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Merci beaucoup à vous, monsieur le président, ainsi qu'aux membres du comité pour votre aimable invitation.
Je suis ravi de pouvoir comparaître devant vous aujourd'hui au nom du Conseil canadien des ministres de l'environnement (CCME), ne serait-ce que parce que je sors à peine d'une réunion de notre comité des sous-ministres où la gestion des déchets a été l'un des principaux points de discussion. Nous préparons une rencontre des ministres en septembre. À la suite de nos échanges d'aujourd'hui, la gestion des déchets sera à l'ordre du jour de cette rencontre.
Cette convocation ne pourrait donc pas mieux tomber. Il se passe beaucoup de choses dans ce secteur au Canada et à l'échelle internationale. Les approches novatrices pullulent, tant du point de vue des politiques publiques que du côté de l'entreprise privée.
Si vous permettez, je vais prendre un moment pour vous parler de notre conseil. Précisons d'abord que nous sommes installés, non pas à Ottawa, mais à Winnipeg, et ce, depuis 1990. Le CCME est une association privée créée par les ministères de l'Environnement afin d'appuyer le travail des ministres et de leur personnel. Nous ne sommes pas une instance réglementaire. Nous ne sommes pas non plus des législateurs. Toutes les mesures dont nous convenons sont mises en oeuvre par les différents gouvernements dans leurs sphères de compétence respectives. Notre approche misant sur la collaboration et le consensus est l'élément clé de toutes nos réalisations. Nous mobilisons les ressources de tous les ministères membres pour donner suite aux directives des ministres et des sous-ministres. Nous travaillons à différents dossiers prioritaires qui comprennent, bien évidemment, la qualité de l'air et de l'eau, les sites contaminés et, plus récemment, la gestion des déchets.
Je viens de vous dire que la collaboration est au coeur des efforts du CCME. Il y a longtemps déjà que les ministres de l'Environnement s'intéressent activement à la gestion des déchets. Voici d'ailleurs quelques-unes des principales actions menées par les gouvernements par l'entremise du CCME.
En 1989, les ministres ont convenu de se donner pour objectif de réduire de 50 % les déchets d'emballage au Canada. En misant sur la contribution très active de tous les ordres de gouvernement, du secteur privé et de la société civile, on souhaitait y parvenir dans un délai de 10 ans. Cet objectif a été atteint en 1996.
En 2009, tous les gouvernements se sont entendus sur un plan d'action pancanadien concernant la responsabilité élargie des producteurs (REP). Chaque gouvernement applique désormais le principe de la REP pour un large éventail de matières résiduelles.
Afin de réduire l'emballage encore davantage, nous avons conclu un accord avec certains chefs de file de l'industrie, dont Walmart, Kraft Foods, Norampac Cascades, Starbucks et Tim Hortons. En outre, nous collaborons très étroitement à ce chapitre avec le Conseil canadien du commerce de détail, Produits alimentaires et de consommation du Canada et l'Association canadienne de l'emballage.
Je pense que tout le monde a maintenant pu voir le graphique plutôt alarmant rendu public l'an dernier par le Conference Board du Canada. On y indiquait que le Canada obtient la cote D pour ce qui est de la production municipale de déchets. Le Canada se situe ainsi au tout dernier rang parmi les pays de l'OCDE, même plus loin que les États-Unis, ce qui est plutôt embarrassant, même si les Américains ne faisaient pas vraiment meilleure figure. Il va de soi que nous pouvons faire mieux, mais nous devons tout de même reconnaître les succès et les réalisations découlant des efforts déployés par tous les ordres de gouvernement ainsi que par les citoyens eux-mêmes. On ne peut certes pas affirmer que les gouvernements, les entreprises, les consommateurs et les autres intervenants n'ont rien fait pour améliorer les choses.
Il faut notamment souligner que le grand principe stratégique de la responsabilité élargie des producteurs a été adopté partout au pays au cours des cinq dernières années et a été mis en oeuvre, comme je l'indiquais tout à l'heure, par tous les gouvernements provinciaux et territoriaux. En Nouvelle-Écosse, 42 % des déchets destinés aux sites d'enfouissement sont désormais réacheminés. En Colombie-Britannique, ce taux atteint 35 %, alors qu'il est de 29 % au Québec. Le Québec et le Manitoba imposent des redevances pour l'enfouissement qui servent au financement des nouvelles infrastructures de recyclage. En Colombie-Britannique, les 23 programmes de REP déjà mis en oeuvre ont permis, selon la province, de créer quelque 2 400 emplois et de réacheminer plus de 150 000 tonnes de déchets destinés aux sites d'enfouissement.
Il y a bien évidemment un aspect économique extrêmement important à la gestion des déchets. Selon l'industrie du recyclage, il s'y créerait 10 fois plus d'emplois (119 000) et de revenus que pour l'élimination des déchets. Il faut malheureusement noter un accroissement des dépenses municipales pour la gestion des déchets. De 2008 à 2010, ces dépenses sont ainsi passées de 2,6 milliards de dollars à 2,9 milliards de dollars, une hausse de 12 %. La valeur marchande des matières éliminées dans nos sites d'enfouissement dépasse le milliard de dollars par année.
D'autres témoins vous ont déjà parlé de la plus récente évaluation du Conference Board du Canada suivant laquelle une augmentation du taux de réacheminement en Ontario, à titre d'exemple, jusqu'à 60 % — une hausse importante, avouons-le, car il est actuellement de 23 % — permettrait de créer quelque 13 000 emplois et d'accroître le PIB de 1,5 milliard de dollars. La question ne concerne pas uniquement les instances fédérales, provinciales et territoriales. Il va de soi que les administrations municipales sont des intervenants clés. La Fédération canadienne des municipalités a joué un grand rôle dans la mobilisation des administrations municipales et des autres parties prenantes au sein du Conseil national Zéro déchet. J'ai le plaisir d'agir à titre de conseiller pour ce groupe.
Dans de nombreux secteurs, les intervenants de l'industrie ont accepté la responsabilité de la gestion du cycle de vie de leurs produits et ont pris les moyens nécessaires pour concevoir et offrir de façon plus efficiente les services requis pour répondre aux attentes gouvernementales en matière de responsabilité élargie des producteurs. Des chefs de file de l'industrie comme Walmart, Costco, Unilever, Procter & Gamble et Métro s'emploient à revoir leurs façons de faire les choses et à éliminer les déchets sous toutes leurs formes, en améliorant par le fait même leur rentabilité.
L'an dernier, les ministres de l'Environnement nous ont demandé de leur fournir des informations plus détaillées sur la situation de la gestion des déchets au Canada. Il nous reste à vérifier les éléments d'information provenant des différentes régions, mais le rapport produit nous donne un bon aperçu de l'état des choses au pays. Nous avons ainsi pu relever des pratiques novatrices et cerner certains défis et débouchés importants qui s'offrent à nous en tant que conseil appuyant le travail des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. On s'emploie encore à peaufiner ce rapport qui sera rendu public sous peu; je me ferai un plaisir de vous en faire parvenir une copie. Je suis persuadé qu'il saura susciter votre intérêt et éclairer vos délibérations.
On vous a beaucoup parlé de l'ampleur du problème. Les Canadiens génèrent près de 33 millions de tonnes de déchets résidentiels et non résidentiels par année. Sans surprise, les quatre provinces les plus peuplées ont les plus grandes quantités de déchets éliminés. On ne parvient à réacheminer qu'environ 24 % de ces déchets. La Nouvelle-Écosse a le taux d'élimination le plus faible, alors que l'Alberta a le plus élevé. Il y a corrélation directe entre les dépenses municipales et le taux de réacheminement des déchets. C'est ce que notre étude a révélé très clairement. Dans l'ensemble du Canada, on note une stagnation des taux de réacheminement. Ils n'ont augmenté que de 3,5 % depuis 2 000 parallèlement à un accroissement des quantités totales de matières éliminées.
Nous avons tenté d'isoler les conclusions particulièrement importantes de notre étude afin de mettre l'accent sur les mesures pouvant avoir le plus d'impact compte tenu de la quantité limitée de ressources et d'efforts que nous pouvons y consacrer. Il est ressorti de cette étude que nous avons menée pour le compte des ministres deux conclusions fondamentales qui ont vraiment retenu l'attention des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux et qui guideront leur démarche de collaboration au fil des prochaines années.
Les deux tiers des déchets éliminés au Canada proviennent de sources non résidentielles. Nous parvenons à réacheminer environ le tiers de nos déchets résidentiels, lesquels correspondent au tiers des déchets totaux, alors que seulement 20 % de nos déchets non résidentiels sont réacheminés. La majorité de nos efforts collectifs ont jusqu'à maintenant été dirigés vers les consommateurs résidentiels et les déchets qu'ils génèrent, mais ils ne représentent pas la principale source du problème. C'est là une constatation fort importante. Nous devons poursuivre les initiatives en cours, mais nous devons aussi tenter de mieux cibler nos interventions vers les plus grands producteurs de déchets.
Par ailleurs, et je ne suis sans doute pas le premier à vous le signaler, le manque de données est en train de devenir vraiment problématique. Cela complique les choses tant pour les gouvernements que pour l'industrie et les différents intervenants. Afin de rectifier le tir, le CCME a ciblé deux secteurs d'intérêt prioritaires soit celui des organisations à vocation industrielle, commerciale et institutionnelle, et celui des entreprises de construction, rénovation et démolition. En collaboration avec les intervenants de ces deux secteurs, nous allons d'abord dégager les éléments principaux à considérer pour ce qui est des enjeux, des lacunes, des obstacles et des possibilités. Nous pourrons ainsi déterminer et concevoir les outils et les pratiques les mieux adaptés pour appuyer les interventions des différents gouvernements. Nous sommes en outre tout à fait conscients de la situation particulière des régions rurales et éloignées. Certaines solutions qui fonctionnent dans les grands centres urbains ne sont pas nécessairement à recommander ailleurs au pays.
Nous comptons de plus nous intéresser aux déchets organiques. Les matières biodégradables, comme les résidus de cuisine et de jardin, comptent pour environ 40 % des déchets résidentiels au Canada et pour quelque 20 % des déchets non résidentiels, selon une estimation effectuée en Ontario. La plus grande partie de ces déchets vient des secteurs institutionnel et commercial.
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Je suis ici pour vous parler des enseignements tirés de l'évaluation environnementale sur les biosolides qui a été menée relativement à la station de traitement des eaux usées de Highland Creek à Toronto.
Je m'appelle Frank Moir et je suis coprésident du comité de liaison avec le voisinage de la station de traitement des eaux usées de Highland Creek. Ce comité favorise les échanges d'information entre les fonctionnaires de la ville qui travaillent à cette station et les citoyens du voisinage. Nous nous réunissons deux fois par année pour discuter de questions d'intérêt commun.
Highland Creek est l'une des quatre stations de traitement des eaux usées de la ville de Toronto. La station a été construite en 1955 à l'embouchure de la rivière Highland Creek, à l'est de Scarborough. La principale station de la ville de Toronto est celle d'Ashbridges Bay au centre-ville. Il y en a une à l'ouest, Humber, et une petite au nord près de la rivière Don.
Qu'est-ce qu'un biosolide? Les biosolides — que l'on appelle également boues d'épuration — sont les matières solides-liquides nauséabondes qui restent après le traitement des eaux usées. Ils renferment des pathogènes, des nutriments comme le nitrogène et le phosphore, des métaux lourds, différents produits chimiques industriels, des composés pharmaceutiques actifs et de nouvelles substances préoccupantes. Il ne s'agit donc pas uniquement de déjections humaines. Ces matières sont solides dans une proportion de 25 % et liquides à 75 %.
Quel est le problème? En 2002, la ville de Toronto qui venait d'être fusionnée souhaitait résoudre le problème de l'élimination des boues d'épuration dans ses quatre stations de traitement des eaux usées. On a alors décidé de procéder à une évaluation environnementale de portée générale du plan directeur pour les biosolides.
Cette évaluation environnementale municipale de portée générale est gérée par le promoteur, soit la ville de Toronto en l'espèce. Les promoteurs doivent suivre le processus de planification établi dans le document approuvé par la province pour une évaluation environnementale de portée générale. Tous les rapports doivent être soumis à l'approbation finale du ministère provincial de l'Environnement. Si le processus d'évaluation environnementale de portée générale ne permet pas de régler toutes les préoccupations environnementales importantes, le ministre peut décider d'intervenir.
Dans le cas d'Highland Creek, l'évaluation environnementale s'est déroulée en trois étapes principales. La première étape consistait à définir le problème; la deuxième visait à cerner les solutions possibles; et la troisième a permis de dégager l'option privilégiée.
La ville devait donc dans un premier temps définir le problème à régler. Elle avait besoin d'une solution sûre et acceptable sur le plan environnemental pour l'élimination des biosolides au cours des 20 prochaines années. La station d'Highland Creek a été construite dans les années 1950 et dotée d'incinérateurs de boues d'épuration en 1975. Ces incinérateurs ont fonctionné sans cesse depuis lors. Ils sont toutefois devenus désuets et doivent être remplacés.
À l'étape deux, 11 solutions possibles ont été envisagées pour Highland Creek, et une courte liste retenant trois options a été établie: la poursuite de l'incinération sur place; l'épandage, que l'on appelle parfois utilisation bénéfique; et l'enfouissement ou le recouvrement des déchets. Les résultats de cette analyse ont été examinés de concert avec les agences intéressées et la population.
À la troisième étape, la solution privilégiée a été sélectionnée. Les trois options figurant sur la courte liste ont été évaluées en fonction de 21 indicateurs environnementaux, sociaux et économiques. L'option ayant obtenu la meilleure note, et qui est ainsi devenue la solution privilégiée pour Highland Creek, a été la mise à niveau des incinérateurs avec un meilleur contrôle des émissions. En octobre 2009, le rapport final a été déposé pour une période de consultation publique de 30 jours et aucune objection n'a été formulée. Le conseil de ville a accepté la solution retenue pour trois des stations, mais pas pour celle de Highland Creek où l'on estimait nécessaire de procéder à de nouvelles études.
Ces études supplémentaires ont donc été effectuée pour aboutir encore une fois à une recommandation en faveur d'une mise à niveau des incinérateurs de Highland Creek parce que c'était la solution la moins coûteuse, celle qui produisait le moins de gaz à effet de serre, et celle qui avait le moins de répercussions sociales néfastes pour la collectivité. On y voyait une solution sûre et fiable avec laquelle les gens de la station étaient déjà familiers. C'était aussi la solution privilégiée par les citoyens, car elle évitait la circulation de cinq gros camions remplis de boues malodorantes pour un trajet quotidien de sept kilomètres dans les rues avoisinantes.
Le conseil de ville a alors renversé la décision prise à l'issue de l'évaluation environnementale. En juin 2010, le conseil n'a pas tenu compte de la solution recommandée et a plutôt voté en faveur de l'implantation d'un système d'épandage agricole, avec l'enfouissement comme solution de rechange.
La communauté a été stupéfaite d'apprendre la décision du conseil. On a écrit des lettres aux journaux; une pétition de 1 500 signatures a été présentée à la ville pour lui demander de revoir le dossier; des représentations ont été faites devant différents comités municipaux; et nous avons rencontré le personnel du ministère de l'Environnement pour lui faire part de nos inquiétudes quant aux agissements illégaux de la ville.
La ville avait toutefois un problème à régler. De nombreux conseillers voulaient que leur solution soit mise en oeuvre, mais le conseil n'avait pas approuvé le rapport d'évaluation environnementale pour Highland Creek. La ville a donc indiqué qu'elle allait tenir une autre rencontre publique pour informer les gens de la communauté de la décision du conseil. C'est lors de cette rencontre que les citoyens ont été mis au fait de la préférence de la ville pour l'épandage. La communauté était toutefois extrêmement favorable à la mise à niveau des incinérateurs.
Le personnel de la ville a alors promis de soumettre un rapport révisé sur le plan directeur concernant les biosolides à une consultation publique de 30 jours au début de 2012. On n'a toutefois jamais donné suite à cet engagement.
Juste pour vous montrer à quel point les camions qui transportent les boues d'épuration peuvent être imposants, j'ai inséré quelques photos dans notre présentation PowerPoint. Il s'agit de longues remorques à bascule qui sont chargées par le haut. La remorque est couverte d'une bâche de toile déroulante. Il n'y a donc pas de toit scellé. Lorsque ces camions circulent sur nos routes, la toile peut empêcher la pluie de pénétrer, mais elle ne peut rien contre les odeurs qui s'échappent du chargement.
Ces camions doivent parcourir un trajet de sept kilomètres à partir de la station de traitement de Highland Creek en passant dans un quartier très peuplé de l'est de Scarborough. On traverse Kingston Road en empruntant Lawrence et Morningside et en passant devant le nouveau centre informatique Centennial et le nouveau centre aquatique construit pour les Jeux panaméricains pour rejoindre l'autoroute 401. Après ça, on ne sait plus trop où se retrouvent les camions.
La situation est bien différente à la station d'Ashbridges Bay qui est située à seulement un demi-kilomètre de l'autoroute Gardiner. Les camions n'ont pas à circuler dans des secteurs résidentiels. Dans notre cas, le voisinage est résidentiel et commercial, sans compter les écoles.
En 2005, Toronto expédiait ses boues d'épuration par camion jusqu'au Michigan. Un de ces camions a perdu son chargement au beau milieu de la ville de Flat Rock. Ces boues sont essentiellement solides, mais elles se liquéfient lorsqu'elles sont brassées. Alors, lorsque le camion a dû s'immobiliser, tout son contenu s'est déversé par l'avant pour aboutir en pleine rue. Il a fallu deux jours pour nettoyer le tout. De six à neuf mois plus tard, l'État du Michigan a fermé ses frontières aux boues d'épuration en provenance de Toronto de même qu'à nos déchets. La ville a alors dû prendre d'autres arrangements très rapidement.
Qu'est-ce qui se fait ailleurs? Les secteurs adjacents de York et Durham, au nord et à l'est de la ville, et de Peel à l'ouest, ont tous recours à l'incinération des boues d'épuration avec contrôle des émissions. Il en va de même de plusieurs grandes villes d'Amérique du Nord et d'Europe. De nombreux producteurs alimentaires n'acceptent pas les fruits et légumes cultivés sur des terres fertilisées au moyen de biosolides.
La ville a finalement fait marche arrière à l'été 2012. Les autorités municipales ont alors rencontré les représentants du ministère de l'Environnement pour discuter de la situation. Les employés du ministère leur ont indiqué qu'il leur serait peut-être difficile de faire approuver l'évaluation environnementale du plan directeur pour les biosolides en raison de l'opposition populaire. Les demandes au ministre de l'Environnement pour une majoration risquaient, en cas d'acceptation, de retarder le travail dans l'ensemble des quatre stations. Le personnel de la ville a alors décidé de fermer le dossier du plan directeur existant pour les biosolides dans les trois autres stations et de procéder à une nouvelle évaluation environnementale pour Highland Creek.
En novembre 2013, le conseil municipal a accepté le principe d'une nouvelle évaluation environnementale. Les travaux ont débuté en avril 2014 et exigeront de 12 à 18 mois. Toutes les options possibles pour l'élimination des boues d'épuration seront envisagées et évaluées. La consultation publique sera une composante importante du processus. La première séance de consultation est prévue pour la semaine prochaine.
En conclusion, certains enseignements ont pu être tirés de cette expérience. En n'acceptant pas la solution recommandée à l'issue de cette évaluation environnementale de portée générale, le conseil municipal n'a pas adhéré aux principes inhérents à ce processus. Le personnel de la ville n'a pas été en mesure de réécrire le rapport final sur le plan directeur en matière de biosolides de manière à justifier la décision du conseil. De plus, le risque que l'évaluation environnementale ne soit pas approuvée par le ministre en raison de l'opposition de la collectivité de Highland Creek a été suffisant pour déclencher un nouveau protocole d'évaluation environnementale pour le secteur.
Je vais terminer en soulignant que l'évaluation environnementale est un outil important et efficace pour veiller à ce que le point de vue des citoyens soit pris en compte. Il est également primordial que chacun s'intéresse aux affaires de la collectivité.
Merci pour le temps que vous m'avez consacré.
Vous verrez dans l'ordre du jour, que j'espère pouvoir passer en revue avec vous aujourd'hui, que je vous parlerai de notre perception du problème et des premiers aspects auxquels nous nous sommes attaqués par l'entremise des cinq groupes de travail. Je terminerai en décrivant les possibilités qu'aurait le gouvernement fédéral de travailler avec le Conseil national zéro déchet, et j'espère que le gouvernement les prendra au sérieux.
À la diapositive 3, qui dit « un trop-plein de déchets » en haut, on montre que selon le rapport 2013 du Conference Board du Canada, le Canada s'est classé au dernier rang parmi 17 pays pairs au chapitre de la production de déchets. Voilà donc le coeur du problème. Dans l'ensemble du Canada, nos administrations locales consacrent près de 3 milliards de dollars chaque année à la gestion des déchets; des coûts supportés par les contribuables alors qu'il nous faudrait combler d'importants déficits sur le plan des infrastructures — eaux usées, transports, logements abordables. Tout cet argent pourrait être utilisé à meilleur escient si nous pouvions être plus efficaces en fait de production et de gestion des déchets.
La diapositive 4 fait état des coûts, mais il faut aussi penser aux problèmes environnementaux. Nous produisons trop de déchets. Et ces problèmes ne se limitent pas seulement aux enjeux environnementaux directs liés à la gestion des déchets, il faut aussi tenir compte des impacts en amont. Le tiers des gaz à effet de serre qui changent notre climat et font hausser le niveau de la mer résulte des activités industrielles et agricoles. Assurément, ce sont deux activités importantes: nous avons besoin des produits fabriqués par les industries et des aliments produits par les exploitants agricoles, mais dans certains cas, l'expérience nous a montré... Mais un rapport publié en 2013 par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation affirme qu'à peu près le tiers des aliments cultivés aboutissent dans les décharges publiques. Ils ne se sont jamais rendus dans nos assiettes. Si nous éliminions ce gaspillage, nous pourrions réduire la consommation d'eau du tiers, l'utilisation d'engrais du tiers, les impacts du transport du tiers, et ainsi de suite, et rediriger ailleurs les efforts et l'argent ainsi économisés.
Je pourrais aussi utiliser ces mêmes arguments pour l'industrie, car il suffit de penser aux nombreux articles de la vie courante qui s'usent à vue d'oeil, qui sont trop coûteux à réparer ou qui sont irréparables — et qui finissent, eux aussi, dans les sites d'enfouissement. Mais ce n'est pas tout. L'histoire se termine là pour les consommateurs, mais les municipalités savent toute l'énergie qui a permis de fabriquer ces produits, qu'on parle des ressources minières ou des processus de fabrication, de distribution et de vente au détail. Tout cela n'a plus aucune valeur. Ce ne sont plus que des coûts qui vont grossir les dépenses des municipalités qui doivent gérer ces déchets.
La prochaine diapositive dit « vers une économie circulaire ». Pour venir à bout d'un tel problème, nous devons internaliser les coûts des déchets à l'étape de la production et sensibiliser le marché aux choix efficaces sur le plan des coûts. Nous devons nous attaquer à la cause fondamentale, c'est-à-dire prévenir le gaspillage à la source. Nous devons abandonner l'économie linéaire — notre économie actuelle —, qui repose sur l'extraction des ressources, la fabrication des produits, la distribution, et on se retrouve avec la situation que je viens de décrire. Aucun incitatif n'est offert pour limiter les déchets qui sont générés au bout du compte.
Il faut passer à une économie circulaire, plus efficace, dans laquelle les produits sont mieux conçus et qui peuvent être réparés et recyclés à la fin de leur durée utile. Nous espérons aussi réduire les rebuts à toutes les étapes de la chaîne d'approvisionnement.
La diapositive 6 dit « vaut mieux prévenir que guérir ». Bien entendu, des changements de cette ampleur échappent largement à notre contrôle local, et c'est pour cela qu'il nous faut une organisation nationale, en collaboration avec la FCM et Metro Vancouver. Même avec l'aide d'une telle initiative, le défi reste gigantesque à cause de la nature mondiale de notre économie. Mais heureusement, d'autres s'y sont aussi attaqués. Par exemple, le gouvernement britannique vient de publier un énoncé de principe intitulé « Prevention is better than cure: The role of waste prevention in moving to a more resource efficient economy ». Vous verrez l'avant-propos du ministère. Je ne le lirai pas, mais vous pourrez vous y référer plus tard.
La prochaine diapositive, sur le World Economic Forum, montre encore une fois que nous ne sommes pas seuls. Le World Economic Forum défend le même point concernant l'économie circulaire:
La consommation linéaire aura bientôt atteint ses limites. L'économie circulaire offre tant des avantages opérationnels que stratégiques... Il s'agit d'une occasion d'un billion de dollars, débordant de possibilités d'innovation, de création d'emplois et de croissance économique.
À la prochaine diapositive, on expose la vision et la mission du Conseil national zéro déchet. Permettez-moi de vous lire la vision: « Un Canada uni dans l'atteinte de l'objectif “zéro déchet”, pour la génération actuelle et les générations futures. » J'insiste sur les mots « générations futures ». Notre mission consiste à collaborer avec tous les secteurs et à trouver un terrain d'entente pour nous rapprocher de nos objectifs.
La prochaine diapositive porte sur les orientations stratégiques. Notre conseil travaille actuellement à deux orientations stratégiques: catalyser le changement dans la conception des produits et des emballages pour qu'ils soient plus faciles à réutiliser, à récupérer et à recycler; et promouvoir la modification des comportements dans tous les secteurs de la société, dans le but de réduire le flux de déchets.
La diapositive suivante montre la structure de gouvernance. Nous avons un président; un vice-président; un conseil de gestion; un conseil de collaboration; cinq groupes de travail; un secrétariat, appuyé par Metro Vancouver à l'heure actuelle; et nos membres, qui appartiennent à diverses sphères. Nous sommes également soutenus par un groupe de conseillers, dont le Conseil canadien des ministres de l'environnement, la Canadian Stewardship Services Alliance et le prestigieux Cradle-to-Cradle Institute de la Californie. Nous espérons encore agrandir cette liste. C'est en partie pour cette raison que nous sommes venus vous parler aujourd'hui.
À l'autre page, on parle des domaines prioritaires. Le conseil compte trois domaines prioritaires: sensibiliser le public, harmoniser les politiques et l'échange de connaissances.
Nous avons également cinq groupes de travail. Je vais vous les présenter brièvement. L'autre diapositive porte sur les groupes de travail, à la page 12. Il y a d'abord le groupe des campagnes de communications nationales, qui s'efforce de sensibiliser le public. Les groupes de travail sont décrits plus en détail sur la diapositive, mais je vous laisse lire les descriptions par vous-mêmes.
La diapositive 13 porte sur le groupe de travail sur le gaspillage d'aliments. Un groupe de travail sur les aliments étudie les possibilités d'harmoniser les politiques les plus susceptibles d'empêcher que des aliments se retrouvent dans les déchets, et il recommandera des mesures qui pourront être soutenues à l'échelle nationale, dont des mesures fiscales fédérales ou provinciales pour encourager les dons d'aliments.
À la diapositive 14, il est question du groupe de conception des produits et des emballages, qui s'emploie à améliorer la compréhension des obstacles à la réduction des déchets d'emballage et à la plus grande récupération des matériaux d'emballage. Dans ce but, il cherche à cerner et à résoudre les entraves techniques, réglementaires et comportementales. On cherche notamment à harmoniser les politiques à l'échelle du Canada.
La prochaine diapositive porte sur l'économie circulaire. Nous en avons parlé brièvement tout à l'heure.
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Merci beaucoup. Je suis ravi d'être ici cet après-midi. Dans la région Atlantique, nous sommes en fin d'après-midi.
J'aimerais vous parler un peu de l'historique de la Société de gestion des déchets de l'île. Elle est une société d'État provinciale, qui administre et fournit les services de gestion des déchets solides de l'Île-du-Prince-Édouard, où la gestion des déchets est de compétence provinciale, contrairement aux autres régions du pays où elle est de compétence municipale. Je suppose que c'est à cause de notre situation géographique.
Notre mandat consiste à proposer un système de gestion des déchets efficient et respectueux de l'environnement, à la fois au secteur résidentiel et au secteur commercial de la province. Je fais partie du conseil d'administration de la société, à titre de directeur général, et c'est moi qui gère les opérations quotidiennes. Nous faisons aussi appel à divers entrepreneurs pour effectuer notre travail.
Nos services sont pleinement intégrés. Nous ramassons les ordures de chaque foyer de la province, et nous lançons un appel d'offres commercial pour les entrepreneurs qui sont chargés de ramasser les déchets. Toutes les matières organiques ramassées d'un bout à l'autre de la province sont expédiées à une seule installation de compostage centrale. Il s'agit d'une installation de 20 millions de dollars.
De plus, nous avons signé un contrat avec une installation de récupération d'énergie, qui transforme des articles qu'il est impossible de recycler ou de composter en énergie-vapeur. Cette énergie alimente le système de chauffage central de l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard et de l'hôpital Queen Elizabeth à Charlottetown. Cette énergie fait partie d'un réseau qui fournit de l'électricité à beaucoup d'entreprises. Les édifices des gouvernements provincial et fédéral sont chauffés grâce à cette énergie.
L'historique de la société est étroitement lié au fait qu'il n'existe vraiment pas beaucoup d'endroits à l'Île-du-Prince-Édouard où mettre un site d'enfouissement qui serait assez loin des insulaires. Contrairement aux autres provinces, il est plutôt difficile de trouver de tels endroits. La province et les collectivités le comprennent bien. Au moment où la Société de gestion des déchets de l'île a été créée, il y avait environ 35 dépotoirs dans la province; depuis, ils ont tous été fermés. À l'heure actuelle, nous avons un seul site d'enfouissement municipal.
Nous générons approximativement 100 000 tonnes métriques de déchets chaque année et, depuis la création de ce programme, nous en réacheminons bien au-delà de 50 %.
Nous avons établi des programmes pour beaucoup de produits. En plus d'accepter les articles qui peuvent être compostés et recyclés, nous acceptons les pneus usagés. Nous avons un endroit où les gens peuvent déposer des produits électroniques. Par ailleurs, comme c'est le cas dans les autres provinces, une foule d'autres produits pourraient être réacheminés grâce à notre programme, qui est bien parti.
Une des façons dont le gouvernement fédéral pourrait nous aider serait de faire en sorte que ceux qui déploient des efforts pour réacheminer des déchets aient droit à une aide financière. Encore une fois, dans notre cas, nos efforts sont entièrement financés par les contribuables de la province. Des frais résidentiels sont appliqués à tous les foyers de la province pour que leurs déchets soient ramassés en bordure de rue. Ces frais ne font pas partie des impôts fonciers, des taxes municipales ou des taxes de vente. C'est la Société de gestion des déchets de l'île qui impose ces frais, qui sont facturés selon le principe du recouvrement complet des coûts.
Nous avons réalisé énormément de progrès — compte tenu surtout de la fermeture de 34 des 35 sites d'enfouissement qu'il y avait dans la province. Ce qui nous inquiète surtout, c'est le fait que, étant donné qu'il n'existe ni mesure incitative ni mesure dissuasive pour ceux qui veulent faire les choses différemment, nous craignons que les gens choisiront l'option la plus économique, soit d'enfouir tous les déchets dans le sol. Ce n'est pas la bonne solution, mais c'est la solution la plus économique. Aucune aide financière n'est versée aux municipalités ou aux provinces qui cherchent à s'y prendre de la bonne manière.
D'autre part, sur le marché du recyclage, nous trouvons que les emballages et les produits sont en évolution constante et qu'on n'indique pas toujours bien s'ils peuvent être recyclés. Par exemple, vous remarquerez que, pour beaucoup des produits que vous achetez à l'épicerie, il est presque impossible de savoir si le matériel d'emballage est recyclable ou non. Une chose que j'aimerais que les gens comprennent, c'est qu'il est difficile de recycler quelque chose sur lequel il n'est pas clairement indiqué qu'il peut être recyclé. Nous considérons qu'il serait important que le gouvernement fédéral joue un rôle à ce chapitre et fasse en sorte que tous les matériaux d'emballage indiquent clairement leur composition pour savoir s'ils peuvent être recyclés.
Voilà qui met fin à mon exposé. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais remercier les témoins de leur participation à la réunion d'aujourd'hui et de leur expertise, qui est précieuse pour notre étude sur la gestion des déchets.
Je vais m'adresser à MM. Goeres et Louie.
Vous avez parlé d'un rapport qui m'estomaque littéralement. Je suis estomaqué de voir ce rapport du Conference Board du Canada, dans lequel le Canada est classé au dernier rang parmi 17 pays pairs en matière de gestion des déchets.
Je me demandais pourquoi il était urgent d'étudier la gestion des déchets. Maintenant, je le comprends. Nous avons beaucoup de travail à faire, et ce, de façon urgente. J'espère que le comité va pouvoir formuler des recommandations fermes à la fin de cette étude étant donné l'état de la situation.
D'ailleurs, ce serait génial si l'un d'entre vous pouvait transmettre le rapport au comité pour que les membres puissent en prendre une bonne connaissance et que les analystes puissent l'examiner.
Ma première question s'adresse à M. Louie.
Vous avez fait du très bon travail et votre présentation était très claire. Que fait actuellement le gouvernement fédéral en ce qui concerne l'économie circulaire, dont vous avez bien parlé et que vous voulez mettre en place?
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D'accord. Comme on le voit sur la diapositive, le groupe de travail est en train d'établir des politiques et des lignes directrices de prévention et de réacheminement des matériaux qui seront soumises au gouvernement. Comme on l'a dit, nous espérons que tous ces rebuts ne se retrouvent pas au dépotoir. Nous souhaitons prendre exemple sur un certain nombre d'instances et de situations.
Pas plus tard qu'hier, par exemple, le conseil municipal de Vancouver a adopté une résolution sur la démolition, qui nous permettra d'imposer un taux de réacheminement des matériaux de 90 % lors de la démolition de toute maison construite avant 1940 qui aurait du « caractère ». C'est la première étape. Le processus est plus long et un peu plus coûteux, mais le coût est relativement faible comparativement au coût total de la maison. On parle d'environ 5 000 $, alors qu'il faut des centaines de milliers de dollars pour construire une maison, mais cette mesure permet d'atteindre un taux de réacheminement des matériaux de 90 %.
Le groupe de travail vient tout juste d'être créé. Il a pour mandat d'essayer de favoriser le recyclage. Nous envisageons peut-être d'étendre la portée de certaines interdictions actuellement en vigueur dans la région. Par exemple, les déchets de bois propre sont interdits dans la région métropolitaine de Vancouver, et une telle mesure pourrait être appliquée par étape au reste du pays aussi.
Au fond, les mesures que nous envisageons ne sont pas propres aux entités institutionnelles, commerciales et industrielles, mais je pense que l'uniformité à l'échelle nationale est importante pour les industries et entreprises. Je crois que nous avons beaucoup parlé des gouvernements aujourd'hui, que ce soient des instances locales, provinciales ou fédérales, mais ce qui compte le plus, ce sont les affaires. Nous croyons que ce serait un avantage concurrentiel pour le Canada de pouvoir rediriger les ressources qui iraient normalement du consommateur aux sites d'enfouissement ou aux installations d'incinération, afin de pouvoir réutiliser les déchets de façon bénéfique. Mais le plus important, c'est de ne pas jeter les matériaux en premier lieu. Je pense que c'est l'objectif de tous les groupes de travail, y compris celui sur les rebuts de construction et de bâtiments.
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Je vous remercie de votre question.
Nous avons une certaine expérience ici, en Colombie-Britannique. En fait, je sais que l'Ontario a aussi des mesures législatives visant à permettre ce genre de don; elles suppriment les questions de responsabilité concernant des aliments moins frais qui ont été produits, et qui sont peut-être encore absolument propres à la consommation, mais qui finissent aux poubelles parce que le commerce ne peut pas donner de nourriture aux organisations dans le besoin.
Pour que ce soit possible, le gouvernement fédéral pourrait notamment revoir ses lois fiscales de façon à encourager les dons alimentaires. Ces aliments auraient ainsi une valeur. Tout ne serait pas laissé à la bonne volonté des commerces qui donnent aux organismes dans le besoin; ce serait plutôt accompagné d'une valeur estimée, ou réputée, comme tout autre don.
Il faudrait peut-être des indications en matière d'étiquetage des aliments. Le consommateur moyen croit à tort que la date estampillée sur un produit est celle à laquelle celui-ci devient avarié, alors que ce n'est pas le cas. Elle signifie plutôt que le produit est meilleur avant cette date, ce qui garantit au consommateur une certaine norme de qualité des aliments, sans nécessairement vouloir dire que le produit est impropre à la consommation ou ne doit pas être consommé après cette date. Puisque les préparations pour nourrissons sont, je crois, les seuls produits alimentaires ayant une véritable date de péremption, cela devrait changer.
Si nous pouvions mettre en place un programme de sensibilisation... Ce ne sont que deux ou trois exemples. Souligner ces choses aux organisations, aux provinces et aux gouvernements fait partie du mandat du Conseil national zéro déchet.
Des voix: Oh, oh!
M. Gerry Moore: Tout d'abord, nous avons accès à une usine de production d'énergie à partir des déchets. Nous avons signé un contrat avec ses exploitants, une entreprise privée, et nous les payons pour éliminer les déchets. Étant donné que nous avons un programme de tri à la source, la plupart des déchets envoyés à cette usine sont des hydrocarbures solides, c'est-à-dire des matières plastiques en grande partie non recyclables. Dans l'usine, ils sont transformés en énergie thermique. L'entreprise dispose, dans la ville de Charlottetown, d'un réseau énergétique par lequel elle chauffe les édifices fédéraux et provinciaux, ainsi que l'université, l'hôpital, etc. Nous payons un prix par décharge au lieu d'acheminer les déchets dans notre site d'enfouissement, même si nous ne pouvons pas les inclure dans le réacheminement, selon... Si nous pouvions les inclure, notre taux de réacheminement serait certainement beaucoup plus élevé.
En ce qui concerne votre deuxième question, celle sur le compostage, nous ne générons actuellement aucune énergie à partir de cette activité. L'usine a été construite en 2003, et elle est donc en activité depuis 10 ou 12 ans. Il s'agit d'un processus aérobique, et non d'un processus anaérobique, et nous n'en extrayons donc aucun gaz pour le moment. Toutefois, avec le temps, je suis intéressé... J'ai entendu parler du Fonds Chantiers Canada et je suis heureux de constater qu'un volet de ce programme est consacré à la gestion des déchets. Plus tard, si c'est possible pour l'Île-du-Prince-Édouard, nous aurons peut-être accès à des fonds de ce type.
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Merci, monsieur le président.
Je vais revenir sur les difficultés liées au recyclage.
Hier, l'entreprise Recyc RPM, de Beauceville, a annoncé qu'elle se plaçait sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité. Il est ici question d'économie circulaire. C'est intéressant, parce que cette entreprise québécoise utilise des ballots de plastique provenant de centres de tri et en fait des billes qui servent éventuellement à fabriquer d'autres objets.
Le prix de la matière utilisée est l'un des problèmes soulevés par cette entreprise. Pour ce qui est de la transformation de la matière, on constate que suivre le principe « du berceau au berceau » comporte des difficultés. Dans le cadre de séances tenues au cours des dernières semaines, des témoins nous ont dit que, pour les entreprises de recyclage qui cherchent des solutions autres que l'enfouissement, la rentabilité est un problème étant donné qu'il n'y a pas de prix associé au carbone.
Est-ce que le CCME, la FCM ou d'autres parmi vous croient que le gouvernement fédéral devrait adopter une politique claire sur le coût associé au carbone de façon à aider, entre autres, l'industrie du recyclage?
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Je crois que nos conditions géographiques ont certainement joué un rôle à cet égard. Nos activités ne sont pas très étendues; l'Île-du-Prince-Édouard est un très petit territoire. Les régions rurales jouent certainement un rôle très important dans notre économie. Elles l'ont toujours fait, et le feront toujours. Une grande partie des terres agricoles sont exploitées par des familles.
Essentiellement, à l'époque, nous ne voulions pas procéder à une fragmentation. Nous voulions exercer nos activités à la grandeur de l'île, et servir chaque maison, chaque chalet et chaque appartement de la province dans le cadre du programme. Le programme de tri à la source a été lancé avec grande difficulté. Parfois, les gens résistent au changement.
Toutefois, le programme a été offert à tout le monde, et on a dit aux gens que s'ils ne faisaient pas le tri à la source, leurs déchets ne seraient pas ramassés. Ils ont trouvé cela très difficile à accepter au début.
Avec le temps, la plupart des gens ont compris que nous tentions d'éliminer, du mieux que nous pouvions, ces matériaux de manière écologique tout en ne gaspillant pas l'argent des contribuables. Certaines personnes soutiennent que nous en faisons trop, et d'autres que nous n'en faisons pas assez. Nous tentons d'atteindre un équilibre et de mener nos activités le plus économiquement possible tout en respectant l'environnement.
Les régions rurales n'étaient pas différentes des régions urbaines. Dans de nombreux cas, c'était plus facile dans les régions rurales, car les gens étaient habitués à éliminer eux-mêmes leurs déchets, sans l'aide du gouvernement municipal.
Merci aux témoins Michael Goeres, Frank Moir, Raymond Louie et Gerry Moore du temps qu'ils nous ont consacré aujourd'hui et de leur expertise. Leurs témoignages seront utiles pour produire le rapport du comité.
J'invite les députés à examiner la demande de budget qu'ils ont sous les yeux. Je précise que nous utilisons les vidéoconférences le plus possible, qui réduisent non seulement les coûts, mais aussi l'impact environnemental. Je félicite les membres du comité.
Pourriez-vous présenter une motion pour approuver le budget proposé de 9 900 $ visant à étudier la gestion des déchets solides municipaux et industriels?
Une voix: Je dépose la motion.
Une voix: Je l'appuie.
(La motion est adoptée. [Voir le Procès-verbal])
Le président: C'est adopté à l'unanimité.
Merci aux membres du comité et aux témoins.
La séance est levée.