:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous les membres du comité. Nous sommes heureux d'être ici.
[Traduction]
Nous sommes très heureux d'être ici.
Je vais revoir avec vous un sommaire des activités du ministère concernant l'eau et je répondrai ensuite volontiers aux questions que vous voudrez me poser. Avant de commencer, je voudrais expliquer pourquoi je suis ici avec un certain nombre de mes collègues.
Geneviève travaille pour le service météorologique qui s'occupe notamment de préparer des bulletins météorologiques parfaitement exacts et de superviser la plupart de nos activités de surveillance de l'eau car elles sont liées de près au cycle climatique. Geneviève se fera un plaisir de répondre à vos questions sur la surveillance de l'eau.
Darren représente la direction de la science et de la technologie. Il a participé de très près à la réforme des activités de surveillance de la qualité de l'eau du ministère et il supervise nos activités scientifiques dans le domaine de l'eau. Par conséquent, il pourra répondre aux questions sur la surveillance de la qualité de l'eau et les aspects scientifiques connexes.
Carolyne gère les dispositions visant la prévention de la pollution dans la Loi sur les pêches, dont trois règlements parmi les plus importants que nous ayons sur les répercussions qu'ont l'exploitation minière des métaux, l'industrie des pâtes et papiers et les effluents d'eaux usées sur la qualité de l'eau.
Je vais parcourir la présentation et commencer par un aspect dont on vous a parlé souvent, à savoir que la gouvernance environnementale au Canada est une responsabilité partagée. Cela est particulièrement le cas pour l'eau car la protection de la qualité de l'eau, la surveillance des quantités d'eau, l'allocation des ressources hydriques et la protection des bassins versants sont des responsabilités partagées entre tous les paliers de gouvernement au Canada. Les provinces, ainsi que le Yukon depuis 2003 et les Territoires du Nord-Ouest depuis l'an dernier, sont les principaux gérants de la plupart des aspects liés à l'eau, mais le gouvernement fédéral s'acquitte directement de certaines fonctions et entreprend des activités en accord avec les provinces et les territoires.
La diapositive suivante montre des exemples dont je ne vais pas parler, mais je serais heureux de répondre aux questions que vous pourriez avoir à ce sujet. Ce sont des exemples d'initiatives conjointes avec une ou plusieurs provinces et, dans certains cas, avec nos amis du Sud, bien entendu.
La diapositive suivante, alors...
:
Désolé; c'était la page 4.
Quant à la diapositive 5, il faudra m'excuser. Comme je suis avocat, je ne peux pas m'empêcher de présenter une diapositive de nature juridique chaque fois que je fais un exposé, avec toutes ses complexités.
Il s'agit tout simplement de montrer que même au gouvernement fédéral, la responsabilité de la gestion de l'eau est amplement partagée entre différents ministères. Le ministère des Transports s'occupe d'une bonne partie de l'impact du transport maritime sur la qualité de l'eau. Les Affaires autochtones ont la responsabilité directe des enjeux dans le Nord et dans les réserves, par exemple. Agriculture Canada exerce également un certain nombre de responsabilités. Le ministère des Ressources naturelles se charge d'activités scientifiques et technologiques très étendues sur divers aspects de l'environnement, y compris l'eau. Même au ministère de l'Environnement, nous avons de nombreuses lois, outre la Loi sur les ressources en eau du Canada, qui sont en lien direct ou indirect avec l'eau, et j'y reviendrai dans la présentation.
La diapositive 6 donne un aperçu des divers types d'activités que nous entreprenons, seuls ou en partenariat. Nous travaillons sur la qualité de l'eau par la surveillance, des activités scientifiques et par une protection directe. Nous surveillons énormément la quantité d'eau et la science connexe. Nous participons également avec les provinces et, dans certains cas, avec les États-Unis à la gestion directe du débit des rivières limitrophes entre provinces ou entre nos deux pays. Nous renseignons les Canadiens sur la quantité et la qualité de l'eau en fonction des indicateurs canadiens de durabilité de l'environnement.
Les autres diapositives donnent davantage de précisions sur chacune de ces activités. À la diapositive 7, nous donnons un exemple d'indicateurs nationaux de la qualité de l'eau douce que produit le Programme des indicateurs canadien de durabilité de l'environnement (ICDE).
La principale observation sur la qualité de l'eau au Canada que l'on peut faire, c'est que la qualité est généralement satisfaisante à bonne. Mais il existe bien entendu des risques auxquels nous devons faire attention et qui doivent être gérés continuellement. Depuis une dizaine d'années, nous constatons une nette augmentation du pourcentage de sites surveillés où la qualité est de bonne à excellente et une diminution des sites où la qualité avait été jugée médiocre ou marginale. C'est important pour la santé des écosystèmes et, bien entendu, pour la santé humaine.
Concernant les effets sur la qualité de l'eau, il existe une diversité de facteurs naturels et de nombreux facteurs anthropiques comme les impacts d'origine urbaine, industrielle et agricole, qui détériorent la qualité de l'eau dans les rivières et les lacs, notamment en augmentant la concentration des nutriments, des sédiments, des pesticides, des substances toxiques, des produits pharmaceutiques ou simplement en perturbant le débit.
Bien entendu, il existe des indicateurs bien précis, mais les régions les plus préoccupantes seraient le bassin du Fleuve Saint-Laurent, le bassin du lac Winnipeg et l'ensemble de la région des Grands Lacs, où les activités humaines présentent des risques relativement élevés de compromettre la qualité de l'eau.
La diapositive 8 montre que nous surveillons la qualité de l'eau dans plus de 500 stations au Canada. Nous gérons nous-mêmes certains de ces sites, mais nous en gérons bien d'autres de concert avec les provinces dans le cadre de protocoles d'entente que nous avons conclus avec six provinces. Bien entendu, toutes les données sont disponibles et notre but consiste à fournir des données et des analyses pour éclairer les décideurs, non seulement au gouvernement fédéral mais également à tous les paliers de gouvernement, et à renseigner les Canadiens.
La diapositive suivante donne un aperçu de ce que fait le ministère pour gérer la pollution de l'eau. Je tiens à souligner de nouveau que la responsabilité de la gestion de la pollution de l'eau est une responsabilité partagée avec les provinces, y compris les municipalités. Pour vous donner quelques exemples, la Loi sur les pêches, qui est essentiellement administrée par le ministère des Pêches et des Océans, comprend une disposition qui interdit le rejet de substances nocives dans les eaux où vivent des poissons. C'est une disposition déjà ancienne et très efficace pour la prévention de la pollution.
Elle va à l'encontre de la plupart des lois sur l'environnement. Il y a une interdiction qui est ensuite levée au moyen de règlements. Dans la plupart des cas, quand nous voulons restreindre quelque chose nous imposons un règlement. Dans ce cas, le règlement vient lever l'interdiction et établit des normes. Comme je l'ai dit tout à l'heure, nous avons un certain nombre de règlements, y compris pour les effluents provenant des mines de métaux, des usines de pâtes et papiers et des installations d'épuration des eaux usées.
La Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs contient une interdiction très semblable et aussi ancienne sur le rejet de substances nocives dans les zones fréquentées par les oiseaux migrateurs. Il y a quelques années, vous avez peut-être entendu parler de la condamnation d'une compagnie de sables bitumineux concernant l'un de ses bassins de résidus. La compagnie a été condamnée pour avoir enfreint cette interdiction. L'eau était dans un tel état que les oiseaux migrateurs qui s'y posaient n'en sortaient pas indemnes. C'est une disposition peu connue que nous invoquons assez régulièrement.
Ensuite, en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, nous avons un certain nombre de dispositions et d'activités qui touchent directement la qualité de l'eau et permettent de la gérer. Les dispositions sur le rejet de déchets en mer s'appliquent dans pratiquement tous les cas, sauf pour une très petite liste de substances relativement inertes et, même là, seulement si le promoteur peut démontrer qu'il n'y a pas de meilleur moyen de se débarrasser de la substance.
Nous avons de nombreux règlements qui limitent le contenu toxique des produits ou des émissions provenant des activités industrielles et commerciales, dont un bon nombre limitent la pollution de l'eau.
Le pouvoir de réglementer la teneur en nutriments était à l'origine conféré par la Loi sur les ressources en eau du Canada, mais à l'adoption de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (LCPE) en 1988, ce pouvoir est passé à la LCPE.
Ensuite, nous avons bien entendu le pouvoir d'exiger une planification d'urgence...
Excusez-moi. J'ai pris plus de temps que je ne l'avais prévu.
:
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de contribuer à votre examen du rapport annuel d'avril 2013 à mars 2014 prévu par la Loi sur les ressources en eau du Canada. Je suis accompagnée aujourd'hui de James McKenzie et d'Andrew Ferguson, deux directeurs principaux du bureau.
L'eau douce est essentielle à la santé des écosystèmes et, par le fait même, au bien-être des Canadiens, qui en ont besoin dans presque toutes les facettes de leur vie. L'eau douce joue un rôle important dans les activités économiques et industrielles du Canada, que ce soit pour la production de biens et de services ou les loisirs et le tourisme.
Le Canada est cependant aux prises avec des problèmes de gestion de l'eau. La qualité et la quantité de ses ressources en eau sont menacées par diverses sources, y compris les eaux de ruissellement et les eaux usées urbaines, l'agriculture et les activités industrielles. Il existe également d'autres menaces à long terme, notamment la croissance de la population, le développement économique, les changements climatiques et les maigres réserves d'eau douce dans certaines parties du pays.
En 2010, nous avons examiné la gestion par Environnement Canada des programmes nationaux de surveillance de la qualité et de la quantité des ressources en eau, certains des programmes dont il est question dans le rapport annuel que le comité examine aujourd'hui. À l'époque, nous avons constaté qu'Environnement Canada ne surveillait pas adéquatement les ressources en eau de surface du Canada. Comme nous n'avons pas évalué les progrès réalisés par le ministère depuis 2010, nous ne pouvons pas faire de commentaires sur les nouvelles avancées ou les améliorations qui ont pu être apportées au programme de surveillance après notre audit.
En 2010, nous avions constaté qu'Environnement Canada n'avait pas défini l'étendue de ses responsabilités en matière de surveillance des ressources en eau, surtout en ce qui a trait aux réserves des Premières Nations, aux bases des Forces canadiennes, aux parcs nationaux et aux réserves nationales de faune.
Par ailleurs, nous avions constaté qu'Environnement Canada n'avait pas positionné ses stations de surveillance en fonction d'une évaluation des risques pour la qualité et la quantité des ressources en eau. Par contre, dans son rapport annuel de 2012-2013, qui a été rendu public l'année passée, le ministère précise qu'il a utilisé une approche basée sur le risque pour donner suite à nos recommandations. Nous ne sommes cependant pas en mesure de fournir au comité une assurance à cet égard, car nous n'avons pas fait d'audit de suivi sur la question.
Nous avions également constaté qu'Environnement Canada n'avait pas présenté au Parlement de rapport annuel entre 2004 et 2009, comme l'exige la Loi sur les ressources en eau du Canada. À ce chapitre, nous remarquons que la situation s'est améliorée au cours des dernières années.
[Traduction]
Je vais maintenant parler des constatations présentées dans notre rapport d'audit de l'automne 2014 au sujet du Plan de mise en oeuvre conjoint Canada-Alberta pour la surveillance visant les sables bitumineux, document dont fait mention le Rapport annuel d'avril 2013 à mars 2014 de la Loi sur les ressources en eau du Canada.
En 2010 et en 2011, les gouvernements du Canada et de l'Alberta ont commandé des études indépendantes sur l'efficacité de la surveillance des sables bitumineux. Ils voulaient ainsi donner suite aux inquiétudes grandissantes exprimées sur les répercussions environnementales de l'exploitation des sables bitumineux. Ces études ont fait ressortir des lacunes importantes dans la surveillance des sables bitumineux, notamment au chapitre de la surveillance de la qualité de l'eau. Au début de 2012, les gouvernements du Canada et de l'Alberta se sont engagés à établir un programme commun de surveillance des sables bitumineux et ont publié le Plan de mise en oeuvre conjoint Canada-Alberta pour la surveillance visant les sables bitumineux.
Dans le cadre de l'audit présenté dans notre rapport de l'automne 2014, nous avons vérifié si Environnement Canada s'était acquitté de ses responsabilités aux termes du Plan conjoint en respectant les échéanciers, les budgets, les objectifs et les approches qui y étaient définis. Nous avons constaté qu'Environnement Canada consacrait 60 % de ses dépenses à des projets de surveillance des ressources en eau, dans le cadre du Plan conjoint. Les plans de travail visant la surveillance de l'air, de l'eau et de la biodiversité établis dans le cadre du Plan conjoint définissaient les responsabilités d'Environnement Canada, ainsi que les budgets et échéanciers pour les résultats attendus. Cette constatation est importante.
Vu la complexité de l'établissement d'un programme complet de surveillance des sables bitumineux et les coûts qui s'y rattachent, le programme sera plus susceptible d'atteindre ses objectifs si les plans de travail sont concrets. Lors de notre audit, nous avons examiné neuf projets de surveillance dirigés par Environnement Canada, dont trois projets de surveillance de l'eau. Nous avons constaté que la plupart avaient été mis en oeuvre en respectant les échéanciers fixés.
Il importe d'intégrer l'information recueillie dans le cadre des activités de surveillance des diverses composantes de l'air, de l'eau et de la biodiversité pour obtenir un tableau le plus exhaustif possible des effets environnementaux potentiels. Nous avons constaté que le ministère avait pris des mesures initiales pour intégrer les données recueillies sur deux substances faisant l'objet d'une surveillance, soit les hydrocarbures aromatiques polycycliques et le mercure. Nous avons cependant constaté que des efforts supplémentaires s'avéraient nécessaires pour honorer l'engagement pris de favoriser la participation des intervenants, notamment les Premières Nations et les Métis, dans les activités de surveillance d'Environnement Canada et d'y intégrer leurs savoirs écologiques traditionnels. Nous avons aussi constaté que le rôle du ministère en matière de surveillance des sables bitumineux n'était pas clair après 2015.
À mon avis, les constatations découlant de notre audit de la surveillance des sables bitumineux font ressortir l'importance de disposer de systèmes de surveillance de l'eau bien conçus. Dans un rapport d'étude de 2011, nous avons abordé certains des éléments clés qui caractérisent de bons systèmes de surveillance de l'environnement et relevé certaines questions que les membres du comité voudront peut-être poser aux autres témoins. Voici quelques-unes de ces questions:
Quelle surveillance est nécessaire pour déterminer si la législation environnementale fonctionne comme prévu? Cette surveillance est-elle en place? Quels éléments de l'environnement ou quelles régions géographiques échappent à la surveillance à l'heure actuelle? Quelles sont les conséquences de ces lacunes? Quelles mesures ont été prises pour assurer la continuité du financement, la reddition de comptes et l'indépendance? Comment Environnement Canada fait-il pour savoir si les données issues de la surveillance répondent aux besoins des utilisateurs?
Ainsi se termine, monsieur le président, ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité.
Je vous remercie.
:
Eh bien, je vais donner une première réponse et si mes collègues veulent intervenir ou me faire des reproches, nous ne tarderons pas à le savoir.
Permettez-moi de revenir un peu en arrière et vous expliquer que la Loi sur les ressources en eau du Canada nous confie des pouvoirs très étendus qui nous permettent de mener des recherches et des activités de surveillance, par nous-mêmes ou — et c'est très important, conjointement — avec les provinces, pour la surveillance de la qualité et de la quantité de l'eau.
Je pense donc que je répondrai à la question en passant à la dernière diapositive que j'ai présentée. C'est-à-dire que tous nos travaux sur l'eau reposent sur la recherche et la surveillance. Peut-être plus important, la recherche et la surveillance que nous faisons visent non seulement à éclairer les interventions du gouvernement du Canada, mais aussi la prise de décision à tous les paliers de gouvernement. La Loi sur les ressources en eau du Canada nous confère l'autorité législative dont nous avons besoin pour produire des données en temps réel et des données sur les tendances concernant la qualité et la surveillance de l'eau.
Cette loi, conjuguée à la Loi canadienne sur la protection de l'environnement et à la Loi sur le ministère de l'Environnement, nous confère des pouvoirs étendus pour entreprendre tout un éventail de recherches, pour améliorer notre capacité de surveillance, améliorer notre capacité de comprendre ce qui se passe dans l'eau et communiquer cette information à nos collègues chargés de la réglementation au ministère, mais aussi aux décideurs à tous les paliers de gouvernement qui interviennent dans la protection et prennent des décisions sur le débit et la qualité de l'eau.
C'est une réponse générale, mais j'espère qu'elle vous éclaire sur les pouvoirs prévus par la Loi sur les ressources en eau du Canada.
Votre question sur les pouvoirs législatifs est une question beaucoup plus générale. J'affirmerais que nous avons des pouvoirs très vastes pour entreprendre des activités scientifiques et de surveillance concernant toute une gamme d'activités liées à l'eau. La question la plus difficile tient à la répartition des responsabilités pour intervenir directement dans la gestion de la qualité de l'eau. Concernant la quantité de l'eau, il est clair que l'autorité du gouvernement fédéral est limitée aux eaux transfrontalières et nous avons donc des lois qui portent sur ces eaux et nous confèrent les pouvoirs correspondants.
La qualité de l'eau n'est évidemment pas visée par la Constitution, mais c'est une question pour laquelle nous détenons de très vastes pouvoirs en vertu de la Loi sur les pêches et de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement pour intervenir au niveau national à l'égard d'activités importantes liées à la pollution de l'eau. De la même manière, les provinces ont également un pouvoir très étendu pour lutter contre la pollution de l'eau.
Bien que je sois avocat et que j'adore parler de réforme du droit, j'estime que la véritable question est celle de l'interaction entre les administrations concernées et de la concertation entre les différentes autorités à tous les niveaux pour protéger la quantité et la qualité de l'eau.
:
C'est parfait. Merci beaucoup.
Madame Gelfand, merci beaucoup pour cette liste utile de questions auxquelles réfléchir. C'est très utile car nous ne sommes pas des experts. En théorie, nous sommes ici à la Chambre des communes, la chambre des gens communs, c'est pourquoi j'apprécie ces précisions.
Mais avant de passer à ces questions, au paragraphe 14 de vos commentaires écrits, vous parlez de l'importance de systèmes de surveillance de l'eau bien conçus.
Pouvez-vous nous aider à comprendre si vous avez vu l'application de pratiques exemplaires dans votre travail? Quand vous parlez de systèmes de surveillance de l'eau bien conçus, de quoi s'agit-il? Quels systèmes donnent des résultats ou quelles conceptions concrètes peuvent nous aider dans ce contexte?
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Je remercie tous les témoins.
[Traduction]
C'est très aimable à vous d'être venu aujourd'hui. C'est un sujet très important et qui a de la substance. À vrai dire, et comme avocat moi-même, je me sens contrarié aujourd'hui, comme il m'arrive souvent, de n'avoir que sept minutes pour parler de ces questions extrêmement détaillées.
Cela dit, je vais commencer par la question de la qualité de l'eau. Je vais adresser mes questions à M. Moffet, qui peut les déléguer s'il le désire.
Je vais commencer par le fait que depuis 10 ans, votre surveillance a montré une augmentation des catégories « bonne » ou « excellente » dans la qualité de l'eau. J'aimerais en connaître les raisons selon vous — voilà une question toute simple et spontanée.
Des voix: Oh, oh!
Le président: Monsieur Goetze.
:
Pour un autre niveau croissant de frustration. C'est ce qui se passe depuis six ans, en fait.
Des voix: Oh, oh!
L'hon. John McKay: À l'instar de M. Woodworth, je suis un avocat en voie de rétablissement. Dans cette boîte de Petri ou bouillon de compétences, vous pourriez ajouter à cela une couche pour le provincial, une couche pour le municipal, et probablement une couche pour les Autochtones. Il me semble que vous obtiendriez toutes sortes de personnes qui courent dans tous les sens, sans nécessairement arriver à une surveillance sérieuse.
Je vais adresser ma première question à vous, monsieur Moffet, relativement à la problématique de la fracturation. C'est en grande partie un enjeu touchant l'eau, mais c'est également un enjeu touchant l'air. New York a adopté la position voulant que la fracturation soit interdite jusqu'à ce que l'industrie soit en mesure de prouver qu'elle ne représente pas de risque pour la santé. Je ne connais pas le motif de l'interdit du Québec, mais je pense qu'il est toujours en place. Le Nouveau-Brunswick est en train d'y réfléchir. Je ne sais trop de quel côté le Nouveau-Brunswick va pencher. Vous êtes probablement plus au courant que moi de la situation pour les autres gouvernements.
On dirait que le gros problème avec la fracturation, c'est cette soupe chimique qui est injectée dans la roche et le processus lui-même. Que ce soit ce mélange ou les émissions ou encore les rejets, nous entendons parler de toutes sortes de preuves contradictoires qui vont dans tous les sens quant à la sécurité de ce processus. Il semble de plus en plus évident que ce processus n'est pas si sécuritaire ça. J'aimerais connaître la compétence d'Environnement Canada à cet égard et si ce dernier établit un site de surveillance pour chaque lieu de fracturation, chaque puits.
Pouvez-vous éclairer la lanterne du comité sur ces questions, monsieur Moffet?
:
Je vais commencer et je crois que mes deux collègues pourront ajouter des détails.
La fracturation est d'abord de compétence provinciale. Environnement Canada peut avoir son mot à dire si, par exemple, il est prouvé que des substances jugées toxiques et inscrites à l'annexe 1 de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement ont été créées ou rejetées d'une façon qui pose un risque pour l'environnement ou la santé humaine. Nos confrères scientifiques se tiennent au courant des développements quant à l'impact toxique de la fracturation.
Sinon, c'est le résultat d'une activité industrielle locale pouvant avoir des incidences géologiques. Elle peut avoir des répercussions sur la nappe phréatique. Cela n'est pas de notre ressort. Bien sûr, en vertu de la Loi sur les pêches, les eaux où vivent des poissons relèvent de notre compétence.
Donc, quant aux répercussions sur les compétences, pour le moment, comme je l'ai dit, à moins de conclure qu'il y a eu rejet de substances jugées toxiques, nous ne possédons pas les attributions nécessaires, mais...
:
Merci, monsieur le président.
Beaucoup de questions nous viennent à l'esprit dans le cadre de cette étude. Nous aurions même pu tenir quatre séances sur la gestion de l'eau. À mon avis, nous aurions eu assez de questions là-dessus.
Madame Gelfand, je voudrais revenir sur l'approche axée sur les risques. Vous avez mentionné que, dans le rapport de 2010, on s'était posé des questions sur le fait que l'approche n'était pas axée sur les risques. Vous dites que, dans le rapport annuel de 2012-2013, il y a eu certains ajustements.
Qu'en est-il exactement de ces ajustements concernant l'approche axée sur les risques? Qu'en pensez-vous? Êtes-vous satisfaite? Y a-t-il eu suffisamment de modifications?
On parle de risques, mais est-ce que les observations sont bien situées sur le plan géographique? Bien sûr, il est question de risques comme les changements climatiques, notamment. J'aimerais que vous nous parliez un peu de la façon dont les choses ont évolué et que vous nous disiez si c'est satisfaisant ou non.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence et d'être venus nous parler de cet important rapport.
Mes questions portent essentiellement sur la zone des Grands Lacs, car ma pittoresque circonscription de Mississauga-Sud est située le long du lac Ontario.
Ma première question concerne l'Accord Canada-Ontario pour la qualité de l'eau et la santé de l'écosystème du bassin des Grands Lacs. Je crois comprendre, si je me fie à la page 20 du rapport, que cet accord a été conclu en vue de satisfaire aux engagements pris dans l'Accord Canada-États-Unis de 2012 relatif à la qualité de l'eau des Grands Lacs.
Ce rapport, qui date d'un an je crois, indique que l'Accord Canada-Ontario devait être prêt et diffusé aux fins de la consultation de la population en 2014-2015. Je me demande si c'est ce qui s'est passé et si sa mise en oeuvre a commencé. Je sais qu'il traite d'une vaste gamme d'enjeux. J'aimerais savoir si vous êtes en mesure de nous dire quels sont les enjeux quant à la restauration et à la protection de la qualité de l'eau des Grands Lacs.
Ma question s'adresse à M. Goetze.
:
Oui, je suis heureux de confirmer l'entrée en vigueur de l'Accord Canada-Ontario. Il fait partie intégrante des engagements du Canada en vertu de l'Accord Canada-États-Unis qui a été renouvelé en 2012.
De manière générale, il importe, je crois, de comprendre que les autorités fédérales des deux côtés de la frontière ainsi que les provinces et les États travaillent très fort sur l'environnement, en particulier sur le milieu aquatique des Grands Lacs depuis 40 ans. Je considère que nous pouvons affirmer sans équivoque que la qualité de l'eau s'est améliorée — personnellement je dirais qu'elle s'est améliorée de façon spectaculaire — pendant cette période. Cependant, des risques surviennent dans les Grands Lacs concernant des choses auxquelles nous devons continuer de faire très attention.
Vous vous rappelez peut-être que l'année dernière, nous avons eu des problèmes avec la prolifération d'algues dans le lac Érié. La municipalité de Toledo en a subi les contrecoups. Elle a dû fermer son réseau d'aqueduc. Nous travaillons très fort avec nos partenaires de l'Ontario et des États-Unis afin de corriger la situation. Nous examinons les éléments nutritifs dans les Grands Lacs. Nous recueillons des données et créons des modèles qui nous permettront de fixer des cibles et de comprendre comment ces cibles amélioreront la qualité de l'eau pour les citoyens des deux côtés de la frontière.
Nous examinons également un ensemble de contaminants qu'on pourrait dire « hérités » dans les Grands Lacs. On parle ici de choses qui étaient considérées comme des produits chimiques auparavant. Il y a une vaste gamme de ce type de produits chimiques. Les BPC, je suppose, font partie des plus connus. Nous surveillons les BPC dans les Grands Lacs depuis la fin des années 1970. Nous continuons d'avoir l'oeil sur ces produits chimiques hérités. Avec nos partenaires américains, nous examinons les produits chimiques nouveaux et en émergence qui requièrent notre attention.
Il y a donc un effort global visant à assurer la qualité de l'eau dans les Grands Lacs. Cet effort est continu et intensif et implique tous les partenaires autour des Grands Lacs.
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Bonjour et merci beaucoup d'être ici.
L'un des dossiers qui m'intéresse beaucoup est le Plan d’action Saint-Laurent . Vous avez mentionné à M Moffet qu'il y avait de grands risques d'altération de la qualité de l'eau dans le Saint-Laurent due aux activités humaines.
Dans mon compté, les activités de l'aéroport de Montréal nous préoccupent particulièrement. Un petit ruisseau part de l'aéroport de Montréal et se jette dans le fleuve Saint-Laurent. Il y a malheureusement des quantités assez incroyables d'éthylène glycol qui se retrouvent dans le ruisseau, qui ne gèle pas l'hiver. C'est assez préoccupant. Tout cela se retrouve dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur du lac Saint-Louis. Ce lac a une flore et un écosystème assez diversifié. Il incombe quand même au Plan d’action Saint-Laurent de veiller sur cela.
Je me demandais ce qui peut être fait. Que fait votre ministère avec des situations comme celle-là? Depuis trois ans, j'ai essayé de naviguer dans tout cela pour voir ce que je pourrais faire pour ma communauté. Plusieurs personnes ont déposé des pétitions. Plusieurs personnes sont préoccupées par ce ruisseau. Que faites-vous concrètement dans le cas d'une situation comme celle-là? J'ai eu des discussions avec les représentants de l'aéroport de Montréal. Ils ont un système de récupération de l'éthylène glycol. Ça va bien. Cependant, cette substance se retrouve quand même dans le fleuve Saint-Laurent.
Alors, qu'est-ce qui peut être fait?
:
Mon autre question concerne vos partenaires transfrontaliers.
De nouveau, en ce qui concerne l'ampleur de l'initiative, nous avons parlé des partenaires transfrontaliers. Vous avez mentionné les États-Unis. Une grande part des eaux viennent de là en passant par la rivière Rouge. Vous avez également parlé de l'Ontario et je sais qu'il y a du travail fait avec la province, en particulier en ce qui concerne le lac des Bois et l'eau qui en provient.
L'autre dont il n'a pas été fait mention précisément dans l'initiative, mais vous en avez touché un mot dans vos observations, c'est la Saskatchewan. Nous avons été témoins d'une forte hausse du débit d'eau en provenance de la Saskatchewan à travers le bassin de la rivière Assiniboine et de ses effluents, lesquels se jettent au bout du compte dans le lac Winnipeg.
Y a-t-il du travail entrepris dans le cadre de votre examen, votre surveillance, pour aller jusqu'en Saskatchewan en tant que partie du bassin et examiner le débit d'eau en provenance de là, et l'étendue de l'impact sur le lac Winnipeg?
:
Je vais simplement expliquer un peu comment on a examiné ces normales. Pour être en mesure d'étudier les tendances... Nous parlions plus tôt des Grands Lacs et de la nécessité, en effet, de regarder quelques décennies. Celles-ci couvrent 30 années.
Ce que nous voulions faire avec ces données, c'est de dire que si pendant 30 ans, cela a été normal pour la zone étudiée, alors à quoi ressemble l'année étudiée? Lorsque vous examinez les hauts et les bas et les comparez à la normale de ces 30 années couvrant 1980 à 2010, à quoi ressemble 2014 lorsque vous la comparez à ces 30 années?
Si la donnée est supérieure ou inférieure, vous pouvez décider d'aller examiner les données réelles, et ensuite les personnes habitant dans cette zone peuvent décider s'il y a lieu de prendre des mesures d'adaptation. Si la tendance continue, alors, dans ce cas, doivent-elles prendre des mesures? C'est vraiment une information qui vous permet de savoir où il serait bon de commencer l'examen de ces problématiques précises.
:
Le problème principal, le plus préoccupant, pour le lac Érié en ce moment concerne les nutriments — phosphore et azote — qui provoquent des proliférations d'algues importantes. Beaucoup d'entre vous auront vu des photos sur le site Internet du NOAA, qui prend des photos de ces proliférations d'algues depuis l'espace. Elles sont très grandes et très remarquables.
Ce que nous essayons de faire en partenariat avec nos collègues du côté américain, c'est de comprendre tout d'abord comment des nutriments arrivent dans le lac depuis les deux côtés de la rivière. C'est un problème et un enjeu, je dirais, qui vient principalement du côté américain. La ceinture de maïs se trouve au sud du lac Érié, mais il y a aussi des sources de nutriments du côté canadien.
Nous essayons de regarder les affluents. Nous les surveillons et identifions leur contribution réelle à la pénétration des nutriments dans le lac. Nous voyons la manière dont les niveaux de nutriments évoluent dans le lac. Nous étudions les proliférations d'algues et menons des recherches sur leur nature, sur les lieux et conditions de leur survenue, sur leur taille et sur les espèces représentées.
Avec toutes les données que nous avons recueillies, nous essayons d'établir des objectifs de réduction du phosphore et de l'azote dans le lac Érié. Nous construisons des modèles informatiques qui nous permettront de simuler ce qui se passera si l'on abaisse le niveau de nutriments dans le lac. Cela permettra alors aux décideurs de mettre en oeuvre des mesures des deux côtés de la frontière pour réduire l'apport de nutriments dans le lac et nous l'espérons, de résoudre à terme ce problème d'algues.
:
M. Woodworth et moi avons quelque chose en cours.
Je voudrais revenir à mon analogie porte d'entrée-porte de derrière et peut-être interroger M. Goetze.
Imaginons que je me tienne à la limite de ma circonscription de Scarborough—Guildwood qui, comme celle de Mme Ambler, se trouve juste au bord du lac Ontario, mais la rend un peu jalouse parce qu'elle est tellement belle — et que je déverse du benzène, un cancérogène connu; du toluène, qui affecte le système nerveux en cas d'exposition à long terme; de l'éthylbenzène qui crée des problèmes sanguins; des xylènes qui provoquent des irritations du nez et de la gorge à haute dose, du méthanol qui provoque une vision brouillée; du naphtalène qui provoque des douleurs abdominales; et des formaldéhydes qui sont cancérigènes pour l'homme, etc.
Tout cela est injecté dans les sites de fracturation hydraulique. Je ne comprends pas pourquoi. Dites-moi pour quelle raison juridictionnelle le ministère de l'Environnement ne sait pas, ou ne mesure pas ou ne réglemente pas cela, parce que ce qui est sûr, c'est que si je me tenais à la limite de ma circonscription et que je déversais tout cela dans le lac Ontario, vous me tomberiez dessus.
Une voix: C'est probable
Des voix: Oh, oh!
L'hon. John McKay: Exactement.
Expliquez-moi la différence qu'il y a sur le plan intellectuel ou légal entre mon action de déverser tout cela dans le lac Ontario — et ne me parlez pas de juridiction internationale, de lois sur l'eau et tout le reste — mais ce qui se passe dans ces sites de fracturation hydraulique... Comment est-ce possible que vous ne soyez pas dans tous vos états à ce sujet?
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Merci pour la deuxième chance. J'espérais lors de la première série de questions poser des questions concernant le financement par le ministère de l'Environnement de projets impliquant plusieurs intervenants et visant à restaurer certains secteurs des Grands Lacs, et plus précisément au sujet du Fonds de durabilité des Grands Lacs, qui finance des initiatives d'intendance.
Y a-t-il eu des recherches pour évaluer les bénéfices de ces programmes et initiatives d'intendance, en particulier au niveau local, pour savoir s'ils sont mesurés et s'ils fonctionnent bien?
Je sais que dans mon secteur il y a eu des efforts considérables de fait pour nettoyer la rive, pour restaurer les habitats de faune sauvage et pour protéger les poissons. C'est un enjeu important pour les habitants de ce secteur, mais j'essaie toujours d'insister, je crois, j'espère que vous en serez d'accord, sur le fait que cela ne concerne pas que les populations locales. C'est un enjeu plus large lorsque le gouvernement comprend l'importance de ces petits efforts faits à l'échelle locale pour nettoyer l'eau dans les zones urbaines et l'importance de cela à une échelle plus large.
Je voudrais vous entendre sur ce fonds, sur les initiatives d'intendance, et sur le bon fonctionnement.