, mais il n'y a malheureusement pas assez d'argent pour cela, même pas pour de petites entreprises. Nous devons compter sur Community Futures North Central Development pour aider nos gens, mais nous avons besoin de plus de capitaux pour le développement économique parce que l'arrangement actuel ne fonctionne pas. L'octroi de fonds additionnels pour l'approche traditionnelle au développement économique autochtone ne fonctionne pas. Il faut changer d'attitude. Notre collectivité a besoin de plus d'argent pour la formation et le développement économique.
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Actuellement, nous travaillons uniquement au Québec, mais notre société est organisée de sorte à pouvoir donner éventuellement des services en dehors des frontières du Québec, à la grandeur du Canada. C'est un projet pilote, mais jusqu'à maintenant, il a tout de même permis de lever 25 millions de dollars de capitaux. Ces 25 millions de dollars ont été investis sous forme de prêts.
Il y a un fait intéressant à noter. Dans tous les prêts qui ont été consentis, il n'y a aucun arrérage et nous n'avons jamais subi aucune perte sur ces prêts. Il y a une raison à cela. Notre équipe de gestion est compétente. Nous connaissons bien le marché autochtone et nous sommes en mesure de bien évaluer les risques, ce qui nous permet de gérer adéquatement les investissements que nous recevons et la façon dont nous faisons des prêts dans les communautés.
Je dirais que, jusqu'à maintenant, c'est un succès. Ce qui nous limite, ce n'est pas de trouver du capital. Comme je le disais tout à l'heure, nous pourrions avoir 50 millions de dollars en date d'aujourd'hui. Certains investisseurs ont manifesté leur intérêt, mais dans la mesure où les obligations comportent des caractéristiques correspondant à leurs exigences en matière d'investissement, que ce soit des fonds de pension ou des compagnies d'assurance. En fait, il y a même une compagnie d'assurance et un fonds de pension qui sont clients chez nous.
Tous ces grands gestionnaires de fonds ont des politiques d'investissement et ils ne peuvent pas acheter n'importe quelle sorte de produit. Monsieur Valcourt, le ministre des Affaires autochtones et du Développement du Nord, est bien au courant du projet avec McConnell. Il s'agit de faire la démonstration que cela fonctionne. En bout de ligne, il faudrait obtenir la collaboration du gouvernement fédéral non pas pour garantir les prêts, mais plutôt pour garantir les obligations que les investisseurs sont prêts à acheter. Si on se base sur ce que nous avons réalisé jusqu'à maintenant, cette garantie ne coûterait pas très cher puisque, en 10 ans, nous n'avons perdu aucun prêt. Aucun prêt n'accuse de retard. Si le gouvernement s'était impliqué en 2005, cela ne lui en aurait rien coûté jusqu'à maintenant. La participation du gouvernement ferait en sorte que le modèle que nous avons mis en place pourrait connaître une croissance absolument extraordinaire parce que les capitaux sont disponibles. C'est véritablement la clé du succès.
Madame Whiteduck, que je connais très bien, est venue à ce comité. Elle vous a probablement parlé de fonds de capital pour attirer les capitaux. J'ai justement participé récemment à une table ronde avec des investisseurs parce que l'ANSAF veut mettre en place un mécanisme pour attirer 25 millions de dollars de capital à court terme pour servir les sociétés de financement autochtones qui en ont besoin.
Nous avons eu une réunion à Toronto dernièrement, où il y avait une table d'investisseurs. Ces derniers ont carrément dit qu'ils voulaient des produits pour investir, mais qui correspondaient à leur politique d'investissement. Essentiellement, ce n'est pas compliqué: ils achètent des obligations qui ont une notation AAA ou BBB — peu importe — ou des obligations garanties par le gouvernement fédéral ou provincial, ou même par une municipalité.
On ne peut pas s'en sortir. Si on veut faire du développement dans les communautés autochtones, il faut énormément de capital. Ce capital est disponible et il est entre les mains des grands investisseurs, qui veulent que les produits qu'on leur offre correspondent à leur politique d'investissement. Cela fait 10 ans que nous travaillons à cela. Monsieur Valcourt et les représentants du ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord sont très au courant du projet. Actuellement, la clé du succès est entre les mains du gouvernement fédéral.